de Pierre Assouline

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La République des livres
Ce qui reste après du monde d’avant

Ce qui reste après du monde d’avant

Qui n’a pas connu dans sa vie de lecteur ce cas d’espèce : un bon livre sur un personnage détestable. Faut-il que le premier soit délectable pour ne pas nous dissuader d’aller plus avant dans la découverte du second ! D’Anne de Lacretelle, j’ignorais tout malgré la biographie qu’elle avait consacrée à La Comtesse d’Albany, une égérie européenne (éditions du Rocher, 2008). Qu’est-ce alors qui m’a fait me précipiter sur son Tout un monde. Jacques de Lacretelle et ses amis (330 pages, 22 euros, éditions de Fallois) ? Peut-être l’impression laissée par le feuilletage des toutes premières pages. Il est vrai que, passées huit heures du soir, ça ne court pas les librairies les nouveautés dédiées à « l’abbé Géhel, mon directeur d’inconscience ».

Dès l’incipit, elle se demande : « Peut-on écrire sur ses parents ? ». Sa réponse, qui fait un peu plus de trois cents pages, est brillante, enlevée, drôle. Je n’avais lu depuis longtemps un livre de souvenirs à l’écriture, à la composition, aux effets aussi maitrisés. Dès lors qu’il ne s’agissait pas d’une biographie de papa, l’espoir était permis. La bonne idée fut de faire sourdre une époque à travers des instantanés chus d’un album de famille, et quel ! Les amis de la famille y prennent toute la place : Proust, Gide, Cocteau, Morand, Mauriac, Valéry, Giraudoux, Larbaud… Un tout petit monde en marge d’un microcosme si « décaduc » comme le disait Proust, justement, dans l’un de ses néologismes dont il avait le secret – et encore, tous n’étaient pas des aristocrates, il s’en faut. De la fréquentation de l’auteur de la Recherche et de leur longue correspondance, Lacretelle conserva sa vie durant une certaine empreinte, « un snobisme à la Proust » en ce que tout dans ses références, ses allusions, sa manière se rattachait d’une manière ou d’une autre au passé et à l’histoire. On en connaît quelques uns sur la personnalité desquels l’ombre du narrateur a ainsi déteint durablement et profondément.

Ce défilé, interminable dîner de têtes, marqua l’enfance, l’adolescence, la jeunesse d’Anne de Lacretelle. C’est peu dire que les personnages qui peuplent ce livre se ressentaient « fils de rois issus d’une combinaison mystérieuse et native ». Un groupuscule qui se donne pour une élite. Tout un monde en effet, comme le titre indique, mais un tout petit monde qui doit son éclat posthume à la Recherche du temps perdu. Jacques de Lacretelle, que sa fille surnommait « Zeus », y apparaît en un être avant tout coléreux, mais d’une sale colère débarrassée de toute mythologie qui l’eut transcendé par la foudre, une colère domestique, mesquine, permanente quand elle se voudrait prophétique. Tout est traité dans ces pages avec une légèreté si naturelle qu’elle laisse un drôle de goût lorsqu’elle se traduit par une indulgence coupable pour le peu de qualités humaines de certains (Paul Morand). Avec le recul, ces années 1910/1940 ont quelque chose de « trente glorieuses littéraires » enfiévrées et fécondes malgré la noire parenthèse de la guerre qui n’en a pas moins marqué la période de son empreinte avec de grands livres tels que Le Feu de Barbusse et les Croix-de-bois de Dorgelès. C’est ce qu’on peut se dire à la vue non des palmarès des prix mais des sommaires de revue car ce fut, aussi, leur moment.

La vie de Jacques de Lacretelle  (1888-1985) ? Naissance au château (Cormatin, Saône-et-Loire), deux échecs au bac jamais obtenu, une démission de la banque où sa mère l’avait fait admettre par piston, une jeunesse frivole, un univers cantonné toute une vie durant dans les limites du bon XVIème, un hédonisme affirmé, une sincère quoique naïve dévotion à la littérature, l’entrée à la Nrf grâce à l’insistance de Proust auprès de Jacques Rivière, un premier roman sur l’incommunicabilité qui laissait entrevoir quelques dons (La vie inquiète de Jean Hermelin) suivi d’un roman ambigu sur l’antisémitisme (Silbermann, prix Femina 1922), de L’Amour nuptial et d’une ambitieuse chronique familiale en plusieurs volumes (Les Hauts-Ponts), un pas en politique à droite toute du côté des Croix-de-feu et du Parti social français… Voilà pour l’entre-deux-guerres. Pour l’après guerre, toute une carrière à la direction du Figaro puis du Figaro littéraire où il ne laissa pas que de bons souvenirs. Une vie d’homme de lettres. Ainsi parti, il ne pouvait finir qu’à l’Académie française, (ici son discours de réception), d’autant que deux de ses aïeux l’y avaient précédé. Il y fut élu à la seconde reprise en 1936 au fauteuil d’Henri de Régnier, ce qui nous vaut des pages délectables sur les usages et les coulisses des élections. De là à souhaiter, comme sa fille en a la faiblesse, qu’ « un regard plus scientifique soit jeté sur son œuvre » en la pléiadisant, il y a un pas que seule l’aveuglement filial permet de franchir.

De temps en temps, on tique. Ainsi lorsque l’auteure assure qu’il fallut attendre 1949, et la parution de la biographie de Maurois sur Proust, pour que celui-ci fut révélé « en majesté »,alors que dès les lendemains de son Goncourt en 1919, il fit l’objet de commentaires, de critiques, d’exégèses, d’études et de traductions de l’Angleterre au Japon en passant l’Espagne, pour ne rien dire de la France. De même lorsqu’elle présente Jean Prouvost comme « journaliste confirmé » au motif que l’industriel du textile était également propriétaire de quotidiens et de magazines (confondant au passage Paris-soir et France-Soir qui lui succéda).

Tout cela donne envie de (re)voir l’inoubliable Portrait-souvenir que Roger Stéphane avait consacré à Proust à la télévision le 11 janvier 1962 pour le quarantième anniversaire de sa disparition. Quel plateau ! On y voyait témoigner rien moins que François Mauriac, Jean Cocteau, Paul Morand, Daniel Halévy, la comtesse Greffulhe, Jacques de Lacretelle, Simone de Caillavet, Hélène Soutzo, Philippe Soupault, le duc de Gramont, Emmanuel Berl, Céleste Albaret… Le commentaire avait la voix de Jean Negroni. On y montrait même les manuscrits de la Recherche et leurs paperolles. Certains d’entre eux allaient disparaître peu après. Tous s’exprimaient comme s’ils l’avaient quitté la veille. Ah, l’émotion vraie de la merveilleuse Céleste, si tranchante dans cette foire aux vanités. Jacques de Lacretelle y est particulièrement… détestable. A la fin de ses souvenirs, sa fille Anne y revient et le déplore ; mais, sans le vouloir, elle rapporte l’indignation de son père à l’issue du tournage et cela n’arrange vraiment pas son portrait :

« Mais enfin ! Qui sont ces gens ? Ils vous dérangent, ne savent rien et ne vous laissent même pas de cachet ! Pour qui se prennent-ils, ces malotrus ! »

Et pourtant, Tout un monde est le charme même. Peut-être parce que, malgré le superficiel de sa mondanité, le portrait de Lacretelle y est sans concession et son univers désormais figé dans la naphtaline. Autant de fantômes poudrés échappés du bal de têtes du Temps retrouvé. M’est revenu alors en mémoire le souvenir de mes conversations avec Philippe Soupault à la fin des années 80 dans la maison médicalisée où il vivait, du côté de la porte d’Auteuil à Paris. Sa mémoire était gaie, vive, malicieuse et lorsque l’ancien pionnier du surréalisme en lui évoquait Aragon et surtout Dali, elle se faisait cruelle. Mais je ne le vis plus du même oeil du jour où il m’avoua :

« Depuis la mort  récente d’un ancien groom du côté de Cabourg, moi qui ai eu plusieurs longues conversations avec lui dans un fiacre alors que j’avais à peine plus de vingt ans, je peux dire aujourd’hui que je suis le dernier en France à pouvoir dire qu’il a connu Marcel Proust… »

Au risque de passer pour un dinosaure mélancolique, j’avoue que j’en fus retourné. Nous avançons dans un monde où il n’y aura bientôt plus personne pour goûter ce genre de documentaire et ce genre de livre faute de savoir de qui et de quoi il s’agit à supposer qu’un jour toutes ces choses présentent encore un quelconque intérêt.

(« Château familial de Cormatin »; « Jacques de Lacretelle en 1936 »; « Yolande De Lacretelle, Docterene Grumbach, Jean Cocteau, Francine Weisweiller, Marita Maurois et Jacques De Lacretelle lors d’une réception en 1955 »; « A l’Académie (à gauche) en 1973 avec Jean-Jacques Gautier et Louis Leprince-Ringuet » photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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commentaires

1 365 Réponses pour Ce qui reste après du monde d’avant

bouguereau dit: à

et pratiquait une ouverture d’esprit qui permettait aux artistes et aux personnalités les plus excentriques d’y être cooptés

si dirphiloo parle pas de berline de weimar je bouffe ce qui reste de mon troisième croissant..que j’ai été cherché moi même baroz..pour les autres haussi..bsolument

Marie Sasseur dit: à

Mais il n’y eut pas que le Bal du siècle de Beistegui en 1951, celui du baron de Redė à Paris, vous devez vous en souvenir, tres certainement, jazzi.

Le baron de Redė

Né en 1922 et décédé en 2004, le baron Alexis de Rédé fut l’une des figures marquantes de la Café Society, qu’il accompagna et représenta avec brio durant soixante ans. Fils d’un banquier juif austro-hongrois anobli par l’empereur d’Autriche, qui fut le fondé de pouvoir du roi Nicolas de Monténégro et propriétaire de la station balnéaire d’Heiligendamm, en Allemagne, il est élevé par une armée de gouvernantes et de précepteurs. Orphelin de mère à l’âge de neuf ans, il fait ses études à l’institut suisse du Rosey, où il a pour condisciples le futur Rainier II de Monaco et le futur Shah d’Iran. N’ayant jamais caché son homosexualité, il fut longtemps le compagnon du baron chilien Arturo Lopez, qu’il rencontra à New-York et qui l’installa dans son majestueux hôtel particulier de l’île Saint-Louis, dont Rédé assura avec un grand talent la restauration et la décoration. Financier avisé, Rédé restaura la fortune d’Arturo Perez et devint même plus riche que lui. D’une élégance légendaire, il était réputé pour ses capes et ses escarpins très fins (il chaussait du 36). Ses amis Guy et Marie-Hélène Rotschild rachetèrent l’hôtel Lambert en 1976 lorsque celui-ci se trouva mis en vente, et Alexis de Rédé y termina ses jours. Cet esthète qui plaça son existence entière sous le signe de l’élégance et du bon goût fut toute sa vie durant une figure incontournable du gotha international.
Dandy mag

et alii dit: à

« Le premier argument qui vient à l’esprit, selon lui, pour expliquer la faiblesse des recherches sur les domestiques, est précisément le fait que les chercheurs (chercheuses) ont eux-mêmes des domestiques » et auraient « des difficultés à prendre de la “distance” avec leur objet », c’est-à-dire à parler des domestiques sans passer par le prisme de la relation avec « sa » domestique. (Lautier, 2002 : 146) Ce manque de distance n’est pas proprement brésilien.

et alii dit: à

En atteste, par exemple, l’appellation « hôtesse de caisse » remplaçant celle de « caissière », mais sans changement de salaire. Même s’il y a prescription, les compétences relationnelles utilisées pour pacifier la clientèle continuent d’être considérées comme des « qualités » de la « nature » des femmes.

46Les émotions sont incarnées (embodied). Le corps vécu occupe une place incontournable dans l’analyse du travail de service. Angelo Soares distingue le travail sexuel (sexual work), c’est-à-dire un travail qui fait appel à la sexualité, du travail du sexe (sex work) accompli par les travailleuses et travailleurs du sexe. Par travail sexuel, il désigne le fait qu’il faille répondre à des avances sexuelles (comme les serveuses, entre autres), porter un uniforme sexy ou même avoir un contact corporel direct avec le client, comme c’est le cas pour les infirmières, les médecins ou les coiffeuses (Soares, 2002). Dans le commerce, le corps de la vendeuse peut être utilisé comme une vitrine de la marque, un instrument de commercialisation dans la vente de vêtements ou de produits de beauté.

Jazzi dit: à

Tout ce petit monde là venait en villégiature à Cannes, où Reynaldo Hanh, bien après la mort de Proust, assurait la direction musicale du Casino des Fleurs, miss Sasseur.
Aujourd’hui, la Jet-Set à cédé la place au bling bling le plus tapageur.
On arrête pas le progrès, mais tout ça n’a rien avoir avec le dandysme… Et encore moins avec la littérature !

et alii dit: à

pour mieux comprendre la RDL
Pour conclure sur ce volet, on notera également que, quelle que soit la fécondité de emotion work, ce courant de la sociologie se préoccupe peu de la dimension éthique de la tâche et de son éventuel rapport avec la santé mentale. Je n’ai pas l’intention de développer ici cette question clinique. Je me contenterai de souligner que nos propres enquêtes dans les services soulèvent la question d’une inauthenticité de la relation (où il s’agit de tromper le client en toute connaissance de cause – surbooking, délais de livraison sous 48 heures, etc.) qui va bien au-delà de ce que suggère le façonnage des émotions et le « jeu superficiel ».

Marie Sasseur dit: à

« mais tout ça n’a rien avoir avec le dandysme… Et encore moins avec la littérature ! »
C’est Proust que vous assassinez, là.

et alii dit: à

sophie Calle
désormais, son attrait pour les situations dangereuses et délibérément perverses est reconnu. En tant que femme de ménage, elle investit les chambres d’hôtel et imagine des scenarii autour de photographies des effets personnels des occupants.

Singulier et solitaire, impudique et dérangeant, le travail de Sophie Calle échappe à tous les classements. Qualifiée le plus souvent d’intimiste, son oeuvre fait référence à la culture médiatique et à la montée de l’individualisme.

Extrait du 19/20 National: France 3. Rencontre avec Sophie Calle http://www.ina.fr/video/3382421001020/rencontre-avec-sophie-calle-video.html

Sophie Calle ou l’art de raconter sa vie. Sophie Calle nous fait présent de sa vie privée. Elle s’expose sur la scène publique. Sophie Calle nous fait rentrer dans une intimité. Cette intimité c’est son travail. Sophie Calle se dit, se montre et s’affiche. On parle d’ailleurs de « réalité » show de Sophie Calle. Sa vie privée est vécue par le public. C’est son histoire tout comme c’est la notre. Lorsqu’elle expose ses oeuvres, elle s’expose elle même en mettant en scène des moments de sa vie. On connaît ses bonheurs et ses malheurs. Sophie Calle est exemplaire d’une « passion de soi » qui, tantôt se fait l’expression de son propre narcissisme, tantôt l’expression dans laquelle est invité à se projeter son public. C’est une artiste qui oeuvre à la manière de la « télé show ».
Sophie Calle est le symptôme de l’art contemporain, celui qui excite autant qu’il blesse une société. Elle emploie divers modes d’expression: le récit, l’anecdote, le fait divers, l’enquête, le remake, l’autoportrait, les confidences et ceux-ci ont de nombreux supports variés: l’image, la parole, le texte, etc. Sophie Calle adopte une démarche sous le signe du je, du moi. On remarque un autre aspect qui est que le je et le jeu se superposent. On parle d’auto-fiction ou encore de « mise en jeu de l’intime ». Il se pose alors la question de l’identité. En toute circonstance, elle donne « la règle du jeu ».

et alii dit: à

: « Les maladies mentales et la responsabilité des servantes », Raymaud de Ryckère, 1908, La Servante criminelle, Étude de criminologie professionnelle, Paris, Maloine Éditeur, p. 29-30.

Bérénice dit: à

Entreprise de recouvrement si ce ne peut être considéré comme addiction. Personne pour vous dire à lui masseur que cela peut paraître grotesque ou comique. Vous me ramenez au boeuf et à la grenouille. C’est dérisoire, n’est ce pas ?

Jazzi dit: à

Vous n’avez rien compris à Proust, Marie Sasseur !
Proust part du monde et, en retour, creuse à l’intérieur de lui-même.
Un coup de sonde phénoménal, qui a proprement révolutionné la littérature mondiale…

Bérénice dit: à

Alii sasseur. Correcteur.

Bérénice dit: à

Elle ne à pas lu, Jazzi.

Marie Sasseur dit: à

Comme disait Godard, une révolution dans le dico, c’est faire un tour complet, pour revenir a la position initiale.

Vous n’avez rien compris au monde de Proust, alors.
M’etonne pas.

Jazzi dit: à

Et sur « Les Bonnes » de Jean Genet, et alii, rien en magasin ?

Jazzi dit: à

« Dès l’incipit, elle se demande : « Peut-on écrire sur ses parents ? ». Sa réponse, qui fait un peu plus de trois cents pages, est brillante, enlevée, drôle. »

Anne de Lacretelle dit s’être inspirée du livre de Dominique Fernandez sur son père Ramon, Passou.

Jazzi dit: à

Vous prendrez bien une page de publicité sur « Le goût de la Méditerranée » ?

DOMINIQUE FERNANDEZ

Mamma Napoli

Pour Dominique Fernandez, l’Italie semble commencer à Naples et finir en Sicile, après un détour par la Sardaigne. C’est ainsi que seul le Sud est évoqué dans sont récit de voyage Mère Méditerranée. Aux Italiens du Mezzogiorno, perplexes, qui lui demandent : « pourquoi aimez-vous tant notre pays ? Qu’y trouvez-vous donc de si extraordinaire ? Ne savez-vous pas que tout le monde veut le fuir », l’auteur de Porporino ou les mystères de Naples ne peut opposer que des arguments d’ordre… psychanalytique. Avouant, à l’issue de son long périple, sensuel et érudit, où la singulière beauté des paysages le dispute aux mœurs âpres de ses habitants, que cette Mère Méditerranée abusive, qu’eux dénoncent et déplorent, est celle, justement, qu’il n’a pas eue !

« Naples, noire et nue. Naples que son vacarme, sa misère font paraître barbare au voyageur venu de Rome, alors qu’il n’y a pas, dans la péninsule, de cité aussi fine, aussi ingénieuse, aussi cultivée ; nulle qui soit autant capitale, surtout si on la compare à Rome ; mais, de la réussite que le talent de ses natifs aurait dû lui valoir, elle est spoliée mystérieusement, depuis toujours. Ville énigmatique, dont la population a dans son esprit les plus merveilleuses ressources, sans trouver le moyen de les faire fructifier : et qui est perpétuellement vaincue, dans la lutte contre les offenses ; mendiante et humiliée par une calamité continue.
C’est ainsi que, venant de Rome par la route littorale, si belle à partir de Terracina, où commence le Sud, nous sommes allés au pas, aimant Naples non moins que la redoutant. Les images d’une vie antique et rurale ont défilé devant nos yeux : le geste tendre des fruits, répété de loin en loin par une femme enveloppée de noir assise près de son tas d’oranges ; les filets de pêcheurs suspendus au-dessus de l’embouchure jaune des fleuves ; une charrette conduite au pas lent et sûr d’une couple de buffles blancs ; la plaine de sable, plantée de pins, d’iris, parsemée de roseaux. (…)
À l’entrée de Naples, l’image de sa défaite : le nouveau stade, qui engouffra les huit cents millions spécialement alloués pour la construction d’écoles. Le responsable de cette malversation n’est autre que Lauro, l’armateur entouré d’une légende assez sotte : il ne fut que le plus incapable et le plus gaspilleur de tous les maires qui se sont succédé à Naples depuis cent ans.
Nous nous jetons au hasard dans les ruelles des vieux quartiers, où le soleil ne pénètre jamais, la lumière du jour à peine. Un cinquième de la population vit entassé dans des rez-de-chaussée sans fenêtre, les bassi. J’entre dans de vastes cours, et sales et noires comme les entrailles de la terre. La clarté ne viendra que la nuit, quand les milliers d’ampoules se mettront à briller, d’un balcon à l’autre, en guirlandes, en grappes, autour des tabernacles creusés dans les murs, aux étalages, dans la gueule des têtes de veaux suspendues devant les boucheries.
Edifices poreux, souvent inachevés, trop grands, trop hauts pour avoir pu l’être ; escaliers mystérieux qui débouchent à l’air libre sur des paliers perdus laissés aux chats et aux ordures ; jamais un arbre ni un jardin ; mais le tuf des façades fait comme des falaises avec spélonques naturelles pour entrées. Paysage hors du temps et des ères géologiques connues. Un magnifique portail à blason sculpté dans un mur pourri semble le reste d’une occupation coloniale très ancienne. Des têtes çà et là apparaissent, des bras chargés de linge, des enfants nus ; un dépôt de ferrailles occupe u coin de la cour ; des lits de cuivre énormes aux montants contournés reluisent dans la pénombre. Tout ce décor baroque sauve Naples de la petitesse qu’il y aurait dans un intérieur français d’une condition même bien supérieure. La vie a beau être humiliée, les habitants de ces grottes ont avec le superflu et l’absurde une familiarité merveilleuse. Ils s’affairent entre la marmaille et les chaudrons avec un sens du théâtre qui fait que leur misère n’est jamais la misère sèche, la misère pauvre, mais un désordre fantasque et dramatique.
Cris et pleurs s’échappent par les fenêtres. Les femmes s’interpellent en se frappant la poitrine à grands coups. Un fardeau en équilibre sur la tête, le garçon de courses passe comme un funambule. Larmes, gesticulations et cris. Les Napolitains n’expriment pas ainsi une obtuse énergie vitale, comme tant de voyageurs l’ont cru, mais la fragilité, la pathétique labilité de leur être, aux limites de la dislocation et de l’égarement. (…)
Nous descendons via Costantinopoli, entre les belles demeures décrépites qui n’ont jamais eu le temps sans doute d’être tout à fait des palais. La contradiction entre le génie inventif et l’insuccès pratique, entre la fécondité intellectuelle et la malchance, le sous-développement, le marasme chronique, est l’aspect le plus émouvant de Naples. Faute d’une classe dirigeante adulte, cette ville qui avait tout pour réussir a constamment échoué. (…)
Ils sont tous solidaires de l’obscure défaite infligée à leur ville et bornent leurs rêves au mélange de grandeur chimérique et de réalité miteuse qu’ils trouvent le long de leur promenade maritime. »
(« Mère Méditerranée », éditions Bernard Grasset, 1965.)

et alii dit: à

SUR Godard
Durant six minutes, le cameraman de Mediapart filme un écran de télévision où l’on devine un contenu d’un court-métrage (la bonne à tout faire) inédit à ce jour.

renato dit: à

Dandy mag ?! et depuis quand un magazine de mode sans épaisseur fait référence ?

À propos du Bal du siècle. Au Lido, un qui avait décliné l’invitation disait : « Quand le prix ne mérite que le mépris ». Je n’étais âgé que de 4 ou 5 ans et comme il est juste qu’il soit je n’ai pas compris ce jugement, ce ne fut que plus tard lorsque au funérailles de son auteur — 1971 — quelqu’un le rappela que j’en ai apprécié la pertinence.

Pour ce qui est du dandysme, il ne faudrait pas confondre le dandy avec les gens fortunés banalement élégants, car le dandysme est une manière politique de vivre. L’une de mes amies disait — fin des années 70 — qu’il s’agit d’une discipline dure et fatigante.

https://blogfigures.blogspot.com/2011/04/francesca-woodman-self-deceit-1-rome.html

Marie Sasseur dit: à

« depuis quand un magazine de mode sans épaisseur fait référence ? »

Depuis que j’ai mis le lien à propos d’un fameux bal parisien qui a eu lieu à Paris, en 1969 ?

Marie Sasseur dit: à

Excellent le nom de la cloche de service a De Gaulle. Je retrouve pas la photo d’une « au service » qui avait des états de particule à faire pâlir un baron de la finance.

hamlet dit: à

Pablo merci, whaouh en me relisant je me rends compte de l’originalité et de la puissance de ces aphorismes.

c’est magnifique !

un mélange entre Nietzsche, Cioran et Lichtenberg.

sans rire j’aurais pu être le Lichtenberg, le Cioran ou le Nietzsche de ce début de millénaire

je vous les recopie pour que vous puissiez en profiter à nouveau, ça vous changera des dandys à la con de la jet set cannoise :

Pablo75 dit: 9 juin 2019 à 1 h 35 min

DERNIÈRES PERLES DU CRÉTIN DU BLOG

« au-delà des intellectuels ? » j’aime bien cette formule d’inspiration géographique…
(hamlet)

jusque là on nous a fait bouffer de l’histoire à tous les repas pour mieux nous faire avaler la pilule du présent.
(hamlet)

c’est le mystère de la littérature et de la philosophie : ça rend les individus plus intelligents et le monde pire.
(hamlet)

dire qu’un écrivain est génial parce qu’il voit des trucs que personne d’autre ne voit c’est pas top comme argument
(hamlet)

il n’y a que les français qui aiment les écrivains qui ont de l’esprit
(hamlet)

le tort a été d’imaginer, depuis Montaigne Rousseau jusqu’à Angot qu’en parlant de soi on pouvait dire des choses universelles. c’est faux : en parlant de soi on ne fait rien d’autre que parler de soi
(hamlet)

quel humain aujourd’hui sur cette terre quand il regarde le monde autour de lui pourrait ne pas avoir la haine de soi ?
(hamlet)

Flaubert n’était pas un type très clair, il était sournois, menteur, il prenait parti des faibles juste pour emmerder les bourgeois, tout chez lui n’était qu’hypocrisie, même ses livres
(hamlet)

personne ne sait lire
(hamlet)

Flaubert […] c’était un détraqué complet.
(hamlet)

au delà des intellectuels on trouve des employés de bureau, des artisans, des chômeurs longue durée, des ouvriers sous payés, des garagistes, des plombiers, des boulangers, des boucher charcutiers, des serveurs de bar, des des serveuses de restau […] un tas de gens qui essaient de survivre tant bien que mal […] ils travaillent tous au black
(hamlet)

Flaubert une espèce de père spirituel de l’Action Française
(hamlet)

sur l’échelle du mépris du genre humain, entre Proust et Flaubert, c’est sans doute le second qui emporte la palme d’or
(hamlet)

Bouvard et Pécuchet est un livre écrit contre les Lumières.
(hamlet)

Bérénice, vous n’êtes pas à blâmer, votre réaction de dire que c’est un livre drôle n’est que le reflet d’un très mauvais travail de la critique littéraire qui a toujours essayé d’ignorer ce qui la dérangeait. c’est une critique qui n’a jamais été très critique, et au final, du fait de ce manque de rigueur intellectuel, ce sont les lecteurs qui se font enfumés.
(hamlet)

je l’ai dit que nous vivions dans une époque hyper proustienne
(hamlet)

c’est un des dangers d’une époque « proustienne » : ne plus faire la différence entre un dernier soupir et un grand écran de cinéma.
(hamlet)

si la pudeur disparait c’est une part de notre humanité qui disparait avec elle
(hamlet)

chez Proust on ne trouve pas cette forme de tristesse qui peut rendre notre monde meilleur
(hamlet)

les mères sont souvent plus vieilles que leurs enfants
(hamlet)

Proust […] ne représente pas la voie qui mène vers un monde meilleur.
(hamlet)

haïr le Christ me procure un immense bien-être.
(hamlet)

Flaubert traite ses personnages comme ces gamins [qu’il s’offrait en Orient-dont il achetait les services sexuels dans les hammams d’Orient]: de simples objets destinés à satisfaire ses petit désirs de petit pervers, un peu comme Proust mais en bien pire.
(hamlet)

maintenant les types n’écrivent plus de livres, il les accouchent
(hamlet)

même le plus immense talent littéraire qui puisse exister, qu’il s’appelle Proust ou Tartempion, ne fera jamais le poids au regard de ce petit mot «pudeur».
(hamlet)

souvent l’âge auquel elle nous conçoit [nos mères] dépendent des circonstances dans lesquelles se sont passés cette conception [sic]
(hamlet)

la tristesse proustienne rend notre monde plus mauvais.
(hamlet)

le rôle essentiel de la littérature dans le maintien de la servitude
(hamlet)

les enfants qui naissent au début de l’automne [septembre] on été conçu à la fin de l’hiver [mars]
(hamlet)

renato dit: à

Aucun intérêt pour les liens mis en ligne par une parvenue.

Marie Sasseur dit: à

Un cretin autodidacte reste un cretin autodidacte, et puis c’est tout. Quelle misère.

renato dit: à

La vie d’une femme pathétique doit être horrible, je comprends qu’elle vienne exprimer ici ses frustrations. Et que maintenant elle dise ce que bon lui semble, la Pauvrette.

Marie Sasseur dit: à

Vous avez ete nombreux à apprécier la fable du caméléon de R. Gary, qu’il a empruntée à Cocteau ?. Et dont il s’est servi très souvent. Faut-il préciser que le titre complet est : le caméléon de bonne volonté.

Marie Sasseur dit: à

Renato, vieux perroquet analphabète, retournez vous cacher dans le tablier de votre papa.

Jazzi dit: à

hamlet, la jet set a son écrivain et il n’est pas Cannois !

FREDERIC BEIGBEDER

« Casa Le Moult. Me voici à Formentera pour finir ce roman. […]
J’écoute le bruit de la mer. Je ralentis enfin. La vitesse empêche d’être soi. Ici les journées ont une durée lisible dans le ciel. Ma vie parisienne n’a pas de ciel. […]
Formentera, petite île… Satellite d’Ibiza dans la constellation des Baléares.
Formentera, c’est la Corse sans les bombes, Ibiza sans les boîtes, Moustique sans Mick Jagger, Capri sans Hervé Vilard, le Pays basque sans la pluie.
Soleil blanc. Promenade en Vespa. Chaleur et poussière. Fleurs desséchées. Mer turquoise. Odeur des pins. Chant des grillons. Lézards trouillards. Moutons qui fontmêêê.
– Il n’y a pas de « mais », leur rétorqué-je.
Soleil rouge. Gambas a la plancha. Vamos a la playa. Lune orange. Gin con limon. Je cherchais l’apaisement, c’est ici, où il fait trop chaud pour écrire de longues phrases. On peut être en vacances ailleurs que dans le coma. La mer est remplie d’eau. Le ciel bouge sans cesse. Les étoiles filent. Respirer de l’air devrait toujours être une occupation à plein temps.
C’est l’histoire d’un type qui s’enferme tout seul sur une île pour terminer un bouquin qui ne s’appelle pas Paludes. Le type mène une vie de dingue, cela lui fait tout drôle de se retrouver livré à lui-même, dans la nature, sans télévision, ni téléphone. A Paris, il est pressé, joue les dynamiques, ici ne bouge pas de la journée,se promène le soir, toujours seul. Barnabooth à Florence, Byron à Venise, le panda du zoo de Vincennes sont ses modèles. La seule personne à qui il dise bonjour est la
serveuse du San Francesco. Le type porte une chemise noire, un jean blanc, des Tod’s. Boit des pastis et des gin-limon. Bouffe des chips et des tortillas. […] Si vous croisiez ce type, vous penseriez sans doute : « Mais que fout se con de Parisien à la Fonda Pepe hors saison ? » Cela me chagrine un peu, vu que le type en question, c’est moi. Alors mettez-la en veilleuse, merci. Je suis l’ermite qui sourit au vent tiède.
(« L’amour dure trois ans », éditions Grasset & Fasquelle, 1997)

renato dit: à

Quand on a dit parvenue on a tout dit, inutile d’en rajouter.

Soleil vert dit: à

et alii dit: 9 juin 2019 à 11 h 50 min
sonnette de service pour la table appeler la bonne

Tiens je ne sais plus si j’avais raconté ici que De Gaulle avait refusé un temps qu’on lui installe le téléphone dans son bureau de l’Elysée pour la raison suivante : « je veux bien sonner mais je refuse que l’on me sonne »

et alii dit: à

sans épaisseur fait référence ?
j’ai eu un professeur,éminent érudit qui mit des images de mode dans ses leçons qui disait »je prends mon bien où je le trouve »il a travaillé avec des artistes de la pellicule, de « la toile »et comme il faisiat aussichercher pour lui par ses étudiants de tous pays-il allait faire des conférences partout-je crois que tout lui était vivier (mais il vérifiait!)

renato dit: à

« je veux bien sonner mais je refuse que l’on me sonne »

Degas, cité par Valéry : « C’est donc ça le téléphone, on sonne et tu réponds. »

Soleil vert dit: à

le tort a été d’imaginer, depuis Montaigne Rousseau jusqu’à Angot qu’en parlant de soi on pouvait dire des choses universelles. c’est faux : en parlant de soi on ne fait rien d’autre que parler de soi
(hamlet)

Voltaire ?

et alii dit: à

Quand on a dit parvenue on a tout dit, inutile d’en rajouter
ce professeur, qui avait une sacrée carrière dans les intitutions internationales ne disait pas « parvenu » il disait « affranchi »

et alii dit: à

.
adjectif
Rendu libre.
Esclave affranchi.
voir en droit romain

Soleil vert dit: à

Jazzi dit: 9 juin 2019 à 13 h 14 min
hamlet, la jet set a son écrivain et il n’est pas Cannois !
FREDERIC BEIGBEDER

Beigbeder c’est Sollers en plus drôle

renato dit: à

Vogue, p. ex., épaisseur et référence, et alii — du moins dans mon souvenir.

Cela dit, le dandysme est un moment trop important pour le laisser à l’arbitraire de gens qui le réduisent à l’élégance. Ce qui vaut aussi pour les hipster, il y a une différence entre les passionnés de be-bop décrits pas Kerouac in The Subterraneans et la mauvaise copie qui occupe la pensée de nos contemporains.

Pablo75 dit: à

@ hamlet

Tu as oublié de recopier le message qui avait avant les DERNIÈRES PERLES DU CRÉTIN DU BLOG. Y surtout d’y répondre:

Pablo75 dit: 9 juin 2019 à 1 h 22 min

Mais il fait quoi ce conn.ard de hamlet toute la journée à harceler ici ceux qui aiment la littérature qui ne parle pas des pauvres ou à critiquer les écrivains qui ont de l’argent – au lieu d’être bénévole au Secours Populaire ou chez Emaüs?

Pourquoi perd-il son temps à essayer de nous convaincre du fait que la qualité littéraire d’une oeuvre dépend du fait que son auteur paie bien ou mal sa bonne au lieu de s’occuper des immigrés de Porte de la Chapelle?

Pourquoi ce taré passe-t-il sa vie sur ce blog depuis des années en nous expliquant que la littérature est la cause des injustices de ce monde au lieu de travailler gratuitement chez SOS Suicide?

Le 2,49 % qu’aux Européennes a fait le Parti communiste français malgré son jeune candidat bien propre sur lui ont rendu dingue ce fasciste stalinien de la pire espèce, capable d’écrire au XXIe siècle des énormités comme « Mao avait vu juste : le seul moyen de sauver les Céleste était d’envoyer les Proust et tous ces gens en photo dans les champs à cultiver du riz, ou encore mieux dans des camps en Sibérie ! »?

Il faut envoyer d’urgence à cet ordure les livres de Simon Leys ou Le Livre noir du communisme. Lui envoyer violemment sur la gueule pour voir s’il la ferme enfin…

Pablo75 dit: à

Et surtout…

renato dit: à

Si j’ai bien compris, Beigbeder vit maintenant en bon père de famille quelque part sur la côte atlantique.

Marie Sasseur dit: à

Le célèbre diner de têtes de Proust et le célèbre bal de têtes.

« Decorateur « grand genre » et collectionneur d’art

Redé collectionnait différents types d’objets d’art et livres précieux dans le goût fastueux dit « Europe centrale ».

« Arturo Lopez-Willshaw allait transformer sa vie tout entière. Ils vinrent vivre à Paris (en 1946) où Alexis occupa l’étage noble du fameux hôtel Lambert […]. Collectionneur avisé, il savait s’entourer d’objets d’art, de coupes de vermeil d’Augsbourg et de Dresde, d’émaux de Limoges et de Venise, qui ne pouvaient venir que de chez Nicolas Landau et de chez Kugel. Cet amateur aurait pu en remontrer à bien des professionnels (…) il était d’une insatiable curiosité. Il y a vingt ans (1975), lorsque l’hôtel Lambert fut à vendre, ses amis Guy et Marie-Hélène de Rothschild s’en rendirent les maîtres et le partagèrent avec lui. C’est là, dans ce lieu d’un autre âge, qu’il termina ses jours. » Pierre Bergé.

Le milliardaire chilien Lopez-Willshaw loua le premier étage de cet hôtel prestigieux de l’île Saint-Louis, que son jeune compagnon restaura pendant deux ans (1947-1949 ?) et meubla magnifiquement ; à sa mort (1962), il hérita de la moitié de la fortune et d’une partie de son importante collection d’art.

Sa propre collection fut dispersée lors de deux grandes ventes aux enchères publiques : la première, survenue après la mort de son ami en 1975, aurait été causée par une situation financière altérée par de mauvais investissements : la seconde vente fut faite dans le cadre de sa succession, hormis certains livres anciens de grande valeur, selon sa compagne Charlotte Aillaud (sœur de Juliette Gréco), qui partagea les dix dernières années de sa vie.

Bals et fêtes

Alexis de Redé fut connu notamment pour ses fêtes fastueuses comme le « Bal des Têtes » en 1956 ou encore le « Bal oriental » en 1969.

Le Bal oriental

Le 5 décembre 1969 Redé donna à l’hôtel Lambert un Bal oriental qui fut pour lui une sorte « d’apothéose mondaine » et lui aurait coûté un million de dollars ; il en eut l’idée à la suite de l’achat d’un mouchoir indien, et les invitations étaient la copie de ce mouchoir (Alexandre Serebriakoff dessinait les plans de table de ses dîners).

Les personnalités les plus connues du Tout-Paris et de la café society internationale y assistèrent. :

Le maître de maison était costumé en prince mongol. Des éléphants en papier mâché accueillaient les invités dans la cour de l’hôtel. Des « esclaves noirs » torse nu portaient les torches dans le grand escalier menant à la salle de bal, tandis que des automates jouaient de différents instruments, disposés dans la majestueuse galerie d’Hercule. Cette fête a fait l’objet de nombreux reportages, dans Vogue et Paris Match entre autres magazines, et elle reste l’une des plus célèbres de l’après-guerre. »
Site du cimetière fréquenté par jazzi.

Marie Sasseur dit: à

« le parti social »..
socialiste à la parisienne, plutôt.

Bérénice dit: à

Pablo, si je puis, chacun sa couche ou ses couches si l’on se perd dans l’incontinence épistolaire.

D. dit: à

Ce soir je mange de la quiche aux poireaux

Jazzi dit: à

Par la suite, c’est Michèle Morgan qui occupa l’hôtel Lambert, Marie Sasseur.

Il me semble, Soleil vert, que Sollers a un peu plus de fond culturel que Beigbeder !

Bérénice dit: à

Poireaux dégorgés, j’espère, D . En Champagne, une expression employee dit : faire dégorger le poirau .Je l’entends à l’impératif.

et alii dit: à

épaisseur ?
avant après ?
un nouveau concept pour en parler
De l’inframince, brève histoire de l’imperceptible, de Marcel Duchamp à nos jours
DAVILA, Thierry, 2010, Éditions du Regard, Paris, 309 p.
Camille Zéhenne
Dans Communication & langages 2011/4 (N° 170), pages 124 à 125

Bérénice dit: à

Le ciel est gris sans bleu, la mer est couleur d’ huître sans trop de vagues mais froide. Résultat des courses, un maillot, un fauteuil, un bouquin sans creme solaire. Les voisins ont fini de faire du bruit. Cela prend généralement 1/4 d’heure sauf si les enfants ont décidé de hurler.

Bérénice dit: à

D, pour varier, vous pouvez cuire à la vapeur poireaux et pommes de terre. Sur une pate feuilletée épaisse et piquée vous étalez vos poireaux egouttés, dessus les patates. Vous pouvez ajouter des lardons entre les deux couches. Versez un mélange fouetté et généreux à base de creme épaisse et deux oeufs, muscade, sel poivre. Ajouter fromage râpé et à l’aide du papier sulfurisé formez une aumôniere que vous ne pourrez cependant pas fermer, collez avec les doigts les surplus de pate. Four chaud, vingt à trente minutes. Servez avec une salade, de preference aux inter saisons je vous laisse le choix du vin

Delaporte dit: à

« Il me semble, Soleil vert, que Sollers a un peu plus de fond culturel que Beigbeder ! »

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

Bérénice dit: à

J’ai toujours cru qu’ils étaient trois ce qui expliquerait l’origine des guerres . Y en a même qui n’aiment pas les mal voyants, pour cause! Moi. C’est plutôt les sourds dont je me méfie, ils sont malhonnêtes et si vous les ajoutez à la catégorie précédente, cela fait du monde en moins avec qui sympathiser.

Jazzi dit: à

A défaut de respect, un peu de retenue pour ton prochain, Delaporte, stp !

« Dans son homélie prononcée lors de la messe de la Pentecôte célébrée place Saint-Pierre ce 9 juin, le Pape François a loué la jeunesse de l’Esprit Saint, qui apporte l’harmonie dans la vie des hommes. »

Delaporte dit: à

« A défaut de respect, un peu de retenue pour ton prochain, Delaporte, stp ! »

Jacuzzi, c’est risible de vous voir me faire une leçon de morale pourrie comme à quiconque d’ailleurs. Vous êtes un pur produit des années stupre. Avec vous, c’est la déliquescence qui domine, vous le quasi-esthète gay, le demi-journaliste, le presque cinéphile !

Delaporte dit: à

Je ne suis pas encore allé voir Parasite. Cela peut attendre. Mais j’irai. Est-ce que c’est un film pour presque cinéphile ? Pour quasi-esthète gay ? On ne sait jamais. Mais c’est pleinement coréen, et ça, c’est la classe ! Sauf que dans sa conférence de presse, à Cannes, le réalisateur aux yeux bridés a dit qu’il aimait Chabrol et Hitchcock. J’ai tiqué quand il a dit Chabrol, réalisateur excessivement mineur. Ces influences ont métissé son inspiration coréenne, et fait de son oeuvre une sorte de fourre-tout culturel et bigarré sans saveur. Un objet artistique non identifié qui jongle avec les références. Du cinéma pour bobos épuisés…

renato dit: à

Inframince : le bruit de mes pantalon lorsque je marche.

Delaporte dit: à

Bref, plus rien de coréen chez le réalisateur de Parasite. Etait-il complexé par rapport aux grands exemples occidentaux ? Comme ces Japonaises qui se font débrider les yeux grâce à la chirurgie esthétique, pour ressembler aux femmes européennes ou américaines. Pourquoi se renier ainsi, dans une forme artistique majeure, alors que l’inspiration artistique coréenne pourrait tant apporter ? Une Palme d’or pour ça ?

Patrice Charoulet dit: à

Cher Monsieur,

« 22 euros ». Grand merci de cette précieuse info.
« directeur d’inconscience ». Très joli.
« décaduc ». J’avais oublié.
Son indulgence pour Morand. Moi aussi.
« deux échecs au bac jamais obtenu ». Savoureux, pour moi qui vénère les majors de l’agreg.
« Silberman ». Gide plaçait ce livre très haut.
Je vais lire ce soir le discours de réception que vous nous offrez.
Le fauteuil d’Henri de Régnier. Beau fauteuil et bel auteur.
« l’auteure » (Passou). Vous vous y mettez aussi ! Je n’en suis pas friand.

renato dit: à

« En raison de son populisme qualitatif, le Ur-Fascisme doit s’opposer aux gouvernements parlementaires « putrides ». » Umberto Eco

Intéressant usage du mot « putride »

Delaporte dit: à

Si Parasite s’inspire de Chabrol et de Hitchcock, alors il a raté son coup, même si c’est plaisant et facile à voir. On ne va pas au cinéma, quand on est un cinéphile comme Jacuzzi ou moi-même, pour voir des parodies, voire des plagiats. Parasite, sur ce plan, ne me dit rien qui vaille. Hier soir, je n’y suis pas allé, j’irai la semaine prochaine, et encore, pas avant vendredi ou samedi. Mes soirées sont très occupées en ce moment. Ce sont des soirées révolutionnaires où je m’occupe du destin en général,car ce destin européen et mondial sera écologiste ou ne sera pas. C’est ma conclusion provisoire, après mon enthousiasme pour les gilets jaunes, qui n’a rien donné. La politique radicale, façon Ulrike Meinhof, est souvent source d’échec. Sa fragilité. Mais c’est la preuve aussi que nous sommes sur une voie humaine, et donc positive pour l’humanité. Ce matin, le discours du pape sur l’Esprit Saint corrobore cette pensée. Je suis nourri de ces propos du pape. Merci à Jacuzzi de nous les rappeler, lui le presque journaliste, le quasi-chrétien…

Delaporte dit: à

Intéressant usage du mot « putride »

C’est un joli mot qu’on ne doit pas laisser aux fascistes ou aux vieillards cacochymes comme vous, renato. Utilisons-le, et que vive la démocratie écologiste ! Et merde aux rabats-joie !

et alii dit: à

Qu’est-ce alors qui m’a fait me précipiter sur son Tout un monde. Jacques de Lacretelle et ses amis (330 pages, 22 euros, éditions de Fallois) ?
vous êtes consciencieusement professionnel et vous vous méfiez des zouaves qui pourraient vous prendre en défaut;(et tout particulièrement des erdéliens et de leur malignité)
comme dirait Hamlet j’ai pas raison? c’est pas bien répondu?

renato dit: à

Putride comme la curie romaine, Delaporte ?

Marie Sasseur dit: à

@Par la suite, c’est Michèle Morgan qui occupa l’hôtel Lambert, Marie Sasseur.

Non, M. Morgan y a vécu en même temps que Betty, demandez à Passou.

« Dans les années 1950 et 1960, l’appartement de l’attique est habité, jusqu’en 1975, par l’actrice Michèle Morgan et son époux, l’acteur Henri Vidal, mort en 1959[10]. »wiki

Delaporte dit: à

Je suis heureux que l’utilisation que je fais du mot « putride », notamment pour parler des médias, hérisse certains bien-pensant comme ce misérable renato. C’est exactement mon but. Les secouer un peu, parce qu’ils sentent le renfermé. Les internautes, se retournant sur eux-mêmes, sursauteront d’un bond de trois mètres en entendant ces paroles de pureté qui sortent de ma bouche.

Marie Sasseur dit: à

M. Morgan vivait au grenier, et Betty etait placardée au mur. Voilà.
Simplement Passou ne savait pas que la chambre de bonne sous les toits etait occupée!

renato dit: à

Je ne suis nullement hérissé par votre usage de ce mot, mais plutôt amusé que par ce biais vous vous définissez politiquement comme fasciste, peu importe votre récente attitude écologiste d’opportunité. D’ailleurs, l’admiration que vous portez à une terroriste ne fait que renforcer l’image de réac qui est la votre.

Delaporte dit: à

Le baron de Rédé était un mondain fanatique, mais on ne le voyait jamais dans les médias putrides, où il ne s’étalait pas. On a sa dignité, et le respect de soi-même, surtout quand on était lui ! Ceci étant, quelle vie vaine, futile, légère… Sous son masque de grand seigneur, il ne devait pas y avoir beaucoup de culture. Une sorte de Brummell : rien derrière la cravate, comme disait Drieu la Rochelle.

Marie Sasseur dit: à

@« Silberman ». Gide plaçait ce livre très haut.

C’est evident, ça cause de violences à l’internat, comme les faux-monnayeurs.

Delaporte dit: à

renato dit: 9 juin 2019 à 17 h 00 min

Quel tissu d’inepties ! Vous n’avez pas honte ?

renato dit: à

Pourquoi, Delaporte, vous contestez l’image que l’on peut se faire de vous ?

vitatonello dit: à

@ ixchel, Céleste Albaret dans la vidéo Ina, semble dévouée et modeste, cependant le collier 3 rangs de perles autour de son cou s’il n’est pas de pacotille, vaut certainement bonbon.

ai noté qu’un de protagoniste de la recherche semble avoir signé une sorte de laissé passer d’utiliser son nom, mais était plus réservé par le sort infligé par Proust à ses pensées.

je me suis hasardée à suivre le propos d’Anne de Lacretelle, truffé d’expressions chantant le ravissant et les astres éteints, je note au passage qu’elle relève la mélancolie des survivants mondains en 50′ à un moment de leur existence, la vie ayant dépassé la 60 taine, se tiendra plus dans l’après que dans l’avant, elle semble se complaire dans le rôle de chouchou souffreteux cajolé par l’esprit du temps, larmes d’oubli qui nous laissent un rien goguenards à contempler sa bouche fardée aux dents disjointes, évoquer la splendeur irrésitible de son don juan de père qu’elle égrène en triplice tout au long de ce tout un monde. Ce livre s’inscrit probablement dans ce repli très français qui se préserve au fil des siècles, par une onctuosité polie sous la conspiration de chanoines dévôts à l’image d’une bienséance de surface, dont elle se plaît, Anne de Lacretelle à entrouvrir le boudoir, tirant les ficelles comme l’adolescente rebelle qu’elle se souvent avoir été, se reprenant, arrondissant les angles à postériori du récit dans son entretien particulier. Donnant ainsi à notre contemplation, l’image de ses pieds enfantins et dodus, trop serrés dans ses chaussures et le sentiment qu’elle s’est pris un coin de son mobilier par distraction, l’immense sparadrap qui panse sa jambe m’ayant parfois distrait de son propos surrané.

closer dit: à

« Un roman ambigu sur l’antisémitisme »!!!

C’est tout ce que Passou trouve à écrire sur Silbermann, que je viens de lire…C’est lamentable, jusqu’où descendra-t-il? Il n’a évidemment pas lu Silbermann. En hors d’oeuvre, je vous livre un petit texte que j’ai trouvé sur le net et qui règle son compte au fameux documentaire sur Proust pour mieux mettre en valeur le fait que Lacretelle ne doit en aucun cas être jugé là-dessus:

« Jacques de Lacretelle (1888-1985) figure dans le documentaire « culte » (cliquer ici) sur Marcel Proust de Roger Stéphane (1962). Dans le film, c’est déjà un monsieur âgé, distingué, qui parle avec beaucoup d’afféteries. Il parle avec de longues phrases, une diction impeccable, tout comme Paul Morand qu’on voit juste après, accompagné de sa femme, l’étrange princesse Soutzo. C’est l’occasion, pour nous, de mesurer combien la façon d’être et de s’exprimer des écrivains a changé : les écrivains qu’on entend ont été jeunes avant la première guerre mondiale. A travers le reportage de Roger Stéphane, c’est le miroir terni du monde du 19ème siècle qui réapparaît, juste avant de périr, cette fois définitivement. Écouter Lacretelle est pénible, car l’homme est vraiment précieux et, autant le dire, du moins en ce qui me concerne, sa voix de fausset est assez exaspérante : il est pourtant l’auteur de ce très beau livre « Silbermann » paru en 1922 (prix Femina), 130 pages, un des plus beaux textes jamais écrits contre l’antisémitisme : un roman, un texte court, ramassé, simple et clair, avec une histoire qu’on ne lâche pas.
Par Hervé Bel

« un des plus beaux textes jamais écrits contre l’antisémitisme : un roman, un texte court, ramassé, simple et clair, avec une histoire qu’on ne lâche pas. »

C’est exactement cela. On pense à « L’ami retrouvé », sauf que Lacretelle est profondément pessimiste. L’ami n’est jamais retrouvé, il est même définitivement perdu, trahi à la dernière ligne du roman. Je ne vous dirai pas comment, c’est très fort, très inattendu. Lacretelle à l’intelligence (ou la lucidité) de n’idéaliser aucun personnage. Silbermann est prodigieusement doué, il veut s’approprier la culture française, la faire sienne, l’illustrer par son génie, mais il n’est pas particulièrement sympathique. Le narrateur est un faible qui a une bouffée d’idéalisme d’adolescent qui le pousse à défendre Silbermann contre tous, au risque de s’isoler de tous, même de ses parents qu’il adore, et puis…
Le style, le ton, ont un peu vieilli, mais pas plus que celui de n’importe quel roman de cet époque.

Ne présenter Lacretelle que comme une espèce de vieil aristocrate conservateur, chevrotant et colérique est injuste, scandaleux même. C’est ce qu’il est peut-être un peu devenu avec l’âge, mais on ne peut oublier sa défense des exclus, non seulement dans Silbermann, mais dans cet autre roman (que je n’ai pas lu), « La Bonifas » où il défend une femme méprisée et rejetée par son village à cause de sa laideur et de ses penchants saphiques…

J’ajoute que la tirade citée par Passou sur les gens qui ne savent rien de Proust et qu’il utilise à charge contre Lacretelle avait peut-être quelque fondement. Dans cette noble assemblée, il n’y en avait peut-être pas beaucoup qui le connaissait aussi bien que lui.

Delaporte dit: à

« Pourquoi, Delaporte, vous contestez l’image que l’on peut se faire de vous ? »

Parce que cette image est fausse. Je ne suis pas fasciste du tout ! Par contre, vous, renato, vous êtes une larve intellectuelle ! Le cardinal Martini, s’il vous voit de là où il est, doit être abasourdi de votre bêtise intrinsèque. Vous croyez tout savoir, tout comprendre, mais en réalité vous êtes un gros nul prétentieux qui roule des mécaniques. Bref, un pauvre type ! Je ne suis pas le seul à penser cela ici.

hamlet dit: à

pablo, tu pourrais stp continuer à compiler mes aphorismes écrits sur ce blog, on m’a demandé de le faire, mais j’ai un peu la flemme, du coup je recherche un petit larbin qui le ferait à ma place.

j’ai pensé à toi parce que tu as le profil type du petit larbin ?

renato dit: à

Le fait est, Delaporte, que je suis indiffèrent à l’opinion que les autres se font de moi, et tout particulièrement de l’opinion des gens comme vous.

Delaporte dit: à

« Le fait est, Delaporte, que je suis indiffèrent à l’opinion que les autres se font de moi, et tout particulièrement de l’opinion des gens comme vous. »

C’est à cause de gens comme vous, renato, que le monde est tellement égoïste et qu’il y a tant de misère dans nos sociétés, comme cette jeune Néerlandaise qui, à 17 ans, a dû se suicider. C’est de la faute d’individus centrés uniquement sur eux-mêmes, se foutant des autres, comme vous. Des monstres ! Le Christ, et même Ulrike Meinhof, avaient un message d’amour à faire passer, pour sauver l’humanité de tout ce qui l’entrave. Malgré des énergumènes comme vous, renato, il n’y a pas d’autre issue que celle-là, l’issue de l’amour universel, qui s’in,carne aujourd’hui politiquement dans l’écologie. Tout le monde le comprend, désormais, sauf certains enfoirés comme renato, vieillard abject qui n’a pas fait fructifier ses talents, d’ailleurs il n’en avait aucun. Un fruit sec !

Marie Sasseur dit: à

@17h33, merci du lien, on peut y lire un extrait de Silbermann, de J. de Lacretelle, texte de 1922, et primé .
Ce qui est ambigu, c’est qu’avec un tel texte sur l’antisémitisme , les amitiés de J. de Lacretelle aient été, pour certaine, si peu en accord avec les conclusions qu’il aurait dû en tirer, dans les faits.

Marie Sasseur dit: à

Mais comme le précise sa fille, J. de Lacretelle ne parlait pas de « ça », avec son ami, et elle ne sait pas si morand a lu ce livre, en réponse à cette légitime question qui lui a été posée.

renato dit: à

« C’est à cause de gens comme vous… »

Vous faites quoi réellement contre la misère de notre société bien à part jouer le facho-catholique de blog ?

Marie Sasseur dit: à

Cette histoire de J. de Lacretelle, Silbermann, se passe dans un internat bourgeois protestant, comme les faux-monnayeurs de Gide.

hamlet dit: à

pour ce qui est de Mao et de la révolution culturelle, nous voyons bien qu’en France aussi la littérature a permis une persistance de l’ancien régime.

la bourgeoisie a effectivement voulu utiliser la culture et les arts pour s’inventer une grandeur d’âme et ainsi prendre la place de l’aristocratie, cf Proust Stendhal etc le décrivent parfaitement.

il faudrait regarder de près la façon dont ces mécanismes de domination persistent, sous de nouvelles formes, dans nos sociétés post-politique, post-moderne, hyper-individualistes et post-lutte des classes.

si on prend de recul et de hauteur on se rend alors compte que la culture, et surtout la littérature est devenue la source principale du sentiment d’auto satisfaction.

dans la mesure où les écrivains actuels commencent par montrer patte blanche, des gens de bonne intention et amoureux du genre humain, ils permettent à leurs lecteurs de le devenir à leur tour.

le problème est qu’il semble que nous arrivons à un tournant où, non seulement il ne suffit d’afficher ses bonnes intentions, mais où cette attitude devient carrément contre productive d’un point de vue électorale.

le PS qui est depuis le début des années 80 le parti politique des écrivains a volé en éclat, et je n’imagine pas les écrivains se retournés vers des partis écologiques.

en résumé nous arrivons dans une impasse, et je ne pense as que cette fois l’affichage de bonnes intentions nous permette de trouver une issue.

je ne sais pas trop ce qu’il reste du monde d’avant, mais ce qui est certain c’est que celui à venir ne s’annonce pas tout rose.

Marie Sasseur dit: à

La meilleure histoire que j’ai lue dernièrement sur une amitié, avec jeune homme ,juif, mais ça on le découvre à la fin, suscitant l’attrait de son entourage au lycée, par sa culture, sa classe et sa réserve naturelle ,et dont l’histoire se passe dans les années 30, a pour titre « nuit sur la neige » de L. Cossé. Il se termine mal.
La densité de ce recit , sans chichi ni mièvrerie, évacue très bien les clichés sur les juifs, comme ceux véhiculés dans cet extrait de Silbermann donné à lire à 17h33, qui glorifient les candidats à l’assimilation nazionale heureuse.

et alii dit: à

Dommage qu’il n’ait pas de contributrice pour raconter les classeser cours de récréation chez les filles!

et alii dit: à

classes et récréation

Marie Sasseur dit: à

Moi je suis d’une époque ou les classes sup’ étaient mixtes Et Al.

de nota dit: à

Un entretien avec Jacques Bouveresse, qui devrait un tantinet titiller le camarade Hamlet et intéresser, peut-être, qui voudra bien prendre le lire…

Pourquoi avoir consacré un livre à ce que vous appelez la «connaissance de l’écrivain»?

Jacques Bouveresse. La question de savoir si on peut légitimement parler d’une connaissance et/ou d’une vérité littéraires est une question que je me pose depuis longtemps. La littérature et les problèmes qu’elle soulève ont toujours beaucoup compté pour moi. Mais j’ai hésité à en parler en raison du climat de dogmatisme et même de terrorisme qui régnait encore il y a peu de temps dans la critique et la théorie littéraires. Cela rendait la tâche passablement difficile pour quelqu’un qui n’a pas envie de tenir le discours auquel on s’attend. J’avais parlé, il est vrai, assez régulièrement d’écrivains comme Valéry et Musil. Mais ce sont des écrivains que l’on peut appeler rationalistes. Ayant une grande considération pour la science, ils accordent une importance extrême à la précision et ont peu de chances d’être considérés comme exemplaires par les adeptes de ce que l’on serait tenté d’appeler la «religion de la littérature» et même la «bigoterie littéraire».

Ou les «bigoteries littéraires», car il semble, selon vous, qu’il y en ait deux?

J.B. Il y a en effet au moins deux espèces de bigoterie dans ce domaine. L’une consiste à absolutiser le texte et à prétendre qu’il n’y a pas de hors-texte. C’est une façon de voir qui a été alimentée en particulier par le déconstructionnisme et a prospéré pendant un temps de bien des façons. Une autre forme de bigoterie est celle qui attribue à la littérature une mission quasiment sacrée qui résulte de la capacité qu’elle aurait de nous donner accès à une forme de vérité d’une espèce supérieure, évidemment beaucoup plus importante que la vérité scientifique. Mais on ne nous dit pas grand-chose sur le genre de vérité dont il s’agit et encore moins sur les raisons précises pour lesquelles on a besoin de la littérature pour y accéder. Or il se trouve que j’aimerais justement en savoir plus et que je n’ai jamais été sensible à cette volonté d’instaurer une sorte de compétition entre la science et la littérature pour la possession des seules vérités qui comptent réellement. J’ai toujours essayé d’avoir des relations aussi étroites que possible avec l’une et l’autre. Quand il s’agit de chercher son bien – le bien principal étant en fin de compte la vérité – je n’ai pas de difficulté à recourir simultanément ou alternativement à la science, à la philosophie et à la littérature.

Cette critique du discours dominant sur la littérature ne correspond-elle pas au fond à ce refus de toute posture héroïque qui caractérise votre conception de la philosophie?

J.B. Vous avez raison, cela entre tout à fait dans le cadre général de ce que j’ai essayé de faire, c’est-à-dire de montrer qu’on peut très bien vivre sans mythologie. On peut parfaitement défendre les choses importantes – la littérature en fait partie – sans avoir besoin d’entretenir à leur sujet une espèce de mythologie héroïsante, en particulier sans avoir besoin d’accepter cette vision si répandue de la littérature que je qualifierais de «religieuse» et même d’ «idolâtre». On croit facilement que l’importance et la grandeur de la littérature ont besoin de s’abriter derrière un rempart de sublimité et de mystère. S’il y a une vérité littéraire, il ne faut surtout pas essayer d’expliquer en quoi elle consiste exactement. Celui qui cherche à préciser et à expliquer est facilement soupçonné, comme l’a été Bourdieu et comme je l’ai probablement été moi-même, d’être quelqu’un qui n’aime pas la littérature et veut même peut-être tout simplement sa mort. Le fait de ne pas aimer beaucoup le milieu littéraire et le genre de mythologie qu’il a tendance à développer à propos de ce qu’il fait n’a évidemment rien à voir avec une quelconque «haine de la littérature».

La littérature a, selon vous, une fonction cognitive. Autrement dit, elle nous procure des connaissances.

J.B. Je suis enclin à penser qu’il y a effectivement quelque chose comme une connaissance et une vérité pour l’obtention desquelles nous avons besoin de recourir à la littérature. Beaucoup d’écrivains partagent cette conception, même quand ils ne sont pas du tout d’accord sur le genre de réalité qu’il s’agit de représenter et sur ce qui distingue les oeuvres qui peuvent être qualifiées de «vraies» des autres. La préoccupation pour la vérité est aussi fondamentale chez Proust que chez Flaubert, par exemple, en dépit du fait que le premier considère le réalisme comme une illusion pure et simple. Proust accorde une importance extrême à la fonction cognitive de la littérature. Sa recherche est, comme il le dit explicitement, une recherche de la vérité – en l’occurrence, de quelque chose comme ce qu’on appelle la vérité de la vie. Mais j’ai l’impression que, quand il est question de la vérité et de la connaissance littéraires, le genre de théorie de la vérité et de théorie de la connaissance minimales dont on aurait besoin pour comprendre de quoi il s’agit est, encore aujourd’hui, complètement balbutiant. Je n’ai pas la prétention de disposer d’une réponse complètement satisfaisante; mais j’ai voulu au moins essayer d’y voir un peu plus clair.

En fait, l’incertitude commence lorsqu’on se demande si nous avons réellement besoin de concepts comme ceux de vérité et de connaissance pour rendre compte de la valeur et de l’importance que nous accordons aux oeuvres littéraires. Il se pourrait que la question de la validité et de la valeur soit ici à peu près sans rapport avec celle de la vérité. Mais dans ce cas il faut s’interroger sur le genre d’illusion dont sont victimes les écrivains qui, comme Proust et tant d’autres, attribuent une importance cruciale au problème de la vérité de ce qu’ils écrivent.

Ce concept de vérité est-il le même que celui du philosophe?

J.B. On a dit et répété que la littérature elle-même avait contribué à déconstruire radicalement et à rendre plus ou moins inutilisables des notions comme celles de représentation, référence, vérité, objectivité, etc., et des distinctions comme celles de la réalité et de la fiction. Je n’ai jamais cru rien de tel. La littérature n’a rien ajouté d’essentiel aux difficultés philosophiques que ces notions comportaient déjà et avec lesquelles tout le monde, y compris les écrivains, est aux prises. Et ce n’est pas parce qu’une notion suscite des perplexités et des difficultés philosophiques qu’elle doit devenir automatiquement suspecte. Je trouve donc tout à fait normal de s’interroger, en commençant par prendre au sérieux ce que disent sur ce point les écrivains eux-mêmes, sur le problème de la relation que la littérature entretient avec la connaissance et la vérité. Il semble à première vue difficile de nier que certaines oeuvres littéraires manifestent une forme de connaissance (de la réalité humaine, de la vie, etc.) assez stupéfiante, qui donne en outre l’impression d’être à peu près immédiate et incorrigible, mais on ne sait pas trop comment la caractériser. Qu’est-ce qui permet à l’écrivain de disposer de cette capacité de connaissance et de quelle façon est-elle liée à cette autre chose essentielle: le rapport spécifique que l’écrivain entretient avec le langage? Karl Kraus dit de Shakespeare qu’ «il a tout su d’avance». Comment est-ce possible?

De quelle nature sont ces connaissances ou ces vérités que nous procure la littérature?

J.B. Le problème philosophique général est celui du genre de lien qui est susceptible d’exister entre la vérité et les moyens que l’on doit utiliser pour arriver à elle. Y a-t-il une vérité unique dont des vérités comme la vérité scientifique et la vérité littéraire, par exemple, sont des espèces ou bien avons-nous besoin de deux concepts de vérité différents pour parler de vérité dans leur cas? La vérité peut-elle être objective et universelle, et en même temps liée intrinsèquement à une façon déterminée de l’exprimer, au point où semble l’être la vérité littéraire, le degré de dépendance maximum étant évidemment représenté par le cas de la poésie? Si une vérité littéraire supposée peut être paraphrasée dans une forme non littéraire, s’agit-il encore d’une vérité littéraire au sens d’une vérité que seule la littérature est censée nous permettre à la fois de découvrir et de formuler adéquatement? Qui plus est, même si beaucoup de gens seraient d’accord, je pense qu’attribuer à la littérature une valeur de connaissance n’implique pas encore que cette connaissance soit la connaissance de vérités proprement dites. Il se pourrait que le genre de connaissance que nous procurent les oeuvres littéraires ne soit pas de l’espèce théorique et propositionnelle, mais plutôt du genre de ce qu’on appelle la «connaissance pratique». L’idée d’appliquer à la littérature des notions comme celles de connaissance et de vérité a été contestée radicalement à une certaine époque, parce qu’elle était censée faire partie de la conception «humaniste» de la littérature dont on nous expliquait qu’il était indispensable et urgent de se débarrasser. Aujourd’hui, on assiste à un retour en force de la conception humaniste, parfois sous sa forme la plus naïve, et l’idée que ce que nous attendons de la littérature est peut-être d’abord une forme de connaissance est accueillie beaucoup plus favorablement; mais cela ne signifie mal-heureusement pas que l’on soit prêt à faire des efforts sérieux pour essayer de la comprendre un peu mieux qu’elle ne l’a été jusqu’à présent.

En quoi consiste cette connaissance pratique?

J.B. Wittgenstein s’est, par exemple, interrogé sur la connaissance de ce qu’on appelle l’authenticité de l’expression d’un sentiment. A quoi reconnaît-on ce genre de chose? Il répond qu’il n’y a pas, dans ce cas-là, de règles, ni de système de la connaissance, tout au plus quelque chose comme ce qu’il appelle les «débris d’un système», qu’il faut accepter de laisser à l’état de débris. Quand on se demande à quoi on reconnaît qu’une oeuvre littéraire nous communique une vérité nouvelle et importante, je pense que la situation est un peu la même. Et il est probable que la connaissance morale est en grande partie une connaissance de ce type, pour laquelle il n’y a pas de théorie proprement dite et encore moins de système. Du même coup, on commence à comprendre un peu mieux pourquoi la littérature peut sembler à certains égards mieux adaptée que la théorisation philosophique pour le traitement de problèmes qui semblent habituellement relever en premier lieu de la philosophie morale. Selon Martha Nussbaum*, la littérature, sans rendre pour autant inutile la philosophie morale, est capable d’apporter une contribution essentielle, qui mérite, elle aussi, d’être appelée philosophique, à la réflexion morale. Cela signifie qu’elle ne se contente pas de fournir un matériau extrêmement riche et diversifié pour la réflexion en question, elle participe aussi directement, à sa façon, à celle-ci, notamment en contribuant à développer l’imagination morale et l’aptitude au raisonnement pratique. La question qui se pose inévitablement ici est celle de savoir ce qui confère à l’écrivain cette aptitude spéciale à la connaissance morale et cette connaissance plus développée et plus raffinée de la vie morale qu’il donne l’impression de montrer dans ce qu’il écrit. On peut, pour la connaissance morale au sens indiqué, se poser le même genre de question que pour la connaissance psychologique, sociologique ou autre. Est-ce parce que Proust est un psychologue et un sociologue aussi remarquable qu’il est un écrivain aussi extraordinaire? Ou bien est-ce l’inverse qui est vrai? Il se peut, bien entendu, que j’ignore des choses essentielles, mais je n’ai pas l’impression que l’on soit beaucoup plus avancé aujourd’hui qu’autrefois dans le traitement de ce genre de question. Musil, dont les connaissances en psychologie étaient celles d’un vrai professionnel, s’est posé le problème de savoir s’il y a une psychologie littéraire, une psychologie de l’écrivain, en plus de la psychologie scientifique, et il y a répondu par la négative. Mais un bon nombre de gens pensent le contraire.

Les écrivains dont vous parlez, et qui nous procurent cette connaissance morale, sont en même temps des critiques du moralisme. Pourquoi insistez-vous sur cet aspect-là?

J.B. Cela correspond chez moi à une tendance très ancienne. J’ai toujours été profondément révulsé par le moralisme sous toutes ses formes – peut-être pour avoir été exposé moi-même fortement à la tentation d’y céder – et donc prêt à accueillir avec sympathie les efforts qu’ont faits les écrivains pour critiquer le moralisme. J’avais été frappé, dans ma jeunesse, par la remarque de Karl Kraus: «Si la morale ne se cognait pas, elle ne serait pas blessée.» Deux auteurs auxquels je me suis intéressé spécialement de ce point de vue sont Henry James et Musil. Musil est un critique féroce du moralisme et même déjà simplement de l’idéalisme moral, qu’il considère comme responsable en grande partie de l’immoralité et de l’inhumanité qui caractérisent notre époque. C’est exactement le genre de question que je me pose à propos du prétendu «renouveau de l’éthique» dont on nous parle sans cesse depuis quelque temps. Je doute fortement qu’il signifie que notre époque s’est décidée à essayer de devenir réellement un peu plus morale. Musil voyait les choses à la façon de Nietzsche, qui dit dans une remarque de 1884: «L’honnêteté comme conséquence de longues accoutumances morales: l’autocritique de la morale est en même temps un phénomène moral, un moment de la moralité.» La critique radicale de la morale qui est développée, implicitement ou explicitement, dans certaines oeuvres littéraires et qui les a fait accuser assez souvent d’immoralisme est aussi un moment de la moralité et une contribution importante au progrès de la connaissance morale. Si j’ai fait moi-même quelques progrès dans le sens qu’indique Musil, c’est en grande partie grâce à la littérature, plutôt qu’avec l’aide de la philosophie.

Ce moralisme ne fait-il pas le plus souvent assez bon ménage avec la philosophie morale? Et n’est-ce pas précisément la raison pour laquelle la littérature est si précieuse?

J.B. C’est l’idée que défend Martha Nussbaum, et je suis assez d’accord avec elle sur ce point. Les philosophes – avec des exceptions, comme Aristote, qui constitue pour elle la référence principale – cèdent facilement à la tentation de faire reposer la morale entièrement sur l’idée du devoir et de suggérer qu’on peut nettement distinguer, dans pratiquement tous les cas, entre ce qui est bien et doit être fait et ce qui est mal et doit être évité. Cela ressemble malheureusement à une simplification qui ne correspond pas vraiment à la réalité. On risque toujours de sous-estimer fortement la complexité, l’ambiguïté, l’indécision des situations morales et même de se méprendre à peu près complètement sur ce qu’est véritablement un problème moral et sur la façon dont il se résout (ou ne se résout pas). Car on pourrait dire que souvent il n’y a tout simplement pas de solution. «La vie, dit Gide dans la préface d’Armance, nous propose quantité de situations qui proprement sont insolubles et que seule la mort peut dénouer, après un long temps d’inquiétude et de tourment.» Or les romanciers nous donnent, à mon sens, une idée beaucoup plus plausible que la plupart des philosophes de ce qui se passe réellement, sur ce point, dans la vie morale. Wittgenstein estimait que très souvent on peut lire des ouvrages entiers de philosophie morale dans lesquels il n’est pas posé un seul problème moral. Un romancier comme Henry James était précisément très sensible au fait que dans bien des cas la solution d’un problème moral ne peut être connue qu’après coup, en fonction de la manière dont les choses vont tourner, la chance et la malchance jouant souvent ici un rôle important, que la philosophie morale a du mal à prendre en considération, car elle se place de préférence avant le moment où l’action va être décidée et fait comme si la délibération devait toujours pouvoir nous indiquer clairement ce qu’il faut faire ou éviter. Or très souvent cela ne se passe du tout ainsi. C’est un point sur lequel un philosophe comme Bernard Williams a insisté avec raison. Et ici il semble peu discutable que les moyens de la littérature sont précieux et peut-être même indispensables. Dans la vie morale il est rarement question d’appliquer à une situation déterminée des règles données d’avance. C’est presque toujours beaucoup plus compliqué. Et il faut, pour arriver à ce qui apparaîtra comme une solution, mais peut-être seulement après coup, de l’imagination morale. Or les ressources de la littérature jouent un rôle irremplaçable dans la formation et le développement de l’imagination morale. Notre éducation morale s’est, du reste, faite en grande partie par la fréquentation des oeuvres littéraires

La question morale à laquelle s’intéressent les romanciers consiste-t-elle à se demander: comment devons-nous vivre? Quelle est la vie bonne ou juste? Ou ne s’agit-il pas plutôt, parfois, de se demander tout simplement: comment vivre? Qu’est-ce que vivre?

J.B. Oui, cela fait également partie, à mon avis, de la contribution que la littérature peut apporter à la connaissance morale. Une réflexion capable à un moment donné de regarder en face le néant radical de la vie, au moins comme une perspective possible, peut aussi faire partie de cela. Nous sommes tous susceptibles d’éprouver à un certain moment la sensation que, comme le dit Virginia Woolf, il n’y a peut-être finalement rien, rien qui vaille la peine en tout cas. Or, pour nous rappeler ce genre de choses, les écrivains me semblent, de façon générale, disposer de moyens bien supérieurs à ceux des philosophes de l’absurde et des philosophes en général. Si on estime que les oeuvres littéraires, en particulier les romans, nous montrent des possibilités auxquelles nous ne pensons pas naturellement, il faut qu’elles soient autorisées à nous montrer aussi cette possibilité-là. Mais, bien entendu, nous la montrer ne veut pas dire, même si c’est fait avec le plus grand talent, nous contraindre à l’accepter.

Cela n’a-t-il pas à voir avec ce que vous appelez l’ «héroïsme ordinaire» et que vous retrouvez même chez Proust?

J.B. Proust, en effet, bien qu’il soit convaincu que les grandes oeuvres de la littérature ont un pouvoir d’anticipation et de transformation important en ce qui concerne la morale, ne donne pas l’impression de chercher à provoquer une sorte de transmutation radicale ou de renversement complet des valeurs. Il apprécie manifestement, chez certains de ses héros, un bon nombre de qualités morales qui sont de l’espèce la plus ordinaire comme la discrétion, la gentillesse, le désintéressement, le courage, etc. C’est un aspect du problème que l’on retrouve également, sous une autre forme, chez Flaubert. L’ennemie véritable, pour lui, est la bêtise sous toutes ses formes, et spécialement la bêtise de la morale conventionnelle; mais l’ironie et le sarcasme ne visent jamais les qualités et les vertus morales ordinaires, en tant que telles. Bien qu’il n’aime pas beaucoup manifester ce genre de sentiment, il ne dissimule pas toujours son admiration pour le genre d’héroïsme silencieux que la vie exige et obtient souvent des plus humbles. Le fait que, comme dit Musil, l’écrivain explore des «chemins latéraux» pour la morale n’implique pas nécessairement qu’il prêche une morale d’exception, faisant fi des vertus morales traditionnelles. «L’honnêteté, dit Flaubert, dans une lettre de 1878, est la première condition de l’esthétique.»

Et que diriez-vous des autres formes littéraires, la poésie, par exemple?

J.B. Pour être complet, il aurait fallu parler aussi des autres genres littéraires, et en particulier de la poésie. Mais j’ai été, je l’avoue, sensible aux raisons qui ont conduit Martha Nussbaum à accorder, dans ce domaine, une position et un rôle privilégiés au roman. Elle pense, par exemple, que si l’on souhaite, comme elle, défendre une conception aristotélicienne de l’éthique, au sens large, le meilleur choix à faire pour formuler et étudier ce genre de conception pourrait bien être celui des formes et des structures de certains romans. Je ne sais pas si j’aurai un jour le courage de m’attaquer au problème sous sa forme la plus générale, Mais c’est sûrement ce qu’il faudrait faire, ce qui impliquerait en particulier un examen sérieux de la prétention à une forme spéciale et essentielle de connais-sance et de vérité que l’on attribue fré-quemment à la poésie. Mais c’est une tâche devant laquelle j’ai toujours reculé avec appréhension, notamment à cause du risque que l’on court presque fatalement de heurter de front des convictions et des sentiments qui sont de nature quasiment religieuse.

Reste la question de la forme ou du style. Quel rôle jouent-ils dans l’accès à cette connaissance pratique que nous procure, selon vous, la littérature?

J.B. Il y a la question de l’inséparabilité du contenu et de la forme, qui semble caractériser la littérature, et il y a en plus celle du lien qui est susceptible d’exister entre cette inséparabilité et le caractère pratique de la connaissance concernée. Musil a réfléchi à la façon dont l’inséparabilité du contenu et de la forme pourrait être ce qui permet à la littérature d’influencer avec une efficacité aussi remarquable non pas seulement l’intellect, mais également l’affectivité, la volonté et l’action; et il a utilisé, pour ce faire, la connaissance qu’il avait de la psychologie de la forme. Martha Nussbaum soutient que le choix d’une forme et d’un style constitue une assertion d’une certaine sorte et peut avoir lui-même une valeur de connaissance. J’ai eu pendant longtemps, je l’avoue, une certaine difficulté à accepter ce genre d’idées, en tout cas en ce qui concerne la philosophie: il me semblait que la connaissance philosophique, si elle existe, devrait rester aussi impersonnelle, abstraite et indifférente à la forme qu’il est possible. Je vois les choses assez différemment aujourd’hui, mais je conti- nue à me méfier du style un peu trop «littéraire» en philosophie et à penser qu’il y a trop de gens qui croient qu’ils pensent profondément simplement parce qu’ils savent écrire.

Cela signifie-t-il que le philosophe ne doit pas être un écrivain?

J.B. Quand j’ai commencé, dans le milieu des années 1960, un philosophe était censé devoir être aussi et même peut-être d’abord un écrivain; et les philosophes qui comptaient le plus, Foucault, Deleuze, Serres, Derrida, Althusser lui-même, etc., étaient célébrés au moins autant pour leur façon d’écrire que pour leurs idées philosophiques révolutionnaires. Il y avait même des gens qui expliquaient que la philosophie avait épuisé ses possibilités et que c’était désormais à la littérature de s’occuper de ses problèmes (selon d’autres, c’était plutôt aux sciences humaines de le faire). Rétrospectivement, je me reproche surtout d’avoir cru naïvement que ce genre de déclaration méritait d’être pris au sérieux et discuté. Mais la question demeure. Julien Gracq, dans La littérature à l’estomac, parle d’une formidable manoeuvre d’intimidation de la littérature par le non-littéraire et il explique qu’ «un engagement irrévocable de la pensée dans la forme prête souffle de jour en jour à la littérature: dans le domaine du sensible, cet engagement est la condition même de la poésie, dans le domaine des idées, il s’appelle le ton: aussi sûrement Nietzsche appartient à la littérature, aussi sûrement Kant ne lui appartient pas». J’ai envie de répondre deux choses. D’une part, il y a eu aussi et il continue à y avoir de formidables manoeuvres d’intimidation de la philosophie par la littérature et par le littéraire en général. D’autre part, on aimerait beaucoup en savoir un peu plus sur le genre de contribution spécifique que l’engagement dans la forme apporte à la connaissance philosophique, si c’est bien elle qu’on cherche. Il est vrai que même cette question-là – celle de savoir s’il y a ou non une connaissance philosophique- n’est pas décidée et qu’un philosophe digne de ce nom ne devrait pas se permettre de traiter comme si elles étaient résolues des questions qui, en réalité, ne sont même pas vraiment posées.

hamlet dit: à

de nota dit: 9 juin 2019 à 19 h 15 min

merci de nota, c’est excellent, et voilà tout est dit !

que ce soit Bouveresse qui le dit j’espère que notre petit larbin pablo ne viendra pas la ramener.

hamlet dit: à

tout est dit dans cet entretien de Bouveresse tout est dit tout est et il n’y rien à ajouter ni à retirer.

et je conseille à toutes les personnes qui fréquentent ce blog, Paul Edel le premier, de lire et de relire plusieurs fois ces propos de Bouveresse.

et voilà à quel niveau devrait se situer aujourd’hui la critique littéraire, et pas se demander ce qu’il reste du monde d’hier, Bouveresse parle du monde d’aujourd’hui et de demain.

alors prenez le temps de le lire, de l’imprimer pour pouvoir le lire et le relire ce soir dans votre lit avant de vous endormir pour que ça rentre dans vos petits cervelles !

à part Jazzi bien sûr parce que je ne suis pas certain qu’il aura tout compris.

mon Dieu quelle misère que ce monde.

x dit: à

Bonsoir Lavande.

Merci de nota (je n’ai pas lu ce livre-là de Bouveresse, mais j’avais eu avant sa parution (en 2008), l’occasion de travailler sur celui de Nussbaum, s’il s’agit bien comme je le suppose du recueil Love’s Knowledge, qui date de 1990).
Sur les points abordés (sans doute parce que j’ai davantage pratiqué Austen que Musil, personne n’est parfait), je signalerai tout de même l’ouvrage antérieur essentiel de Alasdair MacIntyre, After Virtue (1981), maintenant traduit en français (et presque sur la même ligne le Ricœur de la période Soi-même comme un autre).

À propos de la première « bigoterie » (celle d’un absolu littéraire), il serait peut-être bon de rappeler qu’elle ne tombe pas du ciel, mais survient en réaction aux dérives et excès d’autres approches, d’autres postures, et de mentionner les deux ouvrages de William Marx susceptibles d’éclairer ces retours de balancier avec variations : L’Adieu à la littérature Histoire d’une dévalorisation XVIIIe-XXe siècle (2005) et … La Haine de la littérature (2015) :
« La philosophie naquit en s’affrontant au discours qui lui préexistait et en lui déniant toute prétention à l’autorité, à la vérité, à la moralité. […] Dans la Grèce archaïque, la poésie était le discours des Muses: parole de vérité, qu’elles inspiraient. Il n’y avait alors que deux discours fondamentalement fiables: celui de la loi et celui des Muses. Tout autre discours prétendant à une place d’honneur devait se situer par rapport à ces deux-là — précisément ce que fit Platon dans La République, en inventant des lois nouvelles et en exilant les poètes, deux actions intimement liées  les condamnations de la poésie ne forment pas un leitmotiv du dialogue par hasard.
On sait ce qui arriva : les poètes se retrouvèrent pauvres et nus, et ce dépouillement devint leur destin — ou, pour dire les choses autrement, ce qui reste quand on a tout enlevé, c’est ce qu’on nomme littérature. »
(Le chapitre consacré à l’axe d’accusation concernant la « Vérité » dans le procès fait à la littérature démonte brillamment les procédés de C.P. Snow dans la fameuse conférence sur « Les deux cultures » avant de présenter son adversaire, F. R. Leavis, au public francophone qui ne le connaît pas nécessairement.)
That’s all, Folks !

Jazzi dit: à

Je crains malheureusement qu’il n’y ait pas grand chose à comprendre dans ces propos confus, du genre : « un coup j’avance un coup je recule », de Jacques Bouveresse, hamlet. Tu peux nous en faire un résumé plus clair et plus précis ? Merci !

Jazzi dit: à

hamlet, tu finis pratiquement tout tes commentaires par cette phrase :

« mon Dieu quelle misère que ce monde. »

Mais tu oublies que ce monde, c’est le tien !

bouguereau dit: à

« un coup j’avance un coup je recule », de Jacques Bouveresse

dla pisse copie de philosophe analytique..le gros wittgenstein? pff..allez..allez y disoit que tout doit pouvoir se dire en 3-4 mots.. »depuis quand la litterature est un humanisme »..fin de partie..vite..c’était l’pire affreux

bouguereau dit: à

tout est dit dans cet entretien de Bouveresse tout est dit tout est et il n’y rien à ajouter ni à retirer

..putain..heideguère c’est beaucoup beaucoup mieux..dailleurs quand je lis bouvresse j’ai envie dm’inscrire au nsdap et chnèle!

bouguereau dit: à

Mais tu oublies que ce monde, c’est le tien !

c’est lcontraire baroz note cul lui appartient

hamlet dit: à

Chantal dit: 9 juin 2019 à 20 h 43 min

merci Chantal, l’exposé de cette dame est totalement répugnant, mais il a l’intérêt de montrer aussi tout les aspects répugnants de la Recherche, à savoir un monde qui se nourrit que de lui-même et coupé du monde.

hamlet dit: à

touS les aspects répugnants de la Recherche, et bien sûr de celui qui l’a écrit.

Jazzi dit: à

« les aspects répugnants de la Recherche »

C’est pas ce que dit Bouveresse, hamlet. Tu l’as vraiment lu ?

et alii dit: à

> JACQUES BOUVERESSE : CE QUE LA LITTERATURE PEUT NOUS APPRENDRE
Bouveresse n’est pas un optimiste, loin s’en faut : « De là, l’intellectuel d’aujourd’hui, pusillanime devant les forts, dur aux faibles, ambitieux sans dessein, ignorant sous les oripeaux de la pédanterie, imprécis en style pointilleux, inexact en style détaillé ». Il exècre l’« intellectuel déférent », qui ne perd pas une occasion de manifester son respect pour toutes les formes de pouvoir, économiques, politiques et médiatiques, les autorités morales et religieuses, les croyances populaires et même, le cas échéant, les idées reçues.

Que peut nous enseigner le littéraire ? se demande-t-il.
La forme romanesque ne nous parle pas seulement de texte et d’elle-même mais également de la vérité, de la vie humaine et de l’éthique. Proust, le premier, estime que ce n’est pas parce qu’un roman comporte dans sa première phrase le mot « je » et semble consister essentiellement dans une analyse des expériences vécues d’un individu déterminé, réel ou fictif, qu’il n’est pas, lui aussi, à la recherche de vérités universelles et de lois générales. Et, tout comme le roman d’introspection ou d’analyse, le roman d’aventures s’efforce de découvrir de « grandes lois » qui concernent non plus la vie intérieure mais la vie extérieure.
« Si la littérature constitue un moyen privilégié pour connaître la vie, écrit Bouveresse, c’est parce qu’elle n’est finalement rien d’autre que la vie elle-même, la relation privilégiée que la littérature entretient avec la connaissance de la vraie vie tient au fait que la vraie vie est potentiellement littéraire. Les associations qui lui donnent une signification et une valeur sont exactement de l’espèce de celles qui sont incorporées dans, ou exploitées par, les œuvres d’art. Les lois associatives d’ordre supérieur qui gouvernent une personnalité sont de la même nature que les espèces de lois qui définissent un style artistique. »
Ainsi démontre Bouveresse « la littérature participe bel et bien, par des moyens qui lui appartiennent en propre, à l’entreprise générale de la connaissance. » 
Et, citant les Essais de Robert Musil, il en vient à penser comme lui que la création littéraire ne transmet pas le savoir et la connaissance, mais qu’elle « utilise » le savoir et la connaissance. Ceux du monde intérieur exactement de la même façon que ceux du monde extérieur. Dans la mesure où la création littéraire transmet une expérience vécue, elle transmet aussi une connaissance car il n’y a pas un monde rationnel et en dehors de lui un monde irrationnel, mais un seul et unique monde qui contient les deux choses. Le roman comme outil philosophique est doté d’un grand pouvoir d’éclaircissement des réalités énigmatiques ou obscures, comme c’est le cas précisément de la vie telle qu’elle est la plupart du temps vécue : « Songez à la quantité de pensées, à la quantité de vérité que contient une pièce de Shakespeare ou un grand roman. »
> JACQUES BOUVERESSE : CE QUE LA LITTERATURE PEUT NOUS APPRENDRE
Bouveresse n’est pas un optimiste, loin s’en faut : « De là, l’intellectuel d’aujourd’hui, pusillanime devant les forts, dur aux faibles, ambitieux sans dessein, ignorant sous les oripeaux de la pédanterie, imprécis en style pointilleux, inexact en style détaillé ». Il exècre l’« intellectuel déférent », qui ne perd pas une occasion de manifester son respect pour toutes les formes de pouvoir, économiques, politiques et médiatiques, les autorités morales et religieuses, les croyances populaires et même, le cas échéant, les idées reçues.

Que peut nous enseigner le littéraire ? se demande-t-il.
La forme romanesque ne nous parle pas seulement de texte et d’elle-même mais également de la vérité, de la vie humaine et de l’éthique. Proust, le premier, estime que ce n’est pas parce qu’un roman comporte dans sa première phrase le mot « je » et semble consister essentiellement dans une analyse des expériences vécues d’un individu déterminé, réel ou fictif, qu’il n’est pas, lui aussi, à la recherche de vérités universelles et de lois générales. Et, tout comme le roman d’introspection ou d’analyse, le roman d’aventures s’efforce de découvrir de « grandes lois » qui concernent non plus la vie intérieure mais la vie extérieure.
« Si la littérature constitue un moyen privilégié pour connaître la vie, écrit Bouveresse, c’est parce qu’elle n’est finalement rien d’autre que la vie elle-même, la relation privilégiée que la littérature entretient avec la connaissance de la vraie vie tient au fait que la vraie vie est potentiellement littéraire. Les associations qui lui donnent une signification et une valeur sont exactement de l’espèce de celles qui sont incorporées dans, ou exploitées par, les œuvres d’art. Les lois associatives d’ordre supérieur qui gouvernent une personnalité sont de la même nature que les espèces de lois qui définissent un style artistique. »
Ainsi démontre Bouveresse « la littérature participe bel et bien, par des moyens qui lui appartiennent en propre, à l’entreprise générale de la connaissance. » 
Et, citant les Essais de Robert Musil, il en vient à penser comme lui que la création littéraire ne transmet pas le savoir et la connaissance, mais qu’elle « utilise » le savoir et la connaissance. Ceux du monde intérieur exactement de la même façon que ceux du monde extérieur. Dans la mesure où la création littéraire transmet une expérience vécue, elle transmet aussi une connaissance car il n’y a pas un monde rationnel et en dehors de lui un monde irrationnel, mais un seul et unique monde qui contient les deux choses. Le roman comme outil philosophique est doté d’un grand pouvoir d’éclaircissement des réalités énigmatiques ou obscures, comme c’est le cas précisément de la vie telle qu’elle est la plupart du temps vécue : « Songez à la quantité de pensées, à la quantité de vérité que contient une pièce de Shakespeare ou un grand roman. »
http://regine-detambel.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=417

Toto dit: à

Vous êtes sûr que la comtesse Greffulhe apparaît dans le reportage? Dans ce cas, Est-ce à partir de 1:00:00? De quand date l’archive dans ce cas (pour mémoire elle est décédée en 1952…).

et alii dit: à

Cela n’a-t-il pas à voir avec ce que vous appelez l’« héroïsme ordinaire » et que vous retrouvez même chez Proust ?
Proust, en effet, bien qu’il soit convaincu que les grandes œuvres de la littérature ont un pouvoir d’anticipation et de transformation important en ce qui concerne la morale, ne donne pas l’impression de chercher à provoquer une sorte de mutation radicale ou de renversement complet des valeurs. Il apprécie manifestement, chez certains de ses héros, un bon nombre de qualités morales qui sont de l’espèce la plus ordinaire comme la discrétion, la gentillesse, le désintéressement, le courage, etc. C’est un aspect du problème que l’on retrouve également, sous une autre forme, chez Flaubert. L’ennemie véritable, pour lui, est la bêtise sous toutes ses formes, et spécialement la bêtise de la morale conventionnelle : mais l’ironie et le sarcasme ne visent jamais les qualités et les vertus morales ordinaires, en tant que telles. Bien qu’il n’aime pas beaucoup manifester ce genre de sentiment, il ne dissimule pas toujours son admiration pour le genre d’héroïsme silencieux que la vie exige et obtient souvent des plus humbles. Le fait que, comme dit Musil, l’écrivain explore des « chemins latéraux » pour la morale n’implique pas nécessairement qu’il prêche une morale d’exception, faisant fi des vertus traditionnelles. « L’honnêteté, dit Flaubert, dans une lettre de 1878, est la première condition de l’esthétique. »

hamlet dit: à

x dit: 9 juin 2019 à 21 h 44 min

il faudrait effectivement retracer au fil des siècles l’histoire de ce soupçon porté sur la littérature, le passage entre des époques où le lecteur avait le « droit » de s’épancher sur le sort des personnages du roman, partager leurs peines et leurs joies, suivi d’époque où ce « sentimentalisme émotionnel » était jugé suspect, alors oui, Platon bien sûr, la critique de la Recherche par Platon n’aurait pas été très tendre, il aurait surtout jugé ces artifices d’écriture qui se joue du lecteur pour le transporter vers un sentimentalisme tout à fait inutile pour la vie et la pOlitique de Cité, et ça change en fonction des siècles, en fonction de la relation de la philosophie à la littérature.

Le pire (d’un point de vue platonicien) a été atteient au 20è quand des philosophes comme Sartre et co se sont sentis obligés de recourir à la littérature ou au théâtre pour faire passer des idées, ce a été un terrible aveu d’échec des pouvoirs de la philosophie et une toute aussi terrible appréciation du public quant à sa capacité de comprendre le contenu des livres de philos : puisqu’ils sont bas de plafond je vais leur expliquer avec une pièce de théâtre aux relents mélodramatiques, ce qui d’une certaine manière donne raison aux soupçons de Platon.

Jazzi dit: à

Le pauvre hamlet, qui pète avec sa tête et pense avec son cul !
Du coup, il vient de filer la chiasse à la pauvre et alii.
Avec tous ces vents mauvais, pas d’autre choix que… la fuite.
Bonne nuit les petits !

christiane dit: à

Bonsoir de nota, x (et lavande !).
Je ne suis pas certaine que cette longue citation d’un ouvrage de Jacques Bouveresse soit opportun dans ce fil de commentaires qui part dans tous les sens et où les contributeurs me paraissent avoir la tête ailleurs que dans cette austère et longue réflexion sur la littérature analysée par un philosophe. J’ai la plus grande estime pour ce philosophe et son œuvre qui n’est pas une plaisanterie, mais enfin, de nota et x, relisez le fil des commentaires… Quelques réactions sur le ton contesté du billet de Passou puis une plongée dans Proust pas dans son œuvre La Recherche mais dans ses rapports avec Céleste Albaret qui fut tour à tour sa commissionnaire, sa servante, sa gouvernante, sa confidente, sa secrétaire.
La réflexion s’est alors orientée sur ces « bonnes à tout faire » corvéables à merci, une sorte d’esclavage. Puis les commentaires sont revenus sur les De Lacretelle père et fille, leur monde, puisque le livre présenté ce jour est écrit par la fille de l’écrivain, Anne de Lacretelle. Au passage les commentaires sont revenus sur un roman de J. de Lacretelle (avis partagés…)
Alors ce long entretien où J Bouveresse revient sur « la vérité littéraire », « le climat de dogmatisme et même de terrorisme » qui régnerait dans la critique littéraire », la « bigoterie littéraire »(le fantasme d’une mission sacrée de la littérature…) est-il introduit au bon moment ? J.B dit : « la littérature en fait partie – sans avoir besoin d’entretenir à leur sujet une espèce de mythologie héroïsante, en particulier sans avoir besoin d’accepter cette vision si répandue de la littérature que je qualifierais de «religieuse» »

Et voilà Proust et Flaubert qui entrent en scène par l’axe de « la vérité » :
« La préoccupation pour la vérité est aussi fondamentale chez Proust que chez Flaubert, par exemple, en dépit du fait que le premier considère le réalisme comme une illusion pure et simple. »… et sa pensée aborde les livres de Musil et Wittgenstein…
La rapidité de la pensée de J.Bouveresse me laisse toujours pantoise tant il a l’art de bondir avec beaucoup de logique d’une idée à l’autre, mais ici, est-ce vraiment le propos ? A chacun de voir…
Je préfère revenir en arrière. Le lien du billet et un passage de celui-ci permettant de revoir Céleste Albaret, de l’écouter évoquer « Monsieur Proust ». C’est captivant, comme son livre écrit 50 ans après la mort de M.Proust avec l’aide du journaliste G.Belmont (paru chez R.Laffont). Ce ton précieux, naïf et ému, ce regard, ses souvenirs si éloignés dans le temps.

A 9h46, Et alii a posté un commentaire très bref où il esquissait qu’il s’agissait peut-être d’un grand amour.
Et il en fallait ! pour accepter de 1914 à 1922 cet isolement et cet enfermement volontaires pour vivre près du grand homme réfugié en reclus dans son appartement parisien, essentiellement dans sa chambre, volets fermés, rideaux tirés, envahie de fumigations pharmaceutiques ÉCRIVANT. Prenant le jour pour la nuit et lui demandant d’être disponible 24h sur 24. Elle avait 26 ans en 1914… Huit ans de sollicitude attentive où elle se sentait parfois sa mère, parfois sa fille.
Elle avait besoin d’être accaparée, façonnée par cet homme qui la subjuguait (s’émancipant ainsi de sa belle-famille et du commerce qui ne l’attirait guère…). Son héros… Devenant au fil des années, indispensable. Elle l’écoutait inlassablement debout au pied du lit, collait ses paperoles, mettait de l’ordre dans ses feuilles manuscrites, écrivait sous sa dictée et préparait avec tendresse l’unique repas qu’il exigeait, ce café rare au lait accompagné d’un croissant.
Même quand son mari rentra de la guerre, malade, elle continua à donner la priorité de sa présence à Marcel Proust.
Oui, Et Alii je crois qu’on peut parler d’un amour-dévotion empli d’une grande fierté d’avoir vécu ces huit années auprès de lui.

hamlet dit: à

« Jazzi dit: 9 juin 2019 à 22 h 51 min
« les aspects répugnants de la Recherche »
C’est pas ce que dit Bouveresse, hamlet. Tu l’as vraiment lu ? »

non Jazzi, ça c’est moi qui le dit.

Bouveresse dit ça : « la préoccupation de la vérité est aussi fondamentale chez Proust que chez Flaubert, par exemple, en dépit du fait que le premier considère le réalisme comme une illusion pure et simple. Proust accorde une importance extrême à la fonction cognitive de la littérature. Sa recherche est, comme il le dit explicitement, une recherche de la vérité – en l’occurrence, de quelque chose comme ce qu’on appelle la vérité de la vie. Mais j’ai l’impression que, quand il est question de la vérité et de la connaissance littéraires, le genre de théorie de la vérité et de théorie de la connaissance minimales dont on aurait besoin pour comprendre de quoi il s’agit est, encore aujourd’hui, complètement balbutiant. » (Bouveresse parle de « la vérité », et plus loin « des vérités ».)

à mon sens il n’y a rien de « balbutiant » dans poursuite de la vérité dans la Recherche, et cette recherche de la vérité chez Proust je m’arroge ainsi le droit de la qualifier de « répugnante ».

tout comme l’exposé de cette dame dans le lien donné par Chantal m’apparait comme répugnant.

si j’ai le temps je te ferai une petite explication de texte des propos de Bouveresse, je crois que c’est un auteur que je connais assez bien, comme je connais assez le courant de pensée auquel il appartient.

ce que je peux déjà te dire quand Bouveresse parle de recherche de vérité chez Proust il est loin d’en tirer les conclusions qui ferait de Proust une icône religieuse inattaquable, bien au contraire : toutes formes de recherche de vérité génère inévitablement une critique de fond sur le contenu et les contours de cette vérité, en tout cas elles obligent à aller toujours plus loin, élargir la focale et émettre un jugement esthétique, éthique et politique.

la littérature a pris une position problématique dans nos sociétés, tous les pieds d’estale sont faits pour être détruits.

Jean Langoncet dit: à

La mode du modérateur filtrant a priori tendant à s’étendre sans limite, autant le mettre ici directement plutôt que sur grand écran et par république interposée
https://www.youtube.com/watch?v=x4tJiyU_gjY

Jean Langoncet dit: à

(me suis intéressé à cette reprise de Blind Faith à compter de 2:32)

D. dit: à

Eh ben voilà, Madame a pris en main la quiche aux poireaux et moi je m’occupe du vin.

D. dit: à

bon j’ai regardé Serres et je n’en démords pas : un type respectable et humain, très contemplatif et analytique mais on est bien en peine d’y trouver de la philosophie ou même une forme de philosophie.

Delaporte dit: à

Ruquier a expédié son au revoir à ses deux chroniqueurs ratés :

« Mais alors que pour certains anciens chroniqueurs, l’émission n’hésitait pas à sortir le grand jeu, notamment avec Aymeric Caron qui avait eu droit à un hommage de 13 minutes, il n’en fut rien cette fois-ci. Laurent Ruquier s’est contenté d’une déclaration laconique. »

Au revoir et merci, et surtout ne revenez pas avec vos sales gueules !

christiane dit: à

@Chantal dit: 9 juin 2019 à 20 h 43 min
J’avais écouté cette conférence avant d’écrire dans mon premier commentaire que ce monde n’était pas le mien et que ce livre ne m’attirait pas…

Pour en revenir à vos conseils de lecture, j’ai terminé la lecture de Citrons acides de Lawrence Durrell. (traduit de l’anglais par R.Giroux).
Je ne m’attendais pas à découvrir un récit autobiographique de son quotidien chypriote dans ces années troubles (1953-1956) où les luttes pour l’indépendance l’inciteront à partir.
Peu de paysages sauf au début et à la fin, l’essentiel faisant place à son installation dans cette petite maison où il pense trouver un cadre propice à l’écriture.
J’ai aimé la chaleur humaine des relations entre les habitants de l’île, les pêcheurs, les bergers et lui, l’étranger. Au début, les différentes communautés (anglaises, chypriotes et turques) vivent en bonne intelligence…
L’achat de la maison est une vraie scène de théâtre, très drôle. La halte sous l’Arbre de la Paresse avec les olives kalamata et un vin de pays, la visite de la vieille abbaye, les ruines de lambousa, la plage de Lapithos, les raisins sucrés, le silence, la mer, ce sont aussi des chapitres qui m’ont enchantée. Ainsi se suivent des anecdotes pleines de vie.
Mais à partir du chapitre VII, j’ai un peu décroché. Trop de débats politiques… Enosis… Le paysage devient désert, les petits cafés abandonnés infestés de mouches. La folie se déchaîne. Représailles. terrorisme.

J’ai retrouvé mon bonheur de lire à la fin parce que « l’air sentait la neige et la fleur de citron »… Mais il s’en va…
Et le livre se termine sur ce chant :

« Citrons amers

Dans une île de citrons amers
Où les fièvres froides de la lune
Travaillent les sombres globes des fruits
Et l’herbe rêche sous les pieds
Torture la mémoire et ravive
Des habitudes que l’on croyait mortes à jamais,
Mieux vaut faire silence, et taire
La beauté, l’ombre, la violence ;
Que les antiques gardiens de la mer
Veillent sur le sommeil des songes
Et la tête bouclée de la mer égéenne
Contienne ses fureurs comme des larmes non versées. »

Je vais maintenant relire Le Quatuor d’Alexandrie… Justine…

Delaporte dit: à

Le pire c’est qu’avec ou sans, l’émission va être reconduite à la saison prochaine. Ruquier pourra continuer son travail de sape de décervelage intégral, avec des collaborateurs multiples. Autant d’avanies, comme si la dernière d’Angot n’avait pas suffi. Au Japon, quand quelqu’un commet une grosse boulette, il se fait hara kiri. Son respondable se fait hara kiri. Toute l’entreprise se fait hara kiri ! Et tout le monde trouve cela normal là-bas. En France, celui qui commet la boulette s’en va avec un gros chèque, et son responsable a un avancement. Comment voulez-vous que ça marche ? Et quel exemple pour lers jeunes ! Angot est un mauvais exemple pour les jeunes et les moins jeunes, les adultes et le vieux, et même les morts : c’est le contre-exemple universel. Sa sortie sur l’esclavage aurait dû la conduire au silence définitif, à la retraite contrainte, au licenciement non abusif ! Elle va néanmoins continuer à la ramener, à écrire des livres soporifiques, et des articles déjantés. Amenez-moi sa mère que je lui en refasse une autre !!!

Delaporte dit: à

Pour revenir à renato, tourné vers lui-même, se désintéressant des autres, les méprisant, ne leur venant jamais en aide, bref… c’est le concept sartrien de « salaud » qui s’applique pour lui. renato est un salaud sartrien de la plus belle espèce. Il correspond au tableau qu’en a défini Sartre. renato est un « salaud », le « salaud » type, significatif, caractéristique. D’ailleurs, sur ce blog personne ne l’aime, on le trouve prétentieux, désagréable et moche. C’est, en plus d’être un « salaud » sartrien, un vieux schnock. Lui aussi, il est bon pour le hara kiri.

Delaporte dit: à

renato est un salaud. Démonstration :
________________________
Le refus de cette responsabilité, ou mauvaise foi, conduit à l’émergence de deux figures : le salaud et le lâche. Le salaud est celui « qui essaie de montrer que son existence est nécessaire, alors qu’elle est la contingence même de l’apparition sur terre ». Cela signifie qu’il refuse de se remettre en question, et s’arc-boute sur ce qu’il croit être le bien. Il ne justifie pas son existence par ses actions, mais justifie ses actions par son existence. Il se construit selon un mode qu’il détermine par avance, devenant en conséquence la figure même du conformisme. Le lâche, quant à lui, est défini par Sartre comme celui qui, « par esprit de sérieux ou par des excuses déterministes, se cache sa liberté totale ». Le lâche invoque des éléments extérieurs pour échapper à sa responsabilité, il laisse le soin aux autres de « faire ce qu’il ne peut pas faire ».

Delaporte dit: à

Sartre avait génialement relié le « salaud » avec le « lâche ». Etant un « salaud », notre renato est automatiquement un « lâche », bien sûr. Les deux vont de pair. La contingence, renato ! Vous n’avez aucune circonstance atténuante. Votre rencontre jadis, avec le grandiose cardinal Martini, aurait dû vous livrer une indication décisive. Que vous a-t-il dit ? Vous avez parlé d’un ami journaliste, dessoudé par les Brigades rouges ? C’est tout ? En fait, vous avez loupé l’occasion de votre vie, de revenir dans le droit chemin, c’est-à-dire la santé mentale. Tout cela pour finir dans la peau exclusive du « salaud » sartrien. Mal joué !

x dit: à

@ christiane 9 juin 2019 à 23 h 29 min
Je l’ai pour ma part trouvé tout à fait opportun et il m’a semblé important de remercier de nota qui ne multiplie pas les interventions et dont les citations me paraissent faites avec parcimonie et à bon escient. Les siennes enrichissent toujours le débat parce qu’elles ne procèdent pas d’une action-réflexe à un mot ou un nom-stimulus et ne partent pas dans tous les sens.
Les conversations secondaires au sein d’un même fil me semblent infiniment préférables (quitte à dériver un peu, quitte à ce que certains reviennent toujours à leur angle d’attaque ou leurs auteurs de prédilection) non seulement aux attaques ad hominem et aux insultes, mais aussi aux leçons (de seconde ou troisième main), fraîchement apprises et pas encore digérées, assénées avec autant de véhémence que d’absence de logique.
Je ne vois pas bien en quoi un intérêt pour la philosophie, fût-elle analytique, serait moins acceptable qu’un prisme psychanalytique ou talmudique ou bien sociologique … ou bien journalistico-historico-biographique sans souci de littérarité (ce qui a le don d’énerver les « bigots » dans mon genre).

Bérénice dit: à

16h34 le film peut être vu sans qu’il soit nécessaire de savoir quelles sont les admirations de Bong Jon hoo. En le sachant et après l’avoir vu il est possible que vous pensiez à la cérémonie pour l’esprit, à Chabrol en ce qu’il a souvent été occupé à montrer des rapports inter classes tranchés. Les pauvres m’ont paru si détestables que j’ai éprouvé l’envie de quitter la salle, une phrase les sauve je suis restée. Les riches ont une vie de riches d’une grande banalité mais leur est confiée une grande honnête , une franchise , une confiance qui m’ont conduite à me demander à qui le cinéaste taillant un costume. L’architecture vaut le détour.

et alii dit: à

assurément, christiane, je n’ai pas les mêmes attentes et questions que vous quant au blog et aux sujets proposés par P.Assouline qui me semblent déterminer les sens dans lesquels « ça peut partir »
autant les questions sur la personne même du contributeur-trice ne me semblent pas devoir être poussées jusqu’à l’intimité-et ce sans nier à celle-ci ses droits éventuels-autant je crois qu’il est à propos de savoir rappeler des éléments d’histoire avec leurs sources et en donnant des références-donc par des liens et en s’expliquant sur ces questions de source;
je vois deux sortes de commentaires, les commentaires « moi-je » et les commentaires »dégage »aussi redoutables les uns que les autres;je cherche des commentaires « entre », et « tiers »quand il s’agit d’oeuvres, d’auteurs,de problèmes;qui sont déjà évoqués;
ici, je me souviens que vous étiez des personnes quiopinaient sur Serres récemment;je crois qu’on aurait pu rappelet la relation « derrida -Bouveresse »qui na pas été « simple » du tout,ne serait-ce que parce que Derrida a dit plusieurs fois(pardon de préciser que je l’ai entendu )qu’il était le plus littéraire des enseignants de philosophie(que ce soit ou non arrivé « dans les salles de rédac »,là où quelques uns se croient plus littéraires que Joyce, mais surtout parce que Derrida et Bouveresse ont fait « oeuvre commune » en l’espèce d’un fameux rapport sur lequel vous trouverez sur la toile des renseignements:bien
Jacques Derrida: Pourquoi serait-ce «étonnant»? Avant même de parler de structures visibles ou massives (l’école, l’université, l’autorité, les titres de légitimité), il y a l’expérience même du discours et de la langue: l’intérêt pour la philosophie s’y trouve déjà engagé dans des institutions. Partout et depuis toujours, elles articulent l’enseignement et la recherche, elles tentent de dicter la rhétorique, les procédures de démonstration, notre manière de parler, d’écrire, de s’adresser à l’autre. Ceux qui croient se tenir à l’écart des institutions sont parfois ceux qui en intériorisent le plus docilement les normes et les programmes. Questionnant, critique ou déconstructif, le rapport à soi de la philosophie, c’est l’épreuve de l’institution, de ses paradoxes aussi, car j’essaie de montrer néanmoins ce qu’il y a d’unique et d’intenable, au fond, dans l’institution philosophique : c’est ou cela doit être une contre-institution qui peut aller jusqu’à rompre, de façon dissymétrique, tous les contrats, et suspecter le concept même d’institution. Et puis, si intenable qu’elle soit, c’est en elle que, pour une bonne part, si je puis dire, de ma vie, j’habite: dans ses «corporations», dans son corps et dans sa langue. Ne pas le dénier, c’est à mes yeux un devoir, d’abord un devoir philosophique. Puis, qu’on y participe ou qu’on l’observe, l’institution philosophique française est un phénomène dont la singularité me paraît de plus en plus étrange et passionnante. Enfin, parmi tous les thèmes que vous avez nommés, permettez-moi de sélectionner celui des «sections techniques». Depuis quelques années (le Groupe de recherche et d’études philosophiques, le Greph, n’y est pas pour rien[ii]), un enseignement philosophique y est dispensé: c’est aujourd’hui le lieu de la plus grande concentration (historique, sociale, politique) pour toutes les épreuves que traverse la philosophie. C’est pourquoi nous devons tous y être très sensibles.

Vous avez présidé avec Jacques Bouveresse la commission «Philosophie et Épistémologie», et vous avez remis un rapport au ministre en juin 1989[iii].
il s’agit de ce rapport voici le lien de l’entretien
https://redaprenderycambiar.com.ar/derrida/frances/derechef.htm

et alii dit: à

à propos de ce rapport
(Texte complet du Rapport Derrida-Bouveresse ici !)

Étonnamment, ce rapport n’a jamais fait l’objet d’un débat sérieux et argumenté.

D’abord, le Ministre auquel il était destiné, Lionel Jospin, ne l’a jamais fait circuler. Aujourd’hui encore, le texte intégral n’est accessible que comme annexe d’un fort volume publié par Jacques Derrida en 1990 : Du droit à la philosophie (Éditions Galilée). Autant dire que l’immense majorité des professeurs de philosophie ne l’ont pas lu. Il est même probable que parmi ceux qui ont moins de 40 ans, une bonne partie ignorent jusqu’à son existence.

Ensuite, parce qu’un certain nombre de responsables de la profession, qui lui étaient hostiles ont tout fait pour qu’il soit discrédité, perçu comme une menace gravissime pour l’identité même de l’enseignement de la philosophie, et par conséquent rejeté avant même d’avoir été lu.
http://acireph.org/spip.php?article38

et alii dit: à

on aurait pu rappeler

et alii dit: à

A la différence des groupes techniques ou d’experts qui lui ont succédé (Beyssade 1991-1993, Lucien-Dagognet 1994-1997, Renaut 1999-2001 et Fichant depuis 2001), la commission Bouveresse-Derrida n’a jamais été chargée de rédiger des programmes. Le rapport qu’elle a remis en juin 1989 dresse, d’une part, un état des lieux sans complaisance de la philosophie au lycée – en mettant particulièrement l’accent sur les problèmes révélés par la correction des épreuves du baccalauréat et sur la situation critique dans les séries techniques -, et formule, d’autre part, le projet d’une nouvelle politique de la philosophie qui, pour le dire en mot, la désacralise : une politique qui en fasse non plus une discipline d’exception, auréolée de sa présence initiatique dans la seule terminale et de son refus de définir au bout du compte ce qu’elle enseigne, mais une discipline fondamentale qui assume, comme toutes les autres, non seulement la progressivité de son enseignement et de ses apprentissages, mais aussi son caractère scolaire et donc les règles d’un véritable programme.

x dit: à

Le problème de la répartition des tâches résiste aux simplifications outrancières car il semble bien irréductible.
Il ne concerne évidemment pas que l’écriture, l’étude suppose le loisir : les spécialistes patentés des lettres carrées se feront un plaisir de rappeler la controverse qui opposa les partisans de l’étude des textes comme un devoir (et une joie) pour tous aux avocats de la spécialisation, et les spécialistes auto-proclamés du christianisme évoqueront la double formation de Saul/Paul de Tarse (les deux étant évidemment liées (Gam(a)liel).
Même à l’époque actuelle, le loisir des uns (le temps gagné si vous préférez) suppose le labeur des autres, rétribué ou non (lorsqu’il s’agit de membres de la famille), visible ou invisible (fabrication au loin de ce qui fait gagner du temps ici).
Samuel Johnson a écrit (ou parlé ?) là-dessus sans complaisance (contre son camp en quelque sorte).
Mais de toute façon, il s’agit d’incommensurables.
Le renversement dialectique, s’agissant de maîtres et sinon d’esclaves, de serviteurs, est toujours tentant : on va nous parler de grands enfants perdus dans les nécessités du quotidien, donc « dépendants » ou plus récemment et plus subtilement (?) d’une restriction du champ de l’expérience dommageable pour un auteur.
Dans une perspective utilitariste, se poserait sans doute aussi la question de l’accessibilité à tous de l’œuvre ou de la recherche (scientifique par exemple), laquelle ne dépend pas ou pas uniquement de leur auteur. (Ainsi plutôt que de crier haro sur Proust, on pourrait s’intéresser aux défaillances dans la transmission, à l’abandon de toute ambition éducative).
Quant à la fierté de ceux qui ont ainsi contribué indirectement à la création (en assurant les conditions de possibilité de la création), relève-t-elle de l’aliénation (similaire au snobisme des vendeuses du rayon Soie par rapport à celles du rayon Lainages dans Au Bonheur des Dames) ou bien peut-on la considérer comme légitime ? Est-elle liée à la grandeur, à la qualité de l’œuvre ou à la célébrité, à la reconnaissance publique accordée à l’auteur ? Elle reflète encore en tout cas une dépendance : un krach à la bourse des valeurs littéraires l’affectera alors que la quantité et la qualité du travail domestique fourni n’auront évidemment pas changé (dans le cas de Proust ça a été un peu l’inverse, du moins du vivant de Céleste).

Une exception ? (mais il s’agissait d’un employé occasionnel, pas d’un domestique à demeure) : Paul Géraldy qui a incité et aidé Georges Navel à se faire publier.
Le Portrait Souvenir est tout à fait fascinant, dans le domaine du paralittéraire (bon serviteur mais mauvais maître, à ne pas substituer aux textes).
Remarque personnelle superficielle et sans importance (mais qui rejoint un peu celle d’un blogueur cité par Closer, je crois): on constate que la voix physique, l’élocution (de l’ordre de la socio-phonologie et en lien avec la présentation de soi) vieillissent encore plus vite et plus mal que la « voix » des œuvres, et parfois différemment. Ici, seul Jean Cocteau m’a semblé parler à peu près en contemporain.
Mais cela vaut la peine d’avoir à nouveau ces voix dans l’oreille pour apprécier un passage amusant des Hauts-Quartiers de Paul Gadenne, celui où sont décrites les salutations du Colonel et de son neveu, « Jâââques » (si je me souviens bien, car ne n’ai pas le livre ici).
Silberman fait pour moi partie de ces livres lus et oubliés dont parle Pierre Bayard. (J’ai bien un vague souvenir d’une certaine gêne initiale devant le texte, mais je n’avais alors pas lu grand chose de cette époque). Le personnage de « Elster » le fort en thème, qui apparaît au tout début de Siloé de Gadenne (publié presque 20 ans après), est traité sans excès de précautions.
On peut aussi penser au début de l’autobiographie de Julien Benda, La Jeunesse d’un clerc : « Ce que toute une bourgeoisie juive d’alors montrait comme modèle à ses fils, c’était les trois frères Reinach qui venaient de remporter tous les prix au concours général. » Mais Benda est de la génération de Proust, pas de celle des Maurois, Lacretelle, Morand, Cocteau.

renato dit: à

Alors, Delaporte, vous faites quoi pour les autres ? bien à part leur vomir contre vos jugements pourris, naturellement.

renato dit: à

Et puis triste monsieur Delaporte, j’ai n’ai pas dit que je suis indifférent au autres, mais que suis indifférent au jugement des autre, il y a plus qu’une nuance, et si vous ne le comprenez pas je ne peut que faire un constat : vous n’êtes pas un bon chrétien mais un banale hypocrite.

et alii dit: à

ajoutez ,renato, que vous n’êtes pas tenu de TOUT dire ici,que si d’aucuns inventent, c’est leur question;vous avez un blog que vous tenez régulièrement, ça compte ça aussi;moi j’apprécie que vous accompagnez une éducation par l’image, et de images diverses,sans obnubilation ni n »identarisme,mais avec une grande liberté ;et c’est déjà beaucoup apporter au blog

et alii dit: à

ce matin ,je vois
Shareimprimer
Johannes Höricht a monté en 2006 la maison Felix Krull editore, en référence au personnage de Thomas Mann, Les Confessions du chevalier d’industrie Félix Krull. Maison bilingue basée à Munich, elle publie des ouvrages en allemand et italien. Parmi ses auteurs, Lodovica San Guedoro ou Johann Lecherwald. Et par une stupidité dont seuls les algorithmes sont capables, voici la société désormais taxée de néonazisme…
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/accuse-de-neonazisme-la-chaine-youtube-d-un-editeur-bilingue-est-fermee/95213?origin=newsletter

Marie Sasseur dit: à

Bouveresse a du dire un truc du genre si j’avais eu le choix entre philo et sciences, j’aurais choisi les sciences.
C’est peut-être parce qu’il a ete confronté aux diktats des nouveaux philosophes ou à la clique des sociologues charlatans ont pourri l’université parisienne en vidant les mots de leur sens pour finir par adorer heidegger ou Platon.
En cela je trouve que Serres a pu ouvrir une brèche facile , regrettant de la part de ces « penseurs », desquels il ne s’exclut pas, la méconnaissance absolue des progrès scientifiques qui ont révolutionné et façonné le monde tel qu »il est. Certes sa vision enchantée et émerveillée du truc a séduit,comme une belle histoire et ce que l »on peut considérer comme un echec de la pensée, c’est qu »il a leurrė son auditoire ébahi, largué comme lui, avec la fable de la petite fille aux gros pouces.(deformation par utilisation d’un outil…)

J. Bouveresse pour en revenir a ce qui lie philo et littérature, si j’ai bien compris, voit un indéniable avantage au roman, pour illustrer la philo morale, une indecidabilite ( ca se dit?), un problème sans logique, comme le sont les dilemmes, en maths.
Ce qui est somme toute tres réducteur quant à la « fonction » du roman, si le sujet etait de lui en trouver une.
C’est mal dit, mais y’a de l’idée.

et alii dit: à

appartenir!,il y en a qui croient même que ce blog leur appartient et qu’ils peuvent y dicter leurs desiderata:
La société occidentale est souvent critiquée pour son individualisme. Dans ce contexte, l’appel de Kierkegaard (qui reprend celui de Socrates) peut paraître démodé : Kierkegaard nous dit qu’il faut (ré)apprendre à se connaître et à se regarder soi-même. Dans un monde où la représentation de soi est omniprésente, Kierkegaard nous demande de réfléchir sérieusement sur le regard que nous portons sur nous-mêmes. Acceptons-nous de nous voir tels que nous sommes vraiment, et non pas selon les filtres que nous renvoient nos représentations extérieures ? Cela implique aussi de se poser des questions difficiles sur l’adéquation entre nos convictions, nos paroles et nos actions.

Si le monde moderne lamente l’absence de sens et d’authenticité dans nos manières d’être et dans nos engagements, Kierkegaard nous invite à l’introspection comme premier pas vers un nouvel engagement éthique dans le monde. Il voulait aider ses lecteurs à « exister avec plus de compétence ». Or, si nous accordons beaucoup de prix à des compétences techniques, pratiques ou professionnelles, ce que nous oublions souvent, c’est qu’« exister est un art ».

Bérénice dit: à

7h39 c’est si bien tourné, on se croirait à la distribution de bons points. C’est étonnant que Delaporte ait lu si rapidement pour ne pas faire la différence entre une indifference au jugement d’un autre et une indifference totale à autrui. Soit une autonomie d’action ou pensee qui ne se laisse pas influencer et un individualisme égoïste. Du coup sa lecture hâtive suivi d’un défaut de comprehension invalident sa demonstration.

Jazzi dit: à

Il y a ceux qui font de la littérature et ceux qui, bien incapable d’en faire, viennent vous expliquer comment il faut la faire.
Bref, il y a ceux qui aiment la littérature et ce qui ne l’aiment pas : chacun ici se reconnaitra…

Bérénice dit: à

8h18 kkegard était bien malade, s’il vivait aujourd’hui il bénéficierait d’une molécule miracle. Lu récemment un bouquin dont j’oublie le titre et l’auteur qui retrace sa vie et montre les sources de son mode de pensée. Grand arrière grand père de l’existentialisme.

Jazzi dit: à

Généralement, les seconds viennent ici insulter les premiers !

Phil dit: à

Profité de cette Pentecôte pour visionner l’émission de Stéphane. D’autres ici ont déjà dit l’élégance verbale des participants, chacun à sa place, Mauriac sépulcral de son unique corde vocale, Morand insolent avec sa barbe de Proust « style moisissure de fromage » et Lacretelle séduisant Proust par sa carnation. Le prestigieux Passou a dû croiser le chemin de Lacretelle pour dire une telle détestation.
Miss Sasseur, les personnages des Faux-monnayeurs ne sortent pas d’un pensionnat de bourgeois protestants. Ils évoluent à l’air libre dans le Paris de Passavant-Cocteau. Il faut relire « Silbermann », écrit en 1922, rappelons-le. C’est bien « Le retour de Silbermann », fait d’un pessimisme inacceptable aux censeurs d’aujourd’hui.

Marie Sasseur dit: à

Bouveresse pose comme postulat que la Recherche de Proust est la réussite du roman à deceler des vérités.
On peut le comprendre, cette considération formelle, par une exhaustivité, un foisonnement de détails pour décrire.

Mais décrire quoi?
Un microcosme social? En cela Proust n’a rien inventé sauf à y injecter, ses propres réactions, s’incluant dans sa création.
Pour finir comme on sait, par revenir à une frustration sexuelle.

Car sur le fond?
Qu’en retirer aujourd’hui de ses portraits de groupe d’un microcosme social, pourri par le fric ?

Est-il transposable a-t-il une valeur moins datée ?

Oui, comme l’a montré Houellebecq, le monde de Proust aujourd’hui, c’est celui de Rihanna.

Bérénice dit: à

8h18 si vous posez les guillemets à la fin de l’extrait cité, pourquoi vous exonérez vous de les poser au debut, c’est comme si vous déclariez que vous auriez aimé être en mesure d’écrire ce que vous offrez aux
lecteurs et que dans un sursaut scrupuleux d’honnêteté vous distribuiez le signe à la fin . Vous avez raison car le blog est visité par nombre d’intellectuels qui sans ces guillemets y verraient une supercherie. Bon, je pinailler néanmoins le procédé assez frequent se laisse remarquer.

Bérénice dit: à

Foisonnement de details pour décrire… Ce n’est malheureusement pas l’essentiel. Lisez le. Vous pourrez juger par vous meme. Quant au reste de votre énoncé, c’est aussi un peu réducteur, certes la fracture sociale n’a pas disparu mais ma conviction est que que Marcel Proust mérite tout de même mieux.

et alii dit: à

Bon, je pinailler !!!
vérifiez l’orthographe et le correcteur

Phil dit: à

Profité de cette Pentecôte pour visionner l’émission de Stéphane. l’excellence verbale des participants déjà dite ici. Chacun à sa place, Mauriac sépulcral de son unique corde vocale, Morand insolent sur Proust pour dire sa barbe style « moisissure de fromage » et Lacretelle dont la jeune carnation a fatalement séduit Marcel Proust. Le prestigieux Passou a dû croiser Lacretelle pour dire une telle détestation.
Miss Sasseur, les Faux-monnayeurs ne se passent pas dans un pensionnat de bourgeois protestants, ils évoluent libres dans le Paris de Passavant-Cocteau. Il faut relire « Silbermann », écrit en 1922, rappelons-le (1925 pour les Faux-monnayeurs). C’est bien le pessimisme réaliste du « Retour de Silbermann » qui ne peut que déplaire aux censeurs bréhaignes d’aujourd’hui.

et alii dit: à

10 juin 2019 à 8 h 31 min
c’est un insulteur qui vous le dit!

Bérénice dit: à

8h53 les fautes d’orthographe détournent le lecteur cependant le sens reste souvent intact. Écrivez en rouge si vous pouvez collez moi zéro, je m’en contre fiche. Si c’est tout ce que vous avez à dire, c’est de ri soire.

christiane dit: à

@x dit: 10 juin 2019 à 1 h 33 min
Vous écrivez : « il m’a semblé important de remercier de nota qui ne multiplie pas les interventions et dont les citations me paraissent faites avec parcimonie et à bon escient. ». Je ne peux qu’être d’accord et j’apprécie aussi ses interventions rares et profondes.
« ses interventions ne procèdent pas d’une action-réflexe à un mot ou un nom-stimulus et ne partent pas dans tous les sens. ». Oui, absolument !
« Les conversations secondaires au sein d’un même fil me semblent infiniment préférables non seulement aux attaques ad hominem et aux insultes ». Bien sûr, c’est souvent la richesse inespérée, ici, dans un fil de commentaires qui s’enlise…
« Je ne vois pas bien en quoi un intérêt pour la philosophie, fût-elle analytique, serait moins acceptable qu’un prisme psychanalytique ou talmudique ou bien sociologique. »
Encore d’accord.

Alors quoi ? Qu’est-ce qui m’a fait sourciller quand j’ai lu cet extrait d’entretien de Jacques Bouveresse ?
Peut-être parce que, quand je le lis, cela me demande une telle concentration que rien de futile ne vient fêler mon attention. Sa pensée est issue d’années de travail, de recherches, de lectures, de solitude. C’est un penseur humble, qui ne cherche pas la popularité, qui ne s’expose pas dans les médias. Le citer ici, demanderait plus de précautions, peut-être un « lien » plus qu’une longue citation afin de le lire au calme et par désir, afin de réfléchir tranquillement. Afin d’épargner à sa pensée certains quolibets immérités.
Trop de respect.
Il écrit dans l’avant-propos de L’Essai III sur Wittgenstein & les sortilèges du langage : « comme le remarquait déjà Musil, la façon que l’on a aujourd’hui de mêler à tout ce qu’on fait de la philosophie et le peu d’importance qu’on accorde en même temps dans les faits à ce qu’elle dit » devient préoccupante, paradoxale. Il ajoute que la philosophie reste néanmoins à peu près inconnue […] tellement elle passe, à tort ou à raison, pour difficile et ésotérique. »
La philosophie demande un effort. Ce serait illusion de l’en dispenser, ici.
J. Bouveresse explore dans cet entretien un rapport encore mal connu de la philosophie et du roman, de la poésie.
Il y a piège et même possibilité d’une fausse route tentante et facile dans la moquerie. D’où mon hésitation.
Musil dans L’Homme sans qualités par la voix de Karl Bûhl distille des propos laconiques pour rabaisser le bavardage des salons avant de sombrer dans l’aphasie… Il serait bien utile pour évoquer ce temps des de Lacretelle…
Quant à J.Bouveresse, il m’évoque, comme dans la pièce écrite par Thomas Bernhard, (Le Neveu de Wittgenstein) ce personnage dont l’absence pèse lourdement : Wittgenstein. Celui qui n’apparaît pas et qui symbolise les valeurs du narrateur : intransigeance, rigueur, perfectionnisme sans concession.
Je suis heureuse de vous lire tous les deux.

Marie Sasseur dit: à

Je vais voir Phil, pas le temps tout de suite de vérifier de quelle obédience etait cette « pension  » où la « confrérie des hommes forts » jouaient à des petits jeux de massacre.
Mais, rendez-moi service, ou etait cette pension ?

Phil dit: à

il me semble, Miss Sasseur, que les personnages de Gide vont au lycée dans le quinzième ou le seizième. Gide a fréquenté l’école Alsacienne et dans ce roman se souvient de celle de Marc Allegret.

Marie Sasseur dit: à

Phil vous filez la métaphore bestiale, heureux homme stérile, en spectateur, voyeur.

On manque ici de venatores, magistri et autres succursores.

Un peu de courage, allez-y franchement !

Charoulet Patrice dit: à

WAUQUIEZ ET MORANO

Pour la première fois depuis 1958 , le candidat de la droite républicaine a été absent du second tour de la présidentielle, la dernière fois. Pour diverses raisons que l’on connaît (primaire dévastatrice, costumes offerts par M. Bourgi, activités de l’épouse, etc.). Une catastrophe inédite pour l’UMP (ex
RPR, rebaptisé LR). Pour présider ce parti, il y a eu plusieurs candidats : Juppé, Bertrand, Pécresse ,Raffarin, Le Maire… ne se sont pas mis sur les rangs. Celui qui a eu le plus de suffrages
a été Laurent Wauquiez. Cet homme jeune (il a, en 2019, 44 ans seulement, malgré sa tête chenue),
a un très grave défaut, aux yeux de tous les les médiocres, tous les jaloux, de tous les nuls de France  : il a été reçu premier ) l’agrégation d’histoire (il faut le faire!) et est sorti major de l’ENA
(il faut le faire !). Que tous les ricaneurs essaient seulement d’entrer dans cette école (n’est-ce pas, Zemmour, deux fois recalé). Il fut ministre de Sarkozy. Il a parfois écouté , comme Sarkozy, Patrick
Buisson, qui est loin d’être une andouille. Ce n’est pas moi qui le lui reprocherai. Juppé, Bertrand,
Raffarin, Pécresse et consorts n’ont pas cessé de lui mettre des bâtons dans les roues. Estrosi n’a pas vraiment aidé. Bref, c’est parti dans tous les sens. Là-dessus, les européennes : 8,5% . Démission de Wauquiez à la demande des susdits et de leurs lieutenants. Le chiffre n’est pas bon. Mais le res-ponsable N’EST PAS Wauquiez. La cause en est des semaines de matraquage politico-médiatique, visant à faire croire à tous les abrutis de France (je n’en fus pas) qu’il ne s’agissait pas des élections européennes à 34 listes (dont LR), mais d’un nouveau second tour de la présidentielle Macron vs
Le Pen. Le fameux « coude-à-coude » haletant. Des électeurs LR ont voté Macron pour faire battre Le Pen, et des électeurs LR ont voté Le Pen pour faire battre Macron. Et le résultat est 8,5 % pour LR. La démission ne s’imposait absolument pas.

Parmi les élus LR au Parlement européen, il y a Brice Hortefeux, que j’estime, et Mme Morano, que j’estime , tous deux excellents ministres de Nicolas Sarkozy. J’entends dimanche matin Mme Morano, sur Cnews pendant une heure. TOUT ce qu’elle a dit, je répète, tout ce qu’elle a dit était judicieux, clair, compétent, courageux. Cette femme politique mérite l’estime, le soutien, l’admiration.Les médias ont été pour elle d’une injustice absolue. On l’a insultée, ridiculisée, bafouée. Ici même, un homme sans prénom, sans nom, sans mail, sans téléphone, sans ville,
, sans courage,vient de l’insulter joyeusement en nous disant qu’elle est « sans cervelle ». Le jour où
cet homme pourra prouver ce que Mme Morano a prouvé ,une fois de plus, ce dimanche il pourra esquisser l’ombre d’un reproche. Ce n’est pas demain la veille. Il me permettra de lui dire que j’ai moins d’estime pour lui que pour Mme Morano.

Marie Sasseur dit: à

Il faut etre plus precis, Phil, pour cette « pension ».

et alii dit: à

non, il y a des »fautes » d’orthographe réjouissantes et instructives!il est connu qu’un éditeur demandait à ses lecteurs d’ ajouter des fautes d’orthographe!(je ne sais plus qui)

Phil dit: à

Miss Sasseur, le doux éclairage de la Pentecôte n’a pas encore atteint vos sommets.
Quelle franchise voulez-vous ? celle de « Silbermann » consiste à dire une ambiguïté toujours actuelle, pouvoir d’une bonne littérature à laquelle les décrets médiatisés de détestation ne changent rien.

Jazzi dit: à

L’Ecole alsacienne rue d’Assas, mais la cour de récréation du roman est surtout le jardin du Luxembourg…

Phil dit: à

oui Baroz, la cour de « création » du roman

Marie Sasseur dit: à

« Silbermann » consiste à dire une ambiguïté toujours actuelle

Laquelle exactement ?
L’extrait donné hier à 17h33, montre une idéologie nationaliste identitaire.

christiane dit: à

Pour en revenir au monde d’Anne de Lacretelle…
Proust ?
« Le narrateur est un distrait que la société distrait. Mais rien ne lui échappe de la misère d’un milieu falsifié par le snobisme. […] Sous son regard, la mondanité cesse d’être frivole dès qu’elle sert de révélateur et que les êtres y apparaissent dans toute leur complexité. Le snobisme ou l’obsession de la classification lorsqu’elle va de pair avec la fièvre généalogique, cela cause les dégâts que l’on sait : au mieux, l’entre-soi élevé au rang d’un des beaux-arts, au pire le même phénomène ramené à sa plus simple expression raciste. […]
L’aristocratie est un monde englouti.
[…] il fut peu invité dans les meilleurs hôtels du faubourg mais uniquement dans quelques salons littéraires. les héritiers de ce monde disparu, effondré plutôt, devraient se réjouir qu’il l’ait sauvé de l’oubli en le faisant entrer dans la mythologie parisienne. Qui d’autre a mis tant d’esprit à croquer un La Rochefoucauld se jugeant déclassé d’être à la table d’un Luynes au motif que sa famille n’avait pas de situation en l’an mil ?…
Sans lui, qui se souviendrait que ces gens ont régné sans couronne sur une élite dont la naissance, la richesse, l’illustration héréditaire étaient inversement proportionnelles à leur ignorance de la marche des idées ? […]
Que Proust ne soit pas notre contemporain « direct » épargne à ses lecteurs les plus snobs le déplaisir de son jugement sur eux. Une poignée de mots chus de sa plume eût suffi à les anéantir. »
Pierre Assouline – Dictionnaire amoureux des Écrivains et de la littérature (Plon)

Phil dit: à

Silbermann lutte pour ne pas finir en David Golder. je vais relire le roman, en eo, beau papier tête de cuvée, comme il sied au monde d’avant déterré dans l’émission de 62.

Marie Sasseur dit: à

Waa la, un trait de plume de Proust assassin. Les ragots et le persiflage.
L’impuissance du besogneux.

et alii dit: à

orthographe les réjouissantes
CULTURE
Culture
Littérature : les fautes de français des grands écrivains
Ce n'est qu'au 19<sup>e</sup> siècle que se fixe l'orthographe française telle que nous la connaissons.
Ce n’est qu’au 19e siècle que se fixe l’orthographe française telle que nous la connaissons.
(Thinkstock photo)
11 DÉC 2018
Mise à jour 11.12.2018 à 15:53 par
Frantz Vaillant
Que peuvent donc avoir en commun Gide, Baudelaire, Camus, Zola, Voltaire et tant d’autres écrivains de renom ? Celui d’avoir fauté… en couchant leurs phrases. Un livre recense ces fautes de français de nos maîtres littéraires. Réjouissant.
Qui, parmi nous, peut se vanter de maîtriser parfaitement l’orthographe ? Qui n’a jamais eu quelque appréhension au moment d’expédier un mail, une note, une lettre ?
Le doute peut nous prendre.
Et si parmi ces mots jetés se cachait une faute d’accord, une erreur orthographique ? Rien de très grave, bien entendu, mais pourquoi ressentons-nous comme une gêne, un frisson de culpabilité, une poussière de honte ?
C’est qu’on ne quitte jamais vraiment les années scolaires. Ah, ces moments terribles ! Quand le professeur de français annonçait les notes des rédactions. Les copies tombaient sur la table.
La sentence écrite à l’encre rouge…

"Victor Hugo, dont l'oeuvre n'est pas exempte de fautes d'accord, fit poliment remarquer à Lamartine qu'il avait laissé passer quelques incorrections. Ce dernier répondit : "<em>Mon principe est cependant qu'il faut en faire en vers, sans cela la grammaire écrase la poésie. La grammaire n'a pas été faite pour nous</em> !"
« Victor Hugo, dont l’oeuvre n’est pas exempte de fautes d’accord, fit poliment remarquer à Lamartine qu’il avait laissé passer quelques incorrections. Ce dernier répondit : « Mon principe est cependant qu’il faut en faire en vers, sans cela la grammaire écrase la poésie. La grammaire n’a pas été faite pour nous ! »
(capture d’écran)
Faire des fautes d’orthographe !

De nos jours, on ne risque rien sinon, peut-être, une vague déconsidération chez l’expéditeur du courrier, un air navré. Et puis, si c’est nous qui recevons la missive truffée de fautes, il est permis d’en sourire. Et de penser à Gide : « Les fautes des autres, c’est toujours réjouissant ».
Cet ouvrage consolera les cancres que nous étions peut-être. Parce que les plus fameux stylistes de la langue, mais oui, ont tous fait des fautes de français.

« Il existe un comique orthographique comme il est au théâtre un comique de gestes ou de situation »
Anne Boquel et Etienne Kern
Anne Boquel et Etienne Kern les relèvent avec une gourmandise évidente.
En publiant Les plus jolies fautes de français de nos grands écrivains (Editions Payot), ces deux professeurs de lettres, tels deux inspecteurs traquant la bavure, apportent une fraîcheur bienvenue dans l’univers souvent coincé des belles-lettres.
https://www.google.com/search?q=fautes+d%27orthographe+d%27%C3%A9crivains&oq=fautes+d%27orthographe+d%27%C3%A9crivains+&aqs=chrome..69i57j33.28240j1j9&sourceid=chrome&ie=UTF-8

Marie Sasseur dit: à

Phil, si Silbermann n’est plus dans les programmes scolaires, vos enfants ou petits enfants pourront avoir à lire ces romans d’apprentissage: « mon ami Frédéric  » de Hans Peter Richter au collège et « Inconnu à cette adresse », de Kressmann Taylor en seconde.
Vous êtes trop vieux, vous, pour ces « etudes ».

renato dit: à

« On trouve l’une des premières attestations du mot footballeuse [en Italie] dans un article du Corriere della Sera du 12 septembre 1936, sous le titre : « Un mari veut divorcer parce que sa femme joue au football ». Comme on peut le constater, les préjugés contre le sport féminin n’ont jamais manqué, d’autant plus quand ils disaient de ce sport: « Ce n’est pas pour les jeunes filles ». »

Giuseppe Antonelli, Corriere della Sera, 8 juin 2019.

Jazzi dit: à

Phil, à sa naissance, les parents de Gide occupaient un appartement rue de Médicis dont le balcon donnait sur le jardin du Luxembourg.
Plus tard, mal remis d’avoir refusé le manuscrit de La Recherche, jugé trop snob, à la NRF, Gide s’est essayé, avec « Les Faux-Monnayeurs » (1925), bien avant Robbe-Grillet, au Nouveau Roman : « Ce que je voudrais, disait Lucien, c’est raconter l’histoire, non point d’un personnage, mais d’un endroit, – tiens, par exemple, d’une allée de jardin, comme celle-ci, raconter ce qui s’y passe – depuis le matin jusqu’au soir. »
Pour en savoir plus, on se reportera à ce délicieux ouvrage de Jacques B. (non, pas Bouveresse !)
https://www.mercuredefrance.fr/Catalogue/le-petit-mercure/le-gout-des-jardins

Marie Sasseur dit: à

 » Un mari veut divorcer parce que sa femme joue au football ». On peut le comprendre, avoir une nageuse est-allemande au lit pour une séance de tirs au but.
Et l’autre veut divorcer, car son mari fait de la danse en tutu. On peut la comptendre aussi.

renato dit: à

« Ce que je voudrais, disait Lucien, c’est raconter l’histoire, non point d’un personnage, mais d’un endroit, – tiens, par exemple, d’une allée de jardin, comme celle-ci, raconter ce qui s’y passe – depuis le matin jusqu’au soir. »

Souvenir de lecture de La Fenêtre d’angle de mon cousin d’E. T. A. Hoffmann ?

Phil dit: à

En dépit de ma vieillitude, dear Miss Sasseur, j’ai lu Kressmann Taylor, comment pourrait-on éviter le battage orchestré à son service, et n’ai pas été séduit. la même vieillitude me fait déplorer que ce roman fût conseillé à lire en traduction à des élèves qui manquent d’usage de bonne prose française. N’ai pas lu ce Richter que vous mentionnez. En 1924 sortait au cinéma « une ville sans juifs » tiré de Hugo Bettauer. C’est le genre « d’ambiguïté » qui préoccupait les pays et populations à l’époque de l’écriture de Silbermann.

Jazzi dit: à

Il y a longtemps que le mari de Marie Sasseur a dû demander le divorce, ça on peut le comprendre !

Marie Sasseur dit: à

a propos de foot feminin, j’ai entendu un truc bien gender studies. Puisque maintenant les footeuses francaises ont fait leur match de la fierté comme les LGBTQIA+ font leur marche, il va falloir construire des stades pour les filles. jazzi, la grande folle, a déjà son abonnement.

Jazzi dit: à

Risque pas, miss Sasseur, déjà que je n’ai pas le goût du football masculin !
Vous avez vu que les homos de banlieue se sont réveillés et révélés à Saint-Denis ?

Marie Sasseur dit: à

Merci Phil, à 10h07, pas du tout convaincue par vos arguments, mais la fille de J. Lacretelle a montré un art de la fuite, que je mets également sur le compte de son grand âge.

Je regarderai plus tard, ce film « Utopia » mis en lien par Et Al, que je remercie.

Jazzi dit: à

Pourquoi construire des stades pour les filles, vous voulez déjà les enfermer dans un ghetto ?

Marie Sasseur dit: à

non jazzi, moi je regarde que les matches de la Vieille Dame de Turin.
A plus, je file.

Marie Sasseur dit: à

azzi dit: 10 juin 2019 à 10 h 34 min

Pourquoi construire des stades pour les filles, vous voulez déjà les enfermer dans un ghetto ?

???
Vous ne savez pas lire ?
C’est l’une de leurs revendications, aux footeuses.

Jazzi dit: à

Vu sur Arte « La Ville sans Juifs ». Edifiant ! Comme souvent, le cinéma va parfois plus loin que la littérature. Cela m’évitera d’avoir à lire Jacques de Lacretelle…
(J’ai pensé aussi, Phil, que Passou avait dû avoir maille à partir avec celui-ci lorsqu’il dirigeait le Figaro Littéraire ?)

renato dit: à

« Je ne lis pas la littérature footbalistique… »

Gianni Brera, l’un des Grands Lombards du XXe siècle — les autres : Gadda et Arbasino —, écrivain et journaliste sportif, virtuose de la langue italienne — je lisais ses papiers pour le plaisir :

https://blogfigures.blogspot.com/2013/09/gianni-brera.html

[Traduction : J’ai souvent réfléchi à la nature différente du descripteur et du narrateur, et j’en ai déduit que, contrairement au descripteur, contraint de couvrir les éléments de ses images colorées et nécessairement multiforme dans ses écrits, le narrateur peut être une âme simple. Les événements ont des significations différentes, allant de l’esprit au cœur, du cœur à l’esprit et, sans déformations particulières, de l’esprit au stylo.]

hamlet dit: à

« christiane dit: 10 juin 2019 à 9 h 28 min

Pour en revenir au monde d’Anne de Lacretelle…
Proust ?
« Le narrateur est un distrait que la société distrait. Mais rien ne lui échappe de la misère d’un milieu falsifié par le snobisme. […] Sous son regard, la mondanité cesse d’être frivole dès qu’elle sert de révélateur et que les êtres y apparaissent dans toute leur complexité. Le snobisme ou l’obsession de la classification lorsqu’elle va de pair avec la fièvre généalogique, cela cause les dégâts que l’on sait : au mieux, l’entre-soi élevé au rang d’un des beaux-arts, au pire le même phénomène ramené à sa plus simple expression raciste. […] »

merci ce passage est vraiment intéressant, car il explique de façon très claire l’aubaine qu’a représenté Proust pour les gens appartenant à ce milieu.

ce qui est amusant c’est qu’elle le dit d’un façon sincère et naïve sans se rendre compte de la signification de ses propos :

« sous le regard de Proust la mondanité cesse d’être frivole »

quelle aubaine pour ces gens-là, enfin un type qui faisait d’eux ce qu’ils ne pensaient plus être : des êtres humains, il leur a donné ce qu’il leur manquait : une humanité.

d’où le passage totalement hallucinant de ce Noël 1914 (ou 1917 ?).

et le plus marrant dans cette histoire c’est le magicien Proust continue encore aujourd’hui d’enfumer son monde et on se surprendrait à s’attendrir sur les petits déboires de ces gens en train de boire leur coupe de champagne lors de ce Noël 1917.

alors qu’en vérité, quand les historiens parlent de 14-18 vu des tranchées, ce petit monde devient alors la chose la plus répugnante et haïssable qui soit, et bien non, c’est la petite magie proustienne !

bouguereau dit: à

contraint de couvrir les éléments de ses images colorées et nécessairement multiforme dans ses écrits, le narrateur peut être une âme simple. Les événements ont des significations différentes, allant de l’esprit au cœur, du cœur à l’esprit et, sans déformations particulières, de l’esprit au stylo

..en gros la littérature c’est toujours l’évangile à judas rénateau

bouguereau dit: à

alors qu’en vérité, quand les historiens parlent de 14-18 vu des tranchées, ce petit monde devient alors la chose la plus répugnante et haïssable qui soit, et bien non, c’est la petite magie proustienne !

..et houi les macab n’écrivent pas keupu..hou halors on ose tnir leur pogne

hamlet dit: à

Proust, le distrait que les mondanités distraient, aura été l’idiot de utile de cette petite société aristocratique, on remercierait presque Dieu que leurs aïeuls aient pu, sans doute par miracle, échapper à la guillotine.

bouguereau dit: à

» Un mari veut divorcer parce que sa femme joue au football ». On peut le comprendre, avoir une nageuse est-allemande au lit pour une séance de tirs au but.
Et l’autre veut divorcer, car son mari fait de la danse en tutu. On peut la comptendre aussi

les images chez tèrezoune c’est toujours des tristes clichés

bouguereau dit: à

En dépit de ma vieillitude, dear Miss Sasseur

..tu bandes pour elle dirphiloo..et à droite aussi c’est bien leur droit qu’il a dit vge a mitteu

closer dit: à

« Cela m’évitera d’avoir à lire Jacques de Lacretelle… »

Ce n’est pas une corvée de lire Silbermann, J2z. C’est un roman passionnant, bien écrit, subtil (pas de « bons » et de « méchants » caricaturés, ou plutôt « tout le monde il est un peu méchant ». …), avec un parfum d’homosexualité qui devrait t’intéresser. 130 pages seulement qui se dévorent en une heure et quelques…

Jazzi dit: à

keupu le bien nommé est notre « pétomane penseur », le boug. Un génie dans son genre, à condition de se tenir à bonne distance !

Jazzi dit: à

A l’occasion, closer, mais plus j’avance dans la carrière de lecteur, plus je découvre de livres à lire ! Là je suis dans Stendhal (deux tomes d’écrits intimes dans la pléiade)…

Jazzi dit: à

« ..tu bandes pour elle dirphiloo.. »

Plutôt pour son fils, le boug !

hamlet dit: à

l’autre passage intéressant dans l’exposé de cette dame c’est que Proust déballe ses photos pour les montrer au père de cette vénérable dame.

ces photos c’est le monde de Proust.

le monde de Proust est toujours ce qu’il a sous les yeux, que ce soit des arbres en fleur ou des mondains, il faut qu’il les voit pour qu’ils existent, et tout ce qu’il ne voit pas n’existe pas.

ce repli sur soi n’est pas la conséquence de sa maladie, tout comme la conscience des souffrances « humaines » dans leur totale globalité chez Tchekhov ne provient pas du fait qu’il soit médecin, non ces explications sont trop faciles.

bouguereau dit: à

..en gros la littérature c’est toujours l’évangile à judas rénateau

il y a de positif c’est que c’est l’exercice des arts qui est foncièrement humaniste..et non le produit..l’oeuvre est un ‘truchment’ comme il dirait mon con de larbin..c’est par lui qu’on atteint ‘au but’..ce n’est pas l’oeuvre qui nous émeut le plus ni cqu’elle est capabe d’honorer..c’est ce moment toujours recommencé par le lecteur de lui faire croire

MC dit: à

Lacretelle l’Historien, était déjà vilipendé par la table de Hugo à Jersey. Ce billet s’inscrit donc dans une longue tradition. Effarement de lire les Bourgeois protestants de Marie Sasseur. Possible confusion dans sa tête entre les lettres L et G de sa bibliothèque, pour rester charitable. Bien d’accord avec vous, Phil, pour Silbermann.
MC

hamlet dit: à

bouguereau dit: 10 juin 2019 à 11 h 30 min

sûr qu’on ne peut pas reprocher aux auteurs leur borgnitude, sauf que certaines omissions, quand elles sont trop grosses, peuvent devenir très problématiques, tout comme on ne peut reprocher l’aspect trop « individualiste » ou « autistique » d’un auteur, sauf quand le manque d’universalisme atteint un niveau où il contredit les vérités humaines.

Marie Sasseur dit: à

« Effarement de lire les Bourgeois protestants de Marie Sasseur. »

A quel sujet Court ?

Si c’est l’histoire de Silbermann, je vous mets au défi de prouver le contraire.

Pour les faux-monnayeurs et « la pension » de la « confrérie des hommes forts », j’ai dit que j’allais voir, quand j’aurai le temos, lais avant ce soir.

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