Comment Baudelaire est entré par effraction dans un vers de Brodsky
Déjà, une maison d’édition qui a inventé de s’appeler « Les doigts dans la prose », cela donne envie d’y aller voir, d’autant qu’elle annonce fièrement militer « en faveur de l’édition élégante, élitiste et durable pour tous » ; plus encore si elle donne à lire des poèmes de Joseph Brodsky (1940-1996), dont l’œuvre fut couronnée par le prix Nobel de littérature en 1987; et notre curiosité est à son acmé si elle ose les publier en en proposant quatre versions différentes superposées, histoire de nous permettre de comparer dans l’instant. Le cas de ses Vingt sonnets à Marie Stuart (192 pages, 18 euros, Les doigts dans la prose).
Composés en 1974, ils sont nés d’une brève promenade du poète en exil à Paris. Ses pas l’ont mené ce jour-là au jardin du Luxembourg devant la statue de Marie Stuart, sur le visage de laquelle se superposèrent alors, dans son imaginaire et sa mémoire, le souvenir de femmes qu’il avait aimées. S’ensuivit une rêverie fugitive abordant plusieurs de ses thèmes favoris, oscillant entre ironie et mélancolie, trivial et sublime, tout en rendant hommage à la ville d’accueil.
En version originale russe donc, ainsi qu’en anglais par Peter France, et en français deux fois plutôt qu’une, par Claude Ernoult d’abord puis par André Markowicz. A titre d’exemple, on pourra comparer les manières respectives des deux français en lisant cet extrait du sonnet XIV. En découvrant le recueil, Claro, à qui rien de ce qui touche à la traduction n’est étranger, a écarquillé les yeux devant le sonnet VI. Qu’on en juge en conservant à l’esprit que le mot à mot des deux premiers vers donne : « Paris n’a pas changé. La Place des Vosges/ Est, comme avant, je te dirais, carrée ».
Peter France: « Paris is still the same. The Place des Vosges / is still, as once it was (don’t worry), square. / The Seine has not run backward to its source. / The Boulevard Raspail is still as fair. »
Claude Ernoult: « Paris, je te le dis, n’a pas changé. La place / des Vosges reste encore parfaitement carrée./ La Seine vers l’amont ne s’est pas écoulée. / Le boulevard Raspail garde sa même grâce. »
André Marcowicz: « Paris ne change pas. La Cour Carrée, / sans blague, n’est pas plus triangulaire. / Les Cygnes sont rentrés chez Baudelaire, / le fleuve-Seine coule sans marées. »
Comment ne pas s’interroger, avec Claro, sur l’intrusion de Baudelaire dans l’affaire : “Que déduire de ces grands écarts? Qu’on nous gruge et nous filoute ? Qu’il y a grabuge et entourloupe? Non. Qu’on nous balade? Mieux: on nous ballade. Le poème original « ballade », au sens musical, ses interprètes, qui n’ont pas tous le même clavier ni le même doigté, encore moins la même oreille. Car c’est le poème qui produit sa traduction.” écrit-il sur son blog.
André Markowicz y répond en partie dans sa postface au recueil. Mais comme c’était insuffisant à résoudre l’énigme de la présence baudelairienne quasiment en chair et en os, je lui ai demandé d’aller plus loin pour la «République des livres ».
« Je ne pouvais pas mettre « Place des Vosges », à cause du « e » muet de « Place » en français écrit. Et puis, le mot « carrée »‘ me donne la Cour Carrée, et la Cour Carrée me donne le Louvre (lieu commun du tourisme, ce qui est le sous-texte : il s’agit d’un « kleine nacht moujik » qui se retrouve à faire du tourisme dans des endroits invraisemblables…). Du coup, traduisant en France, et pour reprendre les jeux infinis avec d’autres citations de Pouchkine (et beaucoup d’autres poètes), je ne pouvais pas ne pas citer « Andromaque, je pense à vous… » — Parce que c’est exactement ça que fait Brodsky, lecteur de Baudelaire traduit en russe par les plus grands poètes… (il y a en particulier une traduction proprement inouïe du « Voyage » par Marina Tsvétaïeva… et on connaît l’admiration que Brodsky portait à Tsvétaïeva : il lui a consacré des articles magnifiques). — Je vous dis ça maintenant, après plus de vingt-cinq ans, en vous donnant une raison (juste) réfléchie. Mais, sur le coup, en 1987, j’ai mis Baudelaire comme ça, d’instinct, parce que, dans mes traductions, ce que je suis surtout, c’est le fil de l’intonation, et, suivant la formation que j’ai reçue chez les formalistes russes (à travers Efim Etkind, puis tout seul), le procédé…. Ce genre de choses est possible dans cette suite de « Sonnets », écrits sur l’ironie — finalement très juive — et le sourire tragique. Ce serait évidemment impossible pour d’autres textes. »
Voilà qui n’aurait peut-être pas déplu à Joseph Brodsky, passionné du travail sur la langue, la syntaxe et la versification, mais aussi sur les questions de traduction, s’étant lui-même traduit et pratiquant de constants allers et retours entre le russe, l’anglais et l’italien. Il aurait été sensible à l’accent mis moins sur le souci du sens que sur celui du rythme. Et aussi, qui sait, à cette manière bien française de mettre les doigts dans sa poésie en inscrivant, selon le voeu de l’éditeur, en filigrane de ces pages collées et cousues une apologie, discrète mais nette, de la qualité d’auteur qu’il y a en tout traducteur.
(« Joseph et Maria Brodsky, 1992 » photo Mikhaïl Baryshinikov)
771 Réponses pour Comment Baudelaire est entré par effraction dans un vers de Brodsky
» Aussi, devant ce Louvre une image m’opprime :
Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous,
Comme les exilés, ridicule et sublime,
Et rongé d’un désir sans trêve ! Et puis à vous,
CH. Baudelaire
Merci Miss Christiane!
( Tkt qui d’ habitude n’ est pas très » futé », fait preuve envers Madame Clopine d’ un sens psychologique de haut vol!)
Merci aussi
Qui n’a pas vu Indigènes?
@christiane
et ce qui fait la force de ce poeme ,c’est aussi la mise en correpondance des trois exilés qui n’ont entre eux de semblable que leur condition douloureuse de ne plus etre dans le monde où ils on leur place. naturelle ,andromaque ,le cygne et « la negresse amaigrie et phtisique
DHH dit: 31 mars 2014 à 17 h 36 min
Je sens poindre le pire.
Etre obligé de soutenir TKT devant tant de conn….. débitées.
Cette pauvre Judith a un vrai problème de positionnement dans la vie.
je ne peux pas recevoir à dîner ces jours-ci, en ce moment je rode ma bonne
un prolo de droite qui n’a pas les moyens d’avoir la queue d’une dirait l’contraire..y’a des gens assez protégé pour ne pas avoir a entende ce genre de vanne..sapré bellegueule
une posture à travers laquelle ils se valorisent, et se parent auprès des leurs d’une grandeur et d’une exigence morales
et pourquoi? depuis que la gauche na pas le monopole du coeur…huuurkurkurkurk
éternel retour de l’Alba-core
sans les dents pointus qui dépassent tu l’aurais pas rconnu
Ce poème qui, malgré la dédicace à Hugo, s’offre à tous les exilés de patrie ou de société, les lie
haaa voilà une traduction qu’elle est bonne..
C’est pour aller avec ma chemise?
Black Box – Ride on time http://www.youtube.com/watch?v=4lOb799cTxM
boudegras a remis son sonotone mais merde ya pus d’pile bordel
Smiley cheese
« Vous m’avez donné envie de ré-ouvrir Les fleurs du mal pour relire Le cygne. Plus le temps passe, plus je trouve qu’il y a osmose entre l’inspiration des deux poètes ( Brodsky et Baudelaire). »
Christiane,
Brodsky considérait que les lecteurs russes n’ont pas appris à décrypter le non-dit et l’ironie sourde présents dans la poésie anglo-saxonne,pour Brodsky,la notion même de poésie anglo-saxonne n’existe pas et ajoute: »la poésie
française,traditionnellement bavarde,chargée,pathétique,avec ses déclarations intempestives,les vers de Hugo,de Baudelaire(j’ai l’impression que c’est un seul et même poète avec des noms différents);bariolés et emphatiques,sont compréhensibles pour les Russes.
» je rode ma bonne » ou je brode maronne?
@DHH dit: 31 mars 2014 à 18 h 05 min
Oui, ces échanges deviennent passionnants. La chaîne des trois exilés d’Andromaque – née de cette méditation sur l’eau – à Victor Hugo exilé à Jersey et ce « cygne » qui tient beaucoup de L’albatros.
Merci à Claro et à P.Assouline pour cette mise en abyme d’un poème.
@ de nota dit: 31 mars 2014 à 18 h 38
Peut-être bien mais nous on se régale, comme suivre un chemin semé d’indices dans un polar !
On ne s’engouffre pas dans un poème contrairement aux apparences
Clopine, je vous octroie deux livres de sincérité. Deux livres anglaises, ce qui fait plus d’un kilo.
@ Bouguereau: Depuis le temps que les bourgeois se marient avec les familles de l’ancien régime, je vous serais bien aimable de m’expliquer la différence entre les uns et les autres.
@ DHH, avec tout le respect dû à vos idées d’un autre âge, je vous prierais de noter que Léon Blum était un grand-bourgeois. Je vous ferais aussi remarquer, que les prolos ont aussi le droit de voter à droite. En France, les gens votent en suivant le parcours des encensoirs, une fois dans un sens, unie fois dans un autre.
Les nantis qui sont de gauche me sont sympathiques.
Vous y voyez une posture factice, c’est votre droit, peut-être manquez vous de fantaisie ?
Les nantis qui sont de gauche me sont sympathiques.
Pierre est son Bergé.
“je ne peux pas recevoir à dîner ces jours-ci, en ce moment je rode ma bonne »:
C’est la moindre des courtoisies, surtout si l’on n’a pas les moyens de prendre « un extra ».
Une bonne sans style est une briseuse d’ambiance, on peut si elle est belle et intelligente, et étudiante, la mettre à table ?
Le pire reste quand même, les gens qui ont un employé de maison et ne savent pas comment le service doit être accompli.
Je vous laisse, DHH, cette conversation n’est pas à votre niveau.
Küß die Hand !
« je ne peux pas recevoir à dîner ces jours-ci, en ce moment je rode ma bonne ».
Moi aussi.
On se couche tôt.
» En France, les gens votent en suivant le parcours des encensoirs, une fois dans un sens, unie fois dans l’ autre. »
Là, l’ étincelle est morte tkt!
C’était / dans l’air
@TKT
ce n’est pas la premiere fois que je vous surprends à deformer mes propos ou à faire semblant de ne pas comprendre ma pensée,ou encore à extraire mes mots de leur contexte , pour vous livrer à une critique facile de ce qui n’est plus qu’ une caricature grossiere et mensongere de ce que j’exprime de maniere argumentée et nuancée ,
» En France, les gens votent en suivant le parcours des encensoirs, une fois dans un sens, unie fois dans l’ autre. »
Et la main dans les (b)urnes, ou sous les soutanes tkt!
Merci / merci / merci
TKT dit: 31 mars 2014 à 19 h 20 min
Je vous laisse, DHH, cette conversation n’est pas à votre niveau.
Küß die Hand !
TKT
si vous me gratifiez d’un baisemain ,vous qui avez à ce point l’usage du monde,c’est que vous considerez ce blog comme un espace privé et fermé ……à voir
Les nantis qui sont de gauche me sont sympathiques.
Et il leur fourgue un bibelot aboli d’ inanité visuelle AC, le gros malin.
Ils en sont tout alangui!
Là Lang luit et lui aussi.
L’amour / c’est toujours réciproque
Ce soir je mange du rosbif froid et du chou romanesco.
en ce moment je rode ma bonne
moi, je borde ma nonne
la nonne de Dédé en prière
Le plus étonnant est de penser du bien du boulevard Raspail, dont Hemingway avait dit tout le mal qu’il fallait dans « Et le soleil se lève aussi ». Un vrai Parisien ne s’y tromperait pas.
Ou alors faudrait voir en se dopant mais faut faire attention
bon, chercher un com qui pue pas de la talonette et sa confection ici c’est même plus la peine, alors parler snobisme ou du foin permanent..
On dirait le mec de Courchevel, celui qui plante ses skis
Courche?
Tiens / et Bonobo / il a pas un gros dos?
Personnellement, j’aurais traduit « fair » par « pas mal », « navigable ». A défaut d’être sublime.
wenger moi je le pipe pour dire moi ça me gonfle, c’est modéré avec des propos homophile
TKT semble avoir bu mais le dernier est un bon cru. Déashash aussi, avec son coup de la bonne rodeuse.
Ta gueule / et gonfle un ballon
immanence, t’as vu??
C’est pour partir au car accident
moi je crois qu’ici les gens ont provoqué la mitraillette de The Dark Knight Rises mais je l’écris pas parce que c’est faux
http://www.youtube.com/watch?v=ZCFHYyErkA0 de la part du troll
http://www.larevuedesressources.org/jean-starobinski-regards-sur-le-texte-de-kafka,2681.
Je m’excuse, je le remets pour Claro. Il a des lacunes, parfois, en anglais.
Phil dit: 31 mars 2014 à 10 h 54 min
Yeah…I took note allright…
‘Eussiez-vous cité…seriez crucifié ‘
z’avez pas bon, Phil…z’avez la subconjonctivite aigue…
Bien vu, Abdelkader; Pour la peine, baroz va vous expédier gratos son goût de l’Afrique. de quoi réviser le subjonctif avec les auteurs coloniaux.
On veut des liens verts
on veut des liens verts
on veut des liens verts pour l’adresse email
Tout à l’heure pendant que Hollande parlait mon chat c’est endormi en ronronnant. C’est le signe que tout va enfin aller bien.
En attendant, voilà un extrait de mon commentaire de présenttion d’un auteur d’origine africaine, qui devrait intéresser Abdel, Phil !
« Dans « Le génocide voilé », l’un de ses ouvrages les plus remarqués, Tidiane N’Diaye se livre à une véritable enquête historique sur ce qui fut sans aucun doute la plus grande tragédie du continent noir : à savoir, la traite négrière arabo-musulmane. Après avoir soumis et islamisé l’Afrique du Nord, puis s’être tournés un temps vers l’Espagne, les Arabes, dès le milieu du VII siècle, razzièrent méthodiquement l’Afrique subsaharienne durant treize siècles sans interruption, massacrant ou réduisant en esclavage des millions d’Africains. Curieusement, cette page douloureuse de l’histoire africaine de nos jours encore est pratiquement occultée, tandis que la traite négrière pratiquée par les Occidentaux du XVIe au XIXe siècles fait toujours couler beaucoup d’encre ? »
Jacques, l’Afrique, ça ne vous a jamais beaucoup intéressé ? Vous avez écrit ce bouquin pour faire l’intéressant. Et vous voyez, c’est réussi.
Si le changement c’est le mercato, Barozzi, fallait le dire.
Ma bonne je lui fais faire les WC, que je souhaite étincelants. Le reste est accessoire.
Satanas et Diabolo dit: 31 mars 2014
hurk
D. dit: 31 mars 2014
l’Afrique,
D. dit: 31 mars 2014
Hollande
Samu Social Club dit: 31 mars 2014
des liens verts
des journées entières dans les arbres dit: 31 mars 2014
Barozzi.
Certes Baroz. Et pour la version en images, relire coke en stock, mille sabords.
baroz, on va faire le buzz avec votre goût de l’afrique. des containers, que vous allez en vendre. voyez ça d’ici: l’affaire baroz, finkielkraut reprend du service !(camus, c’était du petit lait pour bac à sable).
‘…massacrant ou réduisant en esclavage des millions d’Africains…’ faut pas déconner non plus, Barozzi…sont passés ou ces millions de noirs réduits en esclavage, 13 siècles durant ? (ca nous mène jusqu’au 20eme siècle cette histoire, vous le saviez ?) je ne nie point que certains arabes s’y sont adonnées (aidés par des tribus noires, faut le dire aussi, qui n’hésitaient pas souvent a vendre leurs ennemis aux esclavagistes)…bref, c’est une tache sur l’honneur de tous ceux qui ont été impliqués dans ce vile commerce…mais les arabes n’ont pas bâti un système de gestion capitaliste, basé sur une main d’œuvre gratuite…perso, pas coupable…est-ce que ce Tidiane N’Diaye figure dans vot’compile ?
« Son petit-fils, Pouchkine, avait hérité de lui, à travers les femmes, d’une physionomie quelque peu africaine : teint basané, tignasse crêpée et œil de feu. Au lieu d’être gêné par ses origines exotiques, Pouchkine en tirait orgueil. Toute sa vie, si brève, si cahoteuse, si inspirée, témoigna de son double besoin de jouir du présent et de créer pour l’éternité. »
http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations/pouchkine.htm
Quand on a eu le poumon un peu perforé, on peut s’enlever le truc d’alliance là? (d’être à Cordoue)
« Pourtant, cet homme pressé d’écrire était aussi pressé de vivre. Quel chaos que son existence ! Amours fulgurantes, une femme chassant l’autre, passion du jeu, révolte contre le pouvoir impérial, exil à la campagne pour quelques vers satiriques, retour en grâce sous le règne du terrible Nicolas 1er, mariage avec une jeune beauté à l’œil charmant et à la cervelle vide, tracasseries policières, mondanités, jalousie, ragots… Un brillant officier français, Georges d’Anthès, admis à servir dans l’armée russe, fait une cour assidue à l’épouse du poète. Des lettres anonymes incitent Pouchkine à provoquer l’impudent en duel. Et le plus grand écrivain russe de son époque tombe, à trente-sept ans, frappé à mort par la balle d’un étranger. »
extrait du lien ci-avant
« he also translated ‘Yellow Submarine’ by The Beatles into Russian. »
http://www.kirjasto.sci.fi/brodsky.htm
bref, vallsez bien. Bonne nuit.
Pour honorer l’esprit de ce dialogue consacré à la traduction, quelqu’un pourrait-il me donner le sens des « -ismes » suivants?
« À commencer par les hamonistes de l’aile gauche du PS qui, dans la foulée de leurs critiques émises dès dimanche soir, se sont réunis mardi soir à l’Assemblée nationale avec les ex-strauss-kahniens de la Gauche populaire et les aubrystes de la Gauche durable. »
Ne soyez pas trop dur avec M. Valls.
Il suffit d’avoir écouté les propos de MM. Mélanchon, Mamère, Dray ou Maurel pour réaliser qu’on a affaire à un garçon tout à fait convenable.
@ DHH dit:31 mars 2014 à 19 h 34 min: Chère Madame, nous ne nous trouvons pas dans la rue. Mais bon, si vous êtes toujours célibataire et jeune-fille, je ne saurais en effet vous faire le moindre baise-main.
Si vous voulez, je vous ferais le salut prussien, on se baisse légèrement en avant et l’on fait cliquer les talons. Quand j’avais une vingtaine d’années, cela se pratiquait encore, époque révolue, quand tous les Allemands bien éduqués parlaient encore le français.
« un garçon tout à fait convenable »
Et puis il faut bien l’avouer un garçon que Marine la bleuette trouve « dangereux » ne peut que jouir d’un a priori favorable.
S’il en est, la courbette m’est étrangère
TKT dit: 31 mars 2014 à 23 h 12 min
Il faut l’avouer c’est très rare, mais de temps en temps je t’aime ô mon TKT chéri.
Pardon, si vous le permettez j’aimerais faire un peu de pub pour un groupe qui marche bien http://www.insitu.co/
sapré tkt. cliquer les talons…vous portez jambe de fer. Ostfront ?
« mais de temps en temps je t’aime ô mon TKT chéri. »
L’effet Valls ?
Va savoir.
@ Phil dit:31 mars 2014 à 23 h 32: Phil, vous n’avez jamais cliqué les talons ? Cela permet aussi, après avoir baissé le buste, de le bomber et de regarder la personne saluée, droit dans les yeux.
Phil, servus !
Vos effets de style
Bobby Lapointe
Et plus personne pour veiller au groin de la traduction !
Merci, tout de même, à Christiane et, dans une autre mesure, à U., d’avoir réussi à faire entendre, contre Chaloux, que le traducteur n’est pas un loufiat au « service du texte ». Le traducteur invente un texte absent, qui n’existe que dans la confrontation aux autres traductions, l’original inaccessible devenant à son tour second, voire secondaire – absent lui-aussi. La traduction travaille l’absence laissée par la défaillance du texte idéal (ici, le texte russe pour des locuteurs non-russophones). Sinon, autant traduire le mode d’emploi de meubles IKEA. Google trad. fait ça très bien.
Samu Social Club dit: 31 mars 2014 à 23 h 47 min
Bobby Lapointe
Encore un qui frime sans savoir.
Bobo au Léon.
à la chaîne aux moules, moules, moules
il pleut il pleut bergère
rentre tes gros grognons
Ça pionce ferme. Les rustrophones sont repartis à reculons chez Baudelaire et la scène est désertée. Comment faire une République des livres traduits avec des livreurs de pizzas ?
Dis tonton, pourquoi Enters T’es Rance et Samu Club Sandwich ils parlent toujours ensemble.
Parce qu’ils sont siamois mon enfant.
Une intervention est-elle possible ?
A priori non. Mieux vaut les noyer.
Que celui là se dénonce / ou bien qu’il parle à jamais
(je bosse à nova)
À ceux qui trouvent la poésie de Brodsky trop élaborée, ce cadeau de simplicité :
Dream in the Luxembourg
Richard Aldington
(Part 4)
It was five on a sunny afternoon
And I sat on one of those uncomfortable iron chairs
Under the trees of the Luxembourg,
Rather apart from the crowd,
So that the passing people seemed like trees moving,
And the children playing, like graceful forest animals;
In the distance I could see the wavering foutain jet,
Always rising and always falling in foamy parabolas
Like the path of a comet fixed in tremulous water.
And all this I am trying to tell you
Is the day-dream which suddenly came to me
Quite unawares, as a poem springs up foutain-like
When one is not even thinking of a poem.
In an hour I lived through my dream,
And it was so vivid, so intense, that I saw and heard nothing
Of the people and the children and the trees and the sunlights,
But saw only my dream.
That is why I am telling it
As if it had really happened, and were not merely a dream;
And also because, like an incantation,
Desire put into words may control reality..
ETRE PERSUADE LE RIBERY QUE JE BAISE SA FEMME A COUP DE COUTEAU
sur sa grande enquête / il côcha la croix
De pays frontaliers, je ne connais que Megève et la Lausanne / Mais j’y risquais mes pas car je suis pas flagada
Ah, TKT et la souris…
Claquer, et définitivement,
cela serait encore mieux.
Concours de poésie
J’ai le plaisir d’être lauré
Dans un concours de poésie.
Un ami me l’a assuré,
J’ai le plaisir d’être lauré.
J’en suis encor tout chaviré,
« Poison d’avril ! », l’ami s’écrie.
J’ai le plaisir d’être lauré
Dans un concours de poésie.
Jean Calbrix, le 01/04/14
Ségolène, à la Famille,
Anne, à la Ville de Paris,
Valérie, aux Anciens Combattants,
Julie, aux Personnes Âgées
et
Manuel, Premier Ministre.
(…mais non ! c’est une petite blague ! on est le premier avril…)
« climat rigoureux, enclavement, pollution atmosphérique hivernale de la ville »
Voilà qui fait envie, n’est-il pas? Non, il ne s’agit pas d’une ville de Sibérie, où le régime tsariste avait déporté les Décembristes de 1825 condamnés aux travaux forcés. Ce n’est bien évidemment, pas une ville chinoise. Mais où alors…?
Un beau poste y attend l’heureux élu (au 100è tour).
Et voilà, cqfd : Salomon persiste dans son idée, mais prend bien soin de ne parler qu’à ceux qu’il croit ses « alliés » : Christiane et U., et de ne citer qu’un seul désaccord, celui de Chaloux. N’aurait-il donc pas vu le (long) billet que je lui ai adressé, ou bien son silence à ce sujet ne signifie-t-il pas qu’il ne daigne même pas s’apercevoir de ma présence ? Est-il aveugle par intermittence, ou simplement atteint d’un snobisme ampoulé (« la traduction travaille l’absence laissée par la défaillance du texte idéal », c’est-y pas mignon toute cette formulation poétique pour dire… au fait, quoi ?)qui lui interdit d’adresser la parole au vulgus pecum ?
Lorsque les Bisounours ne se font plus de bisous, il ne reste plus que des Ours, et des numéros ratés.
Bloom : Lille ? Tourcoing ? Colmar ?
Vulgum pecus est un faux latinisme là où vulgaire pécore suffirait.
@Clopine. Mais non, Clopine. J’aime le vulgum pecus. Je suis socialiste. Et en plus démocrate. Je suis pour le droit de lire et délire en toute liberté. J’avais oublié votre histoire d’architecte. Les analogies sont comme de vraies fenêtres ouvrant sur de fausses symétries. Dans le cas de ce livre de Brodsky, le lecteur peut choisir la cuisine qui lui convient (voir la disposition du livre). Un peu comme si votre architecte en avait prévu plusieurs. Certes, on pourrait mettre des notes et des flèches pour guider les lecteurs et les habitants, mais enfin, ce serait prendre l’habitant de sa propre maison pour un touriste. Bref, vous êtes de mauvaise foi et cela me… ravit.
« Je suis socialiste »
Tiens ?!
Une curiosité…
Une histoire de poisson.
L’anguilla, la sirena
dei mari freddi che lascia il Baltico
per giungere ai nostri mari,
ai nostri estuari, ai fiumi
che risale in profondo, sotto la piena avversa,
di ramo in ramo e poi
di capello in capello, assottigliati,
sempre più addentro, sempre più nel cuore
del macigno, filtrando
tra gorielli di melma finché un giorno
una luce scoccata dai castagni
ne accende il guizzo in pozze d’ acquamorta,
nei fossi che declinano
dai balzi d’ Appennino alla Romagna;
l’anguilla, torcia, frusta,
freccia d’Amore in terra
che solo i nostri botri o i disseccati
ruscelli pirenaici riconducono
a paradisi di fecondazione;
l’anima verde che cerca
vita là dove solo
morde l’arsura e la desolazione,
la scintilla che dice
tutto comincia quando tutto pare
incarbonirsi, bronco seppellito:
l’iride breve, gemella
di quella che incastonano i tuoi cigli
e fai brillare intatta in mezzo ai figli
dell’uomo, immersi nel tuo fango, puoi tu
non crederla sorella?
Eugenio Montale, La bufera
http://www.nybooks.com/articles/archives/1977/jun/09/the-art-of-montale/
Pour les autres vous pouvez continuer de feuilleter votre Manuel de crise.
Bonne journée.
D’accord, Salomon, je vous crois. Et pardon pour l’inversion des consonnes de la citation latine !!! (et je persiste à trouver dédaigneuse pour le lecteur une traduction à ce point dénaturée).
S.V.P.
« La buffera e altro », est le titre de l’oeuvre publiée par Montale en 1943 à Lugano, où, parmi d’autres titres, on trouve « L’anguilla ».
Co mangeait les boules quand même
Renato, comment dire …
(Eugenio Montale, La bufera;Parte quinta – Silvae)
500, comme la fiat didon.
Bon allez collez votre poisson sur un autre dos, Renato. J’ai à faire.
http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article782
allez coller
Clopine dit: 1 avril 2014 à 7 h 47 min
Bloom : Lille ? Tourcoing ? Colmar ?
Presque, Clopine (j’aurais ajouté Sedan, Charleville, Lviv…)
Il s’agit d’Oulan Bator, la capitale de la Mongolie (extérieure), nouvel El Dorado de la diplomatie économique. Brave new world that hath such places in it!
Oulan Bator est proche de Peta Ouchnok, région du Pitchipoï …
Est-ce que vous voulez nous dire, Bloom, que vous êtes nommé à l’ambassade d’Oulang Bator ? … Vous êtes puni ou quoi ?
(n’oubliez pas la doudoune, le bonnet, les gants et les tomes de Proust dans la valise diplo)
« Eugenio Montale, La bufera;Parte quinta – Silvae »
Voilà…
Quel poisson ? vous avez quoi dans la tête, le sable humide bien à part ?
Non, Clopine, je n’ai pas démérité à ce point. J’ai juste une pensée émue pour le/la collègue qui aura le choix entre écrire le chef d’oeuvre de la littérature française du 21e s. ou fréquenter les yourtes branchées de la capitale mongole…
et (pas ou)
He’s a book euh he’s a na
He’s a tripe book euh na
Sentez toute l’ironie de votre citation, Game over.
Au fait : a-t-on la réponse à la question initiale posée (ou non posée) par cet article sur Brodsky et l’irruption de Baudelaire ? Hâtons la réponse en effet.
c’est du cossu main?
@Petit Robert : oui, revenons à des questions de traduction. Brodsky en langue vulgaire pour le pékinois moyen et socialiste ?
Oulan Bator
juste aprés le kamptchatka kabloom..le bled a gengis..des super gonzesses il parait..jle sais de vieux cocos lillois qui en parlaient sur leur lit de mort, c’était un peu leur grande prairie de sachème à grosse moustache évidemment..maintenant c’est des gros cons de la télé qui y font l’arsouille..parait qu’un gengis va revenir vu que c’est dans les prophéties, l’éternel retour c’est eux, nitch est qu’un gros copieur àpanzer et casque a pointe..le bonnet de fourrure et l’aigle c’est autrement classe..zig heil !
Cousu main avec doigt de fée ( un seul doigt, une seule main).
salomon cherche encore à sfaire enculer..il sent comme un vide
D’un amour
A Ulan Bator, le consul s’appelle M. Georges-Gaston Feydeau.
Rien à redire à cela. L’homme est probablement très bien, et lassé d’avance des clins d’oeil sur son nom.
C’est plutôt le désir parental qui intéresse.
La volonté manifeste d’estomper un peu le poids du patronyme par la truculence et l’éclat d’un double prénom.
Sans excès toutefois.
Un Georges-Gontran aurait annoncé comme une une rêverie nobiliaire.
Remarquez que c’est une fatalité poétique dont M. Markowicz trouverait sans doute l’équivalent en russe.
On voit un Gontran nécessairement en guêtres et à la chasse au canard.
Renoir, vous croyez?
– Pourquoi le Brésil?
– La possibilité d’une île
Je proposerais : « t’avais quoi tant que ça faire? »
un Gontran nécessairement en guêtres et à la chasse au canard
mais t’y es pas zouzou la patrie de la chasse à loiseau de proie, l’aigle maous qui emporte les vieux et les vieilles tout la haut quand que le temps est venu..il vole si haut que le soleil le régénère, toutafé immortel
Quand j’étais petit (c’était à la fin de la dynastie mandchoue), je me souviens encore de mon passage de la Chine du nord en Mongolie.
On quittait uniformes bleus et chaussons en tissu pour se retrouver face à face avec des femmes en bottes souples, à forte ossature et avec comme un air de liberté sur leur visage plein.
Merci Bloom de m’avoir fait rêver le temps d’un café, ce n’est jamais en vain.
Manuel H. se laisse pousser une moustache étroite sous le nez. Bougre Goering et Jicé Goebbels seraient pressentis pour de grands ministères. Sauvés !
Si on en juge par les photos des cabarets branchées, le Boug, les femmes mongoles sont effectivement d’une très grande beauté. Pour qui saura se montrer aussi persuasif que Cheng-Ji-Shi / Changez Khan, la Mongole fière l’emportera au Ciel éternel au son des douces inflexions du turco-mongol: « möngke ṭngri-yin küčündür »…Un placard, dites-vous? Que nenni, un lit clôt!
Mon père ne dort plus sans prendre ses calmants/ Maman ne travaille plus sans ses excitants
Bravo Bloom. C’est vous ou votre secrétaire qui part à Oulan Bator ? me souviens d’un vol vers Berlin, assis à côté d’un farouche Gengis qui tablettait commme un dur:
– woher kommen Sie ?
– aus Uhlanne Bator !
u., la fin de la dynastie mandchoue, c’est 1911. N’y allez pas trop fort sur le café…
Ma femme ne se lasses pas des chants mongols appris lors d’un long séjour en Mongolie « intérieure ».
Beautés parfois puissantes, Bloom, comme aussi chez les Coréennes venues du nord.
En ce temps-là les rigueurs du climat et le caractère très inchoatif des installations sanitaires contribuaient parfois, avec les bottes et l’alimentation, à doter ces créatures d’une odeur forte.
On a tort de négliger ces détails, et surtout leur portée éthique.
L’odeur forte peut fonctionner comme un inhibiteur de libido.
Il invite à voir chez ces femmes avant tout, euh, l’être l’humain, la personne morale, la créature dotée de rationalité.
Naturellement, nul n’est à l’abri d’une pulsion inverse, l’érotisation du repoussant, mais je n’ai pas le talent de Marcela pour en parler.
tiens, boudegras a remis une pile dans son sonotone et il entend ta gueule keupu, c’est bath’
« inchoatif »
P’tin, Normale Sup ça vous forge un caractère.
Alors, on a eu peur hier, oui.
Les femmes kalash, blondes au yeux bleus improbables rencontrées à Chitral, dans les vallées du nord du Pakistan venaient, elles, de prendre leur bain annuel. C’était jour de fête…
La fête est souvent gâtée par la foutue religion.
La femme kalasch ne nikov pas.
être dégagé / Manu militari
@ Salomon
Répondre à la question posée par le billet ? Peut-être en… oblique, en évoquant les « Quatre ballades pour piano » de Frédéric Chopin. Différentes toutes les quatre. Le piano fait entendre presque une voix humaine. Une préférence pour la quatrième en Fa mineur où deux thèmes se superposent…
http://www.dailymotion.com/video/xrgqx_zimerman-chopin-ballade-n-4_music
Pratiquant une reigion proto-indo-iranienne apparentée au mazdéisme, la Kalash nikov ferait feu de tout bois, dit-on dans l’Hindou Couch…
reLigion
SSC/ maman sans ses excitants, êtes-vous assuré que ce ne soit des aphroparadisiaques?
Je ne vous ferai pas la réponse que Ford fit à l’Amérique
Cher Bouguereau,
Parlez-nous en détail de votre petite enfance et de vos fantasmes. Je vous sens sur la pente de la confidence. Oui, cela est passionnant (et pensionnat aussi). Puis revenez à Brodsky que vous avez perdu de vue.
Oulala !
Le soleil brille, les oiseaux chantent ….
– La femme kalasch ne nikov pas.
– la Kalash nikov ferait feu de tout bois, dit-on dans l’Hindou Couch…
Ils sont en P L E I N E forme.
@ Christiane. Obliquons vers Chopin. Merci. Sans perdre de vue la question initiale : faire découvrir Brodsky aux Mandchous exilés dans ce blog.
Je ne vous comprends pas.
Here be dragons
Ils ont passé la plaine, Daphnée et approche du relief, emportant avec eux dans leurs poches à les en fourrer à craquer, les poèmes de poètes que la majorité a oublié.
L’ironie qui circule dans ce blog cache mal une inquiétude existentielle finalement touchante – et quelques aspirations souterraines, confuses et complexes (cf. Bouguereau).
PS : N’oubliez pas cependant la réponse demandée concernant la relation de Brodsky à Baudelaire. Nous sommes venus pour ça.
Mais qui c’est Brodsky bon sang?
Oui alors bouguereau!? Brodsky et ample information, pour aujourd’hui ou pour demain?
ça sent la poignée de main à la fin quand même
Bien que ce début frileux et printanier ne s’y prête guère, je dirais que Bouguereau est en route mais à l’arrêt pour un pastis.
les poèmes de poètes que la majorité a oublié.
Pardon ? Je ne sais pas ..
Je n’ai pas lu l’ensemble des commentaires … le cantique des cantiques ?
Sinon, Le Cygne , j’aimme bien
« LXXXIX – Le Cygne
A Victor Hugo
I
Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve,
Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
L’immense majesté de vos douleurs de veuve,
Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
A fécondé soudain ma mémoire fertile,
Comme je traversais le nouveau Carrousel.
Le vieux Paris n’est plus (la forme d’une ville
Change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel) ;
Je ne vois qu’en esprit tout ce camp de baraques,
Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts,
Les herbes, les gros blocs verdis par l’eau des flaques,
Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus.
Là s’étalait jadis une ménagerie ;
Là je vis, un matin, à l’heure où sous les cieux
Froids et clairs le Travail s’éveille, où la voirie
Pousse un sombre ouragan dans l’air silencieux,
Un cygne qui s’était évadé de sa cage,
Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec,
Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage.
Près d’un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec
Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre,
Et disait, le coeur plein de son beau lac natal :
« Eau, quand donc pleuvras-tu ? quand tonneras-tu, foudre ? »
Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,
Vers le ciel quelquefois, comme l’homme d’Ovide,
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tête avide
Comme s’il adressait des reproches à Dieu !
II
Paris change ! mais rien dans ma mélancolie
N’a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs,
Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie
Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.
Aussi devant ce Louvre une image m’opprime :
Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous,
Comme les exilés, ridicule et sublime
Et rongé d’un désir sans trêve ! et puis à vous,
Andromaque, des bras d’un grand époux tombée,
Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d’un tombeau vide en extase courbée
Veuve d’Hector, hélas ! et femme d’Hélénus !
Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique
Piétinant dans la boue, et cherchant, l’oeil hagard,
Les cocotiers absents de la superbe Afrique
Derrière la muraille immense du brouillard ;
A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
Jamais, jamais ! à ceux qui s’abreuvent de pleurs
Et tètent la Douleur comme une bonne louve !
Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs !
Ainsi dans la forêt où mon esprit s’exile
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor !
Je pense aux matelots oubliés dans une île,
Aux captifs, aux vaincus !… à bien d’autres encor ! »
Charles Baudelaire – Les Fleurs du mal
une frêle aurore fraie son chemin d’en faire de la bouillie quand même bien
Saint Céré, 12/04/24
http://baudelaire.litteratura.com/?rub=oeuvre&srub=pov&id=100
le lien a été donné hier par Christiane, Daphnée.
Une déclaration officielle de la république des livres :
Tous les baux illimités des résidents actuels
du commentarium sont annulés.
En conséquence, les personnes concernées
sont plus qu’instamment priées de plier
bagages et claviers vers d’autres cieux.
Après désinfection intégrale des lieux,
la place sera mise en jachère le temps
nécessaire au redéploiement d’espèces
plus décoratives et non contaminées.
Un gouvernement de combat est chargé
de l’exécution et de l’application
de la feuille de route du Patron.
Avriloprimairement.
« yeux bleus improbables »
improbable, le mot à la mode, mis à toutes les sauces
u. : La femme kalasch ne nikov pas.
Cela est bien inchoactivement, mais ça finit en eau de boudin.
John Cage, Liliput http://www.youtube.com/watch?v=ExUosomc8Uc
En parlant d’u. en pleine commémoration de la guerre de 14-18, ce gars là nique Foch.
@ Samu social : Brodsky est l’homme dont je parle, qui m’est à ce titre redevable de son existence ici.
PS : je m’inquiète, pas de Bouguereau en vue ni peut-être en vie ?
Il faut pourtant que j’aille vaquer. Je me méfie aussi de cette décontamination programmée.
Oui mais alors qu’avez vous écrit sur Brosky, là je dois dire que je déchante.
Brodsky c’est un mec qui met un e comme qui rigole à la fin, je vais pas me flinguer pour ça.
« Une déclaration officielle de la république des livres :
Tous les baux illimités des résidents actuels
du commentarium sont annulés. »
Les occupants sans baux, les squatteurs comme moi ne se sentent pas concernés par votre décret, Polémikoeur !
Dois-je garder ce commentarium transformé par vos soins en funerarium ?
Dois-je répandrer vos cendres à tous au jardin du souvenir ?
Vous ne reviendrez plus ?
Les hirondelles s’en sont-elles retournées chez Clopine ou bien le printemps ne sera-t-il réservé à mon seul usage ?
qu’à mon seul etc…
ça sent la poignée de main à la fin quand même
les doigts dans la prose comme dit lassouline..juste avant de faire son tartare au couteau.. »que nul n’entre ici sans s’être lavé les mains »
J’ai l’impression qu’ils se tirent les vers du nez, je ne sais que ça à dire pour mon salut
Hé, la juris-prudence est de ton côté !
Dois-je répandrer vos cendres à tous au jardin du souvenir ?
le jardin du remembrement baroz
« Je devrais finir à l’asile », c’est là son jugement.
Bein mon con, quand on a remis les couilles en place, on devrait fermer sa gueule
C’est vrai après tout, pourquoi je me ferais chier…
à DHH
Bonjour. Votre remarque,(dans les commentaires du billet précédent) concernant dans le livre de Jean Echenoz Je m’en vais la réécriture d’une phrase de L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert : « Il connaît la mélancolie des restauroutes… », m’a donné envie de lire ce livre.
C’est donc bien un détournement volontaire, et pas le seul ! (Rabelais, Beckett…. Le livre en est truffé. Comme d’autres parallèles avec le roman policier américain. La structure du roman est vraiment complexe (lieux différents des chapitres pairs et impairs, pas de chronologie). Et qui est ce « on » ? Il semble remplacer des sujets différents, connus ou inconnus, selon les pages. Il écrit en jouant, en saluant les écrivains du passé. Le lecteur est désorienté comme à lire A.Markowicz traduisant Brodsky ! Il réécrit autant qu’il écrit. Et ce livre est plein de citations littéraires sans guillemets, pour le plaisir du lecteur-fureteur qui part sur ses traces. Qui sait, si par votre remarque faussement naïve, vous n’avez pas ouvert à P.Assouline le faux-semblant du billet de ce jour (sans oublier son complice Claro) ?
Effet comique assuré pour les deux, dans un premier temps puis, construction sur une double ligne d’écriture ouvrant à des références littéraires subtiles qu’il nous faut retrouver. De l’humour savoureux de ces écrivains manipulateurs on passe à une nostalgique mise en abyme des œuvres littéraires presque citées. Lectures énigmatiques… qui offre une culture sous les « pavés » du vide contemporain. Solitude et ennui, mélancolie aussi.
Merci pour vos interventions intéressantes dans le domaine de la littérature.
bonjour le puzzle
après tout il avait qu’à trouver peuchère
tiens, franck, ramasse
prédestiné
Squatteur, skateur, passant,
promeneur, en tout cas,
observiteur aussi
alors : sursit !
Fossalertement.
hé bein ça te fera un dessert
Christiane, la 4e Ballade, oui, mais plutôt par un autre… Deux génies valent mieux qu’un.
Pour en revenir à la musique
en traduction poétique :
la conserver à tout prix
peut conduire au ridicule,
à l’hermétisme et au contresens,
qui est alors le moindre
des mots à l’envers.
mêlodicollement.
pardon jean calbrix
01/04/2013
Hé Cantonna, tu vas bien nous sortir un petit vers?
@christiane
Merci de dialoguer avec moi avec respect et gentillesse, ce qui n’est pas le cas de certains sur ce blog, prompts à relever sans indulgence mes insuffisances et mes lacunes .
Effectivement pour » je m’en vais » je suis allée voir sur le livre d’analyse de l’œuvre qui m’a été indiqué .
Et j’ai compris que ce roman était bourré de citations qui m’avaient échappé moi qui n’avais remarqué que celle de Flaubert.
Du même coup j’ai mesuré , en comparant ce que m’avait apporté d’humour décalé la lecture de la citation que j’avais repérée, à ma cécité devant celles que je n’ai pas décelées, combien ma lecture de ce roman était pauvre .
Ce qui rejoint ma conception de la culture ,qui est ce que l’on porte en soi et qui permet d’enrichir ce qu’on acquiert par ce qu’on connaît
C’est hélas une conception erronée, Christiane.
Moi j’y crois à cet artiste du balond rond
Moi j’y crois à cet artiste du ballon rond
(pas vos machins qui sont des petits clubs)
le pinceau
déjà une 306 ça part facilement dans les décors mais alors une fausse 306..
Merci, Chaloux. L’interprétation de Richter est splendide (même si Polémikoeur n’aime pas que la musique s’introduise dans ce débat).
Musique et littérature, est-ce antinomique ? Il y a parfois une proposition littéraire proche d’une phrase musicale. Je vois des similitudes entre la musique et le langage et pas seulement pour le rythme, le thème. (Jean-Ollivier m’aiderait bien, ici…). Le piano, la plume ? Au bout des doigts, plaisir, même île au milieu du temps. Ces notes de musique égrenées dans le silence, les mots du poème lus dans le silence, sont des passages (par l’oreille) qui donnent des instants de bonheur. Les lier, le temps d’une brève rencontre c’est donner un peu de beauté à l’existence. Parfois, les mots, les mots, les mots : trop de mots.
gageons qu’il n’y ait pas de fausses notes
Je vous le fais pas dire.
de la tune, de la tune.
Belfast Tune
Here’s a girl from a dangerous town
She crops her dark hair short
so that less of her has to frown
when someone gets hurt.
She folds her memories like a parachute.
Dropped, she collects the peat
and cooks her veggies at home: they shoot
here where they eat.
Ah, there’s more sky in these parts than, say,
ground. Hence her voice’s pitch,
and her stare stains your retina like a gray
bulb when you switch
hemispheres, and her knee-length quilt
skirt’s cut to catch the squall,
I dream of her either loved or killed
because the town’s too small.
Joseph Brodsky
@Deneb dit: 1 avril 2014 à 13 h 17 min
Vous pourriez m’expliquer ce qui est erroné ? et à propos de quelle proposition ? Merci.
Ouch. ce serait trop long. Mais c’est assurément une conception erronée.
Vous êtes-vous déjà dans l’avion retrouvé assis entre un cibliste et un sourciste?
Ça dérouille autant qu’entre un chiite et un sunnite.
Entre les deux, on finit par prendre des pains.
Dans ces cas-là, sommé de prendre position, il faut choisir l’hôtesse de l’air.
Comme des lycéens passent parfois par ici (mâtin…) je rappelle (« sous votre contrôle, M. le professeur »), je rappelle que le sourciste c’est le mec qui pense devoir préserver l’étrangeté de la langue d’origine pour ôter au lecteur la tentation d’une appropriation facile (c’est éthique, disait M. Berman), et les ciblistes c’est les femmes qui ont fait leur deuil de l’original inaccessible et jugent prioritaire la création d’une texte autonome et cohérent dans la langue d’accueil. Quelque chose comme ça.
(J’ai changé les genres dans la phrase, c’est par souci de la parité).
@ Salomon
Salman (je peux vous appeler Salman? c’est pour encourager l’extension des minorités lisibles, un contre-coup de deux semaines de langue de bois électorale).
Vous êtes un drôle de citoyen.
En tous cas, le tourniquet source/ cible vous me l’avez foutu en l’air.
J’en suis un peu anxieux, car sans mes tourniquets je ne peux plus tourner en rond, ce qui m’est nécessaire pour résister aux tentations des grands larges.
J’ai réfléchi en plissant le front tout en buvant mon macchiato.
Vous n’êtes ni chiite ni sunnite dans cette histoire, me semble-t-il.
(Un chouia soufi, peut-être?)
Vous êtes le sourcier des réminiscences collectives d’une communauté originelle d’écrivains/lecteurs mais vous arrivez à un texte qui, quoique cohérent, font tomber sur le cul nos professeurs slavisants qui sont pourtant assis.
Je ne vois qu’une réponse à cette énigme: le moment intermédiaire de l’incorporation.
On ne passe pas de lexique à lexique, on aspire, inspire, transpire, on parle tout seul (à la consternation de son entourage), on rugit comme Rogojine, on roupille comme Oblomov, et on s’avance sur la scène.
C’est très bien.
Il arrive malgré tout que ce corps, nécessairement unique, soit un peu encombrant.
C’est comme quand, enfant, on est stupéfait de découvrir qu’aussi bien le Grec Créon que le français Arnolphe parlaient comme Jouvet.
-« Tu fais quoi, ce soir?
– Je m’offre une petite soirée Markowicz.
– Ah bon? Il sera combien? »
Je recommande pas la 306 en effet. Ni la 407.
La 307 est potable.
Porcherie / porcherie
Y’en a qui mériteraient un séjour en Mongolie.
« les massages Baria Zasal, base de l’arsenal thérapeutique, améliorent la circulation
des fluides, des énergies et de la masse sanguine. »
http://download.pro.arte.tv/uploads/medecine-dailleurs_BD.pdf
la circulation des fluides, des énergies et de la masse sanguine
quand tu bande avec l’orteil, c’est foutu
L’important n’est pas de savoir si Baudelaire est entré par effraction dans un vers de Brodsky mais si Brodsky est entré par effraction dans la minette qu’il tient par l’épaule et qui fait à peu près la moitié de son âge. Il serait temps qu’Assouline se décide à poser les vraies questions, celles qui intéressent les authentiques amateurs de littérature, dont je fais partie.
@christiane
Sur cette question de la frontière entre plagiat et pastiche ,sur les effets d’enrichissement du sens par la référence implicite à un texte dont on cite ou dont on détourne un passage ,un ouvrage que j’ai beaucoup aimé :Palimpseste de Gerard Genette
Je l’ai lu il y a bien longtemps mais je me souviens bien de cet exemple ,une declaration d’amour écrite par Alexandre Dumas : tibi or not to be, encore plus subtile si on la prononce que si on la lit
J’ai pu lire, Daaphnée, avant de partir, le poème que vous avez reproduit.
« … Froids et clairs le Travail s’éveille, où la voirie… »
Sous mon crâne, j’ai entendu avec consternation la phrase:
Putain, il était doué…
Il est certes peu glorieux mais sans doute réconfortant de sentir résonner en soi de telle splatitudes.
JB, at’tation, y’a des précédents littéraires.
Il vaut mieux la poser aux professeurs de littérature avec des fleurs.
http://brbl-zoom.library.yale.edu/viewer/1401782
Bon, je m’envole
Légèrement plus nuancé,
si vous permettez,
qu’un « j’aime »
ou pas.
La musique des mots est un élément de style, indéniable, mais inégalement apprécié.
Est-elle grandeur conservable quelle que soit
la frontière linguistique franchie ?
Si une ligne ou un vers exprime le chant
de l’oiseau sur la branche,
la trille est-elle « invariable »
dans toutes les langues ou arrive-t-il
qu’il faille choisir entre le son et l’image ?
Lorsque le décalage entre les deux se voit
ou s’entend, c’est selon, y a-t-il une loi
établie qui donne la priorité à l’un ?
Sans exception ?
Sensonnettement.
Ce qui rejoint ma conception de la culture ,qui est ce que l’on porte en soi et qui permet d’enrichir ce qu’on acquiert par ce qu’on connaît
Voilà qui va compléter le dictionnaire des aphorismes d’une richesse insoupçonnée, je ne retrouve plus ce qu’écrivit Chevillard à ce propos, cette utilisation de la langue pour appréhender le réel en lui donnant, à ce que j’ai pu saisir de sa pensée, une dimension qui serait notre à travers les mots cueillis et choisis, extraits de la réserve pour l’exprimer avec une précision sensible mais il rejoignait, je crois votre point de vue en quelque sorte et d’une manière cependant que l’on sentait experte fouillée fournie.
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