Deux princes de la litote
Incroyable ce qu’Eric Chevillard suscite de réactions, souvent épidermiques et hostiles, dans la République des livres. Que leur a-t-il fait ? A croire qu’il déplaît souverainement à un type de lecteurs, que l’on aurait tort de ranger parmi les internautes car, depuis des années qu’il tient blog à l’enseigne de l’Autofictif, il a su créer son propre cercle d’@ficionados. Le fait est qu’ici, même quand il s’agit de toute autre chose que de ses livres ou de sa personne, il surgit vers le centième commentaire, se fait déchirer ou louer avant de disparaître tel un point Godwin de la conversation numérique. Qu’est-ce qu’il prendrait chaque jour s’il ouvrait le robinet à parlotes sur son propre blog ! Une légion de modérateurs éprouvés n’y suffirait pas.
Cela ne devrait pas s’arranger avec Le désordre Azerty (201 pages, 17 euros, Les éditions de Minuit). Sa prose d’eau claire est pourtant harmonieuse, douce et tempérée. On n’y sent pas l’encouragement à la violence. Il tient que la chaussure fut d’abord inventée pour dissimuler le pied, ce qui se discute. Il tient aussi que le style est la langue natale de l’écrivain, le pays suit, étant entendu qu’un style impose une présence dès la première page, dès les premières lignes, ce qui est son cas incontestablement ; l’écriture blanche, qualifiée de neutre et plate, ennemie des effets et de la métaphore, en prend pour son grade, ce qui ne manque pas de sel sous la livrée de Minuit. Il tient enfin que le photographie recouvre le monde d’une pellicule supplémentaire, et que les écrivains sont rarement beaux ce qui ne facilite pas la tache des photographes commis à leur tirer le portrait. Lui a commencé à se faire la tête de Rimbaud (moue orgueilleuse et butée, iris d’un éclat violet, moue dégoûtée), et l’âge venant, a fini par se faire la tête de Beckett (visage ascétique et buriné) ce qui ne l’empêche pas, dans un élan de lucidité, de se résoudre à sa tête à claques « face de cire molle où l’ennui et l’imbécillité ont empreints et confondu leurs traits »
Doué pour l’inventaire. Non pas « à la Prévert », plutôt à la Chevillard, c’est plus absurde. Il se souvient aussi. Non pas « à la Perec », plutôt à la Chevillard. Cela n’est pas moins immémorial. L’article « Quinquagénaire » en témoigne avec éclat. Les entrées de ce dictionnaire enamouré de la littérature, du zoo, du kangourou et du water-closet sont étranges. Quel autre abécédaire se lancerait à l’assaut du lecteur en commençant par huit pages sur « Aspe » ? A l’entrée « Humour », on croit découvrir les secrets de celui de l’auteur, l’un des ressorts de son œuvre, et pas le moindre de ses attraits ; mais en réalité, c’est plutôt « Humoriste » qu’il aurait dû intituler ce chapitre car il s’intéresse à ceux qui en font profession, et dont chacun sait qu’ils sont, en fait, des rabat-joie. .
« Chevillard : Boucher d’abattoir qui vend sa viande en gros ou demi-gros ». Sauf que dans sa variante littéraire, il fait plutôt dans le détail, le fragment, l’ellipse. Tout le monde rêve. Mais quand Chevillard s’y met, cela prend un tour spéculatif. En surgit un charme certain destiné à enfoncer le réel. Dieu n’est pas son cousin, contrairement aux apparences. Il se dit même athée, carrément, ce qui ne l’empêche pas d’aspirer au repos éternel afin de rattraper une partie de son sommeil en retard. Quant aux preuves de l’inexistence de Dieu, qu’il prétend être en mesure de produire publiquement, vous pouvez le croire sur parole ; je n’en dirai pas davantage afin de ne pas gâcher le suspense. En revanche, je puis vous confier qu’il s’autorise un morceau de bravoure sur l’utilité de la littérature.
Il la divise en deux catégories : celle qui délaye et celle qui condense. On sait qu’il relève de la seconde, craignant d’être asphyxié par l’épaisseur produite par l’universel bavardage. On voit que sa théorie de la littérature ne risque pas de faire concurrence aux essais de Gérard Genette. Ainsi lorsqu’il veut justifier du nom de l’auteur sur la couverture : « Plutôt que de courir toute sa vie après le dernier mot, formuler le premier ». Et voilà. A ne pas rater, l’entrée « Marquise ». Irrésistible. Chez lui, la marquise sort à pas d’heure. « Le roman sortit à cinq heures. A six heures, on réimprimait. Merci qui ? Merci marquise ! ». Il n’y a que lui pour déceler dans une mâchoire des prémolaires en voie de molairisation, et une intelligence de 1400 cm3 dans le cerveau d’André Leroi-Gourhan, préhistorien il est vrai.
Un peu Aymé pour le fantastique, un peu Vialatte pour les métaphores animales, un peu Wilde pour le sens de l’understatement, et c’est ainsi que Chevillard n’est pas le plus petit. Son livre est aussi réjouissant qu’est décourageant le bouquet d’hommages qui paraît en même temps, pierre tombale légèrement prématurée, à peine moins granitique qu’une Pléiade. A se demander si ce Pour Eric Chevillard n’a pas été dirigé contre lui. Malheur à celui qui se laisse embaumer de son vivant ! Le désordre Azerty, ça ne sert à rien, mais ça fait tellement plaisir, ce qui est déjà beaucoup.
Dans le paysage littéraire français, un autre qu’Eric Chevillard élève avec grâce l’art de la litote au rang des beaux-arts. Jacques A. Bertrand est son état-civil mais il est si banal, et son propriétaire si discret, que cela ne se sait pas assez. Sa voix offre bien des ressemblances avec celle d’Eric Chevillard. Un alliage de douceur, de légèreté, d’humour, d’euphémisme, de charme, de poésie du quotidien, bouquet tressé par une langue d’une précision remarquable. Ce qui n’empêche pas, à l’occasion, la gravité du propos non plus que la dureté du jugement. Encore faut-il qu’ils s’imposent. Ce qui aurait pu être le cas de Comment j’ai mangé mon estomac (111 pages, 14 euros, Julliard). Explication : cet homme incite son estomac à se digérer lui-même. Ce qui est déconseillé. Imaginez : le narrateur (Je n’est pas un autre, pas celui-là) se découvre un cancer avancé du cardia et de l’œsophage, tandis que sa femme, à qui on avait trouvé une tumeur au sein, pousse la mélancolie jusqu’à faire ses adieux au monde.
Plus désespérant, il n’y a pas. Même lorsqu’on a été prévenu par le Docteur Knock : « La santé est un état précaire qui ne présage rien de bon ». Il voit une chance dans cette simultanéité. D’autres écrivains, la plupart, en auraient fait un chant des plus sombres. Chronique de nos morts annoncées ! En stéréo ! Lui est resté Jacques A. Bertrand, fidèle à sa manière n’importe la météo. Chacune de ses réflexions, quelle qu’en soit la nature, pourrait s’achever par : « … ce qui n’était pas dans mes habitudes ». Le cancer aussi. Il raconte donc cela en facétieux sous des dehors nonchalants, sinon blasés, malgré le cynisme qui pointe son museau lorsqu’il dénonce la bêtise chez ses contemporains. Il ne sait pas ce qui l’attend au juste mais ne s’en désole pas. On se doute bien que la souffrance est là, et la douleur jamais loin, mais ce serait inélégant d’insister, alors l’espiègle demeure dans l’insouciance. Sans abuser des bons maux. En shakespearien accompli, il ne pense qu’à ça : mourir, dormir, rêver peut-être… Ici aussi, comme chez Chevillard, on retrouve l’ombre familière d’Antoine Blondin (« L’Homme descend du songe ») et celle d’Alexandre Vialatte décidément (« L’Être humain, à l’exemple de l’automobile et de la bicyclette, réclame des contrôles techniques réguliers »).
Pas l’ombre de la dérision dans son évocation de l’indignité du corps malade mis à nu devant les infirmières même, de la chambre aux allures de cellule, des plateaux-repas cafardogènes, des nausées provoquées par la chimiothérapie, du trou noir consécutif à une anesthésie lourde, de l’attente interminable dans l’atroce salle du même nom et de l’angoisse qui s’en suit. L’hôpital lui fait découvrir son corps pour la première fois. Pas le moindre lamento. Ce récit hospitalier, couturé d’incertitudes, est composé dans l’esprit de la mise à distance et du pas de côté. Un leitmotiv un brin nostalgique le ponctue : « Il restera toujours les dîners au clair de lune, les soirs de fin d’été ». Loin, très loin du luxe affiché dont il se moque en un paragraphe où il exécute « la misère coûteuse » des riches dépourvus de la moindre imagination, de toute étincelle d’esprit.
On lui épargnera la scie selon laquelle l’humour est la politesse du désespoir. Disons plutôt que si son ironie est douce, elle n’a rien d’amère. Quelque chose de l’anti-Job en lui : au lieu de demander au ciel « Pourquoi moi ? » il demande à la terre : « Pourquoi pas moi ? ». Il est vrai que Jacques A. Bertrand pousse la délicatesse, tel François Villon, jusqu’à « dire à toutes gens merci », au cas où, par précaution. Ce récit épatant d’un homme qui a pour principe de séjourner le moins possible dans les hôpitaux, et qui a vraiment du mal à envisager la vie sans lui, on en aurait ri si on n’en avait pleuré.
(« Intellectuels à la rotonde » toile de Tullio Garbari ; Eric Chevillard et Jacques A. Bertrand » photos D.R.)
704 Réponses pour Deux princes de la litote
Help ! je ne retrouve plus le titre du tableau ni le nom du peintre. Grosz ?
Tullio Garbari : « Les intellectuels au café de la Rotonde » (1916)
Incroyable ce qu’Eric Chevillard suscite de réactions, souvent épidermiques et hostiles, dans la République des livres
Ce n’est certainement pas mon cas, moi qui admire et savoure depuis longtemps l’art subtil et l’humour décalé de l’auteur de « Du hérisson » et de « L’auteur et moi ».
l’écriture blanche, qualifiée de neutre et plate, ennemie des effets et de la métaphore, en prend pour son grade, ce qui ne manque pas de sel sous la livrée de Minuit.
La livrée blanche des éditions de Minuit n’a certes pas de rapport avec l’écriture de ses auteurs. Ni Claude Simon ni Robert Pinget ni, bien sûr, Samuel Beckett ni Marie Ndiaye (celle de « en Famille », de « Hilda » et de « Un temps de saison ») n’étaient précisément des adeptes de l’ « écriture blanche ». Amusant d’ailleurs que des écritures aussi singulières se dissimulent sous une livrée aussi discrète et neutre; aristocratique pudeur…
Chevillard, grand pourvoyeur d’émotions. Mais il faut se méfier aussi de l’émotion. « Plus sentimentale qu’artiste, elle préférait les émotions aux paysages ». Il y a trente ans que cette phrase me trotte dans la tête, et je n’en ai compris que tardivement la justesse.
@Clopine. Je suis en train de lire Chronique joyeuse et scandaleuse de Maurice Sachs, ce disciple de Lazarillo de Tormès. Le livre s’ouvre sur ses impardonnables (il le dit lui-même) « relations » avec un certain écrivain qu’il nomme Babillot, et qui n’est autre, dit-on, que le pathétique Abel Hermant.
Alias (Sachs) attend Babillot au salon:
« Quand il me rejoignit, il était nu. Ce n’était point un spectacle attrayant. Sa tête semblait n’être que posée sur son corps, et par mégarde. La raie même que le col imprimait semblait faire la preuve d’une décollation récente, et comme il ne la bougeait point mais dandinait bêtement son corps, il avait l’air d’un saint Denis – hélas nu et fort mal sculpté- qui, fatigué de porter sa tête à la main, l’aurait posée sur son cou pour s’en débarrasser ».
Libretto, P.31.
Ne trouvez-vous pas dans ce petit passage qui mêle sacré et sacrilège, une légère trace proustienne?
« Qu’est-ce qu’il prendrait chaque jour s’il ouvrait le robinet à parlotes sur son propre blog ! » Pierre Assouline se venge en une seule fois !
En gage d’admiration
Si, dans le titre « L’Auteur et moi », l’auteur c’est l’auteur, moi ne peut guère être que le personnage. A « moi », le discours ; à l’auteur les commentaires sous forme de notes en bas de page. Voilà les rôles clairement distribués.
Les choses sont en réalité moins claires que ne le laissent entendre ce titre et cette répartition des rôles, tant, en dépit de tentatives pas trop convaincues ni suivies de marquer sa différence, l’auteur ressemble à son personnage, habituant le lecteur à passer de l’un à l’autre en douceur et sans presque s’en rendre compte. C’est un des outils dont se sert Chevillard pour déconstruire et ruiner le « réel » de la littérature, et peut-être le « réel » tout court, dans une de ces « fictions sabotées » dont il a le secret.
Sabotées ou pas, ces fictions font penser à d’autres, élaborées naguère par de prestigieux auteurs, orgueil des éditions de Minuit, Samuel Beckett ou Robert Pinget, en l’occurrence. On retrouve chez Chevillard ce goût, un peu maniaque et comme halluciné, de s’engager, porté par le pouvoir d’évocation des mots, par la logique de leurs associations et de leurs enchaînements — les premiers en évoquant d’autres, puis d’autres encore –, dans la logique d’histoires improbables, — goût qui était celui de l’auteur de Molloy et de Murphy et celui de l’auteur de L’Inquisitoire. L’originalité de Chevillard — et, peut-être aussi, sa limite — est que ses histoires — celles de ce livre en tout cas — soulignent délibérément la gratuité de toute fiction. Tout au moins la déroutante, un peu scandaleuse légèreté de ses commencements. Il s’en explique d’ailleurs dès l’Avertissement :
» Mais il lui faut un prétexte pour commencer ; n’importe lequel ; la qualité première d’un prétexte est d’être indifférent …] »
Ici, le prétexte est d’abord l’allergie du personnage au gratin de chou-fleur, puis, ce premier motif en voie d’épuisement, sa rencontre providentielle avec une fourmi, à laquelle il va filer le train. La gageure est évidemment, dans ce livre plutôt long, d’obtenir du lecteur qu’il joue le jeu et ne vous laisse pas en plan, vous et vos histoires de chou-fleur et de fourmi, bien avant la dernière des quelque trois cents pages qu’il vous a fallu pour les filer jusqu’au terme qu’il aura plu à votre fantaisie de leur assigner. Combien de lecteurs auront été sensibles aux séductions chevillardiennes jusqu’à atteindre la deux-cent-quatre-vingt-dix-neuvième et dernière page, c’est ce qu’on ne saura sans doute jamais.
Si je n’ai pas trop cru à la différence entre l’auteur et son personnage, j’ai cru peut-être davantage, bien qu’elle ne tienne qu’un rôle de destinataire muette, à cette tierce personne , cette demoiselle à laquelle s’adresse le discours du personnage et à laquelle il fait, mine de rien, une cour effrénée. Je me suis demandé assez vite si cette « demoiselle » ne serait pas en réalité le lecteur lui-même, moi en l’occurrence, objet réel de cette cour, à lui ( à moi ) faite par l’auteur, via son personnage . Le lecteur, ou la lectrice ? car il semble que notre auteur ait une préférence marquée pour les lectrices. Cela ne me gêne pas personnellement, puisqu’à l’occasion, je m’appelle Daisy.
Je soupçonne en effet Chevillard d’avoir été un dragueur impénitent et doué, et de l’être encore. Le discours de son personnage est en effet, jusque dans ses professions de modestie et d’insignifiance, un discours de séducteur, bien décidé à éblouir — à étourdir — son auditrice et à faire naître entre elle et lui une grandissante complicité grâce à l’étincelante habileté de ses propos complimenteurs. Situation emblématique de la relation entre l’auteur et son lecteur / sa lectrice , l’un draguant toujours l’autre. On imagine mal, dira-t-on, Victor Hugo, Zola ou même Sartre draguant leurs lecteurs. Mais c’est que notre idée des rapports auteur/ lecteur n’est plus du tout la même qu’à l’époque où l’on faisait des funérailles nationales à Toto. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la défroque de gourou maître penseur et la posture d’auteur-à-message ne vont pas à Chevillard.
Pour ceux (ils sont nombreux) qui restent attachés à l’idée qu’un écrivain digne de ce nom, c’est quelqu’un qui a un « message » à délivrer, en tout cas « quelque chose à dire » ( et forcément quelque chose d’important ), un livre tel que celui-ci sera toujours perçu comme une provocation. Car enfin à quoi riment, demandera le lecteur épris de « sens » et de « message », ces variations multiples sur l’horreur du gratin de chou-fleur dont le personnage se dit affecté (qu’en ai-je à cirer, non, vraiment !), aussi bien que ses pérégrinations aussi invraisemblables qu’absurdes aux basques d’une fourmi ? Au-delà de ces motifs apparemment dépourvus d’intérêt, mais que développe longuement le texte, et à travers eux, l’auteur a certainement voulu dire autre chose. Cherchons la pensée (profonde) dissimulée derrière le chou-fleur, la symbolique de la fourmi pérégrinante. Notre auteur s’amuse d’ailleurs, en passant, de cette manie interprétative, péché mignon de la plupart des lecteurs, formés — par l’approche scolaire de la littérature, par la lecture des critiques — à prendre la littérature au sérieux, sinon, n’est-ce pas, à quoi bon ? Et si un texte littéraire ne voulait jamais rien dire d’autre que ce qu’il dit ? Est-ce que je demande à une sonate de Mozart, à un quatuor de Beethoven, à un prélude de Debussy, ce qu’ils veulent dire ? A un grave critique, qui prétendait expliquer « ce qu’avait voulu dire » Saint-Paul Roux dans un de ses poèmes, un membre du groupe surréaliste (Aragon, je crois) avait vertement répliqué : » Non, Monsieur, Saint-Pol Roux n’a pas voulu dire ! Soyez sûr que, s’il avait voulu le dire, il l’aurait dit. » (1). Certains livres ( peu fréquentés, il est vrai, de la grande foule des amateurs de littérature — ou d’autre chose, au fond, que la littérature), les livres de Raymond Roussel par exemple, ne « veulent » manifestement rien dire d’autre que ce qu’ils disent. Gardons-nous donc de confondre ce que disent les écrivains avec les interprétations, les impressions, les émotions que nous greffons sur leurs textes et qui ne sont qu’à nous. Peut-être la seule façon légitime de prendre au sérieux la littérature, c’est de la prendre au mot, sans s’essouffler à aller chercher midi à quatorze heures. J’y reviendrai. Mais, en attendant, revenons à nos choux-fleurs.
Imaginons donc notre personnage assis à la terrasse d’un café ou d’un restaurant, à côté d’une jeune personne qu’il va se mettre en tête de séduire avant la fin du repas. Tous les prétextes seront bons, y compris les plus futiles. Cette fois, ce sera le gratin de chou-fleur qu’on lui a servi à la place de la truite aux amandes qu’il avait ou croyait avoir commandée. Il se trouve qu’il n’aime pas le chou-fleur. C’est peu de dire qu’il ne l’aime pas. Il l’abhorre. Il l’exècre. Et le voilà lancé dans une série de variations sur les mérites comparés de la truite aux amandes et du gratin de chou-fleur, dont la vision maudite, faisant retour de façon obsessionnelle, rythme le texte. Gageure risquée mais excitante : ou bien la demoiselle (le lecteur / lectrice), vite lassée, le plante là, et il se casse la figure, ou bien ce numéro de funambule rhétorique parvient à la tenir en haleine en lui masquant à chaque instant la gratuité du propos. Elle n’est plus sensible alors qu’à sa virtuosité et à sa drôlerie.
De la virtuosité, de l’humour, de la drôlerie, Chevillard n’en manque pas, et c’est à sa façon personnelle de mixer ce cocktail que, s’il existait pour la littérature, comme pour les vins, des tests de qualité à l’aveugle , le lecteur un tant soit peu entraîné reconnaîtrait immanquablement parmi cent autres un texte de lui, comme il reconnaîtrait un Modiano ou dix lignes de Proust. Mais, au-delà de ce plaisir, ce qui m’a retenu dans son livre, c’est ce plaidoyer souriant en faveur de la gratuité de l’invention littéraire, gratuité qui n’implique pas forcément (c’est heureux !) que ce qu’invente l’écrivain soit dépourvu d’intérêt et de sens. Quelle que soit l’apparente insignifiance du point de départ, gratin de chou-fleur ou rencontre d’une fourmi, il suffit de relever le défi avec sincérité, et voilà que les mots en suscitent d’autres, et ainsi de suite, presque à l’infini, comme l’avait déjà montré Pinget dans l’Inquisitoire, la difficulté étant moins de continuer que de trouver une fin, le moment pour les ciseaux de couper le fil, sinon il n’y aurait aucune raison de s’arrêter. Bien entendu, le tout est qu’un scénario s’organise et captive suffisamment le lecteur, qu’un tempo le charme et l’entraîne, que la justesse originale des idées le retienne, et la partie est gagnée. Elle l’est ici, à mon avis, à condition de pratiquer une façon de lire dont je vais dire un mot . Qu’il est facile d’écrire des contes, disait, je crois, Diderot. Mais le lecteur, lui, ne se laisse pas si aisément gagner par le charme des contes.
Sentant que le lecteur risque de trouver son livre passablement déroutant, l’auteur lui en fournit le mode d’emploi en ces termes :
» Les livres de l’auteur […] suivent un cours digressif et déconcertant. Le lecteur n’en peut sauter un mot sans en perdre le fil mais il ne lui est pas recommandé non plus de s’attarder trop, car alors il s’y emberlificote. Surgit aussitôt d’un coin de la page une grosse araignée qui le transperce de son dard et aspire toutes ses substances molles en commençant par son lobe frontal. Toute lecture bien comprise est d’ailleurs affaire de vitesse. Il s’agit de trouver la bonne. »
Il n’est pas trop sorcier de repérer dans cette grosse et redoutable araignée, qui guette à chaque détour de page, le mortel ennui, prêt à euthanasier d’une impitoyable sédation le lecteur imprudent. Et j’avoue qu’à plus d’une reprise je me suis emberlificoté dans les fils du piège. Jusqu’au moment où , mettant en pratique le conseil de l’auteur, j’ai trouvé la bonne vitesse, le bon tempo. D’abord, il convient de ménager des pauses. Comme les très bons vins, le breuvage qui nous est servi ne se révèle un nectar que dégusté à petites gorgées. Avaler des pages et des pages est contre-indiqué. Mais surtout, j’ai découvert que la bonne vitesse à laquelle on doit lire ce livre est celle de la lecture orale. Pour peu qu’on s’essaie à le lire à haute voix, le texte de Chevillard déploie d’emblée les séductions de sa puissante oralité. Voici que, presque magiquement, vous vous appropriez son incessante inventivité, vous devenez le personnage, — et son auteur . En voici, choisi presque au hasard , un exemple :
» Puis je m’en voulus de cette pensée et de cette inquiétude. Ma fourmi n’était-elle pas plus fine mouche que les flics ? Ces derniers, emportés par leur élan, obéissant à la logique primaire de la traque, avaient maintenant tant d’avance sur moi qu’ils devaient me chercher aux frontières, entre les pointillés, ce qui était soit dit en passant bien mal me connaître : jamais je ne m’aventurerais en terre étrangère et il était déjà bien surprenant de me voir rôder ainsi sur le territoire de la fourmi. Je savais que mes compétences et mes talents ne m’y seraient d’aucune aide, d’aucun secours, et pourtant je m’y risquais avec une certaine assurance. Je commençais même à m’y délecter de ces joies qui m’avaient toujours paru suspectes dans les récits de voyageurs : la perte des repères, l’inconfort, les vicissitudes, le dégoût même ou l’angoisse , je comprenais enfin que ces sensations pénibles pouvaient s’accompagner d’une ivresse nouvelle, d’un dépassement de soi qui vous arrachait surtout à l’esclavage des habitudes, à la satisfaction morne d’une existence de tout repos. J’avais lâché prise. Enfin j’épousais la courbe de la Terre. Mes amarres rompues battaient dans mon dos comme des queues de chiots. J’ai laissé derrière moi le vieux monde et ses colonnes couchées. Oh, la vitesse, c’est donc cela ! à mes tempes, le feu ! J’avais pris le sentier des chèvres, ardu, tortueux, et ça grimpait bien lentement ; me voici pourtant déjà sur le versant en pente douce, dans la vague qui retombe ; j’ai basculé. C’est donc cela l’immensité. Et c’est mon talon qui fait ce bruit de galop ! Mes poumons se gonflent — quelle frégate je suis ! A moi le large, la haute mer, les horizons en cordillères. »
Eh bien, qu’on fasse l’expérience de lire ce texte — où s’esquissent, soit dit en passant, un art d’écrire et un art de lire fondés sur la recherche de la bonne vitesse –, de deux façons successives : d’abord une lecture cursive silencieuse, non seulement de ce passage, mais aussi des pages qui le précèdent et qui le suivent ; puis une lecture à haute voix de ce seul passage, une lecture qui prenne son temps, qui prenne le temps de se laisser guider par la respiration du texte et, ainsi, tout naturellement, se l’approprie — et on verra la différence ! La vérité, la force de l’écriture chevillardienne ne se révèle vraiment qu’à la lecture orale. L’araignée-ennui meurt alors instantanément à chaque mot proféré ! Je viens d’employer l’expression lecture cursive : qu’est-ce qu’une lecture cursive sinon une lecture qui court, qui court trop vite, qui court la poste, là où il faudrait prendre tout son temps ? Or une lecture silencieuse tombe presque toujours dans ce défaut d’une vitesse trop grande. Peut-être faudrait-il toujours lire la littérature à haute voix, se la mettre en bouche, comme une truite aux amandes (ou un gratin de chou-fleur) ; dans certains cas, comme celui de ce livre, où les métaphores culinaires ont tant d’importance, cela s’impose à l’évidence.
J’ai lu dans les gazettes que le comédien Jean-François Balmer disait sur scène des textes du Voyage au bout de la nuit. Avant lui, Fabrice Lucchini s’y était déjà essayé. Je serais le dernier à méconnaître la prodigieuse oralité du texte célinien. Mais, mazette, quel manque d’imagination est donc celui de nos comédiens ! Hola, les diseurs ! Et Chevillard, alors? Qu’attendez-vous pour lancer la profération chevillarde aux quatre coins d ‘une scène et d’une salle !
Flaubert soumettait ses textes à l’épreuve de ce qu’il appelait son gueuloir. J’imagine aisément Chevillard soumettant à sa chérie, sur les rochers de l’île d’Yeu, dans le grand vent d’ouest, ses textes tout juste sortis de l’écritoire. A moins qu’il ne les improvise.
Improvisations inspirées d’un dragueur obstiné, au hasard des pérégrinations de la fourmi, au bonheur des mots…
Mots- fourmis , inventant à mesure le parcours zigzaguant d’un récit … fourmillant… Qui sait où ils nous conduiront ? Qui rencontrerons-nous chemin faisant ? Une fille charmante ? Un tamanoir (ou fourmilier) égaré ? Une famille de gens du voyage au grand complet ? Un petit garçon nommé Charlie ? peut-être même une seconde fourmi, allez savoir…
Les romans d’Eric Chevillard sont des contes pour adultes (et pour enfants). Ce ne sont pas des contes fantastiques . Ce sont des contes merveilleux. Plutôt façon Lewis Carroll que Perrault. En témoigne la singulière et imparable logique à laquelle ils obéissent. Pour se laisser prendre à leur charme , une condition est requise : que le lecteur joue le jeu. Qu’il y croie. Mais dur comme fer. Comme les petits enfants croient aux histoires que leur raconte leur maman le soir pour les endormir. Si les enfants croient aux histoires qu’on leur raconte, pourquoi un adulte n’accepterait-il pas de croire aux histoires à dormir debout que lui raconte Chevillard, au moins pendant le temps qu’il les lui raconte ?
Cette condition est une condition sine qua non . La pire façon de lire un roman de Chevillard, en particulier celui-ci, c’est de ménager, au long de la lecture, entre l’histoire et soi, une distance amusée . La distance de celui qui ne s ‘en laisse pas conter , justement. D’accord, les histoires rigolotes, c’est bien gentil, mais moi, ce que je veux, c’est du solide, du consistant, des espèces sonnantes, mais pas trébuchantes. De la pensée. De la profondeur. Une vision du monde, si possible.
Cette façon de lire euthanasie le plaisir et le profit à lire Chevillard. Il faut croire à ses histoires, il faut y croire tout de suite et à fond. Il faut croire à ses fourmis et à son tamanoir.
Plus facile à dire qu’à faire ? — Eh bien, pas du tout. C’est l’enfance de l’art de lire.
J’ai vécu douze années de bonheur dans la compagnie d’une chienne. C’était une des créatures les plus intelligentes et les plus exquises que j’ai connues. Parmi ses dons remarquables, elle possédait les trois allures du cheval : le pas, le trot et le galop. Quand, elle passait du pas au trot (le trot du cheval : patte avant gauche avec patte arrière droite, patte avant droite avec patte arrière gauche), cela se déclenchait instantanément dans sa colonne vertébrale ( on voyait très bien à quel endroit précis). Eh bien, le passage d’une lecture standard « adulte » ( lecture distanciée, j’attends de voir, on ne me la fait pas) à la lecture « naïve » de l’enfant qui croit au conte qu’on lui fait, c’est la même chose ; c’est instantané, il suffit de le décider. L’effet est sidérant : la réception du texte change du tout au tout, ce qui vous ennuyait l’instant d’avant vous captive, ça marche, l’appareil marche, vous marchez, vous avancez, et au trot. Il y a comme un effet d’inversion instantanée du réel (littéraire). D’ailleurs, il devrait y avoir profit à essayer l’effet inverse sur ce que nous sommes habitués à considérer sans trop de preuves comme la réalité. Prenons l’exemple de la performance de Bernard Tapie, hier soir aux infos d’Antenne 2 : au lieu d’admettre sans autre forme de procès qu’on nous donne là le spectacle de la réalité, d’un individu « réel », prenons le parti, dans l’instant et sans couper les cheveux en quatre, d’y voir les gesticulations d’une marionnette de guignol, et pas autre chose. C’est d’ailleurs le principe de la célèbre émission des Guignols de l’info, mais cette fois, aucune opération de mise à distance ironique n’a lieu, j’ai tout de suite une marionnette de guignol et rien d’autre. Je crois inutile d’insister sur la valeur hygiénique d’un tel parti-pris.
Lire Chevillard nous fait prendre conscience de ce qu’il y a d’arbitraire dans nos formes d’aperception du réel les plus courantes. Chevillard manipule le réel à sa façon, c’est une affaire entendue, mais, à tout prendre, il le manipule de façon beaucoup plus sympathique et intelligente que beaucoup d’autres, les publicitaires, par exemple, ces fabricateurs d’un réel en toc que dénonce, justement, un passage brillant de L’Auteur et moi :
» Des publicités radiophoniques nous parvenaient de l’intérieur du café ; d’autres étaient placardées sur les bus dont les abris étaient plutôt des pièges pires encore. Toutes étaient aussi bêtes. Toutes étaient stupides . Stupides et grotesques, et accablantes. Elles dévoyaient les images du bonheur ; les femmes étaient des appâts, la fausse subtilité des slogans abêtissait nos esprits, notre intelligence nous faisait soudain honte ; la langue des sentiments et de la poésie s’y trouvait constamment humiliée. Cependant, la chose était admise, tenue pour normale et ne révoltait que quelques fâcheux qui refusaient de comprendre que le commerce demeurait l’unique ciment de la société, la dernière raison de se parler. »
» A tout prendre « , ai-je écrit ? Au vrai, l’écriture que pratique Eric Chevillard est une protestation et un acte de résistance permanent contre toutes les formes de réduction abêtissante du réel .
Bon…. soit…. Ne nous installons pas trop avant l’heure dans la posture du ravi de la crèche. J’en étais resté là de mes réflexions et , bien calé sous la couette, le nez au bord juste émergeant, j’avais repris ma lecture de L’Auteur et moi. J’en étais à la page 249 . Juste après des considérations (de l’auteur) sur les méfaits de l’ironie en littérature ( considérations qui m’allaient d’autant plus droit au coeur qu’elles me semblaient confirmer mes intuitions), le personnage, quant à lui, venait de renouer avec son horreur obsessionnelle du gratin de chou-fleur . C’est alors que je me surpris à penser (et presque à proférer) un : » Il commence à nous les briser menues, celui-là, avec son gratin de chou-fleur ! » . Puis l’instant d’après, mes mains tenant toujours ferme le livre, mes yeux se fermèrent et je m’entendis distinctement ronfler ! Je rouvris les yeux, juste pour tomber sur un passage où l’auteur semblait s’excuser, avec une sincérité suspecte, mais avec un réel brio, d’avoir imposé à son lecteur un aussi misérable sujet et de torturantes contorsions herméneutiques (c’est comme ça qu’on dit ?) vouées, de toute façon, à ne pas dépasser le stade de l’hypothèse invérifiable. » Il finira bien par s’en sortir, le bougre », me dis-je. » Du reste, il n’est plus qu’à cinquante pages de la fin, c’est pas la mer à boire. ». Pour lui, peut-être, mais moi, dans ma petite barque, tantôt dans le creux de la vague et tantôt sur sa crête, je ne sais toujours pas si je dois crier à l’escroquerie ou remercier l’auteur de m’avoir au moins distrait quelques heures, ce qui est déjà beaucoup quand on se sait sous la permanente menace de l’araignée-ennui. A ce propos, c’est curieux que dans ses Pensées, Pascal n’ait pas songé à clouer au pilori la lecture comme une des formes les plus pernicieuses (parce qu’apparemment si innocente, n’est-ce pas) du divertissement . Essayons voir :
» D’où vient que cet homme, qui a perdu depuis peu de mois son fils unique, et qui accablé de procès et de querelles, était ce matin si troublé, n’y pense plus maintenant ? Ne vous en étonnez point : il est tout occupé à voir par où passera cette fourmi, ce qu’il adviendra de ce gratin de chou-fleur que son imagination poursuit avec tant d’ardeur depuis six heures « . A chacun son divertissement : j’ai toujours préféré, quant à moi, la lecture à la chasse ; à moins que la lecture ne soit une forme de chasse…
Faute sans doute de ne pas avoir trouvé les mots pour ne pas le dire, le personnage de ce livre n’échappera pas au gratin de chou-fleur. Et pour avoir trop cru aux mots, le lecteur l’accompagnera jusqu’au bout.
Sur le point de conclure, je dois tout de même l’avouer : j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre, et à y rester. Voici pourquoi :
J’aime le gratin de chou-fleur. J’adore le gratin de chou-fleur. Nappé d’une épaisse, onctueuse, béchamel, sous sa croûte dorée, ah quel fumet ! Ô que ma bouche aime à s’emplir de ce crémeux ragoût !
Eric Chevillard, « L’auteur et moi » ( Editions de Minuit )
@Jacques Barozzi.
Jacques, je vous ai écouté cet après-midi. Vous avez une voix onctueuse, une superbe voix d’évêque.
Onésiphore de Prébois dit: 30 janvier 2014 à 22 h 46 min
John Brown, Ton texte, c’est un emplâtre ou juste un gros pansement?
Pierre Assouline, envisagez-vous de fermer « le robinet à parlotes »? Ce genre de phrase est souvent chez vous prémonitoire.
La chaussure faut pas sortir de l’X. c’est pour écraser l’ennemi, pour bien qu’il comprenne…
Le style, c »est bien gentil, seulement plus il est typé, plus il lasse vite…
…
…Onésiphore de Prébois,…à 22 h 46 mn,…
…
…vous n’avez rien à faire!,…
…
…au Tibet,…
…les prêtres qui passent dans un couloir,…
…avec des rangées de rouleaux en bois tout au long de leurs marches;…
…lèvent la main, et font tourner ces rouleaux sur leurs axes d’un geste,…comme une raclée,…de voeux,…
…vous déboutés sur l’attention générale à vous débiter en écritures,…
…en rouleau du Tibet,…
…succinct,…c’est pas de l’Harry Potter à succès!,…
…encore, une couche de votre fromage d’écrits – moisi!,…là,…Tibête-moi le nombrilisme!,…
…Ah,…Ah,…Bip,…Bip,…bonds-services!,…etc,…
…
Les meilleurs inventaires, c’est Ferdine : y a qu’à voir les brics-à-bracs chez Sosthène de Rodiencourt et Courtial des Pereires…
le photographie recouvre le monde
ce qui ne facilite pas la tache des photographes
l’ennui et l’imbécillité ont empreints et confondu leurs traits
des rabat-joie. .
Sergio dit: 30 janvier 2014 à 23 h 23 min
Très juste.
« Quand à son style, il est si grand qu’on ne s’aperçoit pas qu’il en a un ».
Qui a dit cela et de qui???
Mystère…
Marcel, mon bon, ne couvre-pas ton beau visage de ce masque d’aigreur. Ou alors, quand tu t’en pares, cache-toi…
fait un chant des plus sombre (j’aurais mis un s à sombre ?)
Fermeture du robinet à parlotes.
A bientôt,
Je ne connais, ni ne connaîtrais l’un et l’autre (Jamais lu).
Mais Cavanna n’était certes pas moche !.
Ferdine survit avec un style coruscant pendant, donc, une bonne dizaine d’ouvrages. Seulement il faut voir à quel point ses manuscrits étaient raturés. A partir du moment où l’on s’imite soi-même, eh bien on est mort. On peut penser par exemple à Bernard Buffet, au moins controversé. S’imiter soi-même, c’est ne plus se modifier. Et alors dans l’écriture plate évidemment il appert y a pas tous ces problèmes. Mais là l’ennui c’est qu’il faut une charpente, sinon il n’y a vraiment plus rien, ou alors l’écriture n’était pas si plate que ça.
Le chat dit: 30 janvier 2014 à 23 h 52 min
@ Phil dit: 30 janvier 2014 à 18 h 30 min
Possible que E.Junger ne connaissait que la coupe, celle où on battait le champagne avec une cuillère en argent pour éliminer les bulles.
Les flutes sont à la mode actuellement, mais j’ai encore quatre coupes en cristal héritées de mes aïeux, et c’est une autre façon de boire le champagne (sans le battre toutefois).
dictionnaire enamouré
Triolet neurasténique
Je tourne en rond comme un poisson
Dans sa prison bocalisée.
Sans avenir et sans saison,
Je tourne en rond comme un poisson.
Hélas pour moi, c’est ma rançon,
Ma vie est minéralisée.
Je tourne en rond comme un poisson
Dans sa prison bocalisée.
Jean Calbrix, le 31/01/14
…
…un tableau pareil,…même aux puces on n’en trouve plus,…
…style,…ou genre,…Le Douanier Rousseau,…
…etc,…
Le Douanier est nettement meilleur.
…
…bon,…celui-ci,…fait déjà enseigne de café,…de loin,…à 40 m,…presque un sigle de pub!,…
…le Douanier,…y met de la végétation,…et des feuilles en veut tu en voilà,…un descriptif d’enfantillage,…
…même Picasso y est tomber,…avec son sucre à la cannelle » cubiste « ,…dégénérer,…
…en opposition et contraste au style vivant de » fauve « ,…
…
…le plus difficile,…c’est la mode & le style,… » graphiste « ,…à Henry de Toulouse-Lautrec,…
…
…dans cette approche de » style café « ,…etc,…
…
Les princes Eric et Jacques attendront. Peut-être longtemps, à la réflexion… Cap à l’Est ! Encore sous l’émotion suscitée par l’excellent » Cette France qu’on oublie d’aimer » du Roi de Sibérie Andreï Makine, attaquons dès aujourd’hui le « Sigmaringen » de l’Empereur Pierre de Goncourt. Les priorités, ça existe. En littérature comme ailleurs.
Non Chaloux, je n’ai pas l’intention de fermer le robinet à parlotes !
Chaloux, une voix onctueuse, je vois bien à quoi ça correspond, mais qu’entendez-vous exactement par une voix d’évêque ?
Vous êtes nettement plus intéressant quand vous nous proposez vos impressions de lectures en place de vos éructations humorales.
Au-delà de Marcel Proust, le court portrait du sulfureux Maurice Sachs est empreint d’un certain humour propre aux gay. Un certain esprit vachard que les homos réservent prioritairement à d’autres homos plus en vue : Jean Lorrain, Proust, Cocteau, Montherlant, Mauriac, Angelo Rinaldi, Renaud Camus, Phil…
La RDL sans son « robinet à parlotes », serait triste comme un jour sans pain !
Lire, écrire, compter, instruire : voilà le travail de l’Ecole républicaine, souvent en échec dans ces domaines essentiels. L’Ecole n’a pas à se mêler d’éducation. L’éducation, c’est l’affaire des parents.
Jacques, une voix paisible, pour ainsi dire pastorale.
Pour le reste, je suis en partie de votre avis. C’est un grand tort de répondre trop souvent, et bien souvent je ne fais que répondre. « D’éructations humorales », je ne crois pas, -je suis d’humeur plutôt égale-, mais ceux que vous jugez « créatifs » sont souvent de grands pourvoyeurs d’énormités. Pourquoi ne pas le leur dire? Ensuite, évidemment, ça déborde. Et ce qu’on applique aux autres, il faut savoir accepter de se le voir appliqué. C’est ce que j’ai essayé de faire sentir sans le moindre succès à John Brown, à propos de l’écrivain qu’il calomniait – la calomnie créative, je ne suis pas convaincu. Mais je trouve que vous sous-estimez un peu la portée des combats. Ces échanges parfois guerriers sont une grande chance d’explorer toutes sortes de modèles et de voies rhétoriques. Tout est langage et parfois ça peut aller assez loin.
Batailler c’est aussi apprendre.
Bonne journée à vous.
Image du fo-q le raté de pécul rentrant de l’école :
http://education.devenir.free.fr/images/charb.gif
¨Perso, j’adore Chevillard. Je viens de finir l’auteur et moi, je vais enchaîner sur l’autofictif ; quel autre auteur a pu entraîner une bande de zigotos dans une aventure comme celle des « 807 » (la regrettée Lavande en fut…)? Je crois d’ailleurs que, souterrainement, l’aventure des 807 continue ailleurs…
Tous les matins, quand j’ouvre l’ordinateur, mon premier clic est pour l’autofictif. J’ai à chaque fois l’impression d’entrer dans le café du coin, de m’accouder au zinc, de renifler avec reconnaissance une odeur mêlée d’humanité et de courtoisie, et d’échanger quelques phrases souriantes avec l’habitué des lieux. En trempant mon croissant dans un petit noir, évidemment. C’est dire que je ne saurai me passer de l’autofictif,habitude quotidienne qui vaut presque horoscope de la journée : quand Chevillard est mélancolique, le gris de ses phrases envahit ma petite rue. Quand il est gai, ou facétieux (ah ! ce « il se prend râteau sur râteau. Ce matin encore, il a refusé de se masturber » ), c’est mon premier sourire de la journée…
Jacques-A Bertrand, je l’écoute chez les Papous dans la tête (en me demandant bien pourquoi Françoise Treussard n’inclut pas dans sa bande Eric Chevillard, et en soupçonnant ce dernier d’être trop timide pour répondre à une invitation qui, d’après moi, lui a d’ores et déjà été lancée). C’est, avec Eva Almassy, l’un des plus fins experts litttéraires des DLA et autres jeux qui demandent un sens du style permettant de repérer les pastiches des uns, les vraies citations des autres. Jeux délicieux et cruels à la fois.
Bertrand, Chevillard, Assouline. Quel tiercé pour commencer cette journée. C’est horrible : je m’y sens déjà comme chez moi, ahaha.
Il y a une faute de frappe dans l’article « il tient que le photographie »; « la » photographie ?
Il y a aussi une allusion que mon ignorance me rend fort obscure : pourquoi être édité chez Minuit « ne manque pas de piquant » quand on combat les styles neutres ? Je présume que Minuit a dû se faire une spécialité des écritures dépouillées, mais j’aimerais bien en savoir plus. Quels auteurs ? Comment cette ligne éditoriale s’est-elle constituée ? Et pourquoi Eric Chevillard bénéficie-t-il, s’il n’est pas conforme, d’une dérogation ?
Aîe. Plus aucune intervention depuis mes deux dernies com’. Aurais-je déclenché, sans le savoir, un maêlstrom trollesque sur ce blog ? S’il en est ainsi, Pierre Assouline, je vous en prie, supprimez mes petites considérations, si celles-ci provoquent (j’ai du mal à comprendre pourquoi, mais passons) de la haine. Effacez tout, si mes craintes sont justifiées ! Je m’en voudrais d’ épuiser les modérateurs de votre République.
Mais j’espère cependant me tromper, nom de dlà.
…
…en cette saison délié les noeuds,…revenez au printemps,…
…à moins, que vous êtes habituée aux Lafayette,…
…import export, me direz-vous,…
…cabines d’essayages of course,…
…la Napoléon,…dite 33,…
…Armande,…une cliente pour vous!,…j’accourt pour la guêpière,…
…etc,…
Ouf, merci San Angelo Giovanni !
On n’y sent pas l’encouragement à la violence. Il tient que la chaussure fut d’abord inventée pour dissimuler le pied, ce qui se discute
lassouline encourage que c’est pour les pied au cul à celui qui le discute
…
…les courgettes, c’est au carrefours des liens,…ici,…ce sont des concombres de longue date,…Ah,…vous connaissez,…vous faite prim’heure aussi!,…
…
En fait, Chaloux, je n’aime pas les disputes sans fin qui prennent le pas sur tout le reste, traumatisé que je demeure depuis ma prime enfance, quand mon père et ma mère s’affrontaient régulièrement, jusqu’à la mort de l’un des deux combattants. D’autant plus douloureux que je les adorais tous les deux, qui s’étaient aimé, avaient fait des enfants mais n’étaient pas faits visiblement pour vivre ensemble !
Pourtant, malgré une enfance difficile, singulière, contrairement au jeune Eddie Bellegueule, je ne garde que de bons souvenirs de ce temps-là…
j’accourt pour la guêpière
pour la robe pintade de mémère on a des cors aux pieds c’est certain
nonon clopine, une belle âme viendra sûrement discourir sur l’esprit des éditions de minuit.
Baroz, en allemand vous diriez avoir une préférence pour les archevêques. Un air de Jean Lorain chez le moustachu assis de face et d’une fesse.
Quelque chose de l’anti-Job en lui
ha que ténéssi il a plus de place lassouline
« pour la robe pintade de mémère on a des cors aux pieds c’est certain »
Pas quand c’est la Magnani qui l’ote et apparait divinement moulée dans une combinaison en nylon, le boug…
« L’Être humain, à l’exemple de l’automobile et de la bicyclette, réclame des contrôles techniques réguliers »
ha serrer les boulons de la blonde a forte poitrine sur le pont lassouline..
c’est ainsi que Chevillard n’est pas le plus petit
..toujours affirmer qu’on a la plus grosse lassouline..c’est une espèce de nord dont faut jamais dévier
guépière c’est pas le féminin de gay pied baroz
« la littérature (…) il la divise en deux catégories : celle qui délaye et celle qui condense. »
Entre le pavé de Yann Moix et les maigres aphorismes de Chevillard, Passou est servi pour nous exécuter son fameux pas de côté !
« Il tient que la chaussure fut d’abord inventée pour dissimuler le pied, ce qui se discute »
Une expérience vite faite : marcher pieds nus par -10…
elle préférait les émotions aux paysages
cent myards d’artiss ont dit ça, gueuteu qu’il fallait les voir comme des genres d’émotions de dieu. civet natura
Une expérience vite faite : marcher pieds nus par -10…
t’as baclé rénato..faut la rfaire
« Il tient que la chaussure fut d’abord inventée pour dissimuler le pied »
Et que dire alors de la culotte ?
« Bal tragique à Charlie-Hebdo : 1 mort. François Cavanna, 90 ans. »
Vengeance refroidie du gaulliste Passou ?
c’est quoi l’rapport avec apolinaire
Vengeance refroidie du gaulliste Passou ?
lassouline laisra lsoin à personne d’écrire sa nécro
Et que dire alors de la culotte ?
la femme heureuse n’en a pas
Je me fais un aphorisme tout les matins ! Rien n’est plus facile, je pose mon cul, j’ouvre en grand la bonde à aphorismes et j’en sors un bel et bon, moulé-choisi : Rabelais, Nietzsche, Montaigne, La Rochefoucauld, Cioran, Vauvenargues, Chamfort, Rivarol, Lichtenberg, Wilde, Scutenaire … L’embarras du choix. Comme dit l’autre Bruyère, à destination du tout petit Chevillard : « Tout a été dit, et l’on vient trop tard, depuis sept mille ans qu’il y a des hommes, et qui pensent. »
« Tous les étés de mon enfance, j’ai pêché la gardèche et le goujon sur le barrage de pierres de la Briance, en Limousin, au fond du jardin de mes grands-parents. J’ai encore dans le nez l’odeur de la rivière, je revois chacune des grosses pierres où nous assurions notre équilibre, mon cousin Nicolas et moi. Et pourtant, ma mémoire me trahit douloureusement. Car si je me souviens que des demoiselles – ces belles libellules bleues – tournaient autour de nos bouchons et parfois même se posaient dessus, je ne me rappelle aucune d’elles en particulier. » Eric Chevillard
Quelqu’un qui a péché la gardèche et le goujon frétillant sur l’Isle, la Loue, l’Auvézère vous dit que Chevillard est un grand écrivain !
Malheureusement, le goujon a disparu du Limousin. Les pommes du Limousin que les Parigots et écolos patentés veulent sans aucun cussou, sont noyées sous la chimie tueuse qui finit dans les rivières. Le goujon exige une eau de qualité !
Il me reste Chevillard que je lis chaque matin.
Aredius, Président de l’association unipersonnelle des amateurs de goujons
les courgettes, c’est au carrefours des liens,…ici,…ce sont des concombres de longue date
le philactère en pensée à charlotte.. »les concombres sont des courgettes de longue date »
Malheureusement, le goujon a disparu du Limousin.
pas l’écrivain..et tu t’en souviens de plein en particulier
…
…des gestes furtifs,…une cleptomane,…
…
…Non,…c’est Thérèse du Saint’Esprit,…
…
…Hier, cinq fois qu’elle s’est fait contrôlée,…
…le personnel ne rechigne pas à la tache,…épuisé,…
…Si, vous êtes nouveau,…elle a un petit studio,…vous serez gâtez de surprise,…elle est très gay’s,…
…Ah,…vous dites,…sous tutelle hollandaise,…
…Oui!,…elle sait pousser le bouchon très, très loin,…Non,…on dirait pas comme cela,…
…tenez là,…vous avez vu,…l’autre, elle passe sans contrôle,…Ah,…çà,…une perte sèche!,…après les 70,…la maison ne se prend pas des risques d’arrêts cardiaques du personnel,…rien vu,…
…par contre, les jeunes,…toujours bien vérifier,…des saintes nitouches!,…la maison ne connait pas!,…Ah!,…of course!,…
…Non,…attend ses 16 ans,…etc,…
…
Je présume que Minuit a dû se faire une spécialité des écritures dépouillées, mais j’aimerais bien en savoir plus. Quels auteurs ? Comment cette ligne éditoriale s’est-elle constituée ? (L’Honneur perdu…)
Clopine, les éditions de Minuit ne se sont nullement fait une spécialité des écritures dépouillées. Minuit, c’est Samuel Beckett, c’est Robert Pinget, c’est Claude Simon, c’est Marguerite Duras, c’est la jeune Marie Ndiaye,; leurs écritures ne sont pas spécialement « dépouillées et l’allusion d’Assouline à la célèbre couverture blanche et bleue prête en effet à confusion. Chevillard n’est nullement une exception dans la maison, au contraire.
Exemple « d’écriture blanche » selon saint Passou :
« Comme si quelque chose de plus que l’été
n’en finissait pas d’agoniser dans l’étouffante
immobilité de l’air où semblait toujours flotter
ce voile en suspension qu’aucun souffle d’air ne chassait,
s’affalant lentement, recouvrant d’un uniforme linceul
les lauriers touffus, les gazons brûlés par le soleil,
les iris fanés et le bassin d’eau croupie sous
une impalpable couche de cendres,
l’impalpable et protecteur brouillard de la mémoire. »
CLAUDE SIMON – « Le Tramway », éditions de Minuit.
…style,…ou genre,…Le Douanier Rousseau,…G.S.A.
Où ça?
Plutôt à la De Chirico….Les hommes qui pensent…
Il y a même une préfiguration de G. Morandi avec les tasses et la bouteille.
Excellent tableau, merci Passou!
Avez-vous dit blanche ?
« Ce furent d’abord de longues suites de jours chauds qui se traînaient au dehors, de l’autre côté des volets fermés et, le soir, lorsqu’on pouvait enfin ouvrir les fenêtres, il regardait le ciel décoloré verdir lentement au-dessus des toits, se faner, évanescent, diaphane, jusqu’à ce que les premières étoiles se missent à briller et, plus tard, c’était la forme géométrique d’une constellation qui se déplaçait insensiblement, lointaine, majestueuse et glacée, dans le cadre de la fenêtre, pendant les heures de la nuit, tandis qu’il pensait avec une sorte de désespoir paisible, d’indifférent dégoût, à cette morsure sanglante et pourrie, près de l’épaule, à l’intérieur de son corps étendu.
Plus tard il y eut de calmes ciels nuageux, d’apaisantes pluies qu’il regardait rebondir sur les toits de tuiles, s’égouttant des chéneaux crevés sur les pavés de la cour. Et puis d’autres matins où le ciel lavé faisait penser aux prés, aux bois, aux vertes et lentes rivières, d’autres crépuscules se teintant peu à peu de rose, tombant chaque jour un peu plus tôt, à mesure que le somptueux été tirait son ventre lourd au-dessus des plaines, des collines, des mers parcourues de bateaux, des villes peuplées de femmes et d’hommes qui chaque jour marchaient dans les rues lumineuses, allaient, venaient, sur leurs jambes légères et royales, portant leurs corps verticaux, leurs têtes ‑ les têtes, ces fragiles hochets pleins de tragiques, passionnants et dérisoires débats.
Et plus tard encore ce fut l’automne, avec de tardifs et furieux orages, des aubes déjà froides, et, toujours couché, toujours avec cette mort rougeâtre contenue mais vigilante au-dedans de lui, écoutant la nuit les sifflets lointains des trains, le jour les bruits multiples de la maison ‑ les insignifiants et merveilleux échos de vies insignifiantes et merveilleuses ‑ il lui semblait peu à peu devenir lui-même quelque chose d’impérissable, minéral et passif sur quoi le temps avait aussi pris l’habitude de glisser sans laisser de traces comme les ombres des nuages sur la surface de la terre, quelque chose qu’il était devenu, non pas tant par l’accumulation des jours d’immobilité, presque pétrifié dans cette position de gisant, qu’à la suite d’une brusque transformation, ou plutôt transmutation comme si toutes les parcelles de cette matière sans quoi n’existent ni pensée ni sens s’étaient orientées à la façon des mille regards d’une foule sur un nouveau, morbide et fascinant spectacle dans cette heure, après qu’il eut appris, le temps du crépuscule, pouvant se rappeler les marches tièdes du perron, les oiseaux se taisant peu à peu, le murmure confus des voix autour de lui, la lourde senteur des foins coupés et, sur le flanc du coteau, de l’autre côté du vallon, le tracteur presque invisible se hâtant, luttant de vitesse avec la nuit, rognant à chaque passage les bords du triangle de blé qui semblait se rétracter peu à peu comme corrodé, comme rongé par un bourdonnant, obstiné et vorace insecte, tandis que lui, assis dans cette tiédeur mourante du jour, pensait :« maintenant, maintenant, maintenant mon vieux… » percevant avec une sorte d’avidité goulue, de navrante acuité, l’amère saveur d’un monde interdit, avec déjà dans la bouche comme un écoeurant avant-goût de ce flot qui, forçant sa gorge, le réveilla dans les ténèbres nocturnes, haletant, horrifié, regardant rougir à ses lèvres d’abord le mouchoir, puis un bol, puis la cuvette qu’elle lui porta, elle aussi horrifiée, le fixant de ses yeux agrandis cependant qu’entre deux hoquets, entre deux jaillissements de ce flux douceâtre, gluant, il se tenait là, assis, la cuvette emplie de sang sur les genoux, pensant toujours avec la même amère ironie, le même désespoir satisfait :« Maintenant mon vieux ! Maintenant hein ? Maintenant, maintenant… »
Puis ce fut fini et, dès lors, il passa dans l’envers de ce décor où semblaient vivre (il y avait vécu lui aussi, mais il y avait déjà si longtemps, ou si loin) les gens qui venaient dans sa chambre, avec leurs visages hâlés, leurs vêtements légers et clairs. Ils s’asseyaient, parlaient, compatissants, apitoyés, embarrassés, futiles. Ils vinrent aussi à la clinique, les femmes avec leurs robes multicolores, leurs bras nus et dorés, les hommes sans cravate, le col de leur chemise déboutonné, et il les voyait dans la pénombre tiède et verte, la glauque lumière d’aquarium que renvoyait le rideau des grands platanes perpétuellement bruissants de vent : les murs peints en vert aussi, le visage blafard de la nonne, les nuits au bout desquelles arrive tout de même le jour : les premiers vélos d’ouvriers avant l’aube et ensuite les balayeurs, la marchande de poisson ‑ la voix éraillée, sans timbre, lançant son cri :« La belle sardineu… le thon joliii… » ‑ et chaque fois (les écoutant, les épiant) l’envie, l’envie déchirante d’être le cycliste, le balayeur, le possesseur d’une de ces voix du dehors, d’être…
C’était une sorte de monde clos, bizarre, exclusif, avec ses relents de formol, de cuisine fade, ses couloirs aux linoléums silencieux, les froissements des lourdes jupes empesées, les horaires fixes, inexorables, qui ramenaient tous les matins le petit assistant myope avec son sourire obstiné, ses yeux bridés derrière les verres, son onctuosité d’ecclésiastique et, plus tard, précédé par un remue-ménage de portes claquées, de voix, d’ordres, le gros docteur traînant derrière lui, comme un potentat obèse, despotique, sa suite rituelle hiérarchisée. Et, arrêtés autour de son lit, ils le regardaient de leurs yeux de maquignons tandis que leurs lèvres prononçaient les paroles rituelles elles aussi, de rituelles plaisanteries, sur ce ton distrait et las que l’on emploie pour parler aux enfants et aux idiots, sans cesser de l’observer, de le guetter (leurs regards comme séparés des paroles, à l’abri des paroles plutôt, aux aguets, calculateurs, aigus, comme ceux de paysans sur le qui-vive, habitués aux ruses des marchands, aux tromperies de la maladie, évaluant, estimant).
Souvent, par la suite, il devait lui arriver de se revoir dans la salle d’opération, au centre de cette pièce qui était elle-même comme le centre, la raison d’être de cet agencement de couloirs caoutchoutés, d’escaliers, de chambres aux portes numérotées, de parois de verre dépolis au travers desquelles se dessinaient de vagues formes blanches allongées : un antre obscur et vide, à l’exception, sous l’éclairage violent du projecteur, de cette espèce de trône barbare où l’on accédait par des marches et sur lequel il était assis, demi-nu, dans le ruissellement de lumière, grotesque et royal, cependant qu’autour de lui s’affairaient silencieusement les aides, officiants attentifs de quelque culte secret et clandestin, qui l’entouraient de bandelettes, le revêtaient de linges immaculés percés d’ouvertures postulant sang et acier, l’acier aiguisé des instruments dont il entendait dans son dos sur la table où on les disposait le cliquetis métalliques, cruel et froid. Puis (mais cela il ne pouvait que se le rappeler, pas le sentir de nouveau, pas le connaître, parce que personne ne peut imaginer ‑ qu’il les ait éprouvées ou non ‑ la souffrance et la peur) à mesure que mordaient dans sa chair les choses acérées ‑ des insectes aux dards aigus, précis, diligents ‑ cette descente moite et lente, ce néant aveugle, où il lui semblait s’enfoncer par degrés, se dissoudre, écartelé, pendu à ce bras attaché là-haut au-dessus de lui, sentant sourdre de son corps, courir sur sa peau en écheveaux multiples les rigoles de sueur, puis ce feu précis le fouaillant, insistant, implacable et, tout à coup, balayant les gémissements, le cri qu’il entendit sortir de lui, le surprenant, furieux, impuissant, humilié, scandalisé…
Dehors, c’était la lumière déclinante d’un soir d’été, le glissement d’une voile sur le fleuve, des barques aux avirons clignotants et, de son lit, quand ils l’eurent remonté, assis tout droit, raide, exténué, il pouvait voir, à travers le rideau bruissant des grands platanes, les corps nus des gamins courant le long de la berge, se poursuivant, plongeant, et quand les ombres commencèrent à s’allonger (tandis que la pénombre verdâtre s’épaississait et que dans la glace de l’armoire en face de lui il ne distinguait plus qu’avec peine son fantôme blafard), sautillant d’une façon comique derrière les buissons, embarrassés de leurs vêtements, l’éternel retardataire courant, à demi-rhabillé, à la traîne des autres.
Mais maintenant il n’y avait certainement plus de voiles, ni de canoës, ni de gamins et, là aussi, la pluie devait tomber sur les berges désertes, comme elle s’était mise à tomber depuis le milieu d’octobre, tous les jours, presque sans discontinuer, sur les cheminées, les toits luisants dans l’encadrement de la fenêtre. Elle s’arrêtait parfois une heure ou deux, puis se remettait à tomber, sans bruit, légère, et il pouvait voir les tuiles à peine sèches se vernir peu à peu, refléter de nouveau le ciel livide et morne.
C’étaient toujours les mêmes façades, les mêmes toits, et si par hasard il était mort, ils seraient là encore, et sans doute n’y avait-il que cela et rien de plus : les chaussures et les gants d’enfant passés au blanc d’Espagne séchant sur l’appui de la fenêtre d’en face, les matins des dimanches d’août et, le soir, les deux soeurs boulottes qui rentraient tard de quelque cinéma ou de quelque bal de quartier : les fenêtres allumées, le placard de lumière brusquement projeté au mur de la chambre d’où, toujours étendu, sans pouvoir dormir, il les voyait passer et repasser en allées et venues silencieuses, se dévêtant peu à peu (leurs épaules et leurs bras laiteux hors des combinaisons noires), absorbées dans d’incompréhensibles et nocturnes occupations. Et ainsi, jour après jour, condamné à rester là couché à la même place, avec cette mort qu’on entourait d’attentives précautions tapie à l’intérieur de lui, il pouvait, à travers les deux fenêtres de la grande façade blanche, regarder se dérouler cette pantomime muette, énigmatique (il y avait toute une famille qui semblait vivre dans les deux pièces, et sans doute peu aisée car les volets n’étaient restés fermés qu’une semaine, vers le quinze août, après quoi il les avait de nouveau revus : les deux soeurs, le frère qui brossait longuement son veston avant de sortir, la mère énorme, la petite qui restait des heures penchée à la fenêtre à regarder dans la cour), pouvant voir comme à travers des déchirures, des fibres d’existences antérieures, des morceaux de sa propre vie où il se regardait de la même façon dont il regardait se mouvoir ces silhouettes familières et inconnues accaparées par une vie de fourmis. Des déchirures. Comme ces blessures qu’exhibaient, ridicules et pitoyables, au passage des généraux vainqueurs, les vieux soldats dénudant leurs peaux blanchies : des souvenirs, de blêmes cicatrices sur le fond décoloré du temps. »
« La biographe de Susan Sontag ne compulse pas que ses archives : elle fouille dans son ordinateur et ses courriels. » (A twit’vitesse)
La sentez-vous serrer, lentement mais sûrement, cette pogne hyperpuissante du Robot Numérique, une arme policière absolue qui vous brisera totalement dans quelques années… ?
Je constate que monsieur Assouline ne corrige plus les fautes de frappe que l’on lui signale :
– le photographie recouvre le monde
– ce qui ne facilite pas la tache des photographes (en effet ça fait tâche)
-l’ennui et l’imbécillité ont empreints et confondu leurs traits (en fait une faute à Chevillard ?)
-des rabat-joie.. (un point surnuméraire)
-fait un chant des plus sombre (j’aurais mis un s à sombre ?)
J’ai pourtant passé la moitié de ma nuit à les traquer.
Mais peut-être est-ce un nouveau genre déjà promu ici par Bouguereau, Giovanni…
Un bel exemple d’écrivain qui délaye, selon saint Chevillard, renato ?
Il me semble ne pas avoir posé un énigme, Jacques…
Et même plus…
Un bel exemple d’écrivain qui délaye, selon Saint Chevillard, renato ?
Voyons ! Un petit effort… Le texte (Cendre) mis en ligne à 11 h 06 min fut publié par la Revue de Paris le mois de mars 1959…
Jacques de 10 : 31 qui m’avez fait bien rire, je pense que la culotte a été inventée pour cacher le cheval. Comme l’arbre et la forêt…
Renato, il est épais comme un Paris-Brest, votre texte, là. Il faut prendre sa respiration avant d’entrer dedans, sans avoir peur de ne pouvoir en sortir ! Bon, un nom : Claude Simon ?
Julie Gayet, meilleur second rôle (!) aux Césars, viendrait d’obtenir le Brutus françois, par faveur spéciale…
Le talent de Chevillard est tellement évident, qu’il dérange les nuls, les impuissants, les constipés de la feuille blanche. C’est étrange comment il excite les envieux, même quand ils sont bien plus connus que lui, comme Patrick Besson, lequel a pondu il y a quelques jours dans Le Point un texte imbécile intitulé « Contre Éric Chevillard » dans lequel il se foutait de la gueule de quatre admirateurs de Chevillard, sans se rendre compte qu’on peut faire la même chose avec lui et encore plus avec n’importe quel grand écrivain. Depuis quand un écrivain est responsable de ses admirateurs?
La réponse de Chevillard dans son blog:
« Démolir Nisard » appelait « Démolir Chevillard » comme le petit marteau du médecin le réflexe rotulien. C’est Frédéric Beigbeder qui avait alors docilement levé la patte. En publiant « Pour Eric Chevillard », mon éditeur se doutait bien qu’un fin dialecticien de cette sorte se fendrait d’un « Contre Eric Chevillard ». Nous nous demandions quelle marionnette à ressort sursauterait ce coup-ci, quel pantin serait mû par la si jolie ficelle : eh bien, c’est Patrick Besson qui lève les deux bras au ciel. Et qui remporte donc haut la main le prix Pavlov de la critique cette année ! »
Quelques aphorismes trouvés entre les derniers de l’Autofictif:
-Et si Mikhaïl Kalachnikov s’était appelé Mikhaïl Frimousse, Mikhaïl Poireau, Mikhaïl Chantilly, Mikhaïl Plume, Mikhaïl Waterman, Mikhaïl Tarzan, Mikhaïl Tintin, Mikhaïl Guevara, Mikhaïl Casanova, Mikhaïl Gavalda, Mikhaïl Mandela, Mikhaïl Figuemol ou Mikhaïl Zobdemouch, déplorerait-on autant de morts ?
-L’entrée des artistes se fait par la sortie de secours.
-Plus avide que la curiosité, je ne vois que la compassion.
-Il fait froid !… Vous êtes bronzé !… Vous avez un beau manteau vert !… La plupart de nos échanges quotidiens consistent à renseigner nos interlocuteurs sur ce qu’ils savaient déjà et à apprendre d’eux en retour ce que nous n’ignorions point.
-Je l’ai frappé avec ce que j’avais sous la main : mon poing.
-RESPECT, ce seul mot s’étalait à la Une du journal, mercredi, en lettres hautes de huit centimètres. Ah ça, me dis-je, un laboratoire aurait-il enfin mis au point le vaccin contre le sida ? Un milliardaire philanthrope répandu à la volée sa fortune sur les Philippines ? Un compositeur écrit la symphonie qui délivrera pour de bon nos âmes ? Un manchot sauvé avec les dents trois enfants de la noyade ? François Hollande entrepris le démantèlement de nos centrales nucléaires ? Non. Onze kékés multimillionnaires à peine sortis de l’adolescence, aux culottes et aux idées courtes, avaient poussé trois fois en 90 minutes un icosaèdre tronqué de 450 grammes entre deux poteaux blancs distants de plus de 7 mètres.
-Je la revois par hasard après trente années et je ne peux m’empêcher de penser qu’elle était plus jolie à l’époque. Ou bien, me dis-je, peut-être est-ce qu’elle me mentait…
-Il est entré dans un platane, puis dans un sapin.
-Franchement – au vu de leurs formes respectives –, on comprend mal ce qui empêche la poule de pondre directement le poussin.
-Hier matin, j’ai été réveillé par Pline l’Ancien. Je sais, c’est difficile à admettre. Tout le monde le croyait mort dans l’éruption du Vésuve en l’an 79. Or il a sonné à ma porte avec une vigueur intacte. Sa Pléiade ne rentrait pas dans la boîte.
-Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux premiers tomes de sa trilogie pour ne pas lire non plus le troisième.
-Mes livres étaient introuvables, j’ai dû me résoudre à les écrire.
-Mon écriture privilégie ces deux motifs : l’aphorisme et la digression. Et cependant, j’échoue misérablement à chaque fois que j’essaie de placer – ce serait ma grand œuvre – une digression dans un aphorisme.
Le talent de Chevillard est tellement nul, impuissant, constipé, qu’il enthousiasme les condamnés à la feuille blanche.
Si Chevillard n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Mikhaïl Chevillard, ça n’aurait pas été mal non plus.
La cheville ouvrière portée au plus haut de l’art.
Oui, Clopine, C. S.
Si vous vous emmerdez dans les salons, apportez votre Chevillard pour détendre l’atmosphère (Sacha Guitry).
Renato, qui te rends si hardi de troubler mon breuvage ?
…
…@,…néo vérisme,…à 11 h 03,…
…
…plutôt à la De Chirico,…les hommes qui pensent,…
…les chevaux à la De Chirico,…?
…et ses paysages de rue figée,…
…G.S.A.,…continuez!,…of course!,…
…
Que fait la modération ? Elle n’autorise que les types qui se baladent en marcel ?
c’est plutôt « Humoriste » qu’il aurait dû intituler ce chapitre car il s’intéresse à ceux qui en font profession, et dont chacun sait qu’ils sont, en fait, des rabat-joie. .
Eh bien non, justement, on ne sait pas. C’est un peu trop facile d’étayer une assertion hasardeuse d’un « chacun sait » désinvolte. Qu’est-ce au juste que la « profession » d’humoriste ? Devos ou Desproges étaient-ils ou non des « professionnels » de l’humour ? et Lichtenberg ? Et Alphonse Allais ? Si oui, en quoi étaient-ils des « rabat-joie ? Il n’y a rien sous ces trois lignes d’Assouline, que du vent.
Une louve je vis sous l’antre d’un rocher
Allaitant le Besson : je vis à sa mamelle
Mignardement jouer cet être sans attelle,
Et d’un col allongé la louve le lécher.
Je la vis hors de là sa pâture chercher,
Et courant par les champs, d’une fureur nouvelle
Ensanglanter la dent et la patte cruelle
Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.
Je vis les chevillards descendre des montagnes
Qui bornent d’un côté les lombardes campagnes,
Et vis de cent épieux lui donner dans le flanc.
Je la vis de son long sur la plaine étendue,
Poussant mille sanglots, se vautrer en son sang,
Et dessus un vieux tronc la dépouille pendue.
Mais peut-être est-ce un nouveau genre déjà promu ici par Bouguereau, Giovanni…
t’es qu’un bourguemestre à la ramasse martchélo..
Chevillard, Bertrand, –> Poubelle
C’est un peu trop facile d’étayer une assertion hasardeuse d’un « chacun sait » désinvolte
c’est comme de mette les rieurs de son coté et te laisser pauvre chieur triste a tes dépends..c’est dla réthorique jean marron..chacun sait ça
Quelqu’un pour me parler du tableau ? Merci d’avance.
bouguereau dit: 31 janvier 2014 à 12 h 20 min
Mais peut-être est-ce un nouveau genre déjà promu ici par Bouguereau, Giovanni…
t’es qu’un bourguemestre à la ramasse martchélo..
Tu craches dans ta soupe, boug.
Bon, je ne le connais pas ce tableau, je dirais comme ça « Otto Dix », (au pif) mais j’aimerais bien qu’un connaisseur infirme ou confirme ?
Le talent de Chevillard est tellement nul, impuissant, constipé, qu’il enthousiasme les condamnés à la feuille blanche.
on peut toujours en faire une fusée l’envoyer dans l’noeil de la blonde a forte poitrine..
et pendant ce temps, Alice Munro attend toujours un petit mot sur son œuvre de la part de Passou, elle le mérite
L’honneur perdu de Clopina Trouille. dit: 31 janvier 2014 à 12 h 25 min
Quelqu’un pour me parler du tableau ? Merci d’avance.
Peindre un tableau, c’est faire perdurer ce qui n’a jamais existé.
Ce texte, me semble t-il renato, est repris dans « Le Tamway », l’un des plus beaux romans que j’aie lu ces derniers mois…
luS, pardon !
Renato, il est épais comme un Paris-Brest
c’est mieux qu’un sandwich sncf
J.Ch. dit: 31 janvier 2014 à 12 h 28 min
et pendant ce temps, Alice Munro attend toujours un petit mot sur son œuvre de la part de Passou, elle le mérite
Ce jour-là, ce sera Alice au pays des merveilles, ah ah ah !
Dites, quelle cruauté, le sonnet de Du Bellay. Autre chose que d’assommer un dindon, dites-moi. Pauvre louve…
Water Closer 31 janvier 2014 à 11 h 44 min
jicé ta gueule
luS, pardon !
comme si pour draguer marcel il suffisait pas de lui promettre un pack de kro
Clopine, l’énigme du tableau a été résolue dès le deuxième commentaire
http://evene.lefigaro.fr/culture/agenda/les-heures-chaudes-de-montparnasse-18572.php?photo=413083
@boug.
comme si pour draguer marcel il suffisait pas de lui promettre un pack de kro
Comme si, pour draguer Marcel, il ne suffisait pas de lui promettre un pack de Kro.
Vous êtes en progrès, élève Bouguereau. Quelques défauts encore au niveau de la négation, de la ponctuation et des majuscules. Allez, persévérez et vous assurerez ainsi votre passage en cinquième.
Quand Claude Simon a transmis le manuscrit du « Tramway » (2001) à son éditeur, Jérome Lindon, après l’avoir lu, lui a déclaré : « Il aurait fallu commencer par celui-là ! »
Premier roman éblouissant ou dernier roman flamboyant, Paul Edel ?
Non Chaloux, je n’ai pas l’intention de fermer le robinet à parlotes !
hurkurkurk lassouline..à moi dfaire le mariole : chte mets au défi.. »j’ai du mépris et j’ai d’l’autorité tant que je lexerce pas »
ziz bouts are méde for oualquingue et it jeust ouat zél do..sans déconner lassouline!
cheuloux est un âne..il ne comprend rien
robinet a parlotte…ueêêêrk..comme aurait fait reiser..mort bien avant cavanna son promoteur
Allez, persévérez et vous assurerez ainsi votre passage en cinquième.
un bon moment de ma vie marcel
J’y ai déjà répondu à Passou, le boug. Que serait son blog sans nos parlotes ? Bonjour tristesse !
D’ailleurs, ici, à part Clopine, qui va sur le blog à Chevillard ?
..alors baroz..est ce lui qu’il veut atteindre ? hahem..jaloux de clopine ? de cheuloux ? de chevillard..?
Les aphorismes à Chevillard, ça me rappelle ceux que l’on trouvait dans les chocolats en papillottes auxquels que l’on trouvait parmi les 13 desserts de Noël.
Autant lire Déproges !
barrer auxquels et lire Desproges !
Jaloux de toi et JC, pour régler son compte à Curiosa ?
en attendant maitre marcel..lassouline de tes reprises y’en à rien a péter..avant c’étoie ce genre de retour dont il était reconnaissant de son robinet..vdqs ?
Les aphorismes à Chevillard, ça me rappelle ceux que l’on trouvait dans les chocolats en papillottes auxquels que l’on trouvait parmi les 13 desserts de Noël.
avoue que c’est plein de commentaire en off…ha! pare celle là
non mine de rien lassouline clopine cheuloux et chevillard sont des modèles interressant de politique au commentaire de blog littéraire
..car enfin le blog de cheuloux exiss déjà..tout l’monde aura compris qu’il est de désir et putatif..comme le baptème..c’est cas maous d’importance
Suite de l’Etat spectacle.
« Julie Gayet a été nommée pour le César du meilleur second rôle féminin vendredi 31 janvier. L’actrice est sélectionnée pour Quai d’Orsay, film de Bertrand Tavernier dans lequel elle campe Valérie Dumontheil, la « conseillère Afrique » du ministre des affaires étrangères.
C’est Alain Terzian qui a dévoilé les nominations pour les César. Dans sa catégorie, Julie Gayet fait face à Géraldine Pailhas (Jeune et jolie), Adèle Haenel (Suzanne), Françoise Fabian (Les Garçons et Guillaume, à table) et Marisa Borini – qui est aussi la mère de Carla Bruni – (Un château en Italie). »
Moi qui ne la connaissais pas, je l’ai trouvée très convaincante dans Quai d’Orsay et elle tient toute sa place face à une pléiade d’acteurs de premier choix. Mais je dois avouer que j’ai trouvé que Marisa Borini était vraiment la révélation du Château en Italie…
D’ailleurs, ici, à part Clopine, qui va sur le blog à Chevillard ? (Jacques Barozzi)
Eh bien moi, et plus souvent qu’à mon tour.
Et de deux !
@ Boug. en attendant maitre marcel..lassouline de tes reprises y’en à rien a péter..avant c’étoie ce genre de retour dont il était reconnaissant de son robinet..vdqs ?
Tu m’en vois fort mari. La RDL serait-elle devenue une marie-salope ? En attendant Marie tourne, elle, sans ma ristourne.
Quant aux preuves de l’inexistence de Dieu, qu’il prétend être en mesure de produire publiquement, vous pouvez le croire sur parole ; je n’en dirais pas davantage afin de ne pas gâcher le suspense
Quelle suspense ! On se croirait dans Ridicule avec l’excellent Giraudeau.
Patience jâc b., Il va vous revenir en Sauveur qu’il est: le spectacle sera encore plus fabuleux que du temps de Son règne
Barozzi est prié de ne pas estropier le nom de Desproges.
Oah ils ont des bonnes bouilles, les deux-là…
@Clopine
Le tableau, comme précisé, est en effet l’oeuvre de Tullio Garbari. Il se trouve peut-être au Petit Palais à Genève. Quant au personnage qui nous fait face, il pourrait s’agir de Guillaume Appollinaire.
Jacques Barozzi dit: 31 janvier 2014 à 13 h 34 min
D’ailleurs, ici, à part Clopine, qui va sur le blog à Chevillard ?
Moi.
@A. N.
Il y a comme un doute que ce soit Apollinaire…
A ce que l’ on sait en 1916, il n’ avait encore jamais mis les pieds en France.
Peut-être un portrait imaginaire?
Cela serait limite vraisemblable.
Plutôt un de ses amis peintre futuriste à Milan?
( Mais cela a-t-il de l’ importance?)
Histoire de familiariser avec l’univers de Chevillard quelques anti-chevillardiens arc-boutés sur leur anti-chevillardisme, quelques notes sur « Du hérisson », du sieur Chevillard.
Qu’un écrivain, graphomane avéré, découvre, un après-midi d’automne, sur sa table de travail, un hérisson naïf et globuleux et, délaissant l’ambitieux projet autobiographique dont il escomptait, après bien des tentatives avortées, la reconnaissance et la gloire, laisse cet animal sorti d’il ne sait trop où accaparer son attention et sa pensée au long des quelque deux cent trente pages que compte ce livre qui n’est ni vraiment un roman ni un essai ni quoi que ce soit de clairement classable dans les genres littéraires connus, voilà qui n’étonnera que ceux qui ne savaient pas encore qu’Eric Chevillard est un écrivain qui se plaît à nous entraîner loin des chemins battus des genres, des sujets, de l’inspiration et de l’imagination. Et quel animal plus que le hérisson naïf et globuleux serait propre à nous servir de guide au long d’une aventure aux étapes toujours improbables ?
Sauf erreur de ma part, Chevillard n’est pas un membre de l’Ou-li-po, dont les membres n’aiment rien tant, à l’instar de son fondateur, Raymond Queneau, et de leur illustre prédécesseur, Georges Perec, qu’assujettir la création littéraire à des règles formelles apparemment gratuites (la méthode S+7 de Queneau, l’ostracisme d’une voyelle par Perec etc.), règles qui se révèlent pourtant , à l’usage, fort productives et intellectuellement excitantes. Mais au fond, les inventeurs du sonnet savaient déjà cela.
Dans Du hérisson (paru en 2002), Chevillard s’impose quelques contraintes simples :
1/ Le texte est réparti en une suite de paragraphes d’une dizaine de lignes (dans l’édition Double des Editions de Minuit) , comptant en pratique entre neuf et treize lignes et une centaine de mots. Seul le dernier des 533 paragraphes (j’ai compté trois fois) n’a que trois lignes.
2/ Chaque paragraphe enjambe sur le suivant à la manière (par exemple) du premier tercet d’un sonnet enjambant sur le second. Ainsi, chaque paragraphe est, pour ainsi dire, engendré par le précédent, l’ensemble évoquant une structure globulaire (image textuelle du hérisson), un peu à la manière dont des bulles de savon s’engendrent les unes les autres. On pourrait songer aussi à une sorte de petit train dont chaque wagonnet serait relié au précédent et au suivant, et que la lecture ferait défiler à l’allure d’un sous-préfet aux champs ou d’un hérisson dans les plates-bandes. Tchou …tchou … tchou… Ces rejets permettent des effets souvent surprenants et pleins de drôlerie.
3/ L’expression « hérisson naïf et globuleux » est contenue au moins une fois dans chaque paragraphe (deux variantes , « hérissonne naïve et globuleuse » et « hérissonneau naïf et globuleux » la remplacent chacune une fois). Ainsi le hérisson naïf et globuleux, en interdisant à tout paragraphe de faire bande à part, apparaît-il comme l’élément liant d’une concaténation solidement affermie, en même temps que le leitmotiv majeur d’une puissance musicale toute wagnérienne.
Ce rapprochement (qui semblera sans doute à d’aucuns procéder d’un excessif enthousiasme) pour mettre l’accent sur le caractère véritablement musical de la composition de Du hérisson. Développement rhapsodique ? Inventions à plusieurs voix, à la manière de Bach ? Plus exactement : thème et variations ; le thème, c’est le hérisson naïf et globuleux, posé dans l’ouverture, repris dans chacune des 531 (ou 532) variations. Thème aussi « gratuit » qu’un motif mélodique de Haendel ou de Haydn, sans doute, mais reprochera-t-on à Diabelli la forme de la ritournelle qu’il soumet à l’invention des compositeurs contemporains, dont Beethoven ? En tout cas, Du hérisson me paraît faire partie des oeuvres littéraires qui empruntent à la musique leurs principes compositionnels.
D’un paragraphe à l’autre, l’auteur fait jouer et entrelace un certain nombre de variations, parmi lesquelles (liste non exhaustive) : anatomie, physiologie, éthologie du hérisson naïf et globuleux, dont les descriptions sont étayées de savoureuses citations-pastiches de Buffon ( pastiches ? j’avoue n’avoir pas vérifié ); relations entre le hérisson et son hôte involontaire, celles-ci évoluant peu à peu de la surprise indignée, de la révolte et de la répulsion vers une sympathie du second pour le premier allant jusqu’à l’identification; exploration des usages métaphoriques du mot « hérisson », l’ouvrage faisant progressivement figure de somme sur la question; successives immolations par le feu des nombreuses tentatives littéraires avortées de l’auteur; réflexions sur l’ambitieux projet autobiographique intitulé Vacuum extractor , titre duquel l’auteur fournit une explication d’une tonalité très beckettienne : » Vacuum extractor, du nom de la ventouse obstétricale à quoi je dois la vie, puisque je suis né ainsi, arraché au vide par le vide puis lâché dans le vide au moyen de cette cupule métallique appliquée sur mon crâne « .
Vacuum extractor ( traduction approximative : extracteur de vide !) : occasion pour l’auteur de moquer la mode contemporaine de l’autofiction, providence de tous les plumitifs (ils sont nombreux) qui n’ont rien d’original à dire. Comme si, de toute façon, dès qu’on parle de quelque chose, on ne parlait pas de soi; ce n’est pas le blogueur de l’Autofictif qui dira le contraire. Du hérisson se moque aussi, évidemment, de l’obsession du « grand sujet », du sujet « important », « sérieux », perçu comme une obligation par tous ceux (auteurs, éditeurs, lecteurs) qu’étreint l’esprit de sérieux, au point de leur paralyser la comprenette et l’inventivité. Des « grands » sujets, et encore plus des sujets « sérieux », il semble que Chevillard se tamponne. Ce n’est pas comme ça, dira-t-on, qu’il décrochera un jour le Nobel, mais il semble qu’il s’en tamponne aussi. Et puis, du reste, tant qu’on n’est pas allé y voir, comment savoir si le hérisson naïf et globuleux ne constitue pas un sujet sérieux, et même un grand sujet ?
Ainsi, au fil du livre, s’entrelacent les fils de ces divers motifs, déroulant peu à peu la trame d’une tapisserie à la fabrication de laquelle nous sommes conviés à participer, en temps réel. Le caractère très oral du texte, dont le ton général est celui de la conversation, nous y convie : il est manifestement fait pour être dit ; pour s’en convaincre et pour en tirer de vifs plaisirs, il suffit d’essayer.
Chaque texte littéraire suggère une façon particulière de l’aborder, un tempo particulier de la lecture. Celui-ci, à mon avis, s’accommode d’une approche lente (1), qui permet de se mettre au diapason de l’humour particulier de l’auteur, de saisir toute la saveur de telle notation, de tel rapprochement, de telle comparaison ou métaphore. La structure en courts paragraphes de Du hérisson invite à une flânerie nonchalante, glissando ma non troppo : il est bon, ici, de ménager des pauses, courir la poste tue le plaisir du texte.
Laissons-lui la parole, pour une leçon d’invention qui est aussi une leçon de littérature :
» […] Ma vie tiendrait en quelques mots, ce sont ces quelques mots qui comptent. Il s’agit de les choisir entre tous. La plus pâle anecdote, l’événement le plus anodin, repris par la littérature, en changeant ainsi d’ordre de réalité procurent à l’esprit sensible des émotions plus vive que le le ferait le récit d’une aventure extraordinaire, laquelle au contraire pâtit inévitablement de sa transposition littéraire. Gros hérisson naïf et globuleux, je n’ai pas terminé
donc tu te pousses. Essayons par exemple ce terne épisode de ma grise existence, il y a douze ans, un orang-outan évadé du jardin zoologique, pour échapper à ses poursuivants, s’introduisit dans la chambre du palace sur la mer où je résidais depuis une semaine (sans argent pour en sortir), emprunta mon rasoir et rasa complètement la fourrure rousse qui recouvrait son corps, aussi drue par endroits que, mettons, le pelage spinescent d’un hérisson naïf et globuleux, puis s’empara de mes vêtements
pour cacher sa nudité rose, ne me laissant d’autre choix que de me vêtir moi-même de son poil broussailleux, grâce à quoi je pus quitter l’hôtel sans régler la note tandis que l’orang-outan dans mes habits pris pour moi, insolvable, fut sommé par la direction d’acquitter ma dette et travailla comme garçon d’étage pendant trois mois. Afin d’échapper aux gardiens du zoo, je trouvai refuge auprès d’une association de défense des animaux exotiques — clause restrictive qui excluait d’emblée les hérissons
alors que les pangolins y étaient recueillis en nombre, lesquels également se ramassent en boule à l’approche du danger, ce qui est idiot, car alors comment résister à l’envie de donner un coup de pied dedans (ou un coup de patte si vous êtes une lionne), le pangolin étant couvert d’écailles luisantes et polygonales comme les empiècements de cuir d’un ballon et non de piquants comme le hérisson naïf et globuleux ? Je demeurai plusieurs semaines à l’association, soigné, choyé, que je quittai finalement lorsque mes hôtes considérèrent que l’heure était venue
d’entamer le programme de ma réinsertion dans la forêt indonésienne. Toute cette histoire banale et ennuyeuse dans les faits — je la vécus d’un bout à l’autre en bâillant comme orque égaré dans Orénoque –, voyez ce qu’elle devient sous la plume d’un véritable écrivain et comme elle paraît passionnante tout à coup, on pourrait se croire dans un train tant on passe facilement sur le hérisson naïf et globuleux incapable cette fois de nous distraire de notre lecture, intéressé lui-même
par notre récit, dirait-on, dans lequel il parvient à s’inscrire presque naturellement comme s’il avait le souci de ne pas en perturber le cours. Ce serait nouveau. Alors il s’emploierait désormais à combler les blancs ou les lacunes de mes phrases, à la fois pour y disparaître modestement et pour en assurer généreusement la cohérence et la correction ? Difficile à croire. Mais il y a là une leçon à retenir. […] »
Ainsi, dans ce passage comme dans tout le livre, la réflexion fait-elle bon ménage avec une invention à la Lewis Carroll nourrie par la logique de l’imaginaire, par les associations d’idées et de mots.
Toute l’oeuvre de Chevillard — ce livre-ci particulièrement, procède d’une puissante croyance dans le pouvoir qu’a le langage, et donc la littérature de faire exister ce dont il (elle) parle, de lui conférer un intérêt, une couleur, une séduction que les choses n’auraient pas sans lui (sans elle), et elle nous invite à partager cette croyance et à nous laisser guider, de confiance, par elle. Du hérisson nous initie à une façon neuve de jouer avec les mots, d’entrer, grâce à eux, dans une relation inédite avec le réel, d’expérimenter une façon neuve d’imaginer, d’inventer et de rire.
» Je détruis les tiroirs du cerveau » écrit Tristan Tzara dans un des Manifestes Dada . Rendons grâce à Chevillard d’assouplir notre usage du monde, de nous-mêmes et des mots, par cet exercice de remue-méninges qu’est Du hérisson.
Note 1 –
Toute approche d’un texte littéraire digne de ce nom devrait être une approche lente. D’ailleurs le hérisson s’approche de ses proies avec une excessive lenteur, et les consomme plus lentement encore ( plusieurs heures pour un lombric de taille standard ).
Eric Chevillard, Du hérisson ( Les Editions de Minuit / Double )
» Laissons-lui la parole, pour une leçon d’invention qui est aussi une leçon de littérature »
C’ est avec de tels propos pontifiants que vous voulez nous » familiariser » avec l’ oeuvre de Chevillard.
Madre di Dios!
je vais aussi sur le blog de Chevillard et je le trouve très bien
merci, Alexia, perso je trouve que le serveur (si c’est bien un serveur, il me semble qu’il tient un plateau dans ses mains) ressemble à Anatole France !
Des portraits et photos que j’ai vus d’Apollinaire (je suis une fan… Je lui ai même piqué deux vers pour présenter mon blog !), j’avais retenu une mâchoire plutôt carrée, une tête faisant corps avec les épaules, qui n’apparaissent pas ici. Mais les yeux, ça, oui, ça pourrait y ressembler.
L’honneur perdu de Clopina Trouille. dit: 31 janvier 2014 à 16 h 12 min
une mâchoire plutôt carrée, une tête faisant corps avec les épaules
Arnold ? Why not…
A ce que l’ on sait en 1916, il n’ avait encore jamais mis les pieds en France
les soulots mattent beaucoup les journaux au bistrot..même que les futuriss copiaient les français moutcho
je vais aussi sur le blog de Chevillard et je le trouve très bien
y mérite pas ça..
( plusieurs heures pour un lombric de taille standard )
ma mère de ma mère…
http://a51.idata.over-blog.com/0/42/85/17/femmespeintres/museledouanierrousseau.jpg
La muse inspirant le poète,tableau du Douanier Rousseau, Marie Laurencin et Guillaume Apollinaire.
http://le_douanier_rousseau.pagesperso-orange.fr/liens/fmuse.htm
Mais les yeux, ça, oui, ça pourrait y ressembler
des ahuris..les photos sont pas mal , le deuxième ressemble a un patron de cartel..le premier à un mec plutôt content du sac de la mémère q’uil vient de tirer, c’est ça qu’il voulait dire sergio
@jacques Barozzi. L’actrice est sélectionnée pour Quai d’Orsay, film de Bertrand Tavernier dans lequel elle campe Valérie Dumontheil, la « conseillère Afrique » du ministre des affaires étrangères
Tout s’explique, Jacques. Ne seriez-vous pas un concurrent direct de notre président ?
du sac de la mémère q’uil vient de tirer
le sac pas la mémère..c’est un mec normal dirait jicé
Ne seriez-vous pas un concurrent direct de notre président ?
c’est vals son beguin..marcel faut tout te dire
je lis aussi les commentaires de boudegrosgras et je les trouve très nuls
A Oniséphore de 12h18, Pas de bol : le rabat-joie en question est un jugement qui figure dans le livre de Chevillard. je sens que soudainement, ce qui n’était que du vent va devenir le souffle du génie.
« Il y a même une préfiguration de G. Morandi… »
Si je ne fais erreur, cette œuvre et de 1916, à la même époque Morandi est déjà “dans les bouteilles”, pas d’anticipation donc dans la “nature morte” posée sur la table qui sert de “salon” à Marinetti & Apollinaire.
@ Passou
A Oniséphore de 12h18, Pas de bol : le rabat-joie en question est un jugement qui figure dans le livre de Chevillard. je sens que soudainement, ce qui n’était que du vent va devenir le souffle du génie. (Passou)
Ah ! ah ! Vous jubilez ! Je jugerai sur pièces, vos arguments m’ayant par ailleurs convaincu d’acheter le livre. Au fait, vous pourriez me remercier pour l’identification du tableau. Ingrat !
Un rien laborieuse, mais lumineuse, JB, ton analyse du roman Le Hérisson d’Eric Chevillard.
Oui, c’est du post Oulipo, d’un membre autonome, voire dissident ?
La contrainte est une façon de transformer le travail en jeu. Mais il arrive que trop de contraites, trop de jeu pour le jeu, tue le « je ».
Je ne sais pas pourquoi, j’admire le tour de main, mais je garde mes préventions contre cet auteur. En fait, je crois que j’aurais préféré lire de lui : « l’ambitieux projet autobiographique dont il escomptait (gloire et reconnaissance), après bien des tentatives avortées » et qu’il a abandonné pour suivre les méandres du hérisson globuleux.
Parfois un texte raté vaut mieux qu’un texte parfaitement abouti ?
à propos de l’Oulipo évoqué, je relis « Les œuvres complètes de Sally Mara » de Raymond Queneau et c’est vraiment bandant
À propos de “Article au hasard” de Wikipedia, voir aussi “Ubu Roulette” :
je crois que j’aurais préféré lire de lui : « l’ambitieux projet autobiographique dont il escomptait (gloire et reconnaissance), après bien des tentatives avortées » et qu’il a abandonné pour suivre les méandres du hérisson globuleux. (Jacques Barozzi)
Il faudrait le lui demander, mais c’est en tout cas, me semble-t-il, un problème-clé. Que vaut-il mieux, en effet : s’enfermer dans le ressassement plus ou moins autofictif, à la manière d’un Doubrowsky, d’une Christine Angot, d’une Annie Ernaux, maintenant d’un Edouard Louis, ou s’en évader pour partir à la poursuite du premier hérisson globuleux qui passe (ce qui est d’ailleurs une autre façon, plus discrète, plus indirecte et, en tout cas, bien plus jouissive pour le lecteur,de parler de soi) ?
Préfiguration n’ est pas anticipation…
Il y a rencontre..( en 1916, Morandi était encore un jeune peintre.)
http://www.artnet.com/Images/magazine/features/saltz/saltz11-10-08-2.jpg
Giorgio Morandi Bottiglie e fruttiera, 1916 :
Mais, d’accord, « préfiguration » n’est pas « anticipation »… ce fut une erreur de ma part…
http://www.artnews.com/2014/01/28/can-tibetan-art-cure-your-cold/
. Titled “Bodies in Balance: The Art of Tibetan Medicine,” the show will feature a selection of nearly 150 Tibetan medical sculptures, paintings, manuscripts, drawings, and devices. Through a series of participatory activities, tours, and events, “Bodies in Balance” will demonstrate the ways in which these ancient healthy-living practices can be applied to visitors’ everyday lives. The show, which is curated by Elena Pakhoutova and Theresia Hofer, opens March 15.
Par ailleurs, Morandi est né en 1890, Garbari en 1892…
Non, il n’y a pas erreur renato ( du véniel ) car dès 1912, la nature morte à la bouteille est devenu le leitmotiv des avant-gardes…Boccioni dès 1912, Juan Gris et les duettistes Braque et Picasso.
D’accord pour les bouteilles, moins pour la préfiguration chez Garbari (si ce n’est déjà fait, voyez la collaboration TG & Carlo Belli).
bouquets d’hommages
http://www.zeutch.com/cool/the-camera-gardens-38151#more-38151
would not t’as les sphincters qui te lachent
(ce qui est d’ailleurs une autre façon, plus discrète, plus indirecte et, en tout cas, bien plus jouissive pour le lecteur,de parler de soi) ?
plusieurs heures il exagère..et pourquoi pas les mains liées derrière le dos aussi..
A Oniséphore de 12h18, Pas de bol
oné..onézifor..en plus il carambouille ton blaze
morandi c’est bien mais c’est toujours des cadavres bien vide ou des brocs plein de craie et chiant comme une musique de chambre..en italie fait chaud alors pas de cailles de harengs frais de fromage qui égoutte..même un un prochouto et un parmesan pas sur que ça tienne le temps de la pause..bon allez vous faire enculo a véronne
Passou dit: 31 janvier 2014 à 16 h 53 min
A Oniséphore de 12h18, Pas de bol : le rabat-joie en question est un jugement qui figure dans le livre de Chevillard. je sens que soudainement, ce qui n’était que du vent va devenir le souffle du génie.
Il faut mettre une majuscule à je (il ne faut pas vous rabaisser monsieur Assouline).
Et aussi un p minuscule à Pas de bol !
Ou alors, ce qui serait mieux, remplacer la virgule après 12h18 par un point.
Etouffe le matheux orthographique qui est en toi, Marcel ! Libère le poète, laisse le parler !
(…vos gueules, vous autres !…)
Ou alors, créer un association avec Chevillard, et décréter qu’il faut mettre une majuscule après une vigule et une minuscule après un point. Cela fera du remue-méninges à l’académie.
L’avantage de ne pas être un lettré, c’est qu’on aborde tout un chacun avec un sourire aimable.
Je ne connais pas mais je vais connaître.
Chevillard me paraît très bien, et je vais le lire.
Mais il n’y en a que pour lui, aujourd’hui.
Ça me donne envie de parler de Bertrand, très bien aussi si j’en juge par ce que j’ai entendu sur les ondes.
Mais quoi, ce sera après ma retraite comme disait ma maman.
Tout ceci écrit, un peu nonchalant, un peu jean-foutre, pardonnez-moi, mais chez deux auteurs je sens un détachement, une élégance de bon français, ça me plaît.
« Des portraits et photos que j’ai vus d’Apollinaire (je suis une fan… Je lui ai même piqué deux vers pour présenter mon blog !), » (Clopine)
Ce compliment va lui donner la grosse tête.
C’est en prévision qu’il l’a enveloppée de Velpeau?
(Just kidding)
« c’est bien mais c’est toujours des cadavres bien vide ou des brocs plein de craie et chiant comme une musique de chambre.. »
Ça c’est pas de toi.
Attends une minute.
Allez, je me lance.
Robert Desnos?
Tiens, je n’avais pas encore lu votre signature, U., que je savais que c’était vous ..
Chevillard ? Bertrand ?
Bon, je suis encore avec Saul Bellow … rien de nonchalant chez lui.
Une écriture rapide presque nerveuse. Je reste encore avec lui ..
« Ou alors, ce qui serait mieux, remplacer la virgule après, par un point. »
Camarade Marcel, c’est comme l’image chez Jean-Luc.
Pas un problème rhétorique, un problème politique.
morandi c’est bien mais c’est toujours des cadavres bien vide ou des brocs plein de craie et chiant comme une musique de chambre
Sound and fury sur guitare électrique, c’est ce que préfère le Boug’ ..
« Bon, je suis encore avec Saul Bellow … » (Daaphnée)
Bellow c’est bien
(Seuls les non-lettrés ont le droit de dire des choses pareilles, et après en général on reste gentil avec eux)
Mon dernier, c’est Ravelstein.
Pas été jusqu’au bout, et pourtant…
A cause du roman à clé, à cause d’Allan Bloom?
Je ne l’ai pas fini, mais je vais le finir, c’est quand même très bien.
« Sound and fury sur guitare électrique, c’est ce que préfère le Boug’ .. »
bouguereau?
Je le voyais plutôt avec une mandoline.
J’en ai hérité d’une quand j’avais seize ans.
Je me souviens de la rondeur sur la cuisse, et de ma perplexité.
Dans un instrument, tout est dans la position.
Tous ces pianistes à dos vouté, ça ne vous paraît pas discourtois?
[( Tous ces pianistes à dos vouté, ça ne vous paraît pas discourtois?
mon U. chéri, unique et irremplaçable, mon petit doigt m’avait bien dit qu’une mouche vous avait piqué … bon, un baiser et plus rien n’y paraîtra ..)]
[( J’en ai hérité d’une quand j’avais seize ans.
Je me souviens de la rondeur sur la cuisse, et de ma perplexité …………..
16 ans .. les premiers émois sans doutes ..)
Il est vrai que Bellow, comme nom ..
Mais après, on a scream, et le Boug’ trouverait que ça fait fille sur pile électrique (M.Jackson/Prince etc ..)
doute, ne serait-ce qu’un seul ..
Et je ne parle pas des pellicules.
Certains sont impec’, comme Grissin, c’est qu’ils viennent avec leur maman.
[[[( il n’empêche, U., que Bellow me fait penser à vous. Si. Cette façon d’être en observation ..)]]]
Le szecrétaire de Marcel dit: 31 janvier 2014 à 12 h 43 min
« Vous êtes en progrès, élève Bouguereau. (…) Allez, persévérez et vous assurerez ainsi votre passage en cinquième. »
Cinquième dite « aménagée », cela va sans dire.
Ce type -Bouguereau- est vraiment un débile minable, avec des réflexions de petite frappe.
Tout pour plaire.
Mais ne change rien, Le Boug, la bassesse te va si bien.Et quand on n’a rien d’autre…
(Excusez-moi Jacques, mais quand je vois que ce type vient trainer-là avec ses trois petits bouts de culture américaine, j’ai envie de mordre!).
U., tous les pianistes n’ont pas le dos voûté. En général, c’est le résultat d’un mauvais apprentissage. Jambes ouvertes, dos droit (la force du pianiste est dans son dos, sa légèreté aussi, donc pas de voûte sinon plus rien ne passe !), et aye donc ! comme dirait Feydeau.
Passou dit: 31 janvier 2014 à 16 h 53 min
Pierre Assouline, vous êtes un baffeur né.
Bien joué…
le contrepied peut bien se la jouer canon mais ça n’est pas un contrepoint..
vous êtes un baffeur né
trop rare rappel qu’il n’y a pas de mode d’emploi
Chaloux dit: 31 janvier 2014 à 20 h 15 min
Passou dit: 31 janvier 2014 à 16 h 53 min
Pierre Assouline, vous êtes un baffeur né.
Bien joué…
Arrête un peu, Chaloupinet, on va croire que tu as la langue un peu rapeuse.
…
…sauvé des eaux troubles et commentaires,…Oui,…
…
…de la psychologie pratique,…en retournement de situation,…
…
…méchantes,…Non,…vu qu’elles ne connaissent pas d’exceptions,…
…mais, agressives!,…dominatrices,…tout en quelques sortes,…pour vous mettre hors de vous,…
…
…Eh,…bien,…Non,…avec l’oreille attentive,…aux parodies des concerts,…
…
…bien, nous prend de cette égalité entre sexes,…et l’air de rien,…regarder subrepticement sa montre,…Voilà,…
…
…juste une petite satisfaction à donnez pour ses efforts et remarques virulentes,…
…l’amélioration, est plausible, dis-je, mais je n’ai que deux bras,…
…
…l’homme à tout les trains,…un film à faire,…pour garder des lambeaux de sa culotte,…
…nous pouvons mieux faire,…heureux déjà, que que les instruments de toutes les musiques existent pour apaiser tout les sens du devoir,…
…vous reprendrez bien, encore du Rostropovitch,…Ouf,…çà marche!,…
…
…encore, une dans le décor des émotions tailles-fines acoustiques,…la paix du seigneur des rondeurs en manque de guêpières de velours,…sans rouge à lèvres,…
…etc,…
« Jambes ouvertes, dos droit (la force du pianiste est dans son dos » (Chaloux)
C’est très juste.
Ces jambes, c’est parfois un problème chez des femmes qui sont de grandes artistes, comme telle ou telle violoncelliste.
Ceci n’a rien à voir mais une des bonnes séries US s’appelle The Good Wife, et tout le monde connaît ça.
L’actrice principale a été primée, c’est sans surprise.
Mais l’autre, cette remarquable indo-américaine, qui vaut le détour, est une souffrance pour l’oeil (a eye sore).
Archie Panjabi, c’est elle qui joue l’inspectrice Kalinda (Bloom nous dira que c’est la femme des Cinq fleuves).
C’est Khajuraho réincarné en Californie, Seigneur.
Yeux de vache (c’est un compliment de la Perse à l’Inde), seins hauts et ronds, taille ondoyante, hanches larges.
Mais pourquoi ces jambes?
Petite et bottée, elle se tient en permanence les jambes écartées.
C’est de l’impérialisme américain.
De Tokyo à Paris, restons fermes sur nos principes, l’écartement, c’est non.
Les intellectuels à la rotonde, écrit sans majuscule.
Ce sont des cérébraux légèrement brachycéphales.
Des princes un peu pince sans rire.
« Cette façon d’être en observation » (Daaphnée)
Juste.
Pour moi, c’était toujours « devra faire ses preuves à l’examen ».
Le szecrétaire de Marcel dit: 31 janvier 2014 à 20 h 50 min
Marcel, mon bon, c’est drôle, de bon ton, bien envoyé, du pur Pierre Assouline.
Tu m’as l’air d’une humeur…Fais comme moi, une petite tisane avec une cuillerée de miel sauvage de Rougon, une pure merveille, ça ira tout de suite mieux.
« …encore, une dans le décor des émotions tailles-fines acoustiques,…la paix du seigneur des rondeurs en manque de guêpières de velours,…sans rouge à lèvres,… »
Ça alors, j’ai lu ça après coup, avant de baisser le rideau et jouer les gentlemen fermeurs.
Namaste, Gianni-ji.
restons fermes sur nos principes, l’écartement, c’est non
Du moment que ce n’est pas parce que ça colle…
…
…u,…à,…21 h 37
…
…Oui!,…j’aime bien me poussé le lettré,…hors concours,…les feuilles sur la branche,…déjà le genêt,…
…sans efforts,…rester nature et sobre,…
…
…
…encore un,…qui nous la pêche de nuit, sa friandise,…
…
…s’il n’y avait que la colle qui se décolle,…le nombril sur le sein,…les testicules à la verticale,…
…Ah, que c’est embêtant d’être » plouc de nuit « ,…
…
…suivant,…les rondes de fesses!,…en l’air,!,…c’est Cassiopée,…qu’est ce qu’elle va nous faire c…r, celle là!,…
…la constellation à la fille d’Hermès,…
…
…la chouette du Nord visible de nuit,…avec un long tube,…en zoom,…
…le plus difficile c’est restez net, sur un pied,…tournez le zoom,…avec dextérité,…et plongé dans l’espace-Renault les yeux fermées,…
…des émotions fortes!,…la nature en plein dedans!,…
…Bon,…çà va!,…on rêve déjà,…etc,…
…
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