de Pierre Assouline

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Eblouissante obscurité des sonnets de Garcia Lorca

Eblouissante obscurité des sonnets de Garcia Lorca

Qu’on le veuille ou non, il en va de Federico Garcia Lorca comme de Heinrich von Kleist : impossible d’évoquer leur œuvre en oubliant l’ombre portée de leur mort sur leur vie. Dans le cas du premier, son exécution par des miliciens franquistes ; dans celui du second, son suicide avec sa maitresse. Les éditeurs de l’Anthologie bilingue de la poésie espagnole dans la Pléiade assurent même que si Garcia Lorca (1898-1936) la domine avec Cervantès aux yeux des lecteurs, les conditions tragiques de sa mort n’y sont pas étrangères ; quant à Cioran, il allait même plus loin en jugeant impossible de lire une ligne de Kleist sans penser qu’il s’est donné la mort, comme si son suicide avait précédé son œuvre (De l’inconvénient d’être né). C’est dire l’accueil réservé à tout ce qui sort encore de la plume du poète andalou. Non des inédits ni des exhumations mais des résurrections dans notre langue. Le cas des Sonnets de l’amour obscur (Sonetos del amor oscuro, 64 pages, 7 euros, Allia). Quasiment une plaquette mais, comme toujours sous les auspices de cet éditeur, publiée avec un soin particulier apporté à la typographie, la mise en page, le papier. Ce souci de la qualité éditoriale est d’autant bienvenu que le livre reproduit, outre quelques photos d’époque, des dessins de l’auteur à l’encre bleue sur papier fort, des encres de Chine, crayons de couleur et gouaches sur bristol ou carton.

Avant même d’avoir été lus, ces onze poèmes étaient entrés dans la légende car ils étaient précédés par la rumeur hantant de longue date les cercles des admirateurs de Garcia Lorca. On les disait perdus même si quelques uns étaient connus. Dans une éclairante présentation, la traductrice Line Amsellem, à qui l’on devait déjà la transhumance en français de Jeu et théorie du duende, Le cante jondo, Les berceuses et Complaintes gitanes du même auteur, rappelle le chemin tortueux suivi par ces sonnets avant de parvenir jusqu’à nous. La première fois, ce fut sous une forme on ne peut plus clandestine : sans nom d’auteur ni d’éditeur, dans un tirage de 250 exemplaires non-commercialisé, en 1983 à Grenade (le poète était né à 50 kms de là, à Fuente Vaqueros). Pourtant le général Franco était mort depuis plusieurs années.

Étrangement, c’est en français et non en espagnol que ces fameux onze textes étaient parus ensemble pour la première fois en pleine lumière, deux ans avant, pour l’édition des œuvres de Garcia Lorca dans la Bibliothèque de la Pléiade. Face à la crainte d’une multiplication d’éditions pirates, les ayants-droits durent céder et ils parurent enfin en espagnol par les soins du supplément culturel du journal ABC au sein d’un important dossier consacré au poète (1984). A une nuance près, un détail qui n’en est pas un : le titre y avait été amputé de « oscuro » car l’obscurité en question désignait, on s’en doute, l’arrière-fond homosexuel des sonnets. Il est omniprésent mais voilé sous les métaphores, ce qui renforce l’universalité de l’amour en question. De toute façon, ce fameux titre n’avait pas été établi, fixé, figé par son auteur. Seuls deux poètes et amis, Vicente Aleixandre et Pablo Neruda (du temps où celui-ci était consul du Chili en Espagne), devant lesquels Garcia Lorca avait lu ses sonnets, ont témoigné de l’authenticité du titre.

Proust disait de tout créateur de sonnet qu’il pétrarquise. Quatorze vers, deux quatrains (cuartetos), deux tercets. L’exposé d’un questionnement suivi en chute de celui de sa solution. Une forme aussi corsetée que celle du haïku mais qui ouvre aux plus vastes perspectives. Une virtuosité derrière laquelle transparait le musicien en Garcia Lorca (un sonnet se doit de sonare, sonner) qui, dans le cas présent, se met « au service de la finesse de son esprit, dans la fulgurance dictée par la brièveté » selon Line Amsellem. En s’attaquant à cette forme poétique strictement codifiée, Garcia Lorca avait deux modèles en tête, deux références : les 154 Sonnets de Shakespeare (dont la majorité numérotés de 18 à 126 expriment son amour pour un jeune homme) qu’il a pu lire soit en version originale soit en traduction (on peut lire ici une analyse fine de leurs traductions en espagnol) ; et les Sonnets de la nuit obscure (La noche oscura) de Jean de la Croix, chez lequel la traductrice relève nombre d’emprunts lexicaux. Par souci du rythme, de la cadence, la respiration, elle a choisi de rendre l’hendécasyllabe (vers de onze syllabes) par un vers en contenant une de moins.

Toute nouvelle traduction est redevable à celles qui l’ont précédée. Cette édition des Sonnets de l’amour obscur est aussi discrète que précieuse dans la double acception du terme par la délicatesse avec laquelle elle rend présente, chaleureuse, presque familière la sensualité de celui qui se disait ni un homme, ni un poète, ni une feuille mais « un pouls blessé qui sonde les choses de l’autre côté » (in Poète à New York). Afin d’en juger, voici à la suite de la version originale du Sonnet de la douce plainte (Soneto de la dulce queja), la traduction publiée dans l’Anthologie de la poésie espagnole suivie de celle de Line Amsellem (2024) :

« Tengo miedo a perder la maravilla/ de tus ojos de estatua y el acento/ que me pone de noche en la mejilla/ la solitaria rosa de tu aliento.

Tengo pena de ser en esta orilla/ tronco sin ramas, y lo que más siento/ es no tener la flor, pulpa o arcilla,/ para el gusano de mi sufrimiento.

Si tú eres el tesoro oculto mío,/ si eres mi cruz y mi dolor mojado,/ si soy el perro de tu señoro,

no me dejes perder lo que he ganado/ y decora las aguas de tu rio/ con hojas de mi otoño enajenado. »

    Traduction publiée dans l’Anthologie bilingue de la poésie espagnole :

“J’ai peur de perdre la merveille/ De tes yeux de statue et cet accent/ Que vient poser la nuit près de ma tempe/ La rose solitaire de ton haleine.

Je m’attriste de n’être en cette rive/ Qu’un tronc sans branche et mon plus grand tourment/ Est de n’avoir la fleur- pulpe ou argile-/ Qui nourrirait le ver de ma souffrance.

Si tu es le trésor que je recèle/ Ma douce croix et ma douleur noyée/ Et si je suis le chien de ton altesse

Ah, garde-moi le bien que j’ai Gagné/ Et prends pour embellir ta rivière/ Ces feuilles d’un automne désolé. »

    Et dans la traduction de Line Amsellem (2024) établie à partir de différents déchiffrages de l’original :

“ J’ai la crainte de perdre le prodige/ de tes yeux de statue, et cette touche/ que me met sur la joue pendant la nuit/ la solitaire rose de ton soufflé.

Je suis triste d’être sur cette rive/ un tronc sans branche, et plus encor me coûte/ de n’avoir pas la fleur, pulpe ou argile,/ pour le ver rongeur par lequel je souffre.

Si tu es mon bien caché, mon trésor,/ si tu es ma croix, ma douleur mouillée,/ et si je suis le chien de ta couronne,/

fais que je garde ce que j’ai gagné/ et de ta rivière les eaux décore/ de feuilles de mon automne emporté.”

( » Sans titre », « Portrait de Dali », « Autoportrait » dessins à l’encre sur papier de Federico Garcia Lorca, D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Poésie.

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commentaires

80 Réponses pour Eblouissante obscurité des sonnets de Garcia Lorca

et alii dit: à

Ces significations se rejoignent dans l’évocation d’une présence magique ou surnaturelle. Le duende provient du sang de l’artiste. “C’est dans les ultimes demeures du sang qu’il faut le réveiller”, écrit Lorca. Le duende serait une sorte de vampirisation qui injecterait un sang neuf à l’âme. De ce fait, il flirte avec la mort. En tant que forme en mouvement, García Lorca énonce que “le duende est pouvoir et non œuvre, combat et non pensée”. Là où le duende s’incarne, les notions d’intérieur et d’extérieur n’ont plus lieu d’être. Si le duende est universel et concerne tous les arts, c’est dans la musique, la danse et la poésie orale qu’il se déploie pleinement, puisque ces arts nécessitent un interprète. Or, le duende n’existe pas sans un corps à habiter. Ce minuscule décalage du regard qui donne à voir l’intervalle entre les choses, bouleverse le mode de pensée cartésien.

MC dit: à

«  la solitaire rose de ton souffle? » ou «  ton soufflé ? »

vadeboncoeur dit: à

« Ce souci de la qualité éditoriale est d’autant bienvenu que le livre reproduit, outre quelques photos d’époque, des dessins de l’auteur à l’encre bleue sur papier fort, des encres de Chine, crayons de couleur et gouaches sur bristol ou carton. »

Cela doit être une réalisation des plus enchanteresse!
Merci ce cette recension Pierre Assouline.

vadeboncoeur dit: à

Merci de…

 » crayons de couleur et gouaches sur bristol ou carton »

Une belle découverte en relisant l’ édition délicatement illustrée des œuvres complètes de F.G. Lorca, Polisseur d’ étoiles, traduites par Danièle Faugeras éditions érès 2016 collection po&psy in extenso.

Bloom dit: à

Incidemment, c’est Thomas Wyatt (1503-1542) qui adapta la forme pétrachienne du sonnet en anglais. Shaxkspere lui doit beaucoup.
Merveilleux poète, Wyatt pâtit de l’ombre portée en arrière par le Cygne de l’Avon, pourtant plus répétitif que lui. le Barde mit l’essentiel de son génie poétique dans ses pièces, autrement plus exceptionnelles que ses Sonnets amoureux (jeune homme & Dark Lady, sonnets 127–152).

Clopine dit: à

Ah les poèmes de Lorca
Je ne saurai le prendre au mot
Lui qui fut un poète homo
Avant qu’il ne passe à trépas

Pourtant si je le suis pas à pas
Ce n’est pas le canto Jondo
Ni le gitan romancero
Ni même la Maison d’Alba

Qui m’ émeut encore aujourd’hui
Mais le chant d’une profonde nuit
Aussi humide qu’adultère

Dans les oreilles de l’empois
Pendant que coulait la rivière
Et que Lorca sortait du bois.

Bloom dit: à

« ton soufflé», MC, plus pouétique – jusqu’à ce qu’il retombe…

Clopine dit: à

Faut éliser le « u » d' »une profonde nuit » si vous voulez que ça marche. Bref, parler comme une normande.

Clopine dit: à

le « e » !!! Maudit clavier !

Clopine dit: à

D’accord, je sors…

Clopine dit: à

Bon, allez, à qui le tour ? Cela fait si longtemps qu’on ne joue plus, ici… Sonnets, sonnez !

J J-J dit: à

à koi voulez-vous jouer ?… à pétrar-quizzer ?
Ah los poemas de Lorca
No puedo tomarle la palabra
El que fue poeta gay
Antes de morir
Pero si le sigo paso a paso
No es el canto jondo
Ni el romancero gitano
Ni la Casa de Alba
Lo que aún hoy me conmueve
Sino el canto de una noche profunda
Tan húmeda como el adulterio
En los oídos del veneno
Mientras el río corría
Y Lorca salía del bosque.

J J-J dit: à

Quel est l’auteur de la première traduction proposée en français, avant celle de Lise Ansellem ?… Elle donne l’impression d’avoir été truffée de contresens. On se demande bien, dans ces conditions, ce que la 2e devrait à la 1ère, voyons donck !… Bàv, PA…

J J-J dit: à

Line Ansellem, ouij…

Clopine dit: à

Oui, JJ-J, ça colle bien ensemble, l’espagnol et le français, et vous « en rajoutez une couche », élégante car vous sublimez une sorte de boutade, à ma toute petite proposition. Vous allez voir que les « autres » ne vont pas s’y risquer. On va avoir le droit à tout un tas d’informations livresques, d’étalage de savoir érudit, puis bifurcation sur la politique et enfin d’affirmations visant à désestimer autrui, mais au moins vous et moi aurons joué un petit peu. Merci.

et alii dit: à

c’estregrettable que l’article proposé dans le billet
merci, cependant)
Les différents types de vers
Par Madeleine Pardo et Arcadio Pardo
ne citent pas d’exemples

Paul Edel dit: à

Quand on commence à parler poésie , je ne sais pourquoi mais je réagis comme une huitre sur laquelle on verse une goutte de citron.

Clopine dit: à

J’en ai tellement marre de la figure du poète triste, maudit, assassiné, méconnu et platonicien ! Alors qu’au fond, « si de la contrainte naît l’imagination », pourquoi ne pas accepter l’idée d’un poète jouant avec les mots, les rimes et la musique, comme un petit enfant jouant avec ses legos ? Il me faudrait ça pour tenter de dire ce que je pense. Voyez-vous, JJ-J, je suis tombée amoureuse pour la première fois d’un type, à une soirée poésie, qui avait sorti sa guitare et s’était mis à jouer (et j’avais instantanément voulu être à la place de la guitare en question, dans ses bras veux-je dire) sur un poème de Lorca. D’où mon approfondissement de la question. C’était il y a cinquante ans, ah là là.

Clopine dit: à

Bah, Paul Edel, d’accord pour votre réaction, mais avez-vous pensé que ce sont dans les huîtres qu’on trouve des perles ?

Clopine dit: à

Ah, ça serait tellement bien, tellement drôle, si chaque erdélien venait poster ici un sonnet à sa façon… On pourrait comparer, dire « je le savais » s’il y avait des pensums bien lourds et tartuffés de sous-entendus de certains, ou des sonnets légers, ou d’autre laborieux mais néanmoins honnêtes, et d’autres sur lesquels on pourrait danser, comme Lorca, à mon sens, devait avoir envie de danser dans cette Andalousie en danger qui était la sienne (sans faire de comparaison entre le monde de 1930 et celui de 2024, m’enfin…). Bref.

Clopine dit: à

Au fait, il faisait quoi, Lorca, en 1924 ? Les érudits de ce blog pourraient-ils dire quelque chose à ce sujet ? Je suis preneuse (en pure perte. J’ai appris que les questions, ici, sont sans réponse, sinon dans la malveillance.)

Paul Edel dit: à

Clopine,bien répondu.++

J J-J dit: à

Moi, ce qui m’avait stupéfait la première fois, c’était « la maison de Bernarda Alba » lue après l’histoire de don Quichotte… J’étais bien jeune, et personne ne m’avait dit que l’auteur avait été assassiné par les franquistes pour cause de pasolinisme. Le nom du personnage de Martirio m’avait particulièrement intrigué. Quand on m’apprit plus tard ce qu’il en était, je ne crus pas que FLG avait à ce point cherché la compagnie des hommes, alors que sa vision des femmes attachantes en cette maisonnée m’avait subjugué. J’étais jeune et tellement naïf… Ma prof de français (qui me prêtait des tas de bouquins genre, sachant que je n’en avais jamais eu à la maison) ne me disait pas tout, mais je crois qu’elle m’orientait toujours vers de bons auteurs avec comme une intention cachée…. mais aussi de bonnes autrices, espérait-elle. Colette et Yourcenar avaient particulièrement sa faveur… J’étais tellement sot que je lisais tout, pénétré par ses conseils de lecture… Et je mis pas mal de temps à comprendre la nature de ses propres goûts littéraires. Voilà pourquoi, pour moi, la maison de bernarda et le romancero gitan sont d’abord et avant tout associés à sa mémoire…, celle que j’exhume ici, rptv, pour ma plus grande émotion. Je ne saurais rien dire de plus savant à propos de Federico… — Anéfé, Clopine, pourquoi vouloir faire le savant… J’aime votre façon de vous emporter parfois. Vous avez raison. ON s’en ouf la mort, de ce que pensent les autres, non ? Bàv.

J J-J dit: à

@ désestimer autrui,

J’apprécie ce verbe que je ne connusse point /// Est-il « consacré » par Chaorulet, par Proust ou… par une aimable coquille de votre moule perlière ?
Bàvj 🙂

Bloom dit: à

Paul Edel, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur si je signale qu’on peut vous entendre avec Edward Bond dans une émission ancienne animée par Marc Voinchet rediffusée la nuit sur France Q.

Puisqu’il est question de poésie, centenaire du « Manifeste du surréalisme », aujourd’hui.
Merci S.Freud, G.Princip, G.Apollinaire, Jacques Vaché et A. Breton, bien sûr.
Perso, amour fou pour ces poètes et peintres, depuis Capitale de la douleur, les Ponts de Cé et Nadja à 18 ans.
Belles émissions un peu partout.
La voix de la littérature française a jadis pesé de l’or dans la conversation littéraire mondiale…

Bloom dit: à

Paul Edel, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur si je signale qu’on peut vous entendre avec Edward Bond dans une émission ancienne animée par Marc Voinchet rediffusée la nuit sur France Q.

Impossible de faire passer un poste sur le centenaire d’aujourd’hui…étrange

J J-J dit: à

@ PE… §/!!§&… comme des griffes rétractiles de la part de ces lamellibranches acidifiées ? C’est d’une cruauté sans nom !… J’aime quand elles résistent à ma lame…, notez bien. Alors, je pense à Ponge… Auriez-vous assez épongé Francis, de votre côté ? On dit qu’il n’était pas un vrai poète, qu’il avait la figue trop matérialiste, et le verre d’eau trop débordant, la fabrique du pré trop chantournée… Vous savez comme les gens sont méchants, hein ! Bàv,

Jazzi dit: à

Suis-je le seul à trouver la nouvelle traduction bien moins « poétique » que la première ?
On perd tout à la fois la légèreté et la musique du sonnet originel !

puck dit: à

Garcia Lorca est plus un poète andalou qu’espagnol.
c’est comme pour la guitare : les guitares de Madrid sont différentes des guitares de Barcelone qui sont différentes des guitares de Valence etc…
pour la poésie c’est pareil Lorca ne parle pas la langue de Madrid, c’est pas un madrilène, ni un barcelonais, c’est un andalou !

qui plus est de Grenade : c’est la ville au monde qui compte le plus grand nombre de luthiers guitare : plus de 200 luthiers parmi les meilleurs du monde.

en plus l’Andalousie c’est le lieu de naissance de la guitare dite « classique » ou « flamenca », elle est né à Alméria.

pour Garcia Lorca la guitare devait être « blonde ».

pourquoi blonde ? parce que les luthiers faisaient et continuent de faire différentes catégories de guitares, la partie du devant était toujours la même en épicéa. par contre le dos et les côtés était en bois précieux d’Amérique du sud pour les modèles les plus chers, et ils étaient en cyprès pour les modèles les plus économiques.
c’est pour ça que la guitare cyprès est devenue l’instrument du flamenco (jsuqu »à Paco de Lucia qui s’était fait construire une guitare palissandre).
ce qui a donné 2 noms différents pour ces guitares : les « blanca » pour celles en cyprès et les negra » pour celles en palissandre.

il y a un poème où Lorca compare la guitare au cyclope avec son unique oeil pour la bouche, par contre dans seis cordas il parle bien de la bouche : « la guitare
fait pleurer les songes, le sanglot des âmes perdues
s’échappe par sa bouche ronde. »

la guitare fait pleurer les songes… c’est comme ça qu’est née la guitare moderne au milieu de 19è siècle : pour faire pleurer les songes, en contradiction avec la froideur de la guitare romantique de l’époque.

si cette guitare est née là c’est bien parce qu’elle correspondait et elle répondait à ce « cante jondo » du chant gitan, si on écoute bien on s’aperçoit que la voix de la guitare est la même que celle du chant du flamenco qui est aussi la même voix que celle de la poésie de Lorca.

du coup il y a une cohérence dans tout ça.
c’est pour ça qu' »il faut bien préciser que Garcia Lorca n’est pas un poète espagnol, mais un poète andalou !! sinon on perd tout le sens et ça ne ripme plus à rien !

J J-J dit: à

Vous avez raison, jzmn, d’une certaine façon, la 1 est plus « poétique »… Mais elle n’a rien à voir avec le sens primitif du texte de Lorca. Une traduciton plus « laborieuse » en 2… Mais il faudrait savoir ce que l’on veut, hein ? En 1, le traducteur s’est fait plaisir, il a totalement oublié Lorca et s’est pris pour un Paul Valéry…
Bon, je sorge… avec mon char québécois, rené !

J J-J dit: à

c’est une variation brillante, cette histoire de guitare andalouse chez le supra. Mais enfin, Clopine, pourquoi tant de savance écrivassière pour si peu d’avancées sur l’identité du scripteur, dont on est obligé de subir le sabir incoercible en toutes affaires cessantes ?… 🙂

Bolibongo dit: à

« J’en ai tellement marre de la figure du poète triste, maudit, assassiné, méconnu et platonicien ! Alors qu’au fond, « si de la contrainte naît l’imagination », pourquoi ne pas accepter l’idée d’un poète jouant avec les mots, les rimes et la musique, comme un petit enfant jouant avec ses legos ? »

Ben, écrire de tels propos, c’est enfoncer des portes ouvertes avec un gros camion! 🙂

FL dit: à

Je suis allé voir la salle de bal des Wendel qui nous avait été conseillée par MC avec des fresques de Josep Maria Sert.

Peintre virtuose.

La fresque représente le départ de la reine de Saba pour Jérusalem entourée de sa suite.

Le peintre a pris des libertés. Il a juché la reine sur un éléphant blanc. C’est plutôt un thème indien non Bloom?

vadeboncoeur dit: à

Ah, ça serait tellement bien, tellement drôle, si chaque erdélien venait poster ici un sonnet à sa façon…

Vous êtes une personne qui énoncez des idées prémonitoires Mme. clopine. Vers 14 h20 et 15 h, cet après-midi, je me suis remis à écrire des poèmes alors que j’ avais cessé d’ en écrire depuis longtemps.Cela est très troublant pour moi.

J J-J dit: à

@ « Les érudits de ce blog » (CT) me font toujours penser à des bandes d’urubus un brin déplumés avançant leurs échasses dans les montagnes d’immondices des décharges sauvages au Brésil au bord des pistes, histoire d’y trouver des pépites (voire des pépètes). Bàv,

FL dit: à

Troisième salle. La table de travail de Gertrude Stein. Aussi massive qu’elle.

Bref trois salles sur le paris de la Belle Epoque, de la Première Guerre mondiale, et des années 20.

FL dit: à

* en 1906

Bolibongo dit: à

Ah, le sonnet, c’est tout un papouème! 🙂

FL dit: à

* grands

Bolibongo dit: à

Après Ponge, c’en est fini de la poésie. (!?)

FL dit: à

* Paris de la Belle Époque

J J-J dit: à

@ enfoncer des portes ouvertes avec un gros camion!
Pas drôle et totalement faux… BLBG ne sait pas trop quoi penser de llorca, et préfère de l’humour gras sur le dos de sa porte rembourrée de sparadrap. Quelle chance de s’être remis à écrire des poèmes, grâce à CT, VDBC…
Cette femme est une source et une ressource, reconnaissons lui sa fécondité et sa faconde. Elle a souvent de bonnes idées, saugrenues, incongrues, pas souvent pas convenues…. Elle joue les effileuses… Se prend au jus…
—-
Federico, as tu connou ?
Bahamontès, le coureur fou ?
Pas le Franco, le grand dingo
Qui dirigea, de Cipango
La traviata del Dorado ?
Desdichado Federico,
Lorca Garcia, tu resteras.
///
Federico, ¿has conocido ?
¿Bahamontès, ciclista loco ?
No Franco, el gran dingo
Que dirigió, desde Cipango
La traviata del Dorado ?
Desdichado Federico,
Lorca García, te quedarás.

🙂

vadeboncoeur dit: à

Je vais quand même – malgré la mort de la poésie – vous faire connaître la traduction de madame Danièle Faugeras à comparer avec celle que Pierre Assouline nous donne à lire ci-dessus :

J’appréhende de perdre l’ enchantement
de tes yeux de statue et aussi cet accent
que chaque nuit dessus ma joue dépose
de ton haleine la solitaire rose.

Je me désole d’être sur ce rivage
un tronc sans branches et, bien davantage,
de n’avoir la fleur, la pulpe ou le limon,
qui nourrirait le ver de ma désolation.

Si tu es le trésor en moi enfoui,
si tu es ma croix, ma douleur toute trempée,
et si je suis le chien de ta seigneurie,

ne me laisse pas perdre ce que j’ai gagné
et agrémente les eaux de ton fleuve ravi
avec les feuilles de mon amour insensé.

(Page 740, éditions érès 2016)

Bonne soirée.

FL dit: à

* savoir-faire

Bolibongo dit: à

Ouh, 3J, poétise-t-il comme il aquarellise?

Paul Edel dit: à

L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.

Francis Ponge – Le parti pris des choses (1942)

vadeboncoeur dit: à

àJJJ –
Oh, vous savez c’est un hasard qui est surtout tributaire de la belle prestation du critique littéraire,écrivain, juré Goncourt et amoureux du numérique blogueur qu’est Pierre Assouline.

et alii dit: à

Jean FERRAT « Federico Garcia Lorca »

J J-J dit: à

quoiqu’il m’en coûte, merci PE pour ce petit rappel de Ponge, je n’avais plus ce texte sous la main… Or, que m’a-t-il marqué !… J’observe que vous tentez aussi de les ouvrir, même si elles vous opposent une résistance bien compréhensible, mes marennes-oléron. Tant que vous ne plaidez pas leur cause de victimes bretonnes, tout va bene ! Bàv,

J J-J dit: à

@ les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords (FP)

***il s’y connaissait en matière de conins, ce bougre de francis, et en cunnilingus échevelés ! 🙂 hein !

pourmapar dit: à

à Paul Edel,

Actualité de Ponge, le 18 octobre à Lyon :

Francis Ponge – SLFP
·
Séance de séminaire La Fabrique Pongienne
Vendredi 18 octobre 2024, de 14h00 à 16h00
La Fabrique Pongienne – Autour des correspondances
Lieu : Salle de la Rotonde
18 rue de Chevreul au sixième étage, Lyon 7e.
L’actualité éditoriale autour de l’œuvre de Ponge a été marquée ces dernières années par l’édition de la correspondance. À partir des deux volumes récemment parus aux éditions Gallimard, cette séance sera l’occasion de réfléchir aux éclairages nouveaux sur l’œuvre qu’offrent ces publications, à propos d’un écrivain qui n’a eu de cesse d’interroger les frontières de la notion d’œuvre, et notamment en intégrant l’activité épistolaire à ses « pratiques d’écriture » publiées comme dans Le Carnet du Bois de pins et dans Le Savon.
En présence de Delphine Hautois, éditrice de la correspondance de Ponge et Tardieu (1941-1944) en 2022, aux éditions Gallimard, et de Pauline Flepp qui a édité avec Didier Alexandre la correspondance de Sollers et de Ponge (1957-1982) en 2023, aux éditions Gallimard.
Voir sur le site de l’équipe MARGE (Université Jean Moulin Lyon 3) :

Jazzi dit: à

« les guitares de Madrid sont différentes des guitares de Barcelone qui sont différentes des guitares de Valence etc…
pour la poésie c’est pareil »

Et idem pour les paellas, puck !

Jazzi dit: à

Ne parlant pas l’espagnol, JJJ, je ne parlais pas du sens, mais de la légèreté et de la musique du sonnet de Lorca et de ses traductions…
Vous avez trouvé le bon mot pour la n°2 : « laborieux » !

pourmapar dit: à

Vraiment J-J-J vous êtes un jarret porc avec votre remarque conine.( Mêmepas coquine!)
Comme si Ponge tombait dans ce genre de vaseuse comparaison. Tout son travail « poétique » consiste au contraire à explorer le langage en de multiples tentatives d’ approches, totalement éloignées de la facilité des lieux communs dont vous vous faites le triste et banal porte-voix.

pourmapar dit: à

un jarret de porc (pour rester poli.)

Bloom dit: à

Bon, maintenant qu’ils m’ont guerri ma schizophrénie, où je vais me trouver quand j’ai besoin de moi?

Jean Langoncet dit: à

(Ponge : l’autre bête noire poétique de Polo, après Philippe Jaccottet)

Jean Langoncet dit: à

(Ponge & ses évocations de Lucrèce : j’aime)

puck dit: à

@ »Et idem pour les paellas, puck ! »

exact !!!
sauf que Garcia Lorca n’a hélas jamais écrit de poème sur la paella?
par contre il a écrit sur la guitare et il la voyait « blonde » parce que les guitares andalouses sont blondes, et pas les guitares madrilènes, ni barcelonaises.

en effet si pour Garcia Lorca la guitare devait être blonde c’est parce son corps était fait d’épicéa et de cyprès, qui sont des bois locaux et blonds.

alors que pour la paella je ne connais la moitié du quart d’un poète espagnol qui a dit la moitié du quart d’une seule fois que la paella était blonde !

par contre Audiard a dit un truc du genre « que ce soit pour la paella ou la révolution avec les espagnols rien n’est simple ! »

mais comme l’articlapassou ne parle pas de paella ce n’est gère opportun de citer cette phrase d’Audiard !

sérieux pour une fois que j’essaie de jouer le bon élève pour que passou me donne un bon point au bout de dix bon points une image faudrait juste arrêter de m’embarquer sur la paella parce qu’il y a 2 domaines il ne faut me brancher c’est les néoconservateurs américains et la paella !!!

puck dit: à

par contre l’inventeur de la guitare moderne, qui était lui aussi andalou, a construit une guitare en papier mâché qui ressemble à la pâte de riz, là on peut éventuellement, sous cet angle, relié Garcia Lorca à la paella.

puck dit: à

sérieux au lieu d’accoler ce qualificatif « espagnol » à Garcia Lorca il vaudrait mieux dire « andalou ».

Garcia Lorca, un poète andalou.

de suite ça plus de gueule.

en plus Garcia Lorca est pétri d’Andalousie, dans ses veines coulent le sang andalou, ses vers sont nourri des ots et de l’accent andalou.

chez Lorca tout n’est qu’Andalousie !

Madrid c’est sympa, mais c’est un autre univers : si Garcia Lorca avait été madrilène tout changeait.

quand à Barcelone même pas besoin d’en parler, ce n’est pas une ville espagnole juste parce que Barcelone n’est pas en Espagne.

Bloom dit: à

Ainsi soit-il

Ils vous foutent en l’air, votre mère et votre père.
Ils n’en ont peut-être pas l’intention, mais c’est bien ce qu’ils font.
Ils vous refourguent leurs propres tares
Et ils en rajoutent d’autres, juste pour vous.

This be the verse

They fuck you up, your mum and dad.
They may not mean to, but they do.
They fill you with the faults they had
And add some extra, just for you.

-Philip Larkin

J J-J dit: à

le nb de posts que le robot du censeur me chinte ! Dommage pour mes charmants contradicteurs… Il détecte sans doute quelques malpolitesses inflammatoires mais jamais diffamatoires, il n’a pas été programmé pour apprécier l’humour gras de cochon multidirectionnel… La RDL y perd beaucoup en général et vous, en particulier.

J J-J dit: à

@ il y a 2 domaines il ne faut me brancher c’est les néoconservateurs américains et la paella

Dont acte… On vous en débranche bien volontiers ! Bonne nuit.

puck dit: à

qui plus est Lorca est andalou de Grenade c’est un granadino !

inutile de dire que c’est totalement différent d’un Lorca de Cordoue ou de Séville ou de Cadiz : Grenade c’est quoi ? Grenade c’est Grenade ! une ville dominée par l’Alhambra d’où 8 siècles de présence arabe.

la guitare, ici jouée par une guitariste russe ( ou bélarusse ?) en témoigne :

https://www.youtube.com/watch?v=06GVrYP6NKs

D. dit: à

Puck, aimes-tu la paella ?
Moi j’en suis fou. J’en mangerais matin midi et soir en me relevant deux fois dans la nuit.

puck dit: à

D. sérieux comment pourrait-on ne pas aimer la paella ? qui peut dire sérieusement moi je n’aime pas la paella.
déjà pour les yeux ! regarder une belle paella c’est comme regarder un tableau de Monet ou un Rembrandt, le mariage de toutes ces couleurs, la paella ce n’est pas un plat c’est un arc en ciel !
pour boire il faut bien sûr utiliser cette gourde que les basques le zahato, remplie d’un tinto de verano on y boit à la régalade parce qu’on ne peut bien sûr que se régaler.

D. franchement c’est sympa de savoir que nous avons cette chose en commun, qui nous relie l’un à l’autre, la paella…

D dit: à

Pablo aime énormément la paella, Puck. Nous sommes déjà trois.
J’imagine que renato en est plus ou moins dingue aussi. Et de quatre.

D. dit: à

Paul Edel serait prêt à nous rejoindre si l’on accepte de remplacer les moules par des huîtres.
Moi je suis contre.

D dit: à

Et merde. La concordance des temps. Rhaahhhh.

D. dit: à

Jazzi n’aime pas les moules. On ne pourra pas compter sur lui.

D. dit: à

Bon je vais faire un bisou à mes poules qui dorment et au dodo moi aussi.

rose dit: à

Les cannellonis, les lasagnes,la soupe au pistou, les spaghettis sauce bolognaise et tutti quanti.
On ne fait pas la paëlla pour deux. Enfin, si vous voulez ma mort, dites-le. Vous ne serez pas le seul sur la liste.
Depuis deux jours, gant de crin.
Vous n’imaginez pas le résultat.

rose dit: à

G trouvé.
Merci.
On ira dimanche.

MC dit: à

Remercier Gavrilo Prinzip, et par deux fois, il faut le faire! Merci Bloom! MC

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