de Pierre Assouline

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François Truffaut en toutes lettres

François Truffaut en toutes lettres

Après les écrivains, les cinéastes. Ce qui ne signifie pas : après la littérature, le cinéma tant les deux pôles de la vie de François Truffaut ne cessèrent de s’entremêler. Sa Correspondance avec des cinéastes 1954-1984 (524 pages, 25 euros, Gallimard) qui parait ces jours-ci en témoigne trois ans après le volume de sa Correspondance avec des écrivains 1948-1984. Il est vrai que Truffaut demeurera toute sa vie un cinéaste des plus littéraires. Il a toujours dit avoir été non un écrivain raté mais un libraire raté. Évoquant sa fascination pour Citizen Kane, le film qui a changé sinon engagé et gouverné sa vie, il dira même un jour que « c’est un film proche et amical, comme un roman, curieusement ». Dans sa préface, Bernard Bastide, le méticuleux éditeur de ce recueil de lettres et du précédent, fait remarquer que Truffaut est aussi déférent et respectueux avec les écrivains qu’il ne l’est pas ou peu avec les cinéastes (à quelques exceptions près).

Que de projets, de films avortés ! Nul autre que le cinéma compte autant d’abandon. L’argent, à coup sûr, mais aussi les calendriers qui ne coïncident pas, les incompatibilités d’humeur etc L’épistolier avait une belle plume, et pas seulement pour exécuter, le sens des formules heureuses telles que « faire flèche de tous plans » (à propos du Bonaparte et la Révolution d’Abel Gance en triple écran)

On lui prête beaucoup de pouvoir dans le Milieu, on le croit président de l’Avance sur recettes, du CNC, de la Société des réalisateurs, de tel jury ou de telle commission. Comme s’il pouvait faire et défaire le destin des films alors que depuis 1962, il ne siège plus nulle part, ainsi qu’il l‘assure à Claude Autant-Lara, pas vraiment un ami celui-là, persuadé qu’a fait campagne pour le projet de son Lucien Leuwen échoue mais sa parano n’était pas un mystère.

Deux longs échanges avec Jean Luc-Godard sont le clou du recueil. Le premier se situe en 1973 lorsque Godard sollicite Truffaut afin qu’il entre en coproduction dans son prochain film, un projet finalement inabouti intitulé provisoirement Un simple film ou encore Moi, je. Un refus net et catégorique. Il lui fait payer, disons, son absence de qualités humaines pour ne pas dire pire, notamment son attitude « dégueulasse » vis-à-vis de Jean-Pierre Léaud (il aurait tenté de lui extorquer de l’argent). Sa longue réponse d’août 1980 à une lettre de Godard est un morceau d’anthologie. Le réalisateur du Mépris y proposait un entretien à quatre (Godard, Chabrol, Truffaut, Rivette) dans un journal pour lancer leurs nouveaux films avant d’être repris chez un éditeur. Il a le cynisme de terminer par « Amitiés quand même ».

En retour, Truffaut se moque du style de sa lettre effectivement digne de la langue de bois des politicards. Elle s’achève par un encouragement à ne pas perdre son temps à lui écrire d’autres lettres :

« Il n’est pas question de bâcler la préparation de ton prochain film autobiographique dont je crois connaitre le titre : « Une merde est une merde ».

 

Ceux qui ont en mémoire son Une femme est une femme apprécieront. Dur ? Il est vrai que Godard, jamais à court d’une insulte ou d’une dénonciation, avait publiquement traité telle actrice de salope ou telle autre de révisionniste, le producteur Pierre Braunberger de « sale juif », Truffaut et ses copains de crapules, de malfrats, de pestiférés et le ton n’avait rien d’amical ou d’humoristique puisqu’il allait jusqu’à préciser que Jacques Rivette n’avait « plus rien d’un être humain ». Au-delà de tout ce qui séparait leurs conceptions respectives du cinéma (et il y a un monde dans ce « tout »), Godard jalousait son succès public et ne le cachait pas.

L’intérêt d’une telle correspondance, et ce n’est toujours le cas, c’est que l’on dispose de l’aller et du retour. Autrement dit les lettres de Truffaut et celles de ses interlocuteurs. C’est passionnant s’agissant par exemple d’Alfred Hitchcock. Il y est question de Hitchcock/Truffaut, « leur » livre naturellement, non à deux ou quatre mains mais à deux voix, formidable entretien abondamment illustré publié en 1960 par Robert Laffont.

En 1976, on voit le grand Hitch à court d’idées (toujours étonnant de voir que les réalisateurs attendent qu’on leur apporte des « sujets » et n’agissent pas en fonction de leur désir contrairement aux écrivains, la question des moyens change tout, Stephen Frears l’avait bien expliqué à propos de ses Liaisons dangereuses), on le voit donc envier sa liberté à Truffaut et le développement vaut le détour :

« Quant à moi, je ne peux faire que ce qu’on attend de moi, c’est-à-dire un thriller ou une histoire à suspense, et cela me donne du mal. Il y a tant d’histoire qui paraissent ne traiter que de néo-nazis, de Palestiniens en lutte avec des Israéliens, etc Et, comme vous le voyez, aucun de ces sujets ne présente de conflit qui possède une dimension humaine. Comment peut-on avoir un Arabe de comédie ? Cela n’existe pas, pas plus qu’un Israélite amusant. Je prends ces deux exemples, car on me les a mis sur mon bureau pour que je les étudie ».

Il est vrai que son entourage le bombarde de scripts présentés comme des projets qui feraient « un bon Hitchcock », avis qu’il ne partage jamais. Le problème, ce sont les tabous, le cahier des charges non de ce qu’il faut faire mais de ce qu’il faut éviter : les gens âgés, les projets excédant deux à trois millions de dollars etc Alors quoi ? Des films avec « des jeunes et des éléments anti-pouvoir ». Morne plaine…

Ce bon vieux Hitch va même jusqu’à gratifier La nuit américaine de « meilleure film de fiction tourné sur l’art de faire du cinéma ». Cela dit, Truffaut évoque bien leur ouvrage commun comme « le meilleur livre jamais publié sur le cinéma » ! Ce qui les différencie tout de même ? Tant de choses que Hitch résume en une remarque. Lui exprimant sa fascination pour La mariée était en noir, il dit avoir notamment apprécié la scène au cours de laquelle Jeanne Moreau contemple l’agonie d’un homme qu’elle a elle-même empoisonné en trafiquant son verre d’arak :

 « Avec mon sens de l’humour très particulier, je crois que je serais allé encore un peu plus loin : elle aurait pris un oreiller et l’aurait glissé sous sa tête afin qu’il meure plus confortablement ! »

L’admiration réciproque que se vouent François Truffaut et Claude Sautet a quelque chose de reposant car elle est vierge de tout règlement de compte. Pareillement pour les échanges avec Jean Renoir. La confiance est telle entre eux que celui-ci sollicita Truffaut pour la rédaction de ses Mémoires. Avec Abel Gance, c’est le même ton ; il était un peu le grand parrain de ses réseaux.

Un mot revient souvent dans des échanges avec différents réalisateurs : celui de « loyauté » et son corollaire « déloyauté » sans que l’on comprenne en quoi un metteur en scène doit être loyal vis-à-vis d’un confrère surtout s’il méprise son art et sa manière et l’on se souvient de la violence excommunicatrice du critique Truffaut aux Cahiers du cinéma avant qu’il n’ait lui-même la carte. Il est d’ailleurs piquant de constater que, les ayant relus, il convienne que ses articles élogieux tiennent mieux le coup que les éreintements. Mais lorsque le mal est fait, si certaines victimes pardonnent avec le temps, elles n’oublient jamais tel Marcel L’Herbier qui rappelle que Truffaut l’avait autrefois « couvert de son mépris » avant de changer d’avis. Incroyable comme les éreintés de jadis conservent pour la vie les mots les plus blessants gravés dans le marbre de leur mémoire. Ainsi L’Herbier ressort-il des années après à Truffaut que celui-ci l’avait traité dans Arts de « plus intéressé des cinéastes ». Peu lui importe au fond qu’il ait trainé ses films dans la boue. Mais l’accuser sans preuves de manquement à la déontologie professionnelle, c’est impardonnable.

On le retrouve enfin au montage du Dernier métro, sollicitant de Georges Franju l’autorisation de reprendre quelques plans tournés dans le métro pendant l’Occupation, tout ce que l’on pouvait trouver aux archives étant encore trop moderne à son goût (éclairage, décor, affiches etc). Or Truffaut, dont la cinéphilie est rarement prise en défaut, avait conservé en mémoire des images de La première nuit, un court-métrage daté de 1958, trente secondes idéales. Non seulement Franju l’y autorise aussitôt mais il le prie de le faire discrètement, sans citation, de se passer même de l’autorisation du producteur ou du distributeur ; son admiration va même jusqu’à lui suggérer d’en emprunter également un autre, un plan typique de l’Occupation selon lui, une femme en grand deuil montant un escalier. Si l’expression galvaudée de « grande famille du cinéma » peut avoir un sens, il est là, dans ce bref échange.

(« Photo de tournage », D.R. ; « François Truffaut, 1970 » photo Pierre Zucca)

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1 272 Réponses pour François Truffaut en toutes lettres

Maurice revient... dit: 17 mai 2025 à 11h14

« Le cinéma est un art qui consiste à faire de jolies choses à de jolies femmes ».
François Truffaut
Les féministes apprécieront.

FL dit: 17 mai 2025 à 11h25

J’ai replongé dans « Les Châtiments » de Victor Hugo.

« Saint-Arnaud » – un de ses chouchous avec Louis Veuillot. Saint-Aranud commandait la répression militaire pendant le coup d’état.

L’année 1851 pour Saint-Arnaud est assez productive puisqu’il avait commencé l’année avec quelques exploits en Kabylie en mars 1851.

Il est maréchal de France

Ces quelques vers font allusion à ses activités en décembre 1851 à Paris.

« Fier, le tonnerre au poing, il avait mis en poudre
Un marchand de coco près des Variétés ;
Avec quinze escadrons, bien armés, bien montés,
Et trente bataillons, et vingt pièces de douze,
Il avait pris d’assaut le perron Sallandrouze ;
Il avait réussi même, en fort peu de temps,
A tuer sur sa porte un enfant de sept ans ;
Et sa gloire planait dans l’ouragan qui tonne
De l’égout Poissonnière au ruisseau Tiquetonne.
Tout cela l’avait fait maréchal. Nous aussi,
Nous étions des vaincus, je dois le dire ici ;
Nous étions douze cents ; eux, ils étaient cent mille. »

FL dit: 17 mai 2025 à 11h25

* Saint-Arnaud commandait la répression militaire pendant le coup d’état.

Maurice revient... dit: 17 mai 2025 à 11h34

Dans ma jeunesse, j’était un fan absolu
des films de Truffaut, un truffaldien pur jus, pur plan.
La mort du réalisateur de La Chambre verte a signé, pour moi, la mort de ma passion pour le cinéma.
Fini les projections privées dans les salles obscures, les discussions enflammées aux ciné-clubs et la lecture assidue des Cahiers du cinéma autour de Truffaut.

Chaloux dit: 17 mai 2025 à 11h44

Débat Phil, rien sur ce thème dans l’introduction du premier volume qui traite surtout du caractère de Mme de Sévigné, de ses premiers critiques et des scrupules de ses premiers éditeurs. Mais il y a en fin de volume une « note sur le texte », texte équivalent à un petit volume de soixante-dix pages de la Pléiade. Je le lirai au plus vite.

closer dit: 17 mai 2025 à 12h02

Vous êtes bien courageuse, Christiane, d’avoir lu l’une des « Femme de Ménage » de Freida McFadden…Bien que ne rejetant par principe aucun auteur populaire, ma PAL est si haute que je ne m’y mettrai sans doute pas.

N’empêche qu’elle est toujours dans les meilleures ventes de romans de la FNAC et aussi avec sa nouvelle héroïne « La Prof » (non la Psy comme je l’avais écrit par erreur).
Quand on tient un bon filon…

Chaloux dit: 17 mai 2025 à 12h10

Curieux, vers l’âge de vingt ans, j’ai connu pour Truffaut une passion presque jamais renouvelée pour un autre cinéaste, l’équivalent d’un grand frère qui débrouillerait d’avance la vie pour son cadet. Je n’aurais plus envie d’en voir dix minutes aujourd’hui. Mais Franju reste une de mes îles, surtout son Judex. Grand souvenir lorsque Judex entre dans le bal avec son masque d’aigle, la colombe qui ressuscite etc. Cette atmosphère de naïveté surréelle, et cette musique magnifique qui rappelle un peu celle du merveilleux Maurice Jaubert qu’aimait Truffaut.

L’article est très mal foutu, notamment ce qui concerne Godard. On n’y comprend rien.

FL dit: 17 mai 2025 à 12h12

* L’année 1851 pour Saint-Arnaud est assez productive puisqu’il avait commencé l’année avec quelques « exploits » en Kabylie en mars 1851.

Patrice Charoulet dit: 17 mai 2025 à 12h27

QUE SIGNIFIE CE MOT ?

La plume à la main, je lis avec plaisir un livre de Flaubert. Je tombe sur un mot que je ne comprends pas. N’acceptant pas cela, comme d’habitude, j’ouvre les principaux dictionnaires unilngues qui m’entourent. Inutilement. Reste à écrire le mot sur mon ordinateur, en espérant une réponse. En vain. Que faire ? Consulter en ligne le TLF . Le TLF, Trésor de la langue français, est un immense dictionnaire , coûtant une fortune, que je n’ai pu m’acheter, mais qui est en ligne. Je trouve le mot. Tout s’éclaire. Le TLF me gratifie même d’une citation de George Sand, en date de 1833. George Sand était une grande amie de Flaubert. Quand elle mourut, son ami écrit avoir beaucoup pleuré. Je présume que Flaubert a trouvé ce mot dans un livre de son amie et que ce mot lui a plu. En tout cas, je connais maintenant ce mot français.

Chaloux dit: 17 mai 2025 à 12h38

Il faut croire que Flaubert et Sand échangeaient volontiers leurs inventions en matière de vocabulaire.

À propos de Thiers:

F : « Est-il plus étroniforme bourgeois »?

S: « Ah! Ami de mon cœur, « étroniforme » est le mot sublime qui classe cette espèce de merdoïde ».

(Cité de mémoire.)

Relu cette magnifique correspondance cette année..

Christiane dit: 17 mai 2025 à 13h00

Jeunesse… (Pour faire suite à ce billet mémoire : Truffaut)

« En 1945, j’avais treize ans. a cette époque, « Le Roman d’un tricheur » était déjà vieux de huit ans mais il était, plusieurs fois par an, à l’affiche du cinéma Champollion au Quartier latin. Je l’avais déjà vu une dizaine de fois et j’en connaissais par cœur le commentaire qui me grisait à la manière d’une partition musicale. Un jour, une crise familiale m’amène à quitter ma famille. Je passe chez un copain mettre un mot sous sa porte : « Je suis obligé de me sauver de chez moi. Il faut que tu m’aides à trouver un endroit où dormir. en attendant, je vais au Champollion, on y donne « Le Roman d’un tricheur ». J’y serai toute la journée. rejoins-moi là-bas dans la soirée. » Ce souvenir personnel montre à quel point le film de Guitry me comblait puisque je pouvais envisager de le regarder trois ou quatre fois à la suite dans une même journée. Le cinéma m’était généralement un refuge mais quand ce refuge était habité par Chaplin et Guitry alors je me sentais au chaud, protégé. La comparaison entre Chaplin et Guitry
n’étonnera que ceux qui ont oublié que « Le Roman d’un tricheur » est une histoire de survie, un éloge de
l’individualisme et de la débrouillardise comme bien des films de Chaplin. »
Truffaut

(Extrait de la préface « Le cinéma et Moi » de Sacha Guitry – éd. Ramsay, Paris , 1977.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 13h43

La Nuit américaine, j’y étais !

J’apparait de dos (cheveux longs et veste en daim) à 3:27 et ensuite je fais, à pas rapide, tout le tour de la place et réapparait dans le plan- séquence à  3:50, devant le café et ensuite devant le salon de coiffure…
https://www.youtube.com/watch?v=1HCs2yaP-c4

FL dit: 17 mai 2025 à 14h16

« J’apparait de dos (cheveux longs et veste en daim) à 3:27 »

Vous nous aviez caché ça.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 14h34

Non, j’en avais déjà parlé ici, FL
Cela se passait au début de l’été 1972 et le tournage se faisait aux studios de la Victorine à Nice.
Ayant lu auparavant un article dans Nice-Matin annonçant la venue de Truffaut, je lui avais écrit et reçu en retour une convocation…
Cette première impression de tournage m’a à jamais dégoûté du métier d’acteur, pour lequel j’avais quelques velléité !

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 14h46

Je me souviens très bien qu’entre deux plans, Jean-Pierre Aumont, assis sur une chaise, remplissait la grille de mots croisés de Nice-Matin !
Dans le rôle de la script du film, Nathalie Bayle faisait de modestes débuts.
Aura t-elle couché pour obtenir ensuite le rôle principal dans « La Chambre verte » ?

MC dit: 17 mai 2025 à 15h42

Cette Chambre verte qu’il est préférable de lire plutôt que de voir…. MC

MC dit: 17 mai 2025 à 15h53

Hugo reviendra sur « St Arnaud » et n’hésitera pas à dire au cercle familial qu’il est allé un peu loin au vu de sa mort brave d’écrire «  les boulets indignes se détournaient de lui » et autres gentillesses. Faut-il rappeler que la considération d’Hugo pour le peuple algérien ne dépasse pas celle du poète pour les « frères «  des Orientales, ceux qui disent à leur sœur: « N’avez-vous point enlevé votre voile ce soir? », in Le Voile, poème qui pourrait bien redevenir d’actualité, si ce n’est déjà fait?!

Christiane dit: 17 mai 2025 à 17h04

La Nuit américaine…
« Le regard de Jean-Pierre Aumont se pose en priorité sur les aspects inattendus de la vie, ce qui le relié à une famille d’artistes que j’aime énormément, celle des anti-solennels : Sacha Guitry, Dauphin, Charles Trenet, Raymond Queneau, Ernst Lubitsch.
Comme eux, il est doté d’un esprit malicieux, pas dans le sens français, c’est-à-dire blagueur comme le deviennent les adolescents lorsqu’ils découvrent que la société des adultes est formée de pantins qui s’agitent gravement.
Le cinéma nous a permis de regarder Jean-Pierre Aumont en buste ou en gros plan. Sur la scène du théâtre Antoine, nous allons le voir évoluer avec cette démarche étonnante qui n’est qu’à lui, celle d’un gentleman-cambrioleur qui avance sur la pointe des pieds, la nuit, dans une villa de plage, à la recherche de cœurs à prendre. »
(Pour le théâtre Antoine, août 1982.)
« J’ai réalisé « La Nuit américaine » comme un documentaire, et il y a peu de décalage entre le tournage que je montre et celui de mes films. Je me suis imposé des limites bien précises, j’ai respecté l’unité de lieu, de temps et d’action. Pour évoquer la réalisation de « Je vous présente Pamela » – le film du film – j’ai voulu énumérer de façon assez systématique mais plausible toutes les embûches qui peuvent handicaper et menacer la bonne fin de l’entreprise…
J’ai voulu aussi continuer ce que j’avais commencé avec « Baisers volés », c’est-à-dire que j’ai voulu lutter contre un courant du cinéma français qui, depuis 1960, a tendance à se concentrer sur un seul personnage. Dans « La Nuit américaine » j’ai essayé d’avoir dix personnages d’importance égale : l’accessoiriste et la script-girl comptent autant que les vedettes. L’aspect collectif du film exprime la nostalgie du cinéma de Prévert. (…)
Pour moi, un raconteur d’histoires doit accepter éventuellement de passer pour un idiot aux yeux des disciples de Paul Valéry. Il s’agit toujours de cette bonne vieille marquise qui sort à cinq heures et de décider ce qu’on voudrait lui faire dire. « Je vous présente Pamela » est l’histoire d’une jeune mariée qui part en fugue avec son beau-père. (…) J’ai volontairement assumé cette tragédie bourgeoise : elle illustré un cinéma de sentiments que j’ai défendu puis pratiqué et que je serai l’un des derniers à abandonner.
Mon idée c’est de dire cette formidable mobilisation que constitue un tournage, cet investissement affectif qui peut embrouiller la vie privée de ceux qui participent à un film.(…) »
(Propos recueillis par Yvonne Baby, « Le Monde », 18 mai 1973.

Christiane dit: 17 mai 2025 à 17h08

« La marquise sortit à cinq heures » est une phrase tirée du Manifeste du surréalisme d’André Breton qu’il attribue à Paul Valéry. Cette phrase, prémisse du Nouveau Roman, citée comme un exemple du comble de la banalité ou des conventions romanesques à éviter, a justement servi de prétexte, d’inspiration et d’incipit à de nombreux auteurs dans des articles, nouvelles ou romans. »(Wikipedia)

Christiane dit: 17 mai 2025 à 17h09

Extrait des premières pages du premier Manifeste du surréalisme d’André Breton (1924) :

« Par besoin d’épuration, M. Paul Valéry proposait dernièrement de réunir en anthologie un aussi grand nombre que possible de débuts de romans, de l’insanité desquels il attendait beaucoup. Les auteurs les plus fameux seraient mis à contribution. Une telle idée fait encore honneur à Paul Valéry qui, naguère, à propos des romans, m’assurait qu’en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire : La marquise sortit à cinq heures. Mais a-t-il tenu parole ? »

Christiane dit: 17 mai 2025 à 17h11

« Julien Green en donne une version légèrement différente dans son Journal de 1930 :

« C’est lorsqu’un sujet paraît facile qu’il est, presque toujours, le plus difficile à traiter, car il faut une patience infinie pour le sauver de la banalité. À ce propos, je me souviens que Valéry disait à peu près : « Ce qui m’empêcherait de faire un roman, ce serait d’avoir à écrire : “La comtesse entra et s’assit.” » De toute évidence, il a mis le doigt sur une des difficultés majeures. »

puck dit: 17 mai 2025 à 17h41

le truc que je préfère chez Truffaut c’est quand il se met sur la tronche avec Audiard dans un remake de la querelle des anciens contre les modernes : un grand moment du cinéma français :

Truffaut : « Les dialogues de Michel Audiard dépassent en vulgarité ce qu’on peut écrire de plus bas dans le genre »

riposte d’Audiard : « Oh ! les terribles révoltés que voilà. Truffaut est passé par là. Charmant garçon. A peine avait-il enfilé son smoking de festivalier que Monsieur Truffaut n’a eu de cesse que l’on sache qu’il avait fait un stage en maison de redressement. ‘J’suis un insoumis, un terrible’. Un œil sur la manuel du petit anar et l’autre accroché sur la Centrale catholique, une main crispée vers l’avenir et l’autre masquant son nœud papillon, M. Truffaut aimerait persuader les clients du Fouquet’s qu’il est un individu dangereux. »

puck dit: 17 mai 2025 à 17h43

faut dire que le Audiard savait manier la plume :

« Maintenant que la Nouvelle Vague est morte on s’aperçoit ce qu’elle était : beaucoup plus vague que nouvelle. »

quand j’entends parler de Truffaut ça me rappelle toujours à quel point j’adore Audiard…

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 18h00

Toujours la même vieille histoire du « pousse-toi de là pour que je m’y mette », puck !

Phil dit: 17 mai 2025 à 18h06

Merci dear Chaloux, ne suis jamais venu à bout de la considérable préface de Duchêne, dear M Court précise sous le sujet précédent, ça tourne vite chez passou, l’existence de dix-sept lettres, misère due aux autodafés de comtesses bornées. Vu tout
de même passer chez Drouot cinq lignes de la marquise à quatre mille euros, le délié est imposant, la plume a dû crisser, plus de
mille euros la ligne, vive l’ancien régime.
Truffaut n’a sûrement jamais eu le temps de lire la Sevigné, trop obsédé de femmes pour comprendre celle qui ne voulait plus d’hommes. Beaucoup d’écrivains de droite dans sa première correspondance, ce qui aujourd’hui lui sucrerait l’avance sur recettes. Avant Truffaut, il y eut Douchet pour interviewer Hitchcock. Revoir l’homme qui aimait les femmes pour apercevoir le gaumont palace de place de Clichy.

renato dit: 17 mai 2025 à 18h21

(Pour un voyage en Sicile, prévoir une visite au Musée archéologique de Centuripe, — portraits d’Auguste et d’Hadrien —.
Centuripe s’élève au-dessus des vallées des rivières Dittaino, Simeto et Salso, dans l’arrière-pays d’Enna.
Bien à part son histoire, belle vue sur l’Etna, suggestive lorsque le volcan est en éruption.)

Christiane dit: 17 mai 2025 à 18h43

Quand même, Truffaut c’est :
La mariée était en noir
Baisers volés
L’enfant sauvage
La sirène du Mississippi
L’histoire d’Adele H
L’argent de poche
Rencontres du troisième type
L’homme qui aimait les femmes

L’amour en fuite
Dernier Métro
La femme d’à côté
Vivement Dimanche
Quatre cents coups
Jules et Jim
La peau douce
Domicile conjugal
Tirez sur le pianiste…

Beaucoup de très bons films.

Jean Langoncet dit: 17 mai 2025 à 18h58

(Truffaut, Godard … ou un boycott plus ou moins subliminal du festival de Cannes ?)

Christiane dit: 17 mai 2025 à 19h00

J’oubliais Fahrenheit 451, une fable de science-fiction ? Une société où il est strictement interdit de posséder, de lire des livres… Livres brûlés publiquement… Un rappel de la Résistance opposée à l’oppression nazie… Roman de Bradbury à l’origine. Fahrenheit 451, la température à laquelle le livre se flamme et se consume.
On pense aussi à un billet récent de Passou sur les livres mis à l’index, saisis, interdits, détruits…

renato dit: 17 mai 2025 à 19h08

J’ai principalement en tête le « Hitchbook » de Truffaut. Je pense que je pourrais le lire à la lumière des perspectives que nous offre le présent. Je pense le récupérer au garde-meubles lundi.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h19

« Revoir l’homme qui aimait les femmes pour apercevoir le gaumont palace de place de Clichy. »

Il a fallu du temps à Truffaut pour savoir que son géniteur était en réalité un dentiste juif, Phil.
« Les 400 coups », présenté par Cocteau à Cannes était un règlement de compte avec sa mère.
Après ça, on peut comprendre son rapport particulier avec les femmes…
Toutes des putes !

Phil dit: 17 mai 2025 à 19h24

Certes un homme pressé, dear Baroz. Vous avez plus d’un cameo dans la nuit américaine, une mise en abyme !

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h25

Les paris sont ouverts !

Pensez-vous que Louane va gagner l’Eurovision ?
OUI
NON
Cochez la bonne case.
Moi je pari non.
Et vous ?
(comment on fait pour les sous ?)

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h32

Hitchcock et Truffaut seraient dans la ligne de mire de MeToo aujourd’hui.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h36

Mon impression de Truffaut, sur le plateau de tournage en plein air des studios de la Victorine, à l’été 74, n’a pas été des plus favorables.
Mais je garde un faible pour ses films.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h42

J’aime tout particulièrement La Peau Douce (1964), avec l’émouvante Françoise d’Orléans, et L’Enfant sauvage (1970).

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h52

La Nouvelle Vague n’était pas si nouvelle.
Il n’y a pas plus bourgeois que Chabrol, sous couvert de cinéma anti bourgeois…
Et Truffaut n’était attiré que par les jeunes femmes de bonnes familles du style des petites anglaises.

Soleil vert dit: 17 mai 2025 à 20h00

De mémoire, Polanski sur Godard : « c’est du bricolage », Truffaut sur Renoir : » quand je manque d’idée pour une scène, je regarde un film de Renoir »

Dans la scène finale des 400 coups, avec les moyens actuels, il aurait pu élargir la plan, faire une vue aerienne, montrant la plage, la mer et Doinel réduit à une petite silhouette pour suggerer l’immensité, la liberté comme une immensité

Soleil vert dit: 17 mai 2025 à 20h00

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h52
La Nouvelle Vague n’était pas si nouvelle.

Du Audiard …

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 20h04

La Nouvelle Vague apporta un grand coup de modernité dans le cinéma français, que l’on a fait sortir dans la rue et une filmographie majeure du cinéma de la seconde partie du XXe siècle.
Avec un bon nombre d’acteurs et d’actrices emblématiques : Marie Dubois, Bernadette Laffont, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Léaud, Jean-Claude Brialy, Stéphane Audran, Anna Karina, Anne Wiazemsky…

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 20h07

« Dorléac, JB, impardonnable de ta part! »

C’est le correcteur automatique qui est cause de cette transformation en Jeanne la Pucelle, closer.
J’y suis pour rien.

D. dit: 17 mai 2025 à 20h08

La Nouvelle Vague apporta un grand coup de modernité dans le cinéma français, que l’on a fait sortir dans la rue et une filmographie majeure du cinéma de la seconde partie du XXe siècle.

Qu’est-ce que c’est que ce charabia, Jazzi ? Ça ne veut rien dire ce que tu écris-là.

D. dit: 17 mai 2025 à 20h12

Jazzi, j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision.

Jean Langoncet dit: 17 mai 2025 à 20h13

@(Truffaut, Godard … ou un boycott plus ou moins subliminal du festival de Cannes ?)

Cannes 2025 en a vu d’autres

https://scontent-cdg4-2.xx.fbcdn.net/v/t39.30808-6/496795953_687511900702449_3079064907279745225_n.jpg?stp=dst-jpg_s640x640_tt6&_nc_cat=107&ccb=1-7&_nc_sid=833d8c&_nc_ohc=HK9M-DejTtsQ7kNvwEkyX38&_nc_oc=Adn6-8vpyq1s48LwNiS4W9E7DeJY7pkDWkuqC_k75GH_FHIJctulLy-kxnVFrJKsPHQ&_nc_zt=23&_nc_ht=scontent-cdg4-2.xx&_nc_gid=vwHGqi3xft8yQmPqEbzRqA&oh=00_AfKxnQagm0a-Bqe7O7_GzMLlBBFw_5CKFgF8B8r2sqpmmg&oe=682EC488

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 20h19

FRANCOIS Truffaut

L’invention de Guitry

Tant que le cinéma a été muet, Sacha Guitry fut contre, déclarant, dès 1912, qu’il avait déjà atteint son apogée ! Mais lorsque celui-ci devint parlant, il s’en empara, avec avidité, voyant, lui aussi, tout le profit qu’il pouvait en tirer. Désormais, tout contre le cinéma, il écrivit, à l’occasion d’un tournage en 1935 : « Je m’amuse comme un fou… Je suis dans l’état d’un enfant à qui l’on vient de mettre entre les mains un merveilleux joujou ». Depuis lors et jusqu’à sa mort, il ne devait plus cesser de tourner, écrivant et réalisant trente-deux films, dans la plupart desquels il joua également. Tenu généralement par la critique pour un cinéaste mineur, François Truffaut fut l’un des premiers à saluer l’inventivité et l’originalité de son œuvre cinématographique. Hommage reconnaissant d’un fou de cinéma à son aîné.

« Evidemment, je ne prétends pas que Sacha Guitry soit un aussi grand metteur en scène que Welles. S’il a réussi à contrôler et dominer la technique, il n’a pas appris à en jouer au point de nous faire rire avec un mouvement de caméra (comme Lubitsch) ou de nous émouvoir avec un gros plan (comme Renoir). Mais, qu’on lui reconnaisse ce mérite, Sacha n’a jamais cherché à se faire passer pour le virtuose de la caméra qu’il n’était pas et, au fond de lui, il sentait bien la part de bluff qui entre souvent dans cette « virtuosité » quand on l’applique non plus à Hitchcock ou Welles mais à Preminger ou René Clément, par exemple.
Les histoires du « Maître » que l’on raconte à ce sujet sont légion ; vraies ou fausses, elles ont le double mérite d’être vraisemblables et drôles.
A un chef-opérateur qui lui propose un jour de commencer une scène en pointant la caméra vers un lustre puis en la faisant descendre vers la table, Sacha répond : « Mais, mon cher ami, le lustre n’a pas de dialogue ! » A un assistant-réalisateur qui lui propose d’installer un travelling de trente mètres, Sacha refuse : « Certainement pas : le travelling, c’est le cinéma des autres. »
Il n’empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef-d’œuvre, le Roman d’un tricheur. Si l’on accepte comme définition d’un chef-d’œuvre : une œuvre qui a trouvé sa forme parfaite et définitive, ceux qui ont vu le Roman d’un tricheur ne me contrediront pas.
C’était en 1936. Sacha, un peu las des pièces filmées, se fit la réflexion que le cinéma était peut-être plus près du roman que la pièce. « Au théâtre, on joue. Au cinéma, on a joué. » Il conçoit donc un film qui aura la forme d’un roman filmé : « Le personnage qui sera sur l’écran ne dira pas : « Je suis malheureux aujourd’hui » – non, il ne dira rien. Il aura l’air malheureux, et la voix de celui qui raconte dira : « J’étais malheureux ce jour-là. » »
Au moment où il fait cette déclaration, Sacha Guitry vient d’inventer le play-back même s’il ne s’en rend pas compte. Il vient d’inventer la primauté de la bande sonore, comme Orson Welles, formé par la radio, le fera trois ans plus tard avec Citizen Kane.
La bande sonore pré-établie servira de guide aux mouvements, aux gestes et aux mimiques des acteurs pendant le tournage. La mise en scène est alors guidée par une mise en sons.
Si la grande originalité du Roman d’un tricheur est d’être l’unique film de fiction de l’histoire du cinéma qui soit commenté en voix off à 90 pour 100, son immense mérite est d’avoir fait oublier cette particularité au point que des spectateurs interrogés à la sortie de la salle croiront avoir vu un film joué et parlé directement.
Mais, pour moi, le Roman d’un tricheur est encore davantage que cela. Avec d’autres films comme le Corbeau de Clouzot, la Règle du jeu de Jean Renoir, le film de Guitry m’a stimulé, exalté, encouragé. »

(In préface de « Sacha Guitry le cinéma et moi », Edition Ramsay, 1977, 1984)

FRANçOIS Truffaut

L’invention de Guitry

Tant que le cinéma a été muet, Sacha Guitry fut contre, déclarant, dès 1912, qu’il avait déjà atteint son apogée ! Mais lorsque celui-ci devint parlant, il s’en empara, avec avidité, voyant, lui aussi, tout le profit qu’il pouvait en tirer. Désormais, tout contre le cinéma, il écrivit, à l’occasion d’un tournage en 1935 : « Je m’amuse comme un fou… Je suis dans l’état d’un enfant à qui l’on vient de mettre entre les mains un merveilleux joujou ». Depuis lors et jusqu’à sa mort, il ne devait plus cesser de tourner, écrivant et réalisant trente-deux films, dans la plupart desquels il joua également. Tenu généralement par la critique pour un cinéaste mineur, François Truffaut fut l’un des premiers à saluer l’inventivité et l’originalité de son œuvre cinématographique. Hommage reconnaissant d’un fou de cinéma à son aîné.

Evidemment, je ne prétends pas que Sacha Guitry soit un aussi grand metteur en scène que Welles. S’il a réussi à contrôler et dominer la technique, il n’a pas appris à en jouer au point de nous faire rire avec un mouvement de caméra (comme Lubitsch) ou de nous émouvoir avec un gros plan (comme Renoir). Mais, qu’on lui reconnaisse ce mérite, Sacha n’a jamais cherché à se faire passer pour le virtuose de la caméra qu’il n’était pas et, au fond de lui, il sentait bien la part de bluff qui entre souvent dans cette « virtuosité » quand on l’applique non plus à Hitchcock ou Welles mais à Preminger ou René Clément, par exemple.
Les histoires du « Maître » que l’on raconte à ce sujet sont légion ; vraies ou fausses, elles ont le double mérite d’être vraisemblables et drôles.
A un chef-opérateur qui lui propose un jour de commencer une scène en pointant la caméra vers un lustre puis en la faisant descendre vers la table, Sacha répond : « Mais, mon cher ami, le lustre n’a pas de dialogue ! » A un assistant-réalisateur qui lui propose d’installer un travelling de trente mètres, Sacha refuse : « Certainement pas : le travelling, c’est le cinéma des autres. »
Il n’empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef-d’œuvre, le Roman d’un tricheur. Si l’on accepte comme définition d’un chef-d’œuvre : une œuvre qui a trouvé sa forme parfaite et définitive, ceux qui ont vu le Roman d’un tricheur ne me contrediront pas.
C’était en 1936. Sacha, un peu las des pièces filmées, se fit la réflexion que le cinéma était peut-être plus près du roman que la pièce. « Au théâtre, on joue. Au cinéma, on a joué. » Il conçoit donc un film qui aura la forme d’un roman filmé : « Le personnage qui sera sur l’écran ne dira pas : « Je suis malheureux aujourd’hui » – non, il ne dira rien. Il aura l’air malheureux, et la voix de celui qui raconte dira : « J’étais malheureux ce jour-là. » »
Au moment où il fait cette déclaration, Sacha Guitry vient d’inventer le play-back même s’il ne s’en rend pas compte. Il vient d’inventer la primauté de la bande sonore, comme Orson Welles, formé par la radio, le fera trois ans plus tard avec Citizen Kane.
La bande sonore pré-établie servira de guide aux mouvements, aux gestes et aux mimiques des acteurs pendant le tournage. La mise en scène est alors guidée par une mise en sons.
Si la grande originalité du Roman d’un tricheur est d’être l’unique film de fiction de l’histoire du cinéma qui soit commenté en voix off à 90 pour 100, son immense mérite est d’avoir fait oublier cette particularité au point que des spectateurs interrogés à la sortie de la salle croiront avoir vu un film joué et parlé directement.
Mais, pour moi, le Roman d’un tricheur est encore davantage que cela. Avec d’autres films comme le Corbeau de Clouzot, la Règle du jeu de Jean Renoir, le film de Guitry m’a stimulé, exalté, encouragé.
In préface de Sacha Guitry le cinéma et moi
Edition Ramsay, 1977, 1984

Soleil vert dit: 17 mai 2025 à 20h22

Jazzy, mouais, le salaire de la peur (en noir et blanc of course) c’est pour moi le sommet français de la mise en scène: le lac de pétrole, Vanel suffocant dedans, Montand titubant devant le mur de flamme, ça c’est de la mise en scène. Meme si je reconnais qu' »a bout de souffle » apporte une fraicheur

Soleil vert dit: 17 mai 2025 à 20h26

De Guitry, j’admire l’idée géniale d’avoir incorporé la présentation des acteurs dans le film lui-meme

Jean Langoncet dit: 17 mai 2025 à 20h26

@Après les écrivains, les cinéastes

Envie d’un peu d’air après ça ?

Bob Dylan reprend les Pogues et ressuscite « Mr. Tambourine Man » lors du lancement de la tournée

Lors de la première étape de la tournée 2025 de l’Outlaw Musical Festival Tour, Dylan a déchiqueté sa liste de chansons standard et a sorti des reprises surprises et des originaux longtemps négligés

https://www.rollingstone.com/music/music-news/bob-dylan-pogues-mr-tambourine-tour-launch-1235338978/

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 20h26

Pardon pour le doublon.

Pour plus de précisions, un extrait de ma préface au « Goût du cinéma », D. :

« Après la Seconde Guerre mondiale, même si l’hégémonie hollywoodienne s’est imposée majoritairement au reste de l’univers, elle n’a pas empêché l’émergence dans le paysage cinématographique mondial de filmographies nationales fortes et originales : le néoréalisme italien, le cinéma japonais, le cinéma suédois, la Nouvelle Vague française, le nouveau cinéma allemand, le cinéma social anglais, le cinéma espagnol de la Movida, le cinéma chinois ou coréen actuels… Sans oublier la cohorte de cinéastes irréductibles, qui de Guitry à Godard, d’Antonioni à Wim Wenders, De Pasolini à Fassbinder, de Fellini à Almodovar, de Visconti à Wong Kar-Way, de Lars von Trier à David Lynch, de Ingmar Bergman à Woody Allen, de Martin Scorsese à Gus Van Sant, etc., etc., n’ont cessé d’enrichir et de renouveler notre propre imaginaire. »

renato dit: 17 mai 2025 à 20h31

« Il n’y a pas plus bourgeois que Chabrol, sous couvert de cinéma anti bourgeois… »

Rien d’extraordinaire car la bourgeoisie est une classe sociale et culturelle « métapolitique » qui réfléchit en alternant critique et autocritique.

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 20h33

Oui, soleil vert, ses génériques, théâtraux et littéraire, qui s’ouvrait sur un livre dans lequel il écrivait à la plume le nom des acteurs que l’on voyait à l’écran, étaient géniaux !
Guitry j’ai l’impression qu’il n’a guère fait de mal à ses femmes légitimes et aux autres actrices de ses films.

Christiane dit: 17 mai 2025 à 20h49

D – 20h15
Oui mais il joue dans ce film un rôle non négligeable !

et alii dit: 17 mai 2025 à 21h09

rentrée de la pension en weekend, je fus emmenée voir les 400 COUPS par mes parents qui avaient surement été conseillés par des amis qui devaient connaître la crise qu’allait affronter notre « famille ».
mes parents ne divorcèrent pas, je devins une bonne élève(ils s »en moquaient)ET UNE FILLE je commençais à aimer le cinéma et Antoine DOINEL,et François Truffaut;je suis une femme encotrn mais pour peu d’années si , si
bonsoir

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 21h22

« j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision. »

La pauvre, la voilà bien plombée par les légendaires prévisions de D. !
Chanson trop sage sur le sempiternel hommage à toutes les mères de l’Eurovision…
Quelle scie !

et alii dit: 17 mai 2025 à 21h26

rentrée de la pension en weekend, je fus emmenée voir les 400 COUPS par mes parents qui avaient surement été conseillés par des amis qui devaient connaître la crise qu’allait affronter notre « famille ».
mes parents ne divorcèrent pas, je devins une bonne élève(ils s »en moquaient)ET UNE FILLE je commençais à aimer le cinéma et Antoine DOINEL,et François Truffaut;je suis une femme encore
mais pour peu d’années si , si
bonsoir

Jazzi dit: 17 mai 2025 à 21h29

« Oui mais il joue dans ce film un rôle non négligeable ! »

Tu parles de ma figuration dans la nuit américaine, Christiane ?
Mon ami Hector, lui, était réduit à une silhouette dans l’autobus…

Christiane dit: 17 mai 2025 à 21h38

J’ai regardé, Jazzi, je ne t’ai pas reconnu est trop petit sur mon téléphone ! Mais Truffaut chez Spielberg c’est marquant. Son seul rôle à l’extérieur, les deux autres fois c’est dans ses films : L’enfant sauvage et cette fameuse Nuit américaine.
C’est bien ta passion du cinéma. Elle emplit ta vie.

D. dit: 17 mai 2025 à 21h39

Je viens d’écouter la chanson, Jazzi, je la trouve assez formatée « Eurovision », c’est à dire mélodiquement pauvre. Elle a donc toutes ses chances !

Christiane dit: 17 mai 2025 à 21h46

D, j’ai fait le même lapsus chez Soleil vert comme si l’apparition de Truffaut at l’écran me déstabilisant… Spielberg a-t-il été acteur dans un film ?

D. dit: 17 mai 2025 à 21h46

La balance d’une note octave-octave supérieur est pour le moins vulgaire.

Les arrangements sont bons et viennent en béquille à la faiblesse mélodique.
L’interprétation de cette chanson n’en reste pas moins émouvante.

Paul Edel dit: 18 mai 2025 à 4h34

La peau douce est un film trrs réussi de Truffaut avec un Jlean Desailly étonnant df vérité

Jean Langoncet dit: 18 mai 2025 à 5h40

Papier noirci pour qualifier n’importe quel gribouillis d’œuvre littéraire
Bonne nuit les petits

rose dit: 18 mai 2025 à 5h47

En passant, c’est le matin.
Journaliste d’une radio suisse au festival de Cannes.
Quand on vous dit la Suisse, à quoi pensez-vous, Madame ?
Carla Bruni : la neutralité.
Rose : les montagnes, le mont Rose, le passage des contrebandiers qui dévale vers l’Italie.

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 6h00

Chabrol et les bourgeois.

«Il faut vivre en bourgeois et penser en demi-dieu ».

Gustave Flaubert.

renato dit: 18 mai 2025 à 6h35

« contrebandiers »

C’était du commerce international, rose. La Suisse exportait du chocolat, du cacao et des cigarettes. L’Italie exportait du sel, du sucre et des bas de soie, et pendant la période fasciste, ceux qui étaient recherchés par la police politique (OVRA).

rose dit: 18 mai 2025 à 6h58

Renato,
Commerce international : c’est bien ce que j’ai souligné, des contrebandiers.
Pendant que meme prépare sa polenta dans son fourneau.
Bon dimanche à vous !

J J-J dit: 18 mai 2025 à 6h58

Les astres m’auraient-il encore menti ? (j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision). Bonne journée, les pipistrelles de François, dormez tranquilles dans les chênes truffiers !

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 6h59

Certes, Chaloux, mais à la Nouvelle Vague des premiers Cahiers du cinéma, ils pensaient en demi-dieu et vivaient en bourgeois !

J J-J dit: 18 mai 2025 à 7h08

J’aimerais bien goùter une polenta, je n’en ai jamais mangé. Hier, ce furent les comptes rendus des lectures de notre petit cercle… (journal du 17 mai 2025)
F. / Roberto SAVIANO, Giovanni Falcone (Gallimard, 2025)
J.-P. / Victor HUGO, Œuvres complètes, Voyages (extraits), (R. Laffont, 2002)
M.-C. / Jean-Luc NUSSBAUER, L’univers nous parle ; reconnaitre les signes et les coïncidences (F. Lanore, 2024)
D. / Han TANG, Impossibles adieux (Grasset, 2024)
M. / Philippe ROTH, La tache (Folio, 2004)
M. / Aaron APELFELD, La ligne (l’Olivier, 2025)
P. / Florence BOUCHER (dir)., Regards de vie au pays d’Aunis (Etre et connaître, 2002).
… C’était très varié, d’inégal intérêt comme toujours, mais fort joyeux. tot en racontant nos lectures, nous avons fort bien déjeuné sur la terrasse à l’ombre du tilleul tous les sept, d’une splendide volaille bien cuite, au barbeuc Weber, avec un plat à part pour M., notre végane.
Bàv,

puck dit: 18 mai 2025 à 7h24

« Certes, Chaloux, mais à la Nouvelle Vague des premiers Cahiers du cinéma, ils pensaient en demi-dieu et vivaient en bourgeois ! »

pas sûr que le mot « bourgeois » convienne bien.

la « nouvelle vague » est au départ une invention médiatique trouvée par un média gaulliste : l’Express.

d’ailleurs la nouvelle vague arrive en 58 en même temps que De Gaulle et se termine en 68 en même temps que De Gaulle.

la nouvelle vague fait partie des volontés de modernisation portées par De Gaulle de la défense nucléaire, aux centrales nucléaires en passant par la Grande Motte, les autoroutes, et la modernisation du réseau ferroviaire etc…

la nouvelle vague va décrire cette modernisation, l’exode rural, l’évolution et l’émancipation de la femme lié au rôle qu’elles ont joué durant la 2è guerre mondiale (la patronne de l’Express était une femme) etc…

en plus l’autre cohérence avec le gaullisme c’est la souveraineté, la non dépendance aux US, la puissance à la fois militaire et culturelle de la France à travers le monde !

ça parait bizarre aujourd’hui mais la France a toujours été un pays qui a défendu sa souveraineté, sa puissance et son rayonnement mondial.

surtout sa souveraineté et son exception culturelle face aux Etats Unis : c’est d’ailleurs le reproche que fait un type comme JD Vance à la France et aux pays européens d’être devenus des laquais des US.

si on n’inscrit pas la nouvelle vague dans cette vague de modernisation gaulliste on passe à côté de l’essentiel.

du coup il faut plutôt dire que c’était un mouvement « gaulliste » plutôt que bourgeois.

vedo dit: 18 mai 2025 à 7h25

L’article qui m’a fait découvrir Rakhta-bi Abdyssagin (dans le seul journal qui me va)
https://www.the-tls.co.uk/regular-features/in-brief/quantum-mechanics-and-avant-garde-music-rakhta-bi-abdyssagin-book-review-sharon-ann-holgate

Dans l’enregistrement du lien précédent, beaucoup de choses que je n’ai pas aimées, pas du tout, ou même pas tout à fait reconnues, mais aussi une ou deux larmes, notamment pour le début de la partita. Et comme ce sont des pièces archi-connues, cela permet d’y réfléchir. La sonate de Mozart si simple et donc parfois redoutée, et ici totalement convaincante. (Je me suis dit, ce doit être comme ça qu’il serait aujourd’hui). Et c’est quelqu’un qui sort–on se demande d’où–en tout cas assez extraordinaire, bluffant. A son âge! Kazakh. Europe réveille-toi.

vedo dit: 18 mai 2025 à 7h29

A propos de l’enregistrement de Abdyssagin, il est servi par un piano et une prise de son qui le serve bien.

puck dit: 18 mai 2025 à 7h39

le fait de prendre de Niro comme invité d’honneur du festival de Cannes c’est réduire à une manifestation anti Trump, ce qui montre la façon dont la France est restée dépendante aux élites démocrates américaines, c’est aussi une façon d’afficher le profond mépris des élites françaises pour le peuple américain et les 75 millions d’américains qui ont voté pour Trump, et donc leur mépris pour la démocratie et prouver ainsi le passage de la France d’une démocratie à une oligarchie gouvernée par des élites mondialistes.

vedo dit: 18 mai 2025 à 7h43

J’ai mis ces références pour la personne qui voulait découvrir le piano. Il me semble que c’est une bonne introduction pour une découverte. D’autres trouveront cela ridicule, j’en suis sûr. Et ce n’est pas pour minimiser les grands noms connus ou inconnus. Quant à lui, c’est un prodige, évidemment, et on peut s’inquiéter de son avenir.

renato dit: 18 mai 2025 à 8h07

Rakhat-Bi Abdyssagin semble avoir découvert l’Amérique et Marilyn Monroe. Il est bien connu que le silence en musique est analogue au 0 en mathématiques. Le projet Klavierstück XI s’inscrit dans un processus tout aussi connu d’implication de l’interprète.

puck dit: 18 mai 2025 à 8h23

Robert de Niro ferait bien d’écouter le discours de Trump en Arabie Saoudite.
de Niro qui pense être du côté du bien de la vertu morale aurait écouté la façon dont Trump le place, de Niro et les siens, du côté de ceux qui ont n’ont apporté que le chaos à travers le monde ne voulant imposer leurs règles, dire aux autres la bonne façon de se comporter, ces gens n’ont apporter que la guerre et le malheur.
Trump a l’inverse a dit au saoudiens que les armes n’apportent jamais la prospérité, et qu’eux n’avaient pas eu besoin des américains pour bâtir leur pays comme ils l’entendaient, en accord avec leurs traditions et leurs croyances.
C’est ce genre de discours comme celui de Trump qu’il faudrait faire entendre au monde à Cannes plutôt que celui du néoconservateur Robert de Niro défendant sa fausse vertu et son hypocrisie !
à l’heure où le monde entier rejette les discours impérialistes à la de Niro il n’y a qu’en France, toujours en retards d’une guerre, qu’on continue de les applaudir.

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 8h43

« J’aimerais bien goûter une polenta, je n’en ai jamais mangé. »

L’ART D’ACCOMODER LA POLENTA

Vers la fin du 19e siècle, des travailleurs immigrés italiens, majoritairement piémontais, vinrent en masse tenter leur chance à Nice, ce nouvel eldorado, récemment redevenu français, et où s’ouvraient les multiples chantiers de construction qui allaient remodeler la ville. Est-ce à moment-là qu’a été introduite la polenta, aliment de base de la cuisine campagnarde du nord de l’Italie ? Ou bien son apparition sur nos tables remonte-t-elle au temps où Nice était encore sujette des rois de Piémont-Sardaigne ? Quelle que soit son origine, ma mère en tous cas avait intégrée la polenta parmi ses recettes. Elle nous en confectionnait régulièrement, de diverses façons. La pâte d’or orangé de la semoule de maïs, patiemment et vigoureusement touillée dans la marmite, nous était servie chaude, tantôt arrosée de sauce tomate et agrémentée de champignons et de quelques saucisses, tantôt découpée et frite dans l’huile, ou bien plus liquide et rehaussée de beurre telle une épaisse purée, ou encore gratinée au four avec du fromage râpé. Servi en plat principal ou en accompagnement de volaille ou de viande, exceptionnellement de poisson, c’était toujours un régal, roboratif et peu onéreux. Un de ces plats de misère, dont ma mère se débrouillait toujours pour en faire un plat de fête !

Christiane dit: 18 mai 2025 à 9h10

C’est très insolite d’aborder ce cinéaste par l’écriture.
Deux plans se rapprochent : les mots et les images . Penser le film par l’écriture…

Christiane dit: 18 mai 2025 à 9h32

Par exemple dans un entretien avec Pierre Loubière et Gilbert Salachas pour « Télé-Ciné », No160, mars 1970, il dit :
« On ironise parfois sur le « Livre de Poche ». On en parle comme d’un objet de la société de consommation, on critique sa diffusion dans les Monoprix : je trouve ces arguments complètement ridicules et snobs.
Si j’adoptais sur ce sujet un tel point de vue sarcastique, je me rendrais moi-même parce que j’ai commencé à lire dans les « classiques Fayard » qui étaient des petits ouvrages bon marché, très mal imprimés, sur un papier grossier, en tout petits caractères, avec parfois des pages tellement grises qu’elles en étaient presque illisibles et une couverture en papier qui se débrochait facilement… Mais on avait là un catalogue absolument fantastique : par ordre alphabétique, ça allait d’Aristophane à Zola, avec une section spéciale pour les œuvres complètes de Victor Hugo. C’est là-dedans que j’ai lu vraiment beaucoup, parce qu’on pouvait se procurer ces petits livres pour cinquante centimes.
C’est là mon tour d’esprit, celui que l’on retrouve dans « L’Enfant sauvage », comme dans « Fahrenheit ». »

Christiane dit: 18 mai 2025 à 10h07

« La cinémathèque ! Quand je dis que je n’ai pas fait d’études, eh bien ! je les ai faites là, avenue de Messine, et je les ai continuées ay la salle de la rue d’Ulm et à Chaillot. Tout ce que je sais, je l’ai appris par le cinémathèque, at travers les films. C’est par je cinéma que passentes idées sur la vie. Et le cinéma, on apprend son histoire, son passé et son présent, à ka Cinémathèque ! On ne peut lapprendrey que là. C’est un enseignement perpétuel. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de revoir sans arrêt les films anciens, les muets, les premiers parlants. Donc , je lasse ma vie ay la Cinémathèque, sauf quand jevsuus occupé à tourner moi-même.
Je suis venu habiter dans le quartier du Trocadéro, parce que c’est à côté de la Cinémathèque. Voilà pourquoi jaiy réagi dedans l’affaire Langlois. Ce n’est pas pour Langlois, encore que j’aie une immense reconnaissance pour cet homme qui est le naturel absolu, mais c’est la survie de la Cinémathèque en soi. J’ai réagi parce que les films que j’aime allaient être en danger. Au lieu d’embêter Langlois, vous savez ce que Malraux devrait faire ? Il y a le Gaumont-Palace qui est vide tous les soirs avec leurs c… de westerns italiens, alors on devrait le réquisitionner pendant un mois pour Langlois, pour montrer enfin sur cet écran, qui est l’un des plus grands d’Europe, tous les grands films maudits quony ne peut voir que sur les minuscules écrans des salles d’art et d’essai, des « Rapaces » à « Lola Montes », et que seule la Cinémathèque a su préserver de la destruction.  »
(Propos recueillis par Pierre Billard, Christian Collange et Claude Veillot, « L’Express », 29 mars 1968.)
Ce livre qui me fut offert , « Truffaut par Truffaut » textes et documents réunis par Dominique Rabourfin. éd. Chêne. 1985 ) est un vrai trésor !

rose dit: 18 mai 2025 à 10h57

Rima Hassan ne sait pas que les premiers à avoir instauré le commerce des esclaves noirs furent les arabes.

rose dit: 18 mai 2025 à 11h21

Renato,
C’est un sentier muletier qui descend à Turin en passant par le pied du mont rose ?

Maurice revient... dit: 18 mai 2025 à 11h38

N’importe qui peut dire n’importe quoi en tenant des propos quelconques sur quelqu’un ou sur quelqu’une tout en diffusant des vidéos compromettantes contre tout le monde.
Quelle violence fait plus de dégâts, la réelle ou la virtuelle ?

Phil dit: 18 mai 2025 à 11h54

de la Cinémathèque

aujourd’hui le soldat Truffaut piquerait une colère voyant la peau de chagrin laissée au cinéma français de qualité, qu’il aimait en le haïssant façon Stroheim. Tout pour les Amerloques, avec passe-droit aux Italiens esthétiseurs de mafieux, Scorsese, Caprio et autres De Niro qui crispent à bon droit les Puck d’Europe Centrale.

FL dit: 18 mai 2025 à 12h34

« Hugo reviendra sur « St Arnaud » et n’hésitera pas à dire au cercle familial qu’il est allé un peu loin au vu de sa mort brave d’écrire « les boulets indignes se détournaient de lui » et autres gentillesses. »

Saint-Arnaud dans ses oeuvres:

À Aïn Merane il emmure vivantes huit cents personnes de la tribu Sbeha, du 8 au 12 août 1845. Durant cet épisode, il demande que la tribu se rende. Quelques insurgés paraissent, leurs camarades les abattent. Le 12, après une dernière exhortation, le feu est mis. et écrit par la suite à son frère : « Je fais boucher hermétiquement toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La terre couvrira à jamais les cadavres de ces fanatiques. Personne n’est descendu dans les cavernes. Personne que moi ne sait qu’il y a dessous 500 brigands qui n’égorgeront plus les Français. Un rapport confidentiel a tout dit au maréchal, sans poésie terrible ni images. Frère, personne n’est bon par goût et par nature comme moi !… Du 8 au 12 août, j’ai été malade, mais ma conscience ne me reproche rien. J’ai fait mon devoir de chef, et demain je recommencerai, mais j’ai pris l’Afrique en dégoût ! »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Leroy_de_Saint-Arnaud

FL dit: 18 mai 2025 à 12h35

La conquête de l’Algérie c’est 1 million de morts sur une population de 3 millions d’habitants. Difficile d’appeler ça des héros. Le mot « criminels de guerre » convient mieux.

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 12h37

« Rima Hassan ne sait pas que les premiers à avoir instauré le commerce des esclaves noirs furent les arabes. »
_______________

TIDIANE N’DIAYE

L’Afrique des esprits

Spécialiste des civilisations négro-africaines et de leurs diasporas, l’anthropologue et économiste Tidiane N’Diaye nous rappelle, fort à propos, qu’avant d’être chrétienne ou musulmane l’Afrique est avant tout animiste et le demeure encore par bien des côtés. Là, est son identité originelle. Dans Le génocide voilé, l’un de ses ouvrages les plus remarqués, Tidiane N’Diaye se livre à une véritable enquête historique sur ce qui fut sans aucun doute la plus grande tragédie du continent noir : à savoir, la traite négrière arabo-musulmane. Après avoir soumis et islamisé l’Afrique du Nord, puis s’être tournés un temps vers l’Espagne, les Arabes, dès le milieu du VII siècle, razzièrent méthodiquement l’Afrique subsaharienne durant treize siècles sans interruption, massacrant ou réduisant en esclavage des millions d’Africains. Curieusement, cette page douloureuse de l’histoire africaine de nos jours encore est pratiquement occultée, tandis que la traite négrière pratiquée par les Occidentaux du XVIe au XIXe siècles fait toujours couler beaucoup d’encre ?

« L’univers spirituel de l’Africain est composé de trois mondes relativement liés entre eux.
Le premier est son environnement immédiat, c’est-à-dire les hommes vivants, l’eau, le vent, la faune et la flore.
Le deuxième monde est celui d’un être immatériel associé à un ancêtre défunt. Le peuple se tourne vers lui pour formuler ses demandes. Il s’agit d’un aïeul, mort depuis un temps plus ou moins long et devenu une divinité ou encore un esprit de la nature doté du pouvoir d’influer en bien comme en mal sur les vivants. Car dans une dimension métaphysique, ces êtres (ou ancêtres) ne sont pas tout à fait morts, du moins définitivement. Ils continuent d’exister, de peser sur leurs actes et de les modeler. Cette croyance se traduit par le respect pour les morts vivants. Les membres défunts du clan restent proches des vivants. Ils sont nommément invoqués par leurs proches, pendant deux ou trois générations, et reçoivent des offrandes sur les autels familiaux, où sont parfois conservés leurs ossements. L’une des seules continuités qui existent et soudent de nombreuses communautés africaines est la pérennité des traditions ancestrales et des rites s’y rattachant. Les conditions de bien-être, de survie et de réussite dépendent des relations que les vivants entretiennent en permanence avec leurs morts, c’est-à-dire un culte profond des ancêtres. Le respect entre les vivants était aussi fondamental que celui entre les vivants et les morts.
Enfin le troisième monde est le royaume des esprits. Il existe deux sortes d’esprits : ceux qui ne sont pas d’origine humaine et ceux qui, après avoir été humains, sont devenus des « esprits ancestraux ». Mais ces esprits sont en eux, les habitent et gravitent autour d’eux à travers chaque objet. C’est une profonde croyance en un monde où les objets matériels possèdent une âme ou un esprit vivant ou y sont associés. Tous ces éléments sont d’une grande importance rituelle, parce que héritage des pères fondateurs.

Chaque religion traditionnelle est directement liée à l’identité d’une population déterminée. Le prosélytisme n’est pas répandu parmi les peuples africains. Il est donc impossible de trouver une origine historique commune aux différentes religions. Il n’existe pas une seule carte géographique qui permette de suivre leur expansion à travers le continent. L’espace même de l’Afrique étant son infinie diversité. Il n’y a pas de « culture africaine » unique. Cela se traduit par ce que l’écrivain Jean-Noël Schifano appelle les « continents noirs », par opposition au continent noir, qui n’existe en réalité pas au singulier. On peut dire qu’avant que ne s’imposent les grandes religions importées, comme l’Islam ou le christianisme, il y avait en Afrique autant de religions qu’il y a de peuples. Toutefois, il n’existe pas de textes religieux écrits, comparables à la Bible ou au Coran. Mais le respect des rituels attachés aux traditions religieuses dépend généralement des anciens, c’est-à-dire des membres les plus âgés des communautés. Ils transmettent ces rituels oralement, le plus souvent sous la forme de contes et de proverbes. »

(« Le génocide voilé », Collection Continents noirs, Editions Gallimard, 2008)

D. dit: 18 mai 2025 à 12h37

Il y a depuis trop longtemps dans les familles un problème avec le poulet rôti : les blancs.
Il se trouve toujours quelqu’un pour « n’aimer que le blanc ». Et généralement ils sont deux. Or un poulet n’offre que blancs et ceci ne peut lui être reproché. Dieu l’a fait ainsi.

FL dit: 18 mai 2025 à 12h38

La résistance d’Abd el Kader à la colonisation française c’est très comparable à la résistance de Vercingétorix à la colonisation romaine.

César a fait moins de morts : 1 million de morts pour une population de plus de 20 millions d’habitants. (et 1 million de déportés.)

Soleil vert dit: 18 mai 2025 à 12h40

Paul Edel dit: 18 mai 2025 à 4h34
La peau douce est un film trrs réussi de Truffaut avec un Jean Desailly étonnant de vérité

Oui !
Avec une idée de mise en scène, – si je me souviens bien – la montée du désir et la deception matérialisée par l’ascenceur

Soleil vert dit: 18 mai 2025 à 12h45

« Est classique un livre qui n’a pas fini de dire ce qu’il a a dire »
Exemple 4e de couverture du Don Quichotte (édition Pleiade.

« Don Quichotte lui-même, au seuil de la « Seconde partie » (1615), n’en croit pas ses oreilles : « Il est donc vrai qu’il y a une histoire sur moi ? » C’est vrai, lui répond le bachelier Samson Carrasco, et cette histoire – la « Première partie » du Quichotte, publiée dix ans plus tôt –, « les enfants la feuillettent, les jeunes gens la lisent, les adultes la comprennent et les vieillards la célèbrent ». Bref, en une décennie, le roman de Cervantès est devenu l’objet de son propre récit et commence à envahir le monde réel. Aperçoit-on un cheval trop maigre ? Rossinante ! Quatre cents ans plus tard, cela reste vrai. Rossinante et Dulcinée ont pris place dans la langue française, qui leur a ôté leur majuscule. L’ingénieux hidalgo qui fut le cavalier de l’une et le chevalier de l’autre est un membre éminent du club des personnages de fiction ayant échappé à leur créateur, à leur livre et à leur temps, pour jouir à jamais d’une notoriété propre et universelle. Mais non figée : chaque époque réinvente Don Quichotte. Au XVIIe siècle, le roman est surtout perçu comme le parcours burlesque d’un héros comique. En 1720, une Lettre persane y découvre l’indice de la décadence espagnole. L’Espagne des Lumières se défend. Cervantès devient bientôt l’écrivain par excellence du pays, comme le sont chez eux Dante, Shakespeare et Goethe. Dans ce qui leur apparaît comme une odyssée symbolique, A.W. Schlegel voit la lutte de la prose (Sancho) et de la poésie (Quichotte), et Schelling celle du réel et de l’idéal. Flaubert – dont l’Emma Bovary sera qualifiée de Quichotte en jupons par Ortega y Gasset – déclare : c’est « le livre que je savais par coeur avant de savoir lire ». Ce livre, Dostoïevski le salue comme le plus grand et le plus triste de tous. Nietzsche trouve bien amères les avanies subies par le héros. Kafka, fasciné, écrit « la vérité sur Sancho Pança ». Au moment où Freud l’évoque dans Le Mot d’esprit, le roman est trois fois centenaire, et les érudits continuent de s’interroger sur ce qu’a voulu y « mettre » Cervantès. « Ce qui est vivant, c’est ce que j’y découvre, que Cervantès l’y ait mis ou non », leur répond Unamuno. Puis vient Borges, avec « Pierre Ménard, auteur du Quichotte » : l’identité de l’oeuvre, à quoi tient-elle donc ? à la lecture que l’on en fait ? Il est un peu tôt pour dire quelles lectures fera le XXIe siècle de Don Quichotte. Jamais trop tôt, en revanche, pour éprouver la puissance contagieuse de la littérature. Don Quichotte a fait cette expérience à ses dépens. N’ayant pas lu Foucault, il croyait que les livres disaient vrai, que les mots et les choses devaient se ressembler. Nous n’avons plus cette illusion. Mais nous en avons d’autres, et ce sont elles, peut-être – nos moulins à vent à nous –, qui continuent à faire des aventures de l’ingénieux hidalgo une expérience de lecture véritablement inoubliable.

D. dit: 18 mai 2025 à 12h52

que deux blancs.
Or, toujours, d’autres convives aiment aussi le blanc et s’effacent devant ceux qui ne mangent que le blanc.
Or, toujours, certains de ceux qui disent n’aimer que le blanc mentent parce qu’ils ne font que PREFÉRER le blanc. Ce mensonge est souvent décelé par certains convives, ce qui crée de graves tensions autour du plat de poulet. Ces tensions peuvent s’accumuler des mois et des années durant jusqu’au moment du règlement de compte, survenant de façon soudaine mais préalablement organisée : deux convives ordinairement privés de blanc se sont entendus pour se servir tour à tour et rapidement des deux blancs en affirmant qu’ils ne peuvent manger que ça.

Phil dit: 18 mai 2025 à 13h01

Comme dans le jazz, dear dédé, certains n’aiment que les voix blanches. Un label ibérique, voice of the past, les édite en cd avec franc succès. Pour plus de justesse dans la répartition du blanc, découpez votre poulet au laser.

closer dit: 18 mai 2025 à 14h01

JL nous ressort le coupe du « million de morts » de la conquête de l’Algérie. Chiffre complètement invraisemblable, comme l’est celui du million de morts de la conquête de la Gaule par César. Pour rappel, la guerre de 1914, avec des mitrailleuses, des chars, des avions, sans interruptions pendant 4 ans dans un déluge de fer et de feu, avec des effectifs sans commune mesure avec ceux de Bugeaud ou de César, a fait 1,5 millions de morts côté français.

rose dit: 18 mai 2025 à 14h03

Acheter deux poulets.
Couper le blanc en deux dont une moitié aura l’aile, et la seconde le sot l’y laisse.
Faire définitivement la gueule et boire une infusion de tilleul.
Acheter du canard qui n’aura définitivement que deux magrets, Dieu responsable.
Ne pas faire la sieste sous le noyer, ombre mortelle.
Lire des livres aussi différents et bien s’entendre comme ça.

rose dit: 18 mai 2025 à 14h07

Renato,
Cette région a l’air tout particulièrement belle. La connaissez-vous ?

rose dit: 18 mai 2025 à 14h10

Rossinante et Dulcinée ont pris place dans la langue française, qui leur a ôté leur majuscule.

Je ne le savais pas. Mais don quichotte aussi => antonomases.

closer dit: 18 mai 2025 à 14h12

La question du blanc de poulet est tellement fondamentale qu’elle mériterait un billet de Passou.

rose dit: 18 mai 2025 à 14h17

N’ayant pas lu Foucault, il croyait que les livres disaient vrai, que les mots et les choses devaient se ressembler.

Ainsi, je fus. Lisant Giono, et croyant mordicus que Elzéard Bouffier plantait ses glands de chêne sur une des pentes du Contadour. Apprenant que cela était le fruit de l’imaginaire de l’auteur, je fus prise de colère masquant mon immense désespoir. Quoi, ceci n’était que fiction !
Renato récemment a ménagé la chèvre et le chou en écrivant « ceci est un roman autobiographique ».

Christiane dit: 18 mai 2025 à 14h17

Sur la cinq, Renaud Capuçon et un très bel orchestre nous offre une balade rêveuse dans les musiques de films. Une musique et un film revient en notre mémoire. On évoque rarement ces compositeurs qui ont offert aux cinéastes cette âme à leurs films. Georges Derue, Francis Lai, Michel Legrand, Maurice Jarre…. Les musiques du 7e art. Tant de bonheur…
J’aime beaucoup votre évocation de don Quichotte et ses réécritures, Soleil vert.
Comme j’aime l’évocation de ce film subtil de Truffaut , La peau douce. Le charme et la grâce de Françoise Dorléac. Oui c’est un film qui descend, traversé de vide et de tristesse. Une hôtesse de l’air…Jean Desailly, parfait. Il vit dans ses livres, émotif, gaffeur… Un adultère comme une histoire d’amour éphémère, l’inverse de Jules et Jim…
D. parle musique comme Chaloux. Noria…

Bolibongo dit: 18 mai 2025 à 14h19

J’aimerais bien goùter une polenta

Polenta con usei…
🙂
Per favore, dammi un piacere.

rose dit: 18 mai 2025 à 14h22

On découpera le poulet. Chacun lorgnera en coin dessus. Puis on interrogera la grand-mère qui choisira l’aile. Laissant les beaux morceaux à sa famille. Femme aimante, dévouée et généreuse.

Christiane dit: 18 mai 2025 à 14h46

Musiques de films et chansons… « Avanie et Framboise», je me souviens de Bobby Lapointe l’interprétant dans le deuxième long métrage de François Truffaut, « Tirez sur le pianiste ».
Encore un film à ne pas oublier. Aznavour en type timide, fragile. Charlie… Un personnage poétique. Georges Delerue compose pour ce film une musique endiablée.

Christiane dit: 18 mai 2025 à 14h50

Le sot l’y laissé. Bravo, Rose. C’était lemets favori du roi Louis XIV, lequel, loin d’être un abruti, ne mangeait dans le poulet que le sot-l’y-laisse, laissant le reste pour les autres…

rose dit: 18 mai 2025 à 14h57

« Pour se bien connaître en l’art de la cuisine, il n’est rien de tel que les hommes de lettres : habitués à toutes les délicatesses, ils savent apprécier mieux que personne celle de la table.» Alexandre Dumas

rose dit: 18 mai 2025 à 14h59

En réponse à
renato dit: 18 mai 2025 à 14h19
L’alimentation n’est pas un sujet secondaire en la littérature.

vedo dit: 18 mai 2025 à 15h46

@Chaloux
Je suis allé un peu loin (mal réveillé), et vous m’avez tapé sur les doigts, non sans raison. (Il y aurait évidemment une discussion dont je profiterais, et pas seulement sur la musique, mais le format du site ne le permet pas).
@Renato A l’occasion, vous pourrez expliquer l’analogie du zero et du silence. (Connaissant un peu de mathématique et de musique, je ne comprends pas. Par exemple, le zero est un zero, mais il y a tellement de silences). Comprends pas les autres phrases non plus, mais c’est mon ignorance.

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 16h20

@vedo. Je ne vous taperais pas sur les doigts car je trouve les débats que vous apportez intéressants. De plus, la preuve de votre honnêteté intellectuelle n’est plus à faire, ce qui est rare ici. Ce jeune pianiste n’est certainement pas mauvais mais il me semble avoir une main un peu petite pour la grande virtuosité. Il faut au moins parvenir sans effort à la dixième, c’est vraiment le minimum pour le répertoire du XXe siècle, Rachmaninov, Prokofiev, Scriabine etc., voire onzième ou douzième, et il semble déjà légèrement peiner à l’octave.

renato dit: 18 mai 2025 à 16h36

@vedo
Les intervalles musicaux autres que l’unisson sont des combinaisons de consonance et de dissonance, d’identité et de disparité des patterns son-silence. Le silence change la qualité du son et sa discontinuité relative (0) régit la perception.

Pour le projet Klavierstück XI Stockhausen a créé un collage que l’interprète doit organiser (interpréter). On suppose un interprète qui a une bonne base de composition (Pollini, Tudor) afin qu’il puisse organiser le collage en interprétant le relations entre les hauteurs ou entre les intervalles. Ce qui peut donner un nombre disproportionné de combinaisons diverses, selon Jacques Guyonnet 2.432.902.008.176.640.000

Le collage :
https://www.youtube.com/watch?v=ueyqTzJPUZg

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 16h39

Le plus génial compositeur de musique de films, c’est Philippe Sarde. Il n’y a pas photo.

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 16h43

Il est délicieusement exquis ce vedo, l’exacte contraire de ce grincheux de Chaloux !

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 16h55

Le plus génial compositeur de musique de films, c’est Philippe Sarde.

Et Vladimir Cosma.
Mais il y en a plein d’autres, tout aussi talentueux !

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 17h00

Gavoty se moquait gentiment des critiques musicaux qui ne savent pas même la clef de sol.

Un de plus.

Hurkhurkhurk!

renato dit: 18 mai 2025 à 17h10

Pour le plaisir et pour rire Lexicon of musical invectives de Nicolas Slonimsky, « … un recueil irrévérencieux de « jugements préjugés, injustes, grossiers et singulièrement antiprophétiques » que des critiques faisant autorité mais pas toujours éclairés ont exprimés à l’égard de grands compositeurs, de Beethoven à Copland. »

renato dit: 18 mai 2025 à 17h19

Un florilège
Berlioz est semblable aux « babillages d’un grand babouin »
Un Américain à Paris est « un coup de gueule… vulgaire, long et inutile »
Cinq pièces orchestrales de Webern doivent être considérées comme « aussi significatives et symptomatiques qu’un mal de dents ».
Brahms était qualifié de « épicurien sentimental » ; Wagner de « eunuque fou » ; Alban Berg de « vantard… dangereux pour la communauté » ; Verdi de « gentleman italien » qui a écrit « des tirades pour cuivres et des cymbales tintantes » ; Liszt « un snob sorti de l’asile » ; Reger « un cafard myope et gonflé… accroupi sur un banc d’orgue. »
La condamnation des dissonances est presque universelle – à commencer par Chopin – et chaque nouveauté est invariablement qualifiée de cacophonique : celle de Bruckner est une « polyphonie devenue folle », et ainsi de suite.

Phil dit: 18 mai 2025 à 17h37

Cosma

Ne pas oublier Michel Magne et François de Roubaix, dear Chaloux. Vies et œuvres brèves mais riches, sources d’inspiration pour certains qui empruntent sans nommer. Magne a coulé sans jamais compter, Roubaix en pêchant dans des eaux trop profondes.

Christiane dit: 18 mai 2025 à 17h38

Il s’agissait du choix de Renaud Capuçon pour ce deuxième concert de musiques de films. Il en dit : « L’idée de ce nouveau disque réunissant des compositeurs de musiques de films français est née il y a une dizaine d’années lors de conversations avec mon ami Jacques Chancel. Il me parlait beaucoup de Georges Delerue et de Pierre Schoendorfer, qui avaient travaillé ensemble sur Diên Biên Phu. Il y a deux ou trois ans, en repensant à ces conversations, j’ai redécouvert la musique de Delerue, et j’ai réalisé quel point il était un compositeur extraordinaire. En hommage à leur talent, à l’amitié entre ces hommes aujourd’hui disparus, j’ai souhaité réaliser cet album autour des plus éminents compositeurs français du 7eme Art : Delerue, Sarde, Legrand, Jarre, Kosma, de Roubaix, Petit, Cosma, Lai, Yared, Rombi, Desplat. Et au travers de leur musique, vous faire revivre des moments magiques avec les inoubliables Romy Schneider, Michel Piccoli, Yves Montant, Philippe Noiret, Louis de Funès et tant d’autres. Puissent ces Choses de la vie vous donner autant d’étoiles dans les yeux que nous en avons eu en les enregistrant avec Les Siècles et Duncan Ward. »(Renaud Capuçon)

Christiane dit: 18 mai 2025 à 17h39

Rose – 17h33
Et Nino Rota ?
C’était, pour ce concert, un choix de Renaud Capuçon.

puck dit: 18 mai 2025 à 17h44

hola faudrait pas insulter comme ça Slonimsky !

sérieux ils font quoi les modérateurs de laisser comme ça insulter un des plus grands musicologues du 20è siècle !

c’est parce qu’il est né en Russie ?

quand quelqu’un est né en Russie maintenant on a le droit de l’insulter en toute impunité ?

là y’a vraiment un problème : tout le monde est focalisé sur l’antisémitisme, mais le problème aujourd’hui, je veux dire le vrai problème qui ronge les sociétés européennes c’est pas l’antisémitisme, c’est la russophobie !

quand on écouté la présidente européenne actuelle, la lettone, ou estonienne, elle s’appelle comment déjà ? un nom genre Maria Callas, quand on l’écoute on voit qu’elle est complètement rongée de l’intérieur par la russophobie, Gluksmann, Barot, Merz, Starmer et tous les autres kifkif.

je signale qu’en même que Franck Zappa dit lui-même qu’il doit beaucoup à Slonimsky ! je sais plus où il le dit, dans un magazine genre Rolling Stone, l’autre il lui fait découvrir Godounov et boum ! c’est une révélation… et Zappa n’est pas le seul !

Slonimsky est un génie.

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 17h45

Morricone et Rota sont français?

La vieillesse est un naufrage.

Plus sérieusement, qui a lu Le Quart de Nikos Kavvadias?

puck dit: 18 mai 2025 à 18h01

@ »Tout pour les Amerloques, avec passe-droit aux Italiens esthétiseurs de mafieux, Scorsese, Caprio et autres De Niro qui crispent à bon droit les Puck d’Europe Centrale. »

Dirfil, pas que les puck d’Europe Centrale : les puck de toute la planète ! et même les puck de toute la galaxie !

c’est surtout triste pour le cinéma.

sérieux tout ce conformisme poussiéreux, faire venir ce vieux démocrate poussiéreux qui défend une élite intellectuelle poussiéreuse brandissant leur vertu hypocrite et poussiéreuse.

on récompense des films iraniens ou afghan pour leur audace et eux ils vont venir le poussiéreux de Niro emblème de son parti de poussiéreux corrompus. pourquoi pas faire venir Biden ou Pelosi tant qu’ils y sont !

sans dire de tomber dans le libertarisme au moins qu’ils aient le courage de condamner un pays qui a voté une loi scélérate pour interdire à une partie de son peuple de parler sa lange : le russe.

sérieux le russe c’est la plus belle langue du monde et aux préfèrent inviter de Niro : qu’ils aillent tous brûler en enfer !

puck dit: 18 mai 2025 à 18h04

comme Macron qui répète toutes les 3 minutes que l’Ukraine doit retrouver ses frontières de 91…

ouai ? et il fait quoi de ceux qui veulent avoir le droit de parler russe ?

il fait comme l’autre à Gaza ? il les nettoie pour pouvoir récupérer ses mines de lithium pour faire ses petites voitures électriques ?

la France le pays des droits de l’Homme : sérieux on croit rêver.

renato dit: 18 mai 2025 à 18h04

Peut-être que je ne m’expliquais pas très bien. Le « Lexicon of musical invectives » est un ouvrage où Slonimsky a réuni les avis stupides de plusieurs critiques. Cependant, je pensais qu’il était clair que ces commentaires provenaient de critiques qui n’étaient pas nécessairement éclairées. Ils exprimaient des jugements préjugés, injustes, grossiers et singulièrement antiprophétiques envers de grands compositeurs, de Beethoven à Copland.

En effet, nous nous souvenons tous, je suppose, du « Thesaurus de gammes et de progressions mélodiques » de Slonimsky, que Schoenberg a qualifié de « remarquable » et qui a inspiré Coltrane par certains aspects.

rose dit: 18 mai 2025 à 18h10

pour interdire à une partie de son peuple de parler sa lange : le russe.

Vlan dans le dentier : la vieillesse est un naufrage.
C’était pourtant plutôt un bon dimanche.

Nota : merci Christiane pour le lien.
Nota bis : italien français espagnol c pareil.

Jean Langoncet dit: 18 mai 2025 à 18h24

@closer dit: 18 mai 2025 à 14h01
JL nous ressort le coupe du « million de morts » de la conquête de l’Algérie. Chiffre complètement invraisemblable, comme l’est celui du million de morts de la conquête de la Gaule par César

Plaît-il ?

Je reconnais là une des obsessions de FL ; peut-être a-t-il en tête, par ce biais, de relativiser et de minimiser les génocides en cours … allez savoir

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 18h27

Il y aurait un livre à faire sur l’histoire de la musique de films, en France et à l’international !
Qui s’y colle ?

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 18h31

Oui, dear Phil, François de Roubaix, sa mort (accident de plongée?) a été un événement dont je me souviens très bien. Il était très aimé. Et ses musiques marquent encore l’auditeur. J’ai eu tort de l’oublier.

De Magne on se souvient des musiques grandioses avec piano fanfaronnant, genre Angélique.

Christiane dit: 18 mai 2025 à 18h49

Résumons pour les esprits faibles.
Renaud Capuçon a dirigé deux concerts. Un premier présentant ses musiques de films préférés sans tenir compte des pays d’origine des compositeurs ( où l’on peut trouver Nino Rota et Ennio Morricone.
Puis un deuxième concert (retransmis aujourd’hui sur la cinq) concernant un choix plus restreint des compositeurs français (voir le lien).

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 18h57

« Résumons pour les esprits faibles ».

Parfois, s’écrire à soi-même…

Jean Langoncet dit: 18 mai 2025 à 19h09

Une bande son ciné qui surpasse les intentions de l’auteur du film pourtant reconnu comme un maître de l’art ? Celle de Zabriskie Point

Maurice revient... dit: 18 mai 2025 à 19h25

Bélise, la vieille fille des « Femmes savantes », convaincue que tous les hommes étaient fous d’elle, puisqu’ils l’évitaient.

D. dit: 18 mai 2025 à 19h30

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 16h55
Le plus génial compositeur de musique de films, c’est Philippe Sarde.

Et Vladimir Cosma.
Mais il y en a plein d’autres, tout aussi talentueux !

John Williams est le plus grand. Le maître.

Chaloux dit: 18 mai 2025 à 19h31

Wauquiez s’est pris une veste que Flaubert dirait « de la longueur d’un linceul ».

renato dit: 18 mai 2025 à 19h44

JL, il serait utile de savoir ce que vous entendez par bande son de Zabriskie Point, car les Pink Floyd n’ont écrit que quatre morceaux pour ce film, dont trois ont été retenus et un a été rejeté. Antonioni a également utilisé la musique d’autres artistes, dont Patti Page, les Rolling Stones et Roy Orbison. Pour les autres artistes, une petite recherche serait nécessaire. Antonioni a également pensé aux Doors, mais Morrison n’a pas réussi à le convaincre, alors il a abandonné cette possibilité.

puck dit: 18 mai 2025 à 19h58

« Schoenberg a qualifié de « remarquable » et qui a inspiré Coltrane par certains aspects. »

exact !!!!
misère de misère comment ai-je pu oublier Coltrane le pentatonicien…

Jean Langoncet dit: 18 mai 2025 à 20h18

@Une bande son ciné qui surpasse les intentions de l’auteur du film pourtant reconnu comme un maître de l’art ? Celle de Zabriskie Point

Et dans une moindre mesure, celle de Blow Up ; submergé par la nouveauté qu’il prétendait dépeindre et circonscrire, le vieux maître du septième art

Jazzi dit: 18 mai 2025 à 20h56

Le cinéma étant par essence un art universel, pourquoi s’en tenir seulement au compositeurs français, Chaloux ?

J J-J dit: 18 mai 2025 à 22h03

… des gens aiment la polenta et savent comment s’y prendre – moij dans le poulet, réclamj toujours la carcasse à curer, et c’est super car personne n’en veut jamais : les sots me la laissent volontiers.
Monique, la végane dut se contenter d’un savant composé de légumes cuits et crus. Faisait semblant d’être écœurée par le poulet fermier, ces pauvres bêtes qu’on abattrait à tour de bras sans compatir à leur douleur, quitte à les découper savamment après la cuisson tout en faisant des minauderies. Elle réclamait du lait de vache sans bien mesurer à quel point ce produit extrait des pis violentait nos herbivores.
Minuit un, c un nouveau lundi. BN

rose dit: 18 mai 2025 à 22h17

Je n’ai jamais compris pourquoi cet extrait de Blow up vous est culte.

rose dit: 19 mai 2025 à 4h27

Et voilà
« Le maire pro-européen de Bucarest, Nicusor Dan, a remporté le second tour de l’élection présidentielle, dimanche 18 mai en Roumanie, selon des résultats quasi définitifs, dans un retournement de situation spectaculaire, comparé au premier tour. »
Bonne semaine,

Jazzi dit: 19 mai 2025 à 5h27

« Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute à ce sujet. »

Antoine de Rivarol

closer dit: 19 mai 2025 à 6h39

J’ai des doutes sur l’auteur de ta citation, JB…

Desproges ?

MC dit: 19 mai 2025 à 6h43

Ah cette Angélique ou Louis XIV admire un régiment portant l’uniforme de son successeur, Louis XV, à Versailles ….

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