de Pierre Assouline

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La République des livres
L’amitié, c’est deux solitaires ensemble

L’amitié, c’est deux solitaires ensemble

L’amitié, chacun s’en fait une idée ; le problème, c’est que ce n’est pas souvent la même. Il n’en est guère d’aussi peu partagée. Consultez les dictionnaires de citations ou les anthologies de moralistes : les définitions de l’amitié y pullulent en tous siècles sous toutes latitudes. Beaucoup sont d’une niaiserie insondable. Mais il en est de plus fortes qui servent de mots de passe entre les générations. De mémoire et, à la limite, peu importe l’auteur : Parce que c’était lui, parce que c’était moi (et patati et patata serait-on tenté d’ajouter à l’énoncé d’une telle scie, nonobstant le respect dû à ces deux-là) … L’amitié, c’est deux solitaires ensemble… Un ami, c’est quelqu’un à qui on peut téléphoner à minuit pour lui demander de nous aider à transporter un cadavre et qui le fait sans poser de questions… Un ami, c’est comme un compte en Suisse : on n’a pas besoin de le voir tous les jours, on a juste besoin de savoir qu’il existe (il me semble que Roger Nimier a dit quelque chose comme cela) etc

Le Robert propose une double définition qui ne manque pas d’intérêt : « 1. Sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur l’attrait sexuel. 2. Marque d’affection, témoignage de bienveillance ». Il y aurait déjà à redire car cette idée d’écarter le sexe de l’amitié, ca se discute, ne fût-ce que dans le cas de l’amitié amoureuse. Bref, disons quelque chose comme une inclination réciproque à condition d’oublier une fois pour toutes le détournement de sens de l’ami Facebook. Tenez, ces jours-ci encore, j’en ai pêché dans deux livres récemment parus :

« Amis : se retournent comme les opinions, les crêpes et les vestes. André Gide disait que l’on ne pouvait se faire de vieux amis, ce qui est évident mais, à tout âge, et je suis placé pour l’affirmer, on peut se créer de nouvelles affections qui valent souvent les anciennes et auxquelles on est d’autant plus attaché que l’on n’en profitera pas longtemps ». (in « Carpe et lapin. Mots choisis » de François Gibault, Gallimard)

« Amis : Comme chacun sait, les véritables sont rares, même si les définitions en sont nombreuses. En voici une parmi d’autres, tout à fait acceptable, de Raymond Federman : « Un ami, c’est quelqu’un avec qui on peut envisager de faire un mauvais coup ». (in « A la lettre » de Christian Garcin, Du Lérot, éditeur)

Et puis il y a La main sur le cœur (155 pages, 18,90 euros, Les passe-murailles), l’une des plus discrètes pépites de cette rentrée. Ce récit d’Yves Harté (1954), à mi-chemin entre l’exercice d’admiration et le tombeau pour un ami disparu, ne se pousse pas du col. Sa sobriété est exemplaire. Il ne réclame rien de ses lecteurs sinon de l’empathie pour sa démarche, de la bienveillance pour les fautes et insuffisances de son héros, de l’indulgence pour ses frasques. Pour brosser le portrait de l’absent qui manque tant, l’auteur a emprunté des chemins de traverse ; il est vrai que l’on voit mieux de biais que frontalement.

Il s’était rendu en 2014 à Tolède dans le seul but d’y visiter une grande rétrospective consacrée au peintre, sculpteur et architecte Domínikos Theotokópoulos dit Le Greco à l’occasion du 400 ème anniversaire de sa mort. Un prétexte ? Pourquoi pas, l’inconscient fait le travail. Et de même que l’on peut s’estimer heureux lorsqu’on quitte une conférence en emportant avec soi une seule phrase, un seul tableau suffit à justifier un tel voyage : El caballero  de la mano en el pecho (Le Gentilhomme à la main sur la poitrine). Comme l’identité du personnage suscite diverses interprétations, Harté se lance dans une enquête pour élucider ce mystère qui l’a saisi en se laissant porter par ses pas dans l’ancien hôpital Santa Cruz transformé en musée. Mais progressivement, les traits qui surgissent en creux ne sont pas ceux du modèle mais de son ami Pierre Veilletet, de onze ans son ainé, qui fut l’une des grandes plumes de Sud-Ouest et un écrivain attachant tendance néo-hussard, jadis mentor du jeune Harté à la rédaction du grand quotidien de Bordeaux.

Ils avaient l’Espagne au cœur, une passion partagée pour la tauromachie, les richesses du musée du Prado, la vieille Castille. Harté avait déjà consacré deux récits à ce pays si près si loin de sa Gironde : Calidad, objet de fierté (1992) et La Huitième couleur (2015). Ensemble, les deux hommes avaient roulé et marché partout en Espagne. Tous deux lauréats du prix Albert-Londres, ces flaneurs salariés avaient connu le bonheur fraternel de partager bien des éblouissements, au Prado notamment, au début des années 1980 plus précisément face à un tableau du Greco : El caballero  de la mano en el pecho… Du regard du modèle, Pierre Veilletet déduisait : « Ce visage dit à ceux qui le fixent ce qu’ils veulent savoir et ce qu’ils vont devenir », annonce qui avait pour effet d’en augmenter l’énigme intérieure au lieu de la réduire ; d’autant qu’il prétendait que l’Escorial en était la clef, ce qui n’en faisait pas un rival de Maurice Barrès, Jean Cassou ou Fernando Marias dans l’analyse de son œuvre.

L’ami aimait les vins de Bordeaux plus que de raison, les meilleures tables de sa région, la cinéphilie, fumer la pipe, humer du jerez, jouer à l’anglomane comme tout bordelais bien né et parler jusqu’à plus soif des livres qu’il avait tant aimés ; il poussait la couleur locale jusqu’à habiter quai des Chartrons. Son collier de barbe, sa calvitie et son regard las sous la casquette en tweed lui donnaient un faux air de Bertrand Blier.

Si l’homme passait volontiers pour mélancolique, celle-ci avait pour terreau un ressentiment et une amertume communs à bien des écrivains : la conviction que leur oeuvre, butant contre un plafond de verre et confinée dans une certaine confidentialité, n’avait pas été reconnue à sa juste valeur. Connu, il voulait être reconnu. Une inaccessible étoile. Pourtant il avait eu sa chance ; ses premiers livres bénéficiaient d’une critique élogieuse, un titre figura même dans une sélection du Goncourt ; Arléa, maison parisienne à laquelle il fut fidèle (et réciproquement) jusqu’à la fin, publia la plupart de sa douzaine de livres, des textes d’un charme fou et d’une élégance racée, dont l’un reçut le prix François-Mauriac et les autres le prix Jean-Jacques Rousseau et le prix Jacques-Chardonne. Au final, la bibliothèque du quartier bordelais de Caudéran porte désormais son nom.

Jusqu’à ce que le petit monde des lettres, microcosme aléatoire qui se donne des airs de grandeur, lui oppose une certaine indifférence, ce qu’il interpréta comme un rejet d’autant que même le journal, « son » Sud-Ouest, avait fini par l’évincer. L’humiliation le saisit d’autant plus fort que, sous le masque d’un dandy désinvolte et alcoolique, il ruminait de longue date la conviction d’être un imposteur. Pourtant, La Pension des nonnes, Mari-Barbola, Querencia & autres lieux sûrs, Cœur de père se laissent relire avec un plaisir sans mélange, pour ne rien dire du tout dernier Oui j’ai connu des jours de grâce, titre qui résonne comme un adieu. La solitude absolue dans laquelle il quitta ce monde, et le doute même sur la cause de sa mort, bouleversèrent ceux qui l’avaient connu. Le Gentilhomme à la main sur la poitrine est le plus bel hommage dont on puisse rêver car il est d’une délicatesse sans pareille.

J’ai fréquenté Pierre Veilletet dont j’aimais l’esprit, la plume et la mélancolie. Je connais à peine Yves Harté. Ils se sont voussoyés toute leur vie commune. La lecture de « leur » livre, si je puis dire, donnerait envie de demander à chacun s’il accepterait de devenir notre ami d’enfance.

(El caballero  de la mano en el pecho huile sur toile vers 1580, Musée du Prado – mais quel fond est le bon ? ; « Pierre Veilletet » photo Sophie Bassouls)

Cette entrée a été publiée dans documents, Histoire Littéraire.

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commentaires

853 Réponses pour L’amitié, c’est deux solitaires ensemble

Phil dit: à

Plus belle…arnaque à la carte vitale de l’entubage cathodique, engloutie dans la bouillabaisse de Marseille ! Une bénédiction. Choisissez mieux vos amis, dear folks

Phil dit: à

Plus belle…arnaque cathodique de la carte vitale, engloutie dans la bouillabaisse de Marseille ! Une bénédiction. Choisissez mieux vos amis indeed, dear folks

Alexia Neuhoff dit: à

Une amie m’a conté que sa concierge ne répondait plus à partir d’une certaine heure parce qu’elle regardait « pou belle la vie ».

Jazzi dit: à

L’amitié, c’est Passou conservant religieusement sur la RDL les Derniers Petits Papiers de Jacques Drillon…

Phil dit: à

Excellent, miss Neuhoff. Une boîte de chocolats pour vous (Neuhaus)

rose dit: à

Renato
Orecchiette
Cannellonis
Vermicelles

et alii dit: à

SOLITUDE ? SEUL/
VOIR Pascal!:
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre ».

renato dit: à

Vous avez essayé les orecchiette aux fanes de navet, rose ?
Au cas où :

1 bouquet de fanes de navet d’environ 400 gr
200 gr d’orecchiettes
Huile d’olive
2 gousses d’ail
Piment
2 filets d’anchois à l’huile.

Dans une casserole à fond large, verser un généreux filet d’huile d’olive. Ajouter les gousses d’ail débarrassées du noyau et hachées finement. Si vous préférez, vous pouvez utiliser le presse-ail, le résultat est parfait. Ajouter le piment et laisser revenir quelques minutes à feu très doux. Attention à ne pas brûler l’ail !
Retirer la casserole du feu et y faire fondre les filets d’anchois. Mettez de côté.
Cuire les orecchiette et lorsqu’il reste 3 minutes à la fin de cuisson, ajouter les fanes de navet.
Égouttez les orecchiettes avec les fanes de navet et transférez-les dans la casserole. Remuez avec une cuillère pour leur donner du goût, mais essayez de ne pas trop casser les feuilles de navet. Elles ne doivent pas devenir une crème. La flamme doit être vive pour sécher l’excès d’eau. Dès que l’eau du fond aura séché, les orecchiette sont prêtes.

Faute de fanes de navet vous pouvez vous replier sur du brocoli (Brassica oleracea var. italica).

et alii dit: à

Pascal,(suite)
De là vient que la prison est un supplice si horrible. De là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible.

AUTANT QUE JE ME SOUVIENNE?DERRIDA RACONTE DANS POLITIQUE DE L’AMITIE QU’il connut l’amitié avec un homme incarcéré avec lui et avec lequel il partagea
« à manger »!
je suis sans livre où je suis;
bonne fin de semaine

et alii dit: à

archives du MONDE:
Le philosophe Jacques Derrida serait détenu pour  » trafic de drogue « 

et alii dit: à

pascal:
Nous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables, misérables comme nous, impuissants comme nous. Ils ne nous aideront pas. On mourra seul.

Il faut donc faire comme si on était seul. Et alors bâtirait‑on des maisons superbes, etc. On chercherait la vérité sans hésiter. Et si on le refuse, on témoigne estimer plus l’estime des hommes, que la recherche de la vérité.

et alii dit: à

« Peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas. »
Pascal

Jazzi dit: à

Qui disait déjà que l’amitié n’était pas possible entre un homme et une femme ?
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Barbara et Jacques Brel – deux solitudes

(d’après Jean-Dominique BRIERRE)

Le 1er janvier 1971. Barbara est invitée par Jacques Brel à déjeuner. Simple repas amical ? Pas tout à fait.

« Une fois au restaurant il a commencé à commander mon menu, car c’est là, une de ses manies, il veut que je mange, comme si seule je me laissais mourir de faim ; et puis il m’a déclaré : “On va faire du cinéma.” Alors moi, bien entendu, j’ai ri et protesté en disant que j’étais trop laide, qu’avec mon nez je percerais l’écran. Mais malgré tous ces défauts dont je suis consciente, j’ai accepté sans hésiter. Après le déjeuner nous sommes allés nous promener en voiture dans les environs de Paris. Il n’y avait personne dans les routes, la campagne était couverte de neige. Et c’est en roulant que Jacques m’a lu son histoire. J’ai été tellement enthousiasmée que j’aurais voulu tourner tout de suite. »

Le tournage du film, intitulé Franz (du nom d’un ami de Brel), a lieu quelques mois plus tard à Blankenberge, sur les bords de la mer du Nord. Pour un journaliste venu voir sur place comment se débrouille Brel en réalisateur (c’est son premier film), le chanteur définit d’une phrase son film : « Franz, c’est une histoire d’amour médiocre entre un gars et une fille au physique médiocre, à l’intelligence limitée, et qui ne sont pas à la hauteur de leurs rêves. » Brel touche là une de ses obsessions : la laideur. Toute sa vie il s’est cru, il s’est dit laid. La laideur est pour lui un moteur. Au point de déclarer que s’il avait été beau, il n’aurait pas eu de carrière (« Quand on est beau on se suffit, enfin on devient vite suffisant en vieillissant. »). Dans Franz, Brel veut mettre en scène un couple au physique « ingrat », joué par Barbara et lui-même. Être choisie pour sa laideur, voilà qui n’est certainement pas facile à admettre pour une actrice, même débutante. Et que Barbara ait accepté de courir le risque d’incarner ce rôle en négatif en dit long sur la confiance qu’elle avait en Brel.

« Je n’ai pas l’impression d’avoir tourné un film, dira la chanteuse après la sortie de Franz. J’ai seulement fait ce que Jacques me demandait de faire, parce que j’ai en lui une totale confiance, parce que j’éprouve pour lui à la fois de l’affection et de l’admiration. Malgré certaines différences, un lien invisible nous unit qui fait que nous n’avons même pas besoin de nous voir souvent pour nous comprendre. Quand nous nous téléphonons, par exemple, nous ne parlons pas beaucoup. Il suffit de quelques mots pour que chacun sache si l’autre est heureux ou pas, triste ou gai. Il faut dire que nous nous connaissons depuis vingt ans. »

Il est vrai que depuis le Bruxelles des années cinquante, les chemins de Brel et de Barbara n’ont cessé de se croiser, professionnellement et même géographiquement. Ainsi, en février et mars 1967, lorsque Brel est en tournée en France. Le hasard fait qu’au même moment Barbara chante dans les mêmes villes, les mêmes théâtres, à deux jours d’intervalle. Le dernier jour, à Romans, Brel offre un banquet réunissant les équipes des deux tournées. « On se rendait compte, à les voir parler côte à côte, dira la comédienne Micha Mayard, présente au repas, qu’il y avait une profonde amitié entre eux. […] C’était son frère maudit. Ils avaient des relations impossibles et pourtant ils s’adoraient. » (Paroles et Musique, janvier 1985)

Peu loquace sur le sujet, Brel dira simplement à propos de son amie : « Barbara, c’est une fille bien. On est un peu amoureux, comme ça, depuis longtemps. »

Brel aborde le tournage de Franz avec des yeux d’enfant découvrant un nouveau jouet. Il est partout, s’intéresse à tous les aspects du film, tant artistiques que techniques. On le voit, l’œil dans le viseur de la caméra, en train de vérifier le cadrage. L’instant d’après, il règle un combat de coqs, avant d’expliquer à un pilote d’avion comment il veut le plan aérien de la plage de Blankenberge. Au milieu de cette suractivité, Barbara, qui connaît mal le monde du cinéma, est un peu perdue. « J’avais l’impression d’être une enfant qu’on traîne à l’école. J’étais complètement désorientée. Dès mon arrivée, Jacques m’a dit : “Tiens, viens faire du vélo”, en me présentant une bicyclette avec laquelle, le lendemain, je devais tourner une journée avant de dire une simple phrase. Sans Jacques je n’aurais pas pu tourner. Mais comme metteur en scène, il est extraordinaire de gentillesse, de patience et de compréhension. Il dirige ses comédiens comme il chante, avec autant de volonté et de tendresse… Il y a également chez lui un côté enfantin, et je dirais même naïf. Par exemple, je porte dans le film une longue robe blanche. Il y tenait beaucoup. À tel point, qu’il a expliqué au costumier exactement ce qu’il voulait, au moindre détail près, comme s’il connaissait la couture depuis toujours. »

Infiniment « brellien » par ses thèmes, Franz donne une vision peu valorisante de la femme. Ainsi, Léonie, le personnage incarné par Barbara, est-elle montrée dans la scène finale en famille, oublieuse de son histoire d’amour avec Brel, qui lui s’y est engagé jusqu’à la mort. Une manière de dénoncer une fois de plus la prudence des femmes, incapables, selon Brel, d’être « à la hauteur de l’amour ». Barbara, avec son talent de médium pour capter la vérité profonde des êtres, ne sera jamais dupe de la réputation de ce faux misogyne. « Jacques a beaucoup de tendresse et de respect pour les femmes. On a toujours peur des gens que l’on aime parce qu’ils peuvent vous blesser profondément. »

Présenté le 2 février 1972, Franz reçoit de la critique un accueil mitigé. Malgré toute sa générosité et tout son talent, Brel n’est pas aussi grand cinéaste que chanteur et auteur de chansons, et on le lui fait comprendre poliment. Indifférent à la critique, Brel aura le projet d’écrire une comédie musicale pour Barbara et lui, mais la maladie et la mort l’en empêcheront. Lorsque à l’été 1978, Brel, atteint d’un cancer du poumon, rentrera des Marquises pour se faire hospitaliser, par pudeur il n’informera qu’un tout petit nombre d’amis, dont Charley Marouani, Juliette Gréco et Barbara. Fidèle jusqu’à la fin, la chanteuse suivra jour après jour l’évolution du mal. Déjouant la curiosité des journalistes et des fans, elle se rendra plusieurs fois au chevet de son ami à l’Hôpital franco-musulman de Bobigny où Brel mourra le 9 octobre à l’âge de 49 ans.

Barbara portera en elle la mort de Brel comme une blessure qui ne se refermera jamais. Longtemps elle refusera d’en parler, éludant le sujet d’une phrase : « On ne peut parler de lui, de même qu’on ne peut exprimer l’amour ». Près de vingt ans après la mort de Brel et un an et demi avant sa propre mort, elle avouera à la radio : « Je n’écoute pas Brel, parce qu’il est en moi. J’ai eu pendant longtemps beaucoup de mal à l’écouter, je recommence seulement maintenant. » N’abordant que très rarement les sujets intimes dans les interviews, Barbara ne pouvait rendre hommage à Brel que dans une chanson, quelle mettra plus de dix ans à écrire. En 1990, sur la scène du théâtre Mogador, dans une lettre chantée à Brel (génialement intitulée Gauguin) elle livrera pour la première fois publiquement son chagrin et sa tendresse intacte pour le chanteur disparu.

Jazzi dit: à

Vous demandez la chanson ?

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Barbara

Gauguin

(une lettre chantée à Brel)

Il pleut sur l’île d’Hiva-Oa
Le vent sur les longs arbres
verts
Jette des sables d’ocre mouillés
Il pleut sur un ciel de corail
Comme une pluie venue
du nord
Qui délave les ocres rouges
Et les bleus violets de Gauguin
Il pleut
Les Marquises sont devenues
grises
Le zéphyr est un vent du nord
Ce matin-là
Sur l’île qui sommeille encore
Il a dû s’étonner Gauguin
Quand ses femmes aux yeux
de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de la mer
du nord
Il a dû s’étonner Gauguin
Et toi
Comme un danseur fatigué
Avec ton regard de l’enfance
Et toi
Bonjour monsieur Gauguin
Faites-moi place
Je suis un voyageur lointain
J’arrive des brumes du nord
Et je viens dormir au soleil
Faites-moi place.

Tu sais

Ce n’est pas que tu sois parti
Qui m’importe
D’ailleurs tu n’es jamais parti
Ce n’est pas que tu ne chantes
plus
Qui m’importe
D’ailleurs pour moi tu chantes
encore
Mais penser qu’un jour
Les vents que tu aimais
Te devenaient contraires
Penser
Que plus jamais
Tu ne naviguerais
Ni le ciel ni la mer
Plus jamais en avril
Toucher le lilas blanc
Plus jamais voir le ciel
Au-dessus du canal
Mais qui peut dire
Moi qui te connais bien
Je suis sûre qu’aujourd’hui
Tu caresse les seins
Des femmes de Gauguin
Et qu’il peint Amsterdam
Vous regardiez ensemble
Se lever le ciel rouge
Au-dessus des lagunes
Où galopent des chevaux
blancs
Et ton rire me parvient
En cascades en torrents
Et traverse la mer
Et le ciel et les vents
Et ta voix chante encore

Il a dû s’étonner Gauguin
Quant ses femmes aux yeux
de velours
Ont pleuré des larmes de pluie
Qui venaient de ta mer
du nord
Il a dû s’étonner Gauguin
Souvent je pense à toi
Qui a longé les dunes
Et traversé le nord
Pour aller dormir au soleil
Là-bas sous un ciel de corail
C’était ta volonté
Sois bien
Dors bien
Souvent je pense à toi
Je signe Léonie
Toi tu sais qui je suis
Dors bien.

Jazzi dit: à

Le léZard est retourné au théâtre des Amandiers de Nanterre, non sans une certaine émotion contenue et nostalgie…

x dit: à

et alii
« Peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas. »

Illustré par le pascalien Michel Deguy :

« Un des corollaires dérivable du théorème “le pire est toujours sûr” : quelque soupçon que vous ayez de l’estimation réelle de vos mérites par X, Y, Z, vous êtes loin du compte — “au-dessous de la réalité”. Il faut courageusement vous mettre à leur place pour être remis à la vôtre — en osant penser ce qu’ils pensent de vous. C’est d’autant moins malaisé que : 1. l’exemple vient de haut et de loin ; n’est-ce pas Pierre qui a renié son dieu : “Je ne sais pas qui est ce type!” 2. c’est ce que tu n’arrêtes pas de faire toi-même à leur sujet. (En pleine jeunesse quand on vit avec celui qu’on appelle “son meilleur ami”, j’appris, par le rapport de très bons amis, qu’il avait dit de moi, à propos des deux grandes choses qui nous occupaient, le travail et l’amour, d’abord, pour la première de ces choses “Il n’a aucune chance d’être reçu”, et pour la seconde “Je ne comprends pas ce qu’elle lui trouve”. J’aurai été tôt prévenu.)

Bloom dit: à

A Je-Te-Montre-du-Doha, côté français, c’est l’Intérieur qui sera à l’Extérieur pour la cérémonie d’ouverture du Ballon de la Mort.

Je suggère que pour les matches ce soit le contraire: qu’ils passent de l’intérieur à l’extérieur. Cela permettra de juger combien de temps on tient avant l’arrêt cardiaque.

Pas de politique. Juste du sport.

Jazzi dit: à

Pour plus d’info sur le théâtre des Amandiers, on se reportera avec profit au dossier que j’avais proposé et coordonné pour la revue Masques
http://revuemasques.fr/hd-mensuel/slides/p_0009.pdf

(En juin 2018, La Bibliothèque nationale de France, a souhaité procéder à la numérisation de l’ensemble des numéros de la Revue Masques. Cette numérisation a été terminée début 2020 Les fascicules numérisés en mode image et en mode texte par la BnF sont donc accessibles sur Internet, de façon libre et gratuite, par le biais des sites dont la BnF assure la responsabilité, et notamment Gallica.)

Jean Langoncet dit: à

@Excellent, miss Neuhoff. Une boîte de chocolats pour vous (Neuhaus)

Manaus ou le pays des réducteurs de têtes, qui attire tant les fines têtes de chez nous ; braisées comme endives en poêle

vadeboncoeur dit: à

Jazzi dit: à

Qui disait déjà que l’amitié n’était pas possible entre un homme et une femme ?
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Barbara et Jacques Brel – deux solitudes

Merci beaucoup monsieur Jazzi.

Clopine dit: à

Lu « tendre est la nuit », alors même que le titre m’agaçait les dents. Fitzgerald ! J’ai relevé deux ou trois phrases, essentielles à mes yeux, j’ai évidemment été secouée par cet accrochage désespéré à la littérature pour décrire les vies les plus vides qu’il soit (bon dieu, ce que j’ai besoin du bon regard de mon chien, moi), je n’ai pas reconnu la moitié des références culturelles, les chansons, les films cités là dedans étant bien entendu tombés dans l’oubli le plus total, et je me suis demandé ce qu’un américain d’aujourd’hui, accablé du poids d’un Trump comme une abeille doit supporter le varroa qui lui bouffe l’épaule, peut tirer d’une pareille lecture, où les américains sont décrits comme on peut décrire les qataris d’aujourd’hui, sinon le poids accablant du capitalisme. Mais il est vrai que je lis souvent ce qui n’a pas été écrit pour moi.

rose dit: à

je suis sans livre où je suis;

Comment survivez-vous et alii ?

rose dit: à

L’écrivain n’écrit pas pour un lecteur.
Pas même dans l’espoir d’être lu.

rose dit: à

Pour les seins des femmes de Gauguin que tu caresses encore, c’est plus que sûr.
Que tu nous chantes encore, aussi.

Pour la pluie, c’est beaucoup moins moins sûr. Aux Tuamotu, fait toujours beau. C’est même lassant.
Mais c’est une métaphore de ton chagrin, Barbara,

rose dit: à

Renato
Ne vais pas me replier sur des brocolis.
Vais essayer avec des fanes de navets.
Merci, ♥️

et alii dit: à

@X
0 PEINE AVAIS6JE LU VOTRE POSTet échafaudé un commencement de remerciement que j’ai eu à rencontrer quelqu’un , et un RV QUE JE REPORTE depuis plusieurs jours; voilà le cours des « choses » bien repris, nous sommes satisfaits l’un et l’autre de nos échanges ;tant mieux, et cela me permet d’autant plus de vous dire que je ne crois pas qu’on puisse vraiment se mettre à la place de quiconque;et que c’es une interrogation qui s’impose si j’en juge par:
« Jusqu’où peut-on se mettre à la place des autres ? » https://www.psychologies.com/Moi/Moi-et-les-autres/Relationnel/Articles-et-Dossiers/Jusqu-ou-peut-on-se-mettre-a-la-place-des-autres
et n’importe comment qui me « rassure » ! ah la place! pour mieux revoir cette question, je bois un café et on verra où j’en suis !
bonsoir
au fait, « je ne suis pas vraiment « chez moi » !

renato dit: à

Les Russes bombardent Kherson et tirent sur la foule faisant la queue pour de la nourriture. On trouvera sans doute quelques « humanistes » pour justifier le criminel du Kremlin.

et alii dit: à

pour remettre une personne à sa place, encore faut-il connaître cette « place » et si cette personne en a une :
tout cela me semble moins simple qu’un geste d’humeur, comme beaucoup de gens en ont , sans les accompagner d’un « dégage » plus ou moins sonore de jouissance!

renato dit: à

expérience ET UN plaisir

Paul Edel dit: à

Clopine, on aimerait savoir quels étaient les « phrases essentielles à vos yeux » en lisant « Tendre est la nuit ».
Quand vous écrivez que vous essayez de réfléchir à la place « d’un américain d’aujourd’hui, accablé du poids d’un Trump » c’est une curieuse démarche vouée à l’échec.. Mais cela montre surtout que cette lecture de Fitzgerald « Tendre est la nuit » ne vous a pas complètement séduite. et que votre esprit batifolait en tournant les pages, à moins que Bourdieu, malin génie, ne vous chuchote de curieuses problématiques.
Pourquoi pas? Vous qui aimez Proust, je laisse à votre réflexion ce que disait un biographe de Fitzgerald, André Le Vot: » « la majeure partie de l’œuvre de Fitzgerald est une perpétuelle recherche du temps perdu, une quête toujours renouvelée de l’extase des jours passés. La nostalgie de l’illusion, que le temps détruit et que la mémoire fait revivre, occupe une position privilégiée au cours de cette œuvre ». Mais ce que je trouve rare chez Fitzgerald c’est qu’il sait analyser l’échec-son grand sujet- de ses personnages mais que jamais, il ne cesse de réaffirmer la pureté de leurs rêves .Ses lettres à sa fille sont passionnantes et d’une folle générosité.
Si je peux me permettre vous donner un conseil: lisez une nouvelle de lui, « Babylone revisitée », quand il revient à Paris, où il fut jeune, heureux, amoureux, fêté et qu’il revient tant d’années plus tard , quand tout a changé et qu’il ne retrouve rien et que tout est devenu fantomatique. un auteur, en peu de mots, dit avec pudeur, élégance vérité: qu’on subit l’échec ,mais qu’on en tire des vérités et une maturité. Enfin vous avez toujours un point de vue original, décalé, d’ une grande honnêteté. Bonne soirée.

renato dit: à

Point de vue original c’est beaucoup dire.

D. dit: à

Marseille a une carte importante à jouer.

Elle l’a déjà jouèe avec le remarquable professeur Raoult. Qui fait pourtant l’objet d’une odieuse persécution. Aucune condamnation judiciaire pourtant. Comme c’est bizarre. Aucune condamnation juduciaire et déclaré très condamnable par certains.

x dit: à

et alii, c’est tout le problème de ce genre de citation : on les propose en ayant à l’esprit leur place et leur fonction dans le tout d’un texte, et l’on ne prévoit pas (toutes) les façons dont elles peuvent être lues.
Votre réaction m’a d’abord plongée dans la perplexité. Je n’avais pas prévu que ce qui était remarquable (largeur et hauteur de vue) au cours de la lecture, pourrait passer pour une injonction douteuse voire simpliste (au rayon « bien-être ») une fois détachée de son contexte.
Je n’avais pas précisé qu’il s’agissait d’un extrait de Le Comité Confessions d’un lecteur de grande maison, écrit après avoir été « remercié » (malgré un quart de siècle de loyaux services) ; le plus grand risque pour ce type d’ouvrage serait plutôt le plaidoyer pro domo, la volonté de se justifier à tout prix, de se (re)donner le beau rôle quitte à balancer salement.
Il y a bien quelques coups de patte, mais l’essentiel de la dénonciation porte sur l’évolution de l’édition, de cette maison-là et du comité de lecture en particulier (sur l’évitement, la lâcheté aussi, mais il ne s’en exclut pas totalement).
La phrase en question (auto-adressée, me semble-t-il) ne prétend pas sonder les cœurs et les reins (d’un autre souffrant) mais plutôt remettre en question les « évidences » (flatteuses) de son propre regard sur soi.
Une quarantaine de pages plus loin :
« Peut-être convient-il de ne pas chercher à occuper la position d’arbitre, essentiellement usurpée […] Ne pas prétendre coïncider avec une vue d’habileté* ultime d’où sa propre partialité même serait anticipée, neutralisée, intégrée ? Mais accepter que d’autres fassent le tour, à plusieurs, comme ils me voient de dos, ce que je ne pourrais pas ».

* en pascalien dans le texte

rose dit: à

Renato

J’ai trouvé votre recette magnifique pour faire soi-même les orichiette. Vous remercie mais cela fait partie d’une époque révolue, faire soi-même ses pâtes.
Par contre, ce culte voué par mes amis italiens qui ont quitté ce pays, je l’avais découvert à Naples, il y a vingt ans sur les traces de ma grand-mère napolitaine. D’un homme qui m’a dit, presque navré, « je ne peux pas manger un repas sans pâtes ».
Je dois vous dire, Renato, que je ne mange jamais de pâtes, presque. Mais là, je vais manger ces provisions gaiement.

rose dit: à

qu’on subit l’échec ,mais qu’on en tire des vérités et une maturité.
Ah, ben moi, j’en tire, années après années, une tristesse insondable.
Aucune nostalgie, pas un milligramme, parce que aucun retour en arrière desiré ni même envisageable. Si j’avais à inscrire devises sur les oriflammes, ce serait « Plus jamais ča », ou mieux « De l’avant, moussaillon ».

Je plussoie, Paul, au fait que lire Clopine est festif. Clair, carré, joyeux.

rose dit: à

au fait, « je ne suis pas vraiment « chez moi » !

Et alii
Comment vivez-vous cela ?
Ma maman non plus. Chez elle, il fait chaud. Ici, le froid est tombé d’un coup, brutalement.

rose dit: à

Trois côtés du Taj Mahal ai remonté hier aprem seule.
Travailler vite ne va pas avec travailler bien.

Remettre quelqu’un à sa place, c’est toujours fait avec une extrême brutalité. Mon père était spécialiste, clac clac.
Passer un an, c’est aussi pire que passer 25 ans. Ou dix ans. L’éjection est systématiquement brutale. C’est le décollage. Siége éjectable. Hop, planètes assurées. Je commence à regarder les paysages autour. C’est tellement mieux. C est tellement beau.

rose dit: à

Oh les beaux jours est une pièce d’abord écrite en anglais et créée à New York le 17 septembre 1961 . Beckett en fait lui-même une version française en 1963, créée au cours de l’été à la Biennale de Venise.

Jacques dit: à

Les américains demandent aux ukrainiens de négocier avec la Russie.
Ça ne va pas du tout plaire à renato ça.

renato dit: à

Voilà une vieille info, qui plus est mal comprise et mal communiquée par la presse. Pour le moment ce sont les fascistes russes qui demandent une trêve… les pauvres : il se voient encore comme une grande puissance et on trouve — encore ! — des crétins pour les croire.

Enfin, les conditions pour que les fascistes sortent d’Ukraine sont réunies, car qu’il le veuille ou pas Poutine a perdu cette guerre — con buona pace dei sovranisti e degli ex-comunisti, ces pacifistes de pacotille pour lesquels justice et liberté ne sont qu’une variable de leur thermostat —.

Clopine dit: à

Bonjour, Paul, et merci de vos appréciations ! Mais vous savez, les phrases qui ont retenu mon attention chez Fitzgerald ne devraient pas intéresser, à mon sens, les èrdéliens. Non que je sois incapable d’admirer un style littéraire, ni de chercher à savoir pourquoi, « comment c’est fait » en quelque sorte, mais en l’occurrence, le monde de Fitzgerald, le monde décrit et vécu par Fitzgerald, (cette richesse insensée, cette bougeotte mondialisée des années trente, qui précédait la « jet-set »), ne vaut surtout pour moi, littérairement parlant, que par la sincérité : voici des personnages narcissiques dépeints dans toute la vacuité de leur vie mondaine, ne cherchant même pas à adouber leur domination par l’art (il me semble qu’on y parle surtout alcool, ragtime, parfois un soupçon de Schubert mais avec désinvolture, et pour finir trajets, et non pas, comme chez Proust par exemple, peinture, musique et voyages), et le style de Fitzgerald reflète fidèlement, à mon sens tout au moins, ce relâchement qui conduit, par exemple, son héros à s’assimiler à un psychanalyste qui épouse sa patiente devenue bien entendu folle, puisque victime d’inceste et de viol (eh oui, en ce temps-là, c’était double peine pour les filles…Et encore, on peut y voir un progrès. Au dix-neuvième siècle, le personnage féminin en question y serait passé tout simplement. De la même manière que les religions monothéistes ont adouci leurs cérémonies, passant des sacrifices humains à de bien plus symboliques sacralisations, comme de boire un petit coup de rouge à la place, ce qui constitue à mes yeux un progrès patent, de même les victimes féminines des violences masculines ont vu leur statut s’adoucir, passant du suicide obligatoire à la simple névrose….). Bref, définitivement, j’ai bien peur que Fitzgerald ne s’adresse pas du tout à moi.

Et c’est pour des raisons bien personnelles que j’ai relevé ceci :

« (…) Ce qui leur était commun et qui les différenciait de tant d’Américaines, c’est que toutes trois étaient satisfaites d’exister dans un univers masculin ; elles préservaient leur individualité grâce à des hommes et non en s’opposant à eux. Toutes trois auraient pu faire aussi bien de bonnes courtisanes que de bonnes épouses ».

Ca, cela m’a paru toucher juste, même si c’est au fond méprisant. Parce que je suis obligée désormais de me remettre sans arrêt en question – puisque si l’on ne fait pas comme les héroïnes fitzgéraldiennes, je veux dire si on n’est pas satisfaite « d’exister dans un univers masculin », eh bien, pour de vrai, on s’en prend plein la tronche… Ahahah.

rose dit: à

« les victimes féminines des violences masculines »
Nous n’avons pas le même rythme. C ce qui fait notre variété.
Ceci, l’étudiais, « les victimes féminines des violences masculines », chez les personnages féminins de …au XIXème siècle ; du temps où les étudiantes couchaient avec leurs profs. il y a 21 ans de cela.

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