Les sentinelles de nuit de Javier Marias
Tout écrivain est d’abord un lecteur. Une évidence toujours bonne à marteler quitte à lasser. L’envie nous en prend chaque fois que, dans une interview ou une confession sur ce qui lui tient lieu d’art poétique, l’un d’eux, plus nombreux qu’on le croit, donne l’impression d’être venu au monde écrivain, né d’une génération spontanée qui ne doit rien à personne et à si peu de livres qui ont précédé les siens. Foutaises ! Parfois un petit, souvent un grand lecteur. De ceux qui ont le goût des autres et s’en nourrissent. Ils ont différentes manières de payer leurs dettes, à supposer que tous ne soient pas des ingrats. L’exercice d’admiration est le plus connu. Cioran l’a bien illustré dans un recueil fameux. Privilégiant un genre un peu différent, André Suarès a excellé dans l’art du portrait, sa façon de rendre hommage à ceux à qui il devait tant (les éditions Bartillat viennent de publier Miroir du temps qui en recueille plusieurs). Toute l’œuvre de Borgès semble un hommage permanent à ses aïeux en littérature. Ne disait-il pas, en une formule inoubliable :
« Que d’autres se flattent des livres qu’ils ont écrits : moi, je suis fier de ceux que j’ai lus ».
Javier Marias (Madrid, 1951), l’un des écrivains espagnols les plus passionnants à suivre parmi les contemporains, le fait à sa manière dans Vies écrites (Vidas escritas, traduit de l’espagnol par Alain Keruzoré et Stéphanie Decante, 206 pages, 17 euros, Arcades/Gallimard). Une façon qui n’est pas sans rappeler celle de Marcel Schwob dans ses Vies imaginaires (1896), qui trouva écho plus tard sous la plume de Pascal Quignard et celle de Pierre Michon. Voilà un écrivain complet. Non pas au sens de l’homme de lettres d’autrefois. Il ne se contente pas de briller dans tous les genres. Il prend des risques. Difficile d’ouvrir un nouveau livre (en français) de Javier Marias sans songer aux bonheurs de lecture qu’il nous a déjà procurés avec notamment des romans tels que Un cœur si blanc, Demain dans la bataille pense à moi ou plus récemment Si rude soit le début. Un enchantement réactualisé par l’engagement de l’auteur dans la cité à travers les prises de position de ses chroniques publiées dans la presse, principalement dans El Pais. Des billets souvent cinglants, acides, drôles, indépendants, d’un non-conformisme annoncé dès 1995 par son obstination à refuser systématiquement les prix littéraires officiels ou institutionnels, décernés par le ministère de la culture et d’autres :
« Je ne veux rien devoir à un gouvernement, ni celui-là ni un autre. C’est une question de conscience ».
Le ton de ses Vies écrites est de cette encre. Une vingtaine de brèves biographies construites sur le même mode, dont l’esprit et l’angle sont annoncés par le titre : « Henry James en visite », « Thomas Mann en ses souffrances », « William Faulkner à cheval », « Yukio Mishima dans la mort », « Ivan Tourgueniev en sa tristesse »… Avec une certaine dilection pour les auteurs de langue anglaise, ce qui correspond à sa formation et à son goût (il a traduit Thomas Hardy, Stevenson, Sterne, Faulkner, Conrad, Nabokov en espagnol). Or rien n’est excitant comme d’avancer dans l’inconnu avec des gens très connus. Car on ne sait jamais où il va aller chercher son angle d’attaque.
Pas d’Espagnols dans cette rafle. C’est délibéré, on s’en doute. Il ne s’est pas autorisé, trop inhibé pour le faire ; il semble que critiques et collègues lui aient par le passé dénié son hispanité (langue, littérature, citoyenneté) ; sans quoi il aurait traité aussi bien March, Bernal Diaz, Cervantès que Quevedo, Valle-Inclàn, Aleixandre et Juan Benet). L’allure en est rapide et incisive comme une bonne nouvelle. Parfois, cela en dit plus qu’une épaisse biographie ; encore faut-il l’avoir lue pour le savoir. Marias isole un petit fait vrai et resserre sa focale sur la signification qu’il lui prête au risque du procès en saintebeuvisme – ou plutôt en saintebeuverie… Il a le culte du divin détail, du trait, de la flèche. Nabokov ne disait-il pas :
« Dans l’art élevé et la science pure, le détail est tout »
Autant de vignettes savoureuses et de concentrés de vie. De l’anecdote mais en majesté. Le tout animé par une profonde empathie et une affection mâtinée d’humour- sauf pour Mann, Joyce et Mishima traités avec un humour dénué de la moindre affection… Rien de moins solennel que cet exercice irrévérencieux dans l’admiration. On sent que l’auteur s’y est amusé car c’est contagieux. Il jouit de ses formules :
« Après lui (Rimbaud), tout écrivain précoce ne pouvait être que tardif »
Qu’est-ce qui y est du ressort de sa pure fantaisie ? Nous n’irons pas vérifier. Je veux bien croire que Faulkner relisait le Quijote une fois par an. Ou que Joyce a vraiment dit qu’il rêvait de copuler avec une âme et qu’il était coprophile. Ou que Lampedusa accordait un tel prix à ses livres qu’il glissait des billets de banque entre les pages, ce qui faisait de sa bibliothèque un trésor à double titre. Ou que Rilke ait été « le plus grand poète du siècle (il y a peu de doute à ce sujet) » – et pourtant, Dieu sait que j’admire l’auteur des Elégies de Duino, mais enfin, la poésie, ce n’est pas les Jeux Olympiques et tout jugement littéraire est contestable.
« Rose, pure contradiction, plaisir/ de n’être rêve de personne entre tant/ de paupières » (épitaphe de Rilke par lui rédigée)
Bref, si ce n’est pas vrai, c’est vraisemblable. Bien sûr, emporté et grisé par son verbe, Javier Marias se laisse parfois aller à des généralités absurdes du style : « Lampedusa était excessif comme tous les écrivains ». Ou des mystères qui n’en sont pas comme le fait que chez Thomas Mann, perturbations intellectuelle et sexuelle aillent de pair. Mais il le fait avec une telle ironie, sans se prendre au sérieux, qu’on ne saurait lui en vouloir. Même lorsqu’il se trompe : non, cher Javier Marias, il est faux de dire que « jamais personne n’a rien dit contre Kipling » car il a été âprement critiqué, tant l’homme que l’écrivain, notemment par George Orwell qui l’a exécuté dans un essai à lui consacré dans Horizon (février 1942).
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, l’éditeur a eu la bonne idée d’accompagner Javier Marias en librairie en rééditant en poche ses nouvelles complètes, justement, sous le titre Mauvaise nature (493 pages, Folio), où l’on retrouve notamment « Ce qui dit le majordome » et « Quand j’étais mortel ». Tout cela venant à point et pas par hasard alors que paraît son dernier roman Berta Isla (Berta Isla, traduit de l’espagnol par Marie-Odile Fortier Masek, 590 pages, 23 euros, Gallimard) encensé lors de sa parution en Espagne il y a deux ans.
Quelqu’un a tué Janet. A partir de là… Berta Isla, une pure madrilène de la cinquième génération, beauté brune et sereine, plaisante et imparfaite. Elle fréquente Tomàs Nevinson, moitié anglais-moitié espagnol, depuis la classe de première. Ils allaient avoir quinze ans. Un couple si précoce était-il voué à développer une relation « pseudo-fraternelle », du moins dans les premiers temps, quitte à ce qu’elle les rattrape plus tard et gouverne leur vie autrement que les couples plus tardifs ? Une journée dans leur vie commune suffira à faire basculer leur destin vers l’inconnu. Berta Isla connaît-elle vraiment celui qu’elle croit aimer ? On en revient à Proust, dont la musique résonne en sourdine, et à ce qu’il en disait dans une lettre :
« Nous vivons auprès de gens que nous croyons connaître. Il nous manque l’événement qui nous les révèlera autres que nous les savons »
Tom Nevinson, très doué pour les imitations, ferait une taupe idéale. D’ailleurs L’Agent secret de Conrad traîne ses guêtres dans plusieurs pages, de même que les poèmes de T.S. Eliot et, plus inattendu, La Sculpture funéraire d’Erwin Panofsly. Ca se passe dans l’Espagne d’avant. Un pays où il n’y a pas de politique : juste les ordres du Généralissime. La trahison en est le fil rouge, ce qui n’étonnera pas les fidèles lecteurs de Javier Marias tant ils le savent obsédé par la chose. Lui-même en convient et la fait remonter à un événement traumatisant de la guerre civile : la dénonciation de son père, le philosophe républicain Julian Marias Aguilera, aux phalangistes par … son meilleur ami.
Douze après sa disparition, Berta Isla retrouve Tom, son jeune mari qu’elle croyait disparu au cours d’une opération spéciale des services secrets britanniques pour lesquels il effectuait une mission. Pénélope et Ulysse s’inscrivent en filigrane tout le long de ce récit couturé d’incertitudes, de masques, de silences et d’effacements. Le colonel Chabert est en embuscade dans certains chapitres : on espère retrouver le disparu donné pour mort mais on craint tant sa résurrection que son retour. Sauf que Tom aurait pu donner des nouvelles, tout de même. Les ordres ont beau dos. Elle ne saura jamais ce qu’il a fait pendant tout ce temps et en nourrira un ressentiment de femme trompée.
Il serait vain de dresser l’inventaire d’un tel roman, non seulement parce que cela gâterait le plaisir de le découvrir mais encore parce que sa richesse ne se réduit pas à une accumulation de morceaux de bravoure, de formules, de faux-semblants ou de situations. C’est une mélodie envoûtante qui nous enveloppe dès le début et ne nous lâche pas (à feuilleter ici pour s’en faire une idée). Tout ce qui y est dit, chanté, murmuré mais rarement hurlé, ne prend sens que par le tout. La fidélité ne s’explique pas et « les loyautés imméritées » encore moins.
L’auteur s’installe, prend son temps, digresse. Ses descriptions sont foisonnantes. Visiblement, il s’y plaît. Portrait de femme ou portrait de couple, ses portraits se déploient en un luxe inouï de détails dans la peinture de chaque trait. Il ne lui faut pas moins de trois pages pour dessiner le visage de son héroïne. Voilà un romancier qui engage à chaque fois une conversation jamais bavarde avec l’invisible lecteur traité en ami. Faut-il être parvenu à ce degré d’intimité pour employer si souvent l’expression « petite culotte » s’agissant de celle de ses héroïnes bien sûr, comme si l’homme derrière l’auteur éprouvait une certaine jouissance à accoler systématiquement le nom et l’adjectif. A la réflexion, un tel sous-vêtement ne saurait être autrement : a-t-on jamais entendu parler de « grande culotte » ? Ce serait donc pléonastique et uniquement justifiable par le plaisir secret qu’il y a à la prononcer. Mais ça passe comme le reste car Javier Marias a une rare qualité dont il fait preuve de bout en bout : la tenue, l’élégance.
A noter la qualité de la traduction Marie-Odile Fortier Masek, aussi impressionnante que pour Si rude soit la nuit. Même si « mature » en lieu et place de « mûr » me choquera toujours ; son origine latine ne fait guère de doute et « immature » sonne agréablement aux oreilles, mais c’est ainsi. Parfois, certains mots demeurent tels quels en espagnol. Ainsi imaginarias, aussitôt rattrapé après la virgule par « ces sentinelles de nuit » qui n’ont pour effet que d’en augmenter le mystère.
S’il y a en un que l’on ne s’attend pas à trouver au détour d’une page dans ce roman, c’est bien Gérard Philipe. Parfaitement, « le » Gérard Philipe ! Il surgit pourtant page 19 car sa coiffure rappelle celle d’un des personnages principaux (mais quel lecteur espagnol de 2017 peut bien avoir la moindre idée de la crinière en question ?). Et comme j’appartiens à cette catégorie de lecteurs qui ne peuvent s’empêcher de commencer, et parfois de poursuivre, la lecture de deux ou trois livres en même temps, mon trouble n’en a été que plus grand de constater que le récit lu en parallèle était Le dernier hiver du Cid (195 pages, 17,50 euros, Gallimard), vibrant portrait du comédien par le futur gendre qu’il ne put connaître, l’écrivain et critique Jérôme Garcin. A sa mort à l’âge de trente-six ans qui le figea dans les mémoires en éternel jeune homme, l’auteur avait trois ans.
On ne s’attend pas à lire quelque chose de critique ; on le sait porté par l’admiration ; sauf qu’elle ne verse jamais dans l’hagiographie. C’est d’un hommage qu’il s’agit mais si personnel, intime, privé, que l’empathie nous saisit dès les premières pages tant pour le peintre que pour le modèle. On le suit pas à pas dans le rétrécissement de ses jours d’août à novembre 1959 avant l’ultime tombée de rideau. Même avec le recul des soixante années, comment résister à cette allure et cet allant de « grand jeune homme inachevé », cette beauté, cette présence surtout, aussi manifeste dans le grand répertoire que dans des films tels que La fièvre monte à El Pao. Ou Modigliani dans Montparnasse 19. Claude Autant-Lara lui avait su lui faire des films à sa mesure en adaptant pour lui de grands livres (Le Diable au corps, Le Rouge et le noir, le Joueur), de même que René Clair (La Beauté du diable, Les Grands manœuvres). Quelle filmographie !
Le portrait, d’une sensibilité communicative, est de facture très gracquienne (on ne se refait pas) dans la précision lexicale, la justesse de l’observation, l’aigu du regard. Tous ses grands rôles sont rappelés au fil du récit et leur nombre paraît étourdissant pour une existence si brève : Hamlet, Lorenzaccio, le prince de Hombourg, Rodrigue, Ruy Blas, Richard II, Octave, Fabrice del Dongo, Monsieur Ripois, Julien Sorel… Il y a de belles pages sur ses amis, l’écrivain Georges Perros en tête, Jean Vilar bien sûr son maître, René Clair. Des formules frappantes aussi. Christian-Jaque par exemple sur son Fanfan la Tulipe :
« Il jouait si bien que même le cheval croyait qu’il savait monter »
Son secret l’animait et le gouvernait intérieurement. Son secret : son père, un avocat Croix-de-feu et militant PPF devenu collabo sous l’Occupation, « affairiste notoire et requin d’affaires », condamné par contumace, planqué en exil après la guerre du côté de Barcelone. Le comédien ne cessa de se tourmenter pour le présent et l’avenir de celui à qui il avait pardonné ; à l’agonie, il s’inquiétait encore des moyens de subsistance de son père.
Compagnon de route du PCF, leader du syndicat des acteurs, TNP plutôt que Comédie-Française, il se voulait militant antifasciste et n’aurait pour rien au monde raté la marche de l’appel de Stockholm contre la bombe atomique… Sa mort prématurée lui aura évité d’incarner Raul Castro, combattant de la Sierra Maestra, comme il en conçut le projet au retour d’un séjour à Cuba à l’invitation de Fidel. Le mal le gagnait. Il était de plus en plus fébrile mais on lui proposait de plus en plus de rôles, à l’écran comme sur les planches : Le Procès d’Orson Welles, l’Histoire du soldat de Ramuz et les Bâtisseurs d’empire de Boris Vian. Lui n’en avait plus que pour les tragiques grecs. Alors que ses forces l’abandonnent tout doucement, il n’avait pas la tête ailleurs mais à Athènes.
Dans ces moments-là, on oublie le mal que la vie vous a fait. Mais vos amis posthumes, eux, n’oublient pas. Jérôme Garcin, l’homme du Masque et la plume, a bien raison de rappeler et de citer les critiques qui l’ont le plus atteint, celles qui ont vraiment cherché à lui porter préjudice, à lui nuire, à éteindre sa jeune carrière, à le tuer dans l’œuf, pour des raisons moins artistiques que politiques, pour la plupart publiées dans Arts de Jacques Laurent et signées d’un certain François Truffaut.
Gérard Philipe, ce n’était pas une certaine idée mais un certain moment de la France. Pour beaucoup demeure une stature de jeune dieu, mais pour l’auteur, c’est Gérard. Une ombre tutélaire à laquelle il devait ce livre affectueux. Il était habité par le sentiment de l’urgence, peut-être parce qu’il pressentait sa fin prématurée. Carcinome hépatocellulaire. Autrement dit : cancer primitif du foie. La Faculté lui donna six mois maximum. Lui voulut croire à un simple abcès amibien. L’entourage ne le démentit pas. A qui bon gâcher les derniers temps. On le traita. Il crut que les médecins venaient de lui offrir une seconde vie.
Elégant jusqu’au bout, Gérard Philipe. Une présence et une âme. Ce livre est le tombeau qu’il méritait. Il avait aussi été le Cid à Avignon. Il a été enterré dans le costume de scène de Don Rodrigue. Sûr que Javier Marias a du connaître ce détail.
(« Photo de couverture des éditions espagnole et française de Berta Isla » ; « Javier Marias » photos D.R.; « Les cigarettes Marcovitch », marque de cigarettes fumée par Tomas Nevinson, unique illustration reproduite dans Berta Isla page 98 ; « Gérard Philipe à une manifestation communiste » photo D.R. ; « Anne et Gérard Philipe » photo Marc Riboud ; « Gérard Philipe dans le Cid » photo D.R.)
1 094 Réponses pour Les sentinelles de nuit de Javier Marias
Avec Gina Lollobrigida, deux légendes du siècle
http://pcf.evry.pagesperso-orange.fr/philipe.htm
André Suarès
—
Dans son « Shakespeare, poète tragique », il rêve un Barde celte, travaillé par les tensions entre l’appollonien (la mesure) et le dionysiaque (la démesure). Si rien de solide ne vient étayer le « celtisme » de l’auteur des Sonnets, la lecture de son essai est plaisante, davantage pour son style que pour son analyse.
18h43
Sur la photo de Gérard Philipe « à une manifestation communiste », on reconnait à coté d’Anne Philipe l’écrivain Claude Roy.
« jamais personne n’a rien dit contre Kipling »
–
40 ans avant Orwell, la critique Maria Corelli éreintait le chantre de l’Empire et champion du parti Tory, dans son ouvrage « To a Mighty Genius. » The Silver Domino, or Side Whispers, Social and Literary », 1893
« The English people know perfectly well what poetry is, and no critic will ever persuade them that you [Kipling] can write it ».
Un franc-parler assez atypique en ce crépuscule de l’ére victorienne.
22 octobre 2019 à 19 h 03 min
Belle « Carte postale de Saint-Malo.13h54 » de Paul Edel, qui pourrait faire un beau livre sur sa ville en compagnie d’un bon aquarelliste (comme Christian Graniou ou Fabrice Moireau, par exemple). Avec les touristes, les ventes seraient assurées.
Christian Graniou
https://www.youtube.com/watch?v=K63PUAVPRwc
Fabrice Moireau
22 octobre 2019 à 19 h 43 min
« On se réjouit de savoir que Pablo peut réécrire la Légende des Siècles mieux que Victor Hugo. »
MC dit:
Comme d’habitude, MC montre qui ne sait tout simplement pas lire. Moi j’ai écrit que je ne comprenais pas pourquoi Hugo aimait tant les rimes plates, que je trouve bien plus lourdes et moins belles que les rimes croisées ou les rimes embrassées. Je n’ai pas écrit que Hugo n’avait utilisé que des rimes plates. Et encore moins qu’une forme de rimes serait une caractéristique du génie. Ou que Hugo serait un mauvais poète. Ou que je voulais réécrire la Légende des Siècles.
On sent que le cerveau de MC est en train de devenir de la compote de neurones…
@Pablo. Lu ta réponse sur Gide.
Tout autre chose. Que penses-tu des peines de prison prononcées contre les séparatistes catalans? Ça me parait énorme.
Tous les écrivains sont frėres et comme tels savent trop de choses sur leur compte réciproque.
PaulEdel, après avoir scruté l’horizon des heures durant, s’est mis à scruter les photos du blog, content d’y repérer un écrivain toutefois moins connu que Modiano. En d’autres termes, notre Popaul s’emmerde et devrait dès lors songer à un petit voyage. Pourquoi pas en Caraïbe néerlandaise ? Et pourquoi pas avec la belle Chantal qui pourrait lui servir de guide. S’il est un peu chanceux, un pétrolier de passage dégorgera au large et il aura soudain la vision de Chantal mazoutée, au sommet d’une vague, avant que celle-ci ne meure, telle une suicidée, sur la plage souillée, comme une merde gluante sur l’asphalte chaud. Popaul sera guéri de sa solitude.
Enfin une bonne nouvelle ! On ne pourra pas lire le nouveau livre de Karl Ove Knausgaard avant 2114, l’autobiograph…
Très mauvaise nouvelle, le prochain livre d’Assouline sort dès janvier prochain. Personne chez Gallimard pour lui expliquer ce qu’est un vrai sujet de roman?…
Hurkhurkhurk!
Plus facile de découper Proust en morceaux pour payer le ravalement de son immeuble que d’écrire un livre qui ne soit pas d’emblée ridicule…
Bonne soirée,
« Te souviens-tu de ton avenir ? De tes vies passées au temps futur ? Tes mondes antérieurs ne font pas sens, ni ne saurait faire sens la recherche d’un sens de ton avenir.
Seul existe ton présent qui conjugue tous les temps. Alors vis, vis pour toujours et oublie… »
« Le Voyageur de minuit » de Saïd Bahaûddin Majrouh, poète afghan assassiné par les talibans.
Même si « mature » en lieu et place de « mûr » me choquera toujours ; son origine latine ne fait guère de doute et « immature » sonne agréablement aux oreilles
comme je lis un article anglais sur la toile où il est écrit: »you are not mature enough to tell it like it is », je me demande, pour avoir la même réserve que P.ASSOULINE ,si cela ne vient pas d’internet et de l’anglais-globish où je l’ai surtout remarqué
Excusez-moi de vous le demander, mais vous avez quelle heure ?
Je ne partage pas du tout l’idée selon laquelle Gina aurait été une « légende », car elle jouait très mal, et n’avait que ses Lolos… (oui je sais, mais c’était inévitable ! et je m’y suis sacrifié).
Car la reine des Ritales (jeu+beauté) à ce jour inégalée c’était Sofia (il y a un film sur la guerre d’Espagne avec G. Grant, elle était très jeune, cheveux courts, irrési…)
Quant à G. Philipe à mon humble avis c’était surtout un théâtreu. Dans ses films il faisait trop de comédie, tandis qu’il restera inégalé dans cette légende de la naissance du Festival d’Avignon qui court jusqu’aux grandes heures de Mai 68, puis sombre et coule à Pi ! (j’ose pas dire plus…). En tout cas le personnage est et devait être sympathique (on le voit en 4CV de Renault !)
Et sur Philipe et ce Festival d’antan à jamais perdu, il y a une chanson que je trouve sublime (c’est perso, et c’est ma « seconde » Tel Aviv… Thor me pardonnera, et B. Cassin m’en voudra éternellement). Cette chanson c’est « Il était un prince en Avignon » (je viens de la réécouter You tube, et ne m’en lasse pas), et surtout chantée par Esther Ofarin ; là aussi il n’y a qu’elle pour nous parler des « grands rooooiis de Fraannnnncce » … ; éviter par dessus tout les versions Mathieu, Boccarra & C° – criardes, zéro
« Il étééééé… un Prince en Avig…
Oui et c’était en Eté… où l’on s’arrêtait dans cette belle cité avant StTropez. Sous cet angle de vue, ce devait être une belle époque (car aller de nos jours à Avignon -sans parler du soir et de la nuit- c’est courir de gros risques…)
Du coup, on ignore ce que sent, en général, une « petite culotte espagnole »… euh, on ignore comment se dit « petite culotte » en espagnol, dans le nouveau roman de Javier Marias excellemment traduit, apparemment. Voilà l’info manquante du nouveau billet.
Dommage, sinon…, plus sérieusement, Erwin Panofsly devrait prendre un K…
« Suis fier des auteurs que j’ai lus », voilà un bien biau et rassurant homenaje de Jorge Luis… et j’ajoute…, fier de tous les romans que je n’ai pas écrits et encore moins publiés.
J’ai eu ma « période Marias ». Au mitan des années 1990, Francine m’avait fait connaitre ce romancier que lui avait signalé Michèle Gazier : « l’homme sentimental », « le roman d’Oxford »…, et puis j’avais poursuivi seul, avec « Demain dans la bataille », et surtout « dans le dos noir du temps », pas signalé par le billet… Pourtant le plus difficile et le meilleur… Elle est passée, Francine et cette période, comme beaucoup d’autres. Nous nous étions finalement fâchés. Et comme par hasard Marias, avait sombré dans ce naufrage… Pourquoi y revenir ? Non, je ne raconte pas ma vie, ça non, ou si peu. Les exercices d’admiration d’un moment sont souvent, après coup, des exercices de déception, voire de désillusion insondable… Quand je relis un roman de Pierre A. ou de Jacques-Pierre, il m’arrive très souvent d’être déçu, mais je n’ai sans doute pas lus les meilleurs. Je trouve qu’ils tiennent moins bien la route ue ceux de michel Houellebecq ou bob nylon réunis.
Toutes mes excuses pour cette petite piqure de Petit Rappel. Piensa en mi, je ne pense pas vraiment à mal.
https://www.youtube.com/watch?v=typrsOgYqF0
c’est surtout que D. va se vénère en tombant cette photo franchement pas très politiquement correcte pour l’hygiène de nos concitoyennes.
Bon. Adieu,
J’oublie toujours les formules inoubliables. Surtout quand je ne les connais pas.
…
Je m’éloigne peu à peu de ce blog. Je n’y ai pas démérité, ce me semble, pourtant. J’y avais modestement ma petite voix rurale… Mais bon. J’y ai croisé de sinistres excroissances d’ego(s) en mal de reconnaissance, comme Monsieur Court. Et le souvenir de Wgg, de Sandgirl, etc., vient desservir l’endroit. Et cependant, cette paresse à m’y rendre… Désormais…
lettre d’Adrienne Monnier à James Joyce
https://issuu.com/rivoli/docs/a.monnier-bat
« Nous n’avons pas la moindre envie, sylvia et moi, de nous associer avec kahane.Les temps sont durs et ce n’est pas fini. Nous voyageons maintenant en troisième classe et bientôt, nous nous accrocherons sous les trains. »
page 69 si vous voulez la lettre en entier.
cordialement
@ Je n’y ai pas démérité, ce me semble, pourtant. J’y avais modestement ma petite voix rurale (!!!)
(22.41) Personne ne regrettera pareil orgueil aussi démesuré, pareille satisfaction de soi aussi bovine. On ne voit pas ce que vient fiche MC dans cette décision, un droit de retrait à la RDL, sans doute. Mais nul n’est irremplaçab’ voyez et tout le monde se meurt sous les souillures de Lubrisol et autres saloperies de cet acabit.
La RDL se consolera toujours au sujet du sort des mouettes mazoutées de Balbec :
« Oh elles s’envolent » s’écria Albertine en me montrant les mouettes qui, se débarrassant pour un instant de leur incognito de fleurs, montaient toutes ensemble vers le soleil. « Leurs ailes de géants les empêchent de marcher » dit Mme de Cambremer, confondant les mouettes avec les albatros ».
Ouarf… MDR à chaque page…, là au moins on rigole, et on n’a pas fini, hein hein !..
Belles lignes sur le dernier Hiver du Cid, en effet très empathique, mais aussi très documenté.
Cher Pablo, votre réécriture de Ferdousi, et vos considérations sur les grands poètes à rimes croisées méritaient cette mise au point.
Il parait que Clopine veut s’éloigner. Son venin suffit pour indiquer qu’elle est toujours là, et pour longtemps… Comment disait Hugo, déjà?
« La vipère qui rampe et se croit ignorée »…
Bien à vous.
MC
(Qui n’a rien dit de sa dernière intervention, mais passons!)
22 octobre 2019 à 23 h 07 min
@ Chaloux
« Que penses-tu des peines de prison prononcées contre les séparatistes catalans? Ça me parait énorme. »
Énorme par rapport à quoi?
22 octobre 2019 à 23 h 11 min
@ Petit Rappel
« votre réécriture de Ferdousi, et vos considérations sur les grands poètes à rimes croisées méritaient cette mise au point. »
Je vois que tu n’as toujours pas compris ce que j’ai dit.
En faite, tu préfères quoi, toi, comme rimes?
@en faite
Par paires si es possiblo
https://www.youtube.com/watch?v=GmFp0I8AZqw
Euh, pardon, mais ce Ferdousi, vous l’avez bel et bien réécrit, je crois?
Et pareillement, nous avons pu lire que les poètes à rimes croisées , dont n’était pas Hugo, c’était implicite sinon clairement dit, étaient les seuls grands.
Je veux bien « ne pas vous comprendre », mais alors que veulent dire vos textes?
Bonne soirée.
MC
Nous détestons aimablement les fumeurs de cigarettes :
https://blogfigures.blogspot.com/2019/01/paul-klee-smokes.html
23 octobre 2019 à 00 h 16 min
@ Petit Rappel
« ce Ferdousi, vous l’avez bel et bien réécrit, je crois? »
Tu es vraiment bouché, mon pote. J’ai essayé de montrer, sur 4 vers de ce poème de Hugo, que les rimes croisées ou embrassées étaient plus belles, parce que moins lourdes, que les plates. J’ai changé l’ordre des vers, pas réécrit le poème.
C’est si difficile à comprendre?
@Nous détestons aimablement les fumeurs de cigarettes
On devine un sevrage fragile
https://www.youtube.com/watch?v=H6EZkIaJcCI
Le site d’extrême gauche lundimatin demande à nouveau de l’argent à ses lecteurs. Je suis déçu. Ils auraient dû s’en tenir à une vraie gratuité, et ne jamais mendié leur pain. Ils étaient des seigneurs, les voici devenus des manants. Ils se sont abaissés à l’infâme situation de demandeurs, au préjudice des idées qu’ils défendent, des textes qu’ils publient. Comment dès lors leur accorder la moindre crédibilité ? Décidément, lundimatin, créé dans la mouvence de l’insurrection qui vient et du fantaisite pro-situationniste Julien Coupat, reste ce mouvement alternatif d’étudiants canulardesques qui font n’importe quoi. La révolution demande de la rigueur. La terreur est une chose nouvelle, qu’il faut sans cesse peaufiner. Ces jeunes gens n’en sont pas capables. Je suis déçu.
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« Chères lectrices, chers lecteurs,
Il est assez rare que nous vous sollicitions financièrement, à vrai dire nous ne l’avons fait que trois fois en cinq ans d’existence. Si nous le faisons aujourd’hui, c’est que c’est important.
Comme vous le savez, la totalité de ce que nous publions est accessible librement, c’est-à-dire sans contrepartie financière ou publicitaire. Il nous est toujours apparu crucial que lundimatin et la perspective plus large dans laquelle nos activités s’inscrivent puissent exister quoi qu’il en coûte.
Tenir la cadence et l’exigence de notre parution hebdomadaire ainsi que de la revue papier représente une somme de travail colossale, c’est le prix de l’indépendance et de l’autonomie, pour nous-mêmes autant que pour nos lecteurs. C’est un pari qui nous tient et auquel nous tenons. Le fait que notre lectorat s’étende et se diversifie chaque semaine depuis presque cinq ans maintenant, confirme cette intuition et renforce notre détermination. Comme nous avons pu l’écrire par le passé, l’époque est aux acharnés. » Lundimatin
L’organisation gauchiste lundimatin se métamorphose en structure capitaliste classique. Quitte à devenir la honte de l’humanité libre. Néanmoins, dans le dernier numéro, vous avez une contribution d’Eric Vuillard que je vous recommande. Le prix Goncourt 2017 avait écrit un texte pour l’Obs, qui est ici repris (et piraté ? nul ne sait). De quoi se plaignent-ils ces jeunes désargentés ? La beauté gratuite de l’amour leur devient étrangère. Ils se manifestent face à une évolution putride de la pire des manières. Cela devient louche.
@et ne jamais mendié leur pain.
L’essentiel est de participer présentement disent les sœurs qui quêtent
Le véritable héros de l’extrême gauche aujourd’hui, c’est le petit-fils du grand Bernanos, qui moisit dans une prison à l’heure où je vous parle. Lui, il ne demande pas à ce qu’on finance son incarcération ! Et pourtant, l’autre jour, il a publié un texte magnifique dans lundi matin, mais c’était avant cette obscène demande d’argent. lundimatin, ce faisant, trahit tous ceux qui lui ont apporté leur soutien et leurs textes. Ils ne sont plus dignes de confiance. Ils dégénèrent dans la putréfaction.
Le fric, c’est le nazisme, comme le montre L’Ordre du jour de Vuillard, prix Goncourt 2017. La gauche, c’est la gratuité. C’est l’amour. C’est l’abolition de l’argent. L’ABOLITION LEGALE DU TRAVAIL !!! Voilà ce que c’est la gauche, la vraie. L’extrême gauche dans laquelle je me retrouve. Les débutants de lundimatin ont trahi leur idéal ! Ils se comportent en nazis, et devraient relire Le Capital !
Je n’ai jamais aimé Julien Coupat, initiateur de cette « jeunesse hitlérienne » abjecte, qui s’amusait à aller saboter les lignes Sncf avec sa petite amie. Qui s’amusait à pasticher les situationnistes, de manière maladroite et infantile, mais en se prenant très au sérieux. Pas une once d’humour.
S’ils veulent « quêter », ils n’ont qu’à se faire curés. C’est la spécialité de la religion que la redistribution du capital, qu’on appelle du très beau nom d’aumône.
Obole ; coupe à l’avenant
Le Christ et l’argent : le paiement de la taxe (Matthieu, chapitre 17) :
24 Comme ils arrivaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent la redevance des deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ? »
25 Il répondit : « Oui. » Quand Pierre entra dans la maison, Jésus prit la parole le premier : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ? De leurs fils, ou des autres personnes ? »
26 Pierre lui répondit : « Des autres. » Et Jésus reprit : « Donc, les fils sont libres.
27 Mais, pour ne pas scandaliser les gens, va donc jusqu’à la mer, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour moi et pour toi. »
Quand la parabole des talents fait défaut au répertoire du petit rapporteur, love le two times de son petit nom ; la parabole des talents. Delaporte est sans doute un patient rentable pour le cabinet de son médecin traitant (on n’ose cependant pas imaginer une prise en charge des soins par la sécurité sociale, autrement dit par toi et moi).
love le two times > love me two times (tiré d’un titre des Doors)
« On devine un sevrage fragile »
Pas sevré du tout : d’autres goûts.
renato
i am a heavy smoker;sorry
be kind :don’t hate!
J’ai aussi écrit « aimablement », et alii. Avez-vous essayé d’autres options ? le cigare, par exemple.
8h48
» Mbappé est reparti avec le ballon sous le bras, récompense d’un triplé, et Angel Di Maria avec ses pinceaux fins »
En poils d’écureuil gris de Sibérie, les pinceaux, Monsieur.De rares poils.
N’en finis plus avec l’angoisse du gardien de but.
Il vient enfin d’écrire – j’àvais compris le lien avec l’Étranger de Camus, je suis un étranger.
Même quand il.vomit.c’est dans.le.lavabo et pas dans les.ch…es.
J’en suis à rêver ardemment de Dostoïevski. Mais irai jusqu’au bout vaillemment.
vaillamment.
renato, c’est une vieille histoire;j’ai même essayé la pipe ,plus littéraire; mais aujourd’hui, cela affecte moins mon humeur –
c’est drole, hier une femme m’a proposé de petits cigarillos;vous maintenant ?
bonne journée!
Gerard Philipe a été enterré en costume de Don Rodrigue.
Le Cid Campeador gît avec Chimène, sous une dalle de la cathédrale de Burgos.
Merci de nous rappeler la vie de ce comédien que les moins de soixante n’auront vu qu’à l’écran. Avec quelques images de cape et d’épée pour les premiers souvenirs, inoubliable Fanfan.
On trouve sur le net un portrait de Gerard Philipe, un « pour saluer »écrit par un collaborateur d’une revue cine collabo, qui rappelle cette rencontre éminemment romantique entre Gerard Philipe et celle qui deviendra Mme Philipe.
Belle idée par ailleurs, de fêter ainsi, les 60 ans du beau-père.
Longtemps j’ai lu dans El País semanal la chronique de Javier Marías. Souvent avec agacement à cause d’un inoxydable fond de conservatisme moralisateur, le discours consistant surtout à pointer les dérives de la société contemporaine espagnole du haut d’une cathèdre, avec forces « yo », un regard surplombant et dédaigneux. Javier Marías donne l’impression de ne pas supporter que les Espagnols soient ce qu’ils sont, tels qu’ils sont, si différents en tout cas d’un modèle british rêvé, fantasmé, obsolète.
23 octobre 2019 à 09 h 18 min
« Javier Marias »
Il manque l’accent à « MarÍas ». Sans l’accent cela se prononce « mÁrias ». Et si, en parlant de littérature, on demande à un hispanophone s’il
aime « mÁrias », il ne comprendra pas la question. Idem pour « El Pais », qui se prononce « El PaÍs » parce qu’il y a accent sur la i. Et dans
« Tomàs » l’accent n’est pas grave mais aigu, le seul qui existe en espagnol: Tomás. Et dans « Julian Marias » manquent deux accents: JuliÁn
MarÍas.
« Voilà un écrivain complet. Non pas au sens de l’homme de lettres d’autrefois. Il ne se contente pas de briller dans tous les genres. Il prend des risques. »
Un écrivain complet est celui qui prend des risques? Concept étonnant. Marías n’est pas un écrivain complet, puisqu’il n’écrit pas de la
poésie, pas des critiques littéraires, pas de journal intime, pas des livres de notes ou des recits de voyages, pas d’aphorismes.
« Des billets souvent cinglants, acides, drôles, indépendants, d’un non-conformisme… » Ah, bon? Moi j’aurais dit des articles prétentieux, narcissiques, souvent montrant qu’il pète plus haut que son cul. Et des articles laborieux, lourds, sans aucun style. C’est cette absence de style (dans le meilleur des cas) qui moi m’a toujours paru rédhibitoire à l’heure de lire ses romans, qui m’ont assommé au bout de quelques pages à chaque fois que j’ai essayé de les lire.
Il y a un petit essai de Manuel García-Viñó (écrivain, polémiste féroce, dénonciateur des magouilles littéraires espagnoles), intitulé
« Javier Marías, una estafa [escroquerie, arnaque] editorial » qui démontre, preuves à l’appui, la nullité comme styliste de J.Marías (on trouve le texte en pdf sur internet).
« il semble que critiques et collègues lui aient par le passé dénié son hispanité (langue, littérature, citoyenneté)… » Ah bon? Qui ça? Marías appartient à une famille d’écrivains et intellectuels on ne peut plus espagnole et a vécu presque toute sa vie en Espagne, sauf les années où il a été prof à l’étranger (comme tant d’autres écrivains espagnols). C’est la première fois que je lis qu’on a reproché à Javier Marías de ne pas être espagnol. Il est vrai qu’il est fâché avec beaucoup de monde, tellement il a de l’orgueil et se prend pour un Grand Écrivain (comme son père, un philosophe mégalo sans aucun sens du ridicule qui a écrit des dizaines de livres malgré le fait de n’avoir jamais eu une seule idée).
« son obstination à refuser systématiquement les prix littéraires officiels ou institutionnels, décernés par le ministère de la culture et d’autres »
Là on dirait une blague. Je copie de Wikipedia:
Galardones
Premio Nacional de Traducción 1979 por La vida y las opiniones del caballero Tristram Shandy. Los sermones de Mr. Yorick
Premio Herralde 1986 por El hombre sentimental
Premio Ciudad de Barcelona 1989 por Todas las almas
Premio de la Crítica 1992 por Corazón tan blanco
Prix L’Œil et la Lettre 1993 por Corazón tan blanco
Premio Rómulo Gallegos 1995 por Mañana en la batalla piensa en mí
Premio Fastenrath 1995 (Real Academia Española) por Mañana en la batalla piensa en mí
Prix Femina Étranger 1996 (Francia) a la mejor novela extranjera por Mañana en la batalla piensa en mí
Premio Nelly Sachs 1997 (Dortmund) por el conjunto de su obra
IMPAC International Dublin Literary Award 1997 (Trinity College de Dublín) por Corazón tan blanco
Premio Letterario Internazionale Mondello-Città di Palermo 1998 por Mañana en la batalla piensa en mí
Premio Comunidad de Madrid 1998 a la creación artística por el conjunto de su obra
Premio Internazionale Ennio Flaiano 2000 por El hombre sentimental
Premio Grinzane Cavour 2000 (Turín) por el conjunto de su obra
Premio Internacional Alberto Moravia de narrativa extranjera 2000 (Roma) por el conjunto de su obra
Premio Nacional de Periodismo Miguel Delibes 2003 por el artículo El oficio de oír llover
Premio Salambó 2003 al mejor libro de narrativa por Tu rostro mañana, 1: Fiebre y lanza
Premio José Donoso en 2008, por el conjunto de su obra, Universidad de Talca, Chile.
Premio Internacional de Literatura Nonino 2011 por el conjunto de su obra, (Italia)
Premio Austriaco de Literatura Europea 2011
Rechazó el Premio Nacional de Narrativa de España 2012 por Los enamoramientos. (Rechazado por el autor)
Premio Formentor de las Letras 2013
Premio de la Crítica 2017 por Berta Isla
23 prix littéraires, dont beaucoup « officiels ou institutionnels ». Seul dans l’avant-dernier est indiqué: « Rechazado por el autor ».
Marías es un écrivain tout ce qu’il y a de plus officiel, membre de l’Académie espagnole, prof de l’une des universités de Madrid, publiant dans les journaux, les revues et les maisons d’édition de « l’establishment ».
Moi, lisant ses articles, ses interviews ou l’entendant parler à la radio et à la TV il ne m’a jamais donné l’impression d’être un type intelligent, lucide, avec une vision de la vie originale, mais bien au contraire, celle d’un type très prétentieux, très content d’être lui-même, très susceptible et irascible, et avec un côté « vieux célibataire grincheux » très ridicule (dont beaucoup de monde sur internet se moque). Bref, un mégalo qui adore être détesté parce qu’il croit que cela est la preuve de son génie.
la pipe, et alii, c’est un travail ; le smoke break offert par le cigare est plus étendu.
..écrit par un collaborateur d’une revue ciné collabo
tous à vos manettes
Eh bien phil, le jeu n’est même plus drôle. Un mot vous fait réagir, mais sans le geste.
Alors effectivement on laissera a d’autres que vous le soin de trouver le bon lien, par ailleurs bardé d’interdiction de droits de reproduction et de details extrêmement touchants, sur la -trop courte- vie de Gerard Philipe.
la cigarette jaunit les doigts d’où le citron (je ne trouve pas mon image pardon)
je rougis de honte
« d’interdiction de droits de reproduction et de details extrêmement touchants, sur la -trop courte- vie de Gerard Philipe »
Notamment son homosexualité et son mariage avec une femme qui lui ressemblait…
Perso, Gérard Philippe est une voix: celle du Petit prince, bien sûr, mais aussi celle du narrateur de Pierre & le loup de Prokofiev. Une voix jeune et rassurante, comme éternellement étonnée de tout. C’était l’époque où la télévision ne faisant pas encore partie des meubles, et où des grands 33 tours aux pochettes illustrées vastes comme le monde faisaient rêver des gosses comme moi. J’en ai récemment retrouvé quelques-uns: De la terre à la lune, de Jules Verne et plusieurs Tintin – l’invitation au voyage par lancée par les voix de Maurice Sarfati (Tintin), Georges Wilson (Haddock), Gaëtan Jor (Dupond), Roger Carel (Dupont) et Milou (Milou).
Certains de ces enregistrements sont d’ailleurs écoutables sur Gallica.
Avant que l’image univoque règne sans partage, il y eut une brève civilisation du son intime, où l’imaginaire était distillé par l’ouïe, forçant la concentration, déployant une multitude de paysages mentaux et d’impressions associées. Gérard Philippe fut l’un de ces grands peintres sonores.
@
» …d’interdiction de droits de reproduction et de details extrêmement touchants, sur la -trop courte- vie de Gerard Philipe »
Notamment son homosexualité et son mariage avec une femme qui lui ressemblait… »
Non.
Gérard Philipe avec un seul « p », Bloom…
Je n’ai jamais eu envie de lire Marias. C’est un auteur qui écrit beaucoup, sans doute trop. Ce livre de portraits dont nous parle Passou a l’air très fantasque. Je suis français, et donc rationnel, et même cartésien, même si je crois en Dieu. Marias n’est pas ma tasse de thé, en réalité. Peut-être le livres de nouvelles, qui vient de paraître en Folio. On juge un auteur souvent sur ses nouvelles, et les amateurs éclairés le savent. De belles nouvelles, aujourd’hui, c’est rare. Donc, là, on pourrait essayer ça, mais avec le risque d’être déçu.
me too Bloom
Jean Vilar, Gérard Philipe : « Le Prince de Hombourg »
https://www.youtube.com/watch?v=J2WHtsMUvok
Ce midi : tête de veau de Corrèze. En soutien à l’agriculture française.
Ce soir : pâté de pommes de terre aux chataignes, lard et persil.
Demain : saucisse – alligot.
Superbe chronique.
‘Berta Isla, beauté brune et sereine, plaisante et imparfaite.'(P.Assouline)
Les pures madrilenes de la 5eme generation n auront de cesse de rendre immediatement la formule culte !
Gérard Philipe avec un seul « p », Bloom…
—
Correction importante, en effet, Baroz. Je suppose que le nom signifie toujours « qui aime les chevaux », non?
La longue brièveté de l’existence de Gérard Philipe.
Or rien n’est excitant comme d’avancer dans l’inconnu avec des gens très connus. coup de pompe hier:je ne retrouvais pas le nom de SABATO,et je ne sais plus si c’est lui qui me raconta chez son galeriste de saint Germain qu’il laissait pourrir une pomme dans son tiroir tout le temps qu’il écrivait ou si je l’ai lu;
« il laissait pourrir une pomme dans son tiroir tout le temps qu’il écrivait »
C’est ainsi qu’il obtenait ses plus beaux vers !
Pour l’état civil, Gérard Philipe s’appelait Philip. Mais sa mère, voyante extralucide à ses heures, lui a conseillé d’ajouter un « e » à son patronyme afin d’obtenir 13 lettres. Cela lui aura-t-il porté bonheur ou malheur ?
« La longue brièveté de l’existence de Gérard Philipe. »
Comme pour James Dean, OZY !
Faire un 69 avec James Dean, c’était involontaire !
A ma camarade fumeuse de blog et alii
______________________
PHILIPPE GRIMBERT
Pourquoi fume-t-on ?
Dans son passionnant essai Pas de fumée sans Freud, sous-titré Psychanalyse du fumeur, l’écrivain Philippe Grimbert nous démontre, preuves à l’appui, que celui-ci n’aurait probablement jamais réussi à concevoir et rédiger sa fameuse théorie sans l’aide de ses légendaires cigares ! Paradoxalement, Freud n’a pratiquement rien écrit sur le tabac. Partant néanmoins de quelques pistes ouvertes par son « maître », Philippe Grumbert, par ailleurs psychanalyste lacanien, et rouleur de cigarettes lui-même, avance quelques explications sur cette passion, tout autant créatrice que nocive.
« Quelle histoire, tout de même, que celle du génial inventeur de la psychanalyse, sondant les cœurs et les reins, et laissant au chapitre tabac une grande page blanche ! Ainsi, notre maître à penser s’est frayé un chemin obstiné vers la mort, faisant taire d’un signe désabusé de la main le chœur des oiseaux de mauvais augure et continuant avec une tranquille obstination à entretenir son mal.
Pourrait-on aller jusqu’à dire que c’est de son inanalysé que Freud est mort ? On jugera cela un peu fort et cependant ne peut-on le dire de tout un chacun ? Ne meurt-on pas toujours de quelque signifiant oublié nous rattrapant sur le tard, d’une vieille histoire que l’on a voulu enterrer, d’une menace soudain matérialisée, tapie dans un mot que nous n’avons pas voulu déchiffrer ? […]
Freud, quant à lui, a laissé son jardin en friche et, en ce qui le concerne, la mauvaise herbe s’est trouvée être de la famille du tabac.
Ah ! Il ne nous a pas beaucoup aidés dans ce domaine, et dans le cabinet de l’analyste la cigarette n’est guère un sujet d’association libre. Combien de nos patients brûlent leurs deux paquets par jour, se réveillent en crachant leurs poumons et sur le divan ne pipent pas mot – c’est le cas de le dire – de leur funeste habitude. Il faut admettre que deux lignes dans l’œuvre de Freud à propos du tabac comme équivalent masturbatoire, sans oublier trois mots sur le suçotement, ce n’est vraiment pas grand-chose ! Néanmoins, cette évocation succincte a suffi à associer pour la postérité la cigarette au sein maternel, au lait, à la tétine, à tout ce que nous autres, anciens bébés, n’aurions jamais supporté d’avoir perdu au cours de notre évolution libidinale. […]
La tentation de la caricature réduirait un peu vite la valeur du message freudien, mais nous sommes en droit, avec tous le respect que nous devons à notre maître, de nous montrer méfiants à l’égard de ses vues théoriques dans un domaine où il fit, hélas, la preuve de la non-suprématie de son moi. C’est vrai, il n’a pas souhaité se lancer dans l’analyse de cet objet étrange, ce cigare pourtant devenu le prolongement de son corps dans l’iconographie le concernant ; il n’a pas confronté sa théorie à cet étonnant mélange de plaisir et de risque, seul son aspect anxiolytique et stimulant l’a intéressé.
Evidemment, Freud n’a pas pu entendre « gare ! » dans cigare, « arrête » dans cigarette ni même « t’abat » dans tabac et il a fumé jusqu’à la mort, ignorant ces avertissements implicites, jeux de sens que la langue allemande ne lui permettait pas. Peut-être un peu tirée par les cheveux, la présence de cette menace dans le nom même de nos objets de plaisir tabagique, mais de ce côté de la frontière peut-on s’empêcher de percevoir l’insistante petite musique de la mort dans le vocabulaire associé à l’acte de fumer ? Certes, l’oreille de l’analyste est déformée, tendancieuse même diront certains, mais la dimension du risque est pourtant bien présente dans nos formules « pas de fumée sans feu » ou « jouer avec le feu ». Et, qu’on le veuille ou non, le mot « cendres » n’est-il pas synonyme de « cadavre », tout comme « feu » l’est de « défunt » ?
Quant au terme « tabac » lui-même, ne contient-il pas dans son histoire comme dans son étymologie une braise à laquelle je pourrais réchauffer mes hypothèses ? C’est une autre affaire. Le temps de m’en rouler une et je m’y attelle.
L’expression qui me vient à l’esprit au moment exquis de la première bouffée se situe précisément du côté de l’atteinte physique : « passer à tabac ». Mais, presque en même temps, jaillit une autre expression, synonyme de succès : « faire un tabac », à la consonance, nettement plus positive. Une reflet, sans doute, de l’aspect paradoxal de ce toxique, à la fois source de plaisir et activité à haut risque. […]
Quel que soit le chemin psychique que nous avons parcouru, la nostalgie d’un objet perdu nous taraude, nous obligeant à lui trouver un substitut socialement acceptable. Cet objet perdu n’est certes pas identique pour tous, mais à ceux qui souffrent plus que d’autres de la perte du sein maternel la cigarette fournit, par déplacement, une source de satisfaction d’autant plus commode qu’elle s’inscrit dans une pratique quotidienne banalisée.
Pour être rebattue et incomplète, cette interprétation orale du plaisir tabagique n’en est pas moins justifiée. Le sein, procurant satisfaction à l’enfant et lui permettant de lutter contre l’angoisse, a laissé chez l’adulte son empreinte sur l’objet dérivé qu’est la cigarette, elle-même instrument de jouissance de l’instant et de protection contre la tension qui naît d’un environnement hostile. Bien qu’aveuglé par sa pratique tabagique, Freud avait cependant perçu cette dimension. »
(« Pas de fumée sans Freud : Psychanalyse du fumeur », Armand Collin, 1999)
Fumant de vingt à vingt-cinq cigares d’affilée par jour, et mort des suites d’un cancer de la mâchoire à l’âge de quatre-vingt trois ans ans, Freud avait néanmoins répondu à un questionnaire adressé en 1929 à de nombreuses personnalités concernant leur habitude de fumer : « J’ai commencé à fumer à vingt-quatre ans, d’abord des cigarettes puis très vite exclusivement des cigares ; je fume encore aujourd’hui (à l’âge de soixante-douze ans et demi) et répugne beaucoup à me priver de ce plaisir. Entre trente et quarante ans, j’ai dû cesser de fumer pendant un an et demi à cause de troubles cardiaques qui furent peut-être causés par les effets de la nicotine, mais qui étaient probablement des séquelles d’une influenza. Depuis, je suis resté fidèle à cette habitude ou à ce vice, et j’estime que je dois au cigare un grand accroissement de ma capacité de travail et une meilleure maîtrise de moi-même. Mon modèle en cela a été mon père qui fut grand fumeur et l’est resté jusqu’à l’âge de quatre-vingt un ans. »
Dommage que le débat ait lieu entre un commentateur qui n’a jamais lu un seul roman de Javier Marías et P. Assouline dont l’article, qui évoque plus longuement ses Vies écrites, se contente de « divulgâcher » un élément de l’intrigue de Berta Isla tout en ne donnant pas l’impression d’avoir lu le roman.
Contrairement à ces deux-là, je ne parle ni le lis l’espagnol et suis donc bien incapable de juger l’écriture de Javier Marías, de faire la part de ce qui revient à l’auteur et de ce qui relève de la traduction.
Je ne sais rien non plus de la « figure » ni de la « posture » de l’écrivain, de sa place dans le monde des lettres espagnoles (mais je considère que c’est une bénédiction, qui me permet d’aborder ses textes avec la neutralité bienveillante à laquelle toute œuvre a droit, du moins pendant les 100 premières pages).
En revanche, la composition du roman, un certain nombre de choix (celui des ellipses comme celui des grandes scènes), le rôle joué par l’intertextualité (la citation ou l’allusion ne sont pas le fin mot, tout dépend de ce que l’on en fait), le rapport au genre frôlé (le roman d’espionnage), la construction des personnages, le jeu avec le lecteur, tout cela me reste accessible.
Et c’est sur ces éléments que je m’appuie, DHH, pour vous recommander ce roman. Ce commentaire uniquement pour que vous sachiez qu’elle n’avait pas été faite à la légère.
(Même si toute recommandation de cet ordre reste toujours aux risques et périls du « prescripteur » comme de ceux qui sont prêts à l’écouter. J’espère que si vous lisez Berta Isla vous me donnerez vos impressions (y compris négatives, si vous étiez déçue et juriez qu’on ne vous y reprendrait plus).
Tout comme Ed si elle a l’occasion de lire Cochinchine de Léon Werth que je lui avais signalé il y a un certain temps. Lavande a eu la gentillesse de le faire, mais là l’incertitude était faible, elle ne portait que sur la lecture en v.o. de Camilleri.)
@Baroz,
1. sa mère, voyante extralucide à ses heures, lui a conseillé d’ajouter un « e » à son patronyme afin d’obtenir 13 lettres.
–
Sage femme qui ne lui a pas dit d’ajouter un « e » à son prénom – Gérarde étant lié au taureau & son nom au cheval, c’eût été une sacré corrida!
Un lien avec les Philippiques ?
Smart papier d’Assouline.
Switch depuis la ‘République du Cinéma’ d’Annelise Roux, (décidément)bastion d’intelligence et de débat nuancé superbement écrit où, l’occurrence tombe à point, un contributeur rapportait avant-hier la défense par Garcin de Neuhoff au ‘Masque &la P’.
Cela l’honore d’autant qu’il ne s’est pas planqué du côté du manche, rangeant l’accueil positif de ‘La jeune fille en feu’ de Céline Sciamma, attaquante, dans un autre dossier. Déontologique !
De la moelle, où la critique a souvent un goût de flotte à l’aspartame.
Qu’il soit le gendre de Philipe m’était sorti de l’esprit. Sa femme, ‘la’ fille -unique?du couple – A.Marie, comédienne sans ‘grosse’ carrière ni clinquant ,next door girl discrète et belle, illumine au théâtre et plus rarement, au cinéma, les scènes où elle est invitée d’une présence chaleureuse, grave ou timide, toujours vivante, vraie, qui la rapproche beaucoup de Cécile de France.
, Philippe Grumbert, je venge bloom! décidément il y en a un qui a du mal avec certains patrnonymes
Il savait à quoi s’en tenir en visitant le plateau d’Un secret, de Claude Miller, l’adaptation de son roman, publié en 2004. Le malaise était prévisible. Claude Miller filme ce jour-là un mariage juif, situé avant-guerre, à Paris. Un rabbin scelle l’union du père de Philippe Grimbert, Maxime Grynberg, avec Hannah Grynberg, sa première femme. Pour le commun des mortels, il n’y a pas de quoi tomber à la renverse. Philippe Grimbert pouvait y perdre la tête. Ce mariage, longtemps caché, il n’en a, comme tant d’autres choses, entendu parler qu’à l’adolescence.
L’impression d’être un fantôme, venu hanter, à travers ce plateau de cinéma, un lieu où respirent des hommes et des femmes qu’il connaît sans jamais les avoir rencontrés, s’est d’abord révélée insupportable. Il s’en est ensuite accommodé. Désormais, il s’en amuse. « Des années de travail thérapeutique m’ont permis de gérer pareille situation. J’aurais eu une inhibition si j’étais un psychotique, on peut rentrer dans une forme de débilité avec cet interdit de savoir imposé par un père. » En plus d’un premier mariage, lui ont été dissimulés un frère déporté et son identité juive. Même son nom d’origine, Grynberg, est devenu, peu après la guerre, Grimbert sans qu’on l’ait jamais informé.
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2007/10/01/philippe-grimbert-l-empreinte-du-frere_961572_3476.html
ça bloque.
Chouette papier sur Tosches à droite; de la belle ouvrage, Garnier s’est surpassé.
Dans le fil, Edel cite Claude Roy(sur la photo avec anne & G.Philipe). Des auteurs tels qu’Arland ou lui,on ne les lit plus tellement; des ‘Leone et les siens’, des ‘Avons-nous vécu ?’, ‘La mère et l’enfant’ valent pourtant le coup.
Delaporte, la rengaine de la mouette mazoutée fientant dans les vagues finit par être VRAIMENT flippante,j’vous jure. Le manque de vitamine D ? gaston Lagaffe va lui filer une boîte de thon à défoncer au bec chez franquin. Salut.
« Le site d’extrême gauche lundimatin demande à nouveau de l’argent à ses lecteurs. Je suis déçu. »
Demander de l’argent à Delaporte, c’est évidemment mission impossible…
Moi qui avait couché Marias sur ma liste de prochaines lectures en espagnol, le moins que l’on puisse dire c’est que Pablo et Alexia ne m’y encouragent pas!
d’ailleurs j’ai connu des psys qui fumaient et la première fois que j’ai arrêté complètement, je travaillais dans un cartel lacanien grad fumeur où on lisait les mémoires de schreber;
il ya eu du nouveau depuis,dont les enfumeurs de blog qui se prétendent lacaniens sans avoir travaillé dans
un groupe de l’école de la cause avec des lacaniens
autorisés de l’école
grand fumeur heavy smoker
13h23
Et alii
Nous l’avons lu, Un secret, et en avons parlé ici même.
Je crois que se surajoute à cela une histoire sordide de dénonciation de la maman et de Simon du côté de la France Libre pendant que le papa « drague », fantasme, désire sa belle-soeur.
Mais alors le fils qui écrit est le fils de la belle-soeur ?
Valait mieux être Simon, non ?
Le trou dans la poitrine à la place du frère en fumée, pendant que lui se fait enfumer par son père.
À la place du trou, une autre a eu une orange, puis un pamplepousse, puis un ballon de foot.
Cela-t’il peut grossir encore ?
Je serai juste curieuse de l’entendre parler de son père, là maintenant, ce qu’il en dit.
Cordialement,
« Delaporte, la rengaine de la mouette mazoutée fientant dans les vagues finit par être VRAIMENT flippante,j’vous jure. Le manque de vitamine D ? gaston Lagaffe va lui filer une boîte de thon à défoncer au bec chez franquin. Salut. »
C’est Popaul, et ses promenades à la con, qui m’ont inspiré cet épisode, qui est aussi la manière de voir des jeunes qui se désespèrent de voir la planète abîmée. Et abîmée par qui ? Par des gens de la génération de Popaul, lecteurs puants du Point, qui vomissent Greta Thunberg. Un rivage, ce n’est plus une vallée de roses, la plage de sable fin, pour la trouver, il faut aller en Carïbe néerlandaise avec Chantal. Coût de l’opération : 3000 € ! Une fortune. Voilà pourquoi les jeunes gauchistes de lundimatin se mettent à faire la manche et à pirater des articles. Pour se payer des vacances à nos frais. Gloire à Popaul qui se contente de peu.
Je crois en effet que Gaston Lagaffe avait adopté une mouette, et qu’il arrivait des catastrophes avec ladite mouette. C’était fameux et fumeux. Ce n’est pas du tout l’univers de Popaul, ni celui, puant, du Point et de ses lecteurs, qui aiment le travail.
Quelques précisions admirables sur la mouette de Gaston Lagaffe :
« Gaston est un ardent amoureux et défenseur de la nature sous toutes ses formes. La campagne, les animaux, la mer, l’air pur, etc. sont des sujets qui le touchent de près et pour lesquels, s’il le faut, il n’hésitera pas à » prendre les armes « …
La fameuse mouette est capable, grâce à sa gueule triste, de décourager, et même de déprimer les gens. Elle a un caractère dégueulasse, c’est vraiment un monstre. Mais elle aime bien rire. C’est la complice de Gaston, elle l’aide à faire des farces. »
rose dit: à
Un lien avec les Philippiques ?
—
Dans son dico étymologique, A. Dauzat en donne la définition suivante: « (…)harangues célèbre de Démosthène contre Philippe de Macédoine ». Bref, des piques anti-Philippe.
Horloge :
lire Cochinchine de Léon Werth que je lui avais signalé il y a un certain temps. Lavande a eu la gentillesse de le faire, mais là l’incertitude était faible, elle ne portait que sur la lecture en v.o. de Camilleri.)
Une de vos proches vraisemblables, et encore merci pour l’initiation d’un innocent en compagnie d’une pro pour ne pas dire morue qui vous suit depuis bientôt 12 ans après un arrêt en famille destiné à l’entretien de son rang de pop star’en l’enrichichissant materiellement par de modeste émoluments dans entreprise familiale et extra culturelle. Le monde culturel et ses obsessions et fixations sexuelles, votre indéniable culture doctoree ‘excusant vos pitoyables entreprises à ciel ouvert. Sur ce bon vent, dear Phil, enrubanné du raffinement de vos acquis et qui malheureusement n’effacent en rien la grivoiserie indispensable et cependant discrète ouverte au recrutement promet de satisfaire vos nostalgies obsessionnelles et combien indispensables autant qu’elles temoignent si ce n’est d’un éclectisme louable d’une volonté de s’afficher au mépris d’une opinion qu’elle qu’en soir la nature, La teneur..
Portier de nuit :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19396760&cfilm=1323.html
Bérénice, il s’agissait dans les deux cas de leur demander de bien vouloir donner en retour leurs impressions, bonnes ou mauvaises, après lecture des textes conseillés.
– – – – –
« Ce grand dégingandé là-bas, aux cheveux fous, qui gesticulait, faisait le singe, l’oiseau, le cheval, hurlait, riait — mais quel rire, Seigneur, où l’a-t-il déniché, quel ange un rien démoniaque le propulse ? — ce jeune Achille pétaradant, heureux d’exister et de le faire savoir, on l’appelait Gérard Philipe. On le disait venu depuis peu du Sud, du Midi. Et certes il en avait dans les yeux, dans l’allure, avec je ne sais quoi de piémontais, rein cambré, menton fier, longues mains, mains noueuses, plus de paysan que d’intellectuel ; en tout cas, un pur-sang, de haute race. Sûr de sa force intacte. On le regardait, un peu effrayés, nous autres qui attendions comme lui — mais plus timidement — de passer l’examen d’entrée au Conservatoire d’art dramatique. »
Je ne vais pas tout recopier, même si elles le mériteraient, des pages que Georges Perros lui a consacrées dans le 2ème volume de ses Papiers collés (Gallimard, « L’imaginaire »)
Sacrée problématique sado maso entre une juive et un nazi dans « Portier de nuit », renato. La Cavani avait frappé fort !
@ X
merci
ce livre est un des mes projets de lecture, suscité précisément par le conseil que vous m’aviez donné il a quelques jours
après lecture ne manquerai pas de vous donner mes impressions et je vous remercie de l’intérêt que vous semblez y attacher par avance
« mais quel rire, Seigneur, où l’a-t-il déniché, quel ange un rien démoniaque le propulse ? »
Probablement une forme d’hystérie ?
https://www.youtube.com/watch?v=_VG95OcBrxI
Je m’en contre fiche, je m’en vais definitivement et vous laisse argumenter fort de vos acquis rédorant des blasons douteux ,menteurs en tous autant que vous etes vous enrichissants de généreux travaux et en vain en lesc transmettant soit dans cet unique souci soit ouverte as une valeur. Recevez ma sincere admiration amputée de mon Intérêt qui se passera avec bonheur des nombreux psychopathes et menteurs, dissimulés sous ces ajouts culturels, escrocs qui aiment à se produire en ces lieux, en ajoutant les les falsificateurs, les prosélytes, les narcissiques. Les hégémoniques, les malades mentaux, les nymphomanes, les manipulateurs, les trous du cul cul Les prostitués letrees. Les les prétentieux, les méprisants, les putains et puritains.
« Je m’en contre fiche, je m’en vais definitivement »
Probablement une forme d’hystérie, passagère ou définitive ?
Jacuzzi, vous êtes là, je voulais savoir si vous aviez vu Martin Eden, et ce que vous en aviez pensé de beau, ou de pas beau. Moi, j’ai trouvé cela nullissime. Un navet désatreux et gluant.
Je m’en contre fous.
On dispose d’une indication sur les goûts picturaux de Pablo75. Après avoir balayé Francis Bacon, un bon aquarelliste comme Christian Graniou
https://www.youtube.com/watch?v=K63PUAVPRwc
J’aime le cinéma italien, mais alors ! cette adaptation du si beau roman de London est carrément ratée. Beau projet pourtant. Et de le transposer à Naples, pourquoi pas ? Sauf que c’est mal filmé, que c’est ridicule, simpliste. Du travail de débutant. Et des maladresses. La fin, on ne sait même plus où il est. Le cinéaste mélange tout. C’est aberrant ! (Comme dirait Apathie.)
Definitive , Jazzi, le diagnostic établi sans table ni chaise cependant. Adieu, bon vent avec cete pègre intellectuelle qui vous tient compagnie et s’enrichit se payant de ces mots mots ou empruntant ceux des autres ,sans efets sur leurs choc si ce n’est de camoufler tout en niant leurs vices et qui plus conduit ceux et celles qui usurpent les mots des autres pour se sentir exister ou revendiquer leur droit à une certaine reconnaissance et pas des moindres qu’ils ne méritent souvent pas , quel merveilleux décor , factice.
Choix et non chocs. Merci
Il y a des moments comme ça, où l’air devient plus pur.
Merci pour ce portrait de G. Philip par Perros.
16h14
@la neutralité bienveillante à laquelle toute œuvre a droit, du moins pendant les 100 premières pages.
Et pourtant, en ce cas précis, les 40 premières, données en lien, suffisent amplement. Quitte ou double, heu, je quitte. On ne va pas y laisser le string non plus.
A lire ce qu’écrit de lui Javier Marias, Faulkner était un singulier personnage qui ne manquait pas d’humour (forme d’esprit qui n’apparait pas toujours très clairement dans ses romans et nouvelles). S’il se délectait du Quichotte, se pensait l’égal de William S., de Herman M. (& de sa baleine -!), il ne fréquentait ni les théâtres ni ne lisait Freud. A propos de ce dernier, on peut se demander s’il était familier avec le personnage de Monsieur Jourdain-qui-faisait-de -la-prose-sans-le-savoir.
Sapré « Count No’Count »… (Count No-Account = « +/- comte sans qualités »)
« Faulkner was a taciturn man who loved silence and went to the theatre only five times in his entire life: he had seen Hamlet three times, A Midsummer Night’s Dream, and Ben Hur, and that was all. He had not read Freud either, at least so he said on one occasion: “I have never read him. Neither did Shakespeare. I doubt if Melville did either and I’m sure Moby Dick didn’t.”
– Javier Marias, Written Lives
Pas vu Martin Eden, Delaporte.
Tout le monde a aimé sauf La Croix !
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-271957/critiques/presse/
Merci Jacuzzi. Je n’avais pas lu ce que La Croix en disait. Je suis de cet avis :
« Autodidacte lui-même, venu du documentaire, le réalisateur sombre étrangement dans ce surlignage permanent, des images à la musique, que ne réclame en rien le transperçant roman de Jack London. » La Croix
Et pourquoi, devant un tel déchaînement aveugle de critiques positives, n’y êtes-vous pas allé ? C’est pourtant au départ un grand roman ?
C’est un grand roman, qui a été adapté plusieurs fois à l’image, notamment à la tévé, sans doute médiocrement. Il y a une sorte de malédiction avec Martin Eden. Joseph Losey peut-être ?
@rose à propos de « grumbert »et l’orthographe du cinéphile
je voulais juste rappeler
Milner préfère aller dans une tout autre direction, que lui inspirent les ouvrages de grammaire comparée disponibles en français du temps de Mallarmé. Il remarque ainsi que u et y fonctionnent comme des semi-consonnes et que, avec p, t, k, s, les quatre consonnes que l’on entend dans « ptyks » et les trois lettres de « nul », on a la gamme complète des consonnes et semi-consonnes indo-européennes selon Bopp : liquides, occlusives labiales et dentales, gutturales, sifflantes. Il est donc possible de conclure que « le ptyx n’est autre que le sonnet lui-même ou plutôt il le devient, une fois noué au mot nul »;
c’est sur le livre ce Milner/
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2019/10/22/mallarme-linguiste-milner/
23 octobre 2019 à 18 h 51 min
J’ai oublié ce matin de commenter le point central de l’article de Passou sur Marías: l’affaire des petites culottes. Notre amphitryon écrit: « Voilà un romancier qui engage à chaque fois une conversation jamais bavarde avec l’invisible lecteur traité en ami. Faut-il être parvenu à ce degré d’intimité pour employer si souvent l’expression « petite culotte » s’agissant de celle de ses héroïnes bien sûr, comme si l’homme derrière l’auteur éprouvait une certaine jouissance à accoler systématiquement le nom et l’adjectif. A la réflexion, un tel sous-vêtement ne saurait être autrement : a-t-on jamais entendu parler de « grande culotte » ? Ce serait donc pléonastique et uniquement justifiable par le plaisir secret qu’il y a à la prononcer. Mais ça passe comme le reste car Javier Marias a une rare qualité dont il fait preuve de bout en bout : la tenue, l’élégance. »
Or, toute cette déduction « lingérière », si on peut dire, tombe à l’eau quand on sait que dans l’original espagnol il n’est aucunement question de « petite culotte », mais du très banal, et donc très peu élégant, « bragas ». C’est la traductrice qui traduit systématiquement et sans qu’on sache très bien pourquoi, le trivial « bragas » pour l’érotique « petite culotte ». Elle le fait pour relever un peu le style très plat de Marías? Elle l’a fait avec l’assentiment de l’auteur (qui connaît bien la langue française)? Je ne sais pas.
Quant à la traduction de Marie-Odile Fortier Masek, comment Passou peut-il la qualifier d' »impressionnante »? C’est quoi une traduction « impressionnante »? Peut-on traduire de façon « impressionnante » un texte au style trivial – dans le meilleur des cas?
J’ai regardé de près plusieurs paragraphes. Première constatation: comme chez tous les mauvais stylistes espagnols (c’est le cas de Trapiello aussi) ou des écrivains espagnols au style correct sans plus (comme Muñoz Molina), la prose de Marías est bien meilleure en français qu’en espagnol, bien plus claire, bien plus « élégante », bien plus littéraire. Le passage au français l’améliore nettement, ce qui est mauvais signe. Mais c’est le cas de 90 % au moins des livres espagnols traduits en français.
Le style de Marías dans ce livre est franchement mauvais. On sent qu’il a du mal à exprimer ce qu’il veut dire et qu’il aurait pu dire la même chose avec la moitié de mots. Exemple de mauvais paragraphe, écrit avec un style de débutant:
« Mientras se las quitaba [las medias] miró un par de veces hacia la puerta por la que había desaparecido su anfitrión, no fuera a entrar de nuevo en medio de su desvestimiento parcial (sin pararse a contarlas, con naturalidad, se había desprendido de cuatro prendas en un instante, si se incluía la bufanda; es decir, de la mitad: le quedaban la falda, un jersey suave con escote de pico, las bragas y el sostén). Miró por mirar, en realidad descubrió que no le importaba que la viera con la falda subida unos segundos, un gran susto pasado y un gran cansancio presente bajan la guardia de las personas, les sobreviene una especie de indiferencia cuando no de complacencia por haber salido con bien de un aprieto y poder empezarse a relajar. Además, el joven Yanes le inspiraba confianza, era alguien con quien resultaba cómodo estar. »
Ce que, traduit en français, devient beaucoup plus correct:
« Pendant qu’elle retirait son collant, elle regarda deux ou trois fois en direction de la porte par laquelle avait disparu son amphitryon, de peur qu’il ne rentre alors qu’elle était à moitié dévêtue (sans prendre le temps de les compter, comme si de rien n’était, elle avait enlevé vite fait quatre de ses vêtements si l’on incluait l’écharpe, autrement dit la moitié : restaient la jupe, un pull léger en V, sa petite culotte et son soutien-gorge). Elle avait regardé, histoire de regarder, en réalité elle se rendait compte que peu lui importait qu’il la vît quelques secondes la jupe relevée ; après une grosse frayeur et sous le coup d’une grande lassitude, les gens ont tendance à baisser la garde, ils se laissent gagner par une sorte d’indifférence, pour ne pas dire de complaisance : à peine tirés d’une mauvaise passe, ils s’imaginent qu’ils peuvent commencer à relâcher leur vigilance. En outre, le jeune Yanes lui inspirait confiance, c’était quelqu’un avec qui vous vous sentiez à l’aise. »
En espagnol, ce paragraphe érotique est vulgaire:
« Así que los dos rieron en el momento en que Yanes, con lentitud pero sin más aviso que esa misma lentitud, trasladó una mano al gentil abultamiento o gentil loma, es decir, al pico de las bragas ya contemplado a placer, que con un dedo apartó suavemente para a continuación posar éste bajo la tela húmeda. Nunca Tom Nevinson había llegado hasta ahí, en las ocasiones más osadas su índice se había detenido sobre la tela sin indagar más allá y sin moverse, por respeto o por temor, o por excesiva conciencia de la juventud de los dos, por aplazamiento y pavor a la irreversibilidad. Pero Berta era de interrogativa carne y notó una diferencia, y dio la bienvenida a la novedad. De las cuatro prendas con que se había quedado, muy pronto la muchacha perdió otras tres, ya en el sofá; sólo una conservó, la que no hacía falta quitar, ni tampoco había ganas de quitar. »
Alors qu’en français cela devient presque élégant:
« Tous deux riaient donc au moment où Yanes, lentement mais sans autre préavis que cette même lenteur, déplaça une main vers ce charmant monticule ou cette plaisante colline, autrement dit vers le haut de la petite culotte déjà contemplée tout à loisir et que d’un doigt il écarta doucement pour se faciliter la progression sous le tissu humide. Jamais Tom Nevinson n’était parvenu jusque-là, fût-ce lors des moments les plus osés, son index en était resté au tissu de la petite culotte sans chercher à aller plus loin, sans bouger, par respect ou par crainte, ou trop conscient de leur jeunesse, de l’irréversibilité, autant que soucieux d’ajourner. Toute chair en éveil, Berta nota une différence et elle accueillit cette nouveauté. Des quatre vêtements avec lesquels elle s’était retrouvée, la jeune femme en perdit vite trois autres, déjà expédiés sur le canapé ; elle n’en garda qu’un, celui qu’il ne fallait pas retirer et qu’elle n’avait d’ailleurs aucune envie de retirer. »
Même constat dans ce 3éme paragraphe, encore plus vulgaire que l’antérieur en espagnol:
« Janet cambió de postura y al hacerlo agitó las pulseras, subiéndoselas hasta el antebrazo, y lo miró de pronto extrañada, como si se preguntara por qué estaba hablando de aquello con él al cabo de tantos encuentros, por primera vez. Mordió un trozo de caramelo para que el volumen no le resultara tan incómodo e inmanejable en la boca. Había entreabierto los muslos y no se había vuelto a poner las bragas, allí seguían en el suelo (quizá ni siquiera se había limpiado mientras él había ido al cuarto de baño, acaso un signo de desesperación, sin duda de dejadez). Y aunque Tom acababa de visitar aquella zona, tuvo el impulso de regresar, volvió a sentir una inesperada urgencia a la que no se podía resistir, aunque seguramente era sólo visual. En su visita no había mirado, ella había estado de pie de espaldas a él. Y pensó fugazmente: ‘¿Cómo es esto posible? Hace nada pensaba que más me hubiera valido ahorrarme lo que ahora quiero otra vez’. »
Une fois de plus, en français ça passe bien mieux. La traductrice corrige même les maladresses stylistiques de Marías en coupant une phrase inutile (« no se había vuelto a poner las bragas ») ou en ajoutant des précisions nécessaires (« aquella zona » – « cette zone de son anatomie »):
« Janet changea de position, agitant du même coup ses bracelets qui remontèrent sur son avant-bras. Elle regarda soudain Tomás l’air de se demander pourquoi elle abordait ce sujet avec lui pour la première fois après tant de rencontres. Elle mordit un bout du caramel pour qu’il prenne moins de place dans sa bouche et soit plus facile à savourer. Elle avait les cuisses entrouvertes et sa petite culotte traînait encore par terre (sans doute ne s’était-elle même pas essuyée quand il était allé à la salle de bains, peut-être fallait-il y voir un signe de désespoir, sinon de négligence). Et bien que Tom eût à peine achevé de visiter cette zone de son anatomie, il eut envie d’y retourner, il en éprouva à nouveau le besoin imprévu, impérieux, irrésistible, même s’il n’était que visuel. Lors de sa visite, il n’avait pas regardé, elle était restée debout, le dos tourné. Une pensée lui traversa l’esprit : « Comment est-ce possible ? Dire qu’il y a deux minutes je me disais que j’aurais mieux fait de m’éviter ce qu’à présent je désire à nouveau. » »
Première conclusion: les français qui aiment Marías ont de la chance. Deuxième conclusion: je devrais essayer de lire le livre en français. Troisième et dernière conclusion: je ne vois pas où est l’intérêt de lire ces scènes banales de couple, décrites platement. Ces paragraphes suscitent en moi un ennui mortel et une forte impression d’être en train de perdre mon temps. Qu’est-ce qu’on a à f… de ce qu’ils font ou ne font pas ces personnages? Et pourquoi on doit endurer le manque flagrant de talent stylistique de Marías alors qu’il y a tant d’autres livres en espagnol bien plus intéressants et bien mieux écrits qu’on n’a pas encore lus? Pourquoi perdre 10, 15, 20 heures à lire des platitudes contemporaines alors qu’on peut relire des chefs-d’oeuvre du passé qui nous produisent un plaisir extraordinaire?
« Il y a de belles pages sur ses amis, l’écrivain Georges Perros en tête »
Et comme déjà donné en lecture un extrait d’un « papier » de Perros, ce dernier a célébré une rare amitié, pour l’espiègle, qui « s’avançait dans des régions métaphysiques pires que la jungle » lorsqu’ils rentraient du boulot…de celle qui l’a ému pour des accès de subite gentillesse.
Alors à la suite de ces amitiés listées, et dans une même phrase, dire que G. Philipe a eu un maître, c’est pas vrai, Passou.
Que Bopp ait une idée erronée de la classification des consonnes c’est possible mais que , en un temps ou la science linguistique a clarifié les choses en cette matière, Mallarmé puisse se référer a cette classification baroque, comme le pense Milner c’est totalement invraisemblable
@ Ch. je vous signale que le magnifique, fin et émouvant essai de Martin de la Soudière est sur la liste des finalistes du Fémina essais 2019 : Arpenter le paysage, poètes, géographes et montagnards'(Anamosa).
Hélas son éditeur est trop confidentiel pour ivaliser, mais croyez-moi, si ses chances sont assez maigres, il vaut le détour, j’ai sans cesse pensé à vous en le lisant. Et nous nous fichons pas mal des prix de rentrée, non ? Ce livre est beau et propre à satisfaire le sentiment géographique de tous les marcheurs de la rdl toujours avec l’élaboration d’un roman en tête… Je crois savoir que vous avez lu naguère son frère aîné Vincent, l’écrivain poète torturé par la foi au prix du doute, aimé de Cioran et Michaux, disparu tragiquement en 1993.
(NB / Javier Marias avec un accent aigu a l’air de faire un flop icite… Pour le moment…)
JE ME DEMANDE SI L4ON A PAS TOUS DES MAÏTRES MAIS DES MAÏTRES QUE NOUS NE DECLARONS PA TOUJOURS COMME TELS
Et Al, votre maître c’est votre clavier. Il faut ce qu’il veut avec les majuscules.
Jacuzzi, une fois de plus vous méritez le surnom de feignasse du blog, que personne ne vous envie. Au lieu d’aller voir Martin Eden et de me dire ce que vous en pensez, vous végétez dans l’espace des commentaires, faisant le malin, torturant la pauvre Bérénice, malheureuse comme une mouette mazoutée. Parfois vous me faites penser à ces vagues toutes fières d’avoir atteint leur sommet, sans réaliser que bientôt elles iront s’écraser sur la plage deserte, comme autant de merdes informes sur l’asphalte puant.
, l’épaisseur de la matière grise diminue avec l’âge. Mais pas chez les sujets qui bégaient ! Or « cette diminution de l’épaisseur est une bonne chose car elle reflète la manière dont le cerveau devient plus efficace en vieillissant, nécessitant moins de réseaux de neurones, explique Deryck Beal, principal auteur de l’étude
c’est de l’espoir pour les erdéliens!
Merci pour la démo avec la tradale.Un bouquin de cul mal écrit, et petitix pensait qu’on allait tenir 100 pages !
Il faut ce qu’il veut
le votre aussi ladite sublimissime
Exact Et Al. C’est redoutable.
« ladite sublimissime »
Le problème c’est que Delaporte n’est pas le payeur.
des maîtres que nous ne déclarons pas
renato, j’airetrouvé le citron:mieux qu’un faux psy!
https://hyperallergic.com/wp-content/uploads/2019/10/KR2-720×576.jpg
Thousands of Gemstones and Beads Went Into These Moldy Fruit Sculptures
Like classical still life paintings, these viral works from artist Kathleen Ryan remind us of the transience of life.
@
« Or, toute cette déduction « lingérière », si on peut dire, tombe à l’eau quand on sait que dans l’original espagnol il n’est aucunement question de « petite culotte », mais du très banal, et donc très peu élégant, « bragas ». »
D’un autre côté , l’Espagne n’est tres connue pour faire dans la dentelle, enfin dans celle des p’tites culottes. Donc la traductrice a faut ce qu’elle a pu, dans l’incapacité de trouver un équivalent à nos fleurons du luxe.
a fait ce qu’elle a pu, pour masquer un manque évident.
et ça, c’est le black lemmon
https://hyperallergic.com/wp-content/uploads/2019/10/KR4-720×576.jpg
toujours espagnol et « culotte »
Un caleçon vert au café surréaliste
27 septembre 2019
Fernando Arrabal raconte, pour la première fois, le mythique épisode où son caleçon a semé la zizanie au sein du groupe surréaliste
https://laregledujeu.org/2019/09/27/35194/un-calecon-vert-au-cafe-surrealiste/
Tranches de citron par Robert Heinecken :
https://blogfigures.blogspot.com/2013/01/robert-heinecken-l-is-for-lemon-slices_19.html
À propos de Robert Heinecken :
http://www.wiels.org/fr/exhibitions/566/Robert-Heinecken–Lessons-in-Posing-Subjects
Avis aux révisionnistes ! Fernando Arrabal dixit (cela fera bien plaisir à Popaul) :
« Je n’ai jamais connu ni rencontré de «petits surréalistes». Cette épithète n’a été brandie que par des personnes qui ne sont jamais venues aux réunions. » Arrabal
« Le problème c’est que Delaporte n’est pas le payeur. »
Sublime sasseur, encore une phrase autant géniale qu’énigmatique dont vous avez le secret. Vous n’ignorez pas que je n’aime pas « payer ». Mais pour vous je dépenserais une fortune (dans les limites de mon budget réduit). Cela me fait penser que D me doit un quintal de patates. Il avait promis, le bougre. Il a perdu son pari sur les Kurdes. A moi les patates !
Non, je ne suis pas Arrabal qui viendrait ici s’amuser de temps à autre. Mais ça aurait pu ! Je l’aime, ce petit corps avec une âme et un esprit ! Il fait mes délices !
Plus je lis les informations sur les Kurdes, et plus je suis triste. ce que j’avais prévu arrive. D a perdu son pari funeste, et me doit 1 quintal de patates, livrable bientôt. Cela tombe bien, je comptais manger des patates, dans les prochains jours, et j’en avais marre de dépenser de l’argent pour me nourrir sobrement. Avce ce quintal en perspective, je suis sauvé. Si j’en ai trop, j’en donnerai à mon curé et aux pauvres. Si D rajoutais un quintal supplémentaire, ce serait pas mal. Je pourrais les revendre et donner le bénéfice aux mendiants stupides de lundimatin, pour les humilier, ces gosses de riches qui font la manche ! Ah, les salauds. Je les vous à l’enfer et à la damnation. Mais j’espère que le petit-fils Bernanos sera bientôt libéré, et qu’il pourra venir manger des patates avec moi, ou avec toute l’équipe de lundimatin !
pierre et le loup
https://www.youtube.com/watch?v=mXVmsgOTz3w
LE REFUS DE NOUVEAUX PATIENTS
J’habite en Normandie, à Dieppe. Mon médecin traitant ayant quitté définitivement son cabinet, je me suis mis à la recherche d’un médecin généraliste. On m’avait dit : Vous allez avoir du mal. C’est pire que ce j’imaginais. Récit.
J’ai pris l’annuaire du téléphone « professions ». J’ai appelé tous les cabinets médicaux de ma ville.
Tous les secrétariats m’ont fait la même réponse : Le médecin n’accepte pas les nouveaux patients.
J’ai élargi le champ de mes recherches aux communes voisines. Mêmes réponses. J’ai élargi encore en allant quinze kilomètres plus loin. Cabinet unique de trois médecins. C’était prometteur. Même question. Bon début de réponse : Oui. Je jubilais. Suite de la réponse : Où habitez-vous ? – A Dieppe. Ah non, désolé, mais nous ne prenons pas les patients qui habitent à Dieppe. Je vais poursuivre mes recherches. Vingt , trente kilomètres. Vais-je trouver un médecin généraliste disponible à Rouen, autrement dit soixante kilomètres plus loin ? L’avenir le dira.
Restent les urgences à perpétuité. Mais…
. A qui bon gâcher les derniers temps. On le traita.
n’est-ce pas à quoi bon?
1 quintal équivaut à 100 kg de patates. soit 250 € de patates toutes fraîches. Je suis très satisfait. C’est un cadeau, surtout si D m’en met le double. Il le fera. Il est généreux, lui.
au delà de soixante kilomètres, M. Charoulet, mieux vaut rouler diesel pour visiter votre médecin.
« au delà de soixante kilomètres, M. Charoulet, mieux vaut rouler diesel pour visiter votre médecin. »
Au-delà de cent kilomètres, il vous reste le suicide.
«Le pire travers de l’acteur moderne consiste à montrer qu’il possède bien l’intelligence du texte. Et il faut avoir entendu Gérard Philipe réciter des poèmes pour imaginer le plaisir que l’on pourrait éprouver à étrangler un comédien.» Ainsi François Truffaut parlait-il de Gérard Philipe, qu’il n’aimait pas, pas plus que ne l’ont apprécié les autres jeunes Turcs de la nouvelle vague, alors garnements critiques aux Cahiers du cinéma ou à Arts. Truffaut aimait la prose des acteurs américains, ceux qui parlaient peu, dont les corps et l’apparence lui semblaient évoluer «au fil de la vie», de plain pied avec leur époque, faisant fétiche de leur temps. Philipe, au contraire, lui apparut comme la grimace du théâtre à l’écran ou, pire, un «comédien» qui rêve de «poétiser ses rôles».
Truffaut féroce. «Indirigeable», «idole du public féminin entre 14 et 18 ans», «terreur des bons metteurs en scène», «confusionnisme qui porte la marque du TNP», Truffaut n’est pas tendre dans les comptes rendus des trente films tournés par Gérard Philipe, jusqu’à l’estocade,
le lien de libé
https://next.liberation.fr/cinema/2003/10/08/une-filmographie-affligeante_447409
la beauté du diable
https://www.dailymotion.com/video/x4xtxq
« jusqu’à l’estocade, à propos de la Meilleure part d’Allégret : «Je sais au moins trois des meilleurs cinéastes français qui ont préféré renoncer à tourner des films plutôt qu’à devoir y diriger un comédien dont le timbre de voix est véritablement une infirmité. Et plutôt que de se corriger, il en joue à présent comme d’un truc puisqu’il ambitionne de relever la qualité des scénarios qu’il tourne». » Lien Libé par Et Al. sur Truffaut pas tendre.
Alors cher Delaporte, voilà l’occasion de vous rappeler une définition des Sublimes, que vous employez, à tort.
Ok Pablo, tes échantillons me suffisent. Je retire Marias de ma liste de lecture!
De lectures en espagnol je précise. Je pourrais éventuellement essayer son recueil de nouvelles en Folio, pour avoir une idée de la prose de celui que l’on dit nobélisable…
Et la meilleure part doit revenir aux Sublimes, Delaporte !
« À la fin du Second Empire, on qualifiait de “Sublimes” une poignée d’ouvriers émancipés qui étaient maîtres de leur mobilité et de leurs engagements. Grâce à leurs qualifications ils n’admettaient de travailler que pour une durée qu’ils fixaient eux-mêmes et ils choisissaient leur patron… »
Truffaut n’est pas tendre dans les comptes rendus des trente films tournés par Gérard Philipe
Truffaut a raconté beaucoup de conneries, exagérations, dommage pour la jeune génération qu’il serve d’étendard
@closer dit: à
De lectures en espagnol je précise. Je pourrais éventuellement essayer son recueil de nouvelles en Folio, pour avoir une idée de la prose de celui que l’on dit nobélisable…
& closer dit: à
Ok Pablo, tes échantillons me suffisent. Je retire Marias de ma liste de lecture!
Pour alimenter le barnum alors qu’on annonce un nouveau bootleg du nobélisé 2016
https://www.youtube.com/watch?v=iiRMfb3Z9hg
Spanish is the loving tongue by…:
https://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Badger_Clark
Précisons tout de même que ces scènes légèrement olé olé (ça s’imposait) sont les seules dans ce roman et ne représentent que quelques paragraphes, soit une proportion infime du texte.
(Quant à savoir si elles vaudront à l’auteur de Berta Isla le Bad Sex in Fiction Award de la Literary Review, il faudra attendre décembre.)
Non seulement Javier Marías n’écrit pas « un bouquin de cul » mais à mon avis il ne cherche pas spécialement à créer une ambiance érotique dans ces deux scènes (celle de la défloration de Berta, les deux premiers paragraphes cités en v.o. puis en traduction, celle d’un regain de désir de Tom pour Janet).
Car encore faut-il, pour savoir si l’auteur « a du mal à exprimer ce qu’il veut dire », être soi-même certain de ces intentions (les siennes ou celles qu’on lui prête ?) dans le cadre de cette histoire-là, à cette place dans le roman, ce « tout » dont ces scènes ne constituent que des éléments.
Par exemple, le décompte des pièces de vêtement ôtées et de celles encore portées est-il une maladresse de l’auteur ou le reflet et l’inscription dans le texte de la façon de penser du personnage de la jeune fille ?
Quel est le contexte ? Berta, poursuivie par la police lors de la toute première manifestation à laquelle elle participait, s’est légèrement blessée en tombant. Le sympathique inconnu (pas vraiment de son milieu) qui vient de la sauver de la matraque d’un (jeune) policier l’a ramenée chez lui (à deux pas) pour la soigner. L’exposition de la chair se fait selon deux logiques successives (le soin puis l’attirance) d’où les notations sur la gradation.
Quelques minutes auparavant ces deux-là ne se connaissaient pas. C’est l’occasion (romanesque mais pas très romantique) pour Berta de se débarrasser de sa virginité.
Le jeune couple idéal (où chacun idéalise aussi quelque peu l’autre) a d’emblée une sexualité « séparée » (avec des tiers, mais aussi distincte des sentiments qu’ils se vouent) à la faveur de l’éloignement géographique (Tom étudie à Oxford). Mais c’est la suite du roman (qui installe le couple dans la séparation spatiale et mentale) qui justifie la longueur des ces développements : ces commencements ne sont pas anecdotiques (un stade des relations qu’Erasmus et les années de césure ont banalisé) mais annonciateurs, gros de la suite, représentatifs de l’orientation de presque toute une vie. Le cloisonnement comme mode de fonctionnement.
Si le dernier paragraphe cité en v.o. et en français est vulgaire, cela a peut-être aussi à voir avec le fait que la relation de Tom avec Janet (plus longue mais pas plus « engagée ») a quelque chose de sordidement utilitaire, « hygiénique » est le terme employé (pour Janet autant que Tom).
Il se trouve par ailleurs que cette visite à Janet jouera un rôle déterminant dans la vie du tout jeune homme et que l’analyse de l’ambivalence de Tom, cette oscillation d’un état de dégoût ou d’indifférence à un regain de fascination, de besoin, n’est pas du tout exclusivement sexuelle : elle vaut pour d’autres domaines. Et l’utilisation d’autrui (comme moyen et non comme fin) est un des enjeux du roman.
Excusez-moi _l’air devient plus pur_ Pour une maquerelle couvercleune salope. c’est sans doute d’une nécessité vitale.
@x dit: à juste avant moi à 00:07
Ce livre est-il écrit par parenthèse ?
Doublee
Mes excuses et bien le bonjour à vos nombreux clients amoureux des belles lettres autant que de vos accueillantes dentelles deja defrechies autant que corrompues et viciees. Mes amitiés à votre monstre aussi brutal que pesant , lourd de consequences. Pas de quoi s’en guérir, plutôt l’oublier en l’ensevelissant à votre facon. Bien à vous la plante admirable et soutenue quand elle ne met pas en m’étant en peril le fragile equilibre qui lui tient lieu de raison. Puante vous resterez comme tous vos amis
Les metronomes detraqués qui aiment quand ça déxaxe ou éprouvé plaisir à payer à moins que ce ne soit une façon de mieux affirmer leur position de male dominant .
Quelqu’un ici a-t-il lu La mujer de Wakefield (Madame Wakefield) d’Eduardo Berti ?
J’ignorais l’existence de ce récit qui n’est sans doute pas sans rapport (autant que la nouvelle de Hawthorne à laquelle il « répond » ?) avec le roman Berta Isla.
Javier Marías cite l’excipit de Wakefield dès la p. 69 (mais le résumé de la trame reste alors partiel).
Et comme je n’ai pas lu non plus Autres inquisitions (Otras inquisiciones) de Jorge Luis Borges il me manque un certain nombre d’éléments, sans doute importants, concernant la réception de Hawthorne dans le monde hispanophone.
Merci petitix, vous ne divulgachez pas ce roman de Marias, vous donnez une cle de lecture .
De ce qui apparaît, avec les extraits en vo et commentés en traduction par pablo, extra-lucide, comme des scènes d’un mauvais remake de roman photo de cul, une sorte de dernier tango espagnol très mal écrit ( je confirme, j’ai lu les 40 premières pages) vous donnez une profondeur en élargissant ce cas de célibat géographique, et de double vie.
L’intertextualité vient en appui d’un contexte psychologique de domination ou à tout le moins de manipulation et d »emprise.
Je reste sur mes premières impressions, pas conquise par ce que j’ai lu, et absolument pas fan de la personnalité de l’auteur.
Gerard Philipe est arrivé dans ce récit au gré des fantasmes prêtés à ses personnages par l’auteur. C’est un excellent prétexte, pour (re)découvrir cette belle personne.
Qui ne dit rien consent. Cette assertion un peu fourre fourre-tout, a son corollaire, qui ne dit rien n’a rien à dire, qui ne dit rien s’en fout.
Outre que je n’ai pas de temps à consacrer à des invectives complètement folles, je ne connais pas ni n’ai rencontré dans la vraie life, celle qui se pseudonymise berenice. Ce qui n’est pas le cas de quelques-uns ici. A eux: Peut-etre prévenir la famille, si elle existe, quand cette démence qui devient toxique pourrait mettre sa santé en danger ?
24/10, 7h25.
24 octobre 2019 à 08 h 55 min
« Précisons tout de même que ces scènes légèrement olé olé (ça s’imposait) sont les seules dans ce roman et ne représentent que quelques paragraphes, soit une proportion infime du texte. »
x dit: à
Cela est faux. Il y a 2 autres scènes érotiques avec « petite culotte » incluse:
« Tomás était navré pour Janet, et il n’était pas sûr qu’elle ne l’était pas à son égard. Ils ne se déshabillèrent même pas, ce fut une authentique prolongation de ce qu’ils avaient commencé le matin dans la librairie, comme si, à force de couver sous la cendre, le souvenir de ces instants s’était imposé aux circonstances à la fois nouvelles et différentes, comme si celles-ci s’étaient soumises à ce qui leur était venu à l’esprit au long de la journée par vagues volontaires et occasionnelles. Tom lui retira ses bas – des collants – et sa petite culotte, quant à lui il se contenta d’enlever sa gabardine et sa veste. Il ouvrit sa braguette, ça suffisait. À la fin, il fila dans la salle de bains pour ne rien tacher ; quand il retourna dans la chambre, Janet était allongée sur le lit, la tête calée sur l’oreiller, un livre entre les mains, comme si elle était déjà passée à autre chose ou comme si elle se hâtait de reprendre sa lecture interrompue par son arrivée. Toute froissée, sa jupe était remontée à mi-cuisse, elle avait sa montre au poignet gauche et deux ou trois bracelets au poignet droit, Tomás les avait entendus tintinnabuler, un élément de distraction pendant leurs ébats, au cours desquels il avait également vu ses pendants d’oreilles, des anneaux assez grands, se balancer, tandis qu’ils se démenaient, debout, elle arc-boutée les poings sur la couette et lui derrière elle, ils ne s’étaient souciés de retirer que ce qui était susceptible de les gêner. À présent, on aurait dit une femme absorbée par son livre dans une chambre d’hôtel, et qui attend que le sommeil arrive, plutôt qu’une femme qui viendrait de se prêter dans son appartement à une pénétration juvénile.»
« Il s’approcha de moi, quatre pas – un, deux, trois ; et quatre –, m’étreignit. Mais cette étreinte ne dura pas, car il fit aussitôt ce que je lui avais montré volontairement ou involontairement, je ne saurais dire, il tâta mon chemisier et ma jupe, ou plutôt la chair sous le chemisier et la jupe. Et peu après, il me fit virevolter et m’embrassa dans le dos, les mains sur mes seins, son corps contre mes fesses, que je lui avais sans doute donné le temps d’observer de profil, c’était presque obscène. (Il ne lui vint même pas à l’esprit de me demander des nouvelles de l’enfant, qui dormait depuis un moment ; cela aurait été déplacé et je préférai, en fait, qu’il en soit ainsi.) Je relevai ma jupe, retirai vite fait ma petite culotte et reconnus sa façon de s’y prendre lors de ses fréquentes nuits d’insomnie, une façon presque animale, sans prélude, en terrain conquis, qui m’amenait à conclure que, dans son angoisse, je faisais pour lui tout autant l’affaire que la première femme qui se serait trouvée là, à cette seule différence que, de toute évidence, c’était moi qui par hasard m’y trouvais, qui avais toujours été à disposition jusqu’à ce jour. »
Et on imagine que Marías a pu écrire d’autres scènes érotiques sans parler de « bragas ». Si on cherche dans le livre le mot « sexe », par exemple, on en trouve une autre, qui a l’air très nécessaire aussi à la trame du roman:
« —File, je suis fatiguée. Mieux vaut que tu partes. – Elle le lui dit sans bouger, sans faire mine de le raccompagner à la porte, sans même se relever pour lui donner un baiser d’adieu. Tomás ne pouvait s’empêcher de voir son sexe encore humide et un peu turgescent, il lui sembla qu’il palpitait et il sentit son appel encore plus fort. Il désira le pénétrer à nouveau ou le contempler plus à son aise, après tout, qu’est-ce qui l’en empêchait ? Rien. Il se baissa pour l’étudier de plus près, sans façon et à la hauteur voulue, et il avança deux doigts dans cette direction, le visuel comme prélude au tactile, souvent mais pas toujours, il y en a qui ont juste envie de regarder et qui détestent tout contact. – Que fais-tu ? – Janet l’interrompit net, incrédule, presque offensée, elle referma les cuisses comme si un poignard s’en approchait, le privant ainsi du spectacle. – Qu’est-ce qui t’arrive, ce soir ? Je viens de te dire que j’étais très fatiguée. Qu’est-ce que tu as en tête ? Pour une fois tu n’es pas pressé ? Eh bien, figure-toi que moi, je n’ai qu’une envie, dormir ! »
Et penser qu’il y a des gens pour qui l’auteur de ces scènes mérite le Nobel !!
24 octobre 2019 à 09 h 24 min
Précisons que quand Marie-Odile Fortier Masek traduit « Tomás ne pouvait s’empêcher de voir son sexe encore humide et un peu turgescent, il lui sembla qu’il palpitait et il sentit son appel encore plus fort. Il désira le pénétrer à nouveau… » elle est en train de rendre, encore une fois, Marías moins vulgaire, puisque lui écrit « deseó entrar de nuevo en él » (il désira rentrer à nouveau en lui), pas « deseó penetrarlo de nuevo », ce qui aurait été plus « élégant ».
D’ailleurs, j’ai coupé la scène un peu tôt. La suite est tout simplement ridicule (surtout si on imagine la tête de Marías à la place de celle de Tomás):
« Janet l’interrompit net, incrédule, presque offensée, elle referma les cuisses comme si un poignard s’en approchait, le privant ainsi du spectacle. – Qu’est-ce qui t’arrive, ce soir ? Je viens de te dire que j’étais très fatiguée. Qu’est-ce que tu as en tête ? Pour une fois tu n’es pas pressé ? Eh bien, figure-toi que moi, je n’ai qu’une envie, dormir ! »
Tomás Nevinson resta les doigts en l’air, embarrassé. « Oui, qu’est-ce que je fais ? » se demanda-t-il. Il forgea sans conviction une piètre excuse, de celles dont on ne s’attend pas à ce que l’autre souscrive, entrée par une oreille, sortie aussitôt par l’autre. »
Anne Christine a la mémoire courte, trop descriptif d’alcool? Sur un gros cerveau, un immense doublé d’un incommensurable azur ble ego , cela l’occasion que peu de degats , cela n’en change malheureusement pas là structure psychique iut éboulement psychopathologie innée ou acquise. Vous etiez inscrite à un certain ordre qui je crois vous a définitivement ôté de ses rangs.
Vous pardonnerez ou non mon correcteur fantaisiste autant que certains ici et certaines le sont. Remettez tout dans l’ordre si vous voulez
Mon vrai prénom, Sylvie. C’est d’une banalité confondante, j’en conviens. Mon père est mort, mes trois soeurs s’en fichent egalement, et ma mère aurait préféré une vie sans enfant, pour vous dire combien la famille compte peu. Vous reste la police pour signaler un délit d’opinion assis sur des faits qui ne seront jamais discutés.
24 octobre 2019 à 9 h 09 min
« Sorry We Missed You » de Ken Loach.
En bon héritier du réalisme à la Zola et du néo réalisme italien d’après guerre – on songe tout particulièrement ici au « Voleur de bicyclette » de Vittorio de Sica-, le cinéaste britannique de gauche poursuit son inventaire des sempiternelles petites misères faites aux petites gens.
Son ultime film politique sur les méfaits du capitalisme, rien à voir avec un quelconque cinéma de genre, nous conte les tribulations de Ricky et Abby et leurs deux enfants dans la Newcastle d’aujourd’hui.
Malgré l’amour que se porte entre eux les membres de cette petite tribu, celle-ci résistera-t-elle à la rigueur des temps induite par la mondialisation économique ?
Dans la société libérale post thatchérienne actuelle, où la classe ouvrière de jadis a vu fondre depuis belle lurette ses moindres acquis sociaux, la tendance semble être désormais au « travailler plus pour gagner moins.»
Abby, assistante ménagère et aide soignante à domicile ne compte plus ses heures passées au services des personnes âgées qu’elle torche avec tendresse et affection.
Tandis que Ricky, lassé d’enchaîner les petits boulots mal payés s’est laissé séduire par les sirènes de l’auto-entreprise (géniale invention du patronat pour avoir à disposition une main d’oeuvre à des coûts défiants toute concurrence).
Devenu chauffeur-livreur supposé « indépendant », il se voit de fait de plus en plus corvéable à merci.
La situation du couple, de moins en moins disponible pour la vie de famille, ne va pas arranger les choses à la maison : l’ainé des enfants se révèlera un ado tagueur en révolte tandis que la cadette, studieuse, sensible et passablement perturbée par la situation, se mettra à faire pipi au lit…
Certes, on pourra toujours reprocher à Ken Loach d’en rajouter des tonnes dans le misérabilisme et la sinistrose ambiante : on aura même droit à la vision d’un vieux chien à trois pattes, n’empêche que sa fable sociale n’est pas dépourvue de pertinence et de justesse.
La fluidité de la mise en scène et le jeu efficace de Kris Hitchen en père doux et roux, particulièrement craquant, et de Debbie Honeywood en néo mère courage, font de « Sorry We Missed You » un bon cru dans la filmographie de notre cinéaste octogénaire…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584633&cfilm=264872.html
prénoms:
c’est vrai que les prénoms à la mode sont sérotonine ou adrénaline
Surprise, « la Fille de Vercingétorix » a pour héroïne Adrénaline, une jeune Gauloise suscitant les mêmes enthousiasmes et les mêmes incompréhensions que l’activiste écolo suédoise. Car oui, cet album parle avec finesse de l’époque.
mais j’accepte encore très bien des prénoms comme sylvie qui était celui d’une amie de lycée que j’ai retrouvée à la sorbonne
Sasseur, ce qui me plait le plus en vous reside en cette competence à ressembler à une bombe de chantilly , moins votre négativité et votre habitude de cracher sur ceux qui de loin vous depassent et ne se contentent pas de cracher sur un blog une méchanceté prétentieuse que personne jusqu’à ce jour ne parvient à endiguer, à tarir, à détourner, à modifier pour en faire quelque chose à votre image, inefficacité construit et benefique. Êtes vous certaine de na pas être bacillaire? Cependant j’admire votre constance et l’inflexibilite de vos avis sur les uns ou les autres, du vieux con adressé sans honte vous gratifiez l’impetrant d’un remerciement pondéré, une mansuétude à toutes épreuves. Comme le disait S Beckett en guise d’insulte, vous n’êtes qu’une » critique ».
Madame petite culotte :
prénoms suite: on a eu agrippine mais je me demande si cet hiver ce ne sera pas antigrippine
It’s Okay to Have Multiple Identities
You’ll be happier if you stop trying to be one person and accept your own complexity
l’horloge?
le lien, sorry
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renato
Et alli. Puisque le domaine vous passionne , les individus à personnalites multiples c’est un autre rayon.
Et il y eut Epicène. A. Nothomb est très inventive sur les prénoms.
Excellente démonstration sur la traduction de ce roman de Marias. On peut bien donner tous les noms d’oiseau que l’on veut quand le domaine de compétence est atteint.
Mais là pour notre Germaine Soleil, chapeau bas!
moi, rodrigue, j’ai du coeur
https://www.pinterest.fr/pin/11892386489829435/?nic=1a
Pablo75, Non, ce n’est pas « une autre » : votre première citation (de « Tomás était navré pour Janet » à « juvénile ») et la dernière (de « File, je suis fatiguée » à « dormir ») font partie de la MÊME « séquence ».
Il s’agit toujours et uniquement de la dernière rencontre « hygiénique » avec Janet, la seule qui soit rapportée dans le livre. (Je vous signale d’ailleurs qu’elle comporte aussi un « prélude » ou des préliminaires si vous préférez, un rapprochement inabouti dans une librairie, sur le lieu de travail de Janet, mais comme vos mots-clefs n’y apparaissent pas, vous l’avez ratée.)
Oui, cette scène assez sordide est essentielle ; vous ignorez qu’on relit ces lignes d’un œil tout à fait différent quand on connaît toute l’histoire (l’attitude de Janet fournit un certain nombre d’indices, celle de Tomás contribue à son portrait psychologique et si le caractère est le destin…)
Par ailleurs, ne connaissant pas la suite de l’intrigue (et parce qu’ils ne font pas partie des « ébats » proprement dits) vous laissez en outre de côté deux éléments qui joueront un rôle important : la cigarette qui tombe et l’égratignure laissée par les ongles longs de Janet sur le visage de Tomás.
Aucune complaisancede la part de Marías à fournir tous ces détails d’un moment qui fera basculer la vie du protagoniste et qui, à ce titre, le hantera.
La citation du milieu (de votre commentaire), celle qui commence par « Il s’approcha de moi » se joue avec Berta, et, différence essentielle, est racontée du point de vue de celle-ci.
Elle survient lors d’un retour de Tomás (qui s’absente fréquemment et parfois assez longuement pour son travail, sans que Berta sache où il se trouve ni pouvoir le joindre directement) ; or pendant cette absence-là des événements dramatiques se sont déroulés à Madrid, à son foyer, menaçant la vie de leur fils.
Pas d’ambiance follement érotique là non plus (l’enjeu est bien davantage sentimental). Du sexe-soulagement, du sexe conjugal accepté tel qu’il est par l’épouse, avec un mélange de résignation et de tendresse.
Toutefois le vrai mot-clef ici, d’un point de vue de lecteur et non d’inquisiteur à la petite semaine, est « reconnus ».
Marías n’a pas écrit de « morceaux de bravoure » ; ce qui les dessert (à vos yeux) est le revers de leurs qualités : leur intégration à l’histoire racontée, leur subordination à l’intrigue et à la caractérisation des personnages.
Il faut avouer que le roman attribue à ses personnages une sexualité pas particulièrement glorieuse, qui ferait piètre figure sur les blogs, mais chacun a sa vision de la vulgarité bien sûr.
Par rapport à (une partie de) l’intertexte : Marías évoque dans ces scènes ce que Homère et Hawthorne taisaient et laissaient à l’imagination. Est-ce un bien, est-ce un mal ? En tout cas un trait d’époque. Il serait sans doute difficile de ré-écrire aujourd’hui ces histoires sans s’intéresser au moins un peu à la sexualité des personnages. Qui ne s’est pas demandé comment s’étaient déroulées les retrouvailles d’Ulysse et Pénélope ? (Certes, de manière oblique, sa capacité intacte au maniement de l’arc suggère quelque chose.) On peut aussi estimer qu’après Joyce ce chemin est barré à tout jamais : écrivains, allez jouer ailleurs. Ce récit essentiel et si fertile ne devra plus jamais chatouiller ni stimuler aucune plume. On ferme.
Lisez la très courte nouvelle de Hawthorne, vous y trouverez des éléments « dérangeants » comme on dit, d’autant plus inquiétants et étranges que la disparition du protagoniste n’y est pas motivée (contrairement à ce roman, mais il en reste tout de même quelque chose me semble-t-il). Je me demande en passant si cette nouvelle connaîtrait ailleurs (au Japon par exemple ?) un statut d’œuvre-culte semblable au Bartleby de H. Melville chez nous.
A la décharge de Javier Marias, il faut se souvenir que les scènes de sexe explicites et ornées de détails anatomiques, physiologiques, organiques, sont toujours grotesques et inutiles. Ce qui est triste, c’est qu’un intellectuel aux immenses prétentions littéraires et même philosophiques (aux dires d’une amie espagnole) se croit obligé de placer ce type de scène dans son roman pour montrer combien il est exempt de pudibonderie et complaire aux bien pensants de l’époque.
et alii, le son précède la lumière ou pas ?
https://blogfigures.blogspot.com/2012/02/jannis-kounellis_11.html
e me demande toujours, quand je vois une fille manipuler un bâton de rouge à lèvres, de quoi il est exactement question : car il me semble que, plutôt que d’appliquer une pâte rendant la peau des lèvres plus lisse, plus brillante, plus séduisante, il s’agit en réalité de faire sortir un bâton de son étui, de l’empoigner,( mais avec douceur), et de le promener lentement sur une muqueuse : bref, au lieu de commencer un jeu de séduction, d’en arriver illico, joignant le geste simultanément à l’intention, au simulacre de sa conclusion .
« Qui ne s’est pas demandé comment s’étaient déroulées les retrouvailles d’Ulysse et Pénélope ? »
Moi petit x.
Il est suffisamment clair qu’elle s’est bien passé puisque le dieu prend la peine de rallonger la nuit…Vous imaginez une description du genre « malgré les années passées, le sexe d’Ulysse durcit immédiatement et celui de Pénélope fut envahi d’une douce et chaude humidité… »
Grotesque! Ridicule! Bouffon!
– La France de Vichy n’a pas toujours voté pour celle de Montaigne…. Et voilà la RDL se faire le porte-parole d’Alain Duhamel, ce chien stupide. Les touites de Passoul sont pathétiques, surtout quand le prétexte en est d’enfoncer Houellebecq. Un brin marre…
– Sinon, avoir ramené Marias à une histoire de petite culotte… Les chemins que prend ce commentarium, des fois… On espère qu’elles ne lui colleront pas au c…, trop longtemps.
– La démence de Béré-Sylvie n’a rien à envier à celle de MS, on ne voudrait pas dire, là, hein… Fortunatelly, la ‘bacillaire’ ne contamine personne icite, mais elle est bien atteinte, ça oui. L’a souvent ses rechutes.
« Tout écrivain est d’abord un lecteur ».
Exact. Réécouter la lecture magistrale de l’œuvre de J.Joyce, en direct de Dublin, cette nuit dans l’émission « Les nuits de France Culture ». Une approche claire et argumentée d’Ulysse :
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/un-homme-une-ville-michel-butor-sur-les-traces-de-james-joyce-a-dublin-12-1ere-diffusion-01121978
« Et voilà la RDL se faire le porte-parole d’Alain Duhamel, ce chien stupide. Les touites de Passoul sont pathétiques, surtout quand le prétexte en est d’enfoncer Houellebecq. Un brin marre… »
Bien d’accord, ressortir un journaliste qui a bouffé son éthique depuis qu’il glorifie macron, c’est juste pathétique.
Le reste me fait rire. Et je ne devrais pas mais c’est assez jouissif.
@ CT. voulez vous suggérer qu’une femme qui sort son rouge à lèvres dans le métro invite consciemment les hommes alentour à leur pratiquer une fell.ation ? Ma parole, vous vous dégourdissez depuis votre découverte de Bourdieu. A moins qu’il ne s’agisse de d’un simple effet de poussière de Lubrizol sur votre lipstick aux simples ?
@ qui a bouffé son éthique depuis…
Parce qu’il en avait eu une… avant ?, ce ratelier de la mangeoire de la 5e ?
« … voulez vous suggérer qu’une femme qui sort son rouge à lèvres dans le métro invite consciemment les hommes alentour à leur pratiquer une fell.ation ? »
Ce sont des obsessions de pseudo-féministe à la Kulture approximative ; une précurseuse n’aurait jamais mis sur la table une telle aberration :
https://blogfigures.blogspot.com/2019/01/lois-bancroft-long-as-lipstick_20.html
Et ton petit jeu d’animer des combats de coqs de ton choix, arbitre des inelegances par excellence, c’est limite ton seul « intérêt » ici. Lol. Faut pas être mesquin, on en profite aussi.
24 octobre 2019 à 12 h 42 min
« Non, ce n’est pas « une autre » : votre première citation (de « Tomás était navré pour Janet » à « juvénile ») et la dernière (de « File, je suis fatiguée » à « dormir ») font partie de la MÊME « séquence ». »
Séquence séparée quand même par 6 pages (p.91-97 dans la version digitale), mais ok, cela fait non pas trois mais deux autres scènes là ou tu avais dit, dans ton premier commentaire, qu’il n’y avait qu’une.
À part ça, tu écris: « Aucune complaisance de la part de Marías à fournir tous ces détails d’un moment qui fera basculer la vie du protagoniste et qui, à ce titre, le hantera. »
Y compris les phrases: « Tomás ne pouvait s’empêcher de voir son sexe encore humide et un peu turgescent, il lui sembla qu’il palpitait et il sentit son appel encore plus fort. Il désira le pénétrer à nouveau ou le contempler plus à son aise, après tout, qu’est-ce qui l’en empêchait ? Rien. Il se baissa pour l’étudier de plus près, sans façon et à la hauteur voulue, et il avança deux doigts dans cette direction, le visuel comme prélude au tactile, souvent mais pas toujours, il y en a qui ont juste envie de regarder et qui détestent tout contact. – Que fais-tu ? – Janet l’interrompit net, incrédule, presque offensée, elle referma les cuisses comme si un poignard s’en approchait, le privant ainsi du spectacle. […] Tomás Nevinson resta les doigts en l’air, embarrassé. « Oui, qu’est-ce que je fais ? » se demanda-t-il…»?
Celle-là aussi est l’une des clés pour comprendre le roman?
Quant au reste, tu peux dire ce que tu veux sur « l’intertexte », Homère et Hawthorne, Ulysse et Pénélope, Joyce et les chemins qu’il aurait barrés à tout jamais, tu ne m’enlèveras de la tête l’idée que Marías n’a strictement rien à dire d’intéressant ni sur la littérature ni sur la vie, et que ce n’est pas non plus son style laborieux et plat qui justifierai la lecture de son livre.
« Aunque la mona se vista de seda, mona se queda », dit un proverbe espagnol.
Réponse à « x dit: à ».
Les écrivains qui lisent ça donne aussi les écrivains qui font lire. Le monde des écrivains se divise en deux catégories, ceux qui écrivent et ceux qui font lire.
Ainsi Marias fait lire Hawthornre à petitix et O. Rolin fait lire toute sa bibli…à qui n’en veut.
(12.46) et voui, chacun s’amuse comme il peut, hein. Merci de reconnaître que vous y prenez aussi un plaisir mesquin, (si j’ai bien suivi, mais pas sûr. Ne soyons jamais sûrs de rien avec les gens de peu, comme disait Pierre Sansot).
https://www.youtube.com/watch?v=d86bV6zHxwI
NB/ Quelqu’un a–t-il lu le nouveau roman familial de Louis Sarkozy et Cecilia Bartholdy ?
« La France de Montaigne ne votera pas Marine Le Pen. Mais la France de Houellebecq ? »
Raccourci puant. Paralogisme stupide. La réflexion mérite d’être un peu affinée, sur un sujet complexe. Et la France de 1789, elle va voter pour qui ? Celle de Houellebecq ressemble aussi à celle de Huysmans, avec un catholicisme « zombie », comme dirait Todd. Les Français savent encore résister aux mauvaises tentations suicidaires, même avec Houellebecq, qui s’ouvre désormais à la religion (cf. interview dans la Revue des Deux Mondes). Le raccourci de Duhamel est aventureux, et expose mal la situation. Les gilets jaunes ont fait un travail révolutionnaire magnifique, proposant une vision nouvelle de la politique, qui concerne chaque citoyen. Ce qu’on voit et constate, c’est une résurgence à la Ulrike Meinhof, appuyée par le pape François. Le Pen est larguée… La France de Houellebecq ne votera pas pour elle.
Militants Blow Up Art Basel Artist’s Giant Lipstick Sculpture
https://news.artnet.com/exhibitions/militants-destroy-lipstick-sculpture-312145
Séduction & fantasme
https://www.google.com/search?source=hp&ei=8oWxXda5FZeGjLsP98a6iA0&q=chanel+pub+rouge+a+levres+carmin&oq=chanel+pub+rouge+a+levres+carmin&gs_l=mobile-gws-wiz-hp.3..33i160l2.2166.12974..13417…0.0..0.201.3805.12j19j1……0….1…….8..41j41i131i67j41i71j0j0i131j41i22i30j46i131j46j0i22i30j33i22i29i30.ZtQ7nmKyAHo#imgrc=qxmd088QNx7PxM:
Cui-ci, chez Chanel
Les propos nazis de Zemmour, hier soir, surenchère infinie et criminelle. Zemmour n’a pas assimilé sa leçon de morale. Il doit retourner à l’école. C’est le genre de plaisanterie qu’on y guérit. Au fond, Zemmour est resté un tout petit enfant, un gnome puant, qui aurait fait merveille à Auschwitz :
« Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien, moi, je suis aujourd’hui du côté du général Bugeaud. C’est ça être Français ! »
Zemour est tombé du côté où il penchait depuis si longtemps. Vieux vestiges de l’oas. Nazifié jusqu’à l’os.
Et certains préfèrent lancer une fatwa contre Houellebecq… Incroyable chaos des médias parisiens.
14h24
Ne me suis pas demandé non plus comment s’étaient passées les retrouvailles d’Ulysse et Pénélope.
Elle était extrêmement émue. Lui revenait de loin.
Entendu rapidement Ken Loach hier au soir. Quelle lucidité ! Il retraçait le discours mirifiquede Thatcher et racontait comment c’était un mensonge complet.
La France de Montaigne…
se regarde beaucoup le nombril comme le reclus nanti du sud de la France.
« Le CSA saisit le procureur de la République à propos du discours islamophobe d’Eric Zemmour »
L’éteau se resserre devant l’ennemi déclaré. Il faudrait dégrader Zemmour de la nationalité française, qu’il ne mérite plus (cf. arrêt Crémieux !). Cet homme ne mérite d’être soudé à aucune communauté humaine, et certainement pas à la République française. France, mère des arts, des armes et des lois…
Un poème qui nous fait du bien :
________________________
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j’erre parmi la plaine,
Je sens venir l’hiver, de qui la froide haleine
D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las, tes autres agneaux n’ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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