L’homme qui hésitait entre toutes les morts possibles
Il y a des livres que l’on ne sait où ranger. Echappant à la tyrannie des genres, inclassables au propre comme au figuré, ils résistent et demeurent au seuil de notre bibliothèque en attendant qu’une géniale intuition les assigne à un rayon, jusqu’au prochain déménagement. Le philosophe Walter Benjamin a évoqué ses affres de lecteur compulsif dans Je déballe ma bibliothèque (traduit de l’allemand par Philippe Ivernel, 210 pages, 9 euros, Rivages poche), recueil où il médite sur sa pratique de la collection de livres. J’espérais y trouver une solution à mon problème : où ranger Ancien malade des hôpitaux de Paris (78 pages, Folio) de Daniel Pennac ?
Drôle de livre que ce livre irrésistible de drôlerie. C’est l’histoire d’un homme qui se souvient. Il y a vingt ans de cela, le docteur Galvan (c’est l’homme) était de garde de nuit (de pleine lune, en plus) aux urgences d’un grand hôpital. Un dimanche de routine : « accidents domestiques, infections éruptives, suicides avortés, avortements ratés, cuites comateuses, infarctus, épilepsies, embolies pulmonaires, coliques néphrétiques, enfants bouillants comme des assiettes, automobilistes en compote, dealers poinçonnés, clodos cherchant logis, femmes battues et maris repentants, adolescents envapés, adolescentes catatoniques… ». La vie, quoi !
Spécialiste de l’urgence, il n’en a d’autre que de se faire une carte de visite de rêve : « Professeur Gérard Galvan. Médecine interne ». La grande classe. Seulement voilà, cette nuit-là, son fantasme est bousculé par l’arrivée d’un patient qui semble prêt à exploser tant il se retient, et depuis longtemps semble-t-il, mais rassurez- vous, l’occlusion intestinale n’est qu’une illusion ; d’éruptions cutanées en angine de poitrine, on se le repasse d’un service à l’autre, il les fait tous ou presque sur son chariot aux roulettes bien graissées :
« On aurait dit qu’il hésitait entre toutes les morts possibles ».
Un cauchemar que cette nuit assez agitée. Jusqu’à ce que le patient reprenne tous ses esprits et annonce triomphalement au corps médical aussi atterré qu’épuisé qu’il s’était présenté dans tous ces états à seule fin de réaliser « son rêve identitaire » : se faire imprimer une carte de visite originale sur laquelle, en-dessous de son nom, il s’apprêtait à mentionner tout simplement « Ancien malade des hôpitaux de Paris ». Alors le narrateur, n’y tenant plus, l’expédie dans le seul service qu’il n’avait pas encore visité…
Voilà le ton et l’esprit. Du Pennac pur jus. Un humour d’une finesse, d’une efficacité et d’une légèreté sans pareils. Il ne faut pas se contenter de lire ce délire parfaitement maitrisé, ce qui est déjà l’assurance de passer un grand moment. Il faut le voir et l’entendre. Enfin, il fallait puisqu’il se jouait avec Olivier Saladin, anciennement Deschiens & Deschamps, tout récemment encore au Théâtre de l’Atelier à Paris. La différence ? Ce qui fait franchement sourire à la lecture fait rire aux éclats une fois sur scène car le rythme y est très juste une heure et quinze minutes durant, le comédien, ainsi que le metteur en scène Benjamin Guillard, ayant su trouver le bon tempo pour en faire assez sans en faire trop.
Daniel Pennac a sous-titré son traité de médecine pour les nuls « Monologue gesticulatoire ». Difficile d’en faire une catégorie dans une bibliothèque – encore qu’un certain nombre d’auteurs pourraient y être rangés à leur corps défendant. Au fond, en cherchant bien dans le livre de Walter Benjamin, on trouve la réponse au rayon « Bibliothèque pathologique ». Il s’agit d’ouvrages autobiographiques dont les personnages principaux sont légèrement dérangés. Il est vrai qu’il y a foule !
(Photos Alamy et Passou)
445 Réponses pour L’homme qui hésitait entre toutes les morts possibles
Attila aussi, pécaïre !
il était, est et demeurera à jamais le meilleur d’entre nous, l’exemple exemplaire -il y avait un avant Lui, il y aura un après Lui
8 h 20 min
incroyable ce qu’on peut apprendre des jets géniaux de jc notre guide fin penseur et gourou
Gourou de secours ?…
22 h 45 : toujours hilarant le pédant/méprisant MC, de plus en plus, comme son pote JC, décidément
plutôt que porter aux nues le pas très net Pasqua, une pensée pour Alain de Graef, le concepteur de l’esprit Canal, des Guignols et de Nulle Part Ailleurs
Un type concepteur de « l’esprit Canal »… waaah… irremplaçable, le pitre !
Un pote du NATO me confirme : c’est spontanément que notre vieux Tintin teint a bloqué la livraison des deux navires type Mistral, et cela pour faire plaisir à l’affreux afro-américain qui joue au président US à Washington …..
Bravo l’artiste !
Voyons, Widergänger, je ne trouve pas, mais pas du tout, « hypercomique » de vanter les charmes d’un endroit où un philosophe de célébrité imméritée a passé son temps à rédiger des programmes d’extermination des juifs. Faites attention à ce que la kanikule ne grille pas vos neurones, déjà debilitées.
C’est vous qui êtes hypercomique…!
on te savait pignouf, Benitoto, mais à ce point là ?
Quittons nous, pour aujourd’hui, sur une note gaie : un bilan des décapitations de l’Etat Islamique.
Pendant la Terreur révolutionnaire en France, environ 500.000 personnes sont emprisonnées et approximativement 100.000 sont exécutées ou victimes de massacres ; dont environ 17.000 guillotinés, 20.000 à 30.000 fusillés, et des dizaines de milliers de prisonniers et de civils vendéens, hommes, femmes, et enfants, victimes notamment des massacres du Mans, de Savenay, des colonnes infernales, et des noyades de Nantes. (Wiki)
C’est dire les progrès que nos amis islamistes ont à faire avant d’égaler nos glorieux terroristes robespierristes … !!!
Bonne journée, les bambins cultivés à l’or fin de la littérature !
Je rends sincèrement hommage à Charles Pasqua qui a fait beaucoup pour la France. Beaucoup de ceux qui se permettent de le critiquer ne lui seraient pas arrivés à la cheville en terme de courage, de patriotisme, d’intelligence et de compétence.
« Difficile d’en faire une catégorie dans une bibliothèque (…). Au fond, en cherchant bien dans le livre de Walter Benjamin, on trouve la réponse au rayon « Bibliothèque pathologique ». Il s’agit d’ouvrages autobiographiques dont les personnages principaux sont légèrement dérangés. Il est vrai qu’il y a foule ! »
Des noms ?
Cette nuit, un arbre remarquable a été abattu dans ma rue : un micocoulier provençal, planté en 1905 devant le 27, bd Soult. Majestueux, son feuillage couvrait la façade d’un immeuble de cinq étages. Il était atteint au coeur et menaçait de s’écrouler depuis que ses racines avaient été endommagées lors des travaux du tramway. A trois heures du matin, un bucheron élagueur de la ville m’a offert une belle tranche d’une de ses branches principales : un beau bois dense et vert d’où jaillissait des feuilles toujours bien vivaces…
De profundis.
Cet arbre avait été planté à l’époque de ce remarquable directeur des parcs et promenades de la ville de Paris dont on peut encore voir le médaillon dans le jardins des iris de Bagatelle :
JEAN-CLAUDE-NICOLAS FORESTIER (1861-1930)
Né à Aix-les-Bains, formé à l’Eole polytechnique puis à l’Ecole forestière de Nancy, il est recruté en 1887 par Alphand et fera toute sa carrière, jusqu’en 1927, au service de la Ville. Conservateur du bois de Vincennes en 1889, il devient en 1898 le directeur du secteur ouest de Paris qui comprend également le bois de Boulogne. C’est sous son impulsion, et afin d’éviter le morcellement du bois, que la Ville achète en 1905 le domaine de Bagatelle dont il fait un jardin d’agrément et où il commence la constitution de collections de plantes ; il y crée la roseraie et institue le concours international de roses. Créateur de la promenade de l’avenue de Breteuil pour l’Exposition universelle de 1900, il opère avec Formigé la remise en état du Champ-de-Mars. Après la Première Guerre mondiale, il participe à l’étude de l’aménagement de la zone des fortifications mais ce projet de création d’une “ ceinture verte ” autour de Paris ne verra pas le jour, abandonné pour une politique de construction de logements et d’équipements sportifs et scolaires. Il dessine d’ailleurs à cette époque le projet d’aménagement du parc de la Cité universitaire. Responsable des jardins de l’Exposition universelle de 1925, il réalise son implantation sur les rives de la Seine. Ce botaniste averti a beaucoup écrit sur les jardins, qu’il concevait comme partie intégrante de la ville et devant participer à son développement, théories qu’il a exposées dans son ouvrage Grandes villes et systèmes de parcs publié en 1908. C’est à l’étranger surtout qu’il a pu développer ses talents conjugués de jardinier et d’urbaniste, à Séville, Barcelone et La Havane.
Attila dit: 30 juin 2015 à 12 h 23 min
» A trois heures du matin, un bucheron […]m’a offert une belle tranche d’une de ses branches principales… »
Bizarre que Phil n’ait pas rebondi là-dessus(son sujet de prédilection).
Sur mon site, professionnel, outre mes goûts singuliers, le lecteur-visiteur ne devrait-il pas pouvoir se promener également à travers mes manuscrits, inédits ou publiés, notamment sur Paris : parcs et jardins, promenades, cimetières, fontaines et statues, lieux de spectacles… ?
J’aurais sans doute besoin d’une sérieuse aide technique et il me reste toujours à trouver le bon titre !
Jacques, ce site est une bonne idée. Je serais vous, je lappelerais Mon Paris.
Perte immense de ce giganresque cerveau doublé d’un coeur incommensurable
…
…puisque, c’est calme,!…
…
…qu’est ce qu’il doit en avoir,!…des Cnossos et autres Pompéi, sous terre,!…dans le bassin méditerranéen,!…
…
…l’explosion de l’ile de Santorin ( Théra ), les tsunamis, les météores,!…
…
…si, au haut de sa montagne, Cnossos est rester submerger par la terre,!…
…il faut pas demander, à combien de mètres toute la vie, les cités, sur ces terres on été submerger de tsunamis géants,!…
…
…franchement, qui peut en être survécu,!…des voyageur de commerce, très loin ailleurs, au moment de ces évènements,!…
…
…et aujourd’hui, à nos dirigeables,!…ravitaillés,!…au Wallhalla,!…etc,!…
…
…et constater qu’aujourd’hui, les hommes se font la guerre,!…
…et se cherche des suprématies disjonctées,!…à deux balles,!…Ah,!Ah,!…
…
Un autre Pasqua, celui du SAC (milice gaullienne), de la corruption tous azimuts, des tribunaux, du meurtre de Malik Oussekine, en tandem avec Robert Pandreau et ses sections spéciales à moto.
Il est des jours où l’on aimerait que l’enfer existe.
Regrets éternels.paul bé.
Un titre de blog Barozzien?
Le piéton de Paris?
Paris, je t’aime?
Tout ce que vous avez voulu savoir sur Paris sa
les bourse reconnaissantes nous allons prier
sans jamais oser le demander?
Paris au cent visages?
Merci, D. et M. Court, mais « Mon Paris », c’est un peu court ? Et « Tout ce que vous avez voulu savoir sur Paris sans jamais oser le demander ? » c’est pas mal, M. Court, mais c’est un peu long !
L’idée serait un journal urbain, où l’on retrouverait, classé par arrondissements, l’essentiel du patrimoine naturel et monumental de la ville. Cela pour les racines de l’arbre remarquable Paris. Mais je le voudrais largement ouvert sur le présent et agrémenté de nombreuses chroniques sur la vie actuelle : tags, art de rue, musiques du monde, photographies, modes urbaines, cuisine…
Il faudrait que je réunisse autour de moi tout une équipe de jeunes journalistes passionnés de la capitale.
Le titre : PARIS FOR EVER ?
« Mais je le voudrais largement ouvert sur le présent et agrémenté de nombreuses chroniques sur la vie actuelle : tags, art de rue, musiques du monde, photographies, modes urbaines »
Attila dixit
La contribution de M Court s’impose : il ne fait pas de doute qu’il est un spécialiste du genre avec le sens de la mesure, la neutralité, l’objectivité que l’exercice requiert.
ah oui, Jacques Attila tient là une très bonne idée. Quant au titre, mon dieu, il me semble qu’on peut en décliner des plus ou moins heureux à l’infini, mais en tout cas un peu moins plan-plan que ceux de M. Court, non ?
« Paris Tenu ! » (dac’, ça fait PMU, mais bon…)
« Paris Libéré ! » (avec accents gaulliens dans l’arrière-glotte)
« Le journal de ma Blonde » (faudra un sous-titre pour les québecois, sinon ils vont faire un contresens)
« Un Paris formidable » (penser à inviter Stromae)
« Les goûts sont entrés dans Paris » (on sait qu’on est chez Jacques Barozzi, mais faudra travailler son trémolo)
» Par ici Paris » (mais faudrait éviter les faits divers)
etc., etc.
la mesure du p’tit Court ? vous l’avez lu ?…
On pourrait faire aussi dans la citation :
« Paris est une fête » (Hemingway)
« A nous deux Paris ! » (Balzac)
Y’en tout plein… Mais en ce moment, ne conviendrait-il pas de poser la vraie question : Paris brûle-t-il ?
Kolonaki est tout de même plus agréable que Montmartre, même en période de banqueroute. Faudra le mettre dans votre livre, dear baron
.
baron..baroz
Ausprobieren !
Le pari… de Jacques !
(Essai 2.)
Jacquot, je vous propose : « Paris, du dentier à la queue », persuadé que vous en ferez bon usage.
Paris, Go!
« Il faudrait que je réunisse autour de moi tout une équipe de jeunes journalistes passionnés de la capitale. »
Tss … ‘jeunes » .. Et la fesse ferme et rebondie ?
Ce Jacounet !
Le Joyeux Paris ?
Merci aux commentateurs pleins de qualités ! On ne peut pas dire que Chaloux et Daaphnée se soient particulièrement distingués…
Bloom, on trouve ça à Melbourne, Australia !
http://www.parisgo.com.au
Jacques, j’ai trop fréquenté le quai Blériot et l’avenue Mozart, tous ces gens sont d’une terrible vulgarité. Un voix lisant par-dessus mon épaule ma proposition et votre réponse me dit : »Ton truc, c’est un peu trop XVIe » (où je ne vis pas, loin de là).
En fait, Attila, vous devriez vous lancer sans attendre, sous n’importe quel nom. Il sera toujours temps, quand votre site aura défini son identité, de le renommer…
Perso j’aime bien les titres doubles, au petit parfum de La Fontaine, comme « la Bergère et l’Orchidée » ; vous parlez, si j’ai bien compris, de patrimoine et de vie actuelle, de passé et d’ouverture, donc. Un truc comme « la Ville et le Présent », « Paris et Maintenant » ne pourrait-il convenir ?
Radioscopie
je vous ai répondu en détail, demanière mesurée, sur la République de l’Art . Je crois aller plus souvent dans des Galeries contemporaines qu’au Musée, et, si vous me cherchez sur le tag, vous saurez que j’estime beaucoup certains qui savent structurer et faire chanter leurs tableaux. Mais je ne supporte pas la médiocrité.
C’est un crime?
MC
Bloom, on trouve ça à Melbourne, Australia !
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Sans le jeu de mots « tête de veau », Baroz. Tu n’as pas d’ambitions hors les frontières, tout de même…?
Je n’ai pas de frontières, Bloom !
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