Philippe Jaccottet, qui resplendit dans l’effacement
Pour qui se souvient du recueil de notes de Julien Gracq En lisant en écrivant, tout était déjà dans l’absence de virgule, chacun étant libre de l’interpréter à sa guise, et notamment comme l’idée que chez un tel écrivain les deux activités étaient indissociables et se prolongeaient l’une l’autre, mais nul ne pouvant feindre de l’ignorer tant elle était éclatante. Avec Taches de soleil, ou d’ombre (208 pages, 22 euros, Le bruit du temps), dernier livre de Philippe Jaccottet constitué de notes sauvegardées datant des années 1952-2005, tout est déjà dans la virgule. On ne l’y aurait pas placée spontanément. Inutile d’aller consulter le Drillon, bible des passionnés de ponctuation, il ne sera en l’espèce d’aucun secours.
Y sont colligées des observations d’un esprit attentif aux moindres bruits, à commencer par celui du temps ; aux couleurs, aux odeurs.Son oeuvre immense de poète et de traducteur (Goethe, Holderlin, Rilke, Musil, Mann, Homère…) en témoignait déjà. Une manière de conserver un contact avec l’univers poétique quand on passe ses journées à traduire. Ce sont les notes de celui qui a trouvé sa voix le jour où il l’a baissée d’un ton. Des notes comme autant de graines susceptibles de s’épanouir en poèmes. Il en avait déjà rassemblé une partie sous le titre de Semaisons. C’est peu dire qu’il réagit en poète, et en traducteur de poètes. Non seulement celui qui amène leurs mots dans notre langue, et restitue l’éclat mystérieux de leurs vers malgré ce long voyage, mais celui qui poétise le réel et n’a de cesse d’en traduire les manifestations. Une phrase suffit au sortir de la forêt : « La nuit, le chant des rossignols comme une grappe d’eau ». On ne voit guère que l’enchantement au contact de la nature, sa beauté si proche, pour tempérer son pessimisme
Y affleure à chaque page l’intranquillité d’un mélancolique qui va à son pas dans le vacarme du monde, convaincu que jamais sa beauté ne se taira car quelque chose ou quelqu’un doit bien en nourrir le secret, derrière le mur, dans l’invisible. Il note des haïkus de Bashô. Cela dit, le « gentil » Jaccottet, vaudois le plus célèbre de Grignan (Drôme), s’y révèle plus dur que dans ses poèmes. Sans indulgence avec lui-même dans le choix de ses notes à sauver du feu, il ne l’est pas davantage avec ses contemporains, et leurs dates ne change rien au jugement. Camus, Gide, Mauriac ? « Des phraseurs ». Parlez-lui plutôt de Claudel, « sa robuste santé de paysan, son grand pas lourd ». Une visite à Francis Ponge l’attriste en raison de « son orgueil aussi naïf ».
Chaque terme est pesé au trébuchet de la précision dans la musicalité. Ses non-dits sont gouvernés par le sens de la mesure, de l’équilibre, de l’harmonie -et la défiance pour la rime qui offusque la vérité. Des tableaux permettent de saisir son vertige face à l’indicible : ceux de Rothko ou de Morandi. On l’aura compris : ce n’est pas lui qui se grisera de grands mots. Il invite même à les proscrire, qu’ils relèvent de l’hyperbole (extase, délire, abime), du faux lyrisme (harpe, encens, lys, aurore) ou « des extravagances surréalistes », tant ils empoisonnent la poésie. Toujours leur préférer, le mot rare, humble, rude. Un modèle ? Mandelstam
« La grande question pour qui s’entête à écrire : comment mettre les mots à l’épreuve, comment faire pour qu’ils contiennent le pire même quand ils sont lumineux, la pesanteur quand la grâce les porte ? Je n’ai que trop tendance à dissocier l’un de l’autre »
Certaines pages de pure observation sont bouleversantes. Celles sur l’agonie de son beau-père, sa résignation quand même, les métamorphoses de son petit corps sous l’empire d’une douleur muette. L’évocation de la fin d’un oncle et parrain, auquel il n’était guère attaché, n’en est pas moins frappante, mais pour une autre raison : son côté l’une-de-ces-existences-dont-il-restera-rien.
Les impressions de lecture occupent une grande place. Car chez lui aussi, chez lui surtout, la vie va enlisantenécrivant. Encore que l’âge aidant, on relit plus qu’on ne lit. Pour vérifier l’érosion du temps sur le jugement littéraire. Mais à l’examen, les craintes se vérifient : longtemps après, dans les Caves du Vatican, la souveraineté du style dissimule encore un certain manque de substance. A l’inverse, en revisitant les nouvelles du maître du genre, Henry James, il avoue à être plus sensible à leur texture et leur matérialité. Le contact avec l’auteur n’y change rien : ainsi, après avoir passé la journée à l’Isle-sur-la-Sorgue chez René Char, il se désole de constater que cela n’a en rien dissipé ses réserves sur son Nu perdu. Quant aux recueils de correspondance, comment n’être pas déçu de constater que, lorsque des esprits aussi pénétrants que Paulhan, Ungaretti ou Saint-John Perse s’écrivent, ils se parlent surtout de la vie littéraire, et restent donc à la surface des choses ; parlez-lui plutôt des lettres de Rilke, il est vrai plus généreuses dans leur attention à l’autre, et plus profondes par l’objet de leur curiosité. Il apprend la mort accidentelle de W.G. Sebald et confie qu’il était l’un des rares parmi les écrivains dits nouveaux qui l’ait totalement conquis. Sans plus, hélas. On aimerait en savoir davantage.
J’allais oublier : la part du rêve dans le dévoilement de cette part d’ombre. Curieux comme des récits de rêve m’indiffèrent quelles que soient les plumes qui les rapportent ; et malgré mon admiration pour Graham Greene, je n’ai jamais été capable de poursuivre au-delà de la vingtième page la lecture de son « Dream Diary » (Mon Univers secret/ A World of my own, 1992), c’est ainsi. Ceux de Philippe Jaccottet sont mélodieux, harmonieux, même lorsqu’ils tournent à la tragédie. Mais fussent-ils d’un poète, les rêves ne font pas toujours rêver. Ce qui ne retire rien à l’exceptionnelle lumière dans laquelle baignent ces éclats. On ne se demande même plus si la virgule est à sa place dans le titre, ou pas.
(« Black on Maroon, 1959 » huile sur toile de Mark Rothko, D.R. ; « Philippe Jaccottet à Grignan » photo D.R.)
1 054 Réponses pour Philippe Jaccottet, qui resplendit dans l’effacement
the winner is…!
Et merde, c’est moi.
Je ne visais qu’à l’effacement.
Je chauffais l’estrade pour mes camarades…
Le pitre châtié.
Mais non, c’est peut-être de nota.
Bon, pour rester dans le prosaïquement comique, ce qui n’est pas pour me déplaire, mon prof de composition parlait beaucoup du ‘corps du son’, et on se comprenait bien.
Je me souviens qu’un jour un élève lui demanda si l’on pouvait dire que le corps du compositeur était le corps du son. Et le brave homme (Donatoni) de lui répondre que s’il (l’élève) voulait faire de la métaphasique il n’avait qu’à s’inscrire au département de philosophie ou, à la limite, faire de la théologie, mais que dans sa classe on étudiait composition.
la poésie de l’ordonnance…
appeautiquerrement
bon,je peux sortir faire les courses,il faut que j’achète du savon,ou l’on retrouve ponge,du coup je pense à son priapisme,et je me dis que plutôt que de sortir acheter du savon…mais comme une emmerde n’arrive jamais seule,non seulement je perds mon boulot mais c’est que j’ai aussi perdu ma dulcinée!Mais là,c’est pas la faute des américains,faut le dire.A bientôt,les copains!
et le volume de la poésie du DSM
ébruittéleaudormant
Oui, le poète de génie comme le Roi a deux corps. La royauté verbale des Hugo, Claudel etc ait passer les bonnes troussées etles coups de canifs donnés dans le contrat de mariage de la bonne bourgeoisie Lyonnaise.Le fait d’appartenir post mortem à une comunauté par le verbe conduit à l’effacement dans la coscience collective des péchés réels ou supposés. On n’a pasencore trouvé un esp^rit tordu pour reprocher à ronsard son Institution à Charles IX, cela arrivera peut etre, mais il restera Ronsard.
Je ne suis pas sur que le culte des vieux maitres vivants soit une marque de décadence.On a connu semblable phénomène aux beuxtemps de l’hugolatrie, et toute Insttution à besoin de repères. Alors on encense les vieux, tandis que la poésie se reouvelle dans l’ombre des revues et des plaquettes confidenielles. Meme chose pour la peinture. Il faut simplement chercher.
Les anathèmes bien excessifs proférés à l’égard de Jaccottet appellent le mot de Gide sur Mallarmé : « Qund donc comprendra-t-on qu’on ne se débarasse pas d’un si grand poète en ne le comprenant tout simplement pas? »
Comparaison n ‘est certes pas raison, etl’univers est différent. Reste que Jaccottet est un poète. Ce n’est déjà pas mal.
MCourt
de nota, Lamberto Vitali et moi-même avons travaillé un temps pour la même revue…
Cependant je le fréquentais déjà enfant, mais c’était très indirect : il causait avec mon père. Plus tard ce fut par le biais de Beniamino Dal Fabbro (critique musical et traducteur de Valery) que je l’ai ré-rencontré, quelques déjeuner assez amusant… Bon, cela dit, je ne comprends pas ce qu’il vient faire ici…
« Si punteggia uno squarcio… »
u,
songez au « un’allodola … punteggiava lo spazio di voli brevi » de Moravia ; mais aussi le plus prosaïque « le vele punteggiavano di bianco l’azzurro del mare »
de nota, vous êtes mûr pour écrire un bouquin !
D’accord, renato, on peut « ponctuer » tout cela.
Mais dans le vers de Montale, ce qui m’a arrêté est qu’il s’agit d’un trou, d’une brèche.
Jaccottet a traduit par coudre, comme on dit « faire un point » à un accroc, c’est bien ça?
Le poète a deux corps.
Le blogueur, lui, est heureusement dématérialisé…
Encore que, chez un Mauvaise langue il y a un mélange de résistance, de consistance, de pesanteur qui évoque un peu le somatique.
« … traduit par coudre… »
Je me suis aussi arrêté sur ce point, et me suis banalement dit qu’il pense au cordonnier lequel « punteggia les suole » avant de les coudre à la partie supérieure de la chaussure… me suis aussi demandé à quoi tout ça pouvait bien renvoyer, puis je me suis fait un café et la chose m’est sortie de la tête. En tout cas, l’expression montalienne tient le coup, grâce aussi à la fumée du vers suivant avec sa vague résonance chirichienne… montalienne et chirichienne c’est joliii !
Je suis homo, pédé, tarlouze, pédale, enfin vous choisirez vous-même comment le dire, et pourtant j’ai l’impression d’être anormal pour n’avoir eu que peu d’intérêt pour les zobs et les culs des autres (cela a toujours été bien loin d’être tout le monde) en comparaison des agitateurs de godemihochets du lieu…
Donc la sexualité est désormais politique apprend-on via twitter, bien, bon, et le respect de la vie privée d’autrui ? ah, ça on dirait bien que tout le monde s’en fout !!!
Oups ! l’expression montalienne tient le coup, grâce aussi à la fumée du vers suivant…
Le vers précédant, pardon…
le mariage pour tous validé par le conseil constitutionnel… vive les vieux cons !
en comparaison des agitateurs de godemihochets du lieu…
Tiens, hr a un nouvel élève…il sera bien au fond de la classe celui-là, enchaîné au radiateur
Deuxième étape, la polygamie ! Yoopee ! Merci les vieux cons … en attendant je vais épouser grand-père !
Simon dit: 17 mai 2013 à 16 h 32 min
Je suis homo, pédé, tarlouze, pédale
C’est pas un casuel, ça, c’est juste de l’identité… Ca pourrait éventuellement intéresser les Kommandanturs, mais comme de toutes manières l’urgent est de les faire sauter…
« Donc la sexualité est désormais politique… »
La sexualité a toujours été politique, seulement par le passé cet être politique ne concernait que les quelques individus investis d’un pouvoir. Maintenant, économie aidant, la question de la sexualité s’est démocratisée… comme l’art et la littérature, pas le cinéma qui est né démocratique, lui. L’appartenance sexuelle devient donc un point du débat, et cela quel que ce soit le sujet… et c’est bien ainsi car la démocratie se construit par l’harmonisation des différences, et vous comprenez bien que si un phénomène n’est pas nommé il n’est pas facile de l’harmoniser…
la démocratie du moment qu’elle n’est pas endemol…
il sera bien au fond de la classe celui-là, enchaîné au radiateur
Oui, mais il est d’accord, ce qui change tout.
Il me semble que la confusion entre désir et envie est délétère, maintenant je peine à voir l’aspect politique de la chose, si ce n’est celle de la baudruche pour les carburateurs au second.
Ta classe c’est Aldo Macionne ducon ?
JC va épouser grand-père ! depuis le temps qu’il y pense
l’harmonisation des différences
Avant de prétendre retrousser les manches pour y travailler, un devoir minimal de mémoire sur le texte de la constitution du pays serait déjà bien plus utile, entre autre chez les autoproclamés gardiens de la démocratie ou carrément les assermentés… Ce n’est qu’après cela que définir des catégories, poids ou mesures en plus pour agrémenter le catalogue aura une chance de sembler utile !
La mentalité « guerre de clans » c’est la régression dévastatrice assurée. Et cela m’a l’air bien visible…
« JC va épouser grand-père »
il doit d’abord observer une periode de deuil pour un détenteur de pouvoir selon ses voeux, qui vient de crever: l’assassin videla( c’est tégniez aussi qui doit bien être très affligé) -le pape va sûrement prier et donner des messes en l’honneur de ce chef dont il a toujours su si bien s’accommoder
La démocratie est l’habillage, le maquillage, de la structure clanique des pouvoirs ! C’est dire que « Le changement n’existe pas »
Tout le reste est littérature…
« Deuxième étape, la polygamie »
Qu’est-ce qu’il est perturbateur le pq! incroyable! il oublie que tout ça (polyandirie y compris) existe déjà plus ou moins hyprocritement dans les faits –
Le printemps arrive vraiment à petits pas, parfois il recule, comment veux-tu que je t’encule, Simon ?
T’as pas de désir ou t’as pas envie, ça revient au même, non ?
Il parait que ça touche un pourcentage assez important de nos populations ! La vie en vierge c’est un peu comme la vie en viager ? On n’est pas propriétaires de nos corps et on les rend tel que nous les avons trouvés en naissant. On laisse les plus débiles se charger de la reproduction de l’espèce.
Pas bête et vous évitez les emmerdements de la passion.
C’est un pari sur Dieu, à la Pascal ?
Comme Mauvaise langue…
Dimanche matin, je pars pour une semaine pleine à Istanbul, je vous enverrez peut-être une carte postale, si j’ai le temps et l’envie !
(merci d’avance versubtil, je vous répondrait à mon retour)
répondrai, pardon…
…
…bon,…les charters fonctionnent toujours,…
…
…aller-retour,…loger et payer avec une pension,…de haut-fait-d’armes,…le travail, en Europe,…et tout les étrangers retournent chez-soi,…Nul besoins de faire des » Show-Ah « ,…pour,…Stalag 13,…tous des Dallas à plumes de Las-Vegas,…
…
…Afrique, Asie, Proche-Orient, Amériques,…Océanie,…Est-Européen,…Groenland,…retour à la case départ,…
…et enfin,…des emplois du Moyen-Age,…
…payement mensuel,…
…des bottes aux fesses,…Chez-Aux-Champs,…avec 200 €uros,…Cash,…
…
…il y a bien l’île de Lesbos,…les bottes aux culs,…
…la civilisation des expériences sociales,…
…l’homme livré à ses semblables,…se les rouler en temps de crise,…etc,…Ah,…avec ses congés payer,…de solidarité sociale,…sur abus des misères civiles,…
…
…vive le » stalinisme européen des liberticides impériales des traîtres des peuples « ,…à Dada sur mon bidet,…etc,…
…
« Qu’y a-t-il de plus difficile à écrire pour un romancier que des scènes d’amour ? La vie quotidienne virtuelle des geeks en particulier et de tous ceux en général dont l’existence est filtrée par un écran… »
Il parle de nous dans son dernier Twit, le Passou ?
Euh… Baroz… pour un journaliste vous m’avez l’air vraiment très très mal informé… mais alors très très mal…
et non, désir ou envie ce n’est pas pareil, ou alors vous ne pouvez carburer qu’à la frustration, d’une manière ou d’une autre…
mais cela reste bien dans la ligne médiatique, aussi d’ailleurs de faire dans la désinformation calculée
Au lieu de tortiller du cul, Simon, expliquez nous plutôt en deux mots la différence entre envie et désir : je te veux je te nique, c’est de l’envie ou du désir ?
n’y voyez qu’un exemple, Simon, je ne me le permettrais pas !
je te veux je te nique, c’est de l’envie ou du désir ?
baroz
Mais non, c’est un besoin, épicétou.
c’est pourtant simple, baroz, cela ne meurt pas pareillement, et la résurrection n’en parlons pas !
maintenant si vous tenez à me faire passer pour une chochotte qui cherche à soigner son auréole, allez-y, n’importe quel lecteur attentif saura remarquer que je n’ai pas écrit que l’un ou l’autre me laisserait de marbre, je n’aime pas qu’on mélange tout, point.
Tout le reste est littérature…
Alors pourquoi tant de foin pour quelques pages en plus ?
« On laisse les plus débiles se charger de la reproduction de l’espèce. »
RACISTE !
Plus de 1000 commentaires sur Jaccommet,qui l’eût cru?
Peu de remarques sur la superbe photo où l’on voit le poète,le pied gauche en avant,le pied droit légèrement replié ,s’avançant vers nous,nous suppliant de lire Sebald et Mandelstam plutôt que Char.
Par quel chemin sommes nous venus à parler du Journal de Maurice de
Guérin?
J’aime lire ces échanges à bâtons rompus,ces joutes verbales où les fleurets ne sont pas toujours mouchetés.
Cela nécessite du temps et par conséquent des loisirs mais la pluie nous interdit le tennis,la Feria de Nîmes,le Grand Journal de Canal ou le match de football Nice vs OL.
Merci donc aux prolixes contributeurs de ce blog.
« On laisse les plus débiles se charger de la reproduction de l’espèce. »
toujours avec ses charges et acrymonie antigoïhétéro baroz..on sait cqui pousse dans les choux..on attend toujours d’savoir cqui pousse dans l’oignon de jicé
baroz tuerait père et mère pour prétendre ne pas tortiller du cul..
sur la splendeur
« e Journal de Kafka à la date du 17 octobre 1921 par exemple : « Il est
parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et
toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible,
lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile, ni malveillante, ni sourde, qu’on l’invoque par le mot
juste, par son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais
invoque. »
Et moi maintenant tout entier dans la cascade céleste
de haut en bas couché dans la chevelure de l’air
ici, l’égal des feuilles les plus lumineuses,
suspendu à peine moins haut que la buse,
regardant,
écoutant
(et lès papillons sont autant de flammes perdues,
les montagnes autant de fumées) —
un instant, d’embrasser le cercle entier du ciel
autour de moi, j’y crois la mort comprise.
Je ne vois presque plus rien que la lumière, les cris d’oiseaux lointains en sont les nœuds,
toute la montagne du jour est allumée,
elle ne me surplombe plus,
elle m’enflamme.
(Ph. Jaccottet, leçons, 1969)
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Merci
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