Polanski, tel qu’en lui-même enfin…
De quelque côté qu’on le prenne, sous quelque film qu’on l’envisage, pour peu qu’on soulève son masque ou ses divers dominos, Roman Polanski est toujours le même, un petit bonhomme qui, par son astuce, son intrépidité et un impérieux instinct de survie, a su fuir du ghetto de Cracovie pour échapper à la déportation et Auschwitz où périt sa mère ─ traumatisme initial et plaie immarcescible. À tout jamais il restera cet enfant orphelin. Mais c’est un homme accompli, un mensch franco-polonais, un cinéaste de première, issu de la prestigieuse académie de cinéma de Łódź où il côtoya son maître et ami Andrzej Wajda, que nous présente, tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, l’ouvrage monumental coordonné par Jean-Max Méjean, Roman Polanski (Gremese, 2021, 208p., 29€).
Comblant un vide de la critique cinématographique s’agissant d’un cinéaste majeur de notre temps et l’un des plus couronnés d’Oscars, d’Ours d’or, de Mostra et de Césars…, cet ouvrage réunit 27 contributeurs couvrant la filmographie complète de Roman Polanski ─ 15 courts métrages et 23 longs métrages ─ avec en prime une préface éclairante de Dominique Legrand, éminent expert. « Le cinéma de Roman Polanski a su aussi s’imposer dans un style si particulier et aisément identifiable, qu’on pourrait parler sans problème de Polanski’s touch », écrit d’emblée le maître d’œuvre de ce livre, Jean-Max Méjean, critique de cinéma grand angle. C’est à cette « touche » si personnelle ─ tout comme on a pu parler de Lubitsch touch ─ que s’attachent les différents exégètes.
Tous ceux qui écrivent et commentent ici ont un lien affectif, et pour certains intime, avec le cinéaste. Et tous témoignent d’une grande admiration pour ce perfectionniste de l’image et du plan. Comment s’étonner qu’une Zoé Valdés, la romancière franco-cubaine qui avait donné naguère Louves de mer, un roman historique sur la piraterie aux Caraïbes, s’attache ici à analyser Pirates, avec le grand Walter Matthau ?
« Dans Roman, les mémoires du cinéaste, on peut lire à la première phrase du livre : ‘’Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, la frontière entre le réel et l’imaginaire a toujours été désespérément brouillée’’. On pourrait affirmer que cette frontière renvoie assez bien au clapotis houleux, si joliment redessiné, voire repoussé tel un cuir brut, dans certaines scènes de Pirates. L’horizon et ses vibrations contradictoires, litanie, aridité, réverbération irrépressible ; finalement, l’horizon telle une mélodie douloureuse d’un vieux piano déglingué, une invitation à l’infini et éternel voyage d’une nette imago du passé vers une autre apparence brouillée du présent le plus absurde, de la mémoire vers l’inépuisable création. »
Tout est dit sur la lanterne magique de Polanski qui renvoie inlassablement l’inépuisable faisceau des traumas de l’enfance : sur le radeau qui dérive, la dent vorace de l’ogre capitaine est près de mordre la chair appétissante de l’enfant ! Au demeurant, dans sa riche iconographie, cet ouvrage exhibe les dessins des costumes croqués par le jeune Roman à l’école de cinéma de Łódź, parmi lesquels un magnifique pirate, bandeau sur l’œil, poignard brandi, côtoyant l’image de la Mort, squelette sous vaste cape, faux à la main.
Et comment s’étonner que Dominique Legrand, chantre de Brian de Palma et auteur de La Passion Polanski (Marest Éditeur, 2017), s’attache à ce film démolisseur, What ? /Quoi ?, où le cinéaste campe un Marcello Mastroianni rongé d’eczéma, séducteur démonétisé, démystifiant ainsi les gloires d’Hollywood et de Cinecittà, tout en exaltant la somptueuse nudité de Sydne Rome ? Avec la scène culte où cette dernière, vêtue seulement d’une veste de pyjama, se tient debout sur le lit d’un vieillard aussi agonisant que lubrique, sur les instances duquel elle écarte les jambes, lui révélant ainsi ce que Courbet nomma « L’origine du monde ». Et face à cette splendeur, dans l’atmosphère délétère de la libération sexuelle des années soixante, le cinéaste campé en petitesse et fragilité s’affuble du nom de Moustique. Et Legrand d’en dégager la portée :
« De ce film persiste un étrange parfum, où l’absurde le dispute en permanence à l’humour. Le personnage de Mastroianni, amateur de flagellation et porté sur les costumes, appartient bien à cette galerie typiquement polanskienne : Donald Pleasence dans Cul-de-Sac, Polanskl lui-même dans Le Locataire, Peter Coyote dans Lunes de fiel, ou encore Mathieu Amalric dans La Vénus à la fourrure, autant de personnages qui composent son univers fantasque et débridé. »
Si l’on sait que Roman Polanski, cinéaste franco-polonais, est né (à Paris en 1933) Raymond Liebling, on comprendra qu’il ait toujours avancé masqué. Et que tout film issu de sa lanterne magique ─ jouet primordial de son enfance ─ est à double sens, double entrée, double étage ─ comme dans Le Locataire ─, double couple ─ comme dans Lunes de fiel ─ et qu’il se fonde toujours sur une duplicité, un moi au miroir, illusoire ou évanescent. On ne saurait visionner The Ghostwriter sans regarder derrière, sans douter de l’apparence, sans retourner le décor. Le ressort essentiel du film est justement un tiroir renversé, au dos duquel une enveloppe scotchée délivre la clé de l’intrigue qui, en bonne logique policière, se développe en jeu de piste :
« Le protagoniste, ce Ghostwriter, n’est jamais nommé. N’ayant pas de nom, il se présente comme Ghost tout court et son employeur, un ex-premier ministre britannique, s’adresse toujours à lui en l’appelant Old man / mon vieux. Est-ce là le destin de tout nègre, disons plutôt écrivain anonyme, de n’être que l’innommable fantôme de l’Auteur ? »
Il est vrai que l’œuvre de Polanski est peuplé de fantômes ─ fussent-ils parodiques et comiques comme dans l’inénarrable Bal des vampires dont même le logo MGM remplace le célèbre Lion grogneur par « un petit vampire vert aux dents sanguinolentes » (Jean-François Piou-Bert). Mais les vrais fantômes surgissent de son passé polonais qu’à l’inverse de Wajda Polanski a voulu fuir, ou alors déguiser sous diverses fables et références. Vient enfin Le Pianiste, ce chef d’œuvre justement couronné de la Palme d’or à Cannes, où Roman, revit son ghetto, sa fuite, son angoisse… Ce film, marqué au rouge par le traumatisme initial et la tragédie de la Shoah, est assurément celui de sa maturité, où tous les masques tombent :
« On sait qu’à l’image de son histoire personnelle d’enfant qui, très tôt, s’est retrouvé seul au monde (orphelin et entouré de gens qui voulaient sa perte), son cinéma abonde en personnages qui tentent vainement de se débattre dans un monde hostile où le Mal règne en maître… Le Mal dans ce film, c’est principalement le nazisme, avec l’arrivée des hitlériens à Varsovie où ils imposent leur terreur… Cette violence démente s’accompagne de la mise en place d’un enfermement (ici le ghetto), thème récurrent dans tout le cinéma de Polanski. » (Jean-Michel Ropars)
Rien de plus authentique, douloureux et émouvant, que la mémoire de Roman portée à l’écran. Le Pianiste, au-delà de l’adaptation d’un récit mémorieux du musicien polonais Wladyslaw Szpilman, révèle à l’écran les obsédantes images de Roman ─ autre encerclé vif au ghetto de Cracovie. Rien de plus impérieux aussi, c’est pourquoi, dans l’excellent film d’Arte, réalisé en 2011 par Laurent Bouzereau, Roman Polanski. A Film Memoir, le cinéaste déclare que de toute son œuvre c’est ce film-là qu’il retiendrait pour couronner son tombeau.
Un autre fantôme court à travers l’infâme procès de Dreyfus et c’est le brûlot de J’accuse, son dernier film et l’un des plus accomplis, que l’on a pu apprécier alors même que les hyènes se déchaînaient contre lui à la lamentable soirée des Césars. Dans sa très belle analyse « Roman, le mal-aimé », Dominique Delouche ─ qui fut l’assistant de Fellini ─ y revient avec les phrases les plus percutantes de ce livre :
« A-t-il in fine exorcisé le golem qui l’accompagne depuis le yiddishland ashkénaze de son enfance et voulu se débarrasser du bijou fétide qu’il portait au cou comme sa chère Rosemary-Mia Farrow ?… C’est là que surgit la Némésis, déesse de la vengeance… Elle sort de son antre comme éclate un abcès… Il se réfugie dans une sorte de cage dorée que lui offre la Suisse mais les menottes sont aux frontières. »
En vérité, on ne peut s’approcher valablement de l’œuvre de Roman Polanski sans en référer fatalement à ses origines juives et à sa vie si terriblement bousculée et frappée au sceau de la tragédie, dont l’assassinat de son épouse Sharon Tate et de l’enfant qu’elle portait. Tous les contributeurs de ce livre le souligneront au point de donner à cet ouvrage un poids d’émotion rarement atteint dans une œuvre collective. Une concordance totale dans la sympathie, ou mieux l’empathie, avec Roman, ce « mal-aimé », ce tant admiré et finalement tant aimé. Merveilleux illusionniste pour qui chaque image sur l’écran signe l’enclos, l’évasion et la délivrance, Roman reste à jamais le cinéaste illuminé de Łódź.
Albert Bensoussan
26 Réponses pour Polanski, tel qu’en lui-même enfin…
oui, oui, d’une certaine façon, maisla votre, on peut dire qu’il « a tout eu »,Roman , il ne lui est resté qu’à mettre son nom, the touch;
merci, intime de LODZ , ET du traumatisme initial
Albert Bensoussan, qui connaît aussi bien l’âme séfarade que l’ashkenaze. nous livre ici un magnifique hommage à un cinéaste hors-pair. Bravo!
« À tout jamais il restera cet enfant orphelin. »
C’est très émouvant, bravo.
Pour d’autres, a tout jamais il restera, hélas, un violeur.
« ’un cinéaste majeur de notre temps et l’un des plus couronnés d’Oscars, d’Ours d’or, de Mostra et de Césars… »
Mais il lui manque la reconnaissance suprême de la Palme d’or cannoise !
Cet » orohelin » n’a pas eu non plus la reconnaissance de l’école de Lodz. C’est très étonnant.
Je salue cette prouesse de M. Bensoussan, réussir à faite un éloge tout en larmes, sans mentionner celles des victimes de sexual abuse de la part de Polanski, bravo.
« alors même que les hyènes se déchaînaient contre lui à la lamentable soirée des Césars. »
Et que dire de la présidente de région Ile de France et de la présidente de France Télévision, qui ont publiquement regretté que l’argent public ait contribué à financer un film dont le réalisateur est toujours en fuite, refusant de se présenter devant la justice américaine et devant plusieurs témoignages d’abus sexuel sur des jeunes filles, a l’époque.
Des hyènes, aussi ?
Est-ce que chez les Juifs, la parole des femmes est à ce point déconsidérée ?
J’espère que M.Bensoussan ne s’exprime pas en leurs noms a tous.
La maman de Polanski , paix à son âme, etait catholique; elle n’aurait sûrement pas cautionné les actes d’abus sexuels qui pèsent comme des fantômes sur tout ce que fait son fils R. Polanski
Texte magnifique qui magnifie dans le souvenir les films de polanski qu’on a vus et taraude de l’envie d’aller voir ceux qu’on n’a pas encore vus .
Qu’à a faire avec cet hommage siriche elaboré a un monument du cinema le rappel d’ennuis judiciaires que lui aurait valu une accusation d’abus sexuels
Si tant est que leur gravité soit averée, admirer l’œuvre est-ce cautionner les derives de l’homme.
D’ailleurs si caution il y avait dans l’esprits de certains, Marie Sasseur precise bien que seuls les juifs pourraient aller jusqu’à cette extrémité ,et surement pas la mere de Polanski qui, catholique, a une morale plus exigeante
Singulière posture antisémite d’une internaute qui entend briller en star sur ce blog
Si dénoncer Pokanski comme un abuseur sexuel ,qu’il est, et en fuite, revient à être vilipendée comme antisémite de la part d’une contributrice qui se pame devant les nazis qui ont servi dans la légion étrangère, on ne pourra qu’évacuer l’argument avec la plus extrême fermeté, la renvoyant à quelques uns de ses travers qui plus qui quiconque sur la rdl, pose question sur ses réflexions hystériques à propos des Juifs.
Pokanski s’est servi de Dreyfus, il s’est lui-même reconnu dans la posture de » victime » pour mieux faire taire, ceux que M. Bensoussan qualifie de « hyènes ». Comme cette espèce animale est genree sexuellement, mais non grammaticalement, on pourra en conclure que M. Bensoussan a un problème avec le genre humain.
L’homme et l’oeuvre ?
Mais son oeuvre , dans plusieurs films, n’est que le reflet de cruauté et de sadisme, d’un esprit pour le moins dérangé par le sexe.
On comprend que deachach soit » taraudée », ce vocabulaire est d’un goût.
Je regrette, mais plus que cinéaste, j’ai surtout lu que M. Bensoussan défend Polanski, comme étant Juif.
Ce qu’il n’était pas d’ailleurs.
Sauf aux yeux des nazis.
Oui, la mere de R. Polanski était catholique. Elle est morte à Auschwitz, et elle était enceinte.
Triste destin.
Comme M. Besoussan présente R. Polanski comme un » enfant orphelin, il est bien naturel de penser a sa pauvre maman, qui n’aurait sûrement pas cautionné les abus sexuels dont est accusé son fils par plusieurs femmes, des jeunes filles a l’époque.
L’insulte antisémite a longtemps servi de paravent à des idées plus que douteuses et permis a ceux qui la brandissent d’espérer tuer le débat, alors que leur discours relève d’une idéologie fasciste.
Zemmour par exemple ne s’en prive pas.
Et Polanski, qui lui s’est servi de l’ histoire de Dreyfus, pour faire ecran sur toutes ses casseroles judicaires, c’est encore plus navrant.
M. Bensoussan raconte l’ histoire d’un pauvre orphelin, une légende urbaine qu’il conviendrait d’étudier.
Il est assez navrant de constater que certains internautes persistent dans la condamnation a priori qui jette en vrac l’oeuvre et l’homme à partir d’un épisode américain pour le moins controversé.
Si en plus s’immiscent quelques pincées d’antisémitisme qui ne dit pas totalement son nom alors le tableau est complet comme aux Césars.
Si on parle simplement cinéma et rien que cinéma il est logique que J’accuse ait été reconnu pour ses qualités nombreuses sans besoin d’une complaisance supposée. Il est logique aussi que le très scolaire ( un peu La leçon de piano du très pauvre) et empesé Portrait de la jeune fille en feu soit reparti un peu bredouille.
Revenir sur la réussite de Cul de sac, Répulsion, Chinatown, Le locataire, Macbeth, etc… est logique en termes de cinéphilie: même en ayant accompli la moitié de ces réussites , Polanski serait un grand cinéaste!
Présenter Polanski comme un rescapé de la Shoah , un enfant orphelin a jamais, pour tout alibi à ses démêlés avec la justice américaine pour abus sexuels et sa lâcheté devant plusieurs témoignages de femmes pas connues pour se mettre en avant ?
A d’autres.
Ce billet de L. Bensoussan, qu’on lit mieux comme traducteur de Vargas Llosa, n’est pas du tout une référence pour cinéphiles avertis.
Loin s’en faut pour qui a déjà vu plusieurs films de Polanski. Pas du tout une génie, d’ailleurs.
Sur la rdl il y a eu un billet sur cette adaptation par Polanski du roman de Harris, et l’affaire Dreyfus, qui loin de représenter une fidélité historique, et sans remettre en question tous les acteurs de la CF embarqués dans cette superproduction financée en partie par l’argent public,
est bien pour finir un moyen honteux pour Polanski de de servir de l’histoire.
Polanski a quand meme été viré des Oscars, des Cesars, et pour finir de l’école de Lodz.
Tous des antisémites et des hyènes, Baltringue ?
Ce qui est navrant avec ces réseaux sociaux, c’est que l’instantanéité donne l’impression à certains que leur dernière envie de pisser effacera ce qui a été posté ici:
https://larepubliquedeslivres.com/dreyfus/
Mais je lirais avec intérêt, l’avis de Bellâtre sur ce bouquin collectif dirigé par M. Méjean, qui explique le cinema de Polanski.
Surtout sur les intentions qui lui sont prêtées !
« Polanski, tel qu’en lui-même, enfin. »
Vous avez remarqué que l’on dissocie toujours l’ homme et « l’oeuvre », quand il s’agit de salauds ?
Cette injonction à la schizophrénie ne vous pose pas de cas de conscience ?
A moi non plus.
En fin, mon film préféré de Roman c’est « Popol en ski », en plusieurs tableaux que Courbet aurait pu sous-titrés « les balloches en free style » .
Marie Sasseur a encore frappé
bijou dans le genre mauvaise foi et malveillance
bashing minable a au carré:
Du Bensoussan-bashing, généré par du Polanski-bashing …et même au cube ,si on y superpose du DHH bashing
« Tous ceux qui écrivent et commentent ici ont un lien affectif, et pour certains intime, avec le cinéaste. », écrit M. Bensoussan.
Le caractère » intime » s’applique aussi, on l’a bien compris, a celles qui ont été » intimement » , sexuellement, abusées par R. Polanski.
Le prochain film de Polanski devrait en revanche ravir un certain public, plus dans une même classe d’âge.
Cet » enfant orphelin à jamais » est en plein casting, pour ce qui pourrait bien être : 50 nuances de cheveux gris.
Popol en ski, ça continue, pour votre plus grand plaisir :
« Roman Polanski recrute à l’enseigne de «The Palace»
Le réalisateur, 88 ans, cherche une centaine de figurants pour sa comédie satirique sur les très riches clients d’un luxueux hôtel suisse »
Exclu Capital
Enfin! Avec deux ans de retard, la société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (ARP) s’attaque au cas Roman Polanski. En effet, le réalisateur franco-polonais est membre depuis 1991 de l’ARP, à la fois organisme de gestion de droits d’auteurs et important lobby du 7ème art.
La « clause Polanski » c’est un peu comme une jurisprudence, un code de bonne conduite, si elle se concrétise elle est de nature a faire avancer le Droit, comme dans toute société qui refuse la barbarie.
« En pratique, la clause Polanski, si elle est adoptée, permettra de suspendre le réalisateur de l’ARP. En effet, la clause prévoit qu’un membre peut être suspendu en cas de « soustraction à une autorité judiciaire étrangère pour des faits dont la matérialité constituerait un crime ou un délit puni d’une peine pouvant aller jusqu’à au moins deux ans d’emprisonnement, selon le code pénal français”. Cette durée de deux ans “correspond à des délits et crimes graves, comme le harcèlement et l’agression sexuels, ou les abus de bien sociaux”, soulignent Olivier Nakache et Pierre Jolivet, co-présidents de l’ARP, dans leur rapport envoyé aux membres. »
Après tous ces scandales d’abus sexuels, il est bien qu’avec les lois qui évoluent sur la prescription, la société civile se mobilise pour dire stop aux thuriféraires et pratiquants du » j’abuse » !
Merci M. Bensoussan, la prochaine fois on causera du trafic de bananes ?
Ça me brancherait bien, de causer du dernier Vargas Llosa.
Je n’entrerai pas dans la polémique. Albert Bensoussan a écrit un texte superbe sur le très grand cinéaste auquel rend hommage le livre qu’il commente. Qu’on le veuille ou non, l’œuvre cinématographique de Polanski est l’un des monuments de l’histoire du cinéma et dans ce cadre-là c’est ce qui importe.
Ce qui importe aux uns n’est pas ce qui importe a d’autres, qui ne tiennent pas non plus Polanski comme un » grand » cinéaste. Pour avoir vu ses films !
Cette folie des grandeurs n’abuse plus personne.
Le terme de « hyènes » utilisé me scie.
Une autre analyse du J’accuse de Polanski :
https://www.liberation.fr/debats/2019/11/12/le-j-accuse-de-roman-polanski-en-trois-controverses_1762943/
je reconnais ne pas avoir vu le film.
Autant jusqu’à ce dernier, je parvenais (car j’aime profondément bon nombre de ses films) – Je parvenais mais quoique de plus en plus difficilement – à faire la part entre vie de l’auteur et son oeuvre, autant suite aux propos de Polanski sur l’affaire Dreyfus et la façon dont il l’a relié aux siennes, et aux attaques dont il est l’objet, un malaise profond m’a envahie.
Pour ne pas dire une tristesse teintée de colère. de la même nature (je sais, c’est presqu’inévitable, un poncif …) que celle qui me vient quand il m’arrive de penser à Bertrand Cantat dont je n’arrive plus à écouter aucune chanson dont le très beau « Bouquet de nerfs ». et quand elles passent dans l’air : coeur trituré et dans la gorge et nausée.
Je m’étonne que les hommes qui ont commenté ne comprennent pas les réactions de certaines femmes (dont je suis) à ces sujets très violents.
Contrairement à ce qu’allèguent certains internautes en réaction notamment aux commentaires de Marie Sasseur, je ne crois décidément pas que ce billet ait pour objet exclusif le cinéma.
mais bref, c’est mon point de vue et … venons-en justement au cinéma …
Personnellement, je retrouve assez mal l’esprit des films de Polanski que j’aime dans le compte rendu que vous faites de ce (apparemment) livre-somme-hommage-analyse-biographie.
Pour moi, les films de Polanski (fruits d’une longue carrière de cinéaste) sont majoritairement piquants, volontairement décalés, dotés d’une énergie et d’un rythme très spéciaux, traversés parfois d’un humour très particulier, envoient des flèches non-conformistes, ont un contenu subversif voire parfois férocement anti-bourgeois.
=> les cinéastes de l’Est, notamment dans les années 60-70, pour rappel, ont posé un regard critique, très aiguisé voire très vache sur la société tant d’Europe de l’Est, qu’occidentale, d’ailleurs.
Or dans votre billet, bizarrement, vous n’abordez pas frontalement cet aspect pourtant très important (me semble-t-il) de bon nombre de ses films. Vous mettez en avant les évènements tragiques de sa vie en les plaçant sous le signe de l’émotion et en les mettant en vis à vis de son oeuvre – – pourquoi pas ? mais ce fil rouge, également suivi par les auteurs des chapitres du livre apparemment, a ses limites.
Par là, vous lissez son cinéma, en gommez une partie de ses aspérités et ses originalités et amoindrissez son côté créatif et sa portée provocatrice …
or je crois que c’est en développant ce type d’esprit et ce regard et par eux que, justement, Polanski s’est confronté/ se confronte encore à certains éléments violents et insupportables de son passé.
Car c’est de cela qu’il s’agit. Vous évitez le fait que le cinéma de Polanski n’est ni lisse, ni doux, ni équilibré. Il a ses failles, ses gouffres, ses démesures et ses fines ou puissantes cruautés. Si je lui donnais la forme d’un objet, je dirais que c’est un couteau.
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