de Pierre Assouline

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Quelques éclats de l’âme de Kleist

Quelques éclats de l’âme de Kleist

Deux coups de feu ont été entendus un jeudi 21 novembre en milieu d’après-midi sur les berges du petit lac de Wannsee, près de Berlin. Il fut constaté que, au moyen de deux pistolets emportés dans le panier à pique-nique, l’homme avait abattu d’une balle dans la poitrine celle qu’il aimait, une femme du nom de Henriette Vogel, avant de se tirer une balle dans la bouche. Ils avaient une trentaine d’années. Un fait divers à ceci près que le tireur s’appelait Heinrich von Kleist, qu’il était poète, dramaturge, nouvelliste, romancier et que son double geste éclairerait à jamais d’un halo mélancolique (« à tendance morbide »lui diagnostiqua un médecin en 1802) son œuvre dont il ferait désormais partie. Cela s’est passé en 1811. Pourtant, l’écho des détonations se fait encore entendre un peu plus de deux siècles après. Preuve s’il en est que cette histoire nous dit aussi autre chose que ce qu’elle raconte.

Dans Le Voyage à Wannsee (190 pages, 18 euros, Gallimard), Patrick Fort, un nouvelliste qui signe là son deuxième roman, n’a pas seulement choisi d’en faire un roman en hommage au romantisme allemand : il a surtout pris le partie d’en confier la narration à l’ami du couple, fidèle au serment de secret de leur clandestinité puisqu’elle est mariée, le conseiller militaire Ernst Friedrich Peguilhen. Il est le mieux placé pour raconter car, outre ce lien privilégié, il s’est vite retrouvé sur les lieux du drame ; de plus, en sa qualité d’exécuteur testamentaire du poète, il a pu vivre l’enquête policière de l’intérieur ainsi que les pressions et la censure exercées par le pouvoir royal sur la police et la justice afin de dissimuler l’affaire au plus grand nombre.kliet

On voulut faire passer Kleist pour un raté que sa volonté absurde de rivaliser avec Goethe (alors qu’il avait eu l’humilité de« mettre mon cœur à genoux devant vous » en lui donnant à lire sa pièce Penthésilée) avait amené aux rives de la folie. On dira aussi qu’il avait manipulé cette pauvre Henriette alors que son soutien amical, affectueux puis amoureux fut total lorsqu’elle apprit qu’elle était atteinte d’un carcinome de la matrice qui la rongeait à mort. Même le rapport d’autopsie charge Kleist présenté comme un individu étant doté d’un « tempérament du type Sanguino Cholericus au Summo Gradu », et un hypocondriaque sujet aux extases religieuses. Ainsi le médecin-légiste présente-t-il les manifestations de la crise métaphysique d’un poète que la lecture de la Critique de la raison pure de Kant en 1801 avait ébranlé jusqu’à lui faire apparaître le Mal dans toute son horreur. De quoi le plonger dans une durable dépression et un désespoir dont il ne sortit jamais vraiment. Un article du Journal du monde élégant,paru six jours après son suicide, présente l’affaire ainsi :

« Kleist ? Un poète d’escarbouche, un des disciples les plus diffamés de l’école mystico-romantique, s’est déshonoré, a été victime de cette littérature marécage pestilentiel où ne naissent guère que des basilics »

image002Rejeté par ses contemporains, incompris même des romantiques (mais l’était-il lui-même vraiment ?, fût-il aussi inclassable que Richter ou Hölderlin ?), il dut sa postérité post-mortem à  Nietzsche qui le révéla en le portant au plus haut dans sa IIIème Considération inactuelle. Son acte a été longuement muri, ruminé, prémédité. Le matin même, il rédigea quelques lettres afin de ne pas quitter sa vie terrestre sans s’être réconcilié avec le monde. Espérons que leur découverte renverra le lecteur à l’œuvre même, ce qui demeure, au-delà de sa vie et de sa fin tragiques, l’essentiel : La Marquise d’O, le prince de Hombourg, La Petite Catherine de Heilbronn, Michael Kohlhaas, Sur le théâtre de marionnettes… Un œuvre qui connut un succès insoupçonnable au cinéma et à la télévision. N’empêche que nul ne pourra jamais la lire ou la relire sans avoir à l’esprit la fin de son auteur.

Le récit au passé ce ses derniers instants est fait heureusement sans pathos alors que tout y prédispose, avec une juste économie de moyens, d’une écriture au cordeau et d’une sobriété dénuée de sécheresse (oublions un malheureux « en journée » page 24) – on peut en lire ici un extrait. Patrick Fort s’est bien imprégné de la lecture de quelques biographies du poète, du visionnage d’un documentaire allemand en lui consacré en 2010, de textes de Michel Tournier (voir Le Vol du vampire), d’articles de l’époque qu’il reproduit en traduction en les intercalant opportunément, et surtout de la Correspondance complète de Kleist dans la traduction de Jean-Claude Schneider. De ces éclats de vérité il a fait une marqueterie. L’ensemble dessine un tableau dont les tonalités diffèrent du magnifique récit Christa Wolf, Kein Ort. Nirgends (paru en français en 2000 chez Fayard) que, curieusement, il ne cite pas, non plus que le Journal de Henriette Vogel imaginé par Karine Reschke dans La Vocation du bonheur (Actes sud, 1984), ni même Le Combat avec le démon (1925), son portrait par Stefan Zweig –mais peut-être l’a-t-il évité pour n’en être pas influencé ; il est vrai qu’il n’est pas facile pour un écrivain de mettre ses pas dans les traces laissées par une devancière si remarquable.1200px-Berlin_Kleistgrab

Un mot encore puisque cela ne manquera pas d’être soulevé. Kleist avait choisi le petit lac de Wannsee pour théâtre de cette tragédie. Or la villa Marlier où eut lieu le 20 janvier 1942 la fameuse conférence de Wannsee qui mit en œuvre la solution finale, point d’orgue de la guerre de destruction menée par Hitler contre les Juifs, se trouve tout près. Il n’y a évidemment aucun rapport entre les deux événements. Ce qui n’en a pas empêché certains, au mépris de tous les anachronismes, de voir dans le double coup de feu de 1811 l’annonce prémonitoire de la criminelle décadence de l’Allemagne entrainant l’Europe dans son suicide ( ! ) .

Sur la tombe des amants, on put lire ceci :

« Il vécut, chanta et souffrit par des temps sombres et difficiles

Il chercha la mort ici et trouva l’immortalité

(Matthieu, 6, 12)

2006-02_Frankfurt_(Oder)_34On ne peut plus le lire car les nazis firent gratter la citation pour lui substituer celle-ci extraite du Prince de Hombourg, le drame que Kleist avait écrit en l’honneur de la famille Hohenzollern,:

« Nun, o Unsterblichkeit, bist du ganz mein » (Maintenant, ô immortalité, tu es toute à moi !

Quoi qu’on en pense, c’est tout de même mieux que la plaque apposée sur son lieu de naissance à Francfort :

Ici se tenait la maison natale du poète. Détruite pendant la guerre fasciste 1945 »

Comme si l’Italie de Mussolini y était pour quelque chose ! Où va se nicher la révision de l’Histoire… Mais l’essentiel est ailleurs. On ne saura jamais ce que sont dits Heinrich et Henriette. D’autant que le Journal du poète a disparu. On en connaît juste le titre : Histoire de mon âme.kleist

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature étrangères.

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commentaires

1 092 Réponses pour Quelques éclats de l’âme de Kleist

Ed dit: à

D’ailleurs personne ne m’a répondu ! Blabla a-t-il été viré ? Et warum ?

Chaloux dit: à

« Je suis la seule ici à avoir des rapports sexuels  »

Ed, laisse ce genre de remarque aux coui.llons, STP.

rose dit: à

il suffit que je lise quelques lignes d’un auteur (ou ici d’un commentateur) pour percer les secrets son âme.

non.
vous passez énormément de temps à chercher les failles et côtés obscurs. Et avez qq jugements irrémédiables sans soutènement.

Ed dit: à

Chaloupe,

C’était drôle. Vous n’avez pas ri ?

Ed dit: à

Et la prose de bérénice, mon Dieu, aussi flasque que son enveloppe 🙂

Soleil vert dit: à

Aragon grand poète certes – cf le poème formidable fourni par Pierre Assouline – mais pas le premier (le jugement de Chaloux me semble juste). Si l’on veut savoir qui se trouve sur le toit du monde, appliquons la vieille méthode : qui a apporté quoi, ou qui a cassé l’édifice.

Et là au XXe siècle, un premier nom surgit. Apollinaire qui a supprimé la ponctuation.

raymond dit: à

Chaloux:
J’espère apporter un peu de mes sensations vécues auprès des écrivains et surtout finalement des musiciens auxquels je dois presque davantage. Merci pour vos propos, d’autant que lorsque vous parlez musique je sens tout un monde connu inconnu qui vient me visiter. Je vous retourne le compliment et le formidable. Oui, Aragon c’est souvent bâclé, c’est vrai, mais je l’aime bien quand même et le lire me remet une musique que j’avais entre temps oublié: son négligé fait du foin dans la langue, un débraillé qui se pourlèche.

rose dit: à

Quand vous écrivez Barozze vous féminisez en rajoutant un e à son patronyme. C’est humiliant.

rose dit: à

Verlaine qui nous a fait rêver.

rose dit: à

Beltégeuse

je ne dis pas personne ne se réalise sans être aimé.
je dis souffrir ne sert à rien.

Quant à mal et souffrance, un les me côte à côte, pas moi.
Le mal est la pire chose qui existe et n’a aucune utilité puisqu’il est mortifère en soi.

salut à tous, vais méditer sur cela.

rose dit: à

un les met.

Bételgeuse dit: à

Chaloux, la souffrance à diverses origines, mais elle vient d’un mal infligé soit par des circonstances historiques, climatiques, familiales soit par un autre qu’on pourra appeler tortionnaire, bourreau, agresseur, sadique, escroc, malfaisant violeur voleur affameurs esclavagiste profiteur mauvais mari maltraitant oppresseur exploiteur inhumain etc Quand elle ne naît pas d’une maladie organique ou psychique.

raymond dit: à

@Christiane
Merci de toutes ces bonnes paroles sur mon blog et pour ma traduction de Kleist, je me souviens d’avoir erré des jours et des nuits, incertain et pourtant sûr de mon projet dans cet été 2006 pour délivrer le texte promis à une revue de Charleville. Vous savez j’ai revécu alors cette fébrilité de Kleist qui devait chaque jour fournir des textes pour un quotidien littéraire de Berlin; il semble même en être devenu le seul rédacteur; l’aventure a duré quelques mois, un an avant son suicide. Or, ce texte fabuleux sur les marionnettes a été écrit ainsi à la diable, on pourrait dire presque sur un coin de table. Je crois qu’il avait la grâce. (Rimbaud n’est pas très loin.)

rose dit: à

non Chaloux n’ est pas un pauvre type.
Pablo 75
ai lu votre réponse, merci.

Chaloux dit: à

Apollinaire est comme Schubert un immense poète. Avec ou sans virgule.

Bételgeuse dit: à

Ed désolée de vous décevoir mais si ma prose n’est pas des meilleures ce à quoi d’ailleurs elle ne prétend, mon corps tient encore. On me donne couramment dix ans de moins que ce que l’état civil délivre.

Chaloux dit: à

Rose, il peut s’agir du mal comme composante de l’Univers, pas seulement de celui qu’on est susceptible de nous infliger à titre personnel ou nous-même d’infliger.

Ed dit: à

bérénice,

C’était un test. Bizarrement, vous ne vous êtes pas sentie obligée de vous justifier quand jazzi a fait une remarque d’un goût tout aussi mauvais…
@Pablo
CQFD

rose dit: à

Chaloux

je comprends la notion de composante de l’univers mais pardon, je ne vois toujours pas l’utilité.

Bételgeuse dit: à

Le Christ a racheté par sa souffrance nos péchés, Rose, mais sûrement son Père fut imprévoyant. Personne n’en eut espéré autant et pour l’éternité qui dure depuis ce temps.

Chaloux dit: à

« votre sexe-collaboration » c’est tellement con que je n’ai pas pu le lire la première fois.

Bételgeuse dit: à

Non parce que je ne suis pas aussi susceptible que vous et que de plus mon physique n’est pas une source de souffrance. J ajoute que ma réponse n’a rien de discourteous et qu il n’y a pas de quoi épiloguer.

Bételgeuse dit: à

Discourtois.

Soleil vert dit: à

rose dit: 5 août 2018 à 23 h 38 min
Verlaine qui nous a fait rêver.

Verlaine immense mais XIXe siècle … Rose

J’ai découvert il y a quelques années le sénégalais Birago . A coté de quelques poèmes qui sont les plus connus d’Afrique (Souffles, Le chant des rameurs), il versifiait comme Verlaine :

« Un sanglot qui se brise
Meurt dans un parfum de lilas,
Une chimère hier exquise
Laisse mon cœur bien las. »

Soleil vert dit: à

J’ai découvert il y a quelques années le sénégalais Birago Diop

Jean Langoncet dit: à

Corine is that you?

Jean Langoncet dit: à

Les passages Choiseul aux odeurs de jadis
Où sont-ils ? En hiver de ce Soixante-Dix
On s’amusait. J’étais républicain, Leconte
De Lisle aussi, ce cher Lemerre étant archonte
De droit, et l’on faisait chacun son acte en vers.
Jours enfuis ! Quels Autans soufflèrent à travers
La montagne ! Le Maître est décoré comme une
Châsse, et n’a pas encor digéré la commune.
Tous sont toqués, et moi qui chantais aux temps chauds,
Je danse sur la paille humide des cachots.

http://www.florilege.free.fr/verlaine/cellulairement.html

Ed dit: à

Chaloux,
Je ne sais plus qui disait que ce type catholique était le plus grand obsédé sexuel du blog. Je lui donne raison.

Chaloux dit: à

Ed, nos sommes tous des obsédés sexuels. Heureusement. Il y a seulement problème dans la façon dont Delaporte de la maison à la lumière rouge qui commence à clignoter et va bientôt s’éteindre le gère.

Chaloux dit: à

nous sommes

Delaporte dit: à

« Il y a seulement problème dans la façon dont Delaporte de la maison à la lumière rouge qui commence à clignoter et va bientôt s’éteindre le gère. »

Je gère cela très bien, grâce à mes connaissances en éthique et en morale catholique. Amen.

rose dit: à

nous sommes tous…

pas moi.

rose dit: à

le christ a racheté

dans le Coran il est écrit que nous subissons les épreuves
un, parce que nous sommes dignes/ capables de les supporter
deux, si nous sommes mis à l’ épreuve c’ est que ns sommes aimés.

rose dit: à

soleil vert

merci
pour moi il est mon contemporain, XXI ème. ai tort sans doute

Bételgeuse dit: à

Rose, l’islam est des religions la plus contraignante, de plus aucune évolution dans l’application des règles ce qui la rend moyenâgeuse, or nous sommes au XXI ème siècle. Les autres églises se sont adaptées, l’islam peut être considéré comme un système politique en faisant des états où il s’àpplique des théocraties, rien de ce qui se vit dans ces contrées ne doit déroger aux règles religieuses pondues il y a 1200 ans, à peu près? Et qui dérive de textes le precedant. Je suis résolument pour la séparation des pouvoirs si tant est que le divin soit une réalité et il n’est à mon avis qu’une réponse inventée pour répondre au mystèrecomme toutes les autres religions. Si les religions ont été utiles parce qu’il se présentait en enseignement et ensemble de règles régissant la vie des peuples car disponibles et diffusées en l’absence d’autres structures d’enseignement, j’estime que leur acceptation et application actuellement ne devraient pas déborder du cadre du choix’individuel.

Bételgeuse dit: à

Chaloux, la libido satisfaite ou frustrée agit sur nous , de là à en conclure que nous soyons tous des obsédés, pas d’accord. Eros, la pulsion de vie, certes mais cela n’en fait pas pour autant une obssessifs mais le principe de vie.

Anna Fort dit: à

Rentrée de longues « vacances » heureuse de vous retrouver ici, quelques disparus, beaucoup de nouveaux noms, toujours aussi chouette ce blog
A bientôt

Bételgeuse dit: à

Obsession.pour obsessif. Vous finirez comme Eddy Barclay, Les mariages en moins, la culture en plus. Toujours vous aurez besoin d’une petite jeune qui profitera de votre obsession et éventuellement si intéressée de votre culture .

Bételgeuse dit: à

Anna fort, les plus intéressants dont je ne suis le boudent.bientot cela va ressembler à Gala.

Bételgeuse dit: à

Parce qu’elles se présentaient, correction

rose dit: à

Beltégeuse

pourquoi écrivez-vous votre pseudo Bételgeuse désormais ?

Je compare certains points de l’islam avec la chrétienté, bcp de similitudes.
Certaines contraintes sont libératoires.

Encore bcp de traditions dont la virginité.

——–
Tant qu’il ne finit pas comme ce septuagénaire enfermé et torturé par sa femme de trente ans sa cadette à Aix, il a trouvé moyen de s’échapper et est à l’hôpital. Il y avait l’amant dans le coup.

rose dit: à

Dans les règles de vie, Beltégeuse, aucune ne prône l’assassinat et la femme est honorée comme un jardin de roses.

Bételgeuse dit: à

Loin d’être docteur en théologie , rose, mais cela est logique puisque l’islam est une adaptation postérieure au christianisme du christianisme, non?

Bételgeuse dit: à

C est d’ailleurs pour ces raisons chronologiques que les islamistes dans un sursaut d’intelligence s’applique à détruire toutes traces de civilisation antérieure et de culte précédant cette doctrine afin de prouver scientifiquement que leur dieu est seul unique et tout puissant. Les religions m’ennuient, rose et ces gens sont de sinistres crétins.

Bételgeuse dit: à

SCUSA s’appliquent.

renato dit: à

… « la Vie mode d’emploi » est le « chef-d’oeuvre absolu » de Perec…

Disons, Jacques, que le concept de chef-d’œuvre était — et reste — étranger aux meilleurs artistes du XXe siècle.
Cela dit, il se peut que Perec ne fût pas le plus cultivé des écrivains français de cette époque, mais il fut sans doute le mieux informé, et pas grâce à l’OuLiPo : il était simplement curieux de tout.

https://pin.it/ryfrnck6mymqgf

Phil dit: à

Merci Hamlet, retrouvé vos commentaires Broch Musil au milieu des poils pubiens. Le prestigieux blog à passou rappelle parfois un film de Borowczyk.
Les mathématiciens étaient écrivains dans l’empire austro-hongrois pendant que leur économie était la plus puissante d’Europe jusqu’au 1914, comment pouvait-on être romantique ? Broch donne du von à Bertrand, comme Kraus qui cherchait sa comtesse. me demande même si Weininger n’était pas ingénieur.

Paul Edel dit: à

« Proust dépeint des actions au ralenti, c’est-à-dire littéralement décomposées, par conséquent faussées » 6 Mars 1929
« Miss Barney raconte une conversation, avec Proust en habit noir » comme un mort » et avec une barbe de cadavre. » Décembre 1939, Paul Claudel, Journal
À Propos de Claudel, voilà ce qu’écrivait Bernanos dans « Les lettres françaises, du 14 Juin 1946 quand on lui parlait de son éventuelle entrée à l’Académie française, souhaitée par De Gaulle: « Je refuse tout, même l’accessoire et le frivole,-un ruban rouge par exemple ou, moins encore : un numéro à cette foire académique où vient d’entrer ,plus décoré que Goering et plus riche que Turelure, ce vieil imposteur de Claudel ».Le texte fut repris dans « Français si vous saviez. » Ah, la charité chrétienne.

Bételgeuse dit: à

Phil, mon allusion ne mentionnait pas les poils mais le pubis qui peut en être dépourvus. Ce qui ne facilite pas la quête d’authenticité concernant la blondeur qui éveille tant le désir masculin en étant souvent perçu comme une marque de pureté ou si l’on donne dans le romantisme bucolique comme notre idole nationale rappelle les vagues des champs de blé . Du blond ficelle au vénitien, Que de poèmes pour alimenter le commerce des coiffeurs coloristes.

Paul Edel dit: à

Jugement de Claudel sur Flaubert dans son Journal :
« Ce pauvre Flaubert vivant dans un endroit splendide comme Rouen (à l’époque des bateaux à voile) et ne s’intéressant absolument à rien de ce qui l‘entoure. Pas une vue de Rouen dans son œuvre, pas une impression intelligente et vécue. Quand on arrive d’aval, cette poche fumeuse remplie d’animalité humaine, la cathédrale avec son mât au milieu, et ce grand fleuve, au travers. Et de tout cela il sort cette ineptie qu’on appelle « Bouvard et Pécuchet «

renato dit: à

« cette importance niaise donnée à la forme encore de nos jours est la marque d’un romantisme qui n’en finit pas »

Importance donnée… importance donnée… comment reconnaître ? Enfin, hamlet, compte tenu de la relative bêtise porté par le mot « informel », pourriez-vous mettre en ligne l’image d’une poire sans forme ?

Cela dit, https://pin.it/3gwr62e2iq7b3w

renato dit: à

Le pauvre Claudel aurait dû commencer par comprendre sa sœur…

Bételgeuse dit: à

Hamlet, pour revenir à Flaubert, est_ ce qu’il ne se moquait pas justement du romantisme, toute son ironie déployée pour dénoncer l’imposture, le leurre du romantisme à quatre sous. Dans la Bovary, Bouvard et Pecuchet , le romantisme comme théâtre des illusions . https://www.etudes-litteraires.com/madame-bovary.php

Bételgeuse dit: à

Claudel que je n’ai jamais lu est un jaloux ou était il insensible à la folie Flaubertienne , trop sérieux Claudel pour se moquer, que faut il lire de lui?

Clopine dit: à

Jugement de Clopine sur le jugement de Claudel (ben tiens, je vais me gêner peut-être !) : ce pauvre Claudel n’a évidemment rien compris. Je ne parle même pas du vitrail de Saint Jean l’Hospitalier que l’on voit à la Cathédrale, ni de l’ironie assassine qui fait que la Bovary traverse Rouen sans rien en voir, occupée qu’elle est derrière les rideaux fermés de son fiacre, ce qui donne à Flaubert la possibilité de décrire tous les points lumineux de ses parcours rouennais, mais enfin Rouen est si présente chez Flaubert que la ville infuse, à la façon du sachet de thé colorant l’eau bouillante, l’oeuvre du romancier. Bref, là-dessus, Claudel est un c.o.n.

Phil dit: à

n’exagérez pas Dame Clopine. Claudel joue simplement son Léautaud religieux (ce qui vous irrite) en jugeant la prose de Flaubert aussi construite et artificielle que celle de Stendhal est naturelle.

P. comme Paris dit: à

Comme quoi le lieu ne fait pas l’homme, Paul Edel.

Pablo75 dit: à

@ Rose

« Le mal signifie pour moi la mauvaiseté, la salo..rie. Un enfant né handicapé, une mère pauvre avec quatre enfants à nourrir (quelle chance elle a eue) ne sont pas des exemples du mal. »

Le fait qu’un enfant soit handicapé de naissance ou suite à un accident de la route provoqué par un délinquant qui fuit la police, par exemple, ça change quelque chose? La guerre civile qu’a tellement fait souffrir ma grande-mère a été provoquée par des salopards. Le mal on le subit, quelle que soit la cause.

« À quoi sert de souffrir ? À rien. Le mal n’a aucune utilité. Voilà mon point de vue. » […] « je dis souffrir ne sert à rien. […] vais méditer sur cela. »

Tu devrais commencer par lire « Le livre de Job », qui est le livre le plus profond de la Bible. Et après « Vies de Job » du patron.

« Comment émerge-t’on de la douleur ? En lambeaux. Combien d’années met-on à se reconstruire ? Une foultitude. »

Ou pas. Il y a des parents qui sont devenus des amis de l’assassin de leur fille, qui s’est repenti en prison et a totalement changé. Ils vont le voir régulièrement et prient ensemble. Les trois ont avancé de façon gigantesque, spirituellement parlant, ou pas?

Le mal, la souffrance, je te le répète, existent pour faire évoluer spirituellement les êtres humains (et les sociétés, les pays, l’humanité). Ceux qui ne sont pas capables de le faire reviendront les fois qu’il faudra dans la Matière, jusqu’à qu’ils comprennent.

Dans cette vie tu es Taureau: c’est donc normal que cela te coûte beaucoup comprendre le sens du Mal. Mais tes expériences dans cette vie te seront très utiles pour l’évolution de ton âme, dont le chemin à parcourir sera long encore.

Médite le symbole de la montagne: il faut beaucoup souffrir pour arriver en haut la nuit et pouvoir assister à l’aube sur la cime. Mais c’est l’un des plus fantastiques spectacles qu’on puisse voir.

N’oublie pas le mot si profond de Goethe (qui était un initié): « Tout ce qui se passe dans la vie n’est que symbole ».

christiane dit: à

@raymond dit: 5 août 2018 à 23 h 45 min
Heureuse que « le point invisible » vous soit cristallin. Votre blog n’est pas un lieu fermé mais un lieu de passage, de transformation et d’interrogation. J’aime vos interventions sur le blog de Passou.

Pablo75 dit: à

Claudel est gentil avec Flaubert, par rapport aux Goncourt, Léautaud, Proust, Desnos, Drieu La Rochelle, Mauriac ou Alberto Savinio.

Ou à Dumas: « Dumas disait de Flaubert: ‘C’est un géant qui abat une forêt pour faire une boîte.’ (Barrès. Mes cahiers).

« Pour des raisons qui seraient trop longues à développer ici, je crois que la métaphore seule peut donner une sorte d’éternité au style, et il n’y a peut-être pas dans tout Flaubert une seule belle métaphore. Bien plus, ses images sont généralement si faibles qu’elles ne s’élèvent guère au-dessus de celles que pourraient trouver ses personnages les plus insignifiants. »
(Proust)

Bételgeuse dit: à

Pablo, dans la situation numero 1 il s’agit de malchance mais on peut connaître la malchance d’avoir à se coltiner de mauvaises gens sans pouvoir leur échapper et ceci occasionne des souffrances . La malchance de naître au mauvais endroit à une mauvaise époque. Ce sui occasionne des maux , des injustices toutes sortes des privations des pressions et entraves au bien être et à le liberté Uand cela n’aboutit pas à la destruction de l’être ou de sa dignité. Tyrans, despotes, et sur un plan restreint du privé vous pouvez être confronté sans moyen de vous en défendre ou défaire à des personnalités tyranisés ou perverses qui se repaissent du mal qu’ils occasionnent volontairement pour faire souffrir les êtres qui serviront d’exutoires à leurs désirs ou pulsions malsaines ou tordues.

Bételgeuse dit: à

Tyraniques pour tyranisés.

Bételgeuse dit: à

La phrase de Goethe me faut une belle jambe.

Jazzi dit: à

Comme quoi, on peut être un très grand écrivain et un mauvais critique. Et inversement !

Paul Edel dit: à

Bételgeuse.vous demandez ce qu’il faut lire de Claudel?
Si j’avais un seul texte de Claudel à recommander, ce serait « Partage de Midi »! Pièce complètement autobiographique. Le drame de sa liaison avec Rosalie Vetch, qui laissa Claudel désespéré, bouleversé, meurtri à jamais.. Nous sommes sur le pont d’un paquebot. Quatre coloniaux se rendent en Chine. C’est midi et le soleil cogne au milieu de la mer.  » On se sent horriblement visible, comme un pou entre deux lames de verre  » Nous sommes aussi au milieu de la vie de quatre personnages. Trois aventuriers et un fonctionnaire aux beaux jours du colonialisme dans les années 1890 .Le plus étonnant c’est que la pièce commence par une ton comédie de boulevard avec le mari et deux dragueurs rivaux .. Répliques courtes, marivaudage de croisière…. Mais tout bascule avec Mesa(malgré son nom c’est un homme..) se prend de passion immédiate et dévorante pour Ysé à qui il se confie : quand il a voulu se faire moine, Dieu l’a rejeté,(expérience autobiographique de Claudel) et voilà que, le péché venant s’ajouter à l’humiliation, il s’éprend maintenant d’une femme interdite. Le consul Claudel à Fou tcheou , raconte avec cette pièce sa liaison incandescente avec la femme mariée Rosalie Vetch avec laquelle il eut un enfant.. Cette liaison fit scandale dans la colonie française de Fou-tcheou, répercutée au Quai d’Orsay.. Claudel attendit 1948 pour faire jouer une pièce qui fut écrite en…. 1906. Claudel présente ainsi de sa pièce : « Rien de plus banal en apparence que le double thème sur lequel s’est édifié le drame. Le premier, celui de l’adultère :le mari, la femme, l’amant. L e second, celui de la lutte entre le vocation religieuse et l’appel de la chair. » Tout est dit.la mise en scène d’Antoine Vitez à la comédie française fut un grand moment de théâtre.
Si je devais recommander une autre lecture, c’est celle- très accessible- de l’introduction à la peinture hollandaise sous le titre « L’œil écoute » . Et les poèmes en prose de « Connaissance de l’Est » écrits en 1897 pendant ses séjours en Chine ; il écrit avec une grande simplicité à propos de la pluie sur les vallons chinois, des tombes, des peintures sur soie, de la mer, des, villages, des cultures , des nuits à la véranda .Il décrit ce qu’il voit des fenêtres de sa maison de Fou tchéou, ce qui complète l’histoire et donne le décor de la passion du « partage de midi ».

x dit: à

Paul Edel 8h 46 : bien sûr on peut voir la réaction de Bernanos comme la négation de ses principes, le triomphe du cher confrère et néanmoins rival, du polémiste tombé dans le persiflage sur le chrétien tel qu’il devrait être.
Mais on pourrait aussi penser que la « charité chrétienne » (l’amour du prochain et le « voyez comme ils s’aiment ») n’a rien du réflexe conditionné (ce qui ne manquerait pas d’exposer au « trop bon, trop c… » des petits malins) et qu’elle n’interdit pas l’usage de l’intelligence et du discernement.
Et surtout que Claudel n’étant pas un anonyme (dont le comportement n’aurait aucun retentissement au-delà du cercle des proches) mais bien un homme public qui se revendique, lui aussi, et hautement du christianisme, il importerait aussi à un intellectuel se réclamant des mêmes valeurs de souligner les incohérences du faire (argent, honneur) avec le dire, c’est-à-dire de dénoncer la trahison de ces valeurs.
Ne pas le faire exposant cette fois à l’accusation de complaisance (« ils se serrent les coudes ») et les valeurs elles-même au discrédit (« tous les mêmes »), c’est-à-dire à faire juger la foi commune et les principes dont elle se réclame à l’aune des comportements défaillants (humains).
On doit pouvoir dire cela sans être pris pour un partisan de la transparence à tout prix ou du puritanisme à l’américaine.

Petit exercice de pensée : changez les protagonistes, changez la croyance ou l’engagement (comme le politique perturbe autant l’exercice de la pensée que le religieux vous pouvez prendre le serment d’Hippocrate ou quelque chose de ce genre) et voyez si l’on ne reprocherait pas plutôt l’absence de dénonciation des « dérives ».

Merci pour la citation en tout cas !

closer dit: à

« Comme quoi, on peut être un très grand écrivain et un mauvais critique. »

Sauf que, Annibal, à en croire la liste dressée par Pablo à 10h23, ça fait beaucoup de mauvais critiques et pas des moindres!

Qu’est-ce que Flaubert leur a donc fait à tous?

x dit: à

Pablo, Alberto Savinio sur Flaubert, dans quel texte ?

raymond dit: à

@christiane
Merci d’estimer ce que je m’efforce de penser ici à voix haute. Je crois que je préfère cependant murmurer (maugréer) sur jepeinslepassage… oui, le passage, le pont…

hamlet dit: à

Claudel avait l’intuition de qu’il pouvait y avoir de plus haïssable chez Flaubert, cet homme qui tel un dieu distribue les bons points et les mauvais points, dit qui sont les bons et les mauvais, les bêtes et les douées, sans éprouver la moindre empathie pour ces êtres, qu’est-ce qu’un Dieu qui n’éprouve aucun amour pour les hommes sinon le Diable personnifié.

Alors oui, la forme et le style peuvent devenir les attributs du Mal, grâce à eux on peut faire rire et pleurer d’un claquement de doigt.

« avec ces trois contes je les ferai s’apitoyer, je les ferai pleurer », non pas qu’il éprouve lui-même une quelconque empathie, mais uniquement le pouvoir de créer cet empathie.

comment imaginer que Claudel puisse avoir la moindre admiration pour un homme à l’esprit aussi tordu qui incarne à ce point le Mal aux yeux de Dieu !

C’est que Claudel connaissait trop bien les Saintes Ecritures, mais il ignorait si Dieu lui pardonnerait ses péchés.

Cette histoire n’est-elle pas la nôtre aujourd’hui ?
Ne peut-on pas dire que la forme et le style sont à nouveau les attributs, non pas d’un malin génie dont les buts sont de nous tromper, mais à nouveau du Mal, pas difficile de sonder les coeurs pour connaître la vérité, car tout dansz notre monde n’est que calcul, mensonge et fausseté.

Jazzi dit: à

Belle présentation de l’oeuvre de Claudel, Paul. Il faudrait évoquer aussi l’étrange et sauvage « Tête d’Or » et l’incontournable « Soulier de satin »…

Paul Edel dit: à

Closer ,après la surchauffe lyrique du Romantisme imaginez le choc du lecteur découvrant la petite ville de Yonville ,sa boue ses bruines.son comice agricole et l opération d un pied bot…notons sur c est quand même à l époque le Baudelaire qui écrit les choses les plus intelligentes à l époque et c est G.Sand qui a compris la révolution de la sensibilité qui est révélée par l éducation sentimentale. c est Mauvaise Langue qui a très bien analysé tout ça et aussi le flaubertien

de haut vol…Biasi

Jazzi dit: à

Entre temps, mon éditeur Parigramme ayant des accointances avec la Mairie de Paris de Madame Hidalgo, a envoyé mon livre « Paris de fontaines en fontaines » chez les soldeurs et retiré l’ouvrage de son catalogue…

Paul Edel dit: à

c est Claudel qui a eu cette réflexion sur un ami qui avait atrocement souffert d une longue maladie et qui écrit quelque chose dans le genre :sil va en
enfer il ne verra aucune différence avec sa vie ici-bas

hamlet dit: à

si l’on devait chercher l’exact contraire de Flaubert on le trouverai dans Dostoïevski, cet homme n’avait aucunes qualités, mais que des défauts : voleur, menteur, infidèle, joueur, racisme, antisémite, va-t-en guerre, antipacifiste, slavophile….

il savait tous ces défauts, il n’avait pas la prétention d’être un homme bon, il n’aimait pas les hommes bons, ni les hommes méchants, il n’aimait pas l’humanité, il n’aimait que l’homme tel qu’il est.

aucune prétentions, surtout pas celle d’écrire en prenant le monde de haut comme Flaubert, qui tel un dieu grec perché sur son nuage assiste à la comédie humaine, non certainement pas ! Dostoïevski écrivait à hauteur d’homme, c’était l’écriture d’un homme qui ne vivait pas hors du monde mais dans le monde, parmi ses semblables, contrairement à Flaubert il partageait avec eux la même bêtise, les mêmes tares, les mêmes vices !

alors oui j’aime Dostoïevski autant que je déteste Flaubert !!! j’aime autant ce que représente le premier que je hais tout ce qu’incarne le second.

Paul Edel dit: à

il n aime pas les hommes bons? Dostoievski? alors pourquoi s attaché t il à créer la figure chtistique du prince Muickhine dans « l idiot
« ?

Jazzi dit: à

Aragon savait manier le lyrisme et la langue de bois.
Après la mort de Staline, puis de Maurice Thorez, en 1966, au comité d’Argenteuil, il faisait adopter par le PCF, la nouvelle ligne officielle en matière de culture :

« Qu’est-ce qu’un créateur ? Qu’il s’agisse de la musique, de la poésie, du roman, du théâtre, du cinéma, de l’architecture, de la peinture ou de la sculpture : le créateur n’est pas un simple fabricant de produits desquels les éléments sont donnés, un arrangeur. Il y a dans toute oeuvre d’art une part irréductible aux données et cette part, c’est l’homme même. Tel écrivain, tel artiste était seul capable de produire l’oeuvre créée. Concevoir et créer, c’est ce qui distingue les possibilités de l’homme et de l’animal. La culture, c’est le trésor accumulé des créations humaines. Et la création artistique et littéraire est aussi précieuse que la création scientifique, dont elle ouvre parfois les voies. Une humanité débarrassée des contraintes et des entraves qu’impose le « calcul égoïste » doit pouvoir trouver ce trésor et s’en saisir dans sa totalité. (…) C’est pourquoi l’on ne saurait limiter à aucun moment le droit qu’ont les créateurs à la recherche. C’est pourquoi les exigences expérimentales de la littérature et de l’art ne sauraient être niées et entravées, sans que soit gravement porté atteinte au développement de la culture et de l’esprit humain lui-même. »

Lavande dit: à

Sinon pour revenir à Kleist, Christiane rappelait le Prince joué à Avignon en 51 avec Gérard Philipe et Jeanne Moreau:

https://www.youtube.com/watch?v=HygjdmxfY-Q

Je n’étais pas encore une inconditionnelle du festival d’Avignon (!), bien que faisant partie des « vieilles dames » de ce blog.

closer dit: à

 » a envoyé mon livre « Paris de fontaines en fontaines » chez les soldeurs et retiré l’ouvrage de son catalogue… »

Sympa l’éditeur!

hamlet dit: à

qui d’autre pouvait faire vaciller le grand Nietzsche, le faire sombrer dans la folie que Dostoïevski ?

qui d’autre ? certainement pas Flaubert ou Stendhal ! que Nietzsche aimait bien…

Quelle coïncidence amusante que faire assister le grand Nietzsche à la même scène qu’il venait de lire dans un livre, celle où un type frappe un cheval.

Quelle ironie ! C’est sans doute l’histoire à la fois la plus belle et la plus amusante de la grande histoire de la pensée occidentale !!!

Un homme qui se être un nouveau prophète, le successeur de Paul, qui a l’ambition d’inventer de nouveaux paradigmes pour donner aux hommes une nouvelle vie.

Voilà-t-y pas que ce prophète sort de chez lui, fait quelques pas dans la rue, et voir un bonhomme taper sur son cheval pour le faire avancer, sans doute il ne le tapait pas trop fort, mais vois cela à suffit à ce que notre immense prophète se jette au cou de cheval, se mette à pleurer comme un gamin, mélant ses larmes à la bave de l’animal, et se mette surtout à quoi ? à lui demander pardon !!!

même dans un film on trouverait grotesque cette scène, on sortirait de la salle en pestant contre le scénariste de nous faire assister à des scènes aussi débiles !

mais là non ! cette histoire est incroyable mais vraie !

autre détail : son ami Oberbeck qui est le premier à lui rendre visite dans son hôpital écrira que Nietzsche se prenait pour Napoléon…

se prendre pou Napoléon, le cheval battu et le pardon ? tiens tiens où ai-je vu ces trois choses ensemble ?

ah oui je me souviens je l’ai lu dans Crime et Châtiment !

ce n’était pas la première lecture de ce livre que faisait Nietzsche, il le relisait pour la seconde fois, on a trouvé dans sa chambre d’hôtel, à côté de son lit, le livre ouvert à la page où Rodia parle de son rêve, ces types totalement ivres qui pour s’amuser battent un jeune cheval jusqu’à la mort.

autre chose qu’on trouve dans ce livre c’est Sonia, l’enfant prostituée, Nietzsche connaissait en bon client qu’il était.

Nietzsche voulait aller au delà du bien et du mal, c’était oublier la puissance du Pardon, il avait raison : la morale est un truc pour les niais, mais la force de pardonner est bien la marque de ceux qu’il appelait les « surhommes » !

Pardonner exige une force et des ressources qui représentent le plus grand mystère de l’homme, ce qui fait de lui une monstruosité au regard des autres entités peuplant l’univers, car il est le seul à détenir ce pouvoir.

Nietzsche aurait pu pardonner l’homme qui frappait le cheval, au lieu de cela il s’est jeté au cou du cheval pour lui demander pardon à lui, lui qui incarnait à ses yeux l’innocence et la faiblesse.

Pardon de quoi ? pardon pour qui ? certainement pas pour les coups que lui donnait cet homme, mais pardon pour tous les hommes, pour tous leurs crimes passés et à venir, pardon pour ce que l’on peut juger impardonnable, et hop ! c’est là, devant un pardon qui progète dans les abymes qu’il a pété un plomb !

Non, ce n’est certainement pas en lisant Madame Bovary que Nietzsche ou l’éducation sentimentale aurait pu le péter ce plomb.

Pat V dit: à

« Paris de fontaines en fontaines »

C’ est ce qui s’ appelle circonvenir Duchamp! 😉

hamlet dit: à

« Paul Edel dit: 6 août 2018 à 11 h 49 min
il n aime pas les hommes bons? Dostoievski? alors pourquoi s attaché t il à créer la figure chtistique du prince Muickhine dans « l idiot
« ? »

d’abord la réponse est dans les trois frères Karamasov : de Dimitri, Ivan et Alexis lequel est le préféré de Dostoïevski ? le chrsitique Alexis ? non, c’est Dimitri, pourquoi ? parce qu’il est le plus humain des trois.

pour l’Idiot : le livre ne tourne pas autour du Prince mais autour de Nastassia.

ce livre raconte (bien mieux qu’Angot) les effets d’un inceste, le fait d’avoir été trahie enfant par celui qu’elle pensait être son protecteur fait que cette femme va perdre tous repères sentimentaux.

elle a deux hommes autour d’elle, deux hommes opposés, le « mauvais » Rogojine et le bon Muchkine.

choisir le Prince la soignerait de son mal (la résilience comme dans les livre de Cyrulnik), pourtant elle va choisir l’autre.

sur le côté « christique » du Prince, il fait miroir à l’histoire du grand inquisiteur dans « crime et chatiment ».

Dostoïevski montre le façon dont la pure bonté est non seulement une chose incompréhensible, mais surtout une chose qui fait peur au point d’en devenir insupportable pour les autres, parce qu’elle échappe à toute logique, une logique sociale qui veut qu’une personne qui fait preuve de bonté ne fait jamais gratuitement, sans rien demandé en retour, d’où cette désignation : « idiot ».

Mais là encore je ne pense pas que Dostoïevski ait eu un quelconque penchant pour ce personnage du Prince, pas plus qu’il en a pour Alexis, où d’autre qui incarne cette bonté « christique » dont vous parlez.

Dostoïevski garde toujours les pieds sut terre, et quand certains de ses personnages n’ont plus les pieds sur terre en général il n’a guère de considération pour eux (cf la vie et la la mort staret Zozime – ou certains passages de « souvenirs de la maison des morts »)

david dit: à

Pour Aragon. qui a mieux parle de la vieillesse.

Il fait beau comme jamais

Un temps a rire et courir

un temps a ne pas mourir

un temps a craindre le pire

moi qui as vu en 1966 au gala des anarchistes 2000

fans vibrer en ecoutant Leo ferre a Toulouse

chanter Aragon

Pablo75 dit: à

@ x

« Alberto Savinio sur Flaubert, dans quel texte ? »

« Il a barbouillé à la mélasse, lui-même persuadé d’oeuvrer pour la postérité, des oeuvres propres à donner le diabète… »
(Alberto Savinio. Encyclopédie nouvelle)

Chaloux dit: à

M. J.P. Amette voit bien l’ambiguïté qui peut exister dans le jugement même très négatif d’un écrivain sur un autre.
Claudel, qui détestait Proust en 1922 (il qualifie les personnages de « vermine »… et dit : « Il y a autre chose dans la vie que ce peuple d’oisifs et de larbins »…), a une intuition magnifique en 1948 lorsqu’il écrit dans son journal « comme s’il avait reçu mission et qu’il fût dévoré par elle ».

Article du Point, 1996.

http://www.lepoint.fr/actualites-litterature/1996-05-11/proust-perdu-et-retrouve/1038/0/103826

Comme je ne pouvais pas dormir, cette nuit, relu les pages croquignolettes que Jean-François Revel consacre à Aragon dans ses Mémoires/i>.

En donnerai un petit résumé si j’en trouve le temps.

hamlet dit: à

pour ce qui d’aller au delà du Bien et du Mal, Dostoïevski va beaucoup pus loin que Nietzsche, parce qu’il le met en pratique.

Nietzsche rejette dos à dos les prolétaires et les patrons, pour lui ils sont à mettre dans le même sac car ils obéissent aux même règles, si ces règles profitent aux uns et pas autres, ces derniers n’ont qu’à s’en prendre à eux même.

Certains ont vu là un mépris de Nietzsche pour le peuple et les prolétaires, c’est complètement idiot d’imaginer que Nietzsche ait pu éprouver du mépris pour quiconque.

Reste que certains de nos sentiments moraux ne sont pas là pour flatter notre amour propre : quand un homme commet un crime, quand il tue un proche, on ne lui accorde pas son pardon pour flatter son orgueil.

voilà ce qui avait échappé aussi bien aux moralistes français, qu’à Nietzsche : le Pardon échappe à toute logique et toute construction sociale ou morale, il relève d’un mystère, on peut appeler ce mystère la Grâce, ou bien l’a mettre sur le compte de croyances, sur la bonté d’un Dieu, René Girard lui trouverait des raions fondées sur le mimétisme ou une façon de retrouver les conditions de la paix, qu’importe ! on peut chercher toutes les explications on n’en trouvera aucune qui nous satisfasse, et la grande force de Dostoïevski est de ne pas chercher à lui trouver de raisons, sans doute son expérience du bagne dont il dit dans « souvenir de la maison des morts » que seulement dans ces conditions, quand du froid et de la famine la vie ne tient qu’à un fil, on peut espérer trouver une rédemption à tous les crimes, si Dieu existe on ne le trouvera pas dans une église, mais dans un bagne en Sibérie !

Chaloux dit: à

Je ne sais pas qui est David. Mais oui, il serait extraordinaire que même le plus tâcheron des poètes ayant écrit des dizaines de milliers de vers ne trouve pas ça et là matière à quelque bonne chanson. Découvert celle-ci dans les années 85-90, la première fois que je suis allé voir, absolument médusé par son art, Cora Vaucaire (théâtre de Paris).

Paul Edel dit: à

Chaloux, pouvez vou respecter le fait que je signe Paul Edel?

hamlet dit: à

et si Dostoïevski fait souvent l’éloge de la religion orthodoxe , ce n’est pas parce que c’est une grenouille de bénitier, la seule raison en est que c’est la religion des russes, parce que c’est un hyper nationaliste et un russophile invertébré.

lui n’aimait pas tellement Tolstoï il a dit de lui qu’il était le seul à s’être élevé au niveau de Shakespeare.

il a dit un autre truc drôle, il a dit « si j’avais été, moi aussi, comme Tolstoï, un grand propriétaire terrien, j’aurais peut-être pu devenir écrivain ».

je ne pense pas que ce soit par coquetterie, ou par modestie (parce que pour le reste il ne l’était), mais là encore, contrairement à Flaubert, Dostoïevski ne s’est jamais considéré comme un écrivain même pas « grand », mais juste digne d’intérêt.

Pablo75 dit: à

« Quand on songe qu’on dit : un grand écrivain de ce pauvre Flaubert, qui ne fut qu’un ouvrier de style — encore que ce style soit d’une uniformité désespérante et glacée — sans intelligence ni sensibilité !
Arriver à pouvoir écrire comme Flaubert est du reste à la portée de tout le monde. »

(Paul Léautaud. Journal, 18 mars 1901)

Chaloux dit: à

L’article de Proust sur Flaubert, même en comptant quelques remarques acerbes notées ci-dessous et une autre sur la Correspondance qui lui valut une lettre de René Dusmenil, reste extrêmement élogieux, – et pénétrant.

https://journals.openedition.org/flaubert/815

Chaloux dit: à

Revel fait aussi un portrait d’Emmanuel Berl fouillé et très intéressant.

Chaloux dit: à

Paul Edel, cher Paimpopol, le lien qui se trouve dans mon post concerne un article signé par un journaliste du Point. A l’avenir, préférez-vous que je le désigne sous le patronyme de Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Homère, Georges Ohnet, Anatole France, Françoise Sagan, ou Comtesse de Ségur?

Vous avez le choix. Tout est si compliqué ici.

Pablo75 dit: à

Retour avec Flaubert, expansion de minuit, une demi-heure, avant de monter dans le fiacre. Causerie sur son roman moderne, où il veut faire tout entier, et le mouvement de 1830 — à propos des amours d’une Parisienne — et la physionomie de 1840 et 1848 et l’Empire. «Je veux faire tenir l’Océan dans une carafe».
(Journal des Goncourt. 11 février 1863)

La conversation passe et remonte à la littérature. Le nom de Hugo est jeté. Sainte-Beuve bondit, comme mordu et s’emporte : « Un charlatan, un farceur ! C’est lui qui, le premier, a été un spéculateur en littérature ! » Et comme Flaubert dit que c’est l’homme dans la peau duquel il voudrait le mieux-être : « Non, en littérature, répond-il justement, on ne voudrait pas ne pas être soi ; on voudrait bien s’approprier certaines qualités d’un autre, mais en restant soi ».
(Journal des Goncourt. 14 février 1863)

Dîné chez Charles Edmond, un acteur qui ressemble tout bonnement à un monsieur quelconque, et Nefftzer, un gros bonhomme germain, le teint frais, rose, un œil d’enfant, un rire d’allemand, une grosse nature fine. Flaubert a avec les femmes une certaine obscénité de propos, qui dégoûte les femmes et aussi un peu les hommes.
(Journal des Goncourt. 21 février 1863)

C’est le dernier dimanche de Flaubert, qui repart s’enterrer dans le travail, à Croisset.
Un monsieur arrive, mince, un peu raide, maigre, avec un peu de barbe ; ni petit, ni grand, un pète sec ; l’œil bleuâtre sous ses lunettes ; une figure décharnée, un peu effacée, qui s’anime en parlant ; un regard qui prend de la grâce en vous écoutant, une parole douce, coulante, peu tombante de la bouche, qui montre les dents : c’est Taine.
(Journal des Goncourt. 1 mars 1863)

C’est un Normand que Flaubert. Il m’a avoué qu’il disait à Sainte-Beuve qu’il ne baisait pas, pour ménager sa jalousie.
(Journal des Goncourt. 29 mars 1863)

Notre ami Flaubert est pour un livre le plus grand théoricien qui soit. II veut faire tenir dans le livre qu’il médite tout Tom Jones et Candide. Il continue à affecter le plus grand dégoût et le plus grand mépris de la réalité.
(Journal des Goncourt. 18 mai 1863)

Pablo75 dit: à

Les Goncourt visitent Flaubert:

29 octobre 1863 à Croisset, près Rouen :

Nous trouvons, au débarcadère du chemin de fer, Flaubert avec son frère, chirurgien en chef de l’Hôpital de Rouen, un très grand et méphistophélique garçon à grande barbe noire, maigre, le profil découpé comme l’ombre d’un visage, le corps balancé sur lui-même, souple comme une liane. Nous roulons en fiacre jusqu’à Croisset, une jolie habitation à la façade Louis XVI, posée au bas d’une montée sur le bord de la Seine qui semble ici le bout d’un lac et qui a un peu de la vague de la mer.

Nous voilà dans ce cabinet du travail obstiné et sans trêve, qui a vu tant de labeur et d’où sont sortis Madame Bovary et Salammbô.

Deux fenêtres donnent sur la Seine et laissent voir l’eau et les bateaux qui passent ; trois fenêtres s’ouvrent sur le jardin, où une superbe charmille semble étayer la colline qui monte derrière la maison. Des corps de bibliothèque en bois de chêne, à colonnes torses, placés entre ces dernières fenêtres, se relient à la grande bibliothèque qui fait tout le fond fermé de la pièce. En face, la vue du jardin, sur des boiseries blanches, une cheminée qui porte une pendule paternelle en marbre jaune, avec buste d’Hippocrate en bronze. À côté, une mauvaise aquarelle, le portrait d’une petite anglaise langoureuse et maladive qu’a connue Flaubert à Paris. Puis des dessus de bustes à dessins indiens, encadrés comme des aquarelles, et l’eau-forte de Callot, une Tentation de Saint-Antoine qui sont là, comme les images du talent du maître.

Entre les deux fenêtres donnant, sur la Seine, se lève, sur une gaine carrée peinte en bronze, le buste en marbre blanc de sa sœur morte, par Pradier, avec deux grandes anglaises, figure pure et ferme qui semble une figure grecque retrouvée dans un keepsake. À côté, un divan-lit, fait d’un matelas recouvert d’une étoffe turque et chargé de coussins. Au milieu de la pièce, auprès d’une table portant une cassette de l’Inde à dessins coloriés, sur laquelle une idole dorée, est la table de travail, une grande table ronde à tapis vert, où l’écrivain prend l’encre à un encrier qui est un crapaud.

Une perse gaie, de façon ancienne et un peu orientale, à grosses fleurs rouges, garnit les portes et les fenêtres. Et, çà et là, sur la cheminée, sur des tables, sur les tablettes des bibliothèques, accrochées à des bras, appliquées contre le mur, un bric à brac des choses d’Orient : des amulettes avec la patine verte de l’Égypte, des flèches, des armes, des instruments de musique, le banc de bois sur lequel les peuplades d’Afrique dorment, coupent leur viande, s’asseyent ; des plats de cuivre, des colliers de verre et deux pieds de momie, arrachés par lui aux grottes de Samoûn et mettant au milieu des brochures leur bronze florentin et la vie figée de leurs muscles.

Cet intérieur, c’est l’homme, ses goûts et son talent ; sa vraie passion est celle de ce gros Orient, il y a un fond de Barbare dans cette nature artiste.

30 octobre

Il nous lit sa féerie qu’il vient de finir : Le Château des Cœurs, une œuvre dont, dans mon estime pour lui, je le croyais incapable. Avoir lu toutes les féeries pour arriver à faire la plus vulgaire de toutes !

Il vit ici avec une nièce, la fille de cette sœur morte dont il a le buste, et sa mère qui, née en 1793, garde la vitalité des sangs de ce temps-là et, sous les traits de vieille femme, la dignité d’une grande beauté passée.

C’est un intérieur assez sévère, très bourgeois et un peu serré. Les feux sont maigres dans les cheminées et les tapis cessent sur le carreau. Il y a l’économie normande jusque dans l’ordinaire largesse provinciale, la nourriture. Point d’autre métal que l’argenterie, qui fait un peu froid, quand on pense qu’on est dans la maison d’un chirurgien, que la soupière est peut-être le paiement d’une jambe coupée et le plat d’argent, d’une ablation de sein.

Cette réserve faite, que je crois plutôt particulière à la race qu’à la maison, l’hospitalité y est cordiale, accueillante et franche. La pauvre fille, prise entre la studiosité de son oncle et la vieillesse de sa grand’mère, a d’aimables paroles, de jolis regards bleus et une jolie moue de regret, quand, sur les sept heures, après le Bonsoir, ma Vieille, de Flaubert à sa mère, la vieille grand’maman l’emmène dans sa chambre, pour se coucher bientôt.

1er novembre

Nous sommes restés enfermés toute la journée. Cela plaît à Flaubert, qui semble avoir l’exercice en horreur et que sa mère est obligée de tourmenter pour mettre le pied dans le jardin. Elle nous disait que, souvent, allant à Rouen, elle le retrouvait, en revenant, à la même place, dans la même pose, presque effrayée de son immobilité. Point de mouvement : il vit dans sa copie et dans son cabinet. Point de cheval, point de canot.

Toute la journée, sans se reposer d’une voix tonnante, avec des éclats de voix de théâtre de boulevard, il nous a lu son premier roman, écrit en quatrième, et qui n’a d’autre titre, sur la couverture, que Fragments de Style quelconque. Le sujet est la perte du pucelage d’un jeune homme avec une putain idéale. Il y a dans le jeune homme beaucoup de Flaubert, des espérances, aspirations, mélancolie, misanthropie, haine des masses. Tout cela, sauf le dialogue qui n’existe pas, est d’une puissance étonnante pour son âge. Il y a déjà là, dans le petit détail du paysage, l’observation délicate et charmante de Madame Bovary. Le commencement de ce roman, une tristesse d’automne, est une chose qu’il pourrait signer à l’heure qu’il est. En un mot, cela, malgré ses imperfections, est très fort.

Comme repos, avant dîner, il a été fouiller dans toutes ses défroques, costumes et souvenirs de voyages. Il a remué avec joie toute sa mascarade orientale : et le voilà nous costumant et se costumant, superbe sous le tarbouch, une tête de Turc magnifique, avec ses beaux traits gras, son teint plein de sang et sa moustache tombante. Et il finit par retirer, en soupirant, la vieille culotte de peau de ses longs voyages, la regardant avec l’attendrissement d’un serpent qui regarderait sa vieille peau.

En cherchant son roman, il a trouvé des papiers pêle-mêlés qu’il nous lit ce soir.

C’est la confession autographe du pédéraste Chollet, qui tua son amant par jalousie et fut guillotiné au Havre, avec tout le détail de sa passion.

C’est la lettre d’une putain, offrant toutes les œuvres de sa tendresse à un miché.

C’est l’épouvantable et sinistre lettre de ce malheureux qui devient bossu par devant et derrière à trois ans ; puis dartreux à vif, brûlé à l’eau-forte et aux cantharides par des charlatans ; puis boiteux, puis cul de jatte. Récit sans plainte et terrible par cela même, d’un martyr de la fatalité ; morceau de papier qui est encore la plus grande objection que j’aie rencontré contre la Providence et la bonté de Dieu.

Et nous grisant de toutes ces vérités nues, de ces abîmes de choses vraies, nous nous disions : « La belle publication à faire, pour les philosophes et les moralistes, d’un choix de choses pareilles, qui seraient les Archives secrètes de l’Humanité ! »

À peine si nous sommes sortis un instant, à deux pas de la maison, dans le jardin. Le paysage avait l’air, la nuit, d’un paysage en cheveux.

2 novembre

Nous avons demandé à Flaubert de nous lire un peu de ses notes de voyage (8). Il commence, et à mesure qu’il nous déroule ses fatigues, ses marches forcées, ses dix-huit heures de cheval, les journées sans eau, les nuits dévorées d’insectes, les duretés incessantes de la vie, plus dures encore que le péril journalier, une vérole effroyable brochant sur le tout et une dysenterie terrible à la suite du mercure, je me demande s’il n’y a pas une vanité et pèse dans ce voyage choisi, fait et parachevé pour en rapporter les récits et l’orgueil aux populations de Rouen.

Ses notes, faites avec l’art d’un habile peintre et qui ressemblent à de colorées esquisses, manquent, il faut le dire, malgré leur incroyable conscience, application et volonté de rendu, de ce je ne sais quoi, qui est l’âme des choses et qu’un peintre, Fromentin, a si bien perçu dans son Sahara.

Toute la journée, il nous en lit ; toute la soirée, il nous en dit. Et nous avons, à la fin de cette journée chambrée, comme la fatigue de tous les pays parcourus et de tous les pays décrits. Comme repos, il n’a fumé que quelques pipes qu’il brûle vite, et toujours en causant littérature, tantôt essayant de réagir avec quelque mauvaise foi contre son tempérament, disant qu’il faut s’attacher aux côtes de l’art éternels et que spécialiser est empêcher cette éternité, que le spécial et le local ne peuvent produire le beau pur. Et comme nous lui demandons ce qu’il appelle le beau : « C’est ce par quoi je suis vaguement exalté ! »

Au reste, sur toutes choses, il a des thèses qui ne peuvent être sincères, des opinions de parade et de chic délicat, des paradoxes de modestie et des ravalements véritablement par trop exagérés devant l’orientalisme de Byron ou la puissance des Affinités électives de Gœthe.

Il est minuit sonné. Il vient de nous finir son retour par la Grèce. Il ne veut pas encore nous lâcher, il veut encore causer, encore lire, nous disant qu’à cette heure, il commence à s’éveiller et qu’il se coucherait à six heures, si nous n’avions pas envie de dormir. Hier, Flaubert me disait : « Je n’ai pas baisé de vingt à vingt-quatre ans, parce que je m’étais promis de ne pas baiser ». Il y a là le fond et le secret de l’homme. Un homme qui s’impose des abstinences pour lui-même, ce n’est pas un homme d’instinct, ce n’est pas un homme qui parle, qui vit, qui pense naturellement. Il se modèle et se façonne selon certaines vanités, certains orgueils intimes, certaines théories secrètes, certains respects humains.

(Journal des Goncourt. Vol. I)

Pablo75 dit: à

Au dîner chez la Princesse, nos amis Flaubert et Sainte-Beuve nous portent insupportablement sur les nerfs, avec ce redoublement de grécomanie. Enfin, ils en arrivent à admirer dans le Parthénon jusqu’à la couleur de cet admirable blanc qui est, dit Flaubert avec enthousiasme, « noir comme de l’ébène ! »
(Journal des Goncourt. 2 décembre 1863)

Chez Magny, nous sommes à peu près au complet et la dispute est énorme sur toutes choses.
« Boileau est bien plus poète que Racine », crie Saint-Victor.
« Bossuet écrit mal », affirme Flaubert.
Renan et Taine mettent La Bruyère au-dessous de La Rochefoucauld. Nous poussons des cris de paon.
« La Bruyère manque de philosophie, crient-ils.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Renan se rabat sur Pascal, qu’il proclame le premier écrivain de la langue française. « Un pur cul, Pascal !», crie Gautier.
Saint-Victor déclame du Hugo. Taine dit: « Généraliser la particularité, voilà tout Schiller. Particulariser la généralité, voilà tout Goethe ! »
On se bat sur l’esthétique, on trouve du génie aux rhéteurs, il y a des luttes homériques sur la valeur des mots et la musique des phrases. Puis entre Gautier et Taine… Sainte-Beuve les regarde douloureusement et d’un air inquiet.
(Journal des Goncourt. 21 décembre 1863)

Tu comprends, Rose, pourquoi j’aime les Journaux intimes?

Pablo75 dit: à

Au dîner chez la Princesse, nos amis Flaubert et Sainte-Beuve nous portent insupportablement sur les nerfs, avec ce redoublement de grécomanie. Enfin, ils en arrivent à admirer dans le Parthénon jusqu’à la couleur de cet admirable blanc qui est, dit Flaubert avec enthousiasme, « noir comme de l’ébène ! »
(Journal des Goncourt. 2 décembre 1863)

Pablo75 dit: à

Chez Magny, nous sommes à peu près au complet et la disp_ute est énorme sur toutes choses.
« Boileau est bien plus poète que Racine », crie Saint-Victor.
« Bossuet écrit mal », affirme Flaubert.
Renan et Taine mettent La Bruyère au-dessous de La Rochefoucauld. Nous poussons des cris de paon.
« La Bruyère manque de philosophie, crient-ils.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Renan se rabat sur Pascal, qu’il proclame le premier écrivain de la langue française. « Un pur c_ul, Pascal !», crie Gautier.
Saint-Victor déclame du Hugo. Taine dit: « Généraliser la particu.larité, voilà tout Schiller. Particu.lariser la généralité, voilà tout Goethe ! »
On se bat sur l’esthétique, on trouve du génie aux rhéteurs, il y a des luttes homériques sur la valeur des mots et la musique des phrases. Puis entre Gautier et Taine… Sainte-Beuve les regarde douloureusement et d’un air inquiet.
(Journal des Goncourt. 21 décembre 1863)

Tu comprends, Rose, pourquoi j’aime les Journaux intimes?

P. comme Paris dit: à

Pablo75, les liens,
c’est fait pourquoi ?.

Pablo75 dit: à

Chez Magny.

On va à la femme, le sujet ordinaire de la conversation. Gautier dit qu’il n’aime que la femme insexuelle, c’est-à-dire si jeune qu’elle repousse d’elle toute idée d’enfantement, de matrice, d’obstétrique ; et il ajoute que ne pouvant satisfaire ce goût, à cause des sergents de ville, toutes les autres femmes, qu’elles aient vingt ou cinquante ans, ont pour lui le même âge. Là-dessus, Flaubert, la face enflammée, la voix beuglante, remuant ses gros yeux, part et dit que la beauté n’est pas érotique, que les belles femmes ne sont pas faites pour être baisées, qu’elles sont bonnes pour dicter les statues, que l’amour est fait de cet inconnu que produit l’excitation et que, très rarement, produit la beauté. Il développe son idéal, qui se trouve être l’idéal de la rouchie ignoble. On le plaisante. Alors, il dit qu’il n’a jamais baisé vraiment une femme, qu’il est vierge, que toutes les femmes qu’il a eues, il en a fait le matelas d’une autre femme rêvée. […]
Flaubert, qui est verbeux ce soir, encore plus que d’habitude et qui lance ses paradoxes non avec la légèreté de jongleur indien de Gautier, mais qui les tient péniblement en équilibre, comme un hercule de foire ou plutôt et simplement, comme un provincial outré, affirme que le coït n’est pas du tout nécessaire à la santé de l’organisme, que c’est un besoin que notre imagination crée. Taine lui fait observer que cependant, lui, qui n’est guère baiseur, quand tous les quinze jours ou les trois semaines, il se livre au coït, il est débarrassé d’une certaine inquiétude, d’une certaine obsession, qu’il sent sa tête plus libre pour le travail. Flaubert de répondre qu’il se trompe, que l’homme n’a pas besoin d’une émission séminale, mais d’une émission nerveuse, et que, comme lui, Taine baise au bordel, il ne doit éprouver aucun soulagement, qu’il faut de l’amour, qu’il faut de l’émotion, le tremblement de presser une main. Nous lui faisons observer que très peu parmi nous sont assez heureux pour cela, vu que ceux qui ne satisfont pas au bordel, ont une vieille maîtresse, une femme de passade ou une épouse desquelles il n’y a ni émotion ni tremblement. Donc, les trois quarts de l’humanité n’ont pas d’émission nerveuse et ont bien de la chance s’ils la rencontrent trois mois dans toute une vie de coït.
On se bat là-dessus pendant tout le dîner ; on fait le tour du monde sur la question. Flaubert affirme que les barbares sont pédérastes et bestialitaires, tandis que les civilisés sont masturbateurs et gamahucheurs, la gamahuchade étant l’adoration religieuse de la femme.

(Journal des Goncourt. 18 janvier 1864)

rose dit: à

Pablo 75

non.
je ne comprends pas pkoi vous me tutoyez. Nous ne couchons pas ensemble.
Et je ne comprends pas pkoi vous aimez les journaux intimes.
Par exemple, savoir que Flaubert était hautement décrié de son siècle pour faire partie des « reconnus » ou lus aujourd’hui ne m’aide pas.
Ne m’aide pas sur deux points :
comment a-t’il vécu cette immense solitude cernée par son obstination incessante ?
comment aujourd’hui savoir ceux qui seront demain au-dessus du bouillon de culture ? Surnageront comme les yeux dans la soupe du bouillon de poulet.

x dit: à

@ Pablo75 (12 h 52 min)
Merci, j’avais complètement oublié (malgré le point d’exclamation que j’ai retrouvé dans la marge à la hauteur de la « petite phrase » que vous citez).

Il faut cependant préciser autant pour les admirateurs de Flaubert que pour l’honneur de Savinio-critique que ce dernier ne parle en ces termes que de La Tentation de Saint-Antoine et de Salambô.
Ne fallait-il pas que cela fût dit ?

Et pour rappeler le talent de portraitiste et l’art de la métaphore de Savinio-écrivain, spécifier que tout l’article consacré à Flaubert (article à double-fond, portrait d’un autre artiste en portraitiste) file la ressemblance physique et professionnelle de Flaubert à un « photographe de province », de ceux qui ne mettaient pas leurs ambitions artistiques en vue de la postérité dans ce qui leur était spécifique, dans ce que l’on appellerait maintenant le cœur de leur métier : « à côté d’agrandissements très réussis, précis, documentaires comme Madame Bovary et l’Éducation sentimentale; à côté d’un négatif parfait comme Bouvard et Pécuchet » « ils peignaient aussi des paysages et des portraits fignolés jusqu’à [donner] la nausée/ jusqu’à l’écœurement », la Tentation et Salambô donc.
Ce qui modifie sensiblement la teneur du jugement artistique de Savinio.

Delaporte dit: à

Mort du classieux Robuchon, chef mondialisé entre France et Japon :

« Le chef français, décédé ce lundi 6 août à l’âge de 73 ans, a eu un impact incalculable sur la gastronomie française au Japon et fut un passeur de la gastronomie japonaise dans le monde. »

x dit: à

N’empêche, on ne voudrait pas le dénoncer, ce n’est pas notre genre ici, mais le Théophile G et Humbert Humbert ne sont qu’une seule et même personne, aha ! (Haha ?) Jazzi, vous devriez lui servir votre leçon sur le syndrome de Pessoa, j’dis ça, j’dis rien, hein.

Pablo75 dit: à

Flaubert, en sortant de chez Magny, nous disait : « Ma vanité était telle, quand j’étais jeune, que lorsque j’allais au bordel avec mes amis, je prenais la plus laide et tenais à la baiser devant tout le monde, sans quitter mon cigare. Cela ne m’amusait pas du tout, mais c’était pour la galerie ». Flaubert a toujours un peu de cette vanité là, ce qui fait qu’avec une nature franche, il n’y a jamais une parfaite sincérité dans ce qu’il dit sentir, souffrir, aimer.
(Journal des Goncourt. 9 mai 1865)

Je crois que j’ai trouvé la véritable définition de Flaubert, du talent et de l’homme : c’est un sauvage académique.
(Journal des Goncourt. 29 novembre 1865)

Flaubert me disait hier : « IL y a deux hommes en moi. L’un, vous voyez, la poitrine étroite, le cul de plomb, l’homme fait pour être penché sur une table ; l’autre, un commis voyageur, une véritable gaieté de commis voyageur en voyage, et le goût des exercices violents !… »
(Journal des Goncourt. 6 mai 1866)

hamlet dit: à

les plus mal placés pour parler d’un auteur se sont ses contemporains, hier comme aujourd’hui.

D. dit: à

C’est fort ennuyeux, Delaporte. C’était quelqu’un de très bien et talentueux en cuisine. Non loin de chez Gallimard il y a l’Atelier qui propose à un prix non pas modique mais accessible des mets d’exception en petites portions.

Chaloux dit: à

Pablo, le Journal des Goncourt est vraiment une œuvre géniale. Or.durière mais géniale. Il faudrait avoir dix paires de bras, dix paires d’yeux pour pouvoir lire et relire toutes ces merveilles. Ça parle et ça parle vrai et juste, avec cette rhétorique un peu hystérisante mais tout à fait justifiée. J’aime aussi beaucoup Viel-Castel dans un genre proche.

Sur les dîners Magny, il y a l’ouvrage éponyme de Robert Baldick qui était un grand bonhomme mort prématurément.

D. dit: à

A vrai dire je n’y suis jamais allé en raison des chaises-tabouret que je ne supporte pas. J’aime manger assis très confortablement. C’est pourquoi je ne pique-nique jamais et quand on m’oblige à pique-niquer je mange debout afin de témoigner de ma désapprobation.

hamlet dit: à

le grand malheur avec Flaubert c’est qu’il ne soit pas né 80 ans plus tard.
Ainsi il aurait eu 40 ans en 1940, et nous aurions alors eu l’occasion de voir quel homme il était vraiment.

D. dit: à

La purée Rebuchon, je l’ai souvent faite.
De la petite ratte première qualité cuite à l’eau salée, juste assez, avec la peau, épluchée ensuite, passée au presse-purée, du lait bouillant dessus, la purée de ratte plutôt sèche le boit goulument puis beurre de qualité en grande quantité et sel de guérande. Très simple, mais il ne faut pas oublier le lait sur le feu pendant qu’on se dépat-ouille ouille ouille à plucher la ratte brulante.

Pablo75 dit: à

@ rose

Je te tutoie pour la même raison pour laquelle tu ne me tutoies pas: l’envie. J’ai envie de te tutoyer et toi tu n’as pas envie de me tutoyer.

C’est comme ça.

Pour le reste, ta logique m’est incompréhensible (je ne devrais pas aimer les Journaux intimes parce que ce qu’ils racontent ne t’aide pas?). Si quelqu’un voulait me traduire ce que Rose essaye de me dire…

hamlet dit: à

encore que nous savons tous la réponse.

Delaporte dit: à

« C’est pourquoi je ne pique-nique jamais et quand on m’oblige à pique-niquer je mange debout afin de témoigner de ma désapprobation. »

En effet, le pique-nique est une hérésie. Que des soldats qui crapahutent dans la jungle aient recours au pique-nique pour ne pas mourir de faim, soit ! Mais pas autrement !

Delaporte dit: à

Robuchon avait fait pour la TV des émissions, dans lesquelles il présentait des recettes que chacun pouvait faire, même en n’étant pas un grand cuisinier. En fait, tout l’art était dans la simplicité du talent. La gastronomie est un art, et Lao-tseu ne disait-il pas que gouverner un pays c’était comme faire frire trois petits poissons ?

Soleil vert dit: à

De Claudel, je n’ai feuilleté que deux ou trois pages. Par contre à la lecture de plusieurs études traçant l’influence de son œuvre sur la poésie de Perse, j’ai failli revendre mon Pléiade du poète guadeloupéen. Quan je dis influence, c’est parfois recopie. Je comprends mieux l’ire de Leo Ferre qui n’a jamais pu le blairer.

Pablo75 dit: à

@ Chaloux

Jamais entendu parler de Robert Baldick. Sa biographe de Huysmans et son livre sur les dîners Magny, valent le coup?

Jazzi dit: à

Continue, Pablo, c’est passionnant ! Pour faire plaisir à rose, peux-tu retrouver le passage des dîners de chez Magny où la vieille George Sand se fait ramoner dans un salon particulier par le serveur en poussant des râles de satisfaction ?

A moins que ce ne soit dans le Journal des Goncourt ?

Pablo75 dit: à

@ Soleil vert

Et pourtant St.J.Perse, malgré toutes les influences subies et toute sa mégalomanie est un grand poète, et bien supérieur à Claudel.

Jazzi dit: à

Moi je veux bien revendre mon pléiade de René Char, Soleil vert !

Jazzi dit: à

« j’dis ça, j’dis rien, hein. »

Clopine sous x !?

Jazzi dit: à

« le grand malheur avec Flaubert c’est qu’il ne soit pas né 80 ans plus tard.
Ainsi il aurait eu 40 ans en 1940 »

Pour l’année 1940, hamlet, rien de mieux que « Les Communistes » d’Aragon !

Petit Rappel dit: à

Baldwick, dont il me semble que le bouquin procède d’une série de la BBC, compile surtout tout le monde, et au premier rang les Goncourt. Etrange impression d’une brève anthologie de la vacherie littéraire tirée d’ouvrages très volumineux..
MC

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

« peux-tu retrouver le passage des dîners de chez Magny où la vieille George Sand se fait ramoner dans un salon particulier par le serveur en poussant des râles de satisfaction ? A moins que ce ne soit dans le Journal des Goncourt ? »

Ça ne me dit rien cette histoire. Tout ce que j’ai trouvé sur elle:

Ce soir, au fond de la serre de la Princesse, tout à coup, dans les « vous2 de Flaubert à Mme Sand, un « tu » échappe à Mme Sand dans sa réponse. La Princesse nous jette un regard. Est-ce un « tu » d’amante ou de cabotine ?
(Journal des Goncourt. 12 mai 1869)

Chez Véfour, dans le salon de la Renaissance, où j’ai abouché Sainte-Beuve avec Lagier, je dîne ce soir avec Tourgueneff, Flaubert, Mme Sand. Mme Sand est momifiée de plus en plus, mais toute pleine de bonne enfance et de la gaîté d’une vieille femme du siècle dernier. Tourgueneff parle, et on laisse parler le géant à la douce voix, aux récits attendris de petites touches émues et délicates. […]
Flaubert, ce jour-ci, à propos de la pièce de Bouilhet qu’il rapetasse, me dit : « Vous concevez, c’est l’affaire d’un mois : c’est à écrire au plus simple, et puis, moi, je déteste les mots ! » . Les mépris qu’il y a chez lui pour les qualités qu’il n’a pas est amusant. Merci ! D’esprit et la langue parlée, cette langue écrite sans en avoir l’air, la chose la plus rare au théâtre, voici comment il les traite !

Plus Flaubert avance en âge, plus il se provincialise. Puis vraiment, à retirer de mon ami le bœuf, l’animal travailleur et besognant, le fabricateur de bouquins à un mot par heure, on se trouve en tête à tête avec un être si ordinairement doué, si peu doté d’une originalité ! Et je ne parle pas ici seulement de l’originalité des idées et des comptes, je parle de l’originalité des actes, des goûts de la vie ; je parle d’une originalité particulière, qui est toujours le cachet d’un homme supérieur. Par Dieu ! Cette ressemblance bourgeoise de sa cervelle avec la cervelle de tout le monde — ce dont il enrage, je suis sûr, au fond — cette ressemblance, il la dissimule par des paradoxes, truculents, des axiomes dépopulateurs, des beuglements révolutionnaires, un contre-pied brutal, mal élevé même, de toutes les idées reçues et acceptées. Cela lui réussit même quelquefois. Mais auprès de qui ? La violence de l’exagération avoue et confesse bien vite, près des fins observateurs, la blague du verbe.

En un mot, Flaubert se proclame pour l’homme le plus passionné du monde ; or, la succession de ses amis a su et sait que la femme ne joue qu’un rôle assez secondaire dans sa vie. Flaubert se proclame l’homme le plus déraisonnable dans le maniement de l’argent ; or, Flaubert n’a de goût pour rien, n’achète quoi que ce soit, et jamais aucune fantaisie n’a fait un trou dans sa bourse. Flaubert se proclame comme l’imaginateur le plus extraordinaire dans le confort et l’élégance d’un intérieur ; or, Flaubert, jusqu’ici, n’a encore inventé que de faire des vases à fleurs dans les pots de confiture de gingembre, création, du reste, dont il se montre assez fier. Et tout est de même… L’auteur de Madame Bovary n’a que les idées, les goûts, les habitudes, les préjugés, les qualités, les vices du commun des martyrs.

Maintenant, ment-il absolument, quand il est en si complète contradiction avec son for intérieur ? Non, et le phénomène qui se passe en lui est assez complexe. D’abord, qui dit normand, dit un peu gascon. En outre, notre normand est très logomachique de sa nature. Enfin, le pauvre garçon a le sang qui se porte avec violence à sa tête, quand il parle. Cela fait, je crois, qu’avec un tiers de gasconnade, un tiers de logomachie, un tiers de congestion, mon ami Flaubert arrive à se griser presque sincèrement des contre-vérités qu’il débite.

(Journal des Goncourt. 3 mai 1873)

Flaubert dit que toute la descendance de Rousseau, tous les romantiques n’ont pas une conscience bien nette du bien et du mal ; et il cite Chateaubriand, Mme Sand, Sainte-Beuve, et il finit par laisser tomber de ses lèvres, après un moment de réflexion : « C’est vrai que Renan n’a pas l’indignation du juste ou de l’injuste ».

(Journal des Goncourt. 23 janvier 1878)

Delaporte dit: à

Robuchon était un bourreau de travail :

Joël Robuchon avait aussi la réputation d’être exigeant, selon Le Figaro, « d’aucuns diront très dur avec les autres comme avec lui-même ». En février 2015, l’un de ses anciens commis, qui affirmait avoir fait l’objet de « harcèlement », « brimades » et « insultes » dans ses cuisines, avait porté plainte contre le chef. Ce dernier avait contre-attaqué en portant plainte à son tour pour « diffamation ». Figaro

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

« Moi je veux bien revendre mon pléiade de René Char ».

Vends-le vite (sur Le Bon coin, à 30 euros) avant que les gens se rendent compte que tout ce qu’il a écrit de bon Char tient en une plaquette de 50 pages…

Petit Rappel dit: à

Hamlet.
Cette approche de Dostoïevski n’est pas sans faire songer parfois à un certain Bernanos, qui d’ailleurs l’avait lu de près.
MC

Jazzi dit: à

« George Sand connaissait bien le patron Magny et venait dîner au restaurant. (..) Elle avait attendu trois ans avant d’accepter l’invitation de ses collègues masculins. Elle fut la seule femme à participer à ses fameux dîners où l’on parlait de littérature, de religion, de politique, d’expériences amoureuses et sexuelles. George Sand dans une lettre à son fils, elle évoque son premier soir chez Magny :

« J’ai dîné aujourd’hui pour la première fois chez Magny avec « mes petis camarades », le dîner mensuel fondé par Sainte-Beuve. Il y avait Gautier, (le critique) Saint Victor, Flaubert et son très grand ami Boulhet, Sainte-Beuve, Berthelot le fameux chimiste et les Goncourt. Taine et Renan n’y étaient pas (..) j’ai été reçu aujourd’hui àbras ouverts…..Ils ont été très brillants, sauf lme savant Berthelot, qui seul je crois a été raisonnable, Gautier,toujour brillant et paradoxal, Saint-Victor charmant et distingué, Flaubert, passionné, est plus sympathique à moi que les autres. »

Jazzi dit: à

ça doit être dans le tome IX du Journal des Goncourt, Pablo !

« Le restaurant Magny se trouvait rue Contrescarpe-Dauphine (aujourd’hui rue Mazet). On y était élu (esquisse d’Académie). Le « Groupe » s’était réuni d’abord (1862) chez Gavarni. Parmi les membres, citons Sainte-Beuve, Renan, Taine, Saint-Victor, Tourguénieff, Soulié, Charles Edmond, Flaubert, Burty, Berthelot.
Le nombre des membres du « Cercle » augmenta beaucoup et les dîners devinrent bruyants. Ils avaient lieu deux fois par mois. En 1870, pendant la guerre, les dîneurs passèrent chez Brébant, boulevard Montmartre. Le dîner des Cinq (1874) réunit au Café Riche : Goncourt, Flaubert, Tourguénieff, Zola, Daudet. Il avait été convenu au dîner Magny que « rien ne serait répété ». Les Goncourt ne tinrent pas compte de l’interdiction. La publication de chaque tome de leur journal provoqua, au reste, maintes protestations. Ils durent même retirer le tome IX, la famille de George Sand ayant protesté avec énergie contre certains propos « indiscrétion, vanité, champ de reportage trop étroit », tel est le thème des articles « d’éreintement ». »

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

« George Sand dans une lettre à son fils, elle évoque son premier soir chez Magny… »

Ça doit être cela la première fois:

Mme Sand vient dîner aujourd’hui à Magny. Elle est là, à côté de moi, avec sa belle et charmante tête, dans laquelle avec l’âge s’accuse de jour en jour un peu plus de type de la mulâtresse. Elle regarde le monde d’un air intimidé, glissant à l’oreille de Flaubert : « Il n’y a que vous ici qui ne me gêniez pas ».
(Journal des Goncourt. 12 février 1866)

Chaloux dit: à

Pablo, Baldick c’est le plaisir de lire à l’anglaise, des livres qu’on garde. Il a aussi écrit un livre sur le siège de Paris qui n’est pas mal du tout, et un bouquin sur Frédéric Lemaître qui est le seul -je crois- que je n’aie pas lu. Jazzi qui n’est pas toujours de mauvaise foi qu’en ce moment connait bien Les dîners Magny dont nous avons parlé autrefois.

L’histoire de la mère Sand se faisant ramoner par un garçon de restaurant me dit vaguement quelque chose.

Chaloux dit: à

d’aussi mauvaise foi

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

« ça doit être dans le tome IX du Journal des Goncourt »

Ça correspond à quelles années ce tome IX?

Jazzi dit: à

« Il n’y a que vous ici qui ne me gêniez pas »

Et l’un des serveurs, Pablo ! J’ai dû lire, dans la version non expurgée du Journal des Goncourt, ce passage torride et obscène dont je garde le souvenir ? Et je n’en suis que plus admiratif de George Sand, malgré ma misogynie consubstantielle…

Ed et Clopine, je n’ai pas lu « Le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir, c’est le seul livre de celle-ci que je n’ai pas lu. Pourriez-vous me dire si elle rend un hommage conséquent à la première féministe de France, qui a su s’imposer, à part égale, auprès des principaux écrivains du XIXe siècle ?

Pablo75 dit: à

… Ça doit être celle-là la première fois…

Jazzi dit: à

« Ça correspond à quelles années ce tome IX ? »

Probablement ces années 1866, Pablo.
M. Court devrait savoir !

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

La version de la collection Bouquins est une version intégrale, évidement non expurgée.

Pablo75 dit: à

@ Jazzi

Je crois avoir trouvé, mais il me semble que ton souvenir est plus « torride » que la réalité:

« Hier à Magny on racontait que Mme Sand était venue dîner en cabinet particulier avec un jeune homme et qu’elle avait scandalisé les inscandalisables [sic] garçons du restaurant des étudiants par les F… et les N.. de D… qui sortaient de sa bouche de grand-mère. »
(Journal des Goncourt. 11 novembre 1868. Vol. II, p. 181)

christiane dit: à

@Lavande dit: 6 août 2018 à 11 h 59 min
Idem ! je n’y suis venue que plus tard, étant trop jeune pour m’intéresser à ce festival pourtant proche géographiquement. Mon univers estival se ravissait de ballades dans les collines couvertes de pins et garrigue. Seules les cigales trouaient le silence de la torpeur du plein midi. C’est ce double 33 t. que j’évoquais, qui me fit découvrir, adolescente, que la troupe de Jean Vilar du TNP quittait, l’été, la Palais de Chaillot pour donner des représentations inoubliables dans la Cour d’honneur des Papes. Combien de fois ai-je écouté ce Gérard Philipe dans la scène où il lutte contre sa lâcheté ou dans ces dialogues et monologues de Lorenzaccio, des Caprices de Marianne…
Merci, Lavande pour ce beau rappel.
Je ne suis pas retournée au Festival d’Avignon depuis qu’un été, embarquée dans les représentations d’une jeune troupe, j’ai crû mourir de chaleur dans cette sorte de grange où ils donnaient leurs représentations. Les nuits dans l’auberge de jeunesse qui nous hébergeait étaient bruyantes et guère reposantes.
Donc Le Prince de Hombourg sans Gérard Philipe (mise en scène de G.Corsetti, en 2014 ?) ne m’a pas aimantée malgré l’excellente Anne Alvaro (dont je suis avec attention les interprétations au cinéma ou au théâtre) dans le rôle de l’Electrice de Brandebourg.

Jazzi dit: à

Oui, c’est ça, Pablo. Bravo. En effet, ça ma fait beaucoup plus d’effet que ce qu’en disent les frères Goncourt. J’imaginais la vieille Sand avec un gigolo et invoquant tous les saints et Dieu le père en personne à chaque coup de rein…

christiane dit: à

@raymond dit: 6 août 2018 à 11 h 28 min
Merci pour ce lien permettant de découvrir votre traduction de cette « Note » de Kleist sur la situation de l’île d’Helgoland, parue dans les Berliner Abendblätter dont il était le rédacteur et du commentaire passionnant que vous y ajoutez.

hamlet dit: à

à l’histoire du grand inquisiteur dans « crime et chatiment ».

le Grand Inquisiteur dans les Frères Karamazov

Jazzi dit: à

Flaubert appelait les frères Goncourt « mes bichons » !

hamlet dit: à

Ivan raconte à son Alexeï l’histoire du Grand Inquisiteur : le Christ revient sur terre au moment de l’Inquisition espagnol, le Cardinal Inquisiteur, grand chrétien devant l’Eternel reconnait le Christ dans la foule, il le fait arrêter et le jette en prison, « pourquoi donc » demande le chrétien Alexis à son socialiste de frère ?

C’est simple, répond le socialiste révolutionnaire Ivan : parce que l’idée d’amour et de liberté est une idée trop dangereuse pour être ainsi répandue parmi les hommes.

et ensuite d’expliquer à son petit le grand silence de Dieu face aux crimes les plus ignobles…

Poursuivant qu’il appartient donc aux hommes de réussir là où Dieu a échoué…

Est-ce la vision qu’a Dostoïevski de la religion ? ou bien est-ce juste la vision qu’il a des socialistes comme Ivan ?

Tolstoï a dû comprendre la réponse à cette question, et cette réponse n’a pas dû lui plaire.

à tel point que quand Tolstoï va lire son petit hommage à l’enterrement de Dostoïevski, il parlera de lui comme d’un grand écrivain russe, citant la liste de ses livres qui ont tant touché le grand peuple russe, mais dans liste on trouvera ni les Frères Karamasov, ni les Démons, ni Crime et Chatiment, ni l’Idiot, mais à la place l’Eternel Mari, le Joueur quelques autres livres et nouvelles sans grand intérêt, des bouquins tout juste du niveau d’un bon écrivain français comme Flaubert ou Stendhal.

Lavande dit: à

Christiane, à l’époque de Gérard Philippe et du Prince de Hombourg… j’étais à l’école maternelle ! Je ne suis devenue addict que pas mal de temps plus tard !
Je supportais bien mieux la chaleur que maintenant. La plupart des salles actuellement sont climatisées et confortables, même dans le Off, mais le simple fait d’aller d’une salle à l’autre me liquéfie.
La canicule de ces jours-ci m’a fait rentrer en « estivation », comme le crocodile du Nil, qui s’enterre dans la boue en été. Personnellement c’est fauteuil relax et ventilateur plutôt que boue du Nil.
J’avais l’habitude autrefois de dire en plaisantant que les réserves de bouquins « à lire » me serviraient au cas où la neige bloquerait la maison et les rues. Cette année je crois que je n’ai pas vu un flocon de neige ici ; par contre j’apprécie les réserves en question à cause de la canicule.

Jazzi dit: à

« Je supportais bien mieux la chaleur que maintenant. »

Pareil, Lavande. J’avais pensé que c’était peut-être un phénomène normal, lié à l’avancement en âge (en nage). Puis j’ai pensé que c’était plutôt le fait de la pollution parisienne. Finalement, je crois que c’est tout simplement ce fameux réchauffement climatique de la planète dont on nous rebat les oreilles et qui ne va donc pas s’améliorer !

Lavande dit: à

Gérard Philipe, bien sûr, sinon je vais choquer les puristes.
A Grenoble Jazzi, on est pas mal lotis en matière de pollution: une cuvette dans laquelle tout stagne sans arriver à en sortir.

Lavande dit: à

J’ai été invitée dans des endroits divers et variés, en altitude, où la température est plus clémente mais j’ai une vieille voiture diesel dont la vignette Crit’air 4 interdit la circulation en ce moment. Ma conscience écolo m’interdit de passer outre.

Chaloux dit: à

Moi aussi, je veux bien revendre ma pléiade de René Char.

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…en passant, pour rien dire,!…

…la chaleur, faut pas, en abuser,…
…de plus, en ce moment, la planète Mars, est au plus près de la terre, dans sa circonvallation, autour du soleil,!…

…facile, d’imaginer, des réverbérations de rayonnements, par Mars,…

…quelques degrés, en plus,…s’adapter, à la vie, dans notre système solaire,…
…pas, de quoi user, ses souliers,…

…la logique, des connaissances, sans tomber, dans, le  » discernement  » des religions, et autres grands inquisiteurs à poils, sur la question,…

…tout, ces vierges d’esprits,…quels boulots, ses massages, d’air frais,…
…bientôt, des sous-vêtements, à température réglables,…avec ventilations,…les culs, vers, les fenêtres,…etc,…
…sans plus,…d’éruditions,!…Go,!…

Ed dit: à

Bon les ieuv arrêtez de nous narguer avec votre glandouille pour éviter la chaleur. Il y a des jeunes qui doivent aller bosser pendant ce temps-là. Merci.

Phil dit: à

Lavande, vendez votre diesel avant vos pléiades.

D. dit: à

Mais tu sais qu’à presque 30 ans t’es déjà un peu une ieive, dédette. Tu permets que je t’appelle dédette ?

D. dit: à

hamlet il supporte pas du tout la chaleur. Il coagule, c’est dégueulasse comme tout.

Delaporte dit: à

« Il y a des jeunes qui doivent aller bosser pendant ce temps-là. »

Vous avez la malchance de travailler, mais je vous signale que les vacances, surtout au mois d’août. Prenez-en dans une région tempérée, de préférence près des bains de mer. Ou du moins près d’une piscine. C’est ce que font les hommes et les femmes civilisés qui travaillent, – en attendant l’abolition complète du travail et les vacances perpétuelles au frais.

Delaporte dit: à

Le technique de Lavande n’est pas mal non plus : attendre que la chaleur passe grâce à une pile de bons bouquins. Cette méthode a ma préférence.

Delaporte dit: à

C’est aussi l’occasion de perdre du poids. La chaleur fait qu’on mange moins, sans manque. Les bains de mer ouvrent l’appétit, donc il vaut mieux rester sur son lit à bouquiner, avec une bouteille d’eau minérale à proximité. Là non plus (question poids), le travail n’est pas très bon pour la santé.

D. dit: à

En février 2015, l’un de ses anciens commis, qui affirmait avoir fait l’objet de « harcèlement », « brimades » et « insultes » dans ses cuisines, avait porté plainte contre le chef.

C’est assez courant dans les brigades des grands cuisiniers qui ont des similitudes avec les escadrons des régiments d’élites. Celui qui n’est pas capable de se mettre au diapason de l’exigence et de l’obéissance, avec le mental qui va bien avec, n’a pas sa place dedans. Quand il ne le comprend pas et s’incruste en jouant les Caliméro ou en essayant de faire valoir des « droits » il se fait dégager de cette façon parce que c’est la seule.
Je ne dis pas que c’est ce qui s’est passé en l’occurrence avec Rebuchon. Je dis que c’est un univers à part où on a besoin de gens excellents avec un état d’esprit de disciple.

D. dit: à

Delaporte, par ces fortes chaleur, je vous conseille un petit footing de 2 heures, une bonne douche puis des tripes à la mode de Caen.

Delaporte dit: à

« Delaporte, par ces fortes chaleur, je vous conseille un petit footing de 2 heures, une bonne douche puis des tripes à la mode de Caen. »

Rassurez-vous : je vais bientôt manger des tripes artisanales à la tomate, particulièrement délicieuses.

Ed dit: à

D.

Ce surnom me va. Je suis jeune comparé aux retraités. Et dans ma tête je n’ai pas 30 ans. Je croque la vie à pleines dents pendant que les autres prennent perpet avec leurs ch.iards.

Ed dit: à

Dans un pays civilisé la Terre ne s’arrête pas de tourner parce que tous leurs habitants ont la brillante idée de partir en vacances en même temps. Dans un pays civilisé, on prend ses vacances quand on veut. Sortez de votre ethnocentrisme (voeux pieux).

Delaporte dit: à

« Je croque la vie à pleines dents pendant que les autres prennent perpet avec leurs ch.iards. »

Venant d’une femme, surtout l’utilisation du mot « chiard », on ressent toute l’amertume qu’il y a dans cette phrase. Amertume de n’être pas encore casée et de faire du chantage à son « homme » avec les enfants et le reste. Une belle mentalité !

Ed dit: à

Ahahah. Excellent ! Oui c’est tout à fait cela. Bravo ! Vous m’avez percée a jour et n’auriez pu être plus près de la réalité.

Delaporte dit: à

« Dans un pays civilisé, on prend ses vacances quand on veut. »

Certes, mais d’une part, vous avez l’air de souffrir terriblement ; et d’autre part, sachez que la vraie civilisation viendra quand plus personne n’aura l’obligation de travailler. C’est la promesse divine, qui date de l’époque du paradis terrestre.

Delaporte dit: à

« Vous m’avez percée a jour et n’auriez pu être plus près de la réalité. »

Mais nous en sommes tous convaincus, Ed.

Ed dit: à

Comprend même pas l’ironie ce vieux débile.

Ed dit: à

Parce que vous, dans vous idees toutes faites sur tout et vos radottages incessants, vous n’avez pas du tout l’air de souffrir. Projection crazy papy. Projection.

Ed dit: à

Bon sur ce. J’ai eu ma dose la dernière fois avec berenice. Je sais que vous vous relayez pour me détruire, mais je ne prendrai plus le temps. Ciao.

hamlet dit: à

non, certainement pas, s’il y avait une seule leçon à retenir de Dostoïevski c’est s’il y a un lieu où le Christ ne révèle pas à nous c’est dans un personnage qui serait susceptible de l’incarner, dans les Frères Karamazov le Christ est bien plus présent chez Dimitri que chez Alexis, dans l’Idiot le Christ est plus présent dans Rogojine que dans le Prince etc…

ainsi fonctionne la logique chez Dostoïevski, contrairement à Flaubert, les choses ne sont jamais telles qu’elles nous apparaissent.

amusant de voir que même le peuple russe, chez les incultes qui savaient à peine lire, ils ont certainement compris cette chose que nos savants lecteurs ne comprendront jamais.

Delaporte dit: à

« vous n’avez pas du tout l’air de souffrir. »

Bien sûr que je souffre (mais pas de la chaleur). Tout être humain porte sa croix. Il faut faire montre d’un peu de « sympathie » (souffrir avec) pour le comprendre. Même d’Artagnan, mousquetaire du roi, souffrait. Et dans sa splendeur intellectuelle et féminine (qu’on ne peut malheureusement plus retrouver aux Editions des femmes, c’est scandaleux) Ulrike Meinhof aussi souffrait.

raymond dit: à

@ Christiane
la note géographique de Kleist sur l’île d’Helgoland a quelque chose de profond, d’abyssal, elle décrit une situation géographique et historique précise, mais curieusement elle complète parfaitement la vision de Kleist que nous propose Pierre Assouline. Il n’est question dans ce texte que d’effondrements, de glissements de terrain, d’un seul point d’eau etc…L’île est cernée par l’embargo de Napoléon, elle est en train de se s’abîmer presque dans la mer… le texte est ahurissant si l’on songe à l’état psychique de Kleist en cette année qui précède le suicide; quelle affaire quand même !

D. dit: à

on prend ses vacances quand on veut

oui et quand le collègue ne veut pas, s’il s’agit d’assurer une continuité de service parce qu’il parait que ça existe un peu partout. On dit même que les métros roulent en août à Paris, chose assez extraordinaire. Sinon c’est quand on veut.

christiane dit: à

@Lavande dit: 6 août 2018 à 16 h 48 min
Et moi aussi ! Je n’ai connu qu’à travers les films. Les liens-vidéo n’ont existé que tant d’années plus tard…
J’aime vous lire. Vous apportez tant de douceur et d’humour et contrairement à d’autres la vanité ne vous a pas rendue antipathique.
Bon été aux ombres douces et fraîches.
Je relis Philippe Le Guillou « L’intimité d’une rivière ». C’est une longue promenade le long de l’Ar Faou, une rivière au nom d’arbre (fagus, c’est le hêtre) du Finistère, car elle vient des bois. « Elle est tapie derrière les saules et les aulnes, les herbes, les hautes fougères ». Il la remonte jusqu’à l’invasion des marées, « se tenant à distance de ce qui écorche et fait souffrir ».
Son enfance fut hantée par le mystère de l’eau, la mienne aussi, d’où mon goût pour l’aquarelle.
Bonne soirée.

christiane dit: à

je ne l’ai connu

Ed dit: à

Oui D. Pas pendant que la collègue est partie, ni en début d’année pour cause de bilan comptable. Il y a qq contraintes, mais on reste plutôt libre et n’est pas obligé de partir en août comme cela semble être le lot de nombreux salariés français.

Lavande dit: à

C’est aussi le nom italien du Hêtre : faggio.
Racine latine pour un arbre du Finistère dont le nom est très divers suivant les langues: hêtre, faggio, haya, beech, buche… intéressant.

Moi j’ai relu (bien qu’il s’agisse d’une première lecture en fait) le livre de Valérie Zennatti : « une bouteille dans la mer de Gaza » dont a été tiré un spectacle que j’ai vu à Avignon, et que j’avais énormément aimé par la qualité du texte et la finesse du jeu des acteurs. Le livre est plus fourni mais l’adaptation était très proche du texte initial. Je vous le conseille vraiment. Je vais voir à la rentrée s’il ne serait pas possible de faire venir le spectacle ici.

Jazzi dit: à

« Il y a des jeunes qui doivent aller bosser pendant ce temps-là. »

Faut pas exagérer, Ed, vous passez la journée dans des bureaux climatisés ! Moi, je vais au cinéma…

Jazzi dit: à

« hamlet il supporte pas du tout la chaleur. »

C’est pas une raison pour nous tartiner des tranches de pudding indigestes en temps de canicule ! Moi, je saute par dessus à pied joint.
ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un commentaire aussi drôle de Giovanni Sant’Angelo ! Je veux bien commander une culotte rafraîchissante…

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