de Pierre Assouline

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La République des livres

Résultat pour : houellebecq

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Le plus pathétique dans la déchéance d’un écrivain français mondialement célébré, c’est sa capacité d’autodestruction. Et comme son ascension relevait déjà du spectacle, sa chute se devait d’être publique. Michel Houellebecq nous y convie ces jours-ci en publiant Quelques mois dans ma vie. Octobre 2022-Mars 2023 (102 pages, 12,80 euros, Flammarion). Un texte  de circonstance lié à l’actualité qui ne relève d’aucun genre littéraire à supposer qu’il entretienne un quelconque rapport avec la littérature, dépourvu du moindre esprit d’analyse. Ou plutôt deux textes bien distincts qui manifestement ne concernent que lui. Que leur écriture obéisse à une nécessité intérieure, cela […]

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Remettez-nous ça ! La scène qui se jouera bientôt devant un tribunal entre Michel Houellebecq et l’Islam de France a un petit air de déjà vu et entendu. Car il semble bien qu’elle aura tout de même lieu : Chems-Eddine Hafiz, directeur de la mosquée du 5ème arrondissement dite « Grande mosquée de Paris », a retiré sa plainte pour «  provocation à la haine contre les musulmans » après une négociation avec l’écrivain à l’issue de laquelle celui-ci a accepté de modifier, d’atténuer ou de supprimer des passages dans le livre qui sera tiré de l’entretien ; mais pour sa part, l’Union des mosquées […]

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S’il y a un livre qui doit être séparé du bruit qu’il fait si on veut le juger pour ce qu’il est, c’est bien tout nouveau roman de Michel Houellebecq quel qu’il soit. Evacuons donc le secret sur le contenu, l’embargo jusqu’au 30 décembre, les versions pirates numérisées, le buzz, le marketing, la rumeur, la consigne d’embargo  qui précèdent sa sortie (le 7 janvier en librairie) et oublions un instant la mise en scène du texte par l’auteur même, le seul à obtenir de son éditeur un emballage selon son goût avec reliure et couverture cartonnée (sur le modèle allemand, […]

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Naturellement, il y en aura pour dire que c’était écrit d’avance, que c’était plié depuis des mois, qu’ils l’avaient donc prévu, anticipé, annoncé et qu’il n’y a donc pas de quoi être surpris eu égard au contexte politique et social. Il y en aura également pour décréter que cela ne dit rien de l’esprit du temps, que la vente des livres n’a de toute façon en rien partie liée avec la littérature et que la chose ne mérite au fond qu’un haussement d’épaules. Il n’empêche que Soumission de Michel Houellebecq est dans le même temps numéro un des ventes de […]

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Donc, Houellebecq. Impossible de le contourner, de faire l’impasse ou de passer par-dessus. Quoi qu’on pense de lui ou de ses livres, il est là, occupe le terrain et domine la scène littéraire française depuis près de vingt ans. A l’étranger, il est « le » romancier français par excellence, le plus traduit, le plus commenté, fût-ce souvent pour de mauvaises raisons, étant celui par qui le scandale arrive. Précédé par sa légende, chacun de ses romans est un événement avant même d’être publié, phénomène qui lui vaut le statut de phénomène de société. Soit, mais ce qui compte, c’est le texte […]

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Cette fois, c’est sûr : Jean-Luc Godard a été dépassé par son meilleur élève. Michel Houellebecq l’a supplanté, du moins médiatiquement. Il est celui que l’on veut interviewer car on guette ses provocations, ses débordements. Avec eux, il y a une chance sur deux qu’ils laissent passer un trait de génie, avec un sens de l’humour et un comique de situation irrésistibles, au milieu d’un certain nombre de banalités solennellement énoncées. L’un et l’autre sont les plus attendus des inattendus. Ils avancent par explosions de pensée et plus encore quand un micro leur est tendu. Leurs personnages chétifs sont assez semblables, […]

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A moins de ne pas vivre en France, ou d’être fermé à la lecture et à l’écoute des médias français, vous devez être des rares à ignorer la parution du cinquième recueil de poèmes de Michel Houellebecq Configuration du dernier rivage (104 pages, 15 euros, Flammarion). Dans un élan remarquable, avec une ferveur nord-coréenne, ils l’ont porté au plus haut et estampillé fin XIXème, quelque part entre Laforgue et Verlaine, ce qui a le mérite d’éviter les superlatifs aussi bien que l’analyse. Il est vrai qu’elle tourne court tant la matière est scolaire ; le recours à la rencontre ou à […]

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Les controverses qui avaient jailli autour du statut de Yoga, le livre d’Emmanuel Carrère qui domina la rentrée il y a trois ans, avaient fait jaillir dans le débat une expression à l’allure inédite : « l’ellipse narrative ». On la retrouva tant sous la plume de l’éditeur Frédéric Boyer en défense de son auteur que sous celles de Carrère et de son ex-femme Hélène Devynck dans les lettres ouvertes et droits de réponse qui abritaient leurs mises au point et règlement de compte. Celle-ci ayant obtenu par contrat de pouvoir relire le manuscrit avant parution avait demandé et obtenu des suppressions de […]

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En 1979, alors qu’il était tout à l’écriture de ses Petits traités, chef d’œuvre dans l’art du fragment bien tempéré, Pascal Quignard disait : « J’espère être lu en 1640 ». Pourquoi le choix d’une telle date ? Cette année-là furent frappés les premiers louis d’or en France, Jansenius publiait son Augustinus à Louvain, Strosskopff peignait la Grande vanité de Strasbourg… Toutes choses que rappelle l’écrivain dans Les heures heureuses (229 pages, 19,90 euros, Albin Michel), douzième tome du cycle « Dernier royaume » paru tout récemment, vertigineuse et chaleureuse méditation sur le Temps. Il y précise ceci : « Espérer que soit lu en 1640 ce qu’on écrit en 1979, c’était inverser, non pas la […]

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Dans quel autre pays la mort d’un grand éditeur ferait-elle la une d’un quotidien national et la couverture d’un magazine culturel ? Que Jérôme Lindon fut ainsi honoré au lendemain de sa disparition par Libération et que Paul Otchakovsky-Laurens le fut à son tour dans les mêmes circonstances dix-sept ans après son modèle à la fois par Libération et les Inrocks dit quelque chose de l’exception culturelle française. Quelque chose de réjouissant malgré la tristesse de l’évènement. On doit à l’écrivain et critique littéraire Mathieu Lindon d’avoir opéré ce rapprochement dans Une archive, un récit filial honorant la mémoire de son […]

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