Une amitié du roman-culte au film-cuite
On écoute les dialogues de l’un, on lit les livres de l’autre et on se dit que la vie aurait été vraiment injuste si ces deux-là s’étaient ratés. À ne pas croire qu’ils n’aient fait équipe qu’une seule fois. Au-delà d’un air de famille, une évidente fraternité devait lier Michel Audiard et Antoine Blondin. En théorie plus qu’en pratique car l’écrivain passait son temps dans les stades, les bars et les étapes du Tour quand le dialoguiste fréquentait plutôt les hauts plateaux. Ensemble ils n’auront fait qu’un bébé mais quel ! Un singe en hiver (1962), film-culte adapté d’un roman-cuite (prix Interallié 1959) (1) à moins que ce ne soit l’inverse. Il est vrai qu’il y en eut même pour juger que le livre avait trahi le film, c’est dire.
Sous la plume si pure et si légère de Blondin, l’intrigue importe peu par rapport au charme qui s’en dégage. Tout de même, l’histoire ? Un face-à-face qui se terminera par un côte à côte dans un bar du littoral normand entre deux leveurs de coude bien bourrés : Gabriel Fouquet, jeune publicitaire qui noie dans la boisson l’échec de sa vie sentimentale et Albert Quentin, un ancien fusilier marin qui a juré de rester sobre après avoir sérieusement taquiné le goulot autrefois. L’un rêve d’Espagne quand l’autre n’en a que pour sa Chine. Dès les premiers verres de contact, ils ne font qu’un mais lequel ? Soit, mais qu’est-ce que cela dit d’autre que ce que ça raconte ? Là, c’est du grand art, murmuré par le plus élégant et le plus courtois des écrivains et mis en musique par un virtuose de la conversation filmée.
Michel Audiard est à l’origine du projet. Nous sommes en 1961. Le temps presse car Jean Gabin doit tourner, étant sous contrat avec la Metro Goldwin Mayer. La maison de production a déjà refusé Un singe en hiver car elle n’y voit qu’une histoire de poivrots ; et après repérages in situ, l’acteur a finalement retoqué l’adaptation d’Au large de l’Eden de Roger Vercel par Albert Simonin au motif que ça pue trop la morue (le poisson, pas…). Retour à la case départ et donc au Singe, imposé avec le prometteur Belmondo d’À bout de souffle dans la corbeille. Henri Verneuil est engagé pour la réalisation, Claude Pinoteau et Costa-Gavras comme assistants, Michel Magne pour la musique, Louis Page pour la photo, Paul Frankeur, Suzanne Flon, Gabrielle Dorziat et Noël Roquevert dans la joyeuse troupe des seconds rôles, François Boyer pour l’adaptation et bien sûr Michel Audiard pour mettre des mots dans leurs bouches avec le brio qu’on lui connaît.
Le tournage se déroule sur la côte normande autour de Villerville, Trouville et Deauville. Il ne va pas de soi. Pas commode, Gabin. Du genre muet, du moins pendant la première semaine. Les deux acteurs principaux enfoncés dans un fauteuil pliant à leur nom et n’échangeant pas un regard, le vieux, 57 ans, lit Paris-Turf et le môme, 28 ans, L’Équipe. On voit par là qu’un abîme ontologique les sépare. Jusqu’à ce que leurs scènes communes les rapprochent et les lient une fois éteints les projecteurs avant de s’adopter pour la vie et se décréter meilleurs amis d’enfance malgré la différence d’âge.
Le film suit pas à pas la chronologie du roman en éliminant les retours en arrière. Nombre de répliques sont tirées ou adaptées du roman mais il y a aussi des bouts d’Apollinaire, celui d’Alcools évidemment. Michel Audiard et Henri Verneuil se veulent fidèles dans l’adaptation non du roman à la lettre, mais dans celle de son atmosphère empreinte de rêves, de nostalgies, de souvenirs. Une musique en émane qui a quelque chose de désemparé, de désenchanté. Parfois, on se gratte le cuir chevelu, on hésite : lequel des deux a trouvé ça ?
« Une paella sans coquillages, c’est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette : quelque chose qui déplaît à Dieu ! »
À la réflexion, ça ne peut être qu’Audiard puisque dans le roman, il s’agit de paupiettes. Il serait vain d’aller vérifier et comparer, pour ce passage ou pour tout autre :
« Je suis le plus grand matador français, yo soy unico…– Vous avez déjà entendu parler du Yang-Tsé-Kiang ? »
Antoine Blondin se plaint d’autant moins qu’il n’a pas souhaité être de l’aventure. Ce n’est pas qu’il n’ait jamais tâté de la pellicule. À plusieurs reprises, il s’est laissé embarquer dans des projets. Il a prêté la plume à des scripts pour Jean Delannoy. Plus tard, il y aura Le Dernier saut (1970) d’Édouard Luntz dont il fut le coscénariste et Cran d’arrêt (1970) d’Yves Boisset où on le retrouve comme coscénariste et dialoguiste, pour ne parler que de ceux qui ne sont pas restés dans les tiroirs des producteurs. Mais rares sont les cinéastes qui osent s’emparer de ses livres ; l’adaptation de son chef-d’oeuvre Monsieur Jadis, que Michel Polac (oui, « le » Michel Polac) réalise pour la télévision en 1975 avec Claude Rich dans le rôle-titre aurait pu les encourager tant elle est réussie.
Le problème est ailleurs avec Un singe en hiver. Malgré tout demeure une vraie querelle d’interprétation de la philosophie du roman. Le fait est que le style de l’écrivain tient une note poétique de bout en bout quand le travail du trio d’adaptateurs Boyer-Verneuil-Audiard se veut plus réaliste, par exemple dans les noms des rues de Tigreville (2). En fait, en émondant le roman pour des raisons dramaturgiques, ils aboutissent à concentrer l’attention du spectateur non sur l’alcoolisme mais sur l’ivresse. Ce qui est regrettable. Son biographe Alain Cresciucci est d’avis que le film ne rend absolument pas justice au livre, tout en reconnaissant qu’il a eu la vertu de permettre au grand public de découvrir l’oeuvre de Blondin (3). Mais selon lui, tout en restant à la surface des choses, les coscénaristes sont passés à côté de l’essentiel : non la complicité de deux imbibés mais une déchirante histoire de paternité :
« L’histoire d’un jeune père qui ne voit jamais sa fille pensionnaire et qui va essayer de la retrouver et l’histoire de ce couple d’hôteliers sans enfant qui trouve dans le personnage de Fouquet un fils adoptif. Quant à la fin, le film commet un contresens en attribuant la phrase “Et maintenant, voici venir un long hiver” au personnage du vieil homme alors que dans le roman elle concerne Fouquet, ce qui est une façon de dire la solitude définitive du héros. (4) ».
Quand on quitte une oeuvre, c’est d’abord sa fin qu’on emmène avec soi. Fouquet est le héros des dernières pages du roman, Quentin celui des dernières images du film. Deux partis pris également attachants mais qui ne disent pas la même chose en éclairant rétroactivement tout ce qui a précédé. Deux Singe en hiver : l’un est d’un romancier, l’autre d’un cinéaste et il serait vain de vouloir à tout prix les faire coïncider puisqu’ils forment un palimpseste. Blondin ne pouvait considérer la littérature que dans une perspective amicale. Mais si un livre est parfois conçu comme une lettre à un proche, c’est plus difficile avec un film, d’autant qu’il est une oeuvre collective.
La fidélité exige une certaine dose de trahison car on ne peut respecter l’esprit si on suit un texte à la lettre. Audiard l’a bien compris qui s’est parfaitement imprégné du roman afin d’en rendre au mieux le climat, ce qui lui importait par-dessus tout ainsi qu’à Henri Verneuil. L’ampleur de la trahison inquiétait fortement Blondin jusqu’à ce qu’il voie le film et rende des hommages appuyés au talent d’Audiard, son nouvel ami pour la vie. On ne peut pas dire qu’il ait harcelé le réalisateur pour intervenir dans le tournage : il refusait même ses invitations à s’y rendre. Belmondo se souvint de sa présence une ou deux fois sur les plateaux à Deauville « mais en ami bien plus qu’en auteur » (5). Sur plainte du ministère de la santé publique, la commission de censure fait des mauvaises manières au film, soupçonné d’apologie de l’alcool (quelle idée !) alors que c’est un si poétique éloge de l’ivresse sensuelle et généreuse, de l’inattendu de la vie, de l’imprévu souriant. Il est question de coupes sombres et même d’interdiction alors que franchement, il suffit d’écouter parler Albert Quentin/Gabin :
« L’alcool, c’est le salut dans la fuite, la liberté, l’état de grâce… et pour finir une belle saloperie. »
Finalement, seuls les moins de 18 ans en sont privés. Le critique de La Croix fut celui qui lui réserva le meilleur accueil avec ceux de France-Soiret du Figaro littéraire. Les autres grimacèrent ou pire encore. Le Monde regretta cette « vulgaire simplification » d’un roman sensible et harmonieux. Dans la bibliothèque de Michel Audiard, les livres de Blondin côtoyaient la collection complète de la Série noire. Fou de littérature, il l’aime couchée sur de beaux papiers en tirage limité. Les libraires connaissent bien ce bibliophile averti. Les piliers Ronsard, Verlaine, Rimbaud, Balzac, Dumas père, Stendhal, Proust sans oublier le patron, Louis-Ferdinand Céline… Audiard aurait pu être recruté par les hussards si Jacques Laurent, Roger Nimier, Michel Déon et Antoine Blondin s’étaient réunis une fois au moins mais ce ne fut jamais le cas.
Impossible d’asseoir des irréguliers à la même table. Les voyages de l’un, la mort de l’autre, les disparitions d’icelui… Pas pratique pour la photo de groupe rue du Bac devant la façade des Éditions de la Table ronde avec Roland Laudenbach pour surveiller la bande – façon nouveau-Nouveau Roman/Minuit et demi. Audiard n’aurait pas figuré parmi eux car il aurait tenu l’appareil. On peut rêver… L’amitié entre Michel Audiard et Antoine Blondin est née avec le désir de l’un de porter le livre de l’autre à l’écran. Jean-Paul Belmondo estima à l’époque que leur rencontre « ne paraissait pas tellement évidente au départ » (6). Pourtant, à la fois très français et si parisiens, ils ont en partage une certaine désinvolture mâtinée de douce mélancolie ; un sens de l’humour sublimé par l’esprit de fantaisie et une profonde frivolité ; et surtout le goût des formules joyeusement assassines souvent truffées de calembours.
Mais si elles fusent dans les dialogues d’Audiard, elles se font discrètes dans les romans, nouvelles et récits de Blondin, qui les réservait plutôt à ses articles. Car, on l’oublie tant sa réputation de leveur de coude a obscurci sa vraie nature (et le film a renforcé cette image imbibée), ce perfectionniste était un classique pétri d’humanités et un moraliste d’une pudeur qu’il ne fallait pas offusquer. Peu après la mort de son fils François dans un accident de voiture, perte qui avait anéanti le dialoguiste, Blondin avait dédié Certificats d’études (1977) « à Marie-Christine et Michel Audiard très affectueusement ». Dédié et pas seulement dédicacé.
(« Jean Gabin, Henri Verneuil, Michel Audiard, Jean-Paul Belmondo pendant le tournage du film Un Singe en hiver, 1962 » )
- Les Éditions de la Table ronde ont publié une édition collector d’Un singe en hiver enrichie d’images du film d’Henri Verneuil pour le centenaire de la naissance de Blondin.
- Paul Renard, « “Salut, papa !” : Un singe en hiver, Antoine Blondin et Henri Verneuil », in Roman 20-50, n° 58, décembre 2014, p. 41-48.
- Alain Cresciucci, Le Monde (imaginaire) d’Antoine Blondin, Pierre-Guillaume de Roux, 2016 ; Antoine Blondin, Gallimard, 2004.
- Interview d’Alain Cresciucci, in L’Opinion indépendante, 31 mai 2011.
- Témoignage de Jean-Paul Belmondo, « un fidèle parmi les fidèles » in Jean Cormier et Symbad de Lassus, Blondin, éditions du Rocher, 2016.
- Idem.
1 818 Réponses pour Une amitié du roman-culte au film-cuite
… Et d’accord, D., à cause de mes innombrables péchés, j’irai en enfer. Ce qui me réconforte, c’est que ce sera vous qui m’ouvrirez la porte ! (avec MC à vos côtés, bien sûr.)
D’ailleurs, MC, tiens, pour celui-là ?
@ expliquer auX nécessiteux pourquoi une bibliothèque est partiellement constituée de livres qu’on n’a pas encore luS ?
@ et à r^z (1/3)
Inutile de faire appel au farceur des puces pour cela… pour m’expliquer quoi que ce soit des habituelles pratiques scabreue des collectionneurs que je ne partage pas… A chacun sa pathologie, la RDL est là pour l’entendre…
Les siens et les vôtres n’auront jamais vocation à être lus, ni même à être feuilletés, de toute évidence. L’essentiel est pour la plupart des péteux et autres donneur de leçons de dire qu’on les a (du verbe « posséder »), qu’on les lira, et de faire fermer leur gueule à tous les autres ignares, en allant leur citer une page jamais ouverte, quand il s’agira de faire croire qu’ils peuvent en discuter en toute connaissance de cause. Au besoin, on ira relire un bout de Bayard ou de Schopenhauer qui nous disaient ; « point trop n’en faut » ou « fauisons accroire aux gogos »….
Voici une pratique alternative à ce matuvuisme : ma bibliothèque personnelle n’est composée que les livres que j’ai achetés ou que l’on m’a offerts depuis mes 5 ans (1960) et que j’ai lus parce que je les ai « choisis » un à un ou parce qu’ils m’ont choisis… Soit 2500 à 3000 livres lus en intégralité (ou quasi) en cinquante ans. Je ne compte pas ceux que l’ont m’a prêtés et que j’ai rendus à leur propriétaire, (à la différence de ceux qui n’ont jamais rendus les miens, les fumiers). Ni n’évoque les milliers que j’ai consultés dans les bibliothèques publiques (ils ont fait l’objet pour la plupart de fiches manuscrites) ni les centaines de ceux que j’ai commandés dans la bibli de mon labo, correspondant à mes propres besoins de recherche. Je les ai rendus au fur et à mesure de leur lecture et prises de notes ; ils furent dûment rendus aux fonds dudit labo, à mon départ à la retraite. Et maintenant, je cherche à m’en débarrasser petit à petit, mais c’est difficile, car ils sont constellés de mes traces infra paginales – Bon… les quelques « non lus » de ma pile alléchante le seront avant la fin de l’année… Car aucun ne traine inviolé plus de trois mois… Et ceux qui ne furent pas lus dans leur intégralité restés en bibli, ils me supplient tous les jours de les achever. Mais hélas je ne peux le leur garantir, vu ce qu’il me reste de temps à vivre. Mais ils me survivront, ce sera leur revanche.
Donc,, en résumé…, une pratique certainement idiote à vos yeux, sans aucun doute, mais qui en vaut bien une autre… Voilàj pour cette petite mise au point. A chacun la gestion de son papier d’hygiène !… Bàv,
Vous avez gardé tous vos livres depuis vos 5 ans, JJJ !
Et les avez transbahutés au fil de vos divers déménagements ?
Quand nous étions jeunes et beaux
https://youtu.be/wQkmk3uRPu8?si=uYJPbS62hfspRsvN
Vois par toi-même à quoi ressemblent les héros
Mais pense que les enfants d’après, c’est nous
Le soleil de Sorrente brille
Au-dessus d’une mer qui n’existe pas
Il mène une rencontre aveugle avec le vent
Il demande un passage vers l’au-delà
Un touriste américain
Il va en fauteuil roulant
Il veut acheter un paysage
Qu’il n’aura jamais
Et l’astrologue français
Il s’échappe et se rend au Québec
Le Roi Soleil laisse brisés
Les grands miroirs de Versailles
Nostradamus porte un toast au temps
Vois par toi-même à quoi ressemblent les héros
Mais pense que les enfants d’après, c’est nous
Il neige sur la lagune
Le rideau s’attarde un peu
Tandis que le vin de Rhénanie
Inondez le vide du Bauhaus
Saint Jean ne trompe pas
Vois par toi-même à quoi ressemblent les héros
Mais pense que les enfants d’après, c’est nous
Vois par toi-même à quoi ressemblent les héros
Mais pense que les enfants d’après, c’est nous
Vois par toi-même
Inondez > Inonde !
Le petit Nathan est pour moi un bavard saoulant, narcissique au possible, qui s’écoute parler à longueur de journée (du reste plus radioteur qu’écrivain), mais qu’on peut très bien se passer d’écouter.
Chaloux dit
Tout à fait d’accord. Quand je le vois à la TV je change automatiquement de chaine.
Ce que vous êtes méchante Clopine, avec moi qui ne vous a rien fait.
Vous me persécutez parce que je suis un bon chrétien. Le coup classique.
Les gens détestent les bons chrétiens.
Finalement l’Abbé Pierre a eu bien tord [c’est fou la quantité de français qui font cette faute] de s’emmerder à aider les pauvres et les sans logis. Il aurait dû rester peinard à baiser les paroissiennes d’un patelin quelconque de la France profonde.
closer dit
Non, il aurait dû mettre un bordel en Belgique, et se faire appeler Riri la Saumure (Henri était son vrai prénom). On a l’impression qu’Emmaüs n’était pour lui qu’un moyen de se procurer de la chair fraîche gratuite…
L’idée de Clopine d’un portrait musical de chacun est bonne mais très difficile à réaliser, tellement l’image qu’on donne ici peut être déformée. D’ailleurs, elle choisit en fonction des paramètres assez extérieurs à chacun de nous (Renato musique italienne, moi espagnole – malgré « les haches »).
Il aurait mieux fallu, à mon avis, demander un autoportrait musical de chacun, la musique qu’on pense qui nous décrit le mieux.
Sans trop réfléchir, moi je choisirais pour moi l’Etude opus 42 nº 5 de Scriabin:
Sviatoslav Richter plays Scriabin Etude Op. 42 No. 5
https://www.youtube.com/watch?v=POU-h9A-2Oo
Ou l’Andante de la Sonate nº 2 du même Scriabin, dans la version du coréen Kun-Woo Paik:
Scriabin: Piano Sonata No. 2 « Sonata-Fantasy » Op. 19 ― Kun-Woo Paik
https://www.youtube.com/watch?v=6f1RxcVOyr8
Chaloux et Renato, on attend vos choix de « pro »…
J’ai déjà dit ce que je pensais du tourisme sexuel de Matzneff et de son recours à la prostitution avec mineur(e)s. Je n’ai pas changé d’avis.
Dans un recueil d’articles écrits par lui j’apprends ce fait stupéfiant: Le 9 janvier 2012, Matzneff fut invité dans le cadre du séminaire »Littérature et littérature » du professeur
Jean-Jean-Baptiste Amadieu à l’Ecole normale rue
d’Ulm, à prononcer une conférence.
Ce qu’il fit.
Pour les curieux, on peut trouver le texte de cette conférence dans « Séraphin, c’est la fin! », La Table ronde, 2013,p.214.
Erratum
Veuillez lire « Littérature et censure »
Littérarure et censure
Littérature
Je suis triste de la disparition mercredi de Gena Rowlands. Toujours dans mon dico, le Delamare. Par exemple, il esiste une fièvre dite d’Ukraine. poutine n’y est pour rien, cette fois. « maladie voisine de la fièvre de Volhynie, caractérisée par un début brusque de fièvre élevée avec rémissions matinales, tombant au bout de 7 à 10 jours, accompagnée de céphalée, de splénomégalie et d’exanthème. » Tous ces mots existent ! J’aimerais bien tester cette fièvre d’Ukraine, par exemple. Je me ferais porter malade. Je n’irais pas travailler. Avec une telle fièvre, je serais une vedette. Et j’aurais des amis et je leur téléphonerais. Voilà à quoi sert, le dico Delamare. Par exemple, dire de quelqu’un : il est mort de la fièvre d’Ukraine : ça fait voyager. Il n’en demeure pas moins que l’Ukraine a commencé à envahir la Russie. Pas mal. Je vous ai dit que j’avais vu « Le roman de Jim » des frères Larrieu ? Décevant. Maintenant, vous pouvez vous faire plaqué, l’important c’est la progéniture. C’est à elle qu’il faut rester fidèle. On marche sur la tête.
@Pablo
L’Octuor en mi bémol majeur, composé à Bonn, mais publié à titre posthume comme Op. 103 et intitulé par LvB Parthia. Tout en adoptant la structure en quatre mouvements typique de la sonate et de la symphonie, l’œuvre s’inscrit dans la filon des sérénades à vent de la fin du XVIIIe siècle. La composition date probablement de 1782, puis vers 1791, désormais à Vienne, LvB la transforma en Quintette pour cordes op. 4.
Mozart n’avait pas agi différemment en transformant la Sérénade K. 388 en Quintette à cordes K. 406. Toutefois, contrairement à Mozart, Beethoven ne se contenta pas d’une simple adaptation, mais pratiqua un profond remaniement : il élargit les dimensions de certains mouvements, élabora les développements, et enrichit la densité contrapuntique de l’écriture.
Par rapport aux œuvres similaires de Mozart, quelque chose de nouveau émerge qui révèle une nouvelle sensibilité : le goût des sons pleins, plus orchestraux que dans la musique de chambre ; des traits plus vigoureux, des thèmes robustes et courts, conçus pour les possibilités d’élaboration plutôt que pour l’expression d’une beauté mélodique abstraite.
@ Il aurait mieux fallu (sic) à mon avis,
c’est fou comme les gens hispaniques font toujours cette même erreur. A croire qu’ils n’ont pas bien appris le français dans le 7.5 – Mais qui n’a jamais pêché par ses prunes brunes ?
la filon des serenade ?
Assomption !
N’étant pas chrétien ,je n’avais jamais cherché à savoir pourquoi le 15 août est un jour férié. Tous les salariés sont ravis de tous les jours fériés. Je ne songe nullement à demander la suppression du jour férié du 15 août. Je lis que l’Assomption permet de resonger « à l’entree de la Vierge dans la gloire céleste » (!). Taduction (dictionnaire de l’Académie) « la Vierge Marie a été transportée au ciel dès la fin de sa vie terrestre ». Bon. Un chrétien doit croire ça. Sa première croyance (rappel) est que Jésus est mort et ressuscité. Donc sa mère aussi.
Drôle de jour férié, quand même. Heureux salariés de pouvoir se reposer pour cette fête religieuse…singulière.
@ etalii, s’agissant des fièvres exanthématiques sur lesquelles vous vous interrogiez, vous saurez tout icite (jetez-y un cop d’oeil, lcé) – Bàv,
https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=fi%C3%A8vre%20exanth%C3%A9matique%20sud-africaine%20%C3%A0%20tiques
Lorsque Colbert supprima de sa propre autorité quatorze jours fériés, il eut maille à partir avec les dévots et l’Archeveque de Paris. Cela se fit pourtant…Raoul Allier note justement que « le nom de Colbert fut pris en haine parmi les dévots ». Il n’empêche qu’ une certaine idée de la France était derrière cette mesure. MC
@ votre nouvel ordinateur réparé a l’air de mieux marcher. Son auteur, en revanche, est toujours aussi étroit. Il nous manquait. Nous avons tant besoin de certitudes politiques républicaines, nous autres, les matznefien.nes mafieux, Hein !
Clopine, demander quelque chose? Imposer, plutôt, sa propre représentation mentale d’autrui , quitte à jouer les martyres après et se faire plaindre auprès d’X, Y, ou Z….
portrait de Sviatoslav Richter : né à Jitomir en Ukraine, il est sans doute un des plus grands pianistes russes.
L’Octuor en mi bémol majeur, composé à Bonn, mais publié à titre posthume comme Op. 103 et intitulé par LvB Parthia.
renato dit:
Choix original. Je ne connaissais pas ce octuor beethovénien. Ça rappelle les Sérénades de Mozart, sans leur charme, mais avec plus « d’autorité ».
Musique « écolo », de l’air libre, de la nature, de la montagne même (elle irait bien, jouée à l’extérieur, dans les fêtes d’un village suisse en altitude).
portrait de Sviatoslav Richter : né à Jitomir en Ukraine, il est sans doute un des plus grands pianistes russes.
puck dit:
L’un des plus grands pianistes ukrainiens ou soviétiques, mais pas russes.
question : l’idéalisme en littérature c’est quoi ?
réponse : c’est quand on peut résumer un livre en quelques phrases.
exemple au hasard : les bouquins de Flaubert ou de Stendhal peuvent se résumer en quelques phrases qui elles-mêmes peuvent se résumer en une seule idée essentielle.
quand un bouquin peut se résumer en une idée (ex Mme Bovary) on parle alors d’idéalisme littéraire.
et quand un écrivain écrit lui-même la préface de son propre livre en une page on parle d’hyper idéalisme.
exemple au hasard : « Héros de notre temps » de Lermontov.
suite à une critique du critique russe Bielinski, Lermontov s’est senti obligé d’expliquer lui-même la teneur de son livre en écrivant la préface de la seconde édition, cette explication tient en une page.
à noter que Bielinski était un pote à Dostoïevski.
sauf que le premier était un russe occidentaliste, quand le second est devenu un slaviste cette amitié s’est rompue.
preuve cet affrontement entre occidentalisme et slavisme ne date pas de la dernière pluie…
si on n’a pas compris ça on n’a rien compris.
Le portrait musical de Puck-puck:
@ MC, Reconnaissez au moins qu’en proposant le jeu de sa subjectivité mentale au sujet des associations erdéliens/musiciens, elle a au moins suscité des vocations chez des gens dont on ne soupçonnerait pas l’humour a priori (voir supra, P75 sur P76). Mais vous, Marc, jamais d’humour, jamais d’amour ?…, jamais de musique exfoliée ? Et quoi ?…, votre désir, à ses lois croit-il nous astreindre ?—> Bàv,
Je n’ai jamais travaillé sur Lourdes, JJJ, alors l’humour de la Clopine….Devers a aussi écrit un bouquin sur le Metavers. On devrait peut-être y aller voir , avant de le traiter de tous les noms! MC
mais moi je ne traite jamais personne de tous les noms. Devers, le métavers, il faut aller voir, c clair. Quant à Lourdes, aij déjà donné à Bernadette… Humour et désespoir. Hommage à Louis Mermaz, un bon élément socialiste. Bàv,
L’histoire de la formation d’une bibliothèque est un beau sujet qu’il ne faut pas gâter en répondant à un imbécile.
Rions un peu
« Trump et Netanyahu ont discuté de l’accord de cessez-le-feu à Gaza » ; il ne manque plus que Poutine pour redonner espoir aux suprémacistes ethniques et religieux de cette petite machinerie …
Il paraît que c’est du sérieux https://www.lexpress.fr/resizer/v2/BEM7MQSF2JHNPAP2VZUPQJI4LY.jpg?auth=401e0f87a72680833709a50912a278a8d6d35c9b8a89625eed78553c88534da8&width=1200&height=630&quality=85&smart=true
Rebecca Newberger Goldstein: Why Is a Jewish Atheist Different from All Other Atheists?
Is there such a thing as a “Jewish atheist?” Goldstein thinks so, identifying a particularly Jewish strain that persists in many Jews who aren’t religious. Beginning with her own Four Questions, she charts a cultural history between “Non-Jewish Jews” and “Jewish atheists.” What makes the former, such as Karl Marx or Leon Trotsky, different from the latter, such as Heinrich Heine? And which is Goldstein?
SAPIR: Ideas for a Thriving Jewish Future via gmail.mcsv.ne
https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/FMfcgzQVzFSKDGnTtVCFPCNcMbdmWqrR
“Manoeuvre indigne” chez Actes Sud : Bertrand Py claque la porte
Il est plutôt rare qu’un communiqué de presse évoquant le départ d’un employé soit rendu public sans l’assentiment du principal intéressé. Cofondateur de la maison et futur ex-directeur éditorial d’Actes Sud Bertrand Py partira fin août. Il assure pourtant que le groupe a diffusé un texte concernant son retrait de ses fonctions « sans concertation et à [s]on insu ».
On pourrait commencer l’andante du quatuor op. 44 N°1 de Mendelssohn.
Le troisième concerto pour piano de Prokofiev. Pour moi, le ciel étoilé.
J’aime beaucoup la version de Prokofiev lui-même.
Les Scènes d’enfant de Schumann.
Une mazurka de Chopin.
Le quintette avec clarinette de Mozart.
Le quintette avec piano de Saint-Saens, 1855, que je tiens pour l’intuition qu’un jour où l’autre Proust viendra.
@ Chaloux
Tu n’as pas oublié qu’il s’agit d’un autoportrait, d’une musique qui te « décrit » bien?
Pindare.
Laisse ta langue de pute se reposer un peu, la gigi, elle te remerciera crois-moi.
Pablo, je ne connais pas de musique qui me décrive (quelle importance?). Je n’ai pas besoin de me décrire et encore moins qu’on me décrive. Je ne connais que des musiques qui me fascinent, m’emportent, par exemple par le rythme unique d’Horowitz qu’aucun autre pianiste n’est capable de reproduire, d’une modeste et merveilleuse mazurka. « Foutez-vous de vous », écrit Flaubert à Maupassant.
« un autoportrait, d’une musique qui te « décrit » bien ? »
Une mise à nue obscène, Pablo75 !
Laisse ta langue…
Je n’aurais pas trouvé Mieux.
Entre temps
Oh, doucement les basses ! Bon, attaquons-nous à Paul Edel. L’humus est fertile,l’homme cultivé à l’extrême, et s’il respire désormais l’air salin,il n’empêche qu’il reste bien sympathique à mes yeux, d’autant qu’il a toujours été bienveillant avec moi…
Mais pourtant, est-ce dû à son ancienne profession (qu’il partage avec notre hôte,celle de critique littéraire) ou à une vocation manquée de professeur ? Ou bien est-ce qu’il est…Euh, comment dire ? Un « bonhomme » ?
Toujours est-il que, quand il m’est arrivé de correspondre avec lui, je me suis toujours sentie dans la position d’une « crétine des alpes »…
Bref, Paul Edel est gentil, et il manie la critique littéraire comme un bon guitariste.
Mais on a le droit de jouer du banjo !
se reposer un peu
J’aurais peut-être écrit « refroidir un peu ».
bon, voici que je déroge déjà à mon article premier, et qu’au lieu de choisir une musique « décrivant » Paul Edel, je choisis une musique décrivant « mon rapport » à Paul Edel…,non dénuée d’un certain orgueil, je l’avoue (parce que je me souviens des « conseils » de Paul Edel à la supposée abrutie que j’étais : »lisez ceci, lisez cela ». Euh… C’était déjà fait, mais comment le lui faire comprendre sans être insultante ? ) Ahahah.
Je ne sais pas pourquoi mais dans mon esprit Clopine ressemble à une Bécassine gore, égorgeuse impitoyable et sanguinaire d’innocents chatons et de chiots, tout droit sortie d’un film de Mario Bava ou de Dario Argento !
Sauf que dans le vrai je les recueille, Samuel. Mais ne changez surtout pas de lunettes orientées, ça pourrait vous donner mal à la tête.
Pauvres animaux « recueillis ».
Autant aller directement chez la Baba Yaga!
Bon,voilà les insultes… Z’auriez peut-être voulu un portrait musical, Chaloux ? Vous vous y prenez mal…
« un autoportrait, d’une musique qui te « décrit » bien ? »
Une mise à nue obscène
Jazzi dit:
Dans l’Étude opus 42 nº 5 de Scriabin que j’ai mis comme autoportrait tu as vu ma bite et mon cul, toi?
Si c’est le cas non seulement tu as l’oreille absolue, mais aussi la vue absolue…
Non Clopine, aucune envie, tenez-moi à l’écart de vos initiatives.
Plus je paie Adblock, plus j’ai de pub.
“Anyone who writes is a seeker. You look at a blank page and you’re seeking. The role is assigned to us and never removed. I think this is an unbelievable blessing. I mean, to be seventy-eight years old and still looking—this amazes me.”
Louise Glück
Non, Pablo75.
Je voulais dire qu’en nous faisant entrer au coeur de sa musique la plus intime, Chaloux se met tellement à nue que ça en devient gênant…
A propos de cette étude (qui est vraiment une des plus difficiles du répertoire), tu connais le mot de Rachmaninov. « Elle est vraiment très difficile, j’ai mis une heure à la maîtriser ». (Je crois que c’est une heure, en tout cas très peu de temps).
Parmi celles de Rachmaninov, j’aime beaucoup l’op. 39 N°4. Toujours par Richter, parce qu’il est incomparable dans ce répertoire.
Jazzi, je crois plutôt que cet ton regard qui est impudique. Tout est dans ton regard. Souviens-toi: « Quand la musique souffre, elle ne dit pas pourquoi ».
(Citation de mémoire).
Je ne vois pas le rapport entre la musique que l’on pense mieux nous décrire et le fait se mettre à nu.
Cela dit, the unanswered question par Bernstein
https://youtu.be/8tNA_DbpJjU?si=otrVmQx06Gqy70rD
Entre parenthèses, il me semble qu’on écrit Scriabine, mais l’affreux Scriabin donné peut-être l’illusion de maîtriser un peu la langue de Tchekhov…
Je ne comprends pas pourquoi Paul Watson est en prison. Juste parce qu’un État éco-terroriste l’exige ?
De Rachmaninov, il y a le si beau Prélude op. 23 nº 1
par Sviatoslav Richter
https://www.youtube.com/watch?v=-BA6YsMC18U
Et son Prelude Op.32 nº 5
par Horowitz à Moscow en 1986
https://www.youtube.com/watch?v=z5s51cjdZEc
Pourtant, Pablo, si j’étais quelque part, ce serait plutôt là, légèrement archaïque, dans l’ombre, comme tout esprit qui se respecte.
César Franck.
Et son Prélude op. 32 nº 10, le préféré de Rachmaninov:
Benno Moiseiwitsch plays Rachmaninoff Prelude in B minor
https://www.youtube.com/watch?v=fjlltDlJSQQ
« Le pianiste Benno Moiseiwitsch rapporte une anecdote amusante sur le prélude en si mineur :
« Tout a commencé lors de mon premier voyage aux USA. Rachmaninov est venu à mon concert et m’a fait plein de compliments. Il m’a dit : « Merci d’avoir joué mon Prélude en si mineur. » Je lui ai répondu : « Il se trouve que c’est mon préféré. – C’est aussi mon préféré ! » Cela a créé un lien d’amitié. Je lui ai demandé : « Aviez-vous un programme en tête en composant ce prélude ? – Oui, m’a-t-il répondu de sa voix de basse. J’ai pensé : « Bien, j’ai marqué un point. » Je lui ai dit : « Je sais que votre idée n’est pas la mienne mais je sais que la mienne est correcte. » Lui : « Dites-la moi, je vous dirai la mienne. » On marchande un moment, et finalement, je dis : « Eh bien, moi, c’est une longue histoire … – Alors, dit-il, elle n’a rien à voir avec la mienne car elle ne tient qu’en un seul mot. » Consterné, je me suis assis et j’ai dit : « Pour moi, cela évoque le retour… » Là, il me coupe la parole : « Stop ». Je demande ce que j’ai dit de mal. Il me dit : « C’est ça ! C’est le retour. »
(Wikipedia)
Mon préféré. Op. 32N°12.
@Renato,je ne connais pas du tout, j’écouterai demain.
Pour finir autant pour Sibelius que pour l’incroyable subtilité du chef Karajan.
Je ne comprends pas pourquoi Paul Watson est en prison. Juste parce qu’un État éco-terroriste l’exige ?
renato dit:
Un scandale. Si le Groenland l’extrade, le Japon va avoir des problèmes avec les écolos les plus extrêmes.
« The Unanswered Question », la seule oeuvre écoutable de Charles Ives.
Prophéties de la Salette / J.O. de Paris !
je me suis toujours sentie dans la position d’une « crétine des alpes »…
–
eh bé oui. Normal.
Le Prélude Op. 32: No. 10 de Rachmaninov, beaucoup plus beau joué par S.Richter, bien plus lentement (5min26), que par Benno Moiseiwitsch (3min17)
Rachmaninov lui-même le jouait encore plus lentement (6min17):
Parce que le Japon a émis un mandat d’arrêt. Ils ont désormais un monstre pour chasser la baleine. Ils ne sont désormais plus que trois pays à continuer à chasser la baleine.
Crétin des Alpes,.c’est une histoire de sel.
Rosanette
Avez-vous connu Aboulker le médecin du général de Gaulle ?
Comment peut-on s’auto-definir par 375 morceaux de musique successifs & classique ? Et le rock donc ?
Para mi, ce serait sûrement une comptine enfantine style
Une poule sur un mur
Qui picore du pain
Picotin picota
Lève la queue
Et puis s’en va.
Sinon, une voix de haute contre chez Purcell.
Alfred Deller
Du pain dur, rassis, si vous préférez. N’a plus vingt ans lui non plus.
« La France n’oublie rien ».
Lui, oui.
Le nouveau gouvernement, c’est avant 2027.
Haydn symphonie 64, Tempora Mutantur
Enfin un nom donné par Haydn lui-même qui a écrit sur la première page du manuscrit le début d’une épigramme « Tempora mutantur, nos et mutamur in illis », laissant dans la plume la suite qu’il devait pourtant bien connaître : « Quomodo ? Fit semper tempore peior homo ».
L’épigramme, que nous devons à un contemporain de Shakespeare, serait une allusion à une représentation non documentée de l’Hamlet, pour laquelle le Nôtre aurait écrit la musique — le Largo serait construit autour de « The time is out of joint. O cursed spite, that ever I was born to set it right » —.
Bon, ce n’est qu’une conjecture, nous somme en terre borgésienne, presque…
La première skateuse professionnelle
https://pleasurephoto.wordpress.com/wp-content/uploads/2012/04/san-diego-pat-mcgee.jpeg
Patti McGee
http://www.slalomskateboarder.com/Racers/USA/PattiMcGee/Patti-McGee-02.jpg
En mémoire de ce cher « l’abbé Pierre », une chanson autobiographique de 1981 intitulée, non pas « confessions », mais « Confidences pour confidences », c’est tout de suite plus sexy !!!
https://youtu.be/B8u0FR14Zrs
L’abbé aurait apprécié ces paroles, qui parlent d’amour de manière très paradoxale, en insistant sur ce que notre abbé aimait, paraît-il, à entendre les témoignages bouleversants dans les journaux.
Paroles de la chanson Confidence Pour Confidence par Jean Schultheis
Je me fous, fous de vous, vous m’aimez
Mais pas moi, moi je vous voulais mais
Confidence pour confidence
C’est moi que j’aime à travers vous
Si vous voulez les caresses restez pas
Pas chez moi, moi j’aime sans sentiment
Confidence pour confidence
C’est moi que j’aime à travers vous
Mais aimez-moi à genoux j’en suis fou
Mais de vous à moi je vous avoue
Que je peux vivre sans vous
Aimez-moi à genoux j’en suis fou
Et si ça vous fait peur
Dites-vous que sans moi
vous n’êtes rien du tout
Tout pour rien, rien pour vous
Vous m’aimez mais je joue
J’oublie tout
Confidence pour confidence
C’est toujours moi que j’aime à travers vous
Vous pleurez révoltée taisez-vous
Vous m’aimez mais pas moi
Moi je vous veux pour moi et pas pour vous
Vous je m’en fous tant pis pour vous
Aimez-moi à genoux j’en suis fou
Et n’oubliez jamais que je joue
Contre vous, vous pour moi sans vous
Vous l’avez voulu, tant pis pour vous
Aimez-moi
Mais confidence pour confidence
C’est moi que j’aime à travers vous
Et je me fous, fous de vous, vous m’aimez
Mais pas moi, moi je vous voulais
Mais confidence pour confidence
C’est moi que j’aime à travers vous
Si vous voulez les caresses restez pas
Pas chez moi, moi j’aime sans sentiment
Confidence pour confidence
C’est moi que j’aime à travers vous
Mais je me fous, fous de vous, vous m’aimez
Mais pas moi
J’ai des collègues qui ne sont pas cadres supérieurs et qui télétravaillent ailleurs qu’à leur domiciliation officielle, de façon régulière.
Je suis opposé à cette pratique qui devrait rester très occasionnelle. Je considère cela comme un abus patent. On devine qu’ils ne travaillent pas réellement.
Je suis très favorable à une augmentation du télétravail pour les fonctions éligibles, mais cela devrait s’effectuer obligatoirement, hors situations particulières pouvant donner lieu à dérogation ponctuelle, au domicile déclaré, c’est à dire celui où arrivent les courriers de l’employeur et servant aussi de base au remboursement ou à l’indemnité du trajet domicile-lieu de travail.
J’ai en effet des collègues qui sont en télétravail ce vendredi, en train de tondre la pelouse de leur résidence secondaire en Bretagne.
Et ils projettent d’aller cette après-midi à la plage avec leurs mioches, à 16 heures, après la sieste.
ils font le pont ?
Poésie et musique sur le prestigieux blog à Passou, l’Assomption a du bon. Dear Chaloux, vous passez vite Gide à la trappe, moins contemporaines que capitales restent « les délices de sa prose méandreuse », M. Ozouf. Sans doute perturbé par dhhrosanette qui jivarise Gide en Matzneff, pour le bonheur du confrère en dictionnaires dieppois.
Suggestion, Egon von de Vietinghoff semble plus Alexis que Green, époque où Yourcenar évoluait en Europe du Nord, pas encore en France Amérique.
Je pourris donc la journée de quelques-uns de ces collègues. Cela a commencé ce matin à 08h 30 et se ne terminera pas avant 18h.
Mon plan d’action a été concocté hier. Il se déroule à merveille.
Il comprend deux visio-conférences de deux heures chacunes organisées avec l’aval de mon supérieur.
Dans l’invitation, j’ai précisé qu’il nous rejoindrait dès que possible encours de réunion.
La première réunion est à 11h 30.
J’ai signifié par téléphone à 08h 30 la nécessité de préparer des petits documents de synthèse (qui demanderont des recherches).
La seconde sera de 15h 30 à 17h 30.
Avec débriefing à 18h. J’ai prévenu que l’on pourrait en raccourcir la durée mais je compte au contraire l’allonger.
Il y aura un point préalable à 14h (heure de la sieste) pendant lequel je prévois de lire à haute voix tous les documents préparatoire en m’arrêtant très souvent pour proposer des reformulations et modifications.
Non ils ne font pas « le pont » puisqu’ils sont en télétravail et non pas en congé.
Dear Phil, Egon de V., il me semble, ne répond absolument pas à l’obsession qui se répète sans arrêt dans la vie et dans l’oeuvre de Marguerite Yourcenar, à moins que vous n’ayez un scoop sur ce point: être aimée par un homosexuel. La rencontre avec le modèle d’Alexis, André Fraigneau, La Nouvelle Eurydice (de mémoire le problème est traité à l’envers mais reste le même), Le coup de Grâce, Quoi l’Eternité? – donc le père d’Egon- et son compagnonnage avec Jerry Wilson. Julien Green remplit la case essentielle.
@Rose
La famille Aboullker ,originaire d’Alger representait sur plusieurs generations une grande lignée de medecins , et l’un d’entre eux José ,a été à 22 ans, encore etudiant, le moteur du groupe de jeunes juifs résistants qui ont contribué a la préparation su débarquement américain en Afrique du nord .
Je ne sais si c’est lui ou un autre membre sa famille qui a opéré la prostate de de Gaulle, mais ce sont des gens que je n’ai jamais rencontrés et qui n’ont pour moi d’autre existence qu’historique
Dear Chaloux, vous savez creuser le sujet. Vietinghoff m’apparaît plus alexien que Green, dont le Journal désormais intégral, était-il incomplet pour Yourcenar ?, semble disqualifier pour endosser les affres de cet Alexis. J’avais oublié J. Wilson, un Green sans littérature. Enfin, merci pour vos réponses archivesques.
Juridiquement, tout est verrouillé.
D’une part, je ne suis pas leur supérieur hiérarchique.
D’autre part, l’objectif est réel, il est arrivé mardi, et l’échéance est courte et importante. Il n’y a aucune raison pour qu’ils n’y travaillent pas et laissent d’autres travailler dessus. Leur définitions de fonctions officielles prévoient bel et bien leur participation transversale. Tout est verrouillé.
Faits comme des rats, les maillots-de-bains-crème solaire rotant leur pastis avec encore de l’herbe dans les tongs.
…avec leur grappe de mioches braillards, que j’aurais dû rajouter. Parce que je vais les entendre en fond de réunion, c’est sûr. Avec bobonne qui dira dix fois : dis, t’as bientôt fini, passque…?
Wouarf.
Der Phil, je ne condamne pas Gide mais ce n’est pas pour moi une priorité de lecture ou de relecture, on le lisait encore il y a quarante ans, donc j’ai lu les Nourritures, les Faux-monnayeurs, L’Immoraliste, La symphonie pastorale (quel ennuyeux frigidaire!), on feuilletait Si le grain ne meurt, et les textes du début, qui ne sont pas trop mal. j’ai même lu Corydon, c’est vous dire, et de grands extraits de son Journal, dans l’édition expurgée de la Pléiade et dans le petit complément de la collection blanche qui va jusqu’en 1946. Un élément m’indique que je feuilletais encore il y a une vingtaine d’années.
Autant j’ai trouvés amusant de lire la version non censurée du Journal de Green dont j’avais lu l’intégralité dans le livre de poche (c’était amusant de le croiser de temps en temps, le lisant régulièrement, ce qui m’est arrivé deux ou trois fois), autant il ne me serait pas venu à l’esprit de lire la nouvelle édition de celui de Gide. Sans doute parce que Proust, dont j’ai commencé jeune la lecture, l’a tué dans mon esprit. Gide avait été le grand écrivain de l’époque et il a vu son étoile se ternir, surtout après 45,quand celle de Proust commençait à monter au firmament. Avec un petit répit vers les années trente. Quant à Green, les derniers volumes de son Journal intégral ne semblent plus une priorité pour « Bouquins ». Mais amusant de lire ses jugements extrêmement durs sur Mauriac alors que la famille lui avait demandé de lui succéder à l’Académie.
arrivé mercredi, pardon.
Bon. Ma pause étant finie…au boulot !
je le feuilletais
J’ai trouvé
Clavier pourri.
@PHIL
je ne connais pas le verbe « jivariser » donc je ne sais pas ce que vous pensez que je fais de Gide
un terme peut-etre formé sur la racine « jivago »;
dans ce cas vous penser que je voudrais traiter Gide comme le font les jivago réducteurs de têtes
Alors je ne dis pas non pour ce personnage immoral saccageur d’enfance et écrivain larmoyant
La Symphonie, l’immoraliste..certes réfrigérants, dear Chaloux, mais les cloisonnements génialement asphyxiants de Proust ne remplacent pas les Paludes et autres Urien. Drieu pleurait en lisant les poèsies d’André Walter, doit-on se réjouir de la disparition des deux ?
Green a bien caviardé son Journal première version, sa lecture sentait l’expurgeant, certes pas autant que celle de Montherlant. Je n’ai lu que le Journal de Gide intégral, qui se relit volontiers, comme les Faux monnayeurs.
Oui dear Rosanette, le prestigieux a déjà employé « jivarisé » pour jivaro, une référence, isn’t it…
Gide n’est jamais larmoyant.
le prestigieux…passou ! (jivarisé)
@Dear Phil, j’avais oublié Paludes, mon meilleur souvenir de lecture de Gide, avec Hubert, la chasse au canard et le canard qui est tellement bête qu’il croit que c’est lui qui a sifflé!
Yes Chaloux, Paludes, dont la relecture procure de nouvelles satisfactions,
Rosanette, lisez, peut-être…, Acquasanta, pas une eau minérale mais un court récit gidien où l’Italien remplace le Bédouin, pas de quoi fasciser
Phil i va se faire tué par la Trouillefou.
Chacun sa Madeleine, dear dédé, Clopine a la sienne, Gide aussi !
C’est le saphisme qui a fait la fortune de l’oeuvre de Pierre Louÿs; c’est la sodomie qui a fait la fortune de l’oeuvre d’André Gide. Proust, plus malin, a réuni dans la sienne Sodome et Gomorrhe. Sans cela Louÿs n’eût été qu’un écrivain élégant, Gide n’eût été qu’un raseur prétentieux. Proust aurait eu sa place parmi les romanciers mondains.
(Henri de Régnier. Les cahiers)
@Phil
Quand j’écrivais « larmoyant » je pensais à la Symphonie Pastorale et à la Porte étroite, ces romans pleurnichards qui faisaient nos délices d’adolescentes dans les années 50
mais iil y a aussi d’autres oeuvres dont Paludes qui compensent un peu les scories de l’ensemble
et il ne faut as oublier la force du témoignage de Gide sur le Congo et sur l’ursss
Rosanette , on ne peut pas penser globalement l’écrivain Gide. Ni le condamner par un récit qui vous choque,car la qualité d’un livre n’est pas à coupler avec l’étalage des « vices » de la nature humaine…
Giode, c’est un écrivain à compartiments: -le protestant, l’épistolier, le narcisse du journal intime, – le romancier d’un seul livre raté , le voyageur, le militant intermittent , l’auteur dramatique complètement raté,le critique littéraire ,le conférencier passionnant qui analyse Dostoïevski, le traducteur moyen de shakespeare, le patron d’un comité de lecture Gallimard qui rate le manuscrit de Proust, le confesseur-magicien qui sort de son chapeau des sincérités successives qui désorientent le lecteur, et l’intellectuel NRF et ses positions audicieuses qui snobe l’ Europe intellectuelle,etc etc.Qui est-ce ?
Son « Journal » reste un monument d égotisme,intéressant par des notes de lectures, accablant par la comptabilité de ses maux de tête, ses rhumes,ses progrès dans Chopin, son interminable ébat religieux. Relu il y a deux ans, « Les faux monnayeurs », ne tient pas une seconde,ses jeunes gens sont tous des reflets de Gide lui-même , simple jeu de miroirs.Gide ne peut jamais se quitter pour décrire une société comme le réussit son ami Roger Martin du Gard.
Entre nous, il est amusant de constater la mise en scène d’un tranquille inceste entre un oncle et son neveu sans qu’à l’époque cela soit pointé du doigt. Son éloge de la pédophilie dans « L’immoraliste » est vraiment choquant , d’accord Rosanette, mais ne doit pas cacher ses courages, sa face lumineuse, ces courages qui fascinèrent tant d’intellectuels, Sartre en premier. Je veux parler du « Voyage au Congo » (1927) et « Retour du Tchad » (1928) qui dénonce la violence de la colonisation française et les grandes compagnies concessionnaires qui exploitent les richesses de l’ Afrique.
Enfin et surtout, en pleine euphorie communiste de 1936, cet écrivain grand bourgeois qui qui fut une figure majeure du Front Populaire dénonce en 1937 dans son « Retour d’Urss et ses « Retouches à son Retour d’URSS,(1937) les dégâts du stalinisme avec un courage exemplaire qui annonce avec pas mal d’années en avance ce qu’écriront un Koestler, un Orwell et plus tard un Soljenitsyne.
Enfin le style gidien, cette fausse phrase classique,assez arasée, surveillée, limée, polie, concise , janséniste , qui se veut claire , un peu tremblée, faite pour renouer avec Boileau, si elle rassure tout le monde à l’époque, elle vieillit mal aujourd’hui , elle surveille,brime et corsète trop les sujets qu’elle aborde.Essayez de relire l a symphonie pastorale » ou « la porte étroite »..Le critique littéraire qu’il est profondément,surveille tant ce qu’il écrit , garde un œil sur la postérité avec tant de constance, qu’on sent la pose, la mise en scène pointilleuse et cela finit par asphyxier l’homme profond.
Des nouveautés de la semaine cinématographique parfaitement larmoyantes pour le léZard !
Les deux écrivains les plus féroces contre Gide: Cocteau et Morand.
… le maniérisme de Gide et la constipation de son âme…
(Jean Cocteau. Le passé défini VI)
Ne pas aimer les dames, soit, mais, la seule fois où on [sic] baise que ça ne soit pas avec une épouse qui a attendu, toute une vie, que vous l’honoriez, c’est un des actes les plus dégoûtants que j’a vu faire dans ma longue vie immorale (Hommage à André Gide).
(P. Morand. Journal inutile).
Cocteau me racontait qu’étant un jour entré à l’improviste dans la chambre de Gide, à Marseille, il avait trouvé le petit liftier agenouillé devant lui: «Il me recoud un bouton…», dit Gide.
(P. Morand. Journal inutile)
Paul Edel s’appelle-t-il Paul Edel ? Ou est-ce un nom de fantaisie ?
@paul Edel
Nos deux post sur Gide qui se suivaient et qui s’ignorant ne se répondaient pas disent un peu la même chose ,mais pour le votre avec une richesse de références, une compétence dans l’analyse ,et une précision dans l’expression qui mettent en évidence le pro; Merci
Impayable Charoulet!
Lorsque Henri de Regnier écrit : »Sans cela ,Louÿs n’eût été qu’un écrivain élégant »est-ce seulement un point de vue de critique ou la manifestation d’aigreur d’un mari trompé a l’égard de l’amant de sa femme ?
Impossible de m’intéresser à Gide après plusieurs lectures, le comble du ridicule étant les tirades ronflantes et sentencieuses des « Nourritures Terrestres ».
Mais je lisais partout: « Ah oui, mais il y a Paludes… » Alors j’ai fini par lire « Paludes »…
Toujours rien.
Il est vrai que je n’ai pas lu le Journal, qui doit avoir forcément un intérêt historique, documentaire.
M’enfin, il y a tellement à lire.
Ah là là, Charoulet ! Pourquoi ne lui demandez-vous pas directement ? Il est désormais à la retraite (d’une carrière de critique littéraire au Point) et il a été prix Goncourt, donc personnage public. Je ne doute point qu’il satisfasse votre curiosité… Et si ça pouvait vous faire bousculer juste un peu un de vos préjugés, là (du style : moi, Charoulet, je suis contre l’usage des pseudos donc évidemment tous ceux qui en usent sont méprisables, puisqu’ils ne pensent pas comme moi), ça ne serait pas plus mal. Même s’il reste encore un bon petit milliers de préjugés auxquels vous vous accrochez mordicus…
Cocteau…
La correspondance Morand Chardonne s’occupe de lui tailler son costume, dear Pablo. Vous appréciez le coup de ciseaux, il n’en reste qu’un squelette après le passage de Chardonne.
« «Il commençait à insulter les gens. Il s’en prenait à une famille juive. Une jeune fille et ses parents. Il a même craché sur le papa. Il s’en est pris à moi aussi», explique la plaignante à nos confrères. Assise sur un siège, la jeune femme a alors dégainé son téléphone pour filmer la scène. «Bâtards ! Salauds ! Youpins !», peut-on entendre sur cet extrait. L’individu a par ailleurs craché sur les passagers et a poursuivi ses insultes. «Bande de bâtards. Vous faites des crimes contre l’humanité ! Hitler avait raison !», a-t-il clamé dans la rame. »
Heureusement qu’il y a Le Figaro et les medias Bolloré pour mentionner ce « fait divers », comme ils disent. Silence du Monde et de Libé en tout cas sur le net (ou relégué je ne sais où).
Dear Closer, vous devriez lire Gide plutôt que le figaro.
Patrice Charoulet, Paul Edel est Jacques-Pierre Amette, un journaliste, critique littéraire et écrivain. Il paraît qu’il a un blog, mais je ne sais jamais comment y aller. Personnellement, je n’ai pas lu ses livres mais je trouve qu’il écrit plutôt très bien ses commentaires.
Ce n’est pas le même usage Phil!
Le grain de Paul Edel ne meurt pas, dear Rosanette. Bien sévère cependant pour les Faux monnayeurs, les beaux quartiers de Paris années trente ne sont pas à son goût, semble-t-il. La prose de Martin du Gard n’a pas la séduction de la phrase de Gide, il MdG en convient dans son Journal
« c’est la sodomie qui a fait la fortune de l’oeuvre d’André Gide. »
Henri de Regnier a mal lu Gide, Pablo.
Il était pédéraste affirmé, oui, mais aucune enculade dans ses textes…
Gide fut l’écrivain capital de la NRF.
Même Sartre et Genet le reconnaissent…
Monsieur Charoulet, tout le monde (ou peu s’en faut) sait ici qui est Paul Edel dans la vraie vie…Néanmoins, il a convenance à utiliser ce pseudo. Respectons son choix.
Son blog:
Curieusement il ne semble plus possible d’y laisser des commentaires.
Gide rencontre Rathenau et pense qu’on devrait le peindre en vert, tant sa pensée est retorse. Voyez bien, dear Closer, un autre niveau que le Figaro.
Cocteau… La correspondance Morand Chardonne s’occupe de lui tailler son costume,
Phil dit:
On lui a taillé beaucoup de costumes à Cocteau, mais aucun aussi beau que celui qui se taille lui-même dans son Journal. Un exemple entre des dizaines:
« Gide, Giraudoux et même Valéry. J’ai toujours annoncé leur chute. Et j’ajoute: “Sans leur chute, ma naissance est impossible.” Ils me barrent la route. Ils doivent donc disparaître. Mais je ne croyais pas que les choses iraient si vite. »
(Jean Cocteau. Le passé défini VI. 1958-1959).
Cocteau avait une idée délirante de lui-même, qu’il ose exprimer dans son Journal sans jamais se rendre compte du ridicule qu’il fait. Je ne sais pas s’il y a un auteur français au XXe siècle aussi mégalomane que lui.
S’il ressuscitait aujourd’hui et voyait les chiffres de vente de ses livres, il aurait une syncope foudroyante qui le tuerait à nouveau.
Henri de Regnier a mal lu Gide, Pablo.
Il était pédéraste affirmé, oui, mais aucune enculade dans ses textes…
Jazzi dit:
Tu es naïf: c’est la réputation qui fait vendre, pas la qualité des livres.
Oui, Pablo, mais la pénétration de l’oeuvre doit être conforme à la vérité !
Quand j’ai écrit plus haut le mot « enculade », le correcteur automatique a aussitôt remplacé par « enfilade »
Le wokisme est partout en marche !
à Paul Edel
On me demande de vous posez la question directement.
Quel est votre vrai nom, Monsieur, je vous prie ?
Réponse à un commentateur, sur le blog de Philippe Bilger
Dans un texte destiné à un autre, vous glissez ceci :
« Tiens c’est vrai au fait ! Quel était votre taf ? »
Accès de charoulétisme* aigu, assez paradoxal venant de quelqu’un qui passe son temps à se plaindre de l’immigration de masse, tandis que l’honorable professeur donne des leçons « d’antiracisme » à la terre entière. »
Je n’ai pas suivi votre dialogue avec votre correspondant et ne compte pas m’en mêler. Laissez-moi vous répondre sur deux points. Premier point. Dans la vraie vie, quand j’ai des relations avec quelqu’un, il sait très vite mon prénom, mon nom, ma profession, mon adresse, mon mail, mon téléphone, et, s’il me le demande, mon salaire. La réciproque est vraie. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un me dire : « Vous me demandez ma profession ? Vous ne la saurez pas. » Trois chefs d’entreprise, au cours de ma vie, en revanche, quand je leur ai demandé leur salaire (ou le montant de leur retraite) ,quand je leur posais la question, m’ont répondu : « Je ne te le dirai pas. » Je pense qu’ils étaient un peu gênés de dire l’importance de leur salaire ou de leur retraite. Aux Etats-Unis, l’attitude aurait été différente. Dans ce pays-là, nul n’a honte d’avoir de l’argent.
En second lieu, le racisme. Je ne donne pas de « leçons d’antiracisme à la Terre entière ». Même si je pense que le racisme existe partout sur Terre, autrement dit que des milliards de gens sont racistes et ont tort de l’être. Sur un blog, quand je lis des phrases indiscutablement racistes, je le constate, je le rérprouve et je le dis, malgré les dénégations répétées du raciste .
Je change de sujet. Il y a plusieurs très bons commentateurs ici et, qui, parfois ont une très bonne plume. Vous êtes du nombre. Cela ne vous empêche pas d’avoir tort, parfois, par exemple sur les deux points que vous abordez cette fois encore.
*Il y a quelques années, comme ce commentateur critiquait les gens de ma profession, je lui avais demandé la sienne. Réponse dudit commentateur, qui écrit sous pseudo : « Comment osez-vous me demander ma profession !»
Monsieur Charoulet
Sur ma nouvelle carte d identité c est ecrit Jacques Pierre Amette.
Alors si c ‘est la République Française qui le dit.
Sur le blog de Paul vous pouvez commenter, Closer, mais vous devez vous inscrire.
Voir, en bas à droite, « souscrire ».
Voudriez-vous arrêter d’emmerder le people avec votre manie du « vrai nom », Charoulet ?
Charoulet n’apas de salaire.
Il touche une pension. C’est très différent.
Moi, je sais, Charoulet.
Edel il s’appelle Jacques-Pierre Amette, en vrai.
Moi, je sais, Cha^roulet.
Edel* il s’appelle Jacques-Pie#rre Amet•te, en vrai.
Moi, je sais, Cha^roulet.
Ede#l* il s’appelle Jacq_ues-Pie#rre Amet•te, en vrai.
Gide, comme Victor Hugo notait ses dépenses !
_______________
ANDRE GIDE
Premières impressions de Nice
Au début de 1898, André Gide, qui vient de renoncer à un voyage en Afrique, décide de passer la fin de l’hiver à Rome avec sa femme. Il a 28 ans et a épousé sa cousine Madeleine Rondeaux, trois ans auparavant. Sur la route, le couple fait une halte de huit jours à Nice et descend à la villa Arson, qui, avant d’être une résidence d’artistes (au n° 20 de l’actuelle avenue Stéphen Liégeard), était alors une confortable pension de famille, au centre d’un ravissant jardin. Ils fréquentent également l’annexe niçoise du célèbre salon de thé parisien Rumpelmeyer, où Jean Lorrain aura ses habitudes quelque temps plus tard. Au soir de sa première journée passée à Nice, Gide consigne dans son Journal les impressions ressenties lors de la découverte de cette exceptionnelle villégiature. Le souvenir qu’il en conserva est probablement la cause des séjours que, par la suite et jusqu’à sa mort, en 1951, Gide fera à Nice.
« [Nice, villa Arson, vendredi 7 janvier.]
Tant de beauté ne s’imagine pas. Longue montée du jardin des Olives, détresse pâmée du paysage – au mois de janvier des mimosas, des eucalyptus, des rosiers en fleurs. Cette grande maison dominant le paysage, sans dominer trop le pays. Couloirs interminables avec des marches et de nouveaux escaliers. Chambre énorme (spacieuse), cheminée entre les fenêtres, petites, basses, s’ouvrant par des petits verrous au haut et au bas, s’ouvrant sur l’enchantement d’un jardin. Précisément en face de nous, une allée droite que l’œil suit mais ne peut suivre jusqu’au bout, car elle descend, rompue par des marches, des degrés réguliers et doux, et se perd sous les branches que peu à peu plus basses l’on domine. A gauche, des cyprès, lentas inter rosas cupressi* ; à droite une sorte d’architecture, qui semble funéraire et qui me fait souvenir que Ménalque disait aimer parfois mieux qu’un jardin un cimetière, ou du moins, aux lieux les plus beaux, non toujours des statues, mais parfois une simple tombe, comme celle des Alyscamps. Les allées sont soignées comme celles de l’Alcazar de Séville ; par endroits de petits graviers blancs et noirs. – C’est le soir ; la ville au loin s’allume ; à travers le brouillard on suppose la mer. – Demain, songe-t-on, nous descendrons dans ce jardin ; demain nous connaîtrons le goût de… et bientôt ce sera la lune pleine.
La chambre est froide ; on fait du feu difficilement avec des pommes de pin qui fument un peu dans la chambre. Lits côte à côte sous une moustiquaire – grand paravent à leur chevet. Pension 9 francs.
Nous avons été chez Rumpelmeyer.
2 frontignans
2 madeleines
toasts } 7 francs 05
thés
œufs.
Il faut expérimenter.
Et nous songeons aussi aux autres vues d’autres hôtels. Bristol à Naples, et surtout la merveilleuse terrasse de Ravello (Palumbo).
Attente interminable des malles, le soir.
Achat du vase de Vallauris.
Ecrit à Paul L. et Paul Valéry, Ghéon. »
(« Journal », Bibliothèque de la Pléiade, Editions Gallimard, 1996)
* « Les cyprès au milieu des roses flexibles » citation latine imitée de Virgile (Les Bucoliques : « Les cyprès au milieu des viornes flexibles »)
Doué tout à la fois d’un lyrisme virgilien et d’un sens pratique, le protestant Gide avait un souci poussé de l’économie ménagère : on le disait particulièrement radin. Ce qui n’est apparemment pas incompatible avec le goût de la poésie ! Dans sa lettre datée du même jour à Henri Ghéon il écrit : « Devant nos fenêtres ; un jardin régulier, d’oliviers, de cyprès, et déjà embaumé de roses. Le temps est tiède ; par instant il pleut ; s’il n’y avait tant de brume, je pense qu’on verrait la mer. » Et à Paul Valéry, il précise, parlant de sa femme : « Elle est souffrante, ma femme, comme souvent ; enrhumée, pas beaucoup, mais assez pour me faire renoncer à l’Afrique. Ce renoncement est d’ailleurs pour le plus grand bien du travail. C’est à Rome que nous passerons la fin de l’hiver. Nous attendons à Nice qu’on nous renvoie notre correspondance de Biskra. » Quant à Paul L., son ami le peintre Paul Albert Laurens, on n’a pas édité leur correspondance.
Voilà. Je l’ai dénoncé. J’aime dénoncer.
Gide ridiculisé par la lettre de Proust à Gide lui-même à l’occasion de la réédition des Nourritures terrestres. Céleste s’est emparée du livre (ou est-ce Proust qui lui en a lu des extraits?) et elle ne cesse de le pasticher, « Nathanaël, je te parlerai des amies de Monsieur » etc. Proust écrivant à Gide se moque ouvertement de Gide, quelque chose d’un crime épistolaire.
Clopine c’est un pseudo aussi.
Je la dénonce pareil : dans la vraie vie c’est Rihanna Groussin.
D., je te demande de garder le secret sur mon pseudo !
La journée de mes collègues est enfin terminée, Jazzi. Ils vont s’en souvenir longtemps du 16 août 2024.
No problème, Jacky.barozzi@aol.com
Moi, c’est Dimitri Dédé.
Bon. Et de ça, chez Gide, on en parle ? Gide « horrifié » de la violence subie « complaisamment » par le petit Mohammed, car lui est bien plus « doux », évidemment… Deux blancs achetant un tout jeune garçon pour en tirer un plaisir sexuel, sans jamais remettre en cause leur statut de dominateurs, au beau temps des colonies… Vous voulez l’extrait ?
« tandis que je restais assis près des verres à demi vidés, Daniel saisit Mohammed (Mohammed a quinze ans à peine, ndlr) dans ses bras et le porta sur le lit qui occupait le fond de la pièce. Il le coucha sur le dos, tout au bord du lit, en travers ; et je ne vis bientôt plus que, de chaque côté de Daniel ahanant, deux fines jambes pendantes. Daniel n’avait même pas enlevé son manteau. Très grand, debout contre le lit, mal éclairé, vu de dos, le visage caché par les boucles de ses longs cheveux noirs, dans ce manteau qui lui tombait aux pieds, Daniel paraissait gigantesque, et penché sur ce petit corps qu’il couvrait, on eût dit un immense vampire se repaître sur un cadavre. J’aurais crié d’horreur…
On a toujours grand mal à comprendre les amours des autres, leur façon de pratiquer l’amour. Et même celles des animaux (je devrais réserver cet « et même » pour celles des hommes). On peut envier aux oiseaux leur chant, leur vol ; écrire :
Ach ! wüsstest du wie’s Fischlein ist
So wohlig auf dem Grund !
Même le chien qui dévore un os trouve en moi quelque assentiment bestial. Mais rien n’est plus déconcertant que le geste, si différent d’espèce en espèce, par quoi chacun d’entre eux obtient la volupté. Quoi qu’en dise M. de Gourmont, qui s’efforce de voir sur ce point, entre l’homme et les espèces animales, de troublantes analogies, j’estime que cette analogie n’existe que dans la région du désir ; mais que c’est peut-être au contraire dans ce que M. de Gourmont appelle « la physique de l’amour » que les différences sont les plus marquées, non seulement entre l’homme et les animaux, mais même souvent d’homme à homme, – au point que, s’il nous était permis de les contempler, les pratiques de notre voisin nous paraîtraient souvent aussi étranges, aussi saugrenues, et, disons : aussi monstrueuses, que les accouplements des batraciens, des insectes – et, pourquoi chercher si loin ? que ceux des chiens ou des chats.
Et sans doute est-ce aussi pour cela que sur ce point les incompréhensions sont si grandes, et les intransigeances si féroces.
Pour moi, qui ne comprends le plaisir que face à face, réciproque et sans violence, et que souvent, pareil à Whitman, le plus furtif contact satisfait, j’étais horrifié tout à la fois par le jeu de Daniel, et de voir s’y prêter aussi complaisamment Mohammed. »
Alors là !
Et que je tartine tout cela de Whitman, de M. de Gourmont, et que je me récrie – sans pourtant intervenir ni avoir le moindre remords – , devant la violence que Daniel fait subir à l’enfant, et que je me vautre, en déplorant que Mohammed se prête complaisamment à la violence d’un Daniel « n’ôtant même pas son manteau », alors que lui, Gide, ben il aurait abusé de l’enfant mais « en face à face », « »réciproque (?, réciproque ? Il s’agit d’un enfant qui se prostitue…) et « sans violence » (sinon celle du dominateur qui paie…) »
Tout ça est abject. Je le pense vraiment.
le romancier d’un seul livre raté
Pourquoi raté ? « Les Caves » ne sont pas « ratées ».
En parlant de Nice y a-t-il eu plusieurs tremblements de terre à la fin du XIXe ou un seul. Parce que Nietzsche était pour l’une des occurrences (ou la seule).
Pour tenter d’être explicite : dans l’extrait, Gide nomme avec horreur son pote Daniel d' »immense vampire se rapaîssant d’un cadavre », pour mieux faire contraste avec lui, Gide, qui fait pareil que Daniel mais « en moins violent ».
Il n’y a pas une seule ligne d’empathie pour le petit Mohammed, au contraire, ce dernier se fait emboutir par « le vampire Daniel », tenez-vous bien, « avec complaisance »!!!
Tout ça est d’une dégueulasserie sans nom : car Mohammed est un enfant vendu, dans le cadre d’une société appuyée sur le colonialisme et sur l’asservissement de jeunes enfants dévolus au plaisir des blancs tout-puissants…
Pas la moindre prise de conscience, pas le moindre remords, juste un étonnement un tantinet réprobateur « oh, ce que ce Daniel est brutal ! Ce que je ne suis pas comme ça, moi ! Ce qu’on peut être différent dans le plaisir, tout de même… » Et que je te glose là-dessus en en faisant « de la littérature »…
Ben passez-moi le sac à vomi, là.
Je me demande si un seul professeur français ose encore proposer des oeuvres de Gide pour ses cours.
Maintenant Colette qui se tapait le fils mineur de son second mari, on en cause ?
Parce qu’il faut tout de même visualiser ces deux bonshommes, dans la même pièce, prendre leur plaisir sexuel sur un enfant embringué dans l’asservissement, et que Gide estime, du haut de la douceur de sa bite, « complaisant »…
La météo : très sale temps en Ukraine.
* était là pour l’une des occurrences
Colette n’était pas aux colonies, profitant à deux d’un enfant prostitué souligner à quel point elle est « une femme bien », elle, par rapport à sa brute de copine.
Ramener son nom ici prouve bien qu’on peut utiliser n’importe quel argument, le plus fallacieux (car, certes, j’ignore absolument ce qui s’est passé entre Colette et son beau-fils, mais ce n’est pas une raison pour cautionner les agissements d’un Daniel et d’un Gide), pour justifier l’injustifiable.
Ça balance dur chez Minc.
(mais au fond quoi attendre d’autre chez tous ces gens-là…! – déchirez-vous, pour notre plus grand bonheur)
@ clopine
vous sentez les choses comme moi
les autres ici semblent beaucoup plus tolérants que nous
Peyrefitte raconte quelque part que lui et Montherlant se partageaient le fils de leur blanchisseuse.
Un beau jour, il reçoivent chacun par la poste le message suivant.
« Aujourd’hui, j’ai 16 ans et j’ai décidé de ne plus me faire enc… »
C’était à Paris.
En attendant, j’ai retrouvé le Baudelaire intime de Nadar, que je m’en vais relire.
Je crois que presque personne n’approuve. Mais que faut-il faire? Aller faire la morale à la tombe de Gide, à Cuverville? Ce qui est fait est fait.
Ne plus lire Gide? Ne plus lire Simenon parce qu’il a favorisé la prostitution féminine? Abolir toute trace de Louis xv à cause du parc aux cerfs? C’est inextricable.
Aujourd’hui encore, un élu a été surpris, la langue dans la culotte d’un gamin de 12 ans. Que faire?
Rosanette, à ce point-là, ce n’est plus de la tolérance, c’est de la complaisance. Et c’est grave, à mes yeux.
Oui, avoir une bonne bibliothèque, c’est aussi la possibilité de relire.
Car juste à côté de tous les petits Mohammed, il y a, depuis la nuit des temps, toutes les petites Yasmina… Je ne vois pas pourquoi les amours homosexuelles devraient être affranchies de la conscience politique la plus élémentaire ! Gide vivait au vingtième siècle, et il était suffisamment cultivé pour avoir eu connaissance de ce que le mot « domination » voulait dire, dans le corps même des dominés. Mais bon. C’était juste le bon vieux temps des colonies…
Et quand je dis « amours »… Euh, « faire son marché » serait plus juste…
Un tremblement à plusieurs secousses, FL.
Nietzsche
Nice, 24 février 1887
Cher ami, peut-être la nouvelle de notre tremblement de terre vous a-t-elle inquiété ? Voici un mot qui vous dira du moins ce qu’il en est de moi. La ville regorge de gens dont le système nerveux est ébranlé, la panique dans les hôtels est à peine concevable. Cette nuit, vers deux ou trois heures, j’ai fait un tour et visité quelques personnes amies, qui en plein air, sur des bancs ou dans des fiacres, croyaient se préserver du péril. Pour moi, je vais bien. Absence complète de frayeur – et même pas mal d’ironie ! […]
(Lettres à Peter Gast)
______________________
Guy de Maupassant à Antibes
La soirée avait été fort belle et j’étais resté debout assez tard à regarder le ciel criblé d’étoiles, et là-bas, de l’autre côté du large golfe, Nice illuminée, Nice chantant et dansant par ce dernier soir de carnaval. […]
Je dormais profondément quand je fus réveillé par d’épouvantables secousses. Pendant la première seconde d’effarement, je crus tout simplement que la maison s’écroulait. Mais comme les soubresauts de mon lit s’accentuaient, comme les murs craquaient, comme tous les meubles se heurtaient avec un bruit effrayant, je compris que nous étions balancés par un tremblement de terre. Je sautai debout dans ma chambre et j’allais atteindre la porte quand une oscillation violente me jeta contre la muraille. Ayant repris mon aplomb, je parvins enfin sur l’escalier où j’entendis le sinistre et bizarre carillon des sonnettes tintant toutes seules comme si un affolement les eût saisies ou comme si, servantes fidèles, elles appelaient désespérément les dormeurs pour les prévenir du danger.
Mon domestique descendait en courant l’autre étage, ne comprenant pas ce qui arrivait et me croyant écrasé sous le plafond de ma chambre tant les craquements avaient été forts. Cependant la convulsion cessait quand tout le monde enfin gagna le vestibule et sortit dans le jardin. Il était six heures, le jour naissait rose et doux, sans un souffle d’air, si pur, si calme ! Cette absolue tranquillité du ciel, pendant ce bouleversement épouvantable, était tellement saisissante, tellement imprévue, qu’elle me surprit et m’émut davantage que la catastrophe elle-même.
Cette aurore charmante prenait pour nous quelque chose d’exaspérant, de révoltant, de cynique.
Mais je rentrai pour chercher des vêtements, des couvertures et de l’argent pour le cas, assez vraisemblable, où l’accident se renouvellerait et nous forcerait à quitter la maison, en admettant même que la maison résistât à une seconde secousse.
Je prenais des manteaux dans une armoire quand j’entendis de nouveau le singulier bruit qui m’avait saisi, sans que je l’eusse compris, lors du premier ébranlement de la terre ; et le battant de l’armoire vint me frapper la figure.
On a dit, on a écrit que le phénomène était accompagné d’une rumeur semblable à un violent souffle de mistral. Cette affirmation, que je n’oserais pas nier, devrait être vérifiée avec soin. Ce bruit bizarre, si particulier que je le reconnaîtrais toujours, m’a paru provenir uniquement de la trépidation des murailles et des meubles, des murailles surtout, secouées jusque dans les fondations, et des poutres ballottées, et des tuiles soulevées, des ciments brisés, des pierres disjointes et heurtées, de toute la dislocation du bâtiment entier.
Les personnes qui se trouvaient dehors n’ont point entendu ce bruit, ce qui me paraît assez concluant.
Nous revoilà donc dans le jardin, forcés de contempler l’aurore.
De la villa, on voit tout le golfe de Nice, et tout le cap d’Antibes. Les côtes se déroulent jusque bien au-delà de la frontière d’Italie, baignées par la mer toute bleue. Le long des plages, les villages blancs ont l’air, de loin, de si loin, d’œufs d’oiseau pondus sur les sables ; puis la montagne s’élève portant encore, de place en place, sur un pic, une petite ville ou un hameau. Et sur tout cela s’étend l’immense cime neigeuse des Alpes avec ses sommets pointus, éclatants et tout roses à cet instant, d’un rose aveuglant sous l’aurore.
On a écrit encore qu’au moment de la catastrophe le ciel paraissait en feu ! C’était tout simplement un admirable lever de soleil qui n’a pu surprendre et épouvanter que les gens peu accoutumés à sortir si tôt de leur lit.
Mais tout paraît calmé ; et la tranquillité de la matinée nous rassure au point que chacun rentre dans sa chambre. Je me jette, tout habillé, sur mon lit.
Deux heures se passent sans que rien trouble notre repos, et notre confiance revenue, quand soudain je crois sentir une agitation presque imperceptible du sol. Rien ne semble remuer pourtant, mais on dirait un frisson de la terre, un frisson profond, continu, qui va devenir un tremblement tout à l’heure. Je me lève aussitôt et j’appelle. Les murs craquent de nouveau avec le bruit étrange et sinistre dont j’ai parlé. Nous subissons une troisième secousse plus courte et moins forte que les autres.
Depuis ce moment, le sol est sans cesse vibrant. Il ne palpite pas, il semble seulement agité d’un presque insaisissable grelottement. Cela cesse parfois pendant plusieurs heures, puis soudain la légère trépidation recommence, dure une minute ou un quart d’heure, cesse de nouveau, et la terre redevient tout à fait stable sous nos pieds. On dirait, en vérité, le frémissement d’une locomotive au repos, dont les flancs sont chargés de vapeur qui n’a point d’issue pour fuir.
Plusieurs secousses très perceptibles nous ont encore soulevés d’ailleurs : trois dans la nuit qui suivit la catastrophe, une dans le jour, et deux dans la nuit d’après. Aujourd’hui, rien ; mais le sol n’a point fini de grelotter. Nous attendons. A Antibes, un autre phénomène, signalé aussi sur plusieurs points de la côte, a accompagné le mouvement de la terre.
Quelques instants après la première secousse, la mer s’est brusquement retirée, laissant à sec des bateaux de pêche et des poissons sur le sable. Les petites sardines frétillaient, un gros congre rampait en fuyant, mais on ne songeait guère à le poursuivre. Puis, un flot haut de deux mètres, plutôt un soulèvement qu’une vague, est venu couvrir la plage et la mer enfin a repris son niveau.
Plusieurs pêcheurs affirment avoir distingué, non loin de la côte, des remous et des tourbillons ; mais d’autres le nient et le fait paraît très douteux.
Il semble que ce phénomène bizarre laisse en nous une émotion très spéciale qui n’est point la peur connue dans les accidents, mais la sensation aiguë de l’impuissance humaine et de l’instabilité. Contre la guerre, il y a la force ; contre la tempête, il y a l’adresse ; contre la maladie, il y a le remède et le médecin, efficaces ou non. Contre le tremblement de terre il n’y a rien ; et cette certitude entre en nous bien plus par le fait lui-même que par le raisonnement.
Le refuge de tout homme qui souffre, de tout homme menacé, c’est son toit, c’est son lit. Or, dans ces crises de la terre, rien n’est plus redoutable que le lit et que le toit. Alors l’impossibilité de rentrer chez soi fait de l’homme une bête errante, perdue, affolée, qui s’enfuit, et qui porte en elle une angoisse nouvelle et imprévue, celle du civilisé forcé de camper comme l’Arabe.
Et puis, pour tous les gens de Nice que j’ai rencontrés, cherchant refuge autour de la ville d’Antibes où aucune maison n’est tombée, il semble que l’émotion ait été accrue par la curieuse coïncidence de l’effrayant sinistre fermant le carnaval. Ils avaient vu des masques tout le jour d’avant ; ils s’étaient couchés et endormis avec ces visages, ces grimaces, ces figures grotesques dans les yeux ; et voilà qu’ils s’éveillent au milieu d’une ville croulante et d’un peuple fou d’épouvante.
(« Tremblement de terre », article publié dans le Gil Blas du 1er mars 1887)
Tout cela est sans doute beaucoup plus compliqué que ce qu’en dit CT qui n’approfondit jamais rien et se contente de répéter ce qu’elle entend, ici où là. Qu’a-t-elle lu sur ces questions avant de pérorer? Rien du tout. Si c’est pour nous dire qu’un corps socialement dominé a toutes les chances d’être maîtrisé par un corps socialement dominant. Avions-nous besoin d’elle pour le savoir?
Et certainement autant de petits Léon et Léontine.
Chaloux, pfff… Non, vous n’aviez pas besoin de moi « pour le savoir ». Mais pour en tirer des conclusions, là, comment dire ? J’ai effectivement un peu d’avance sur vous. Sans vous offenser. Ca s’appelle, je crois « penser ». Et je vais même vous apprendre que penser collectivement permet d’avancer plus loin que penser tout seul, qui certes permet d’aller vite, mais… Pas trop profond, pas vrai ?
On se demande d’ailleurs pourquoi la Folle du Pays de Bray focalise exclusivement sur les Mohammed et les Yasmina. Désir d’être à la mode? De bourdieusifier Gide? Ou d’ignorer quelques textes cardinaux comme ce « Découvrons Henri Michaux », parfaitement d’avant garde a l’époque ou il fut prononcé. D’autres chantaient pendant ce temps là Marechal nous voilà.,..
C’est la faute à Oscar !
Gide a longuement raconté, dans « Si le grain ne meurt », l’expérience pédérastique, l’expérience de liberté, sa rencontre avec Oscar Wilde et ce qui s’ensuivit.
C’est Wilde qui l’a initié à l’Afrique du Nord, pour laquelle Gide s’embarqua pour la première fois à vingt-quatre ans avec son ami Paul Albert Laurens. De 1893 à 1900, Gide y retourne à six reprises, jusqu’à en faire le séjour de son voyage de noces avec Madeleine en 1895-1896…
Rosanette
Merci pour José Albouker. Nous en reparlerons.
Pauvre Clopine, vous croyez que vous pensez, vous ne faites que répéter. C’est d’ailleurs ce que chacun vous répète ici depuis des années. Quand je pense (moi) que vous avez osé pondre un truc sur Proust sans avoir lu ni sa correspondance ni le reste de son oeuvre, je pense que votre « pensée » est assez limitée.
Avez-vous travaillé sur les mœurs en métropole à la fin du XIXe siècle? Avez-vous confronté ce premier travail à un second qui concernerait les anciennes colonies? Que savez-vous du discours sur les mœurs à la fin du XIXe siècle, littérature, correspondances, ouvrages scientifiques etc. Quels titres avez-vous étudiés?
Aucun?
Ah…
Vous voudriez « penser » et vous ne savez pas même travailler ni réfléchir.
Dérision.
« J’ai effectivement un peu d’avance sur vous. »
Oui, sur le chemin du néant.
Dans sa définition, le wokisme englobe la réévaluation du passé avec le point de vue d’aujourd’hui (cancel culture).
Une façon de porter des jugements définitifs en se dispensant au préalable de penser, justement !
Daniel saisit Mohammed (Mohammed a quinze ans à peine
Clopine dit:
15 ans c’est la majorité sexuel en France aujourd’hui. Gide faisait bien pire: Jacques Brenner raconte dans son “Journal” que le Prix Nobel de Littérature 1947 couchait au Maroc avec des enfants de 6 ans.
Daniel saisit Mohammed (Mohammed a quinze ans à peine
Clopine dit:
15 ans c’est la maj.orité sex.uelle en France aujourd’hui. Gide faisait bien pire: Jac.ques Brenner raconte dans son “Journal” que le Prix Nobel de Littérature 1947 couc.hait au Maroc avec des en.fants de 6 ans.
Parfois, il faut mettre des points au hasard pour que les messages passent. Mystères de l’informatique…
Vous avez entièrement raison, Chaloux, mais, euh, comment dire ? Quand une voix s’élève pour dire que « le roi est nu », que doit-on faire ? Interroger la légitimité de la voix (dans le conte, c’est, si je m’en souviens bien, celle d’ un petit enfant), la fustiger, bref, tenter de la faire taire, ou bien juste lui accorder le mérite d’interroger la cécité ? Depuis quarante-cinq commentaires au moins, on érige ici Gide comme un « modèle ». Plutôt que de parler de mes insuffisances, dites-nous ce que vous pensez de ce passage édifiant du « grain qui ne meurt » ? Plutôt que de persuader Clopine de se taire, se demander pourquoi ce silence, autour de ce passage (accablant, non ?) du texte Gidien ? Bref, parler de Gide dans cette perspective, plutôt que de moi ???
Un jour Gide aurait dit à un gamin.
– Et si on te demande comment je m’appelle, tu répondras: « François Mauriac ».
Je ne connais pas la source
Clopine, je traite votre incommensurable orgueil comme il doit l’être.
Peyrefitte raconte quelque part que lui et Montherlant se partageaient le fils de leur blanchisseuse.
Chaloux dit
Peyrefitte raconte dans « Propos secrets » toutes les stratégies de Montherlant pour draguer des gosses sans se faire arrêter par la police.
Si Clopine lisait ce livre (très amusant, d’ailleurs, parce que Peyrefitte balance sur tout le monde, y compris sur Mauriac le catho et ses relations amoureuses avec Cocteau) elle risquerait de se casser le crâne en tombant de sa chaise en apprenant les turpitudes des hommes en général et des pédérastes en particulier.
@Pablo. J’ai commencé le journal de Jacques Brenner par la fin l’été dernier. Cette année, je vais lire 70-79. On en avait parlé, je me souviens. Je trouve tout de même que c’est une lecture intéressante, même si c’est un peu morne parfois.
Mon post sur Brenner ne veut pas passer.
Pourquoi braquer les projecteurs sur un écrivain pédéraste ?
Une recherche du bouc émissaire, qui ne m’étonne guère chez Clopine, mais plus chez Rosanette.
S’agissant, si j’ai bien compris, de la problématique des corps dominants sur les corps dominés, il faudrait englober dans le même élan de réprobation tous les écrivains ayant pratiqué les amours tarifés.
Et selon le vertueux principe de la cancel culture, retirer des bibliothèques et des programmes de littérature, pratiquement la quasi totalité des écrivains de tous les temps et de tous les pays et continents !
À propos du Journal de J.Brenner, il écrit dans les années 70: « Je lis avec passion le nouveau Jouhandeau, ‘Confrontation avec la poussière’… ».
Quelqu’un connaît ce livre?
Mon post sur Brenner ne veut pas passer.
Chaloux dit:
Le mien est passé en mettant un point à son prénom.
En revanche, Henri de Régnier a bien correspondu avec Gide au moins pour un voyage en Bretagne autour de 1900. Le jugeait-il plus sortable?
@jazzi
Ma grille de lecture est moins dominants /dominés qu’ indignation devant le saccage d’une enfance ,le rapport inégal colonisateur colonisé ne jouant que comme un élément aggravant dans le cas de Gide
« les stratégies de Montherlant »
Quand il partait en chasse sur les Grands Boulevards, il ne sortait jamais sans placer dans la poche de son veston une lettre d’admiration pour l’un quelconque de ses ouvrages, signée du président de la République.
Ainsi, la poche droite de son pantalon trouée, il pouvait se branler tout en se frottant contre un jeune garçon dans la fille d’attente d’un cinéma…
Rosanette, de très jeunes garçons et filles livrés à la prostitution, pas seulement dans les colonies…
@Pablo75 dit: à
À propos du Journal de J.Brenner, il écrit dans les années 70: « Je lis avec passion le nouveau Jouhandeau, ‘Confrontation avec la poussière’… ».
Quelqu’un connaît ce livre?
Tout ne tient-il pas dans le titre ? Salut salut les aspirants inspirés
Quant au « saccage d’une enfance », c’est un problème trop grave pour l’aborder avec les arguments du moralisme…
Henry Miller raconte dans l’un de ses livres sur Paris que dans les années 30 il y avait de mères qui offraient leurs filles de 8-10 ans en pleine rue (je crois me rappeler qu’à Montparnasse, à la sortie des cafés).
Je m’appelle : personne
Ceux qui portent en eux quelque chose de grand ne l’attachent pas à leur personne. Au contraire. Qu’est-ce qu’une personne ? Un nom, des besoins, des manies, des ridicules, des absences ; quelqu’un qui se mouche, qui tousse, mange, ronfle et cætera ; […]
Mais le biographe les guette, qui se consacre à tirer cette grandeur qui les a signalés à son regard, de cette quantité de communes petitesses et de misères inévitables et universelles. Il compte les chaussettes, les maîtresses, les niaiseries de son sujet. Il fait, en somme, précisément l’inverse de ce qu’a voulu faire toute la vitalité de celui-ci, qui s’est dépensée contre ce que la vie impose de viles ou monotones similitudes à tous les organismes, et de diversions ou d’accidents improductifs à tous les esprits. Son illusion consiste à croire que ce qu’il cherche peut engendrer ou « expliquer » ce que l’autre a trouvé ou produit. Mais il ne se trompe guère sur le goût du public, qui est nous tous.
Paul Valéry, Mauvaises Pensées (835-836)
Tous les jugements sur les hommes ou sur les œuvres qui sont louanges ou blâmes sont des jugements de concierges : jugements de cerveaux qui sont à la porte des choses.
(Ibid., 865)
Qui a dit :
« La nature a horreur du Gide » ?
Il n’y a qu’une sorte d’opinion d’autrui qui doive préoccuper : celle de ceux qui mettent un intérêt passionné et spécial aux choses que l’on produit. […] (898)
Bien des raisonnements critiques conduisent à ceci : « Je vous reproche de n’être pas moi, comme moi, conforme à moi. (899)
De nos jours, de plus en plus, semble-t-il, la critique a un seul but : nier, détruire l’œuvre. En réduisant l’œuvre à la psychologie, l’œuvre n’est plus que matière psychologique ; réduite à son contexte social par un sociologue, l’œuvre n’est plus que matière de sociologie. Ou bien on réduit l’œuvre à des idées générales qu’elle contient et qu’elle illustre ; ou bien on veut en faire l’instrument d’un système politique, idéologique […]
En réalité, une œuvre est irréductible. Une œuvre est justement ce qu’il en reste après ou malgré la sociologie, la psychanalyse, l’économie, le système idéologico-politique, la philosophie, etc.
Ainsi, au lieu d’éclairer l’œuvre, les critiques la laissent dans l’ombre, n’éclairant que son contexte.
Eugène Ionesco, Journal en miettes (209)
L’œuvre est le produit d’un milieu, d’une époque, d’une race, disait Taine […] L’œuvre est le produit d’une classe, d’une société, d’un temps, disent les marxistes […] comment se fait-il que les œuvres diffèrent ? Étudier les contextes, les conditionnements, bien sûr cela a de l’intérêt ; mais le contexte est une chose, l’œuvre en est une autre ? On veut noyer l’œuvre, on veut la dissoudre dans son contexte, on veut la détruire. […] Au bout d’un certain temps, les contextes n’ont plus d’importance, les contextes s’élargissent, restent les monuments de l’art qui sont indissolublement eux-mêmes et « leur contexte » en plus qu’ils sauvent du néant.
(210)
[Hemingway] « — Que mes livres soient immortels, je n’ai rien contre. Je les ai écrits de telle façon qu’on ne puisse pas y changer un mot. J’ai tout fait pour qu’ils résistent aux intempéries. Mais en tant qu’homme […] l’immortalité je m’en fous ! » […]
Cent fois, j’ai exhorté les gens à ne pas se mêler de ma vie. […] L’horreur que j’en ai éprouvée a été pire que l’horreur même de la mort. L’homme peut mettre fin à sa vie. Mais il ne peut mettre fin à son immortalité. […] C’est l’horreur, […], c’est l’horreur […] Je voyais mes quatre épouses […] écrivant tout ce qu’elles savaient de moi […] et tous mes amis étaient là et racontaient tous les cancans ».
[Goethe] « Ce que vous racontez me rappelle un rêve […] Imaginez une petite salle de théâtre de marionnettes. Je suis derrière la scène, je dirige les pantins et récite moi-même le texte. C’est une représentation de Faust. De mon Faust. […] Et puis tout à coup j’ai regardé la salle et j’ai constaté qu’elle était vide. […] Ils étaient tous derrière la scène ! […] Et j’ai compris que le spectacle qu’ils voulaient voir, ce n’étaient pas les marionnettes, mais moi-même. […] Je les savais à mes trousses. »
(Milan Kundera, L’Immortalité)
1818
commentaires