de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Pour saluer Michel Tournier

Pour saluer Michel Tournier

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Depuis des années, on le croyait mort parce qu’il vivait retiré dans son presbytère de Choisel dans la vallée de Chevreuse, pas très vaillant sur ses jambes mais l’esprit toujours aussi vif, l’indépendance à fleur de peau, l’ironie mordante au coin des lèvres, l’espièglerie faite homme. Esprit libre s’il en fut, il n’écrivait plus, lisait encore (les Confessions de Rousseau tout en restant fidèle au livre qui l’éblouissait depuis sa jeunesse, l’Ethique de Spinoza), recevait peu, tonnait volontiers, s’informait de la marche du monde en regardant le journal télévisé de la ZDF, la deuxième chaine de lé télévision publique allemande. […]

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Avec Aragon, une question de distance

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Ces trente dernières années, l’éditeur Antoine Gallimard n’a eu de cesse de trouver un biographe qui veuille bien s’attaquer au monument Aragon. A ses débuts dans le métier, il avait bien connu l’écrivain dont il considère que l’œuvre est de celles qui dominent la littérature française du XXème siècle. Il essuya maints refus avant de convaincre le romancier Philippe Forest, à l’instigation du directeur de la collection Biographies/Nrf Ran Halevi. C’est que le personnage ne suscite guère l’empathie, alors même que son œuvre ne semble pas près de sortir du purgatoire trente trois ans après sa mort. La somme que […]

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Le rêve d’impuissance des Portugais selon Eduardo Lourenço

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Y a-t-il un essayisme heureux ? On mettra certainement sur le compte de la saudade, variante de la mélancolie mais dans ce qu’elle a de plus heureuse et blason de la sensibilité portugaise, le fait qu’Eduardo Lourenço ne voit dans cette pratique exclusive de son métier d’écrivain que désastre personnel et vision tragique de la vie. Moins connu que George Steiner, Claudio Magris, Roberto Calasso ou le regretté Simon Leys, il est pourtant de la même famille. Cela n’a rien de politique. Juste qu’ils ont en commun une intelligence du cours des choses littéraires et poétiques, assise sur une fascinante érudition […]

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Gérard Rondeau sort le grand jeu

Gérard Rondeau sort le grand jeu

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Vous voyez Star Wars ? Eh bien les photos de Gérard Rondeau, c’est le contraire. Ou quelque chose comme ça. Des visages, des silhouettes, des paysages. Des fantômes d’humanités. Autant de présences. De quoi faire un monde. Que du noir et blanc sur papier argentique. Ca fleure bon le XXème siècle mais sous un ciel bas, gris, sombre. Parfois tout n’y est que solitude et désolation, mélancolie et oubli de soi. Mais de misérabilisme, jamais. L’homme est trop discret, trop pudique pour encourir l’ombre d’un reproche de ce type. Pas de pathos. On est là dans le nu de la vie, […]

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Claudio Magris : « Qu’est-ce qu’on perd en écrivant ? »

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Des rapports entre la littérature et la biographie, l’Histoire, l’invention, l’exactitude, la vérité, la traduction, le chat Murr, Danube et aussi la matière de Secrets, pamphlet contre la tyrannie de la transparence qui vient de paraître chez Bibliothèque Rivages (77 pages, 12 euros) à l’occasion d’une récente rencontre avec Claudio Magris en marge d’un débat à la Maison de l’Amérique latine. La République des livres : Vous parvenez, vous, à faire la part de l’invention dans vos livres ? Claudio Magris : On n’explore pas assez les liens entre littérature et journalisme. Cela fait quarante-huit ans que j’écris pour le Corriere della Serra. […]

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Sur Godot, on n’attendait plus que Beckett

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Boulevard de Port-Royal à Paris, chez Samuel Beckett, le téléphone ne sonnait pas ayant été par lui châtré. C’est lui qui appelait les autres, regardant par les fenêtres de son appartement qui donnaient sur les cours de la prison de la Santé. Comme il voyageait souvent, en Irlande notamment, il se livrait volontiers à son épistolat. S’il est vrai qu’en dehors de son œuvre stricto sensu, un créateur ne se dévoile nulle part mieux que dans sa correspondance, Beckett-le-taiseux ne déroge pas à la règle, sa pudeur, son effacement légendaires dussent-ils en souffrir. Le premier volume de sa correspondance révélait […]

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Le moment Apostrophes

Le moment Apostrophes

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Etrange cette impression d’être considérés comme des dinosaures par des plus jeunes lorsque nous leur parlons d’Apostrophes, exactement comme nous tenions pour des diplodocus ceux qui nous vantaient le charme de Lectures pour tous quand nous étions plus jeunes. Il est vrai que l’émission de Bernard Pivot est née il y a quarante ans, déjà. Une émission purement littéraire, entendez par là qu’elle était exclusivement consacrée aux livres, fussent-ils parfois bien peu littéraires. Durant les quinze années de son existence sur la deuxième chaine, de 1975 à 1990, elle joua un rôle essentiel dans la vie culturelle en France ; elle […]

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Dans l’ombre de Bruno Schulz

Dans l’ombre de Bruno Schulz

Carole Vantroys

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Elle et Lui …  Elle : 28 ans, professeur, cultivée, belle, beaucoup de classe, aimant la littérature et la marche à pied. Lui : 41 ans, artiste tourmenté, dessinateur de croquis bizarres, épistomane, amateur de fantasmes sexuels en tous genres, tendances masochistes et fétichistes certaines. Jozefina Szelinska et Bruno Schulz : la fiancée et le génie. Ils s’aimèrent passionnément, entre 1933 et 1937, à Drohobycz, ville provinciale de Galicie orientale, aujourd’hui située en Ukraine. Bruno était très épris de cette muse, cette déesse (il la surnommait Juna, d’après Junon), voyait en elle « l’être le plus proche » qu’il ait eu sur […]

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Mais où donc est passée la littérature ?

Mais où donc est passée la littérature ?

Sophie Benech

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Isaac Babel est un grand écrivain, il existait par et pour la littérature, écrire était sa passion et sa raison de vivre. Or la biographie que lui a consacrée Adrien Le Bihan Isaac Babel. L’écrivain condamné par Staline (343 pages, 22 euros, Perrin) traite presque exclusivement de sa personnalité, de sa vie privée et de ses positions politiques – du moins telles que les comprend l’auteur. Si, après bien des hésitations, je prends la plume pour parler de cet ouvrage, c’est parce que Babel lui-même n’est plus là pour se défendre contre le réquisitoire dont il fait ici l’objet, tant d’un point de […]

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« Beowulf » revisité par Tolkien

« Beowulf » revisité par Tolkien

Christopher Tolkien

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Tout le monde sait qu’il existe une traduction de Beowulf en anglais moderne et en prose, réalisée par J.R.R. Tolkien, et au vu de la réputation et de l’éminence de celui-ci dans le domaine des études littéraires et linguistiques vieil anglaises, le fait qu’elle soit restée inédite pendant de si nombreuses années est même devenu matière à reproche. C’est moi qui suis responsable de cette situation, et la raison ou explication première en est assez simple. Cette traduction fut achevée vers 1926, quand mon père avait 34 ans ; deux décennies d’enseignement de l’anglo-saxon à Oxford l’attendaient, deux décennies d’étude approfondie de la poésie […]

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