de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Contre la rimbaldie

Contre la rimbaldie

MAMADOU ABDOULAYE LY

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Il y a eu le Contre Sainte-Beuve de Proust, il y aura désormais Les rimbaldolâtres (Grasset, 128 p., 13 €), c’est-à-dire un Contre la Rimbaldie. Ecoutons l’auteur : “Le problème avec Rimbaud, dit-il, c’est la Rimbaldie.” (p.66) Quel est l’énergumène qui a osé écrire cela, à propos de l’amant de Verlaine, du poète des Illuminations et du ‘Dieu’ des Surréalistes ? Eh ! bien, c’est Jean-Michel Djian, auteur des Solitudes du pouvoir et biographe d’Ahmadou Kourouma. Disons-le tout de suite, il s’agit d’un pamphlet dirige contre tous les adorateurs et les thuriféraires de Rimbaud depuis 1891. Tout y passe : les gardiens […]

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Cent ans de métamorphoses

Cent ans de métamorphoses

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Il n’avait pas tort, Italo Calvino. A force de mettre “kafkaïen” à toutes sauces, de galvauder l’adjectif outrageusement à le synonymisant avec « illogique » ou « absurde » jusqu’à le vider de son sens, ou du moins à le pervertir ce qui est une face de la rançon du succès (“surréaliste” a subi le même sort funeste), on en oublierait ce qu’il y a de véritablement kafkaïen dans l’œuvre de Kafka. Le centième anniversaire de la publication de La Métamorphose (Die Verwandlung) par Kurt Wolff à Leipzig, nouvelle dans laquelle Vladimir Nabokov voyait la quintessence de toute son œuvre, est l’occasion d’y revenir. […]

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Ces années du boom latino-américain

Ces années du boom latino-américain

JORGE CARRION

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Nous sommes face à un livre important. Un livre qui, à partir d’aujourd’hui, sera cité dès qu’on parlera du boom, ce mouvement littéraire amorphe qui a réuni, peut-être comme aucun autre dans l’histoire, le succès commercial et la grande littérature. Aquellos anos del boom. Garcia Marquez, Vargas Llosa y el grupo de amigos que le cambiaron todo (RBA, 876 pages, Barcelone, 2014), autrement dit « Ces années du Boom. García Marquez, Vargas Llosa et le groupe d’amis qui a tout changé », est un livre de référence, fruit de nombreuses années de voyages, d’interviews et de lectures, écrit par Xavi Ayén, un […]

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L’Allemagne intérieure de Michel Tournier

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Il y a comme ça des écrivains très français qu’un réflexe nous fait associer automatiquement à un pays étranger tant ils l’ont loué, critiqué, décortiqué et habité jusqu’à en être à leur tour habité. Un pays, c’est à dire une langue, une culture, un passé, une littérature. Michel Tournier, c’est l’Allemagne. Ou plutôt les Allemagnes. Non à la façon d’un Mauriac qui se réjouissait qu’il y en eut deux tellement il l’aimait, mais à la Tournier. Il en voit quatre : l’Allemagne de l’Ouest, l’Allemagne de l’Est, l’Autriche et la Suisse alémanique (ça va grogner du côté de Zurich, ville qu’il […]

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Quand le lecteur sans qualité écrit à l’écrivain

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Qui n’a jamais cédé à la tentation d’écrire à un écrivain ? Il faut oser, il faut s’autoriser. Ruminer la lettre, l’écrire, l’envoyer. Se croire d’égal à égal, d’autant qu’on n’en est plus au « mon cher Maître », encore que du côté de l’Académie, cela produit encore son petit effet. L’exercice est intimidant. L’ère du courriel a peut-être désinhibé les survivants de l’ère du courrier. Et puis écrire pour dire quoi ? Qu’on le remercie d’exister ou qu’on l’encourage à disparaître au plus tôt. Qu’on aime ses livres, qu’on les dédaigne, qu’on les interroge. Qu’ils contiennent des erreurs, des incorrections, des facilités, des […]

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Morand, Chardonne et le dégoût des autres

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On écrit toujours trop. Surtout des lettres. Désormais des courriels. Déconseillé aux écrivains. Même pour le courrier, n’écrivez que ce qui vous brûle les doigts. Ne gaspillez pas vos cartouches, économisez vos traces ! Sinon ne vous étonnez pas que d’autres cherchent ensuite à mettre leurs pas dans les vôtres. Cocteau avait prévenu : « Un auteur se fait grand tort en écrivant ». Ce qui n’a pas découragé Jacques Chardonne et Paul Morand de se livrer à leur irrépressible épistolat presque chaque jour à partir de 1953. S’ensuit une manière de conversation, l’un dans le Val d’Oise, l’autre dans le canton de Vaud. Conservées […]

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Le français serait-il plutôt la « langue de Montaigne » ?

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Dans un récent dossier, la revue Medium s’était interrogée sur la notion d' »écrivain national » et la pertinence de l’expression « la langue de Molière » pour désigner le français. « La République des livres » s’en était fait l’écho. Retour sur ce débat d’histoire littéraire qui vire au débat d’idées avec Antoine Compagnon, professeur de littérature française au Collège de France et à l’université Columbia de New York, auteur d’essais sur Brunetière, Proust, Montaigne, les Antimodernes et tout récemment d’un Baudelaire, l’irréductible (333 pages, 24 euros, Flammarion) La République des livres : Pas très ancienne, cette notion d’ « écrivain national », non ? Antoine Compagnon : Elle date […]

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Pour saluer François Maspéro et…

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Pour ceux qui ne le connaissaient pas, François Maspéro, qui vient de disparaître à 83 ans , était quelqu’un de pudique, discret, réservé. Du genre qui pèse chacun de ses mots avant de les employer. Des qualités manifestées tant dans son activité d’éditeur (« éditeur engagé » clament ce matin les médias, mais s’agissant de lui, c’était d’une telle évidence que cela en devenait pléonastique) que dans celle de traducteur et d’écrivain. Tout le contraire d’un bateleur de médias. Il fut autrefois le fondateur et l’âme des éditions Maspéro, résolument engagées à gauche, et l’animateur de la légendaire librairie « La joie de […]

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Du silence de Pascal Quignard « Deo Soli Gloria »

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Qui d’autre que Pascal Quignard imagine-t-on prononcer une conférence sur « Les ruines de Port-Royal » en la cathédrale de Coutances, un soir de l’été dernier, en compagnie de Jean-François Détrée à l’orgue puis au clavecin ? Pour ceux qui n’en étaient pas, un éditeur attentif a pensé à la publier, non sans la réunir à d’autres prises de parole du même, mais improvisées celles-là, sous le titre Sur l’idée d’une communauté de solitaires (75 pages, 8 euros, Arléa). Est-ce dû à leur oralité première, fût-elle corrigée après coup ? Toujours est-il que ces paroles souvent lumineuses sont plus accessibles, en tout cas moins […]

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Gaston Gallimard versus Bernard Grasset et réciproquement

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Si la rivalité entre deux monstres sacrés de l’édition moderne n’avait été qu’une querelle de personnes éminentes, ou un affrontement d’egos, elle serait secondaire. Si elle vaut que l’on s’y attarde, c’est bien que deux visions de leur monde, deux conceptions de leur métier, et, tout de même, de la littérature, se sont opposées à travers l’antagonisme qui lia Gaston Gallimard (1881-1975) à Bernard Grasset (1881-1955) durant toute la première moitié du XXème siècle. De quoi justifier le passionnant documentaire que Jérôme Dupuis, journaliste littéraire à L’Express, leur consacre ce jeudi à 21h35 sur France 5 dans la série « Duels ». Le […]

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