de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

A la recherche des lecteurs de Proust

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Il n’y a pas que Faulkner : de Proust aussi on pourrait dire qu’il est devenu un écrivain pour écrivain. Car qui de nos jours, hors de cette catégorie qui comprend aussi des intellectuels, des universitaires, des critiques, qui a vraiment lu la totalité de la Recherche du temps perdu et la relit encore ? C’est là que git le paradoxe de Proust particulièrement aiguë en cette année anniversaire du centenaire du prix Goncourt attribué à A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il est partout présenté comme l’écrivain de langue française, le plus important et le plus prestigieux du XXème siècle. Le […]

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Roberto Bazlen, artiste sans oeuvre

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Les fiches de lecture des milliers de manuscrits rejetés sont le secret le mieux gardé des maisons d’édition. Peut-être plus encore que les contrats. Car il n’y a pas toujours de quoi être fier. Bien sûr, avec le recul et le jugement de l’histoire littéraire, rien n’est facile et vain comme de railler un lecteur de grande maison qui n’a pas su déceler un chef d’œuvre ou même un livre appelé à faire date. Quand le refus est de la maison ou de son propriétaire, la responsabilité est diluée ; mais lorsque l’indiscrétion mêlée à la rumeur dévoile l’identité du lecteur […]

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Mallarmé, l’exténué de lettres

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3340 lettres adressées à quelque 550 correspondants ! Et dire que l’épistole n’était vraiment pas son genre… qu’il rechignait à se résoudre à cette conversation avec un absent… qu’il prévenait volontiers celui à qui il écrivait : ceci n’est pas une lettre, boutade qui avait sa part de vérité… Publiée une première fois en 12 volumes, la Correspondance 1854-1898 (1914 pages, 65 euros, Gallimard) du poète Stéphane Mallarmé (1842-1898) nous revient cette fois en une brique magnifique qui doit bien peser ses deux 2,5 kgs, armée d’une chronologie, d’une bibliographie, d’index divers et de précieuses notes pour lesquels on ne saurait trop louer […]

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Un certain malaise

Un certain malaise

François Kasbi

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Quel étrange livre : on en ressort mal à l’aise, troublé. Comme si tout ce que l’on avait lu était à double détente. Ainsi de Bernard Faÿ (1893-1978) : esprit cosmopolite, proustien distingué, supposé raffiné, amant de la moderne Amérique, professeur au Collège de France. Ou encore : esprit borné, duplice, envieux, arrogant, flagorneur, condamné aux travaux forcés à la Libération et à l’indignité nationale. Oui, c’est le même. Peut-être a-t-on dû pour affiner le trait, lire, en complément indispensable au portrait de Faÿ que dresse Antoine Compagnon dans Le cas Bernard Faÿ – Du Collège de France à l’indignité nationale (224 pages, 23 […]

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De l’individu à son double

De l’individu à son double

Roméo Fratti

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L’hémisphère Nord occidental est hâtivement et péjorativement qualifié d’« hyper-individualiste ». Or, l’individualisme ne représente-t-il pas un aspect culturel majeur de nos sociétés, sans cesse réaffirmé par les littératures européennes depuis la Renaissance ? Dante Alighieri semble prendre pour la première fois le contre-pied du postulat holiste d’Aristote, selon lequel « le Tout est nécessairement antérieur à la Partie » : la figure de Béatrice, qui consacre l’idéal féminin en Italie à la fin du XIIIèmesiècle, permet en effet de constituer une individualité comme conscience indivisible et irréductible à tout autre être humain. Étrangement, c’est donc bien l’auteur de La Divine Comédie qui, dans la littérature […]

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La condition humaine, Maigret compris

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Jules Maigret est impardonnable. A cause de lui, l’opinion lettrée est persuadée que Georges Simenon est un auteur de romans policiers – qu’il n’est que cela (excusez du peu et, en passant, quel mépris pour un genre qui a ses lettres de noblesse depuis longtemps). Ou même qu’il n’est rien d’autre. Et ce ne sont pas les fiestas du 90ème anniversaire de sa naissance (qui coïncideront cette année avec le 30èmeanniversaire de la mort de l’écrivain, le créateur et sa créature se retrouvant ainsi bras dessus bras dessous dans les célébrations), avec un Tout Maigret en dix volumes (Omnibus) préfacés par des […]

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Mourir… dormir, dormir ! Rêver peut-être !

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Nous aura-t-il fait rêver, justement, ce passage de Shakespeare… (Hamlet, III, 1). Il y a plusieurs années, Katharina Hagena en avait fait le fil rouge d’un beau roman L’Envol du héron ((Vom Schlafen und Verschwinden, traduit de l’allemand par Corinna Gepner, Editions Anne Carrière). Etait-ce le roman de la disparition ou celui du sommeil ? A moins que ce ne fut l’un dans l’autre, ce qui disparaît de nous lorsque nous nous abandonnons. L’un de ses trois personnages principaux était une somnologue, qui allait d’un congrès l’autre. Entre collègues, ils s’y projetaient des films de patients, généralement des maires ou des pasteurs, espionnés dans […]

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Le vrai Albert Cohen, enfin !

Le vrai Albert Cohen, enfin !

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Les lecteurs de la Comédie humaine, des Rougon-Macquart, des Hommes de bonne volonté ou de la Recherche du temps perdu ont toujours su qu’en en lisant séparément l’un des volumes, il s’agissait de la partie d’un tout, laquelle en principe pouvait se comprendre et s’apprécier sans connaître l’ensemble. Mais combien de lecteurs d’Albert Cohen (1895-1981) se sont-ils jamais doutés que c’était également le cas ? Enfin, ils peuvent vraiment lire son œuvre. Ceux qui connaissent plusieurs de ses livres diront que c’est déjà fait de longue date – à l’exception des allergiques, des indifférents à son verbe étincelant, Alain Finkielkraut par exemple ne cache […]

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L’« inventoire » des archives

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Tout chercheur en a rêvé, l’IMec l’a fait ! On pourrait le dire ainsi. Qu’il soit professionnel ou dilettante, que sa curiosité le pousse vers l’histoire littéraire, l’archéologie des idées, l’aventure intellectuelle ou le passé des maisons d’édition, le dit chercheur disposait jusqu’à présent du riche fonds  et des collections de l’IMec (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) sis à l’abbaye d’Ardenne (Calvados), une sorte de Thélème en pleins champs près de Caen ; mais ces archives et collections (plus de 700 entrées) n’étaient présentées que dans un environnement d’interrogation unique. Si important que soit un centre de cette nature, il ne […]

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Proust version Fallois, proustien capital

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A la mort de Bernard de Fallois (1926-2018), on a si bien rendu hommage à juste titre au grand éditeur qu’il fut  et au flair qui marqua l’ultime époque de sa carrière tout en étant aux antipodes de son univers littéraire (la révélation internationale du jeune romancier Joël Dicker) que cela a éclipsé son travail de pionnier au service de deux écrivains qu’il admirait : Georges Simenon, dont il fut l’éditeur et l’ami, et à qui il consacra en 1961 l’une des toutes premières monographies parues sur son œuvre, (Simenon, « La Bibliothèque idéale », Gallimard) ; et Marcel Proust. Non pas sa biographie, […]

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