de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

C’est confirmé : Napoléon perçait déjà sous Bonaparte !

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Ce Bonaparte (854 pages, 30 euros, Gallimard) est l’histoire, riche en détails et intuitions, d’un homme pressé, impatient, sûr de lui. Pas la première du genre, observera-t-on ; il est vrai que la bibliographie napoléonienne est des plus fournies. Quel écrivain n’a pas donné sa vision du personnage ! A croire que ce fut un genre en soi, une figure imposée : Chateaubriand, Stendhal, Bloy, Suarès, Cabanis, Malraux. Pour ne rien dire des historiens, dont c’est le rayon. Alors, n’en jetez plus ? Pas si sûr. Car Patrice Gueniffey, ancien assistant de François Furet devenu lui-même un spécialiste de la  Révolution, ne s’est pas […]

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De l’esperluette entre Winston & Clementine

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Mais non, ce n’est pas un monstre sacré, ce Churchill. D’abord parce l’expression est un lieu commun trop commun pour lui, ensuite parce qu’elle commence mal, avec ce quelque chose de monstrueux, et donc de bestial, alors qu’il n’y avait pas plus humain, terriblement humain que lui. La preuve : il écrivait à sa femme, tout le temps. Conversations intimes (traduit de l’anglais par Antoine Capet et Dominique Boulonnais, 848 pages, Tallandier), titre plus romantique et racoleur que l’original Speaking for Themselves, est peut-être son meilleur livre avec Mes jeunes années, celui qui le révèle le mieux, le plus personnel et le […]

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Un pas de côté avec Régis Debray et Patrick Boucheron

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Que faire de toutes ces images qui nous tombent dessus et comment survivre à cette avalanche ? On analyse tant les métamorphoses que traverse le regard du lecteur qu’on en oublierait celles que connaît l’oeil du spectateur. Opportunément, Régis Debray nous invite à une méditation sur le temps dans Le stupéfiant image (400 pages, 30 euros, Gallimard), titre qu’il a emprunté au Paysan de Paris où Aragon présentait la chose comme un opium faisant fonction de madeleine. C’est une énigme lorsque le temps s’immobilise sur un plan fixe. Par un mystère face auquel l’historien rend les armes, les chefs d’œuvre de l’art […]

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Vers un humanisme numérique

Vers un humanisme numérique

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Convenons qu’il ne va pas de soi d’accoler deux mots a priori aussi antinomiques que « humanisme » et « numérique ». On se frotte les yeux. On doit à l’historien des religions Milad Doueihi, l’un des rares à avoir entrepris une anthropologie de l’homo numericus dès sa naissance, d’avoir répandu l’expression dans le public par ses essais et ses articles. Il y est revenu à l’occasion d’une conférence prononcée il y a un peu plus d’un an et reprise dans un bref livre intitulé Qu’est-ce le numérique ? (55 pages, 7 euros, Puf). Un titre qui sonne hélas un peu comme « Le numérique pour […]

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Une pierre dans le jardin à la française de l’identité nationale

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On dira que venant après un éloge des livres d’Alain Finkielkraut et de Jean Clair, nostalgiques d’un ancien régime français de la sensibilité, du savoir-vivre, du savoir-écrire et de la conversation, une apologie de ces étrangers qui ont tant donné à la France ne peut relever que du calcul, mais qu’importe. Elle obéit au calendrier des nouveautés, une lecture succédant à une autre, et basta ! Le Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (992 pages, 30 euros, Bouquins/Laffont) vient à point, et pas seulement parce que « l’étranger » sera certainement au centre de la campagne électorale pour les municipales de […]

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André Suarès ou le désespoir de Cassandre

André Suarès ou le désespoir de Cassandre

MICHEL DROUIN

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 Ne cessant de se proclamer lui-même « poète et musicien avant tout », André Suarès, non sans scrupules et déchirements ne reste pas enfermé dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, considérant à l’instar de Goethe que « celui qui refuse le rôle de citoyen » est le « rebelle », le « maudit » et l’ « hérétique chez les anciens », l’auteur du Voyage du Condottière n’hésite pas à prendre parti, fût-ce au péril de sa vie, car « plus haut est le poète, plus il est vrai et il doit voir clair ». Toute l’œuvre, imposante, de Suarès, le révèle obsédé par la guerre, la paix, les questions politiques, diplomatiques, […]

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Détester Wagner sans être germanophobe

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L’Italie passe pour être la patrie de la voix, l’Allemagne celle de l’orchestre et la France celle du théâtre donc de l’opéra. Et au chapitre des idées reçues, la France serait le pays qui a le mieux compris Richard Wagner. Nietzsche, André Suarès et d’autres l’ont écrit. Pour comprendre le phénomène, à supposer qu’il soit avéré, il faudrait y adjoindre d’autres grands esprits venus d’Allemagne, Martin Heidegger et Ernst Jünger, qui ont également chez nous une faveur (recherches, intérêt critique etc) qu’ils n’ont pas toujours eu chez eux. Fin XIXème/début XXème, notre littérature fut prise de mélomanie avec un tropisme […]

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Le monde à l’envers de la société grecque

Le monde à l’envers de la société grecque

NATHALIE COHEN

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Hérodote nous raconte que, chez les peuples barbares des confins, les rôles entre les sexes sont inversés; et Strabon raconte que chez les Cantabres « ce sont les maris qui versent une dot à leurs épouses, (et que) ce sont les filles qui héritent et les frères qui sont donnés en mariage par leurs soeurs ». On connaît aussi la force légendaire des Amazones, ces tueuses d’hommes combattues avec succès par le héros Thésée, comme on le voit sur le fronton du Parthénon et sur bien d’autres édifices sacrés. Les femmes prennent également le pouvoir dans le dernier théâtre du comique Aristophane…au […]

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Pour saluer Raoul Girardet

Pour saluer Raoul Girardet

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« Vu de droite, cela vous va comme titre ?  – Non, cela ne me va pas. Trop réducteur ». Et il tint bon des semaines durant face à la demande courtoise mais insistante de l’éditeur François-Xavier de Vivie, alors le patron de Perrin. Et Raoul Girardet, qui vient de disparaître à 95 ans, co-auteur en 1990 d’un livre d’entretiens conduits par votre serviteur, obtint gain de cause. Le titre lui convenait d’autant plus qu’il l’avait trouvé : Singulièrement libre. Ce qu’il était. Autrement dit marginal, non-conformiste, peu complaisant, ennemi des tabous, mais résolument à droite et fier de l’être, ne reniant rien des […]

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Jubilation de Pierre Lemaître dans les grands cimetières sous la thune

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Le sel d’une rentrée littéraire, c’est le livre qu’on n’attend pas d’un auteur qu’on ne connaît pas. La cuvée 2013, plutôt riche et prometteuse, recèle quelques surprises de ce type. Au revoir là-haut (563 pages, 22,50 euros, Albin Michel) en est une et des plus réjouissantes. Son auteur Pierre Lemaître (1956) est un écrivain qui ne fait qu’écrire. Si ce n’est pas des polars, des scénarios. Ce roman est sa première incursion hors de son périmètre. Coup de maître que ce coup de Lemaître ? Facile. N’empêche que c’est vraiment réussi. Ca commence comme cela : « Ceux qui pensaient que cette guerre […]

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