de Pierre Assouline

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Mallarmé, l’exténué de lettres

Mallarmé, l’exténué de lettres

3340 lettres adressées à quelque 550 correspondants ! Et dire que l’épistole n’était vraiment pas son genre… qu’il rechignait à se résoudre à cette conversation avec un absent… qu’il prévenait volontiers celui à qui il écrivait : ceci n’est pas une lettre, boutade qui avait sa part de vérité… Publiée une première fois en 12 volumes, la Correspondance 1854-1898 (1914 pages, 65 euros, Gallimard) du poète Stéphane Mallarmé (1842-1898) nous revient cette fois en une brique magnifique qui doit bien peser ses deux 2,5 kgs, armée d’une chronologie, d’une bibliographie, d’index divers et de précieuses notes pour lesquels on ne saurait trop louer la patiente érudition de Bertrand Marchal, son maître d’œuvre, déjà éditeur de son œuvre dans la Pléiade.

Pour être poète, on n’en est pas moins homme du quotidien, époux, père de famille et prof. Aussi, comme chez tout autre, une place est faite, mais bien mince au fond, à la recherche de l’alimentaire, aux chroniques par-ci par là, aux services rendus, aux relectures d’épreuves, à la préparation de ses réunions hebdomadaires connues comme « les Mardis de Mallarmé », à la qualité du repas du soir et même au temps qu’il fait. Mais sous cette plume, même l’anodin est d’une tenue, d’une dignité dans l’écriture, d’une exigence de nature à désarmer le lecteur le plus tatillon, dès la première lettre retrouvée écrite vers l’âge de 12 ans et adressée à son père :

« Mon cher papa,/ J’avais appris un compliment,/ Et j’accourais pour célébrer ta fête,/ On y parlait de sentiment,/ De tendre amour, d’ardeur parfaite ;/ Mais j’ai tout oublié,/ Lors que je suis venu,/ Je t’aime est le seul mot que j’ai bien retenu »

Certaines lettres sont inédites, d’autres méconnues, quelques une capitales telle celle du 28 avril 1866 à l’ami Cazalis alors qu’il oeuvrait à la composition d’Hérodiade. On l’y voit creuser le vers jusqu’à l’affrontement avec le néant, découverte si écrasante qu’elle le ferait renoncer à écrire. Bertrand Marchal y date la conversion de l’idéaliste forcené en un matérialiste convaincu, et le passage d’une poésie de l’absolu à une poésie critique, ce qui n’alla pas sans entrainer un certain hermétisme, cette réputation d’obscurité qui lui sera longtemps opposée. Et toujours ce sentiment que son art se laisse voler ses heures les plus précieuses par un labeur ingrat et alimentaire comme professeur d’anglais au lycée de Tournon-sur-Rhône (Ardèche) puis à Besançon, Avignon et au lycée Condorcet Paris où, il est vrai, il se faisait souvent chahuter par ses élèves, ce qui lui était presque aussi pénible que son quotidien de surnuméraire à ses débuts à Sens dans l’enregistrement des biens fonciers :

« (…) Que d’impressions poétiques j’aurais, si je n’étais obligé de couper toutes mes journées, enchaîné sans répit au plus sot métier, et au plus fatigant, car te dire combien mes classes, pleines de huées et de pierres lancées, me brisent, serait désirer te peiner. Je reviens, hébété. »

Dense, ô combien, il revient souvent sur des notions qui lui seront attachées telles l’effet, le souci de peindre avec des mots non la chose mais l’effet qu’elle produit ; la beauté dans toute sa pureté comme unique sujet reléguant au rang de prétexte tout autre à commencer par le plus apparent ; son esthétique, sa poétique, le mouvement de sa pensée, la genèse de son œuvre et ce découragement permanent dont il se voulut longtemps la victime, rongé par le doute. On voit également celui qui deviendra malgré lui le maître du symbolisme se déprendre de l’influence de ses maitres (Hugo, Musset) pour se laisser attirer pour  Poe, dont il traduira The Raven, et Baudelaire. Il commence à lire le roman posthume de Flaubert dans la Nouvelle revue, son Bouvard et Pécuchet :

« Style extraordinairement beau, mais on pourrait dire nul, quelquefois, à force de nudité imposante : le sujet me paraît impliquer une aberration étrange chez ce puissant esprit »

Il avait son jour de lettres. Parfois même « ses » jours de lettres successifs. Sa conscience lui imposait de répondre à tout le monde par retour de courrier, fût-ce parfois brièvement mais sans user de formules passe-partout reprises à l’identique. C’est à se demander si ce n’est pas aussi en pensant à lui qu’un peu plus tard Max Jacob inventa le beau mot d’« épistolat ». C’est peu dire que cette activité lui paraissait insupportablement chronophage tant elle empiétait sur son travail poétique. Les premiers temps, ses lettres sont longues de plusieurs pages. Tout dépend du sujet bien sûr, mais aussi du correspondant : amis (surtout le médecin et poète Henri Cazalis auquel il s’ouvre le plus depuis leur jeunesse), muses et amies de cœur (Mery Laurent), famille, éditeurs (Lemerre, Edouard Dujardin, Deman), écrivains (Villiers de l’Isle-Adam, Elémir Bourges), poètes (Verlaine, Catulle Mendès), relations, sans oublier les peintres, dont le travail est si lié à sa sensation du monde, à son impressionnisme littéraire, les Fantin-Latour, Morisot, Gauguin, Monet, Degas, Whistler, Renoir ; on s’attend à ce que Manet domine mais non, et pour cause : ils se voyaient presque tous les jours à l’atelier ou ailleurs. Les lettres relatives à l’agonie de son petit Anatole, si perclus de rhumatismes qu’ils appuient violemment sur le cœur jusqu’à l’écraser et l’emporter à 8 ans, sont déchirantes de vérité nue tant on sent le père derrière la plume en état de recueillement naturel, dans l’abandon absolu après avoir rendu les armes face au poids de l’événement sur ses épaules.

On l’imagine, sa correspondance est aussi le chantier de son œuvre (Brise marine, L’après-midi d’un faune, Igitur, Sonnet en x…). Des détails y sont livrés sur sa préoccupation typographique s’agissant notamment d’une de ses plus fameux poèmes en vers libres, celui qu’il voulait le plus épuré, Un Coup de dés jamais n’abolira le hasard : la composition du texte sur une double page avec les problèmes de concordance entre les deux impossibles à résoudre, présentation essentielle pour donner l’impression d’une partition musicale, faisant naître le sens de la résonance, et rendre ainsi plus fidèlement l’intonation et l’oralisation du poème, fait autant pour être lu que pour être entendu sinon écouté.

Lui , le réputé hermétique et inintelligible, sacrifiant tout à la suggestion et au pouvoir sacré du verbe, ne l’est pas en épistolier. Uniquement en poète. Encore que Bertrand Marchal est de ceux qui dénoncent ce qu’ils tiennent pour une légende, ou plutôt un cliché. Sauf que pour qu’il y ait cliché, il faut bien qu’il y ait une sorte de vérité au départ et tout lecteur de bonne foi conviendra qu’on ressort souvent aussi ébloui que perplexe de nombre de ses poèmes. Mais n’avait-il pas lui-même anticipé cette inévitable mise à distance du lecteur en revendiquant la position élitiste et aristocratique de l’artiste ? « Plus un texte est lisible, moins il est visible » avance Bertrand Marchal dans sa défense. A croire que l’énigme est consubstantielle à toute poésie. Cette difficulté à entrer parfois en Mallarmé, à ne plus se contenter de ressentir ou percevoir mais à vouloir comprendre, oblige à se poser à nouveaux frais la question : que signifie lire ? Autrement dit : en quoi cela consiste au juste ? Si un article de Verlaine a beaucoup fait pour propager son art, il est piquant de constater que nul mieux qu’un personnage de fiction aura assuré sa gloire de son vivant : le Des Esseintes créé par Huysmans dans A rebours qui s’enchante de ses vers.

Si ceci n’est pas une lettre, ce recueil de non-lettres n’en est pas moins un livre d’une richesse inouïe. On comprend qu’en ces temps où le courrier disparaît au profit du courriel, la Fondation La Poste ait eu à cœur de soutenir un tel projet. Et puis quoi, le monde n’est-il pas fait pour aboutir à un beau livre… S’il y encore des Mallarmé de nos jours, on se demande à quoi ressemble leur épistolat. Peut-être faudra-t-il superposer à ce néologisme un autre :           « e-pistolat »…

(« Stéphane Mallarmé : portraits par Edouard Manet, 1876, Musée d’Orsay, par Nadar, D.R. »)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Poésie.

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commentaires

1 362 Réponses pour Mallarmé, l’exténué de lettres

Jazzi dit: à

« sa correspondance est aussi le chantier de son œuvre »

Vie et oeuvre mêlées, sans mensonges et en toute vérité, contrairement à Calvino, renato.

Toinou dit: à

1,65 kg seulement d’après le savoir disponible en ligne. Tout de même un beau bébé.

Jazzi dit: à

Rimbaud collabore activement à l’Album zutique, le livre d’or dans lequel chacun des membres de cette joyeuse confrérie transcrit et dessine tout ce qui lui passe par la tête. Ou en dessous de la ceinture. Là, l’inspiration est le plus souvent grivoise et fantaisiste.
En novembre 1871, Il croise le jeune Stéphane Mallarmé, qui, lui aussi avait écrit à Verlaine pour lui faire part de son admiration, et lui trouve, ainsi qu’il le note dans Divagations, un : « Je ne sais quoi de fièrement poussé, ou mauvaisement, fille du peuple, j’ajoute de son état blanchisseuse, à cause de vastes mains, par la transition du chaud et du froid rougies d’engelures. Lesquelles eussent indiqué des métiers plus terribles, appartenant à un garçon. J’appris qu’elles avaient autographié de beaux vers, non publiés : la bouche, au pli boudeur et narquois n’en récita aucun ».
Plus loin, Mallarmé ajoute :
« ne quitte plus Verlaine, quitte à provoquer de violentes scènes conjugales ; se dispute avec les Vilains Bonhommes. »
(Avec le recul, l’homme aux mains de blanchisseuses sera qualifié par Mallarmé de « passant considérable »)

Clopine dit: à

« Et puis quoi, le monde n’est-il pas fait pour aboutir à un beau livre… »

Ca, vraiment, c’est une phrase qui provoque, ou mieux qui mérite, un sourire de remerciement, tant elle peut servir de programme, d’engagement, d’idéal et de profession de foi.

Sous la plume d’un Monsieur qui va bientôt célébrer ses quelques 65 ans, c’est même attendrissant, je trouve.

On voudrait tellement que cela soit vrai…

Sinon, n’en déplaise à ceux qui voudraient me voir morte (à ce propos, Ed a raison, je trouve : quand on y pense, c’est dingue, non pas d’inspirer un tel sentiment, je mérite peut-être une telle haine, mais qu’on se permette de l’exprimer aussi impunément que lorsqu’on réclame un verre d’eau), je bouge encore un petit peu :

http://proustpourtous.over-blog.com/2019/04/c-est-bientot-le-printemps-proustien-le-offx-s-organise.html?fbclid=IwAR170FFNu1GvSirfmN3uQQd_RW4h78_E3JiFL_4gPBbznqygYemdFP5oSWQ

Chaloux dit: à

Toutes les deux, vous devriez monter un numéro music-hall.
Clopine, croyez-vous vraiment qu’on souhaite votre mort? On s’amuse innocemment à propos d’un plat de champignons comme dans Le roman d’un tricheur. Cela dit, si j’en crois votre portrait sur le fou de Proust, vous semblez en effet en parfaite santé : tout d’un enzyme glouton!

Bonne digestion,

Phil dit: à

ah..mal armés, passez votre chemin. au moins les lettres sont plus lisibles que la pouësie, pensée généreuse pour le facteur Besancenot de son temps qui aurait pu ouvrir le courrier pendant une grève.

Clopine dit: à

Permettez-moi de mettre en doute, sinon votre humour, du moins son caractère « innocent », Chaloux. Vous savez comme moi à quel point les pierres qui jalonnent le blog assoulinien sont coupantes et dures. Certains sont bien chaussés, d’autres non. Et comme tout aveu de sensibilité est interprété comme un signe de faiblesse (honteuse), vous imaginez l’état de ma plante de pieds ! Nulle petite sirène perdant son sang à chaque pas de danse ne peut rivaliser, ici, avec ce que le fiel et la haine peuvent demander pour être malgré tout surmontés. Et comme vous aimez manier le fouet, en bon mâle alpha que vous êtes…

Janssen J-J dit: à

@ S’il y encore des Mallarmé de nos jours, on se demande à quoi ressemble leur épistolat

Des mal armés ? -> mais y en a partout ! C’est pourquoi ils ont la gâchette si facile, j’veux dire qu’ils brandissent facilement le pistolet, dussent-ils lâcher la pistole avec autant d’aisance.

Touché par cette remarque exhumée, Passoul : « Style extraordinairement beau, mais on pourrait dire nul, quelquefois, à force de nudité imposante : le sujet me paraît impliquer une aberration étrange chez ce puissant esprit ».

Suis dans un état d’esprit analogue avec floflob dont je découvre l’étonnant Boulevard de la Pécuche. Sauf que justement, son style n’est pas beau, et que son contenu n’est pas nul. Mallarmé ne m’avait pas l’air très fute fute dans ses réactions épistolaires immédiates.
Etait un peu comme nous nôtres icite, au fur et à mesure du commentariome. Passoul, vous avez raison d’insister sur le poids du bouquin. On tremble pour votre bibli : y trouvera-t-il sa place ? On l’espère, vu que vous avez eu l’air d’en surdimensionner le poids. Il faut faire gaffe à bientôt 66 ans. Pas 65, voyhons donc. Abolir un bibelot sonore d’inanité ? comme je dis toujours à Warf-man. En attendant Marc Court qui savait tant de choses inédites sur Stéphane, je retourne à mes deux lascars, échoués géologues à Port en Bessin puis à Etretat. Je ris, mais j’ai ri.
Du vent bien frais de la Normandie, comme des embruns bienfaisants.

Janssen J-J dit: à

ah mais ! c’est qu’il vient d’ajouter une pépite à mon glossaire des sigles en MO en #hashtags#. En principe, je prenais pas le latin, mais là, j’allons faire une exception, ai trop l’fun ! (merci pour le touite, PA).

Ed dit: à

La ligue du lol aussi s' »amusait innocemment ». Belle bande de pourritures dans les deux cas. Mais comme les victimes de ce groupe de jeunes bobos, je ne me mettrai pas à leur niveau. De toutes façons j’en suis incapable, puisque ce nest pas ma nature. Non, citons plutôt Lao-Tseu :

« Si quelqu’un a cherché à t’offenser, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et tu verras passer son cadavre ».

Chaloux dit: à

Clopine, il faudrait que l’agneau que vous avez mangé hier, et que vous avez vous-même envoyé à l’abattoir, pleure sur votre sort. Je vous trouve gonflée.

Chaloux dit: à

Ignoble petite crétine. La ligne du lol, maintenant.

Janssen J-J dit: à

bon au moinss ça va nous changer un brin des games of throne, parce que là, c’est l’overdose, mais d’après que ça va bientôt finir. J’ai jamais regardé cette émission, à la différence d’un milliard d’êtres humains, parait-il. Allez, les erdéliens, y’en a certainement parmi vous qui l’ont pistée. Dites-nous sans rougir : elle était bien, cette émission télévisée ? Moi, hélas, j’ai pas la canale plus, et du coup, je pouvais plus dîner en ville, on faisait que parler d’ça et du couple macron, pas vrai, jzmn ? alors moi, déjà que j’ai pas de smartfone ni dipad… Me sentais comme qui dirait un brin larguèche. Besoin de toustes les appétences, si c possib’. Merci d’avance.
http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Hors-collection/Thrillers/M.-O

Ed dit: à

Voilà. Persiste et signe petite ordure abjecte et sans limite. En attendant, je tire ma révérence (pour de bon cette fois-ci) avec ces quelques mots de sagesse chinoise. Je reviendrai peut-être pour voir passer les cadavres de Chaloux, Berenice et Delaporte. Peut-être.

Chaloux dit: à

Encore faudrait-il savoir s’asseoir au bord du fleuve.

Chaloux dit: à

Mais non, Crétina de Hambourg, reste, on s’amuse tellement avec toi…

Chaloux dit: à

@Crétine.Prends tout de même garde qu’il ne s’agisse de ton propre cadavre que tu prendrais pour celui d’un autre.

Janssen J-J dit: à

Oups, passoul, j’avions pas compris qu’il y avait juste au dessous un papier de léo scheer qui recense MO. Vous perdez pas le nord, vous, hein, dites dong !… avez pas le temps de regarder les alluvions au fil de l’eau. Faut préparer le nouveau billet pour les fêtes de Pâques, je le comprends bien. Ce matin, une bohémienne a voulu me vendre des rameaux de buis rongés par la pyrale, devant l’église, elle voulait enlever le pain d’la bouche aux p’tits scouts de la paroisse en culottes courtes, pt’êt ? Mais où va-t-on ?!

Paul Edel dit: à

« Que d impressions poétiques j’aurais.. » je trouve ça obscene cette exquise fleur de serre qui regrette d être prof…et qui visiblement ne fait pas grand cas de ses élèves et puis la scie du Verbe grand V Sacré grand S…marre de cettereligiosité…peut être que cette correspondance est intéressante mais la poésie Mallarmenne me fait penser à une ombrelle tombée sur une banquise…envie plutot qu’ on me parle de Jarry et d Ubu plus dans notre époque…

Chaloux dit: à

Gracq dit quelque part quelque chose du genre : »Mallarmé trouve en moi un lecteur sans patience ». De son avis.

Chaloux dit: à

Par contre, ce Manet, quel peintre…

Chaloux dit: à

Chaloux dit: 14 avril 2019 à 12 h 55 min
Encore faudrait-il savoir s’asseoir au bord du fleuve.

Tout un art, dont je ne te crois pas capable…

Alexia Neuhoff dit: à

Grâces vous soient rendues, P.A., pour ce sujet autour de Mallarmé ainsi que pour sa présentation, notamment les deux liens qui permettent de faire plus ample connaissance avec B. Marchal. La lecture de ceux-ci le rendent fort sympathique. Voilà un universitaire qui ne se pousse pas du col, ce qui relève d’un phénomène rare dans le milieu. Relevé (In Entretien avec Bertrand Marchal / Laure Dardonville) ceci que d’aucuns feraient bien d’épingler dans un coin de leur Mac :
« Il m’apparaît en outre, à tort ou à raison, que la psychanalyse, même lorsqu’elle recycle les discours les plus modernes, est une discipline dont les présupposés restent largement conditionnés par le positivisme forcené de la fin du XIXe siècle, et que l’étude du psychisme humain est une chose trop importante pour être abandonnée à de purs littéraires qui ont fait de la psychanalyse une simple discipline auxiliaire du discours critique. »

hamlet dit: à

« ce Manet quel peintre ! »

j’ajouterai un « ah » et un « mon Diee »,

ah ce Manet ! mon Dieu quel peintre !

j’en sais trop rien, la Verdurin l’aurait dit comme ça du coup je pense que c’est comme ça qu’il faut le dire :

ah ce Mozart ! mon Dieu quel musicien !

ça fait plus classe non ?

hamlet dit: à

j’aime beaucoup le titre : « l’Exténué le mal armé de lettres »

comme titre d’article je trouve ça plutôt punchy.

hamlet dit: à

« 3340 lettres adressées à quelque 550 correspondants ! »

on peut écrire 3340 lettres à 550 correspondants.

ou bien 3340 lettres à 3340 correspondants.

ou bien 550 lettres à 550 correspondants,

et même 550 lettres à 3340 correspondants !

hamlet dit: à

si il y a écrit 3340 lettres à 550 correspondant cela signifie qu’il a écrit 6,072 lettres à chacun ?

Marie Sasseur dit: à

Mallarmé, c’est le pouète à la prose hermétiquement obscure, qui veut faire un 421, n’y arrive pas, et met cela sur le compte hasardeux de dieu.

« On trouve dans un poème de Charles Cros, daté de 1873 et paru dans le Coffret de Santal [3], une allusion humoristique à un lien entre Mallarmé et la cabale. Le poème intitulé Effarement est le récit d’un rêve : Monsieur Igitur va prendre le train et les employés portent sur leur casquette administrative des caractères cabalistiques. L’idée de folie et de déraison d’Igitur en est le sujet. »

http://ceredi.labos.univ-rouen.fr/public/?mallarme-passeur-secret-d.html

hamlet dit: à

de 1898 à 1854 cela fait 56 ans, soit 20160 jours, ce qui veut dire qu’il a écrit en moyenne une lettre tous les 6 jours !

hamlet dit: à

et comme il est né en 42 et que sa correspondance démarre en 54 cela signifie qu’il a écrit sa première lettre à 12 ans !

sans doute à sa mère pendant les colonies de vacances, je sais pas à son époque, mais à la mienne c’était obligatoire…

Marie Sasseur dit: à

une lettre tous les 6 jours !
Et le dimanche, il bullait.

Phil dit: à

dear JJJ, achetez le rameau de buis à une bohémienne vérolée ou un scout en culottes courtes peu importe, mais seulement si vous avez assisté à l’office qui l’a béni, sinon bien mal armée, hein, sera votre religion (ou y s’ment)

hamlet dit: à

1914 pages pour une correspondance de 3340 lettres cela veut dire que chaque page est consacrée à 0,57 lettres, soit une page pour la moitié d’une lettre.

je sais pas s’il y a une règle générale qui s’applique à ce genre d’exercice ?

hamlet dit: à

« Bertrand Marchal est de ceux qui dénoncent ce qu’ils tiennent pour une légende, ou plutôt un cliché. »

ce qui en soi est aussi un cliché, je veux dire le fait de vouloir dénoncer les cliché c’est un truc hyper cliché.

un truc qui serait moins cliché aurait été de tomber sur un type qui fasse l’éloge des légendes et des clichés ! ça c’est plus rare !

parce que les types qui dénoncent les clichés on en a tellement qu’on sait même plus où les mettre, et plus on en a et plus on nous pond des légendes et des clichés, du coup je pense qu’un type qui dit « mon objectif est de dénoncer les légendes et les clichés » limite il faudrait le mettre en prison.

Jazzi dit: à

« Et le dimanche, il bullait. »

Il s’occupait de son jardin. Sécateur en main, de bon matin il faisait la toilette des arbustes, avant la sienne propre.

Paul, à la suite de la trilogie Verlaine-Rimbaud-Mallarmé, quelque chose s’est achevé dans la poésie française.
Pour bien le comprendre, il importe d’étudier la vie et l’oeuvre de ces poètes.
Ensuite, plus rien de nouveaux sous le soleil…
J’échangerais bien mon exemplaire des oeuvres complètes de René Char dans la pléiade contre celui-ci !

hamlet dit: à

une page pour la moitié d’une lettre, n’importe quoi ! : non c’est une lettre pour la moitié d’une page !

heureusement qu’il y en a qui suive ce que les autres écrivent…

hamlet dit: à

Verlaine-Rimbaud-Mallarmé…

non Jazzi c’est Rimbaud-Mallarmé-Verlaine !

tu sais pourquoi ? à cause du sigle RMV !

qui signifie quoi ? Rimes à Moyenne Vitesse…

hamlet dit: à

jazzi, tu savais que Mallarmé n’a pas écrit 3340 lettres à 550 destinataires, mais 6470 lettres à 743 personnes !

en fait les autres lettres on les a pas retrouvées, en fait des problèmes d’acheminement par la poste, ou bien des maris jaloux qui les ont déchirées après les avoir trouvées rangées au milieu des culottes de leur femme, ce qui entre nous n’est pas plus mal pour éviter que les arrières petits enfants s’aperçoivent en lisant ce bouquin que leur arrière grand mère recevait des lettres cochonnes d’un poète, au final on en a retrouvé que 3340.

Marie Sasseur dit: à

« Il s’occupait de son jardin. Sécateur en main, de bon matin il faisait la toilette des arbustes, avant la sienne propre. »

Cela ne fait pas de Mallarmė une reference. J’ai fait exactement l’inverse pendant une semaine. Est-ce pour cela que je vais penser à vide sur le hasard ?
Non.
Mallarmé aurait dû passer à la douche, avant de demousser.

Jazzi dit: à

« Remerciant le fonctionnaire de la préfecture qui lui a prodigué du papier dans la cellule de prison où il rédige ses premiers livres, Genet lui écrit en 1944 : « J’aurai voulu donner à la France quelques-uns de ses plus beaux livres ». Et de cette nation dont il s’est senti rejeté et pour laquelle il dit avoir nourri tant d’aversion, ne donne-t-il pas, au cœur de son œuvre, l’une de ses plus belles définitions : « La France est une émotion qui se poursuit d’artistes en artistes – sortes de neurones de relais… »

Que son œuvre participe de cette « émotion » qui fait la France, qu’elle figure au sein de la très particulière constellation qu’il déploie (Ronsard, Mallarmé, Proust – ajoutons-y l’astre Dostoïevski), Genet lui-même n’en doutait pas. Qui doute encore que l’auteur du Journal du voleur n’ait pris place parmi les auteurs majeurs du XXe siècle ?

Peu d’œuvres pourtant étaient aussi improbables : écrits par un délinquant au bord du gouffre, menacé de réclusion à perpétuité pour « vols en récidive », deux romans ou fictions autobiographiques, Notre-Dame-des-Fleurs et Miracle de la rose font basculer le destin de l’ancien pupille de l’Assistance publique qui n’a connu l’école que jusqu’à douze ans et qui rêvait du bagne comme d’un accomplissement. Il est encore en prison lorsque Cocteau, en 1943, le présente aux juges comme « le plus grand écrivain de l’époque moderne ». À peine trois ans plus tard, Sartre déclare qu’« il n’y a qu’un écrivain génial en France, c’est Genet » et Louis Jouvet crée Les Bonnes au Théâtre de l’Athénée.

Du poème Le Condamné à mort, composé à Fresnes en 1942, jusqu’au grand récit presque apaisé, Un Captif amoureux, qui clôt en 1986 son œuvre, Genet sera resté fidèle à l’enfant abandonné, banni par Dieu et la société : en usant de la littérature comme d’une arme, en mobilisant les ressources d’une écriture chatoyante et d’un immense savoir rhétorique qui embrasse toutes les langues françaises, depuis celle de la Renaissance jusqu’à l’argot parisien, il y fait entendre une voix inouïe, non seulement celle du « voleur, homosexuel et traître » qu’il s’est voulu, mais également, celle des exclus de tous bords, enfants des pénitenciers, colons algériens, immigrés de France, Noirs d’Amérique, combattants palestiniens dont il dit et enchante la révolte. »
(Albert Dichy, directeur littéraire de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC))

Jazzi dit: à

Qu’on aime ou pas, on ne compte pas, hamlet !

Jazzi dit: à

A l’origine de cette trinité, hamlet, il y a Baudelaire.
Pour le sigle, c’est plutôt BVRM…

hamlet dit: à

Bouvard & Pecuchet : « Style extraordinairement beau, mais on pourrait dire nul, quelquefois, à force de nudité imposante : le sujet me paraît impliquer une aberration étrange chez ce puissant esprit »

ça c’est de la critique littéraire !
en plus d’être un grand poète ce type savait lire ! et bien lire !

qu’est-ce que les écrits de Flaubert sinon des livres où le sujet implique des aberrations étranges chez un puissant esprit ?

tout est dit en 4 mots ! génial !

Marie Sasseur dit: à

« tout lecteur de bonne foi conviendra qu’on ressort souvent aussi ébloui que perplexe de nombre de ses poèmes. »

pfff…

Eventail de Mademoiselle Mallarmé

Stéphane Mallarmé

Ô rêveuse, pour que je plonge
Au pur délice sans chemin,
Sache, par un subtil mensonge,
Garder mon aile dans ta main.

Une fraîcheur de crépuscule
Te vient à chaque battement
Dont le coup prisonnier recule
L’horizon délicatement.

Vertige ! voici que frissonne
L’espace comme un grand baiser
Qui, fou de naître pour personne,
Ne peut jaillir ni s’apaiser.

Sens-tu le paradis farouche
Ainsi qu’un rire enseveli
Se couler du coin de ta bouche
Au fond de l’unanime pli !

Le sceptre des rivages roses
Stagnants sur les soirs d’or, ce l’est,
Ce blanc vol fermé que tu poses
Contre le feu d’un bracelet.

Stéphane Mallarmé

hamlet dit: à

« Pour le sigle, c’est plutôt BVRM. »

non c’est RVBM, ce qui n’est pas un sigle Jazzi mais un code entre amoureux qui signifie : Rendez-Vous à Bormes les Mimosas !

renato dit: à

Il faut savoir faire la différence entre vie et vérité, Jacques, ce n’est pas difficile.

renato dit: à

« Ce matin, une bohémienne a voulu me vendre des rameaux de buis rongés par la pyrale, devant l’église, elle voulait enlever le pain d’la bouche aux p’tits scouts de la paroisse en culottes courtes, pt’êt ? Mais où va-t-on ?! »

Est-ce que maintenant le buis se vend dans la rue, comme le muguet ? la paroisse ne l’offre plus ?

Janssen J-J dit: à

Est-ce pour cela que je vais penser à vide sur le hasard ?

tout dépend de l’aspirateur, MS Humaines : plus on soupire vers le trou noir, moins le hasard ne s’abolit dans la vitesse de la lumière (qu’il disait, enstène revisitant le mâle armé)

« Cette difficulté à entrer parfois en Mallarmé, à ne plus se contenter de ressentir ou percevoir mais à vouloir comprendre, oblige à se poser à nouveaux frais la question : que signifie lire ? Autrement dit : en quoi cela consiste au juste ? »

Z’en pensez quoi, au just’, passoul, de la difficulté à lire, en vieillissant ?… de s’rabattre sur des lettres plutôt que sur des poésies symboliques imbittab’ ?

Janssen J-J dit: à

@ fildefer (ou y s’ment)
… sur ce dernier point, je laisse ça à ma soeur, la grande spécialiste de joris-karl et de la passion du chrisssss en pascualie.

Jazzi dit: à

STEPHANE Mallarmé

L’âme du tabac

Pour Stéphane Mallarmé, qui ne pouvait concevoir Londres sans son brouillard, la trilogie de la cigarette, du cigare et de la pipe est le plus sûr moyen d’accéder à celle du rêve, de l’amour et de la poésie. Pour lui, pas de divine inspiration, en vers ou en prose, sans fumée !

« Cigarettes ne desséchez
Jamais, grâce à votre bout lisse,
Les deux lèvres où sont nichés
Ses baisers, notre seul délice. »
(« Vers de circonstance »)

« Toute l’âme résumée
Quand lente nous l’expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds

Atteste quelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendre se sépare
De son clair baiser de feu

Ainsi le chœur des romances
À la lèvre vole-t-il
Exclus-en si tu commences
Le réel parce que vil

Le sens trop précis rature
Ta vague littérature. »
(« Poèmes non recueillis »)

« Hier, j’ai trouvé ma pipe en rêvant une longue soirée de travail, de beau travail d’hiver. Jetées les cigarettes avec toutes les joies enfantines de l’été dans le passé qu’illuminent les feuilles bleues de soleil, les mousselines et reprise ma grave pipe par un homme sérieux qui veut fumer longtemps sans se déranger, afin de mieux travailler : mais je ne m’attendais pas à la surprise que préparait cette délaissée, à peine eus-je tiré la première bouffée, j’oubliai mes grands livres à faire, émerveillé, attendri, je respirai l’hiver dernier qui revenait. Je n’avais pas touché à la fidèle amie depuis ma rentrée en France, et tout Londres tel que je le vécus en entier à moi seul, il y a un an, est apparu ; d’abord les chers brouillards qui emmitouflent nos cervelles et ont, là-bas, une odeur à eux, quand ils pénètrent sous la croisée. Mon tabac sentait une chambre sombre aux meubles de cuir saupoudrés par la poussière du charbon sur lesquels se roulait le maigre chat noir ; les grands feux et la bonne aux bras rouges versant les charbons, et le bruit de ces charbons tombant du seau de tôle dans la corbeille de fer, le matin – alors que le facteur frappait le double coup solennel, qui me faisait vivre ! J’ai revu par les fenêtres ces arbres malades du square désert – j’ai vu le large, si souvent traversé cet hiver-là, grelottant sur le pont du steamer mouillé de bruine et noirci de fumée – avec ma pauvre bien-aimée errante, en habits de voyageuse, une longue robe terne couleur de la poussière des routes, un manteau qui collait humide à ses épaules froides, un de ces chapeaux de paille sans plume et presque sans rubans, que les riches dames jettent en arrivant, tant ils sont déchiquetés par l’air de la mer et que les pauvres bien-aimées regarnissent pour bien des saisons encore. Autour de son cou s’enroulait le terrible mouchoir qu’on agite en se disant adieu pour toujours. »
(« La Pipe » in Poèmes en prose)

Stéphane Mallarmé avait vingt-deux ans lorsqu’il écrivit La Pipe, durant l’été 1864. Ce poème en prose n’annonce-t-il pas la madeleine proustienne ? Il évoque surtout l’hiver 1862, époque heureuse où le poète partit s’installer à Londres en compagnie de Christina Gerhard, dite Maria, une gouvernante allemande de sept ans son aînée, rencontrée quelques mois auparavant et qu’il épousera l’été suivant. Amusante hiérarchie entre la cigarette, plus légère, associée aux joies enfantines de l’été, et la pipe, grave et sérieuse, plus propice au travail au long cours hivernal. Le cigare, lui, semble résumer plutôt toute l’âme de la volupté ! Cette conception de la pipe, attribut essentiel de l’écrivain, a souvent été traitée en littérature. Notamment par Baudelaire…

Jazzi dit: à

CHARLES BAUDELAIRE

L’ivresse paisible du fumeur

Outre un long poème lyrique consacré au calumet de la paix, symbole d’entente universelle entre les hommes, Charles Baudelaire, dans Spleen et idéal, la première section des Fleurs du mal, chante également la pipe, tout à la fois consolatrice et inspiratrice pour le poète. Un instrument aussi indispensable à l’artiste que sa plume ou son pinceau et… un bon chat, cette « âme du foyer ». Sans compter quelques autres ingrédients propices à la rêverie et à l’imagination ! On se souvient ainsi que dans Le Spleen de Paris, l’auteur des Paradis artificiels nous invite à l’ivresse : « Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. »

La Pipe

Je suis la pipe d’un auteur ;
On voit, à contempler ma mine
D’Abyssinienne ou de Cafrine,
Que mon maître est un grand fumeur.

Quand il est comblé de douleur,
Je fume comme la chaumine
Où se prépare la cuisine
Pour le retour du laboureur.

J’enlace et je berce son âme
Dans le réseau mobile et bleu
Qui monte de ma bouche en feu,

Et je roule un puissant dictame
Qui charme son coeur et guérit
De ses fatigues son esprit.
(« Les Fleurs du mal »)

Delaporte dit: à

PaulEdel qui passe à côté de Mallarmé, c’est-à-dire à côté de la poésie. On aura tout vu. Mais on savait déjà que PaulEdel et la littérature, ça faisait deux. Quand il était journaliste aux chiens écrasés, voilà sa vocation, transportée dans des romans ineptes. C’est l’enterrement de PaulEdel aujourd’hui. Et c’est lui qui, après s’être suicidé, s’enterre lui-même. Adieu !

Jazzi dit: à

MOLIERE

Tabac d’honneur

La première représentation du Dom Juan eut lieu le 15 février 1665. Quelque temps après, et malgré certaines coupures, la pièce sera retirée du répertoire de la troupe de Molière et ne sera plus jamais jouée du vivant de l’auteur. Mettant en scène les derniers jours d’un pur libertin, sans Dieu ni Maître, hormis les caprices de son bon plaisir, et bien qu’assortie d’une fin édifiante où l’on voit le héros être proprement désintégré par le feu du ciel, celle-ci avait de quoi heurter la sensibilité de l’époque. Curieusement, dès les premières lignes de l’acte I – scène I, Sganarelle, le valet de Dom Juan, en plein dialogue d’exposition avec Gusman, l’écuyer d’Elvire, la femme séduite et abandonnée de Dom Juan, nous assène un bref et dithyrambique éloge du tabac.

« SGANARELLE, tenant une tabatière. – Quoi que puisse dire Aristote, et toute la Philosophie, il n’est rien d’égal au tabac : c’est la passion des honnêtes gens, et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre. Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à la vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme. Ne voyez-vous pas bien, dès qu’on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde, et comme on est ravi d’en donner à droit et à gauche, partout où l’on se trouve ? On n’attend pas même qu’on en demande, et l’on court au-devant du souhait des gens : tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent. Mais c’est assez de cette matière. Reprenons un peu notre discours. »
(« Dom Juan ou le Festin de pierre »)

Dans la suite de la pièce, « cette matière » ne sera plus jamais abordée. Ce panégyrique, qui aurait mieux convenu dans la bouche de Dom Juan lui-même, plutôt que dans celle de son pleutre valet, mais qui aurait alors perdu toute crédibilité morale, exprime probablement le point de vue de Molière. Un message personnel à l’intention du public ! Déjà, sous Louis XIII, l’interdiction concernant cette envahissante pratique mise à la mode par les courtisans menaçait (la noblesse prisait alors le tabac comme aujourd’hui leurs lointains héritiers de la jet-set se font une ligne de coke). Mais le Cardinal de Richelieu trouva plus judicieux d’instaurer une taxe. En 1674, tandis que l’interdiction planait toujours, Louis XIV demanda finalement à Colbert d’établir un « Privilège de fabrication et de vente », qui donna naissance à la fondation des premières manufactures des tabacs à Morlaix, Dieppe et Paris. Supprimé à la Révolution, le monopole d’état fut rétablit en 1810 par Napoléon 1er. Au milieu du 17e siècle, l’opinion publique à l’égard du tabac était déjà très partagée : panacée pour les uns, sources de méfaits et de débauches pour les autres. Vendu, depuis l’ordonnance de 1635, par les seuls apothicaires, le tabac à priser était alors moins critiqué. Un traité de l’époque affirmant même que : « la poudre fait éternuer ; il faut remarquer en passant que l’éternuement profite grandement à un cerveau plein de vapeurs, repurgeant les humeurs crasses des ventricules du cerveau et aidant grandement à cracher les vapeurs épaisses ». Ne dirait-on pas le dialogue d’un médecin de Molière ? Le problème venait surtout du fait qu’on commença parallèlement à le fumer dans des « cabarets de tabac », des « tabagies », transformé par les tenanciers « en bourdel prostitué à toute sorte de dissolution ». C’est également à cette époque que l’on vit apparaître d’élégantes et sophistiquées tabatières miniatures à ressort pouvant s’ouvrir et se fermer d’une seule main, dégageant ainsi l’autre pour rouler et chauffer une petite boulette que l’on inspirait par les narines. Les connaisseurs utilisaient aussi une carotte à tabac de poche, pour râper les feuilles juste avant la prise. Celle-là même qui deviendra ensuite l’enseigne des buralistes.

Marie Sasseur dit: à

« Il s’occupait de son jardin. Sécateur en main, de bon matin il faisait la toilette des arbustes, avant la sienne propre. »

Et l’après-midi, le faune ramait.

« Les après-midis  

En contrepoint du travail du matin, l’après-midi est consacrée au repos et à la détente.

Si les bains et la pêche sont au programme, c’est surtout la navigation qui retient toute l’attention du poète. Le canotage est son passe-temps de prédilection. Peu après 1876, en partie avec ce que lui rapporte la publication du poème L’Après-midi d’un faune, Mallarmé fait construire à Honfleur une barque en bois dotée d’un mât qu’il baptise « le S.M. ».

La correspondance du poète abonde sur l’entretien de celui-ci : en 1879, avant de quitter Valvins, il écrit à sa femme Marie qu’il lui reste encore ses paquets à faire et le canot à laver ; en 1887, il le peint et, en 1891, le fait vernir par des « pontonniers ». Une année, tandis qu’il est resté à Royat et que Geneviève et Marie Mallarmé sont à Valvins, il leur reproche le manque de soin apporté au canot : « Quoi ! Tant de dégâts par le vent du nord et tu as laissé, mousse novice, l’avant et flanc du canot battre le ponton ! Quand cela souffle de par là, détache simplement la bouée d’arrière pour que le S.M. file en amont. » 

http://www.musee-mallarme.fr/export/print/la-maison-du-poete#anchor_sys_summary0

Jazzi dit: à

Tu vois, Delaporte, toi qui dit que dans mes Goût de… je me contente d’empiler des extraits, réduisant mon travail à du copier/coller. Il arrive parfois, que mes commentaires soient plus longs que mes extraits !

christiane dit: à

Correspondances pour correspondances, j’ai trouvé sur le blog « Terres de femmes », sous le titre : « 28 janvier 1888 | Lettre de Stéphane Mallarmé à Michel Baronnet », une lettre que Stéphane Mallarmé n’aura jamais reçue, ni lue !

S.Mallarmé avait écrit cette lettre :

Paris, 28 janvier 1888

Mon cher Baronnet,

Vous avez cette intuition amicale du plus vieux de mes rêves, manger quelques dattes chaque jour présentées par une main charitable et vivre sans plus de souci. Il me semble un peu que cela ait lieu, mais plus délectablement que je ne l’attendais, n’ayant pratiqué ce fruit que sirupeux et dû à l’épicier. Vraiment, c’est prodigieux de douceur et du luxe de nutrition qu’on sent y sommeiller. Ces dames, qui se guérissent un rhume avec, vous remercient de grand cœur, comme moi.
Voici une petite plaquette qui fait partie d’une anthologie belge et n’est pas trop mal pour son prix d’impériale d’un omnibus.
Je n’ai pas l’impression que vous vous ennuyiez trop, là-bas ; car, outre vos besognes, vous savez vivre seul, même je vous envie, ah ! si le fond de la boîte où s’étagent les dattes répandait un peu de désert autour de moi. Mon cher, que c’est difficile de s’isoler autant qu’il le faut, pour un travail même jaloux comme celui qui me captive cet hiver ! Nous en causerons à votre retour. Bien fort votre main

Stéphane Mallarmé

Et voici la lettre qu’il n’aura jamais reçue :

Paris, le 30 janvier 1888

Monsieur,

Je me permets de vous répondre à la place de Monsieur Baronnet, qui n’est pas en état de le faire lui-même, il a été très touché par votre lettre, aussi bien que par votre poème, il l’a relu deux fois et a déclaré qu’il était décidément « impérial » mais pas « omnibus », vous comprendrez sans doute ce que cela veut dire, il était touché encore davantage par les marrons glacés que vous lui avez fait porter en remerciement des dattes dont vous avez fait si grand cas, lorsqu’il a ouvert le joli carton il en a goûté tout de suite, alors il s’en est donné à cœur joie et les a mangés tous les uns après les autres, mon Dieu, vingt-quatre marrons glacés d’un coup, je n’ai jamais vu cela, mais si le cœur y était le foie n’a pas suivi, pas longtemps tout au moins, une demi-heure plus tard je l’ai trouvé effondré sur le divan, j’ai appelé le docteur Faure mais c’était déjà trop tard, quel malheur ! il ne méritait pas cela, il y avait de mauvaises langues qui le traitaient de goinfre ce qui est bête et méchant, c’était simplement qu’il aimait trop la vie, et voilà, il n’en a plus.

Je vous prie de croire, Monsieur, à mes sentiments les plus respectueux.

Mademoiselle Roux-Fouillet Marie-Jeanne
La gouvernante

(Ce délicieux échange peut se lire pp. 92-97 de l’ouvrage : Correspondances Intempestives, à la folie… pas du tout, (éd. Triartis)
Angèle Paoli qui tient le blog « Terres de femmes » ajoute cette note :
« Consacré à la correspondance des meilleures plumes de la littérature française, cet ouvrage inattendu, ludique et fort divertissant des éditions Triartis propose la réponse « d’imprévisibles destinataires contemporains. À charge pour eux de répondre dans leur style, leur humeur, en toute liberté d’inspiration, chacun induisant ainsi sa propre règle du jeu. »
On aime « à la folie… ou pas du tout » ! »

Dans le présent échange, la lettre de la gouvernante à Stéphane Mallarmé (ci-dessus) est rédigée par l’écrivain new yorkais Harry Mathews. »)

D. dit: à

Avis à la population :

Les « rameaux » font partie des objets bénis, ceux-ci sont renouvelés chaque année, les précédents devant obligatoirement être brûlés.

La participation à la messe du dimanche à chaque fois que possible, ainsi que la pratique des sacrements est bien plus importante que les rameaux en eux-même.

Toutefois l’acte de foi volontaire consistant à placer un rameau béni dans sa maison ou dans sa chambre peut constituer l’une des étapes vers la conversion.
Il serait cependant vain de renouveler chaque année cet acte sans avancer dans la conversion par la pratique des sacrements et la participation à la messe dominicale.

Les fidèles peuvent faire bénir leur propres rameaux, palmes etc.. s’ils n’en disposent pas dans leur jardin il peuvent s’en faire donner par leurs voisins ou même la paroisse.
Il est alors d’usage de laisser une petite rétribution (2 euros par exemple) mais ce n’est aucunement une obligation tout comme nul n’est tenu de déposer quelque chose dans le panier de la quête lorsque celle-ci a lieu.

Les rameaux destinés à être bénis ne doivent pas provenir d’un négoce effectué par des personnes non catholiques pratiquantes, bien que la loi française ne l’empêche nullement pourvu que les taxes de vente et d’occupation de la voie publique soient effectivement versées au fisc et à la mairie.

A noter que pour le muguet du premier mai, cette vente est tolérée sans versement d’aucune taxe mais ce n’est qu’une tolérance.

Soleil vert dit: à

christiane dit: 14 avril 2019 à 16 h 32 min

J’adore ces jeux littéraires. René Reouven, par exemple, qui dans Histoires secrètes de Sherlock Holmes racontait l’enquête du célèbre détective sur le meurtre du jeune Werther (hé non il ne s’est pas suicidé) ou encore Jasper Fforde et ses asticots synonymiques

http://soleilgreen.blogspot.com/2016/09/laffaire-jane-eyre.html

D. dit: à

Si un objet agit d’une certaine façon par l’acte de foi lié à son port ou son ostension, il faut rappeler que le Christ agit lui-même par les sacrements dispensés par le prêtre.
Le prêtre, alter Christus, agit in persona christi.
Par exemple c’est le Christ qui prend sur lui le pêché que tout homme vient confesser avec sincérité au prêtre, ceci étant directement lié à l’acte rédempteur du Christ sur la croix.

bouguereau dit: à

qu’il rechignait à se résoudre à cette conversation avec un absent

toute la duplicité de l’homme de lettre..’mon lecteur..vieux fétus en bouteille’..ça n’a rien dpersonnel baroz

Paul Edel dit: à

Du calme, Delaporte.Vous semblez bien énervé..On peut préférer Hölderlin, Baudelaire , Rimbaud,Verlaine,le grand Verlaine, à Mallarmé,non?

bouguereau dit: à

le christ c’est pas l’factotom dtes hordures dédé..tu vas prende un coup dcrosse par benoït..et gaffe c’est du solineguène qu’il dirait dirfiloo

bouguereau dit: à

Les rameaux destinés à être bénis ne doivent pas provenir d’un négoce effectué par des personnes non catholiques pratiquantes

sinon c’est dla simonie dédé..raf un coup de solinguène..

bouguereau dit: à

épistolat

mallarmé il avale la fumée polo

Clopine dit: à

Moi non plus je n’ai jamais bien « accroché » à Mallarmé, non parce qu’il m’était hermétique (j’ai lu pire !) , mais parce que sa préciosité me semblait surtout célébrer de « bons sentiments ».

« Apparition » illustre à mes yeux, hein, à mes yeux (pas tirer, pas faire mal, hein) ce défaut :

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
— C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au coeur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Alors, là, dans le genre « la chair est triste », on ne peut guère faire mieux que le début du poème, et « A Maman pour la vie » pourrait être le titre des cinq derniers vers !

Je lis des trucs comme ça, je soupire un peu, et je ressens le besoin, comme la sorte de Gelsomina que je suis, des larges épaules d’un Zampano, pour me remettre d’aplomb. Heureusement que Victor Hugo, lui, a le genre plus robuste…

bouguereau dit: à

le sujet me paraît impliquer une aberration étrange chez ce puissant esprit

mallarmé il devait bien lsavoir quau début il avoit choisit le nom du premier tueur en série français..onomasticment parlant c’était pas ça..il l’a sentu…ça fsait couillon

bouguereau dit: à

Que d’impressions poétiques j’aurais, si je n’étais obligé de couper toutes mes journées, enchaîné sans répit au plus sot métier, et au plus fatigant, car te dire combien mes classes, pleines de huées et de pierres lancées, me brisent, serait désirer te peiner. Je reviens, hébété.

qu’est ce qui doit écrire comme truc bien dracul..ha c’est pas grâce a toi polo..

bouguereau dit: à

bonne clopine elle aimes les pines à grosses veines bleues..du coup elle cause havec les absents..jamais elle me réponds a moi..vdqs épicétou polo

et alii dit: à

Stéphane Mallarmé est considéré comme l’un des poètes les plus obscurs, les plus hermétiques de la poésie française. D’aucuns ont mis en avant son impuissance à dire, sa lutte avec l’absolu de la page blanche. Je voudrais ici tenter de penser cette supposée « impuissance » comme une tentative d’inscrire la disparition, d’écrire le deuil, dans sa plus pure inacceptabilité.

2En 1879, Mallarmé se heurte au non-sens de la mort de son fils, Anatole, à son scandale, dont on connaît l’étymologie « skandalon » (le trébuchet, l’obstacle contre lequel on bute). Les feuillets qui composent l’œuvre inachevée qu’est Pour un tombeau d’Anatole ont été écrits durant les quelques mois qui ont suivi l’événement, et leur publication n’a été possible qu’en 1961 par les soins de Jean-Pierre Richard à qui Henri Mondor, un spécialiste familier de l’œuvre de Mallarmé, avait confié ces feuillets. Ce poème n’était donc pas destiné à être porté à la lecture du public. Au seuil de sa mort, Mallarmé avait même demandé à sa fille Geneviève de brûler toutes ses notes et ce manuscrit. Publication posthume, donc,
https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2009-2-page-97.htm

Delaporte dit: à

« Du calme, Delaporte.Vous semblez bien énervé..On peut préférer Hölderlin, Baudelaire , Rimbaud,Verlaine,le grand Verlaine, à Mallarmé,non? »

Mon cher PaulEdel, peut-être, mais pourquoi ne pas les aimer tous ? Pourquoi ostraciser celui qui a eu la plus grande importance dans la modernité ? C’est un contresens, charmant PaulEdel !

Paul Edel dit: à

« Pourquoi ostraciser celui qui a eu la plus grande importance dans la modernité ? »… ah..  » la plus grande importance dans la modernité ? » On croirait Delaporte que vous faites de la pub pour Burger King…

Soleil vert dit: à

Clopine dit: 14 avril 2019 à 17 h 32 min
« Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté »

Magnifique, il y a tout de même une sensibilité à la Sully Prudhomme ici.

Jazzi dit: à

Et puis Mallarmé vint et la poésie trépassa !
Elle se recycla dans la prose romanesque : Proust, Céline…,
survécu encore un peu dans l’art dramatique : Claudel en est le pilier, et enfanta tout un tas de troubadours, comme Aragon.

Soleil vert dit: à

Relisons ce poète de 12 ans :
Mon cher papa,/ J’avais appris un compliment,/ Et j’accourais pour célébrer ta fête,/ On y parlait de sentiment,/ De tendre amour, d’ardeur parfaite ;/ Mais j’ai tout oublié,/ Lors que je suis venu,/ Je t’aime est le seul mot que j’ai bien retenu »

« oublié » est le seul oublié des rimes. Déjà une adéquation entre le fond et la forme !

Soleil vert dit: à

« Claudel en est le pilier, et enfanta tout un tas de troubadours, comme Aragon. »

Saint John Perse !!!!

Alexia Neuhoff dit: à

Il y a chez tout poète, dans l’abondance de son oeuvre, quelque grand, encensé qu’il soit,ici ou là, une faiblesse. En faire le prélèvement pour l’exhiber est un bien vilain procédé.

Jazzi dit: à

Ensuite plus que des épigones, Soleil vert…

Genet est bien meilleur poète en prose qu’en vers !

Paul Edel dit: à

Au fond, Delaporte, ce qui fascine chez Mallarmé, c’est de rendre au langage une telle » pureté ,( et par dégout du langage courant, ordinaire, qui cout dans les rues ?..) enfin tout ça aboutit un gout aristocratique et club fermé, pour l’obscurité ,l’hermétisme. Idée religieuse d’une poésie pour initiés, en arrière fond.. Pourquoi pas ? On aboutit au silence, au « blanc » , poèmes façon du Bouchet,en comprimés, en dose homéopathique pour quelques initiés précieux ,adorateurs de l’hyppalage..bien.. obscurité raffinée et élitiste.. bien..… ça ne m’intéresse pas ,c’est tout.
C’est sans doute une « voie de la modernité, »comme on dit dans les manuels littéraires. Sans doute. Aimez Mallarmé, ç ‘est tout à fait votre droit, et défendez le.. mais ne me traitez vulgairement parce que je refuse ça.

Soleil vert dit: à

et alii dit: 14 avril 2019 à 17 h 50 min

Question : y a t’il un rapport entre la mort d’Anatole et l’hermétisme supposé de la poésie de Mallarmé ?

rose dit: à

Aujourd’hui, dimanche des rameaux. Chez moi, branches d’olivier bénies.

Soleil vert dit: à

Jazzi dit: 14 avril 2019 à 19 h 08 min

Vaste débat cher Jazzi … Ma (modeste) opinion est que le XXie siècle littéraire français est plus grand par ses poètes que par ses romanciers. Proust c’est la fin d’un cycle.

bouguereau dit: à

soleil vert y fait dans l’modeste lui..prends en dla graine baroz

bouguereau dit: à

..qu’il aille bouffer ses morts c’est ça qutu penses baroz..et ben c’est pas chrétien

bouguereau dit: à

Chez moi, branches d’olivier bénies

hencore de l’huile toutpartout..on sdemande ousqu’elle sles mets

bouguereau dit: à

mais ne me traitez vulgairement parce que je refuse ça.

pense a jésus nom de dieu polo..

Jazzi dit: à

« le XXie siècle littéraire français est plus grand par ses poètes que par ses romanciers. »

Des noms, Soleil vert !

Clopine dit: à

Soleil Vert, je suis d’accord avec vous sur « la fin d’un cycle » que représente Proust. J’y associerais volontiers un parallèle avec Wagner et la musique symphonique…

On pourrait me dire que reprocher la préciosité de Mallarmé en adoubant le style proustien pourrait être contradictoire. Ah, mais c’est que Marcel Proust, pour précieux qu’il soit, va directement et droit, non « au but » comme l’O.M., mais au « fond », en quelque sorte. Alors que Mallarmé virevolte « au-dessus »…

Bref, c’est fort étonnant, mais je suis vraiment d’accord avec Paul Edel, qui exprime sa réserve bien mieux que je ne saurais le faire.

Jazzi dit: à

« Chez moi, branches d’olivier bénies. »

Sans avoir assisté à la messe, rose ?

bouguereau dit: à

Et puis Mallarmé vint et la poésie trépassa !

c’est térrib cque tu dis là baroz..mais moi qui surfe sur les sièc plus fastochtement que vous je dirais modestement quil annonce la chtourmguéwerte..la machine a coude..à découde le poilu..la poésie d’hétéro et passé homo et haprés dans l’machinic..pour ça que keupu a toujours son pleug dans l’cul..mais ça suffit pas

christiane dit: à

C’est triste ce dédain concernant Mallarmé. Je relisais dans l’excellent livre de Jean Starobinski La beauté du monde (Quarto Gallimard), les deux chapitres consacrés à Mallarmé. (pp.560 – 583).
Il évoque ces œuvres, qui « un jour sont vaincues et doivent se soumettre à la loi qui, faisant d’elles les œuvres d’un temps, les lie à d’autres œuvres dans la série du révolu. Ajoutant qu »‘il règne en littérature un singulier droit de mainmorte qui donne à la tradition l’héritage de tous les novateurs et de tous les révoltés. »
« Nous sommes responsables du passé, il est notre otage. » écrit-il si justement.
L’Après-midi d’un Faune… Solitude… Revoir les vidéos où Nijinski danse ce faune sur la musique de Debussy inspirée du poème de Mallarmé : « Le Prélude à l’Après-midi d’un faune », sous-titré Églogue pour orchestre d’après Stéphane Mallarmé.
« La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé. Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d’un faune dans la chaleur de cet après-midi. Puis, las de poursuivre la fuite peureuse des nymphes et des naïades, il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes enfin réalisés, de possession totale dans l’universelle nature. » écrira Debussy dans le programme.

« bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses »
ou encore : Hérodiade
« Naïf baiser des plus funèbres !
A rien expirer annonçant
une rose dans les ténèbres. »

Cette chaîne sonore vibre dans ma mémoire, reliant Poe, Baudelaire, Mallarmé, Valéry… Elle me relie au passé de notre littérature.
Et dans ces treize poèmes publiés par le Parnasse en 1866, il fait chanter une jeune morte couronnée de roses :
« Des lys ! des lilas ! des verveines !
Des fleurs ! que j’en jette à mains pleines ! […]
roses berçant des chants rêveurs,
Nids noyés dans les senteurs molles,
Je veux danser mes danses folles
Dans un enchantement de fleurs ! »

Une « ligne d’azur mince », presque une écriture intime.

bouguereau dit: à

Soleil Vert, je suis d’accord avec vous

te vla dégradé ptite bite..ha c’est l’baisé dlaraignée..lprochain coup elle te jaffe

christiane dit: à

@Alexia Neuhoff dit: 14 avril 2019 à 19 h 03 min
Très juste pensée. Merci.

christiane dit: à

@et alii dit: 14 avril 2019 à 17 h 50 min
Quel émouvant document.

bouguereau dit: à

zêtes des ânes..tzz c’est trés exactement l’contraire cricri..c’est sa force qu’on exhibe..et qui terrorise..prend jcvd par exempe..c’est pas parcqu’il est belge qu’il est pas lplus fort..dmande a dirfiloo..

Jazzi dit: à

Mallarmé, il faut le boire à petite lampée mais avec un thé vert, Christiane ?
Je préfère boire un bock avec Rimbaud !

Marie Sasseur dit: à

Et puis Mallarmé vint et la poésie trépassa !
Pas mal.
Poete des trepassés, c’est bien aussi.

Clopine dit: à

Rose, pour vous, des rameaux ! Je vous en mets trois pour justifier le « x » de « rameaux », mais en vrai, j’ai utilisé, pour un de nos documentaire,s le troisième seulement (qui surclasse à mes yeux les deux autres dans le côté « martelé » de cette musique « de sauvages »)

https://youtu.be/ShpQD4de-EI

https://youtu.be/bD9fLIBP13k

https://youtu.be/3zegtH-acXE

Bonne soirée à vous et vos branches bénies. L’acte qu’elles commémorent (l’entrée de Jésus dans Jérusalem, sur une ânesse « suitée », ce qui me l’a tout de suite rendue sympathique) a beau être une invention humaine (je refuse catégoriquement le divin, ahaha) , elle n’en est pas moins disons pacifique…

renato dit: à

« … je suis d’accord avec vous sur « la fin d’un cycle » que représente Proust. J’y associerais volontiers un parallèle avec Wagner et la musique symphonique… »

Quelle relation entre Wagner et la musique symphonique ?

bouguereau dit: à

tèrezoune elle fait sa bretonne au pardon qui tourne au chouchène..ctun genre qu’a fait florès haussi tèrezoune..et pis comme y dit polo..c’est ton droit..et défends le!

bouguereau dit: à

Je préfère boire un bock avec Rimbaud !

et baroz avec sa poésie des trépassés au caveau hon le voit vnir..hassez!

renato dit: à

« … je suis d’accord avec vous sur « la fin d’un cycle » que représente Proust. J’y associerais volontiers un parallèle avec Wagner et la musique symphonique… »

Quelle relation entre Wagner et la musique symphonique ?

renato dit: à

Mallarmé est plutôt un bon kirch.

Jazzi dit: à

Ne soit pas jaloux le boug, je te laisse Verlaine !

Clopine dit: à

Non, Renato, je me suis mal exprimée. Je voulais dire que Wagner en musique, comme Proust en littérature, était à la fois la fin d’une époque et un indépassable. Pardonnez-moi d’avoir fourché !

Rose, pour vos branches bénies, je vous donne des rameaux. J’en mets trois, pour que le « x » des « rameaux » prennent son sens mais enfin j’ai choisi le troisième (le plus « martelé » à mon sens !) dans l’un de nos modestes documentaires.

Moi qui n’aime rien de ce qui est « divin », j’aime bien les rameaux, car ils commémorent l’entrée de Jésus à Jérusalem, sur une « ânesse suitée ». Rien que ce détail me la rend sympathique !

https://youtu.be/ShpQD4de-EI

https://youtu.be/bD9fLIBP13k

https://youtu.be/3zegtH-acXE

Janssen J-J dit: à

@quelque grand, encensé qu’il soit,

->c’est chic, dit comme ça, ça convient bien, Nalexia.

Bénir le rameau avec des olives mal embouchées, faire du liant pour ceux qui s’en foutent un brin de s’érudir de la corresse pas arrivée. Autrement, tout le monde est d’accord. On attend l’apport tardif de Plexiglasse et de sa niéce Hurlurette sur le sujet.

Soleil vert dit: à

Jazzi dit: 14 avril 2019 à 19 h 23 min
« le XXie siècle littéraire français est plus grand par ses poètes que par ses romanciers. »
Des noms, Soleil vert !

Apollinaire, Eluard, Aragon, Saint John Perse, Char, Michaud (Belge certes mais), Supervielle, Breton, Ponge, Valery, Césaire …

Mais comment écarter écarter Arthaud, Jaccottet, les tendres Desnos et Max Jacob, Frènaud, Guillevic, Jouve, le Ferré de « La mémoire et la mer », Schéhadé, le sénégalais Senghor …

et alii dit: à

Jean-Claude Milner
Mallarmé au tombeauPhilosophie

96 p.

9,13 €

ISBN : 978-2-86432-306-8

Parution : février 1999

(collection d’origine : Philia)

Le mouvement part du sonnet de Mallarmé, « Le vierge, le vivace… ». Le sonnet est commenté vers par vers, mot à mot. Une interprétation se dispose : le sonnet résume ce que Mallarmé pense de l’histoire du XIXe siècle tout entier, en tant que cette histoire se déploie dans la poésie. S’opposant point par point au Cygne de Baudelaire, dédié à Victor Hugo, il traite de ce dont Hugo et Baudelaire sont les emblèmes : le premier, héros de la journée révolutionnaire, assez puissante pour délivrer de la pesanteur glaciale et de l’ennui indistinct des temps modernes ; le second, portant le deuil de cette journée, toujours marquée par la défaite. À Hugo, il est opposé que l’espoir est vain, parce qu’il n’y aura jamais de journée, jamais d’aujourd’hui (vierge, vivace et beau) ; à Baudelaire, il est opposé que le deuil même est inutile, parce qu’il n’y a jamais eu de journée.
L’interprétation du sonnet trouve ses répondants dans les proses, sans oublier la note assassine sur Rimbaud, et dans le Coup de dés. Elle se résume ainsi : « rien n’a eu lieu », ou « le XIXe siècle n’a pas eu lieu ».
La thèse est inévitable si l’on croit ce que dit Mallarmé de la poésie. Et donc aussi de la prose. Que devons-nous dire, nous, à la fin du XXe siècle ? Devons-nous être mallarméens ? Que devons-nous penser de la poésie et de la prose ? Que devons-nous penser de ce qui a eu lieu ou pas ?
https://editions-verdier.fr/livre/mallarme-au-tombeau/

Soleil vert dit: à

Mon Dieu j’ai oublié Reverdy

Chaloux dit: à

Daniel Halévy, ami soucilleux de Proust, a été l’élève de Mallarmé. Dans un volume de souvenirs (est-ce Pays parisiens?), il donne quelques exemples des textes de thèmes que donnait Mallarmé à ses classes.
(On ne lit pas assez Daniel Halévy. Ses livres continuent à tenir debout).

closer dit: à

D, qu’en pensez-vous? Avez-vous des informations confidentiel défense? Qu’est-ce qu’une « bi-dérive »?
(Suite indisponible, réservée aux abonnés du Figaro)

Une course-poursuite s’est engagée entre Américains, Russes et Chinois pour récupérer l’épave d’un chasseur F-35 de conception américaine. En jeu: l’avenir de la suprématie aérienne.
New York
Oubliez Octobre rouge, le thriller de Tom Clancy contant l’affrontement, fictif, entre marines américaine et soviétique dans l’Atlantique Nord durant la guerre froide. Voici venu «Avril gris», en mer du Japon, bien réel, lui, selon les analystes militaires tels que Tom Demerly, du site aéronautique The Aviationist. Officiellement, aucune tension navale n’a été détectée à 135 kilomètres au large de Misawa (nord-est du Japon), là où un F-35A, avion de chasse ultra-secret de conception américaine, s’est abîmé en mer mardi 9 avril, à 19h29 locales. Appartenant à la 302e escadrille de la Force aérienne d’autodéfense japonaise (JASDF), l’appareil faisait partie d’un groupe de quatre jets engagés en simulation de combat aérien. Le pilote, le major Akinori Hosomi, avec 3200 heures de vol dont 60 sur F-35, n’a lancé aucun «mayday». Tout juste venait-il de demander à la radio de stopper l’exercice. Il était toujours porté disparu dimanche, alors que des débris de son précieux avion, notamment la bi-dérive …

Chaloux dit: à

sourcilleux

bouguereau dit: à

bonne clopine habonné au figaro te dirait qu’une bidérive c’est un double dong..un genre d’hampoule qu’on change dans son bain cloclo

bouguereau dit: à

ferme ta gueule mon larbin..

Marie Sasseur dit: à

Leon Paul Fargue aussi a été élève occasionnel des cours d’anglais de Mallarmé.
Assez chahuté, comme le raconte M. Drillon, en lien dans le billet.
Sait-on si Mallarmé fut pour l’apprentissage de l’anglais un précurseur d’une méthode experimentale?

Ses p’tits cartoons , y’a que ça de bien.

bouguereau dit: à

Ne soit pas jaloux le boug, je te laisse Verlaine !

j’y perd..henfin c’est miser beaucoup qu’il dirait polo

bouguereau dit: à

Mallarmé est plutôt un bon kirch

souillac tout l’monde descend..une vieille prune rénateau..

renato dit: à

Il y a une chic distillerie à Souillac.

Chaloux dit: à

j’y perd..henfin

Pas d’inquiétude, boumol, avec Verlaine t’en prendras quand même plein ton Q

Delaporte dit: à

« Chez moi, branches d’olivier bénies. »
Sans avoir assisté à la messe, rose ?

Chez moi aussi, après avoir assisté à la messe, splendide.

Delaporte dit: à

PaulEdel, trêve de plaisanterie, sur Mallarmé, vous me décevez beaucoup. C’est vous-même que vous ostracisez, avec un tel ostracisme. Vous sortez de la catégorie « amateur de littérature » pour entrer dans celle de « aime Guillaume Musso ». Eh oui !

Delaporte dit: à

Sinon, Pauledel, même à « la dernière mode », vous n’avez pas accroché ? Il serait temps de vous y mettre sérieusement, vous le presque romancier, le tout à fait internaute, le quasi écrivain, le journaliste aux chiens écrasés…

Marie Sasseur dit: à

« Si un article de Verlaine a beaucoup fait pour propager son art, il est piquant de constater que nul mieux qu’un personnage de fiction aura assuré sa gloire de son vivant : le Des Esseintes créé par Huysmans dans A rebours qui s’enchante de ses vers. » Passou

Et pourtant, Huysmans, revenu comme beaucoup ( tres nombreux et les plus notables, comme Baudelaire himself) de ce kitch mallarmeen, et qui s’étaient empressés dans ce dernier salon, the place to be, au 89 de la rue de Rome ( comme il existait des salons tres courus, celui de Nina de Villard, quelle epoque…) Huysmans , le naturaliste, a salué S.M. le symboliste, comme on fait une plaisanterie, un jeu d’esprit : essayer de traduire sa  » delicatesse abstruse ». « Une affable blague ».
Passou, honorable juré , en mémoire de Goncourt, aurait pu mentionner S.M. ce « sphinx roublard » qui verse dans la mystification !

D. dit: à

Écoutez Closer, j’ai franchement autre chose à faire à la veille du non-événement que constituera l’allocution macaronienne de demain. Je suis très inquiet pour la fin de la semaine.

Le F-35 est intéressant pour sa furtivité au radar, sa poussée vectorielle n’est qu’un faible avantage et pas vraiment une innovation. En agilité il ne fera pas mieux qu’un Rafale.
Les systèmes de détection et suivi radar à cibles multiples sont extrêmement importants, autant que l’agilité et la furtivi, tout comme ceux de contre-mesure électronique.
Récupèrer un de ces appareils peut permettre de gagner beaucoup de temps pour avancer technologiquement, c’est un fait.

bouguereau dit: à

vous le presque romancier, le tout à fait internaute, le quasi écrivain, le journaliste aux chiens écrasés…

polo c’est jésus..dlalourde c’est caiphe

closer dit: à

Merci D pour vos précieuses informations. Je me demande seulement ce qui peut vous occuper autant à la veille d’un « non événement »…

bouguereau dit: à

mallarmé est un monstre de dons..mais il a la maladie de villiers..héguèle..qu’est bien plus pire que niettzlcche..souvent corniaud hutilisabe faut bien l’dire..fridiche jamais..oyouyouye ma mère

bouguereau dit: à

cloclo y comprend pas qu’un non événement c’est une distortion invaginé dans l’espace temps dédé..qu’est ce tu veux faire avec des ploucs hignorants pareils

Jazzi dit: à

« ce recueil (…) n’en est pas moins un livre d’une richesse inouïe. (…) Mallarmé de nos jours, on se demande à quoi ressemble leur épistolat. Peut-être faudra-t-il superposer à ce néologisme un autre : « e-pistolat »… » (conclusion de Passou)

Ou plutôt e-maillolat ?

Là c’est le biographe qui parle !
Si j’ai bien lu, il semble que Passou ne fasse pas grand cas du poète.
L’homme, en revanche…

bouguereau dit: à

Chez moi aussi, après avoir assisté à la messe, splendide

dlalourde y mime bien l’orgasme du veau mort

bouguereau dit: à

mais quel gaffeur tu fais baroz..heureusment qu’lassouline y sait quelquefois pardonner

bouguereau dit: à

mallarmé est souvent beaucoup tropintelligent pour ses lecteurs..il cherche comme héguèle a apler à la conscience des savoirs..il y arrive souvent..mais le savoir et la conscience n’est pas le plaisir..c’est terribe..c’est pas qu’au fond dla tranchée on veut plutot que du pinard non plus..baroz il aime pas

et alii dit: à

ce qui se ressasse
Et la poésie vise justement, comme il le dit, à « rémunérer philosophiquement ce défaut des langues ». Alors, vient le bonheur des mots.

Claudio Bahia dit: à

Mallarmé est plutôt un bon kirch
À chaque jour, Renato se bonifie
On distille quoi à Souillac ?
J’ai gardé longtemps l’amitié d’un habitant de la Côte qui faisait distiller tout son cerisier, un cerisier « mi-sauvage » m’avait-il expliqué (mis à part quelques cerises que sa femme sauvait (sauvaient?) pour faire de délicieux kirschpfannkuchen) et des tartes
Nostalgie………..

D. dit: à

L’inquiétude me tourmente, Closer, car j’aime la France et je pense que nous allons vers de graves événements.

Phil dit: à

Dédé, la France ce brasilianise, rien de dramatique, l’industrie des barreaux aux fenêtres a de l’avenir, demandez à Claudio Bahia qui vient respirer ici l’air de la vieille Europe, aussi évaporé que la lumière du trou noir découvert la semaine passée.
Marie Sasseur êtes spécialiste de KJH ? (Karl-Joris Huysmans dixit JJJ, décidement hyperconnecté en rond point, diable, va falloir réviser; ressortons l’oblat.

Petit Rappel dit: à

Il est de son temps, meme s’il l’a fait oublier. ses premiers poèmes sont des gammes parfois réussies d’après les grands de l’époque .On évoque le Tombeau d’Anatole, du moins est-ce JP Richard qui le dénomme ainsi, mais pas le très mauvais pastiche hugolien sa fosse est creusée, dédiée à sa fille, ni le jugement fin d’un contemporain : « Baudelaire, s’il revenait, pourrait signer vos sonnets ».
Les poèmes aux éventails, eux, sont dans une filiation Banvillienne directe.
Commandant l’évolution ultérieure, il y a tout de meme cette crise mentale qui le conduit à dire « Je suis maintenant impersonnel » et qui mène en effet d’un épigone de Baudelaire au « rien ne s’est passé » déjà à l’oeuvre dans le sonnet des x ou à bien y regarder, tout est en suspens. « Aboli Bibelot » poussera le bouchon plus loin vers le rien. L’impersonnalité dont il est question n’est pas Parnassienne, elle se mue en anéantissement de tout lyrisme. Le bardique à la Hugo mais aussi celui de Lecomte de Lisle ou de Baudelaire. En ce sens,oui, Claudel a pu parler d ‘une « catastrophe d’Igitur ».

Ne reste alors, et très logiquement, qu’un lyrisme Mortuaire avec le Tombeau d’Edgar Poe, et le fantasme pour le coup ésotérique du Livre Absolu avec un L majuscule dont Igitur et Hérodiade sont les prémices. Y croyait-il?
C’est en tous cas beaucoup plus convaincant que d’éventuelles préoccupations cabalistiques qui n’auraient pu passer ni par les Rose-Croix Guaita Papus Péladan, ni par Boullan,Abbé vintrasien aux mains baladeuses dont un certain Louis Massignon exfiltrera les papiers pour le compte du Vatican!
Quant à Huysmans, c’est sa conversion qui le détourne de Mallarmé, le kitsch de « la Cathédrale » ou de « Là-Bas » remplaçant le kitsch de Des Esseintes. Je ne crois pas d’ailleurs à une lecture exclusivement mallarméenne de ce personnage. Entre Montesquiou, Lorrain, et quelques autres, Huysmans a brassé plusieurs « modèles », si le mot est pertinent ici.
Il faudrait aussi consacrer une étude à Cazalis, ami privilégié mais très mauvais poète (« L’Illusion », la bien nommée, chez Lemerre!) et peut-être pas très équilibré selon les contemporains, quoique médecin me semble-t-il.
Bon, maintenant, sans Mallarmé, pas de Valéry, et, comme je continue à penser que c’est un grand poète, c’est un grand mérite, non le seul, d’avoir suscité un disciple pareil!
Bien à vous.
MC

rose dit: à

Sans la messe, Delaporte.
Pas pensé, pas su.
Pas le temps.
Ma voisine norvégienne me l’a donné en en revenant.
D’ ordinaire, donné par ma mère.

Dieu m’ absoud de tte critique.
Ouvert mon coeur, admis le grand amour nous liant Emma – envoyée de d.eu- est venue me voir ; don de d.eu pour le coeur ouvert ; avons dit bonjour aux ânes, poneys et chevaux et ramené le fumier de Timber, l’ étalon.
Passé xylophène sur le portillon.
Ramassé deux seaux de bonne terre noire issu di compost, art difficile.
Fini de couper les brindilles de la bignone pour allumer le feu. Qq autres branches mortes.
Acheté et cuisiné les premiers pois gourmands.
Les secondes asperges vertes.
La mâche pour avec la betterave.
Échalotes et oignons blancs frais.
(Cailles en sarcophage à prévoir.)
Tarte saumon/épinards.
Fatiguée le soir, sans savoir pourquoi.

Grande confiance en d.eu et sa justice immanente.

M’a dit oui.
Puis m’a dit non. L’ a pas envie de voyager.
Irai seule à Turin fêter Pâques.
Dilong, dilong.

rose dit: à

Sans la messe, jazzi.
« moi aussi, après la messe, splendide ».
De l’intérêt de la cérémonie pour remettre les pendules à l’heure, raviver le souvenir, maintenir la mémoire fraîche.

Si tu le portes dans ton coeur, toute manifestation extérieure devient absconse.
C comme le mariage.
Ou les dorures.
Pour attirer le regard.
En est’il tant besoin ?

De Mallarmé, l’exaltation.
De Rabelais, la démesure.

L’un vers le ciel.
L’autre vers la terre.

christiane dit: à

Une très fine analyse du portrait de Mallarmé peint par Manet :
« […]Pendant dix ans, en sortant du lycée Fontanes (aujourd’hui Condorcet), Mallarmé rejoint quotidiennement Manet dans son atelier où les deux hommes prennent plaisir à discuter. C’est à l’occasion de l’une de ces conversations réputées brillantes que le peintre fait poser le poète dans ce lieu qui lui est familier et reconnaissable à la tenture japonaise. Assis au creux d’un divan, Mallarmé apparaît comme un jeune dandy, à la fois élégant et nonchalant, la chevelure et la moustache légèrement ébouriffées, tenant un cigare incandescent aux volutes bleues, une main posée sur un paquet de feuilles blanches, l’autre glissée dans la poche de son caban. Plongé dans ses pensées, il semble même oublier qu’il est observé par son ami. La touche de Manet est rapide et légère pour mieux saisir le poète dans ce moment de rêverie intellectuelle et évoquer très justement l’univers évanescent des poèmes de Mallarmé. Manet a choisi de nous faire découvrir ici le Mallarmé des intimes, l’amateur de cigares, cet « homme au rêve habitué », comme il le disait de lui-même. De tous ses portraits d’écrivains, c’est sans aucun doute le plus réussi car il rayonne de l’amitié et de la complicité qui unissaient les deux hommes. […] »
F. Siouffi, « Stéphane Mallarmé », Histoire par l’image [en ligne].
(Il faut lire le Journal de Julie Manet (fille de Berthe Morisot, nièce d’Edouard Manet) pour voir le côté intime de ces relations entre les artistes Morisot, Mallarmé, Renoir, Degas… On y découvre aussi le tout jeune homme Paul Valéry.)

christiane dit: à

Mais aussi, cette lithographie de Whistler :
https://www.flickr.com/photos/quentin-verwaerde/7139918307/in/photostream/

A propos de laquelle, Georges Rodenbach écrit dans ses Notes sur Mallarmé : « Le visage s’est estompé, ouaté. Le bleu très tiède des yeux s’embrume. La moustache aérée s’est fondue avec une barbe courte, en pointe, qui grisonne et met un floconnement d’hiver au bas de ce visage qu’on regarde comme un reflet, qui semble être vu dans un miroir, vu dans l’eau. C’est le poète comme il subsiste dans la mémoire, déjà en un recul, hors du temps, tel qu’il apparaîtra à l’avenir. »

(De nombreuses estampes offertes par Whistler témoignèrent de l’amitié qui le liait à Mallarmé. Parmi elles, le portrait de Mallarmé, qui figura dans l’édition de Vers et Prose de 1894 et qu’il dédicaça « A mon Mallarmé »)

rose dit: à

christiane
merci de vos contributions en lien avec l’ art.
Julie Maney, la tant aimée.

Quant au roman impossible à filmer, pourquoi pas Vernon Subutex de Virginie Despentes, de manière à laisser la bande son silencieuse ?

christiane dit: à

@Petit Rappel dit: 15 avril 2019 à 1 h 03 min
Belle approche de Mallarmé. Oui, sans lui, pas de Valéry.
Impersonnel…
Le 14 mai 1867, Mallarmé écrit à Cazalis :
« Je viens de passer une année effrayante, ma Pensée s’est pensée et est arrivée à une Conception pure »(..:) « Je dois t’apprendre que je suis maintenant impersonnel et non plus Stéphane que tu as connu, mais une aptitude qu’a l’Univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi. »

J-M.Maulpoix, dans « Portrait du poète en araignée », écrira :
« […]Voici donc le poème devenu théâtre de l’esprit aux prises avec le Rêve dont il connaît l’éloignement et le Rien dont il sait la fatalité. Comme Hérodiade, la Beauté est éprise d’elle-même, et c’est en se repliant sur elle-même pour considérer ses propres miroitements qu’elle ressaisit et affirme sa valeur. Mallarmé se pose en poète de la volonté, ou en poète maintenu par la force de la volonté et qui fait en connaissance de cause le choix d’une destinée. « Je chanterai en désespéré », dit-il, non pas parce que « les chants désespérés sont les chants les plus beaux », mais parce qu’il poursuivra le travail qui maintient le chant avec « l’énergie du désespoir ». Son œuvre reposera sur un prodigieux « malgré tout ». Elle préservera ce rapport au Rêve ou cet élan « vers le Rêve qu’elle sait n’être pas ». Elle sera « veillée », plus que rêve, veillée sous « la clarté déserte de la lampe ». Elle consistera en ce désir d’outrepasser le réel, d’excéder les limites qu’il inflige tout en les connaissant parfaitement.[…] »
Le poète perplexe, Editions José Corti, février 2002

rose dit: à

ne crois pas que cela soit dans ce sens là que cela se passe.
On n’ entre pas en Mallarmé mais il entre en nous.
Comme la difficulté n’ est pas de s’ asseoir au bord de la rivière mais d’ y être le coeur léger débarrassé de toute idée de vengeance.
Là est la clé. Une des.
Faire la route sans scorie.

rose dit: à

Julie Manet.

rose dit: à

Stéphane MALLARME
1842 – 1898

Cantique de saint Jean

Le soleil que sa halte
Surnaturelle exalte
Aussitôt redescend
Incandescent

je sens comme aux vertèbres
S’éployer des ténèbres
Toutes dans un frisson
A l’unisson

Et ma tête surgie
Solitaire vigie
Dans les vols triomphaux
De cette faux

Comme rupture franche
Plutôt refoule ou tranche
Les anciens désaccords
Avec le corps

Qu’elle de jeûnes ivres
S’opiniâtre à suivre
En quelque bond hagard
Son pur regard

Là-haut où la froidure
Éternelle n’endure
Que vous le surpassiez
Tous ô glaciers

Mais selon un baptême
Illuminée au même
Principe qui m’élut
Penche un salut.

christiane dit: à

@rose dit: 15 avril 2019 à 3 h 47 min
Bonsoir, Rose,
c’est l’heure nocturne où vous aimez venir sur ces fils de commentaires.
Les Rameaux semblent avoir été pour vous un rendez-vous lumineux. J’ai toujours ressenti une peur instinctive de ces fêtes de Pâques. N’ayant pu croire en la Résurrection de Jésus, j’ai accompagné cet homme remarquable jusqu’à cette mort atroce. J’aime le sillage qu’il a laissé tel qu’il nous est rapporté. Un marginal, illuminé qui parlait de justice et aimait les petits, les laissés-pour-compte.
Qu’a-t-il été pour être autant aimé de Marie-Madeleine ? Je me suis arrêtée au tombeau ouvert et Marie-Madeleine dévastée : ”Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ” Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : ” Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le reprendre. ” Jésus lui dit alors : ” Marie ! ” Elle se tourne vers lui et lui dit : ” Rabbouni  » (év. de Jean)
L’évangile ne parle pas de la suite et c’est la suite qui m’intéresse : sa présence furtive aux Saintes Maries de la Mer avec son frère Lazare et sa sœur Marthe, puis en suivant le cours de l’Huveaune ces trente années qu’elle passa à La Sainte Baume, où elle vivait en ermite sur ce plateau balayé de vent…

et alii dit: à

La Dernière Mode. Gazette du Monde et de la Famille, cette revue de mode fut dirigée et rédigée par Stéphane Mallarmé entre septembre et décembre 1874. Sous les pseudonymes de Marguerite de Ponty, Miss Satin, Zizy ou d’Olympe la négresse, entres autres, il y tint toutes les rubriques. L’extrait ci-dessus donne une idée du plaisir que devait prendre Mallarmé à ces utilisations de mots rares, de termes de métiers, à la description d’une nuance de couleur, d’un pli ou d’une étoffe.
https://livrenblog.blogspot.com/2007/11/la-mode-de-mallarm.html

christiane dit: à

@et alii dit: 15 avril 2019 à 4 h 28 min
Alors, vous non plus ne dormez pas ! Ce n’est pourtant pas la pleine lune.
C’est bien la nuit, tout est tellement paisible. Juste le ronronnement de l’ordinateur.
Ainsi Mallarmé appréciait la mode…

christiane dit: à

@rose dit: 15 avril 2019 à 4 h 08 min
Quelle force dans ce lien qui les unissait ! Document rare. Merci.

Delaporte dit: à

Le site Atlantico revient sur le christianisme de Houellebecq, à l’occasion d’une mention du cardinal Sarah affirmant que les dernières pages de Sérotonine étaient « catholiques ». C’est aussi mon avis, qu’il y a chez Houellebecq une aspiration à Dieu :

« le christianisme sera pour Houellebecq la grande interrogation qu’il affinera au fil de ses livres prochains. La figure du Christ à la fin de Sérotonine est un pivot décisif pour une nouvelle quête spirituelle et littéraire pour répondre à la médiocrité de notre temps qui refuse le dépassement de soi. » Atlantico

Delaporte dit: à

William, digne rejeton à la fois de sa catin de mère et de son coureur effréné de père, et la stupité adultère de la couronne britannique :

« Au Royaume-Uni, la rumeur fait grand bruit. Le prince William aurait eu une liaison avec Rose Hanbury, marquise de Cholmondeley, l’une des amies proches de Kate Middleton. Une aventure qui aurait eu lieu l’année dernière et ce alors que Kate était enceinte de Louis, le troisième enfant du couple. » RTL

Marie Sasseur dit: à

« il y a tout de meme cette crise mentale » Court.
Ce dont Huysmans s’est inspiré.
Voir lettre de Huysmans à Zola, où il explique que « des Esseintes incarne « l’antipode absolu » de ses propres « préférences «  »
Cela lui a « permis d’emettre des idees vraiment malades et de célébrer la gloire de Mallarmé », ce qu’il qualifie « d’une assez affable blague ».
Les moins « croyants  » sont C. Mendès, et Barbey d’Aurevilly qui crie à l’imposture: Mallarmé est » pour les amateurs de haute-bouffonnerie, le plus inespéré « .
Proust, lui, est monté au front , en publiant un article dans La Revue Blanche : « Contre l’obscurité « .

Chaloux dit: à

Léautaud raconte qu’aux obsèques de Verlaine, Mallarmé a commencé son laius par : »La tombe aime tout de suite le silence ». Ensuite, dit-il, ça a duré une heure…

(Crétina de Hambourg s’obstine dans la fiche de lecture. Aucun intérêt, d’autant qu’elle comprend rarement ce qu’elle lit. Qui pour le lui dire?).

renato dit: à

« L’énigme de l’identité de Shakespeare, pseudonyme (peut-être) de John Florio, maranne d’origine italienne né à Londres en 1553… » (Passou sur fb).

Voir les doutes de Carla Rossi, titulaire de philologie romane, Univrsité de Zurich dans Italus ore, Anglus pectore. Nuovi studi su John Florio.

John Florio reste, incontestablement, une figure de premier plain dans la formation de l’humanisme anglais : A World of Words ; techniques grammaticales pour la composition de nouveaux mots, idées et concepts.

Chaloux dit: à

Pour faire tout ce qu’il a fait et l’oeuvre de Shakespeare par dessus le marché, il fallait que Florio soit un surhomme.

renato dit: à

On peut rester sur l’amitié Florio – Shakespeare, ce qui implique conversations et croisement de connaissances.

Chaloux dit: à

Oui, ça me parait plus sage.

de nota dit: à

« Il y a plus d’un demi-siècle, les historiens du symbolisme situaient Proust dans le sillage de Mallarmé. Ils se fondaient sur la recommandation de la métaphore dans le Temps retrouvé.La boutade du poète » le monde est fait pour aboutir à un beau livre » leur semblait proche de la résolution du Narrateur de la Recherche, fixer dans un livre la substance de sa vie- ce qui ne signifie pas du tout la même chose. En réalité les affinités relatives des deux écrivains proviennent d’une influence commune, celle de la philosophie de l’art de Schelling et la divergence de leurs interprétations est due à une différence de génération. Mallarmé est un puriste de l’idéalisme, Proust un adepte de l’idéalisme concret introduit en France par son professeur Gabriel Séailles, voisin de campagne et ami du poète dont l’élitisme intellectuel est aux antipodes du socialisme blanc que propage ce philosophe.
Proust n’a jamais fait partie du cercle d’admirateurs qui se regroupe tous les mardis dans le minuscule salon de la rue de Rome. Il a rencontré Mallarmé chez Madeleine Lemaire lors du récital donné par Raynaldo Hahn qui avait mis en musique ses Portraits de peintres et où était également récité l’Avant Dire ou Traité du verbe de René Ghil; Mallarmé avait félicité tout le monde, ce dont Proust n’était pas peu fier. Il ne se doutait pas que son adhésion au naturisme, ce mouvement qui supplante le symbolisme et qui provient pour une bonne part de l’idéalisme concret diffusé par G.Séailles, mettrait fin à leur entente. Peu après il entreprend un article Contre l’obscurité qui expose les devoirs de la littérature dans cette optique et que publie La revue blanche en 1896. Il y raille un certain fatras symboliste et y oppose une littérature qui, dans une langue et une forme accessible à tous, traiterait des grands problèmes de l’existence. La mission de l’écrivain serait de plonger au plus épais des forces de la vie, grâce à  » l’élan du sentiment ». Prédication naturiste et souvenir de Léon Tolstoi transparaissaient dans un anti-intellectualisme venu tout droit de G. Séailles. A tout homme était donné » d’exprimer clairement pendant son passage sur la terre les mystères les plus profonds de la vie et de la mort »(CSB,392,393)
Proust n’avait pas que des amis dans cette revue jalouse de ses relations mondaines. Dans le même numéro son article était éreinté dans une réplique Pour la clarté de Lucien Muhlfeld qui feignait de prendre la défense du symbolisme. Proust n’avait point prononcé le nom de Mallarmé auquel probablement il ne pensait même pas. Or le poète, depuis longtemps malmené pour son hermétisme par Anatole France, René Doumic, Alphonse Daudet, etc. et qui avait dans la Revue blanche des ennemis comme Gustave Kahn, avait pu y publier par l’entremise de sa bonne fée, Méry Laurent, une série de Variations sur un sujet(janvier-octobre 1895). Le prétexte était bon pour se débarrasser de Proust en feignant de défendre Mallarmé. La bassesse et la grossièreté de Muhlfeld le désignaient à la vengeance du poète, fournissant à celui-ci les arguments d’une réplique cinglante, Le Mystère dans les lettres, sa dernière Variation, publiée le mois suivant, qui réitère sa profession de foi.
Bien que Proust n’y soit jamais nommé et que les détracteurs du symbolisme aient été nombreux, le pluriel qu’utilise Mallarmé pour désigner ses adversaires ne laisse aucun doute sur l’identité de celui qui s’était cru le droit de légiférer en matière littéraire. La dédaigneuse réfutation commence par cette phrase méprisante: » De pures prérogatives seraient, cette fois, à la merci des bas farceurs ». Elle était suivie de l’accusation assez juste d’avoir recherché une gloire médiatique dans cette « médiocre » opération de dénigrement. »Camelots activés par la pression de l’instant pour un intérêt mineur[…], dénonciateurs[…] épris de banalité […] et de bavardage[…], ils se poussent en scène et assument[…] la posture humiliante , puisque arguer d’obscurité[…:] implique un renoncement antérieur à juger. La répétition de ce terme « d’obscurité » contenu dans le titre de Proust, sa reprise en synonymes divers invitaient à remonter jusqu’au coupable, disciple de G.Séailles, pourfendu lui aussi par ce persiflage,  » La foule(où inclus le génie), caricature de son slogan, « Tout le monde a du génie, y compris l’épicier du coin ».
L’intérêt de la réplique de Mallarmé est de se situer sur le terrrain des principes. Ce sont deux interprétations de l’idéalisme qui s’opposent. Du côté de Proust, une conception aimable de l’analogie qui se fonde sur un accord naturel du monde et de l’esprit. Chez Mallarmé au contraire, le souhait d’une identité d’un autre type, dont Paul Valéry sera l’héritier, une science des rapports. Il revendique pour la poésie « les abrupts, hauts jeux d’ailes » de la syntaxe dont les structures doivent s’accorder, s’identifier avec le Logos qui jadis a organisé le monde- ce qu’il nomme dans cet article « les primitives foudres de la logique ». L’analogie n’a plus dès lors comme site une image, une métaphore. Elle devient un acte purement intellectuel, la suggestion d’un rapport entre deux parties mathématiquement ajustables. C’est dans ce sens que, se souvenant d’Euréka d’Edgar Poe traduit par Baudelaire, il écrivait à Villiers de l’Isle Adam à propos du Coup de dés, dont La Catastrophe d’Igitur n’a été que la première dramatisation, qu’il souhaitait y faire valoir le lien qui unit la Poésie à la conception de l’univers, ambition qui n’a jamais effleuré Proust, accaparé par lui-même.
Sur cette aventure, la correspondance de Proust est muette. Son ressentiment ne s’exhale que dans une note non publiée, écrite après la mort du poète en 1898. Il y évoque les oeuvres laissées inachevées » sans que le génie y ait passé, si bien qu’à sa dernière heure, voyant clair avant de mourir comme Don Quichotte, un Mallarmé qu s’acharnait depuis dix ans à une oeuvre immense dit à sa fille de brûler ses manuscrits( CSB, 413). Des années après, il se borne à évoquer « ses vers de ténèbres ».

Anne Henry, université de Montpellier III,article extrait du Dictionnaire Marcel Proust, Champion Classiques.

Janssen J-J dit: à

8.50, sourire plutôt, & ce sera déjà pas si mal… Quel talent…: à la spécialiste indiscutable de JKH et à la non moins modeste midinette de la chanson.
Aujourd’hui, j’ai mon anniversaire et je vous en souhaite un large rayon pour illuminer votre journée, une fois n’est pas coutume après tout.

et alii dit: à

15 avril 2019 à 9 h 23 min
c’est aussi mon anniversaire:un p’tit beurre des to you!

Jazzi dit: à

Bon anniversaire à vous deux !

Angoisse

Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête
En qui vont les péchés d’un peuple, ni creuser
Dans tes cheveux impurs une triste tempête
Sous l’incurable ennui que verse mon baiser :

Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges,
Toi qui sur le néant en sais plus que les morts :

Car le Vice, rongeant ma native noblesse,
M’a comme toi marqué de sa stérilité,
Mais tandis que ton sein de pierre est habité

Par un coeur que la dent d’aucun crime ne blesse,
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul,
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

Stéphane Mallarmé

et alii dit: à

c’était aussi une première quel anniversaire:
*Ils ne s’appellent pas encore les impressionnistes. Il s’agit simplement de jeunes peintres qui désirent explorer de nouveaux horizons, qui désirent peindre avec leurs tripes, laisser libre cours à l’émotion. Et ne plus se cantonner à représenter une réalité photographique. Combien sont-ils  ? Peut-être une trentaine. Dès 1869, ils admirent Édouard Manet. On le désigne sous le nom de Groupe des Batignolles en raison du quartier où ils se réunissent.

La presse bourgeoise les boude, les traitant de débutants sans talent ; les peintres classiques les moquent. Avant la guerre de soixante-dix, ce…

et alii dit: à

Refusés par les salons officiels, de jeunes peintres se réclamant de Monet louent l’atelier du photographe Nadar pour exposer ensemble.

Jazzi dit: à

Vous noterez, chose remarquable, que jusqu’ici les commentaires s’en tiennent au papier proposé par Passou !
Un choix en béton bien armé ?

Lorsque la maison du poète à Valvins fut inaugurée, au début des années 1990, je fis partie, je ne sais plus par quel hasard, de la délégation des journalistes invités aux festivités…
http://www.musee-mallarme.fr/root

Jazzi dit: à

Tombeau

Le noir roc courroucé que la bise le roule
Ne s’arrêtera ni sous de pieuses mains
Tâtant sa ressemblance avec les maux humains
Comme pour en bénir quelque funeste moule.

Ici presque toujours si le ramier roucoule
Cet immatériel deuil opprime de maints
Nubiles plis l’astre mûri des lendemains
Dont un scintillement argentera la foule.

Qui cherche, parcourant le solitaire bond
Tantôt extérieur de notre vagabond –
Verlaine ? Il est caché parmi l’herbe, Verlaine

À ne surprendre que naïvement d’accord
La lèvre sans y boire ou tarir son haleine
Un peu profond ruisseau calomnié la mort.

Stéphane Mallarmé

Paul Edel dit: à

Un grand merci de Nota pour l’article excllent d’ Anne Henry, extrait du Dictionnaire Marcel Proust.

Jazzi dit: à

Le tombeau d’Edgar Poe

Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne

Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur,
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.

Stéphane Mallarmé

Jazzi dit: à

Hermétique, la poésie de Mallarmé ?

christiane dit: à

De Nota – 9h21
Merci.
Mallarmé et les Salons… Mallarmé et les … ténèbres…
« […] rappelons un soir de précieuse conversation devant nous, avec Goncourt et Daudet. Celui-ci, soit malice soit étourderie, lui demanda brusquement:
– Mais, mon cher Mallarmé, dites-nous donc, vous devriez nous écrire ce serait si intéressant!- si c’est volontairement que vous vous êtes retiré dans des ténèbres, pour ne pas que tout le monde vous y suivît, pour être seul avec une élite, avec vous-même, avec votre rêve ou bien si c’est involontairement?… La question espiègle resta en suspens…
Il y eut un silence. Daudet, qui mettait, dans tout, une certaine malice, darda son monocle. Goncourt souriait, dans l’attente de l’amical tournoi, ne sachant vers qui son vœu penchait. Alors Mallarmé, avec sa sérénité souriante, ébaucha un de ces gestes (un peu de prêtre, un peu de danseuse) avec lesquels il avait l’air chaque fois d’entrer dans la conversation, comme on entre en scène, et dit:
– Mais est-ce que l’opération même d’écrire n’est pas de mettre du noir sur du blanc ? […] »
(Article paru dans Le Figaro du 13 septembre 1898 – signé par Georges Rodenbach.)
http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/09/07/26010-20180907ARTFIG00310-le-prince-des-poetes-stephane-mallarme-s-eteint-le-9-septembre-1898.php

renato dit: à

Amitié Florio – Shakespeare.

Arnold Hauser, afin d’expliquer les moments créatifs énigmatiques d’un artiste, suggère de lui imaginer un ami — « l’ami de … » —. Avec Shakespeare pas besoin de produire un effort d’imagination : Florio est déjà dans le tableau.

Intéressant le nomadisme religieux du père de JF : juif, converti au catholicisme, frère franciscain, puis au protestantisme, pasteur à Londres et à Soglio, Val Bregaglia.

renato dit: à

Degas, cité par Valéry, à propos d’un vers de Mallarmé dit : « Il parle de sa commode » — ou quelque chose dans ces eaux-la, il faut que j’aille voir.

Cela dit, jamais compris pourquoi l’on tient Mallarmé pour un poète « obscur » ou hermétique : il suffit d’entrer dans la dynamique de la matière sonore pour le comprendre.

Janssen J-J dit: à

@ Vous noterez, chose remarquable, que jusqu’ici les commentaires s’en tiennent au papier proposé par Passou !

Oui, quoique… y’a bien des félines nipponnes qu’ont essayé de (bottées) en touche avec des miaoumix, ou d’autres avec des histoires de rameaux, ou du discours révolutionnaire de macron dans la soirée, mais voui pour l’instant, c’est vrai, la masse reste dans le sujet. C’est lundi matin, faut dire. Et puis, on peut tous copier-coller les poèmes qu’on aime pour y rester, ça fait pt’êt « in » mais guère avancer le « débat » sur la correspondance que tout le monde est sûrement en train de lire pour bin rester dans le sujet…, hein jzmn, vous montrez toujours l’exemple !
Moi, je s’ennuie un peu avec cet atelier animation proposé par l’ehpad-rdl.., mais palsembleu, je vas pas pas en dégouter les aut’ qui triment au turbin, hein. En faut pour tous les goûts, on peut pas gagner à tous les coups, avions appris ça des GJ.

Paul Edel dit: à

Tu vois, Jazzi, je ne raffole pas de cet « Igitur », toute cette broderie au petit point, de ce napperon de prose avec feston et broderie de clinquant si laborieux ..si mallarméen :
« Mystère, aux yeux nuls pareils au miroir, de l’hôte, dénué de toute signification que de présence. C’est le rêve pur d’un Minuit, en soi disparu, et dont la Clarté reconnue, qui seule demeure au sein de son accomplissement plongé dans l’ombre, résume sa stérilité sur la pâleur d’un livre ouvert que présente la table; page et décor ordinaires de la Nuit, sinon que subsiste encore le silence d’une antique parole proférée par lui, en lequel, revenu, ce Minuit évoque son ombre finie et nulle par ces mots : J’étais l’heure qui doit me rendre Dur. « C’est le rêve pur d’un Minuit, en soi disparu, et dont la Clarté reconnue, qui seule demeure au sein de son accomplissement plongé dans l’ombre, résume sa stérilité sur la pâleur d’un livre ouvert que présente la table; page et décor ordinaires de la Nuit, sinon que subsiste encore le silence d’une antique parole proférée par lui, en lequel, revenu, ce Minuit évoque son ombre finie et nulle par ces mots : J’étais l’heure qui doit me rendre Dur. »
Extrait d’Igitur
Et même, Jazzi, si on a l’aide et les éclaircissements métaphysiques de l’intelligente explication de texte de Jean-Pierre Richard, je reste totalement allergique à cet art mallarméen.
« Quand on parle du néant pour Mallarmé, il s’agit du vide, de l’absence de sens, c’est la négation totale de l’existence. Autrement dit, il est la non existence, c’est le moment où il n’y a rien, pas de matière, pas de lumière, et par conséquent pas de vie. Avec le néant mallarméen, il y a aussi l’incertitude de l’espace et du temps : de l’espace dans lequel, Mallarmé vit, pense, et écrit et du temps où il vit, écrit et souffre. Ici, la mort est le seul acte libre par lequel la conscience échappe à la nécessité de refuser la réalité ; c’est la seule solution possible.
Avec Igitur, Mallarmé reprend le cogito cartésien « je pense donc je suis » en le changeant comme le dit J.P. Richard « je meurs, donc, je vis, je ne suis plus, donc, je suis ». À savoir, avec cette formule de Richard, nous sommes invités à un voyage spirituel dans un univers métaphysique. Ainsi, Mallarmé se pénètre et nous fait pénétrer profondément en un rêve qui relève de la métaphysique, de la liberté de l’auto-réflexion. Autrement dit, c’est à travers la mort dans la réalité et le vivre dans le rêve, dans la métaphysique où Mallarmé a greffé sa découverte, son pouvoir d’exister en tant qu’être vivant, être conscient « je veux être, donc je suis [3]».
Cependant, on comprend bien que ce Cogito d’Igitur évoqué par J.P. Richard, signifie que cette vie qui se résiste à la mort « je meurs, donc, je vis » vient de la mort elle-même. C’est dans la mort « spirituelle » où Mallarmé trouve sa nouvelle vie. C’est-à-dire, c’est une sorte d’une lumière tirée de l’obscurité ou d’un « soleil tiré du noir ».
Avec Igitur, Mallarmé choisit de s’absenter, de disparaître en soi-même afin de posséder sa puissance, de réapparaître. Dans ce sens, Jean-Paul Richard écrit, citant les mots de Mallarmé : « dans Igitur, je ne m’apparais pas, mais je ne disparais, ou plutôt je ne m’apparais en train de disparaître, de disparaître à l’intérieur de moi, à moins que, comme le vérifiera finalement le héros du conte, je ne me disparaisse me réapparaissant…j’ai poursuis donc bien un être transcendant, mais cette transcendance ne joue plus désormais qu’en moi ». On comprend d’après ces idées que la disparition de Mallarmé à son intérieur est nécessaire, car c’est elle qui lui permet de revenir sur soi, de découvrir la réalité du monde. »

Delaporte dit: à

Un morceau de Mallarmé que j’aime depuis toujours :

_____________________________
Prose pour des Esseintes

Hyperbole! de ma mémoire
Triomphalement ne sais-tu
Te lever, aujourd’hui grimoire
Dans un livre de fer vêtu:

Car j’installe, par la science,
L’hymne des coeurs spirituels
En l’oeuvre de ma patience,
Atlas, herbiers et rituels.

Nous promenions notre visage
(Nous fûmes deux, je le maintiens)
Sur maints charmes de paysage,
O soeur, y comparant les tiens.

L’ère d’autorité se trouble
Lorsque, sans nul motif, on dit
De ce midi que notre double
Inconscience approfondit

Que, sol des cent iris, son site
Ils savent s’il a bien été,
Ne porte pas de nom que cite
L’or de la trompette d’Été.

Oui, dans une île que l’air charge
De vue et non de visions
Toute fleur s’étalait plus large
Sans que nous en devisions.

Telles, immenses, que chacune
Ordinairement se para
D’un lucide contour, lacune,
Qui des jardins la sépara.

Gloire du long désir, Idées
Tout en moi s’exaltait de voir
La famille des iridées
Surgir à ce nouveau devoir.

Mais cette soeur sensée et tendre
Ne porta son regard plus loin
Que sourire, et comme à l’entendre
J’occupe mon antique soin.

Oh! sache l’Esprit de litige,
À cette heure où nous nous taisons,
Que de lis multiples la tige
Grandissait trop pour nos raisons

Et non comme pleure la rive
Quand son jeu monotone ment
À vouloir que l’ampleur arrive
Parmi mon jeune étonnement

D’ouïr tout le ciel et la carte
Sans fin attestés sur mes pas
Par le flot même qui s’écarte,
Que ce pays n’exista pas.

L’enfant abdique son extase
Et docte déjà par chemins
Elle dit le mot: Anastase!
Né pour d’éternels parchemins,

Avant qu’un sépulcre ne rie
Sous aucun climat, son aïeul,
De porter ce nom: Pulchérie!
Caché par le trop grand glaïeul.

Ed dit: à

« félines nipponnes qu’ont essayé de (bottées) en touche avec des miaoumix ». Ce qui veut dire que t’as cliqué sur le lien. AH ! Gaulé.

Le revoici, car une fois de plus, je n’ai rien mais alors rien à dire sur l’article et le confesse humblement. À part Roubeau et Apollinaire, la poésie et moi…
https://tomtomlatomate.wordpress.com/

Clopine dit: à

Allez hop, je ronds le charme, je digresse, et parle d’autre chose. Ne vous plaignez pas, ça part d’un bon sentiment, l’envie de partager, quoi !

Ce matin, j’ai adoré avoir le temps de faire la cuisine. Quel bonheur ! De toute façon j’aime bien ça, la cuisine, mais le meilleur arrive quand des « surprises » viennent bouleverser ce que Proust appelle, dans la Recherche, le « fonds permanent » de la cuisine de Françoise.

Déjà, samedi soir, des morilles étaient venues réjouir ma table, en direct du champ du haut.

Mais ce matin… W. et C. viennent manger tout à l’heure. Ils sont jeunes, en pleine forme, gourmands, ont un bon appétit. C’est donc déjà un plaisir de se lever tôt pour leur préparer un menu qu’aucun trouble digestif, aucun cholestérol, aucun régime alimentaire ne viendra perturber…

Et puis franchement ! En entrée, je leur servirai une petit part du reste de la tarte aux poireaux confectionnée hier : pâte brisée, poireaux et carottes du jardin, petits lardons bio; deux oeufs de nos poules, de la crème fraîche, un peu de gingembre pour relever le tout. Je la ferai réchauffer dans le four qui est incorporé à notre chaudière à pellets, ce qui lui donne une température constante et ne dessèche pas la pâte.

Ensuite, salade de cresson, pommes de terre, champignons (bio) et filets de truite fumée. Le cresson, c’est R., notre voisin, qui le fait pousser dans sa cressonnière, et il nous l’a offert samedi : il est d’un vert profond, les feuilles sont grandes, bien rondes, vivaces. Ce n’est pas ici qu’on risque de s’empoisonner en mangeant du cresson, wouarf ! Les pommes de terre sont les nôtres, et certes, comme les poireaux et les carottes de la tarte, elles sont le reliquat des légumes d’hiver, mais cuites à la peau et simplement coupées en rondelles, froides donc, elles se tiennent encore et conservent du goût. Le filet de truite fumée est extra. C’est Michel K., le pisciculteur, qui nous l’apporté hier dimanche – son fils a remporté, au dernier salon de l’agriculture, la médaille de bronze avec ce produit, et c’est vrai que le goût délicat, , le côté « beurré » de la consistance ferme et fondante à la fois sont rehaussés encore, dans le plat, par le plaisir de l’oeil : car la couleur mandarine de la chair s’élève vigoureusement sur le vert du cresson, pendant que les petits champignons de Paris (pas trop, juste trois ou quatre simplement émincés) viennent juste souligner de blanc et d’ocre les bords du plat.

Franchement, cela va être un plaisir de verser là-dessus une cuillère à soupe de vinaigrette maison avec son fonds de persil et d’échalotes clopinien !

Mais ce ne sera pas tout ! Car Michel nous a également offert deux truites arc-en-ciel, énormes, toutes luisantes et fraîches, en direct de son vivier . Perso j’ai des problèmes, avouons-le, de la répugnance ,à vider les poissons : je n’aime pas l’oeil blanc qui semble me regarder. Mais Michel et Clopin sont allés préparer les truites dehors, hier au soir, pour me laisser la place à l’évier . Quand je me suis levée à 7 heures et demies, elles étaient donc là, toute prêtes à sauter dans le court-bouillon… Et ça a encore été un plaisir, car il faisait froid mais c’était bon tout de même, ce matin, dans le jardin, pendant que je déterrais la carotte, que je cueillais le persil, les fines herbes, la feuille de sauge et celle de laurier, que je plongeais le tout , avec oignon et clou de girofle, dans l’eau, avec du sel et du poivre (ce dernier, bio, vient de notre récent voyage au Costa-Rica, et nous l’avons acheté à notre ami Don Rodrigo qui le cultive sur ses terres et chez qui nous étions hébergés… L’utiliser me fait repenser à lui, aux toucans de son jardin, au bruit de la pluie tropicale) ; quarante-cinq minutes de bouillon plus tard, j’ai pu faire cuire dix minutes, pas plus, mes belles truites glissantes, et enfin prélever les beaux filets légèrement ocrés.

Aussitôt que j’aurai fini ce texte, qui prolonge le plaisir ressenti à confectionner tout ça, et que j’aurai pris ma douche, j’irai faire rissoler mes amandes effilées (bio) dans du beurre de chez Moinet. (à dix kilomètres d’ici, le meilleur du coin, même si c’est cher ça les vaut). Je verserai le tout sur les truites conservées au chaud au dernier moment !

On boira le cidre de la maison.

Les coupes du dessert, avec compote de pommes, crème de marrons maisons et noisette de crème fouettée (par mon fouet, of course, pas de pitié pour la crème fraîche) sont déjà à refroidir au frigo.

On mange dans une heure.

Et si je récapitule, je n’aurai acheté en magasin, pour ce repas, que le gingembre moulu,le sel, les amandes effilées. Tout le reste vient de notre jardin, ou de celui de nos amis, ou du producteur local et bio du coin. Tout a été semé, planté, récolté, préparé et cuisiné sans aucune intervention extérieure, sans agriculture industrielle ni machine ni conditionnement ni marketing ni capitalisme.

Et pourtant, je vis en 2019… mais c’est donc avec une allégresse augmentée du sentiment de ma chance que je vais annoncer, tout à l’heure, à mes trois convives, qu’ils peuvent avoir « bon appétit » !!!

Ed dit: à

*Roubau

D. dit: à

La médaille de bronze c’est pas terrible.

D. dit: à

Moi je me suis jamais contenté d’une médaille de bronze en tout cas.

P. comme Paris dit: à

« Je romps », Mâme Clopine.

Pour la clairette, vous auriez eu raison.

Janssen J-J dit: à

Bonjour Marc Court,

Je vais essayez de vous décrypter à même votre étude, tel le néophyte moyen en matière de mallarmisme, car je ne suis pas toujours sûr d’avoir bien assimilé vos arguments d’autorité scientifique, tout à fait respectables et fort impressionnants (propres à impressionner les autres parnassiens, veux-je dire). Une pente naturelle me pousse toujours à m’incliner devant le positivisme scientifique des internautes (à l’exemple de mes nouveaux amis Henri et Jules), surtout quand ils risquent de dévisser dans les blogs d’amateur, par de trop grands excès de certitudes.

Ainsi donc, quelques questions et remarques à partir des vôtres (en quotes).

1 – Il est de son temps, meme s’il l’a fait oublier
(n’est-ce pas tout de même un poncif ?… même si vous avez la sagesse d’énoncer une précaution épistémologique élémentaire à titre liminaire ?)

2 – ses premiers poèmes sont des gammes parfois réussies d’après les grands de l’époque
(en effet, pas toujours réussies).

3 – On évoque le Tombeau d’Anatole, du moins est-ce JP Richard qui le dénomme ainsi
(donc, apparemment, vous doutez de l’autorité de feu Pierre Richard sur la question. En effet, je crois savoir qu’on peut imputer la paternité de cette sentence à quelqu’un d’autre),

4 – mais pas le très mauvais pastiche hugolien sa fosse est creusée, dédiée à sa fille, (faites-vous allusion à l’oeil était dans sa tombe et regardait Léopoldine ?)

5 – ni le jugement fin d’un contemporain : « Baudelaire, s’il revenait, pourrait signer vos sonnets ».
(Pourriez-vous dévoiler l’identité de ce contemporain, je ne suis sûr pour ma part qu’il s’agisse bien de Catulle Mendès).

6 – Les poèmes aux éventails, eux, sont dans une filiation Banvillienne directe
(de Théodore de Banville ? sans doute, mais ce substantif est-il consacré ? Si oui, pourriez-vous nous donner une référence historique plus précise de son apparition, merci).

7 – Commandant l’évolution ultérieure, il y a tout de meme cette crise mentale qui le conduit à dire « Je suis maintenant impersonnel »
(cette crise mentale, mal diagnostiquée à l’époque, ne préfigurerait-elle pas plutôt une saillie de Rimbaud et un diagnostic pré-freudien, plutôt ?… ce qui ne serait pas incompatible du reste avec votre hypothèse)

8 – et qui mène en effet d’un épigone de Baudelaire au « rien ne s’est passé » déjà à l’oeuvre dans le sonnet des x ou à bien y regarder, tout est en suspens. « Aboli Bibelot » poussera le bouchon plus loin vers le rien. (Là, ne dérapez-vous pas grave dans une opinion purement gratuite sur « l’origine du rien » ? Au contraire, ne pourrait-on pas justement établir un lien et parallèle profond avec « l’Origine du monde » du peintre Courbet de l’époque ?).

9 – L’impersonnalité dont il est question n’est pas Parnassienne, elle se mue en anéantissement de tout lyrisme.
(François Mauriac, dans sa célèbre étude dédiée à iceux, n’aurait pas du tout été d’accord avec vous sur ce point, je pense. Pourtant, son point de vue fait encore autorité quant à la pérennité du lyrisme parnassien dans l’œuvre de Mallarmé).

10 – Le bardique
(cette expression n’est hélas pas consacrée par l’histoire de littérature française et écossaise, elle est certes jolie mais il faut la souligner comme étant vôtre)

11 – à la Hugo mais aussi celui de Lecomte de Lisle
(on parle bien du même : celui qui fut enterré à Voisins le Bretonneux ? car l’orthographe laisserait à désirer, en ce cas-là, ce n’est pas celle de son épitaphe en tout cas…)

12 – ou de Baudelaire. En ce sens,oui, Claudel a pu parler d‘une « catastrophe d’Igitur ». Ne reste alors, et très logiquement (l’articulation démonstrative n’a rien d’évident, je le trouve par trop elliptique),

13 – qu’un lyrisme Mortuaire avec le Tombeau d’Edgar Poe,
(oui, mais il subsiste d’autres traces visibles de ce lyrisme ailleurs)

14 – et le fantasme pour le coup ésotérique du Livre Absolu avec un L majuscule dont Igitur et Hérodiade sont les prémices. Y croyait-il ? (La question serait plutôt : y croyez-vous vous-même ? Apparemment non, « pour le coup » ! Pour notre part, notre opinion n’est pas encore tout à fait arrêtée).

15 – C’est en tous cas beaucoup plus convaincant que d’éventuelles préoccupations cabalistiques qui n’auraient pu passer ni par les Rose-Croix Guaita Papus Péladan, ni par Boullan, Abbé vintrasien
(influencé par l’idéologie de Jacques Vingtras ?)

16 – aux mains baladeuses dont un certain Louis Massignon exfiltrera les papiers pour le compte du Vatican !
(là, il faudrait en dire beaucoup plus, si vous faites un clin d’œil à l’actualité d’un Delaporte, car il est manifeste que vous détenez un scoop salace et que vous entendez en faire baver votre auditoire… Ce n’est pas correct en l’état pour la réputation du Vatican, et juridiquement douteux à l’égard de la famille de Louis (André ?) Massignon qui pourrait prendre fort ombrage d’une telle insinuation en y voyant une attaque diffamatoire. Je me demande comment le robot de la rdl a pu laisser passer cela !)

17 – Quant à Huysmans, c’est sa conversion qui le détourne de Mallarmé, le kitsch de « la Cathédrale » ou de « Là-Bas » remplaçant le kitsch de Des Esseintes.
(Non, là, vous n’y êtes pas du tout… Emporté par votre élan, vous déraillez… Je vous renvoie à l’étude très serrée de Marie Sassoeur à ce sujet, qui a consacré son mémoire de thèse au personnage de Des Esseintes. J’ajoute qu’un argument tout à fait contre intuitif se trouve dans Ste Ludivine de Shiedam)

18 – Je ne crois pas d’ailleurs à une lecture exclusivement mallarméenne de ce personnage. Entre Montesquiou, Lorrain, et quelques autres, Huysmans a brassé plusieurs « modèles », si le mot est pertinent ici.
(Non, il ne l’est pas, nous en avions déjà beaucoup discuté naguère quand la rdl se penchait sur l’influence de JKH sur Michel H., personne n’évoquait alors l’idée d’un modèle d’influence composite à ce point baroque. N’y revenons pas. Mais vous avez le droit, bien sûr, de penser différemment si vos certitudes restent inébranlables à ce sujet).

19 – Il faudrait aussi consacrer une étude à Cazalis, ami privilégié mais très mauvais poète (« L’Illusion », la bien nommée, chez Lemerre!) et peut-être pas très équilibré selon les contemporains, quoique médecin me semble-t-il.
(Non, je ne crois pas que cela soit très utile de faire bosser des étudiants là dessus. Par ailleurs, il n’était pas médecin, vous confondez avec Cabanis. Au regard de quels critère ou autorité morale enfin, affirmez-vous qu’il fût un mauvais poète ? On sait désormais qu’il n’a jamais souffert de neurasthénie. Peut-être un léger syndrome Asperger, mais qui ne l’empêcha nullement de poétiser à sa manière, on ne savait pas nommer ce syndrome à son époque, vous l’imaginez bien).

20 – Bon, maintenant, sans Mallarmé, pas de Valéry,
(encore une affirmation pas mal gratuite)

21 – et, comme je continue à penser que c’est un grand poète, c’est un grand mérite, non le seul, d’avoir suscité un disciple pareil!
(une deuxième… J’apprécie votre manière de penser et d’affabuler vos certitudes, cela m’impressionne vraiment, personnellement. Et je pense aussi que l’ensemble de notre communauté, est dument impressionnée, nous sommes fiers de vous avoir en nos rangs, tel le primus inter pares, Marc Court. Bien à vous).

NB pour épilogue. Merci beaucoup MC de m’avoir offert la possibilité de vous donner mon sentiment, qui ne vaut évidemment pas grand chose, sinon l’expression de quelques doutes élémentaires, vu que je n’ai aucune compétence en la matière, à l’exception de celle-ci. J’ai toujours plaisir à me polariser sur les stratégies argumentatives des uns et des autres erdéliens, qui sont formidablement instructives au regard de la « démocratie Internet ». En me lançant ainsi à discuter le bout de gras avec vous, je pense avoir bien avancé personnellement en matière de mallarmisme. Vous incitez à la discussion constructive, et sur cette chaîne, c’est tout de même assez rare. J’entendais vous rendre le véritable hommage que vous méritez depuis longtemps, cher ami et collègue, et une fois n’est pas coutume (c/° JJJ).

Jazzi dit: à

Bon appétit, Clopine !
En apéritif, tu pourrais servir à tes convives un petit poème de Mallarmé ?

« Dans le jardin

La jeune dame qui marche sur la pelouse
Devant l’été paré de pommes et d’appas,
Quand des heures Midi comblé jette les douze,
Dans cette plénitude arrêtant ses beaux pas,

A dit un jour, tragique abandonnée – épouse –
A la Mort séduisant son Poëte : « Trépas !
Tu mens. Ô vain climat nul ! je me sais jalouse
Du faux Éden que, triste, il n’habitera pas. »

Voilà pourquoi les fleurs profondes de la terre
L’aiment avec silence et savoir et mystère,
Tandis que dans leur coeur songe le pur pollen :

Et lui, lorsque la brise, ivre de ces délices,
Suspend encore un nom qui ravit les calices,
A voix faible, parfois, appelle bas : Ellen ! »

Chaloux dit: à

A propos de des Esseintes, on cite toujours Montesquiou (voir aussi Monsieur de Phocas de Jean Lorrain) mais Edmond Goncourt avec ses collectionnites aigües et ses hystéries de langage (usage curieux de l’imparfait -Flaubert, dans une lettre va jusqu’à dire qu’il s’est demandé s’il ne s’agissait pas d’erreurs d’impression-, inventions de mots, tournures bizarres) avait montré la voie avant Montesquiou,- avec, il est vrai, beaucoup plus de justesse et de sûreté de goût, car les Goncourt, malgré tous leurs défauts, sont de grands écrivains. Montesquiou, c’est l’ère à la fois du modèle et du fantoche. Diesbach, dans sa biographie, prétend que Proust l’a tué, ce que je ne serais pas trop éloigné de croire.

Janssen J-J dit: à

@11.46 Mais quoi ? je ne suis pas votre ancien mentor, qui après vous avoir tenue hors de l’eau, s’est mis à vous enfoncer dans la vase. Sachez faire la différence entre les malotrus et les élégants… Je lis tous les liens, y compris le vôtre. Et je vois même que notre amie Crh. s’est levée dans la nuit pour vous faire un signe amical. J’ai accompli le mien, n’en chantez pas trop tôt victoire. Notez bien que je ne me suis pas prononcé sur le fond. Contrôlez vos vanités jeunistes, et tout ira bien en principe ; ne vous souciez plus des blogs des TOKUP ou autres goujats vermifugés.

Jazzi dit: à

Mallarmé aimait beaucoup disserter de son jardin avec sa fille, qu’il nommait « ma collaboratrice ».
Lettre du 27 au 28 avril 1898 :

« À toi Chaton, particulièrement, ou quant au jardin. J’ai fait étendre le sable hier soir par le jardinier des Maire, ancien des Cibot : il viendra, de demain en huit, donner la journée du paillage aux massifs et de la vigne vierge. Je ne suis pas très content d’Albert, qui s’y est pris très tard, a retourné la terre, sans pitié pour les chrysanthèmes et les flox ; si bien qu’il ne reste pas grand-chose. La petite plate-bande du mur a reçu des pousses de rosiers grimpants ou de clématites, je ne sais ; encore bien chanceuses. Un des rosiers à bâton, l’an dernier vers le le [sic] chemin est mort ; les pensées peu nombreuses, je tâcherai de m’en procurer : semées, on les aurait en fleurs, n’est-ce pas ? trop tard. Quelle malchance, je viens de mendier à Barthélémy, dont le petit cheval va toujours en boitillant parfois, des tubercules de ses beaux dahlias jaunes, il a jeté à la rivière tous ceux qu’il ne planta pas. Le rhododendron, une verdure ni mal ni bien portante. Je ferai une démarche près du jeune Comperat, mais il est plus fruitier que fleuriste. Tout est bien nu en attendant, et sans grand espoir, loches même à part : plus ingrat que ce n’était à même époque, l’an dernier, chère collaboratrice. »

Soleil vert dit: à

Pour changer un peu de Mallarmé, une inconnue (à mes yeux) : Paulina Vinderman. C’est beau et triste comme du Carco.

Je reviens après des années, au café
où je recueillais les empreintes du monde.
Le garçon est là toujours, éternel dans son gilet lie-de-vin.
La boîte aux lettres au coin de la rue, vide de tout
excepté de moi. Les arbres me frappent de la beauté de leur vieillesse
(Un jour ils mourront mais je n’en serai pas témoin).

Je suis venue te dire adieu, dis-je au garçon,
qui m’interroge sur ma vie, comme un ami de plus.
Je n’appartiens plus à ce lieu
(je n’appartiens à aucun, pense pour sa part
la mélancolie, mais je ne le lui dis pas)
et j’écris une longue lettre sur une feuille d’agenda,
au frère que je n’ai pas eu (ou qu’on m’a enlevé),
tout en buvant mon café
et je dessine des nez sur des serviettes en papier.

Avant que la vraie nuit froide ne m’avale
je laisse tomber la lettre dans la boîte.
L’insistance de ce que je suis tient – muette –
dans cet acte minuscule.

Je laisse derrière un éclat ou son souvenir
(c’est la même chose)

comme une lumière de fable.

Jazzi dit: à

Lettre de Mallarmé à sa fille, datée du 27 mai 1897 :

« Je t’ai dit avoir tué les pucerons des rosiers avec de la nicotine infusée par moi. Tous les matins je me promène avec le sécateur et fais leur toilette aux fleurs, avant la mienne. »

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