de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Pas si « perché » que ça !

Pas si « perché » que ça !

Jean-Pierre Pisetta

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Les grands noms de la traduction, qu’ils soient grands par leurs compétences ou par la notoriété qu’ils ont acquise dans le milieu, sont des étiquettes commodes pour les éditeurs qui veulent publier, pour des raisons philologiques, littéraires ou simplement commerciales, une nouvelle version d’un classique. Il suffit d’indiquer « nouvelle édition revue par… » ou « traduction revue par… » pour cautionner une parution prétendument remise à neuf. Il y a quelques années, j’avais acheté, en français, Le jour de la chouette, roman de Leonardo Sciascia. Il avait été traduit en 1962 par Juliette Bertrand et Flammarion en avait publié, en 1986, une « Nouvelle […]

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Saloperie de métier que le nôtre !

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Si l’envie vous prenait un jour de lancer un mouvement littéraire, il ne faut jurer de rien, songez en tout premier lieu à lui inventer un nom de baptême facile à mémoriser, puis à commander une photo qui immortalise ses membres ; le reste (écrivains, livres, éditeurs, théorie, thèses etc) est secondaire. Un label et une image : voilà du marketing bien senti ! Le « Nouveau roman » est, dans ce registre, une réussite exemplaire. Comme chacun sait, cela n’existe pas ; il n’empêche qu’on lui a consacré depuis des lustres d’innombrables articles, études, ouvrages, doctorats, émissions ; pendant très longtemps, les étudiants américains d’est en ouest […]

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Balzac n’aimait pas le café

Balzac n’aimait pas le café

Pierre Boisard

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« Le café est le parlement du peuple », cette phrase attribuée à Balzac et maintes fois citée est présentée comme une consécration du café et son élévation au rang d’institution démocratique. À la lire aujourd’hui, il semble bien que le grand écrivain exprime ainsi, sans ambiguïté, une grande déférence pour le café. Je confesse que j’ai été tenté de reprendre cette belle formule dans mon livre La vie de bistrot[1]. Un détail m’en a empêché, nulle part je n’ai trouvé sa source exacte. En effet, curieusement, cette formule n’est jamais référencée, comme s’il fallait cacher sa provenance pour mieux en détourner […]

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De la complexité d’« Un cœur simple »

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Il y a longtemps de cela, la première fois que je l’ai lu, le texte était nu. A la relecture peu de temps après, également et je ne cherchais pas à en savoir plus. L’éblouissement, dans lequel l’admiration se mêlait à l’émotion, mettait à distance tout esprit critique. Bien sûr, l’auteur me parvenait précédé par sa légende mais un jeune lecteur n’a pas nécessairement la curiosité d’aller au-delà. Après, lorsqu’il quitte le lycée pour l’Université, ça se gâte. La parution ces jours-ci du dixième et dernier volume des œuvres complètes de Gustave Flaubert dans la collection de la Pléiade, à […]

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Le motif dans le tapis

Le motif dans le tapis

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Pour tout écrivain qui s’intéresse aux écrivains, The Figure in the Carpet devrait être une boussole. Le moyen de ne pas perdre le nord dans le dédale d’une vie et les ombres et replis d’une œuvre. La revue londonienne Cosmopolis avait publié cette nouvelle de Henry James en 1896 mais elle n’a rien perdu de son caractère universel et intemporel. Il ne s’agit pas d’une « image » dans le tapis comme cela été parfois traduit, mais bien d’un « motif ». Quelque chose de complexe, tarabiscoté, indéchiffrable comme il s’en trouve au centre des tapis persans. Le narrateur, lui-même écrivain, cherche dans un […]

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Retour sur la consécration du « syndicat »

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Récemment interrogée dans l’Express sur l’art et la manière d’obtenir les droits d’édition du nouveau livre de Barack Obama, Sophie de Closets, Pdg des éditions Fayard, confiait à Marianne Payot :  « Selon moi, dans le registre des Mémoires de président, comme il y a eu De Gaulle et Churchill au XXe siècle, il y aura Une terre promise au XXIème ». A la réflexion, ce ne sont pas tant les qualités littéraires de « l’écrivain » Obama qui valent d’être discutées : gageons que l’empreinte de l’homme d’Etat les recouvrira bientôt ; c’est plutôt la comparaison avec les deux autres mémorialistes qui fait problème. Que Charles de Gaulle, nourri […]

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Philip Roth ou la terrible ambiguïté du « je »

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Les réseaux sociaux vont-ils instrumentaliser sa biographie pour faire de Philip Roth (1933-2018) le Harvey Weinstein des Lettres américaines ? C’est à craindre et ce serait la pire des méprises. Cela abîmerait inutilement et abusivement le livre de Blake Bailey et son héros. Encore que le pire n’est jamais sûr. Ainsi vient-on d’apprendre que ce livre tant attendu par les lecteurs de Roth vient de voir sa commercialisation « suspendue«  par son éditeur même, WW Norton. Pourquoi, grands dieux, alors qu’il vient à peine de paraitre, qu’il connait un succès public et critique mérité (ici et là) ? Parce que près d’un quart […]

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Proust toujours, encore et encore !

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S’il est vrai que, selon la définition d’Italo Calvino, « un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire », avec la Recherche du temps perdu, on est servis ! Cela fait un siècle que ce roman suscite un Himalaya de gloses et ce n’est pas terminé, on en annonce d’autres, de toutes sortes et de partout. Il est vrai qu’il parait inépuisable. Un véritable geyser de sens, de sensations, d’émotions. Tout lecteur qui le relit à quelques années d’écart est assuré de découvrir un nouveau livre dès lors qu’il aura pris connaissance des études, essais […]

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Fruits secs et échec littéraire

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« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux ». Du Beckett tout craché, sans aucun doute, mais dans lequel de ses livres, cela m’échappe encore. Impossible de ne pas y penser en découvrant le très instructif dossier consacré à « Autopsie de l’échec littéraire » sous la direction de Christophe Bertiau et Chanel de Halleux dans COnTEXTES, une revue de sociologie de la littérature consultable en ligne. Passons sur son titre qui suppose le phénomène inactuel quand la chose nous parait intemporelle si l’on en juge par les cris et chuchotements de notre vie littéraire. L’histoire de la littérature […]

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Le surréalisme est-il vraiment mort ?

Le surréalisme est-il vraiment mort ?

Daniel Lefort

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Voilà la question qui revient régulièrement chez ceux qui, de plus en plus nombreux, n’ont eu aucun contact direct, vivant, avec lui. Et la réponse qui s’ensuit, presque toujours positive, veut qu’il se soit tant dilué, vaporisé dans la mode, les modes – de pensée comme de comportement – et même, c’est bien le moins, dans la littérature, que son existence, un siècle après sa naissance, prend un petit air posthume, quelque chose comme un monument de cendres. Et pourtant ! Avec la parution de Chroniques de la boîte noire (161 pages, 19 euros, Maurice Nadeau), il suffit de la reprise […]

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