de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Manchette remet le couvert

Manchette remet le couvert

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Après le Journal, les Entretiens. On se souvient, du moins les aficionados dont je suis, les lecteurs jamais rassasiés de Laissez bronzer les cadavres, L’Affaire N’Gustro, O dingos, ô chateaux !, Nada, Que d’os !, Le petit bleu de la côte ouest, La position du tireur couché découverts en leur temps dans le jus des années 70 ce qui modifie la perception, se souviennent du plaisir procuré par la parution en 2008 du Journal 1966-1974 (édité par son fils Doug Headline, Gallimard) peu après celle du Quarto rassemblant l’essentiel de sa fiction sous le titre Romans noirs (2005). L’essentiel s’y trouvait. L’essentiel ? Ce […]

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Deux fois Kafka avec autant d’empathie

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Vingt ans. Il aura fallu attendre vingt ans pour voir paraitre la version française de « la » biographie de Franz Kafka, celle qui fait autorité sous la signature la plus célébrée du plus éminent des spécialistes de son œuvre et, surtout, de sa vie. La première grande biographie alors qu’il existe des dizaines et des dizaines de livres sur des morceaux de sa vie et sur l’analyse partielle de son œuvre. Ce paysage morcelé d’alvéoles a encouragé Rainer Stach à prétendre embrasser la totalité. Il est vrai que l’entreprise avait de quoi faire hésiter ; elle a même fait renoncer Gallimard, l’éditeur […]

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L’amitié, c’est deux solitaires ensemble

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L’amitié, chacun s’en fait une idée ; le problème, c’est que ce n’est pas souvent la même. Il n’en est guère d’aussi peu partagée. Consultez les dictionnaires de citations ou les anthologies de moralistes : les définitions de l’amitié y pullulent en tous siècles sous toutes latitudes. Beaucoup sont d’une niaiserie insondable. Mais il en est de plus fortes qui servent de mots de passe entre les générations. De mémoire et, à la limite, peu importe l’auteur : Parce que c’était lui, parce que c’était moi (et patati et patata serait-on tenté d’ajouter à l’énoncé d’une telle scie, nonobstant le respect dû à […]

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Œuvres inadvenues : du reniement à la décréation

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Puisque plus rien ne tourne rond désormais et que tout est déréglé, il n’y a pas de raison que la spirale infernale épargne la vie littéraire. Voilà des décennies que les chercheurs se penchent sur les mécanismes de la création artistique dont relève la fiction romanesque ; ils ont même réussi à lever le voile sur bien des mystères à force d’études génétiques sur les manuscrits ; des logiques sinon des systèmes de création ont été ainsi mis à nu dans l’œuvre de nombre d’écrivains. Voilà pour les créateurs. Mais les décréateurs, vous y aviez pensé ? Moi non plus. Et pourtant, ils […]

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Thomas Mann écartelé entre l’intime et l’épopée

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Cela parait à peine croyable mais il n’existe pas de biographie en français de Thomas Mann (1875-1955), malgré le statut de l’écrivain et le rayonnement de son œuvre, alors qu’on ne compte plus celles consacrées à des seconds couteaux, des demi-soldes et des personnages du second rayon du XXème siècle littéraire. On trouve en traduction des essais sur son oeuvre ou des enquêtes sur l’ensemble de la famille Mann mais pas de biographie alors qu’elles ne manquent pas en allemand (en 1996, il en parut trois dans la même semaine). Serait-ce que les Français le considèrent comme trop daté ? Qu’ils […]

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On ne traduit pas à partir d’une traduction

On ne traduit pas à partir d’une traduction

Jean-Pierre Pisetta

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Il y a, dans l’éthique des traducteurs, un précepte que l’homme de la rue trouvera sans doute excessif : ne jamais traduire à partir d’une traduction. Aujourd’hui, il est rare que l’on traduise, par exemple, un roman islandais à partir de sa traduction anglaise. Disons que ce genre de pratique, courante autrefois, a presque entièrement disparu. Mais combien de traducteurs, lorsqu’ils rencontrent, toujours par exemple, la traduction d’un vers d’Halldor Laxness dans un roman russe qu’ils sont en train de traduire en français recherchent-ils l’original islandais pour s’assurer que la traduction russe est correcte ou, pour le moins, recherchent-ils une traduction française […]

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Bal poétique à Colombey ou le génie des lieux

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Qui était là avant ? Il n’est pas de piéton de Paris qui ne se soit jamais posé la question en s’arrêtant devant un immeuble qui lui rappelait quelque chose ou quelqu’un. Les façades haussmanniennes sont autant de déclics de la mémoire. La pierre de taille agit comme une madeleine. Elle conserve une trace invisible qui parfois charrie des preuves. Les avenues sont pleines de plaques commémoratives. La France est certainement la championne de France sur ce plan-là tant l’Histoire et son infini cortège d’histoires intimes guettent au coin de la rue. C’est un phénomène indéchiffrable et impalpable, quelque chose d’envoûtant pour qui […]

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Rencontre de l’actuel et de l’inactuel sur une table de dissection

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C’est tout un art d’écrire une chronique mais, rassurez-vous, cela ne fait pas pour autant de tout chroniqueur un artiste. Rares sont les virtuoses y compris parmi les écrivains. Beaucoup s’y sont essayé, parfois avec succès au XXème siècle avec des fortunes diverse –et même avant : Proust qui assura brièvement une « chronique de salon » sous le pseudonyme shakespearien d’Horatio dans les pages mondaines du Figaro ; Colette, assidue aux procès, qui tint une « chronique d’allure judiciaire » dans les journaux ; Cingria dans la Nrf des années 30 ; Vialatte, qui retombait sur ses pieds à l’issue de chacune de ses chroniques dans La Montagne, […]

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Jacques Drillon loin du funèbre glas des vertus importunes

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Inutile de présenter Jacques Drillon aux lecteurs de la République des livres puisqu’ici même ces dernières années, il fut donné l’asile poétique à ses lumineux et ironiques Petits papiers. Le simple fait d’avoir à préciser « (1954-2021) » comme il convient après son nom serre le cœur. Mais il n’était pas parti sans laisser d’adresse. On peut ainsi le retrouver ces jours-ci dans Coda sous-titré « essai autobiographique » (347 pages, 23 euros, Gallimard), un livre enjoué, injuste, cruel, drôle, chaotique constitué de fragments qui semblent réglés par un moteur à explosions et qui fait suite à Cadence (Gallimard, 2018). C’est peu dire qu’on l’y […]

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« Guerre » et la guerre, clés de Louis-Ferdinand Céline

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Pas un fond de tiroir ni un rogaton, Guerre (édition de Pascal Fouché, avant-propos de François Gibault, 182 pages, 19 euros, Gallimard) de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), premier de ses textes inédits exhumés l’an dernier, est incontestablement une pièce d’un des puzzles les plus fascinants de l’histoire littéraire du siècle passé. Un chainon manquant dans la geste autobiographique de l’écrivain. Ferdinand, seul rescapé d’une compagnie décimée par un obus allemand pendant la première guerre mondiale, rencontre dans son errance un soldat anglais avec lequel il se rend à Ypres avant d’être soigné. Même si cela commence sur la ligne de front, […]

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