de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Murat, prousterie familiale

Murat, prousterie familiale

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Un livre peut changer une vie. A ceux qui en doutent encore, on ne saurait trop conseiller la lecture de Proust, roman familial (256 pages, 20 euros, Robert Laffont), l’un des plus beaux et des plus puissants livres de la rentrée. Quoi Proust, encore lui ? Parfaitement. Mais cette autobiographie n’est en rien un essai de plus sur le sujet. Laure Murat (Neuilly sur seine, 1967), lui doit d’avoir été par lui constituée comme sujet ; en lui fournissant le mode d’emploi de son milieu, il l’a faite lectrice active de sa propre vie ; en la dessillant sur la vanité sinon le […]

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Le Carré, vie privée

Le Carré, vie privée

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S’il y a une expression qui devrait être désormais bannie sous la plume des critiques et des universitaires britanniques, c’est bien « biographie définitive ». L’actualité de l’édition outre-Manche en apporte régulièrement de nouvelles illustrations ; mais cette fois, c’est le coup de grâce. Il vient d’être asséné par Adam Sisman, le biographe pourtant quasi officiel car à peu près autorisé de l’écrivain John Le Carré– l’un des plus grands écrivains contemporains de langue anglaise et non pas juste un bon spécialiste du roman d’espionnage, genre auquel on a trop longtemps tenté de l’assigner. Dans le livre pourtant très complet qu’il lui avait […]

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Prix littéraires, foire aux vanités, course à l’échalote

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« Et vous, que faites-vous dans la vie ? – Ecrivain.-  Comme je vous envie mais à part ça, quel est votre métier ? ». Le fait est que « ça » n’en est pas un, pas plus qu’une profession puisque, à quelques exceptions près, on n’en vit pas. Quoi alors ? Un état d’âme, une vue de l’esprit, une sensation du monde, la liste n’est pas exhaustive. En pleine saison des prix littéraires, il n’est pas inepte de se pencher sur l’occupation qui leur permet en principe de ne pas avoir de problème de fin de mois en début de mois. Si vous en trouvez un […]

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Canavaggio de la Mancha

Canavaggio de la Mancha

Albert Bensoussan

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Un dimanche, allant m’asseoir à ma table de travail, j’ai promené la main sur les rayons de livres derrière moi, et tiens, en bonne place, ce Dictionnaire Cervantès, de mon ami Jean Canavaggio, voilà que je l’ai caressé. Puis, j’ai ouvert ma boîte mail, et là, le choc d’apprendre la mort du plus grand cervantin de France et même du monde : Jean Canavaggio nous a quittés dimanche 20 août 2023. Mais alors, venait-il de me faire signe, moi son vieil ami, lui que j’avais connu en 1960, à l’agrégation d’espagnol dont il fut reçu premier, « cacique », disions-nous, et moi juste après, lui emboîtant le […]

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Bretonne, mais de langue française

Bretonne, mais de langue française

Yann Mortelette

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La Littérature bretonne de langue française, ouvrage collectif sous la direction de Pascal Rannou (472 pages, Editions Yoran Embanner, Fouesnant, 2020), n’est pas un simple dictionnaire des écrivains bretons, mais une étude d’ensemble de la littérature bretonne de langue française. Il comporte cinquante-deux articles, rédigés par des spécialistes et consacrés non seulement aux auteurs d’origine bretonne, mais aussi aux écrivains non bretons ayant évoqué la Bretagne, aux principaux thèmes, lieux et personnages de la littérature bretonne, aux revues littéraires publiées en Bretagne, aux grands moments de l’histoire littéraire bretonne, ainsi qu’aux différents genres et courants de la littérature bretonne. À […]

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John Steinbeck en ses crayons

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Franchement, quelle idée d’écrire encore pour se reposer d’avoir écrit ! Il n’y a que des écrivains pour s’adonner à de pareilles fantaisies. Chez Simenon, cela a donné soixante-quinze enquêtes du commissaire Maigret. Chez John Steinbeck (1902-1968), le « Journal » de ses grands romans (ils viennent de paraitre dans la collection de la Pléiade). Il y eut d’abord celui des Raisins de la colère paru en français en 2019 chez Seghers ; il y a désormais celui d’A l’est d’Eden que le même éditeur vient de publier sous le titre Les lettres d’A l’Est d’Eden. Journal d’un roman (320 pages, 21 euros), les […]

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Georges Lambrichs ou l’épatant éditeur

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Un éditeur peut en cacher un autre. A qui la faute ? Notre langue, dont la clarté est un mythe inusable, l’anglais étant bien plus riche sur le plan lexical. Ainsi n’avons-nous que le mot « éditeur » pour désigner le patron et parfois propriétaire d’une maison d’édition ainsi que son directeur littéraire plus directement en prise avec les auteurs dans le travail sur les manuscrits. Dans le monde anglo-saxon, on distingue plus nettement le publisher de l’editor. Deux statuts et deux responsabilités sans commune mesure. Dans les petites maisons, il cumule les deux. Ailleurs, l’un dirige la boîte tandis que l’autre se […]

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Manchette remet le couvert

Manchette remet le couvert

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Après le Journal, les Entretiens. On se souvient, du moins les aficionados dont je suis, les lecteurs jamais rassasiés de Laissez bronzer les cadavres, L’Affaire N’Gustro, O dingos, ô chateaux !, Nada, Que d’os !, Le petit bleu de la côte ouest, La position du tireur couché découverts en leur temps dans le jus des années 70 ce qui modifie la perception, se souviennent du plaisir procuré par la parution en 2008 du Journal 1966-1974 (édité par son fils Doug Headline, Gallimard) peu après celle du Quarto rassemblant l’essentiel de sa fiction sous le titre Romans noirs (2005). L’essentiel s’y trouvait. L’essentiel ? Ce […]

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Deux fois Kafka avec autant d’empathie

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Vingt ans. Il aura fallu attendre vingt ans pour voir paraitre la version française de « la » biographie de Franz Kafka, celle qui fait autorité sous la signature la plus célébrée du plus éminent des spécialistes de son œuvre et, surtout, de sa vie. La première grande biographie alors qu’il existe des dizaines et des dizaines de livres sur des morceaux de sa vie et sur l’analyse partielle de son œuvre. Ce paysage morcelé d’alvéoles a encouragé Rainer Stach à prétendre embrasser la totalité. Il est vrai que l’entreprise avait de quoi faire hésiter ; elle a même fait renoncer Gallimard, l’éditeur […]

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L’amitié, c’est deux solitaires ensemble

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L’amitié, chacun s’en fait une idée ; le problème, c’est que ce n’est pas souvent la même. Il n’en est guère d’aussi peu partagée. Consultez les dictionnaires de citations ou les anthologies de moralistes : les définitions de l’amitié y pullulent en tous siècles sous toutes latitudes. Beaucoup sont d’une niaiserie insondable. Mais il en est de plus fortes qui servent de mots de passe entre les générations. De mémoire et, à la limite, peu importe l’auteur : Parce que c’était lui, parce que c’était moi (et patati et patata serait-on tenté d’ajouter à l’énoncé d’une telle scie, nonobstant le respect dû à […]

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