de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Claudio Magris : « Qu’est-ce qu’on perd en écrivant ? »

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Des rapports entre la littérature et la biographie, l’Histoire, l’invention, l’exactitude, la vérité, la traduction, le chat Murr, Danube et aussi la matière de Secrets, pamphlet contre la tyrannie de la transparence qui vient de paraître chez Bibliothèque Rivages (77 pages, 12 euros) à l’occasion d’une récente rencontre avec Claudio Magris en marge d’un débat à la Maison de l’Amérique latine. La République des livres : Vous parvenez, vous, à faire la part de l’invention dans vos livres ? Claudio Magris : On n’explore pas assez les liens entre littérature et journalisme. Cela fait quarante-huit ans que j’écris pour le Corriere della Serra. […]

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Sur Godot, on n’attendait plus que Beckett

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Boulevard de Port-Royal à Paris, chez Samuel Beckett, le téléphone ne sonnait pas ayant été par lui châtré. C’est lui qui appelait les autres, regardant par les fenêtres de son appartement qui donnaient sur les cours de la prison de la Santé. Comme il voyageait souvent, en Irlande notamment, il se livrait volontiers à son épistolat. S’il est vrai qu’en dehors de son œuvre stricto sensu, un créateur ne se dévoile nulle part mieux que dans sa correspondance, Beckett-le-taiseux ne déroge pas à la règle, sa pudeur, son effacement légendaires dussent-ils en souffrir. Le premier volume de sa correspondance révélait […]

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Le moment Apostrophes

Le moment Apostrophes

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Etrange cette impression d’être considérés comme des dinosaures par des plus jeunes lorsque nous leur parlons d’Apostrophes, exactement comme nous tenions pour des diplodocus ceux qui nous vantaient le charme de Lectures pour tous quand nous étions plus jeunes. Il est vrai que l’émission de Bernard Pivot est née il y a quarante ans, déjà. Une émission purement littéraire, entendez par là qu’elle était exclusivement consacrée aux livres, fussent-ils parfois bien peu littéraires. Durant les quinze années de son existence sur la deuxième chaine, de 1975 à 1990, elle joua un rôle essentiel dans la vie culturelle en France ; elle […]

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Dans l’ombre de Bruno Schulz

Dans l’ombre de Bruno Schulz

Carole Vantroys

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Elle et Lui …  Elle : 28 ans, professeur, cultivée, belle, beaucoup de classe, aimant la littérature et la marche à pied. Lui : 41 ans, artiste tourmenté, dessinateur de croquis bizarres, épistomane, amateur de fantasmes sexuels en tous genres, tendances masochistes et fétichistes certaines. Jozefina Szelinska et Bruno Schulz : la fiancée et le génie. Ils s’aimèrent passionnément, entre 1933 et 1937, à Drohobycz, ville provinciale de Galicie orientale, aujourd’hui située en Ukraine. Bruno était très épris de cette muse, cette déesse (il la surnommait Juna, d’après Junon), voyait en elle « l’être le plus proche » qu’il ait eu sur […]

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Mais où donc est passée la littérature ?

Mais où donc est passée la littérature ?

Sophie Benech

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Isaac Babel est un grand écrivain, il existait par et pour la littérature, écrire était sa passion et sa raison de vivre. Or la biographie que lui a consacrée Adrien Le Bihan Isaac Babel. L’écrivain condamné par Staline (343 pages, 22 euros, Perrin) traite presque exclusivement de sa personnalité, de sa vie privée et de ses positions politiques – du moins telles que les comprend l’auteur. Si, après bien des hésitations, je prends la plume pour parler de cet ouvrage, c’est parce que Babel lui-même n’est plus là pour se défendre contre le réquisitoire dont il fait ici l’objet, tant d’un point de […]

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« Beowulf » revisité par Tolkien

« Beowulf » revisité par Tolkien

Christopher Tolkien

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Tout le monde sait qu’il existe une traduction de Beowulf en anglais moderne et en prose, réalisée par J.R.R. Tolkien, et au vu de la réputation et de l’éminence de celui-ci dans le domaine des études littéraires et linguistiques vieil anglaises, le fait qu’elle soit restée inédite pendant de si nombreuses années est même devenu matière à reproche. C’est moi qui suis responsable de cette situation, et la raison ou explication première en est assez simple. Cette traduction fut achevée vers 1926, quand mon père avait 34 ans ; deux décennies d’enseignement de l’anglo-saxon à Oxford l’attendaient, deux décennies d’étude approfondie de la poésie […]

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Lucien Rebatet exhumé des décombres

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« Fallait-il republier ça ? » Le livre que l’historien Pascal Ory désigne de manière inhabituellement méprisante pour un préfacier comme « ça », est un ensemble de textes du sulfureux journaliste, polémiste, écrivain Lucien Rebatet dont le navire-amiral s’intitule Les Décombres. Il est vrai que ce best-seller de l’Occupation, aussi passionnant qu’immonde, mérite d’être ainsi traité. Le recueil porte bien son titre de Dossier Rebatet (Bouquins/Robert Laffont) car il est vraiment conçu comme tel : un ensemble comprenant l’essentiel des pièces permettant de se faire une idée complète du cas Rebatet et de juger, ce qui ne revient pas nécessairement à le juger. Juger pour se […]

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Sale temps pour Simenon

Sale temps pour Simenon

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Que peut faire un écrivain de son héros lorsque celui-ci est un anti-héros ? Une crapule de génie, comme y réussit magnifiquement Javier Cercas dans L’Imposteur. Ou juste une crapule comme y parvient médiocrement Patrick Roegiers. Car le risque avec de tels personnages, c’est qu’ils tirent l’auteur vers le bas et emportent le lecteur dans leur élan. Le cas de L’autre Simenon (Grasset). Quelle idée de consacrer un livre à un personnage aussi médiocre ! Faut-il être à court d’inspiration. Encore qu’il en est auxquels on peut trouver un certain panache dans l’insignifiance. Mais celui-ci était juste minable. Une vie sans éclat, […]

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Dans la vie comme au théâtre

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Qui ne s’est jamais projeté dans la pièce d’un appartement ou d’une maison comme s’il se trouvait dans une pièce de théâtre ? Qui n’a jamais observé un repas auquel il participait d’un point de vue de spectateur ? Qui n’a jamais joué dans la vie comme il le ferait sur les planches ? Qui n’est pas habité par une pièce de chevet au point d’y calquer ses travaux et ses jours, inconsciemment ou pas, telles les trois héroïnes des Heures sur Mrs Dalloway ? Que celui ou celle qui n’a jamais… Place Colette (320 pages, 20 euros, Léo Scheer) annonce le programme dès la […]

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Georges Perec en plein vertige taxinomique

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Un étrange débat s’est récemment engagé sur le forum de la « République des livres », allez savoir comment et pourquoi, sur la question de savoir si Les Choses de Georges Perec (1936-1982) relevait de la littérature ou de la sociologie, genre de problématique binaire, donc réductrice, dont les livres de Michel Houellebecq ont eu le monopole ces dernières années. L’une ou l’ autre, en tout cas, cela tombe bien à la veille du cinquantième anniversaire de la publication de ces fameuses Choses couronnées du prix Renaudot (le jury, lui, y avait bien vu un premier roman ), et que Julliard célèbrera […]

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