de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

Cœur français, cul international

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On ne prête qu’aux riches. La formule assez imagée qui sert de titre à ce billet est attribuée à la comédienne Arletty (1898-1992). Celle-ci l’aurait servie au magistrat qui l’interrogeait à la Libération sur ses relations avec un officier allemand. On l’entend d’ici, avec sa gouaille et son accent si typiques tant d’une époque des faubourgs de Paris que d’un certain cinéma français. Dites « Arletty » et vous entendez aussitôt un air d’accordéon en écho. Seulement voilà : la formule est apocryphe, largement postérieure, si l’on peut dire, à la Libération. Elle aurait très bien pu le dire car elle en a […]

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Des écrivains de cinéma

Des écrivains de cinéma

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Les Américains ont leur usine à rêves : Hollywood. La nôtre, c’est le Festival de Cannes. D’ailleurs, en réalisant sa toute première affiche, le peintre Jean-Gabriel Domergue l’avait baptisée en convoquant Baudelaire « L’invitation au voyage ». Mais il est une vitrine qui renvoie parfois d’inquiétants reflets de l’air du temps. Rien moins qu’une perte de prestige de la littérature et, partant, des écrivains. Songez qu’il fut un temps où ceux-ci composaient jusqu’à la moitié du jury, présidé d’ailleurs par l’un des leurs ! Depuis, ils en ont été évincés au profit quasi exclusif des gens de cinéma, artistes et techniciens délibérant entre professionnels […]

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La mémoire immédiate du 13 novembre

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Le Bataclan, la Belle équipe, le Petit Cambodge, c’était hier. Et pourtant, ces noms de théâtre et de cafés parisiens sont déjà entrés dans l’Histoire. Celle de la France en 2015, annus horribilis du terrorisme islamiste. S’emparant du concept tout neuf de « mémoire immédiate » en résonance avec celui d’ « histoire immédiate » cher à Jean Lacouture, l’historien et documentariste Christian Delage, professeur à Paris 8 et directeur de l’Institut d’histoire du temps présent,  a mobilisé une équipe de cinq doctorants pour travailler dès maintenant sur ces attentats. Des chercheurs d’autant plus impliqués que la plupart habitent dans les Xè et XIème arrondissements […]

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Pour saluer Alain Decaux

Pour saluer Alain Decaux

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D’un ami qui disparaît, on aimerait n’écrire que du bien. Avec Alain Decaux, qui vient de nous quitter à 90 ans, il n’y a pas à se forcer. Du bien et du bon, il en vient naturellement sous la plume. Jamais la moindre malveillance, jamais la plus insigne méchanceté gratuite à l’égard du confrère historien ou académicien, alors que ces milieux ne manquent pas de féroces, quand cela aurait été si facile pour l’amateur de bons mots, saillies, flèches, traits et répliques qu’il ne cessa d’être. Si cet homme était aimé, ce n’est pas seulement parce qu’il était aimable. La biographie d’un […]

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Ce que « tuer » veut dire aussi

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Ces meurtres en série ont eu lieu entre le 12 et 25 octobre 1793, au cœur de la Terreur, alors que Marie-Antoinette montait sur l’échafaud, en l’église de l’abbaye de Saint-Denis. La Convention nationale, agissant au nom du Comité de salut public, les a ordonnés par décret. Les victimes étaient des déjà-morts. Capétiens, Valois, Bourbons, tous des habitants de la nécropole royale. Dans une atmosphère devenue vite pestilentielle en raison de la putréfaction des cadavres, les Bourbons ont le privilège de recevoir les premiers coups de barre à mine, après que les portes des tombeaux eurent été enfoncés au bélier ; parmi […]

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Patrick Boucheron, l’historien qui veut rendre le passé habitable

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Ceux qui déplorent à juste titre que la crise de l’Histoire en France se traduise aussi par une désaffection des grandes institutions universitaires et intellectuelles vis à vis de la discipline ne pouvaient que se réjouir hier en fin de journée lors des applaudissements nourris qui ont conclu la leçon inaugurale de Patrick Boucheron au Collège de France. Intitulé de sa chaire : « Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIème-XVIème siècles ». Titre de sa leçon : « Que peut l’histoire ? » (on peut l’écouter ici). On n’a pas vraiment entendu la capitale à « histoire » parce qu’il préfère monter le son ailleurs que dans les grands […]

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Claudio Magris : « Qu’est-ce qu’on perd en écrivant ? »

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Des rapports entre la littérature et la biographie, l’Histoire, l’invention, l’exactitude, la vérité, la traduction, le chat Murr, Danube et aussi la matière de Secrets, pamphlet contre la tyrannie de la transparence qui vient de paraître chez Bibliothèque Rivages (77 pages, 12 euros) à l’occasion d’une récente rencontre avec Claudio Magris en marge d’un débat à la Maison de l’Amérique latine. La République des livres : Vous parvenez, vous, à faire la part de l’invention dans vos livres ? Claudio Magris : On n’explore pas assez les liens entre littérature et journalisme. Cela fait quarante-huit ans que j’écris pour le Corriere della Serra. […]

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Mourir pour Palmyre ?

Mourir pour Palmyre ?

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La question s’était posée le 4 mai 1939 dans un éditorial célèbre de Marcel Déat à la une de L’Oeuvre ; c’est de Dantzig qu’il s’agissait. La même s’est récemment posée pour Palmyre mais, après le précédent des bouddhas de Bamyan, la réponse paraissait incluse dans la question. Quand il est si difficile d’engager des hommes pour défendre des hommes, et des troupes pour affronter des troupes, le sauvetage du patrimoine mondial de l’humanité est devenu secondaire dans la lutte contre une barbarie méthodiquement à l’œuvre. Ne reste plus qu’à déplorer, s’indigner et à dénoncer. Le nouveau livre de l’historien Paul […]

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L’adieu à l’Histoire de Régis Debray

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A propos, comment va l’Histoire ? Pas très fort. A lire Régis Debray dans l’essai qu’il vient de lui consacrer Madame H. (157 pages, 14 euros, Gallimard), et à l’écouter en parler, on s’inquièterait pour elle. Le titre même rappelle la Folle de Chaillot et les figures de furie, de mégère, de fouetteuses et autres allégories féminines avec lesquelles certains entretiennent un rapport fantasmatique. A tout le moins une emmerderesse mais fascinante, captivante. L’Histoire, il l’a bien connue. Dites Debray et aussitôt se profilent les ombres portées du Che et de Castro, la prison bolivienne et l’Elysée sous Mitterrand. Pourtant, […]

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Lucien Rebatet exhumé des décombres

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« Fallait-il republier ça ? » Le livre que l’historien Pascal Ory désigne de manière inhabituellement méprisante pour un préfacier comme « ça », est un ensemble de textes du sulfureux journaliste, polémiste, écrivain Lucien Rebatet dont le navire-amiral s’intitule Les Décombres. Il est vrai que ce best-seller de l’Occupation, aussi passionnant qu’immonde, mérite d’être ainsi traité. Le recueil porte bien son titre de Dossier Rebatet (Bouquins/Robert Laffont) car il est vraiment conçu comme tel : un ensemble comprenant l’essentiel des pièces permettant de se faire une idée complète du cas Rebatet et de juger, ce qui ne revient pas nécessairement à le juger. Juger pour se […]

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