de Pierre Assouline

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La République des livres

LE COIN DU CRITIQUE SDF

Polanski, tel qu’en lui-même enfin…

Polanski, tel qu’en lui-même enfin…

Albert Bensoussan

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De quelque côté qu’on le prenne, sous quelque film qu’on l’envisage, pour peu qu’on soulève son masque ou ses divers dominos,  Roman Polanski est toujours le même, un petit bonhomme qui, par son astuce, son intrépidité et  un impérieux instinct de survie, a su fuir du ghetto de Cracovie pour échapper à la déportation et Auschwitz où périt sa mère ─ traumatisme initial et plaie immarcescible. À tout jamais il restera cet enfant orphelin. Mais c’est un homme accompli, un mensch franco-polonais, un cinéaste de première, issu de la prestigieuse académie de cinéma de Łódź où il côtoya son maître […]

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La langue de Louis Guilloux

La langue de Louis Guilloux

Jean-Pierre Pisetta

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    Louis Guilloux. Ni d’Ève ni d’Adam. À part dans le nom d’une amie normande qui s’appelle Le Guilloux, jamais entendu ce nom-là. Et jamais su que cet homme-là était un grand écrivain. Breton. Briochin, comme on dit, c’est-à-dire originaire de Saint-Brieuc. Presque devant la station de métro la plus proche de chez moi trône, sur quatre échasses, une boîte à livres. J’y jette toujours un coup d’œil en passant, quand je n’y jette pas moi-même un ouvrage et, ce jour-là, j’y ai pris Le pain des rêves de cet auteur, de moi inconnu mais publié quand même par Gallimard […]

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Coup de vent salubre sur l’Académie française

Coup de vent salubre sur l’Académie française

Daniel Lefort

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Depuis que la nouvelle a filtré, la candidature de Mario Vargas Llosa au fauteuil de Michel Serres a suscité maintes réactions, y compris dans ce blog. Trois points prêtent à polémique – la nationalité étrangère du candidat, son âge et l’absence de la langue française dans ses œuvres. La critique balance entre respecter les règles de l’institution, qui sont autant d’obstacles – a priori insurmontables – à cette candidature, et aligner les arguments qui les démolissent. Il est clair qu’en littérature, la nationalité est une notion purement abstraite qui renvoie du côté de l’administration et de la fiche de police : elle […]

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Le latin et la bourgeoisie

Le latin et la bourgeoisie

Christophe Bertiau

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Il semble désormais admis que le latin soit une matière scolaire d’élite, destinée à reproduire les inégalités sociales en érigeant en valeur suprême la distance à la nécessité matérielle, la gratuité des apprentissages non professionnalisants, dont seuls les bourgeois peuvent faire ostentation. La Russie soviétique, déjà, supprimait le latin des programmes en vue d’émanciper les travailleurs, tandis que l’Italie fasciste lui prêtait des vertus anti-marxistes. On ne peut nier que le latin s’adresse depuis longtemps en priorité à des catégories sociales aisées, sinon en théorie, du moins dans les faits. Mais en soutenant que le latin est une matière scolaire « […]

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Balzac n’aimait pas le café

Balzac n’aimait pas le café

Pierre Boisard

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« Le café est le parlement du peuple », cette phrase attribuée à Balzac et maintes fois citée est présentée comme une consécration du café et son élévation au rang d’institution démocratique. À la lire aujourd’hui, il semble bien que le grand écrivain exprime ainsi, sans ambiguïté, une grande déférence pour le café. Je confesse que j’ai été tenté de reprendre cette belle formule dans mon livre La vie de bistrot[1]. Un détail m’en a empêché, nulle part je n’ai trouvé sa source exacte. En effet, curieusement, cette formule n’est jamais référencée, comme s’il fallait cacher sa provenance pour mieux en détourner […]

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Des morts en bonne santé

Des morts en bonne santé

Daniel Lefort

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Albert Bensoussan a fait du récit bref, ou du roman court, sa marque de fabrique : c’est à chaque fois une variation sur un thème, toujours le même, comme en musique, et La tendre indifférence (12 euros, Le Réalgar) n’y fait pas exception en posant une sorte de point d’orgue provisoire – rien n’est définitif chez Bensoussan – à sa série ( une cinquantaine de volumes ) sur l’Algérie d’avant l’indépendance inlassablement revisitée, l’exil faussement habillé du mot « rapatriement » et le royaume du souvenir. L’exil et le royaume, comme chez Camus dont l’ombre tutélaire plane sur ce livre mémoriel. À travers […]

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Spadolini ou l’amitié

Spadolini ou l’amitié

Jacques-Émile Miriel

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Extinction, sous-titré « Un effondrement », est le dernier roman de Thomas Bernhard, disparu soudainement en 1989. C’est une œuvre imposante, d’une richesse extrême, un monologue en deux longs paragraphes, « Le télégramme » et « Le testament », qui s’étendent, dans la traduction française, sur plus de 400 pages écrites serrées. Le tout forme une sorte de bloc compact, dans lequel on a peine à reprendre son souffle, tant la prose tournoyante et obsessionnelle de Bernhard nous entraîne, sur un rythme vif et envoûtant. Pour décrypter ce labyrinthe romanesque étonnant, je m’arrêterai plus précisément sur l’un des personnages les plus importants de cette Extinction (Auslöschung, […]

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Ma dette à Marc Ferro

Ma dette à Marc Ferro

Jean-Pierre Bertin-Maghit

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Tu as été l’un des membres du jury de la thèse de troisième cycle que j’ai soutenue à Nice en juin 1978. Ce fut une rencontre. La confrontation de nos deux points de vue reste gravée dans ma mémoire : un affrontement verbal acide. Il faut dire que mon analyse des films français réalisés sous l’Occupation portait la marque des excès taxinomiques de la sémiologie triomphante des années 70. Néanmoins, dès les premiers mots  du professeur Ferro, «  j’ai pesté en lisant votre texte, vous ne pouvez pas savoir… J’ai lu votre texte avec fureur, il m’a fait franchement bondir », le […]

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Le surréalisme est-il vraiment mort ?

Le surréalisme est-il vraiment mort ?

Daniel Lefort

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Voilà la question qui revient régulièrement chez ceux qui, de plus en plus nombreux, n’ont eu aucun contact direct, vivant, avec lui. Et la réponse qui s’ensuit, presque toujours positive, veut qu’il se soit tant dilué, vaporisé dans la mode, les modes – de pensée comme de comportement – et même, c’est bien le moins, dans la littérature, que son existence, un siècle après sa naissance, prend un petit air posthume, quelque chose comme un monument de cendres. Et pourtant ! Avec la parution de Chroniques de la boîte noire (161 pages, 19 euros, Maurice Nadeau), il suffit de la reprise […]

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Pour saluer Philippe Jaccottet

Pour saluer Philippe Jaccottet

Pierre Assouline

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Si le comité Nobel de l’Académie suédoise, régulièrement sollicité en ce sens depuis des années, ne s’était décidé à laurer Philippe Jaccottet qui vient de nous quitter à 95 ans, nul doute que sa consécration en 2014 par la Pléiade sous la forme d’un volume d’Oeuvres (1728 pages, 59 euros) y serait pour beaucoup. Par « Œuvres », il faut entendre l’œuvre poétique. Encore faut-il s’accorder sur ce qui en relève. Il était le quinzième auteur à entrer de son vivant dans le temple, quatrième suisse à y être convié après Rousseau, Cendrars et Ramuz, mais-ceux-là à titre posthume ; encore est-il davantage fêté […]

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