traducteur

S’il y a des fléaux qui inspirent, le Covid est bien de ceux-là. J’ai pris l’habitude, depuis un certain temps déjà, de chercher chaque année une nouvelle italienne inédite que je traduis avec ma classe de traduction littéraire de l’Université libre de Bruxelles. Dans le but de la publier, signée par les étudiants, bien sûr. Jusqu’à présent, tous les textes que nous avons tirés de l’oubli ont connu ce sort heureux, grâce aux revues qui les ont acceptés. Il y a environ un an et demi, je découvre, dans un vieux recueil de nouvelles italiennes, le texte d’un auteur dont je […]
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(…) Entreprendre de retraduire une œuvre majeure, même cent fois traduite, et parfois avec éclat, n’exprime nullement une insatisfaction vis-à-vis des accomplissements antérieurs. La retraduction ne porte pas en soi une critique voilée des poètes traducteurs qui vous ont précédé. Comme l’écrit clairement Jacques Darras, lui-même par deux fois retraducteur récent des Sonnets de Shakespeare : « C’est le propre de l’œuvre accomplie, en musique comme en poésie, que de permettre une infinie quantité de lectures, de traductions. […] Sachant qu’il n’y en aura jamais de version définitive […] traduire les Sonnets de Shakespeare, c’est toucher au principe d’insatisfaction » Il […]
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Jamais perdu la pugnacité, l’originel tumulte pour le meilleur et le pire ni cédé aux prêches, au Verbe qui dit ce qui est bien ce qui est mal jamais été feignasse au point de ne pas te lever, de ne pas affronter toutes les brutes épaisses, de ne pas combattre poings dressés l’esprit d’étiquetage, les émeutes que la méconnaissance déclenche dans ta tête, * tempérant l’impuissance avec le rouge taureau dans tes yeux, ou proclamant toujours ce que tu fais à ta guise avec une fierté à toute épreuve, observant quelqu’un qu’on réduit en bouillie tout en voyant suinter […]
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Quand j’étais une enfant de cinq ou six ans, je crois, j’ai organisé une compétition dans ma tête, un concours pour décider quel était le plus grand poème au monde. Il y avait deux finalistes : “Le Petit Garçon Noir” de Blake et “Swanee River” de Stephen Foster. J’ai fait les cent pas dans la chambre d’ami, dans la maison de ma grand-mère, à Cedarhurst, un village sur la rive sud de Long Island, en récitant dans ma tête, car c’est ce que je préférais, plutôt qu’avec la bouche, le poème inoubliable de Blake, puis en fredonnant, toujours dans ma tête, […]
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Writing and translating could be described as sister arts. Writers become translators, and translators become writers. After all, what is writing but the translation of ideas, experience, and memory onto the page? As writer-translators, we might seek guidance and models to follow—a way out of the text to be translated, or a way through. One writer I turn to again and again to help navigate the complex threads tying together reading and writing—both so key to a sustainable translation practice—is Marguerite Duras, the celebrated French writer and experimental film-maker. Best known for The Lover (a hybrid work that is best […]
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L’IRIS SAUVAGE Au bout de ma souffrance il y avait une porte. Ecoute-moi : ce que tu nommes mort je me rappelle. Au-dessus, des bruits, des branches de pin remuant. Puis rien. Un faible soleil clignotait sur le sol aride. Il est terrible de survivre conscience ensevelie dans la terre noire. Puis ce fut fini : ce que tu redoutes, n’être qu’une âme, incapable de parler, se termine abruptement, la terre roide fléchit un peu. Et ce que je prenais pour des oiseaux pointe en arbrisseaux. A toi qui ne te rappelles pas l’arrivée de l’autre […]
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Grâce à la traduction pionnière de Claude Ligny, Le Maître et Marguerite a été connu, et reconnu, dès 1968 en France. Son texte, partant d’une édition fautive, a par la suite été complété et amendé par Marianne Gourg, qui a conservé la belle introduction de Sergueï Ermolenski, l’un des amis les plus fidèles de Boulgakov (lire ici l’analyse de Georges Nivat). J’ai toujours voulu le traduire. C’est un texte qui est entré dans ma vie très tôt. Ma mère a fait partie de ces lecteurs passionnés qui, ayant réussi à se procurer un exemplaire de cette fameuse première édition, n’a eu de […]
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(…) Nous nous sommes rencontrées alors qu’elle fondait la collection Slovo, à la demande de Gérard Bobillier. Amitié immédiate, indéfectible. J’étais une toute jeune traductrice décidée à vouer sa vie à la littérature, voguant entre Union soviétique et France, elle, Hélène Châtelain, était déjà rompue à la guérilla des mots et prête à accorder l’asile aux grands textes. La perestroïka avait commencé, avec ses espoirs, ses illusions, un formidable appel d’air dans les capitales russes : ouverture de certaines archives, auteurs et textes redécouverts et enfin publiés, traduction de littérature étrangère, ébullition au théâtre, au cinéma, sur la scène musicale, artistique, […]
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La traduction de 1984 a près de soixante-dix ans, et aucune autre ne lui avait succédé à ce jour. À la première version toute notre gratitude est due car c’est bien elle qui a « passé » le texte sur notre rive linguistique. Pour des raisons inconnues, son auteure avait choisi de laisser en anglais le nom de « Big Brother » à l’exclusion de tous les autres ; à la même époque, toutes les traductions européennes ont nommé le personnage « Grand Frère », allusion plus que transparente à l’aîné soviétique tenant sous sa botte fraternelle les pays voisins, ses cadets. […]
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(…) Il n’y a pratiquement pas de néologismes dans Enfer, il y en a peu dans Purgatoire, mais ils explosent dans Paradis. La raison en est simple et découle de ce que j’ai dit précédemment : ils participent de cette nécessité de pallier un manque afin de rendre compte de l’expérience de la façon la plus juste possible, donc la plus inattendue. Après les nombreux emprunts aux autres langues, aux dialectes et parlers locaux destinés à enrichir la langue pour tous ses compatriotes, il s’agit pour Dante de créer un langage neuf pour une aventure inouïe dans un monde inconnu des mortels, […]
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