Cet été, préférez ne pas !
N’hésitez pas : bartlebysez-vous sans tarder bien qu’aucune nouvelle traduction de Bartleby, le scribe ne pointe à l’horizon. Non que depuis 1853 les anciennes fussent défectueuses, datées ou insatisfaisantes (celle, historique, de Pierre Leyris a longtemps paru inégalable). Mais le chef d’oeuvre comique de Herman Melville est de ceux dont la restitution dans une autre langue est une sorte de sport et de loisir dont on ne se lasse pas. Ne fut-ce que pour une phrase, la plus célèbre, celle qui tient toute la nouvelle, sa formule alchimique dont on n’a pas fini de creuser l’énigme souterraine: « I would prefer not to », rendue selon les versions par « Je ne préfèrerais pas » ou « J’aimerais mieux pas » ou « Je préfèrerais ne pas ». Ad libitum. Si vous avez autre chose à proposer, ne vous gênez ou, nous ferons suivre à Melville. Borges traduisait par « Preferiría no hacerlo… ».
Tout se complique quand on sait que même en anglais, la forme est agrammaticale car il eut été plus correct, et tellement moins génial, d’écrire « I had rather not ». Tout cela pour faire l’apologie de la résistance passive, mutique, inerte et irrémédiablement désolée à travers l’un des personnages les plus inoubliables qui soient. Dans son éblouissante postface à la traduction de Michèle Causse (GF, 1989), Gilles Deleuze rappelle un mot de Proust selon lequel les beaux livres nous paraissent toujours écrits dans une sorte de langue étrangère. J’avoue un attachement particulier à la version de Jérôme Vidal parue en 2004 avec des illustrations de l’excellent Jean-Claude Götting, sous le titre Bartleby, une histoire de Wall street (78 pages, 13,50 euros) aux éditions Amsterdam, une jeune maison qui se veut « démocritique »et s’est placée dès ses débuts justement sous la protection de l’auteur de Moby Dick, ce qui est très bon signe.
Imagine-t-on un instant le nombre de lecteurs qui en ont fait leur emblème et une philosophie pour la vie, à commencer par l’écrivain espagnol Enrique Vila-Matas ? Non sans l’adapter au passage au risque de susciter une nouvelle bataille d’Hernani dans la blogosphère, à la suite de Gilles Deleuze et Maurice Blanchot qui s’en mêlèrent autrefois. « Je préfèrerais ne pas » garde ses partisans de même que « J’aimerais mieux pas ».
Ce qui est intéressant, c’est aussi de retrouver l’ombre portée de Bartleby sur l’œuvre de nombre d’écrivains. Par exemple Le Pressentiment (Gallimard, 1935, Le Castor Astral, 1991) du regretté Emmanuel Bove. C’est l’histoire de Charles Benesteau, un type tombé d’une famille de grands bourgeois comme on tombe du cadre des portraits d’ancêtres. Il aimerait tant changer de contemporains ! Volontairement déclassé et marginal, étranger dans la ville, ce grand immobile s’est lui-même exclu de la société, et inquiète les siens qui le sont si peu ; il leur témoigne une indifférence sans haine et sans reproche pour mieux vivre sa vie en paix avec sa conscience dans un quartier populaire de Paris. Comme s’il flottait sur un coussin d’air, à son rythme, loin de toute préoccupation matérialiste. Il rompt avec son milieu comme on fuit chez Simenon. Avocat de profession, il n’exerce même plus, se contentant de donner des conseils aux voisins démunis. Melville n’est jamais cité mais il a tout de Bartleby : lui aussi aimerait mieux ne pas. Il rêvasse à en perdre conscience. En fait, il vit comme on doit vivre quand on a le pressentiment de sa mort. D’ailleurs, sa femme le considère comme un renonçant héritier des mystiques du XVIIIème siècle. On est dans sa tête en ne sachant même plus si on est dans le réel ou dans le rêve éveillé. Il est la subjectivité faite homme. C’est un errant à qui Paris sert de paysage pour être un peu mieux malheureux. En faire un misanthrope relève du contre-sens. Il possède une inépuisable réserve d’indulgence pour l’humanité. Comment s’en sort-on lorsqu’on on a conscience du caractère immaîtrisé de son existence ? On se veut non-concerné comme il y a des non-conformistes. En vérité, on se contente de circuler dans la vie comme sur la scène d’un théâtre. Voilà l’effet que cela fait aux autres que de vouloir vivre sa vie au jour le jour et écrire des poèmes destinés à n’être pas lus. Cela ne l’empêchera pas de se cogner à d’autres réalités dans un milieu aux antipodes du sien où il affrontera les mêmes mesquineries, jalousies et misères. De la gratitude et de la tendresse aussi, avec une adolescente et sa mère. Pour lui, au bout, c’est la même solitude.
Et M. Spitzweg, vous connaissez ? Il tire à petites bouffées bleues sur ses Ninas dans son deux-pièces de la rue Marcadet. Il en est resté à la France du commissaire Maigret. D’ailleurs, il lit ses enquêtes comme on déguste le fumet d’un boeuf bourguignon. Parfois, il pose son livre sous la lampe et se pose des questions existentielles bien en phase avec cette époque qui ne veut pas de lui : qu’est-ce qu’un bobo, au fond ? Ce n’est qu’un exemple. M. Spitzweg a beaucoup voyagé en lisant L’usage du monde de Nicolas Bouvier sur son banc du square Carpeaux. Il y a de pires guides pour se perdre. Il a ses habitudes : lire Le Parisien lui est agréable le matin au bistro, mais impensable le soir au restaurant. On le comprend. C’est à ce détail qu’on juge de la qualité d’un homme. Sa courtoisie, si rare dans les grandes villes, lui fait ressembler à ces petits bourgeois de Sempé qui soulèvent leur chapeau en croisant une dame. Après avoir longtemps été un intégriste du refus face à la tentation de l’ordinateur, il s’est mis lui aussi à bloguer, le soir. Il faut dire que le geste de refus lui est un réflexe spontané. Il a fait du sport mais y a renoncé : entre dix minutes de plaisir qui le rapprochent de la mort et quatre heures de souffrance qui le rapprochent de la santé, il a choisi. Les Ninas. N’allez pas le croire solitaire; il voit des gens, et même de vrais gens qui ont eux aussi des prénoms à la Sempé : Raoul, Roger, Denise, Marceline, et des noms assortis, Dumontier, la charcutière Mme Bornand, Lachaume. Quand il reçoit, il achète un torchon à carreaux pour faire la nappe. Vous vous souvenez de M. Hire, celui du roman, puis ceux du cinéma, Michel Simon et longtemps après Michel Blanc ? M. Spitzweg pourrait être un cousin de M. Hire, mais sans le tragique. J’allais oublier : M. Spitzweg connaît bien une phrase en anglais « »I’d prefer not to » » que son édition Folio traduit par « »Je préfèrerais pas » ». Il est vrai que, quand tant d’autres ont quelque chose en eux de Tennessee, il a quelque chose en lui de Bartleby. Normal, après tout, puisqu’il est le héros de Quelque chose en lui de Bartleby (Mercure de France, 2009), le très touchant et délicieusement léger roman de Philippe Delerm.
Si ce n’est sur l’œuvre elle-même, c’est sur la personne. Ainsi Jean-Philippe Toussaint n’est pas du genre à encombrer les tréteaux. D’abord, il n’est pas là, toujours ailleurs ; ensuite, il préférerait ne pas, à la Bartleby. Ses interwiews sont plutôt rares. Jonathan Littell aussi. L’auteur des Bienveillantes déclarait en 2007 :
« Bartleby le scribe est un livre qui me fascine. Un personnage qui ne cesse de dire qu’il préfèrerait ne pas d’une certaine manière, c’est l’attitude qui fut la mienne vis à vis du Goncourt, qui s’est fait sans moi. »
Alors, qu’en penser au juste ? Philippe Jaworski, éditeur et traducteur du quatrième et dernier volume de l’œuvre romanesque de Melville dans La Pléiade, y était revenu en détail, bien conscient que négliger un tel débat, aussi fondamental qu’interminable, lui eut valu des ennuis auprès de la secte. « Je ne préfèrerais pas » : ainsi traduit-il la devise, refrain et ritournelle de celui qui refuse d’accomplir tout travail, se fait un rempart de sa non-action catégorique et installe son oisiveté dans un coin de l’étude de son employeur, l’avoué qui n’en peut mais.
Au fond, tout dépend comme on l’entend. Dans leur majorité, les auditeurs de Daniel Pennac l’entendaient pour la première fois. Ceux qui se sont pressés à travers la France à sa lecture-spectacle de la nouvelle, y ont été davantage pour lui que pour Bartleby qu’ils ne connaissaient pas. Le romancier a découvert le texte dans la traduction « avec négation » de Pierre Leyris qui fait autorité depuis les années 50 ; mais lorsqu’il en a lu la version révisée plus tard « sans négation », il l’a adoptée :
« Je préfèrerais pas » »… La négation arrive après la préférence, moyennant quoi Bartleby rend cinglé son entourage. Ce n’est pas que cela sonne mieux mais c’est plus proche de l’original » remarquait-il en rappelant qu’au fur et à mesure, le verbe varie du conditionnel à l’indicatif. « Au début, les spectateurs rient ; puis ils s’aperçoivent que c’est une monade close sur elle-même et ne rient plus ; alors l’anxiété les gagne jusqu’à les faire compatir au désespoir de l’avoué ».
De cette expérience, il est sorti melvillisé. Découvrant avec bonheur Le livre de l’intranquillité de Pessoa, Pennac se disait alors convaincu d’y avoir lu le journal intime de Bartleby. Par quel mystère ? Telle est la réponse, eut dit Woody Allen. Ni l’un ni l’autre, eut ajouté Cioran. Je préfèrerais ne pas, eut précisé Bartleby. Mais c’est naître qu’il aurait pas fallu ! eut tranché Céline.
(Photos de Nicolas Bouvier alias Sparth)
1 467 Réponses pour Cet été, préférez ne pas !
Je constate simplement qu’aux cyniques on ne demande pas de comptes, d’où sans doute la mode du « j’assume… »
« Lesquels encore ? »
Un Hamlet ou un Tartuffe, x…
Demander des comptes participe d’un moralisme d’emprunt, x : chacun est responsable de ses actions.
Mais en dehors du théâtre, jazzi ?
(c’est vrai, j’avais mentionné don Juan.)
Et ces deux-là sont-ils encore « productifs » (dans de nouvelles œuvres, je ne parle pas des mises en scène), se les approprie-t-on toujours ?
Oui pour le premier, Nutshell (Dans une Coque de noix) de Ian McEwan, vous avez raison.
Faire :
Les gens n’ont pas forcément besoin d’avoir lu ou vu la pièce de Molière pour savoir ce qu’est un Tartuffe, x.
Et en vertu de quoi demanderions-nous des comptes ?
Oblomov n’est pas trop différent de Bartleby, je veux dire au final, je veux dire suivant l’angle sous lequel on les voit, je verrai bien Oblomov dire qu’il préfèrerait ne pas.
Je pense qu’Oblomov a plus d’épaisseur que Bartleby, il a une dimension métaphysique que l’autre n’a pas, un profondeur, Melville serait le seul auteur américain capable de rivaliser avec les auteurs russes.
en fait je n’ai bien sûr pas vraiment lu ces 2 romans, mais si je me fis aux critiques et à toutes les analyses (dont celles de Janké) j’en arriverais plutôt à cette conclusion.
Jazzi c’est vrai, et d’autres n’ont pas besoin de connaitre Tartuffe pour savoir qui est Molière.
mes personnages préférés c’est Gulliver, et juste après c’est l’oncle Tobie.
si je me fis aux critiques et aux analyses de ces livres.
Depuis quelque semaines Amanda s’était accoquinée avec un marseillais, c’était une redite malencontreuse d’une histoire qui était partie en vrille, mais elle avait le chic pour mettre le pieds dans des godasses sans élastiques. Il bavardait sans cesse, interrompait, changeait de sujet, faisait le gosse attardé, essayant de l’épater en racontant un tas de billevesées.Elle avait l’impression très nette qu’il se foutait autant de sa propre vie déjantée que de l’éventualité d’une relation tangible. La nuit il rétrécissait étrangement, elle le pliait en deux et le laissait se griller les fesses sur la lampe, l’enfer de Dante disait – il en se cramant les fesses avec délice sur l’halogène. Elle avait parfois quelques regrets, mais chut, c’était un autre, le pire avec les hommes qui en font des caisses, c’est leur ignorance délibérée de leurs congénères, tout aussi blablateurs qu’eux. De sorte que qu’en se couchant, la sensualité envahissant la pièce, seule cette légère odeur de cramé était potentiellement gênante pour la rêverie. Elle avait été plus séduite par ses avant – bras velus, ses doigts un peu lourdingues et l’écorce croûteuse de son pouce. Elle l’avait regardé avec désinvolture, c’était le printemps, et son air carnassier ne lui avait pas échappé. Elle l’avait embarqué à l’improviste, après une prise de tête avec son éditeur, un torve marié à une héritière aigrie et épileptique. Elle avait promis des nouvelles érotiques, quelque chose d’un peu chaudasse,mais elle manquait de concret, sa fréquentation des vieilles chaussettes littéraires, préoccupées par leurs scores de commentaires sur babelio et les frasques des jeunes arrivants dans le cénacle, désespérait sa libido, jaunie comme une parution papier dans Livre Hebdo. Elle avait bien remarqué qu’il n’avait rien d’un marseillais d’origine, son fort accent gaumais, ses goûts immodérés pour les harengs en saumure et les cubes de gouda à la moutarde ne collaient pas vraiment au personnage d’emprunt qu’il s’efforçait de construire au fil des rendez – vous. Il prétendait connaître comme son pouce la Botanique, la cuisson du cervidé, le bon degré de chauffe d’un bigoudi, mais tout semblait faux, même sa carte de visite de gérant d’un Onglerie dans le Quartier Africain. elle sentait confusément qu’il planquait sa culture livresque par malice. Feignant de méconnaître Foujita, Bonnard et les exploits du Baron de Münchhausen, qu’elle lui avait désigné du doigt en passant devant un libraire d’occasion. De sorte que défaussée par son impertinence, elle hâtait le pas afin de le semer, de l’essouffler, de lui couper le sifflet. Peine perdue il était monté sur des ressorts, ne lâchait pas son portable et photographiait les façades, plus précisément les appuies de fenêtres garnis la plupart du temps de personnages désœuvrés et mélancoliques dont il volait la vie d’un clic, s’appropriait l’image fugace d’une existence muette.
Et en vertu de quoi demanderions-nous des comptes ?
De la théorie à la pratique!
j’ai animé un club de lecture pendant 10 ans ! les gens venaient de loin !
une année je leur ai fait se taper toute la littérature japonaise, ils étaient devenus incollables.
à l’époque c’était le meilleur moyen que je m’étais trouvé pour ne pas avoir à lire tous ces livres, certains en parlaient vachement bien.
arsinoé
je n’oublie ni alceste,ni célimène
Onlomov et Bartleby ?
Moi j’ai plutôt pensé à:
Akaki Akakievitch Bachmatchkine[2], un petit fonctionnaire pétersbourgeois(wiki)
Et bingo, je ne suis pas la seule à avoir fait le rapprochement.
« Une analyse comparative des œuvres de Nikolaj Gogoľ et de Herman Melville s’impose à la seule lecture du Manteau (1841) et de Bartleby le scribe (1856), qui présentent toute une série de coïncidences troublantes. Celles-ci ne s’arrêtent pas à la seule thématique et ne peuvent prendre tout leur sens que si l’on réinscrit ces deux textes dans un contexte plus vaste, celui de la création, en Amérique et en Russie, de mythes littéraires fondateurs qui révèlent la conscience de la communauté nationale à un moment donné de son histoire, face à un héritage européen aussi incontournable qu’encombrant. Il est dès lors possible, sur cette base, d’élargir la comparaison à l’ensemble de la production littéraire de Gogoľ et Melville, dont le parcours, à quelques quinze années d’intervalle, est marqué par un certain nombre de jalons similaires. »
https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_2005_num_76_4_6960
Oblomov
dans le club de lecture que j’animais, parfois les participants n’étaient pas d’accord entre eux, ils en arrivaient même à se mettre sur la troche, du coup j’arbitrais, je prenais les arguments des uns et des autres et j’arrivais à les réconcilier, chose que j’aurais jamais pu faire si comme eux j’avais lu le bouquin, c’est évident, on ne peut pas être juge et partie.
Oui, mais quel est l’équivalent du Moby Dick de Gogol, Marie Sasseur ?
comme quoi j’avais raison de faire de Melville un auteur quasi russe, il me semble que Steiner en parle aussi quelque part.
Je ne peux que comparer « Bartleby et « le « manteau », les situations présentent des similitudes étonnantes, et pour la même époque…
l’équivalent de Moby Dick on le trouverait plutôt chez Dostoïevski, chez ceux qui recherchent une espèce de rédemption, en essayant de trouver quelque chose au dessus de soi, la peur de constater que Dieu n’existe pas.
hamlet dit: 3 août 2019 à 20 h 58 min
C’est pas pour dire, mais sans vous la rdl me ferait beaucoup moins rire.
Pour rejoindre x, faites quand même gaffe aux confessions à renato.
Il a un poil de côté Torquemada bienveillant qui peut être très dangereux.
Un exemple, sur Proust, ne redites JAMAIS ce que vous écrivez à Clopine, atténuez, atténuez.
J’en connais qui pour moins que ça se sont retrouvés avec comme pénitence de réciter de 200 à 300 fois la liste des trente artistes majeurs de l’Arte Povera, par ordre alphabétique, par date de naissance, par matière principale des oeuvres (bois, pierre, terre, corde, etc.) et tout ça en ordre ascendant et descendant, et là je vous promets, même si on est amateur, c’est lourd et la nuit est longue.
Pablo75 dit: 3 août 2019 à 18 h 45 min
Paul Edel dit: 3 août 2019 à 17 h 55 min
Littérature über alles
Tres intéressant.
On comprend d’un coup que la bochie n’a plus donné un écrivain digne de ce nom, ie qui a passé les frontières, depuis des lustres.
Le côté Torquemada, pado, c’est plutôt notre hamlet ; mais si vous ne voyez pas la chose comme ça, le monde ne va pas en souffrir.
Enlever Dieu à un croyant c’est prendre le risque qu’affolé il vous demande d’intercéder en faveur de son retour, conforté par les signes indicatifs culturels et les références aux maîtres anciens.
Je n’ai pas l’envie d’être responsable d’une errance de croyants.
Le cerf-volant :
« Maitres anciens », y’a un copyright.
« A l’occasion des trente ans de la mort de Thomas Bernhard
Sous prétexte de parler de tous les prix littéraires qu’il a reçus, Thomas Bernhard se livre, dans ces textes inédits, à ce qu’il fait le mieux : exercer sa détestation. Jurés, organisateurs, notables allemands ou autrichiens, personne n’est épargné par l’humour vengeur d’un auteur hypersensible à la médiocrité. Irrésistiblement méchant et drôle, il excelle aussi dans l’art de la miniature. Chaque récit est un joyau, et se lit comme une courte nouvelle. Derrière une apparente désinvolture, Bernhard interroge la nature de l’industrie littéraire et la vanité des distinctions honorifiques. Tout cela dans un style acéré et ironique à la fois – du grand art. Terminé en 1980, ce petit volume, resté pour des raisons obscures inédit du vivant de l’auteur, associe neuf récits de remises de prix et les discours de réception correspondants, poétiques et violents. On comprendrait presque pourquoi un certain ministre autrichien, à l’audition d’un de ces discours assassins, s’est retenu de justesse de frapper Bernhard… »
https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/mes-prix-litteraires-de-thomas-bernhard
21h24
J’ai un mal fou.
J’arrive pas à savoir si la Tique est plus xénophobe que homophobe, germanophobe que hispanophobe, gérontophobe que jeunophobe, aquaphobe qu’aérophobe.
Mais PHOBE c’est sûr, pour tout, pour tous.
Dites le doryphore pedo la tafiole, soyez sûr d’une chose, les petits fonctionnaires de la macronie, comme vous,ni je les phobe, ni je les lis.
D. dit: 3 août 2019 à 20 h 01 min
Elle est déjà dans ma playlist.
Marie Sasseur dit: 3 août 2019 à 21 h 24 min
Quelle co.nne celle-ci. Purée…
renato, d’accord sur ceci (19h 48) : dans le contexte d’une conversation privée, c’est de bonne guerre de retourner les arguments contre celui qui les emploie et je ne serais pas monté au créneau.
Mais ici, avec la « bienveillance » ambiante, le climat n’est pas tel qu’on puisse vraiment s’expliquer.
(Nous faisons peut-être des constats différents, mais plus probablement des liens de cause à effet différents. A priori, j’imagine que l’anti-moralisme ne devrait pas aboutir systématiquement au darwinisme social et inversement, vous m’accorderez peut-être que le refus de la loi de la jungle ne mène pas inévitablement à l’Inquisition ? Nous devrions donc pouvoir échanger. Mais voilà, on ne peut pas parler de tout devant tout le monde.)
À propos de votre lien de 20h 44 : vous souvenez-vous que nous avions échangé à propos de Donnarumma all’assalto, d’Ottiero Ottieri ?
Bartleby et Oblomov, c’est très différent. Bartleby est un ascète suicidaire ; Oblomov, un jouisseur épicurien. Oblomov veut vivre dans la volupté, Bartleby dans l’exigence. Bartleby est un libertaire, Oblomov ne remet pas en cause, ou si peu, l’ordre social. Deux caractères vraiment différents.
Arte repasse Mme Claude, ce film qui est une déjection datant des années 70, avec un stupre putride dont ces années avaient le secret. Le sexe alliée à la violence, et à la stupidité inepte, alors que le sexe, ce devrait être l’amour, et surtout gratuit. C’est un film immonde, indigne, et nullissime. Il est au cinéma ce que Sheila est au bel canto. A part l’improvisation d’Alain Cuny, inspirée de Georges Bataille, mais c’est vers la fin. Je suis déçu quand même par Arte, qu’il nous passe une ignominie pareille. Par contre, je conseille le documentaire sur une femme juive de Brooklyn, qui est de religion hassidique et qui, à la force du poignet, accomplit son rêve de devenir juge. Voilà qui nous réconcilie avec le féminisme. Elle s’appelle Rachel, je ne me souviens plus du titre. C’est admirable, loin de ces histoires abjectes d’argent et de prostitution.
Alerte marron, ma chattoune a pété. Je répète. Ma chattoune a pété.
Gogol (et Dostoïevski) et Melville ont en commun la lecture de Dickens.
« Je ne peux que comparer « Bartleby » et « le Manteau »
C’est à se demander si vous les avez lus. Et quand bien meme cela tiendrait, il faudrait d’abord voir comment Melville a pu lire Gogol, édition, traduction, etc, pour ne citer que le plus connu de vos « deux sources »…
Marie Sasseur dit: 3 août 2019 à 21 h 49 min
ni je les lis.
Ben si.
Logique dexterienne.
Puisque vous me répondez.
« Et quand bien meme cela tiendrait, il faudrait d’abord voir comment Melville a pu lire Gogol, édition, traduction, etc, »
Perle de Culture : « etc. » avec un point terminal, svp !!!
x 22h25
P’tain, Zidane qui fait un home run.
Dickens et Shakespeare
je vous signale la video sollers
Sollers, le « contre-fou » – Séminaire RDJ par laregledujeu
http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article1457
que j’ai regardée sans votre autorisation
*
nous avons tous des croyances, et parfois nous obligés d’en faire le deuil, par exemple dernièrement j’ai appris que qu’on ne dit pas d’une personne qui ne prend jamais de digestif à la fin des repas qu’elle est une « persona non grappa », en fait c’est une expression qui sert à dire autre chose, parait-il.
Delalourde : « Oblomov un jouisseur épicurien »
wow, vous êtes sûr de ne pas confondre avec un autre livre genre les liaisons dangereuses ?
renato : pourquoi vous m’agressez comme ça ? j’ai dit quelque chose de pas bien ?
si c’est le cas je m’en excuse
en plus vous savez que je vous aime bien.
Delalourde : « Oblomov un jouisseur épicurien »
wow, vous êtes sûr de ne pas confondre avec un autre livre genre les liaisons dangereuses ?
Non, moi, j’ai lu le livre attentivement et savamment.
« Bartleby et Oblomov, c’est très différent. Bartleby est un ascète suicidaire ; Oblomov, un jouisseur épicurien. Oblomov veut vivre dans la volupté, Bartleby dans l’exigence. Bartleby est un libertaire, Oblomov ne remet pas en cause, ou si peu, l’ordre social. Deux caractères vraiment différents. »
Tout à fait, Delaporte. Et leur fin est à l’opposée.
Oblomov, né en paresse, trouvera une femme aux petits soins pour lui. Bartleby, né du côté des esclaves, se bat pour un droit définitif au repos.
Ils représentent les deux faces opposées de la paresse.
Oblomov est un actif passif, Bartleby un passif actif.
Le premier travaille constamment à sa propre paresse.
Le second, par son refus de tout travail, se révèle plus redoutable à l’ordre établi…
Le Russe est plus rigolo que l’austère Américain !
Un remake de Tarantino ou vice versa ?
https://www.youtube.com/watch?v=-s-wzTRwJMg
Je ne vous agresse pas hamlet ; j’attire votre attention sur un automatisme votre qui semble vous prendre la main : suivez le fil et vous comprendrez.
Pour moi, x, la question se pose autrement : on parle de quelque chose lorsqu’on connaît les faits, car si on brode sur des possibilités ou nos désirs on arrive à l’Inquisition pour de vrai. Si on peut pas compter sur des faits l’un peut inventer une parabole. Ce n’est pas par hasard que j’ai mis en ligne le lien Olivetti.
renato, la ressemblance entre les carrières et les contributions respectives au bien commun de B. Arnault et Adriano Olivetti ne m’avait pas frappé, mais ce doit être du fait de mon ignorance.
x, si l’occasion se présente : Matera e Adriano Olivetti, edizioni di comunità.
Ou ce lien, x — Fondazione Olivetti – Matera :
@Babysitter
Im seriously still crying because they are all dead.
https://www.youtube.com/watch?v=sgbvKAyidnI
@renato dit: 4 août 2019 à 1 h 06 min
Ou ce lien, x — Fondazione Olivetti – Matera :
Lugubre
Et totalement mytho, as usual
Jazzi dit: 3 août 2019 à 23 h 24 min
Je vous rejoins également, Jacuzzi. Chez Bartleby, il y a une théâtralisation du personnage : il se positionne de manière transcendantale. En lui se résorbe toute métaphysique humaine. Oblomov est un esprit immanent, qui habite sa volupté matérielle de corps humain tendant au repos. Il accepte la vie, et la vie le lui rend bien, lui prodiguant ses jouissances tranquilles. Ces deux personnages meurent, à la fin. Leurs morts sont aussi dissemblables que leur vie. Batleby se révèle le négatif d’Oblomov, haut en couleur. Ce sont deux jumeaux complémentaires et caricaturaux. Le roman de Gontcharov est plus étoffé que celui de Melville et donne un plus grand plaisir de lecture. Oblomov reste tourné vers le XIXe, alors que Bartleby annonce l’Etranger de Camus ainsi que les juifs assassinés de la Seconde guerre mondiale. Deux visions pas forcément antagonistes, mais pour le lecteur d’aujourd’hui plutôt complémentaires, et une occasion de se réunir sur des valeurs politiques d’abolition du travail et d’écologie. Le commentaire de Derrida sur Blanchot dans Survivre reste éminemment d’actualité. L’oeuvre et la vie d’Ulrike Meinhof sont essentielles pour mettre en perspective le « moment Bartleby », c’est-à-dire le monde qui nous entoure et nous aliène, fait de nous des errants, des miséreux, exploités à mort par le capitalisme. Une seule solution : la grève de la faim et la révolution !
Voici la parabole sublime qui va être lue à la messe de ce dimanche et qui n’est pas sans rapport avec ce que je disais :
« Gardez-vous bien de toute avidité,
car la vie de quelqu’un,
même dans l’abondance,
ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole :
« Il y avait un homme riche,
dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait :
‘Que vais-je faire ?
Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’
Puis il se dit :
‘Voici ce que je vais faire :
je vais démolir mes greniers,
j’en construirai de plus grands
et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même :
Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition,
pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’
Mais Dieu lui dit :
‘Tu es fou :
cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé,
qui l’aura ?’
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même,
au lieu d’être riche en vue de Dieu. »
Court, le 3 août 2019 à 22 h 38 min le moi je ne me demande plus si vous lisez, depuis que j’ai compris que vous aviez un niveau d’acquisition de la lecture proche de la nullité.
J’ai indiqué que les textes Bartleby, et le manteau présentaient des situations avec des similitudes étonnantes pour l’epique.
Oui, Court, les US, avec New-York, et la Russie avec St- Pétersbourg connaissaient au XIXeme, une réalité bien comparable que Melville et Gogol ont choisi de chroniquer.
Pauvre tarte de Court, apprenez à lire.
OÙ ai’je écrit que Melville AVAIT LU Gogol ou inversement ?
J’ai indiqué que les textes Bartleby, et le manteau présentaient des situations avec des similitudes étonnantes pour l’epoque.
Court,petit faquin, brasseur de vieux papier,
lecteur compulsif d’annuaire, ne pense QUE par influence, l’un doit tout à l’autre, etc.
Un véritable valet de pied ce Court, toujours en courbette.
Et là il est en train d’envisager que Melville ait tout pomper sur Gogol.
Alors que l’étude comparative de textes lui est une idée exotique, vu qu’il ne lit pas les textes.
Pauvre pauvre Court, avec un indigence pareille, le royaume des cieux est pour vous, lol.
Le Russe est plus rigolo que l’austère Américain !
Ce sont souvent les Juifs russes qui ont injecté de l’humour dans l’austère Amérique du Nord (Nathanael West, B. Malamud, P. Roth, S. Bellow, J.Heller, Allen Stewart Konigsberg, to name but a few…).
Si le protestantisme et l’esprit pionnier ont leurs vertus, l’humour n’en fait que très rarement partie.
« En lui (Bartleby) se résorbe toute métaphysique humaine. Oblomov est un esprit immanent(…) »
je me suis toujours demandé comment les lecteurs arrivaient à comprendre exactement le contraire de ce que le livre montre et démontre.
c’est le seul avantage de la philo où, même s’ils ne sont pas d’accord, il est rare que les lecteurs comprennent le contraire de ce que l’auteur a voulu dire.
https://www.cairn.info/revue-etudes-2009-2-page-231.htm :
« Comme d’obstinés contrepoints à cette époque de fer, de papier et d’idées que fut le xixe siècle, deux écrivains aux antipodes de la vie – l’un aspirant aux voyages et aux hautes fonctions, l’autre neurasthénique fonctionnaire de l’administration tsariste –, imaginèrent à peu près au même moment (1858 et 1853) deux figures jumelles, Oblomov et Bartleby, qui incarnent le choix paradoxal et provocateur de l’ennui. La nouvelle Bartleby d’Hermann Melville et le roman Oblomov d’Ivan Gontcharov ont maints points communs : un humour dévastateur, une mordante chronique sociale de cette nouvelle humanité née dans les jupons de la bourgeoisie. Mais s’ils sont d’incontestables chef-d’œuvres, c’est qu’ils ajoutent à la littérature universelle un type humain fascinant philosophes, psychanalystes et artistes : Oblomov et Bartleby font le choix de l’inaction, de l’immobilisme, d’une paresse générant, aux yeux du monde, un ennui d’autant plus terrifiant qu’il est volontaire.
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Bartleby incarne un ennui absolu et, paradoxalement, tout aussi absolument choisi. Clerc employé par un avoué de Wall Street, au sein d’une officine banale à la vie rythmée par les collations d’actes notariés, Bartleby semble se fondre d’abord dans cette monotonie grise lorsqu’un jour, de façon tout à fait inopinée tant il avait jusque là fait preuve d’une application et d’une constance exemplaires et même excessives, il oppose à une demande anodine de son patron une réponse lapidaire et définitive : I prefer not to. La phrase, insolite, revient comme un leitmotiv, entraînant à chaque fois une désorganisation du bureau de l’avoué qui ne se résout pas, contre toute attente, à le renvoyer. Bartleby ne quitte plus le bureau ; il y dort, se nourrit de quelques biscuits, finit par renoncer à tout travail ; et à toute demande assène sa formule incessante, I prefer not to. Cette petite phrase, et le silence qui l’entoure, déconstruit le langage, l’ordre du monde et la logique sociale qui maintiennent Wall Street à la verticale. L’ennui volontaire de Bartleby, l’opiniâtre renoncement à tout aux yeux de tous, démonte la distraction généralisée et pousse son patron à infléchir le cours de sa vie, creuse en lui une humanité insoupçonnée tant elle était engoncée dans ses bourgeoises habitudes. Bartelby finit par disparaître dans la prison centrale de New York, dans une prostration totale, réduit à ce qui semble être une pure attestation de l’existence. Cependant, tout le récit étant mené du point de vue de son employeur, nul ne sait ce qui meut Bartleby.
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Au contraire, le point de vue d’Oblomov est abondamment détaillé dans le roman de Gontcharov. La vie de ce fonctionnaire au bord de la ruine semble une lente et somnolente paresse : Oblomov ne fait rien, allongé dans son lit ou sur son divan, il reçoit des visites et houspille son valet. Car pour lui, le travail et la totalité de la vie mondaine constituent un ennui : « Mais quand donc a-t-on le temps de vivre ? [16]
[16]Les citations d’Oblomov sont extraites de la traduction…
». Tout un chacun vient s’éprouver au révélateur Oblomov : tout se révèle vanité, agitation, divertissement et fuite de la condition humaine. Même lorsque s’ouvrent les portes de l’amour auprès de la belle Olga, Oblomov préfère renoncer pour échapper à la passion, fuyant cette maladie qui obscurcit la perception pure de l’être. L’ennui apparent qu’il endosse le protège des distractions par une crainte comique de sortir dans le monde, fortement argumentée lorsqu’on le pousse à bout, comme le découvre son ami d’enfance Stolz :
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« – Non, ce n’est pas une vie, répéta Stolz, têtu. (…) C’est… une espèce d’oblomovtchina, dit-il enfin. (…)
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– Quel est donc selon toi l’idéal de la vie ? Qu’est-ce qui n’est pas oblomovtchina ? demanda-t-il timidement, doucement. Crois-tu vraiment que les autres ne désirent pas ce que je désire ? Allons donc, ajouta-t-il avec plus de hardiesse. Oui, le but de vos agitations, de vos passions, de vos guerres, de votre commerce, de votre politique, n’est-il pas, quand tout est dit, le repos ? N’aspirez-vous pas, les uns et les autres, à retrouver ce paradis perdu ? » Dès lors, il ne lui reste qu’à rêver à l’Oblomovka, ce village de l’enfance : « Et peu à peu, il connut un état voisin de l’hallucination. (…) Et il revoit le grand salon obscur de la maison paternelle, éclairé par une seule bougie de suif (…). Le présent, le passé se rapprochent, se mêlent. » Dans sa déchéance, Oblomov délivre une douce lumière, dont témoignent ses proches, « son âme était claire, limpide comme du cristal, noble, tendre. »
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Ce qui distingue nos deux combattants de l’ennui volontaire est que Bartleby semble n’avoir aucun horizon. Oblomov, lui, songe à la terre de l’enfance comme à un banquet eschatologique, véritable voie vers l’apatheia : il est une sorte de starets qui reçoit dans sa chambre le monde entier, dans la lignée aussi de cette sainteté passive qui a longtemps fasciné la Russie. Bartleby lui est un peu une antithèse de l’ascète intra-mondain du protestantisme décrit par Max Weber et Louis Dumont. Si aucun des deux ne représente un type achevé de l’ascète (il leur manque le dialogue intérieur et la communauté), l’ennui volontaire qu’ils incarnent pour mieux déconstruire la « société » ivre d’action recèle un pouvoir de métamorphose. Tant Bartleby qu’Oblomov connaissent comme une transfiguration, opaque pour le scribe de Wall Street, lumineuse pour le barine de Petersbourg, transformant aussi leurs proches, même si c’est de façon fort ambiguë. Ces stylites de l’ennui sont une pierre d’achoppement dans cette modernité à l’activisme horizontal. S’ils n’ouvrent pas complètement un rapport différent au temps, ils en sont des témoins irréductibles : le temps et l’être semblent se rejoindre dans la nostalgie d’Oblomov comme dans la pure présence de Bartleby. Ce qui leur donne d’expérimenter l’altérité dans son irréductibilité fondamentale. Laissons à Oblomov le dernier mot : « Mais sais-tu ce que c’est qu’un “autre” ? »
«
Court, je vous invite à lire ce texte, qui offre bien des perspectives.
Une analyse littéraire bien plus fouillee que mon intuition initiale.
Une analyse littéraire, bien argumentée.
Qui si elle fait un constat de similitudes, entre les « jalons » communs à Melville et Gogol, ne fait néanmoins pas ressortir ce qui brise ces hommes sans qualité, les personnages de Bartleby et de « le manteau » la centralisation administrative, anonyme et toute-puissante, préfigurant les totalitarismes nazionaux socialistes du XXeme et ceux du XXIeme, la technocratie commerciale de la mondialisation, l’Europe des technocrates, etc.
Je vous remets le lien.
Si vous ne comprenez pas ce qui est écrit, persévérez, Court.
https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_2005_num_76_4_6960
http://www.slate.fr/story/129446/oubliez-dostoievski-tolstoi-lisez-oblomov
»
C’est (Oblomov) un dépressif qui s’ignore, un mélancolique sans chagrin, un tourmenté sans réel tourment, un de ces êtres dont la vie intérieure est assez riche ou assez neutre pour envisager l’existence comme un éther dont il ne faudrait jamais sortir.
Une sorte de paresseux métaphysique, misanthrope par paresse, évanescent par nécéssité, qui ne revendique rien, n’aspire à rien, n’exige rien si ce n’est d’aller dans la vie comme un passager clandestin, sans fracas ni violence, remonter l’écheveau de son existence pour retrouver l’innocence de son enfance.
Un somnambule de la vie, un esthète de l’inaction, un doux rêveur qui pour garder sa pureté intérieure fuit le monde et son bavardage.
«
renato, c’est au sujet de ce que j’ai dit sur B. Arnault.
cela semble effectivement dans le même esprit qu’Olivetti : utiliser son argent non pas pour des biens matériels (distribuer de la nourriture dans des pays en famine), mais pour des choses immatérielles (fondations, musées, culture etc…).
le but étant que cet argent ne soulage pas les corps, la misère et les souffrances qui vont avec, mais alimente l’esprit, les Medicis ont fait pareil à la Renaissance et les rois de France aussi.
je ne vois ce qu’il y a comme Inquisition à pointer ce qui me semble être une espèce d’étrangeté humaine.
c’est comme ça, et il n’y a rien de grave à le dire, parce que le monde est ainsi fait.
en plus ce n’est pas plus de l’inquisition qu’un scoop :
cf l’extrait dans cet article :
« C’est bien sûr l’occasion du déchaînement d’une générosité ostentatoire et factice. On dégote un milliard d’euros pour réparer une bâtisse qui n’abrite personne : ni homme, ni femme, ni enfant. Les richissimes montrent que leur passion caritative est d’autant plus élevée qu’elle ne secourt aucun pauvre, aucun mal logé ou pas logé du tout. »
mais c’est comme ça et personne n’y peut rien.
« Découvrant avec bonheur Le livre de l’intranquillité de Pessoa, Pennac se disait alors convaincu d’y avoir lu le journal intime de Bartleby. »
vraiment pas très sympa (limite coup de poignard dans le dos) de profiter de l’occasion pour rappeler à quel point ce Pennac ne vole pas très haut, tartignole et à côté de ses pompes.
« Oblomov jouisseur épicurien ».
même dans le sens premier du mot épicurien visant à se construire une vie bonne à minima et suffisante par la volonté d’un ascétisme sévère cela ne correspond pas à la nature d’Oblomov qui se refuse à l’idée même d’avoir une quelconque volonté de quoi que ce soit.
si en plus on ajoute au mot « épicurien » le mot jouisseur cela renvoie à l’autre sens donné au mot « épicurien » à savoir utiliser tous les plaisir que la vie offre dans l’idée que ces plaisirs visent à l’atteinte d’un éventuel bonheur.
ce qui n’est pas le cas d’Oblomov mais de son ami Stolz (ça peut arriver parfois à ceux qui ne savent pas lire d’inverser les personnages d’un roman).
si Oblomov était un jouisseur il serait resté avec cette fille qu’il aime tant, il aimerait les mondanités et les sorties au théâtre.
Oblomov n’aime qu’une seule chose : son divan !
« jouisseur épicurien » suppose une volonté d’agir, ou même juste une volonté : Oblomov n’a aucune volonté, ce n’est pas un homme sans qualités, c’est un homme sans volontés.
la question est : comment à partir d’un homme aussi peu « littéraire » l’auteur arrive à en faire un roman d’une profondeur métaphysique exceptionnel.
parce qu’en parlant d’Oblomov l’auteur ne parle parle pas d’Oblomov : Oblomov est juste un miroir du monde humain où toutes les activités humaines n’ont jamais débouché sur rien du tout qui ait apporté la moitié d’une once de bonheur à l’humanité.
en parlant de l’ascétisme inactif et sans volonté d’un l’un l’auteur renvoie à l’activisme de tous les autres.
Gontcharov ne fait pas le portrait d’Oblomov, il fait le portrait du monde et de son histoire.
« jouisseur épicurien » ? j’ai eu l’occasion de lire pas mal de débilité sur ce blog, mais alors à ce niveau, c’est presque de l’art.
c’est comme l’autre qui voit Pessoa chez Bartleby.
sérieux comment en est-on arrivés là ?
Il faudrait que vous essayez, hamlet, de mettre ensemble une chaîne d’au moins 4 actions sans oublier la première. Mais peu importe. Venons au noyau de la question : chacun est responsable de ses actions, c’est donc à chacun de décider quelles actions commettre et non aux autres, surtout si les autres donnent une connotation morale à l’action suggèrée — connotation morale agrémenté d’un jugement implicite.
Cela dit, je pourrais vous dire : « Voyez les faramineuses quantités d’argent nécessaire pour combler la curiosité de quelques adolescents en retard sous couvert de recherche scientifique : savoir ce qu’il se passe au fin fond de l’univers ne me rapporte rien, tandis qu’avec le même argent ils pourraient résoudre tous les problèmes de l’Afrique et pas seulement ».
Ce n’est qu’un exemple, mais en voilà un autre.
Il y a quelques années de là, une religieuse plutôt conne accusa d’inhumanité les gens qui partagent leur vie avec un animal domestique, car ils dépensent pour les nourrir de l’argent qui serait utile pour nourrir les pauvres — elle avait peut-être en ligne de mire Pape Ratzinger et son chat… mais peu importe, puisqu’on n’en savons rien. Il lui fut répondu qu’elle n’avait qu’à proposer la vente des biens du Vatican et avec le produit de la vente distribuer de la nourriture aux pauvres.
Enfin-bref. Vous pointez l’action d’un individu, mais vous faites quoi réellement pour les autres : « Combien d’assiettes de soupe distribuez-vous ? »
« Jouisseur épicurien » est peut-être un peu excessif, hamlet, mais Oblomov homme sans volonté n’est pas exact non plus. Il a la volonté d’aller de son lit à son divan, de dormir, rêver tout à loisir et retrouver ainsi les sensations de son enfance. En quoi ce personnage serait-il si peu littéraire ? Il l’est tellement que cet adepte de la position allongée à donné naissance à la notion d’oblomovisme ou oblomovchtchina, mélange d’apathie, de léthargie, de rêverie inactive, qui se manifeste principalement dans l’horreur du travail.
S’asseoir et ses intuitions, attendons Sasseur et ses conclusions. De quoi rire en dehors du papier vieux ou plus récent. On s’etouffera bien que le ridicule n’atteignent pas encore les lignes
Sasseur. N’atteigne. Mes excuses
Pauvre pauvre Court, avec un indigence pareille, le royaume des cieux est pour vous, lol.
Ah oui, talons d’au moins dix centimetres. Quelle espèce que celle à laquelle elle, entre autres, elle appartient.
» I would prefer not to » : je n’ai pas vu que le billet évoque la parenté (évidente pour moi) avec le « To be or not to be » d’Hamlet.
Bloom dans ceux qui restent (à nommer) : l’excellent Mordecai Richler.
Je n’ai peut-être pas assez lu Malamud pour pouvoir juger, mais je ne le trouve pas franchement rigolo.
« Court, je vous invite à lire »… « je vous remets le lien ». Cela fait un peu, Divine Sasseur Dame patronnesse de blog ayant ses pauvres en esprit, mais c’est d’un ton inhabituellement modéré chez vous.
Saluons cette performance. Votre ulcère à l’estomac, consubstantiel à votre écriture, vous laisserait-il en repos? Bonne nouvelle pour les autres sur ce blog, si c’est le cas!Quant à ma supposée méconnaissance du comparatisme, je crois avoir eu de bons maitres en la matière, merci. MC
Si être c’est faire, ne pas faire c’est ne pas être. il est certain, en tout cas, que la sagesse passe largement par l’abstention t l’abstinence.
Si, quelqu’un l’a évoqué :
Être ou ne pas être, telle est la question.
Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches de la fortune outrageante, ou bien à s’armer contre une mer de douleurs et d’y faire front pour y mettre fin?
Mourir… dormir, rien de plus… et dire que, par ce sommeil, nous mettons fin aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles qui sont le lot de la chair: c’est là un dénouement qu’on doit souhaiter avec ferveur.
Mourir… dormir; dormir, peut-être rêver.
Oui, voilà l’obstacle.
Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes débarrassés du tumulte de cette vie?
C’est cette réflexion-là qui donne à nos malheurs une si longue existence.
Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde, l’injure de l’oppresseur, l’humiliation de la pauvreté, les angoisses de l’amour méprisé, les lenteurs de la loi, l’insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d’hommes indignes, s’il pouvait en être quitte avec un simple poignard?
Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d’où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas?
Ainsi, la conscience fait de nous tous des lâches; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée; ainsi les entreprises importantes et de grande portée se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d’action…
Du calme, maintenant!
La tentation-Bartleby est présente chez Oblomov. Mais celui-ci ne franchit pas le seuil décisif de son cousin américain. Il reste la proie d’hésitations-contradictions-tentations (par exemple, la tentation de vivre une histoire d’amour) qui font de lui un personnage romanesque complexe.
Du 24 octobre au 8 mars 2020, les cloîtres de San Pietro à Reggio Emilia accueillent le portrait énigmatique d’une jeune femme créé vers 1520 par le Correggio — prêt du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Créé au lendemain de son voyage à Rome où il étudie les travaux de Michel-Ange et Raphaël, il s’agit de l’une des œuvres les plus incisives du Correggio.
Dans une tentative d’identifier la femme représentée, Roberto Longhi avait cru qu’il pouvait s’agir de la poètesse Veronica Gambara — sur le bord de la coupe entre les mains de la fille, figure une inscription avec une citation du livre IV de l’Odyssée.
Œuvre qui peut valoir le détour :
Un article de Vargas Llosa sur Mario Benedetti, trop généreux dans ses jugements littéraires (l’uruguayen est un poète très médiocre).
https://elpais.com/elpais/2019/08/01/opinion/1564677892_107221.html
Jazzi, désolé mais encore non, Oblomov n’a pas seulement horreur du travail, tu vois bien la difficulté pour trouver le mot permettant de la qualifier, s’il n’avait qu’horreur du travail nous dirions qu’Oblomov est un oisif, ou un fainéant, mais il n’est pas que ça, du coup ajoutons d’autres qualificatifs comme ascète, un oisif ascétique, ça ne suffit pas encore, quel autre mot ? acédie ? un oisif ascète souffrant d’acédie, mais il n’a pas la mélancolie de l’acédie, et donc nous cherchons à nouveau un autre mot, rêveur ? peureux ? nostalgique de l’enfance (ça c’est le lecteur qui le trouve) et encore d’autres mots, épicurien ? pourquoi pas dans la mesure les premiers épicuriens limitait leur vie au strict minimum, et encore des dizaines d’autres mots pour le définir, pourquoi ? parce que ce personnage nous échappe.
Il n’est pas littéraire dans le sens disait d’Ulrich qu’un homme sans « caractère » n’est pas un personnage littéraire, et effectivement Oblomov relève plus d’un essai métaphysique, une ontologie de l’existence que d’un roman parce que dans le roman il n’y a pratiquement rien, tout ce qui est dit sur ce roman et ce personnage c’est le lecteur qui l’invente, chaque lecteur écrit le roman d’Oblomov et ça ne m’étonne pas que ce tu t’es raconté c’était sa nostalgie de l’enfance, parce qu’il te tend ce miroir, et d’autre il proposera d’autres miroirs, une infinité de miroir qui représente toutes nos existences sans que l’auteur n’en dise à aucun moment absolument rien de précis, l’action se résume à rien, du coup on pourrait faire d’Oblomov un anti héros et parler de Camus, et de Sartre, de Bartleby, de Musil, de Pessoa, et n’importe quel autre livre qui n’ont à voir jusqu’à Delaporte qui voit en Oblomov un « jouisseur épicurien ».
oups j’ai oublié un morceau de phrase :
Il n’est pas littéraire dans le sens dont BLANCHOT disait d’Ulrich qu’un homme sans « caractère » n’est pas un personnage littéraire,
@hamlet – 18h52
A propos de l’entretien d’embauche de votre roman :
« […] c’est sans compter sur les variations des forces qui interagissent sur le chemisier cintré quelques centimètres plus haut, la main de Samuel est à présent à quelques centimètres à peine de l’entrebâillement, il aurait fallu une règle pour mesurer la distance précise à présent entre sa main et le chemisier trop cintré de la responsable des ressources humaines, à l’évidence une règle seule ne sert à rien dans ces circonstances particulières dans la mesure où la distance évolue au fil du temps, il convient d’ajouter un chronomètre à la règle, seuls ces deux éléments, conjugués l’un à l’autre et utilisés de manière convenable permettent en l’occurrence de mesurer la vitesse de déplacement de la main vers le chemisier trop cintré, en l’occurrence une vitesse constante de l’ordre d’un centimètre toutes les dix secondes, soit 0,36 m/h, cette vitesse, bien que dix fois moindre que celle à laquelle se déplace un escargot lancé à pleine vitesse, est dans ces circonstances particulières, une vitesse qui donne le vertige à Samuel. »
Hum, si seulement Samuel avait acheté ce livre… il aurait pu lire dans « La science sourit dans sa barbe, ou : Première rencontre circonstanciée avec le mal » (chap.72 dans le II. « Toujours la même histoire ». Tome I de L’homme sans qualités dont Jacques Bouveresse a fait une analyse remarquable : « La problématique du sujet… ») :
« Le grand Galilée, par exemple, renonçant à savoir pour quelle raison intrinsèque la Nature avait horreur du vide au point qu’elle obligeait un corps en mouvement de chute à traverser et remplir espace après espace jusqu’à ce qu’il atteignit enfin le sol, se contenta d’une constatation beaucoup plus banale : il établit simplement à quelle vitesse ce corps tombe, quelle trajectoire il remplit, quel temps il emploie pour la remplir et quelle accélération il subit. L’Église catholique a commis une grave faute en forçant cet homme à se rétracter sous peine de mort au lieu de le supprimer sans plus de cérémonies : c’est parce que lui et ses frères spirituels ont considéré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indicateurs de chemin de fer, les machines, la psychologie physiologique et la corruption morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a commis cette faute,[…] etc.
Êtes-vous une réincarnation de Galilée ?
renato, je ne vois pas pourquoi vous ramener la question à moi : « et vous qu’est-ce vous faites ».
ce qui signifierait que si je ne consacrais pas ma vie à aider les autres je n’aurais pas le « droit » de dire que les riches préfèrent faire des dons à condition qu’ils ne profitent à personne d’un point de vue matériel ?
je ne vous pas trop le lien ?
par exemple Marx était un égoïste qui n’a jamais aidé personne, cela ne l’a pas empêcher d’écrire le Capital.
cela dit j’ai peut-être sacrifié ma vie pour les autres, qui sait ? à part Clopine nous ne sommes pas ici pour déballer notre vie privée n’est-ce pas ? pourquoi ? parce que nous n’avons pas la prétention de penser que notre vie puisse intéresser les autres, n’est-ce pas ? ce qui nous interdit pas d’émettre des avis, des opinions, des gouts, des jugements etc…
Christiane, merci ! merci aussi d’appeler ça un roman, je ne crois pas que ça en soit vraiment un, plutôt une suite de sketches comme disait Jazzi, ce qui m’a fait plaisir, à choisir je préfèrerais avoir le talent d’un Devos que d’Angot.
vous avez lu le sketch de celui qui, sachant qu’une écrivaine va raconter leur vie, se fait passer pour un autre. si des écrivains passent par là alors ça pourrait l’objet d’un super roman ! une façon de relativiser la notion d’autofiction : si les auteurs n’ont pas plus d’imagination qu’une pendule il faudrait que leurs personnages en aient à leur place, que la fiction ne vienne pas de l’écrivain, mais de son personnage.
je n’ai pas dit la suite : quand l’écrivaine se rend compte que son personnage lui a menti elle lui fait un procès…
JURY POPULAIRE ?
M’adressant, sur son blog, à un magistrat honoraire :
Neuf fois sur dix, je suis en complet accord avec vous. C’est ainsi. Sur les mille sujets que vous avez abordés, un des seuls qui nous sépare est celui du maintien ou de la suppression du jury populaire. Votre longue expérience de magistrat, en particulier en matière criminelle, vous donne des lumières que je n’ai pas. Je devrais passer mon tour aujourd’hui et me borner à un silence modeste et circonspect. Je ne puis.
Dix mille avocats, dix mille magistrats, dix mille experts du droit auront beau plaider pour la jury populaire, je n’en démordrai pas. Ils ne me feront jamais croire que Germaine Brougnard, charcutière, Pierre Dugland, éboueur, Kevin LE Trouadec, chauffeur de taxi, Bryan Turpin, sans emploi,Jean-Pierre Gorju, plombier, Sylvain Gillette, technicien de surface, Jacques Mallet, marin de commerce, Jean Dupont, limonadier sont plus à même de bien juger un crime de sang ou un viol que trois magistrats professionnels, qui connaissent le droit, qui peuvent comparer les faits avec des faits antérieurs. La plupart des jurés n’ont jamais mis les pieds dans un prétoire. Est-ce vraiment un atout maître ?
précision : quand l’écrivaine se rend compte que son personnage lui a menti en faisant passer pour un autre elle lui fait un procès…
un peu comme si le paparazzi de Camille Laurens était en vérité, non pas paparazzi bas de plafond, mais un professeur spécialiste en histoire médiévale, elle pourrait lui coller un procès parce que ça foutrait son bouquin en l’air.
je m’étonne que ce genre d’histoire ne soit pas encore arrivé.
arrivéE
désolé : « arrivé »
non : arrivéE
@hamlet dit: 4 août 2019 à 11 h 35 min
souvent je cherche des réponses dans cette génération début-de-siècle à Vienne : Musil, Kraus, Wittgenstein… dans leur investigation dans les jeux de langage. Nostalgie du récit perdu… et dans ce chapitre « La science qui sourit dans sa barbe » Musil rend compte de certaines zones sombres de l’esprit en ironisant sur l’idéalisme souvent attribué à la science (Salons de Diotime), rappelant l’illusion de l’innocence. Le plus probable est-il déterminé d’avance ou cela arrive-t-il par hasard ?
Cela aussi dans vos… sketchs.
Si je peux me permettre d’entrer dans la discussion, la différence entre Oblomov (enfin, une des différences…) et Bartleby est le réalisme.
Nous avons tous rencontré, nous connaissons tous des répliques d’Oblomov.
Bartleby est beaucoup plus rare, à cause de sa fin tragique… Personnellement, je connais quelques jeunes gens dont la passivité surprenante est à inscrire, à mon sens, dans le désenchantement généralisé de l’espèce humaine vis-à-vis d’elle-même. Mais aucun d’entre eux n’irait jusque là où va Bartleby.
Ce qui me fait penser que Bartleby est bien plus une idée qu’un vrai « archétype », et que l’important n’est pas ce qu’est ou ressent Bartleby, mais ce qu’il provoque chez autrui.
Tandis qu’Oblomov, à la bonne heure ! Nous sommes de plain-pied, là. Non seulement nous en connaissons, non seulement nous pourrions tous écrire notre Oblomov, en adaptant simplement son environnement (Oblomov en Amérique, Oblomov à Paris en 2019, Oblomov – Tartarin) mais encore il y a toujours un peu d’Oblomov en nous…
Tandis que Bartleby ?
Bartleby n’existe pas vraiment. Il n’est qu’un négatif, qu’on disait pour les photos, dans l’ancien temps.
»
Ce surinvestissement de la figure de Bartleby pose question. S’il témoigne d’une fascination de la littérature pour une certaine forme de grandeur dans la pénurie –« une pénurie qui serait le contraire d’une privation45 », il est aussi le signe d’une difficulté à penser la possibilité d’un exit au départ, non d’une double négation (le renversement d’une misère en grandeur), mais d’une authentique positivité critique. En d’autres termes, l’engouement pour Bartleby et, à travers lui, pour les formes de résistances à la littérature, n’est-il pas significatif d’un épuisement des formes de résistances en littérature ? »
Parce qu’il faut toujours commencér par soi-même, hamlet. C’est une question de civilité, mais comme toujours avec vous lors de la quatrième action la première est oubliée. Donc, vous, qu’est-ce que vous faites pour soulager la vie des pauvres ?
Hamlet, là :
« à part Clopine nous ne sommes pas ici pour déballer notre vie privée n’est-ce pas »
Vous allez bien calmement m’expliquer à quoi elle fait réellement allusion, et surtout en quoi cela diffère de ce que nous savons des costumes de théâtre de Lavande, des problèmes familiaux de Rose, du milieu de la psychiatrie pour El Alli, de la vie à Saint-Malo de Paul Edel et de ses voyages romains, etc., etc.
merci d’avance…
« tout ce qui est dit sur ce roman et ce personnage c’est le lecteur qui l’invente, chaque lecteur écrit le roman d’Oblomov et ça ne m’étonne pas que ce tu t’es raconté c’était sa nostalgie de l’enfance »
De même que toi tu t’es raconté l’histoire d’ « un homme sans volonté », hamlet.
Mais il n’est pas nécessaire pour affirmer (affermir) son point de vue de massacrer (dénier) celui des autres…
Cet été je préfère L’ancêtre de Juan José Saer. Du sud américain pur jus si je puis m’exprimer ainsi 🙂
Bartleby est d’essence terroriste, Clopine. Combien de Bartleby sont morts de la grève de la faim en Irlande pour avoir dit non à l’ordre Britannique ?
Oui, certes, Jazzi, mais ces suicides-là étaient des sacrifices pour une cause. Bartleby n’en revendique aucune.
Sur le site mis en lien précédemment, un article consacré à L’homme qui dort , GP confie avoir lu Kakka, son journal, meditation sur le péché , la souffrance et Melville,Bartelby avant de se lancer dans l’écriture de ce roman.
https://retro.erudit.org/revue/etudlitt/2011/v42/n2/1011528ar.html
Kafka.
Curieux que personne ne rappelle que Bartleby avait par le passé travaillé au bureau des lettres perdues à Washington, et que le narrateur suppose que le traitement de ces lettres mortes soit la cause de son étrange comportement.
« ces suicides-là étaient des sacrifices pour une cause. Bartleby n’en revendique aucune. »
C’est la force (la supériorité ?) du roman sur le livre d’histoire, Clopine. De la fiction sur le réel. Melville n’a pas besoin de donner une justification au comportement de Bartleby. Ainsi, chacun y projette sa vision, sa version. N’est-ce pas le propre de la littérature ?
renato, non il ne faut jamais commencer par soi-même, ce serait justement un manque de civilité d’agir ainsi vis à vis du monde, le monde existe en dehors de nous, il est ce qu’il est en dehors du regard que nous portons sur lui, chacun dans ses actions ne peut fait que ce qu’il est en son pouvoir de faire, du mieux que nous pouvons.
et toi Jazzy ? tu en as pensé quoi de ce curé ukrainien ?
Jazzy, je n’ai rien massacré du tout, j’ai juste essayé de te dire sur Oblomov ce que tu viens de dire à Clopine au sujet de Bartleby.
D’ailleurs, en réponse à la phrase toute dégueulasse d’insinuation d’Hamlet :
« à part Clopine nous ne sommes pas ici pour déballer notre vie privée n’est-ce pas »
Je voudrais dire que cela me rassure, moi. Car ce sont les trolls qui protègent jalousement, par tous les moyens possibles, leur « vie privée ».
Les autres, ma foi, au bout de toutes ces années, il est évident que nous commençons tous à nous connaître les uns les autres, surtout quand nos « éléments biographiques » sous-tendent notre rapport à monde. Lavande à Grenoble qui respire les bosquets de fleurs de la seule ville importante de France pilotée par un maire écolo, à mon sens, ne vient pas « déballer » ici, mais simplement témoigne de sa vie et de ce qui a de l’importance pour elle; Jazzi incapable de vivre ailleurs qu’à Paris, qui nous indique quels films il va voir et fait parfois mention du prénom de son compagnon, ne dévoile rien d’autre que les lignes de force de sa vie, et ce qui le fait parler. Paul Edel n’invente rien : vous pouvez être sûr que les rues de Rome et les plages de Bretagne ont bien été vues par ses yeux…
Et ces personnalités-là, qui s’avancent sans avoir ni honte ni orgueil de ce qu’elles sont et ce qu’elles vivent, sont à mon avis bien plus saines et bien plus humaines que ceux dont on ne sait rien, sinon leurs masques, et encore, ceux-ci sont tellement grimaçants qu’on ne voit plus le regard caché, mais bien le mépris qui s’affiche ainsi.
Je hais les trolls.
Bérénice – 12h27
Vous venez de me donner un lien très important pour élucider Un homme qui dort de Georges Perec, grâce à cette excellente étude de Patrick Fortin-Tillard. Merci
« le narrateur suppose que le traitement de ces lettres mortes soit la cause de son étrange comportement »
ça c’est la lecture personnelle du narrateur, renato. Elle n’empêche pas les autres lectures ou hypothèses.
Ainsi, Clopine relie la décision de ne plus agir de Bartleby au refus de publier son manuscrit.
Pour Delaporte, Bartleby anticipe Ulrike Meinhof et l’abolition du travail par Hamon.
Moi je lui trouve des faux-airs de Gandhi le non-violent…
Qui dit mieux ?
Désolé hamlet, quand on pointe quelqu’un comme vous l’avez fait il faut commencer pas soi-même, mais les bonnes manières ne sont désormais qu’une option peu choisie. À propos, rien à dire pour ce qui est des quantité faramineuses d’argent allouées aux adolescents attardés qui étudient l’univers ?
c’est ce qui fait de Melville un auteur plus russe qu’américain, cette puissance évocatrice qui dépasse la narration est le propre des auteurs russes.
pourquoi ? parce que les russes ont la chance de ne pas avoir de philosophes : c’est bien de la faute à Descartes si nous avons eu droit à un Flaubert.
je ne sais pas qui parlait de Bellow au sujet des russes exilés en Amérique : Saul Bellow a montré la difficulté de cette double appartenance, voir la vie à Chicago avec les yeux d’un russe, voir la vie américaine avec des yeux de juif russe, avec toute la drôlerie et le burlesque qui peut en découler.
alors que Nabokov n’a jamais été russe, il n’a toujours été qu’un américain, alors que Conrad n’a jamais été anglais.
« ça c’est la lecture personnelle du narrateur… »
En littérature celle du narrateur n’est pas la dernière des opinions, Jacques.
« « jouisseur épicurien » ? j’ai eu l’occasion de lire pas mal de débilité sur ce blog, mais alors à ce niveau, c’est presque de l’art. »
Pour te rafraîchir la mémoire, hamlet !
renato, je ne comprends pas, j’ai pointé qui ? Arnault ? faire remarquer que les milliardaires français quand ils font des dons font en sorte que ces dons ne profitent pas aux pauvres ce n’est pas pointé du doigt, c’est juste exprimer une réalité.
à partir de là quoi je fasse dans ma vie cela ne changera en rien cette réalité.
et dire à quelqu’un que le fait de ne rien faire pour les autres devrait lui interdire d’évoquer cette réalité c’est totalement absurde.
quoi que je fasse de ma vie cela ne changera rien au fiat que nos milliardaires préfèrent faire des dons qui ne profitent jamais aux pauvres.
c’est comme ça, c’est ce qu’on appelle une vérité totalement indépendante de ce que nous faisons vous et moi de nos vies.
Elle est même la première, renato. Mais Melville, en bon auteur, insuffle en cours de route narrative, d’autres pistes possibles. Pour hamlet, qui a trop lu Musil, Bartleby c’est « l’homme sans volonté » !
« Oblomov relève plus d’un essai métaphysique, une ontologie de l’existence que d’un roman parce que dans le roman il n’y a pratiquement rien, tout ce qui est dit sur ce roman et ce personnage c’est le lecteur qui l’invente »
Faux. Soit hamlet ment, soit il n’a pas lu le roman, qui est plein de détails !
Nous ne somme pas sous l’une des dictatures des intellectuel pseudo-communistes de la deuxième moitié du XXe siècle, hamlet, si pour vous c’est absurde, votre parole ne vaut rien : parlez littérature, ça vaut mieux.
Tout cela est mis en perspective dans mon prochain ouvrage, où, Bérénice, aux côtés d’Oblomov et de Bartleby on retrouvera, entre autres, « L’Homme qui dort » de Georges Perec…
renato dit: 4 août 2019 à 12 h 36 min
Curieux que personne ne rappelle que Bartleby
si, renato, j’ai commencé parlà:par la fin ou presque;
vous avez entendu:Sollers se dit « le révolutionnaire » et dénonce le gout du KGB(CAGIBI) PSYChOSEXUEL;pourtant il récommande de faire apprendre des poèmes pour fortifier la mémoire et cela avec la bénédiction de psychanalystes avec lesquels il en a parlé
alors le KGB ERDELIEN?
Deux jours plutôt compliqués, et alii, je n’ai donc que survolé la RdL. J’ouvrirais le lien que vous avez mis en ligne. Mzrci.
J’ouvrirais > J’ouvrirai…
je n’ai me pas les contributeurs-trices -qui s’iffrent en employeurs pour servir leurs fréquentations juives comme modèles;
qui s’offrent
renato, je crois que j’ai compris, le fait de parler de dictature pseudo communiste m’a aidé à comprendre, et c’est pour ça que vous parliez aussi d’inquisition.
parce que vous pensez que le fait d’exprimer cette réalité est dans le but d’y porter un jugement moral : dire « regardez comme c’est mal ce qu’ils font ! »
en fait non, il n’y avait aucun jugement moral, il s’agissait juste d’un constat.
et je vais vous dire même plus, si vous voulez savoir ce que je fais moi personnellement, je vais vous le dire : je fais exactement comme ils font eux !
je fais comme Arnault ! comme eux j’essaie de trouver toutes les astuces pour ne pas payer d’impôt, et comme eux ces astuces ne profitent pas aux pauvres, j’y peux rien et personne n’y peut rien, c’est légal, c’est même encouragé par l’état !
c’est juste ça que vous vouliez savoir ?
CONTRIBUTRICES QUI s’offrent en DRH! pour le compte de qui?
c’est comme closer qui me traitait d’enragé bolchévique parce que j’avais que l’écart entre les pauvres et le riches ne faisaient que s’accroitre, alors qu’il s’agissait juste démettre un constat sur la réalité actuelle.
on vit dans un monde un peu bizarre vous ne trouvez pas ?
Bon, hamlet, plus envie. Reste qu’il s’agissait certes d’un constat, mais qui conterait avec un jugement. Comme dit, plus envie, d’ailleurs il s’agit d’un argument auquel vous êtes parfaitement imperméable, on risque donc de perdre notre temps.
mode du « j’assume…
la mode?
c’était interprété -critiqué -sans des séminaires il y a plus de quinze ans
Jazzy : comment peux-tu dire que c’est faux ?
tu n’as pas remarqué que tout ce qu’il se dit sur Oblomov (ou même Bartleby) est bien plus large, plus grand, plus profond, que ce qui est dit dans le roman ?
comme la Bible : ce sont les lecteurs qui enrichissent ces livres par leur lecture qui part dans tous les sens, en plus tu viens juste de le dire à Clopine.
tu te moques de moi Jazzy, tu veux me faire marcher ? c’est pas bien de se moquer.
dans des séminaires;il s’agit d’un régression
renato, non : pas de jugement, le monde est tel qu’il est et voilà ! c’est comme ça !
une régression
Jazzy : « jouisseur épicurien » c’est Delaporte qui l’a dit !
si ça avait été toi j’aurais pas dit ça !
si tu l’avais dit toi j’aurais même dit que c’était bien trouvé comme idée !
nos sentiments déforment parfois nos jugements Jazzi, c’est comme ça…
On est reparti dans une crise de bartelbite aigüe!
Il paraît qu’il faut s’extasier devant ce personnage de taré incurable qu’à la place de son patron j’aurais viré manu militari dans les 48heures.
Blanchot, Deleuze, Derrida se sont intéressés à son cas, sans compter d’innombrables psy…c’est vous dire son importance. Passou lui-même en personne semble fasciné et y reviens de temps à autres.
Et s’extasier surtout devant cette phrase immortelle: « I would prefer not to », dont la seule traduction possible est « J’aimerais mieux pas ». L’emploi du verbe préférer au conditionnel est impossible: trop lourd. Donc « aimer mieux » s’impose. « J’aimerais mieux pas », c’est le niveau de langue de « I would prefer not to » et c’est audible.
Bartleby n’est pas méchant, pas antipathique, c’est un paumé, un pauvre type, mais quand on est notaire, on a pas vocation à faire la charité à ce genre de bonhomme. Un bon chrétien pouvait s’arranger pour le faire entrer dans une institution adaptée à son cas et embaucher un remplaçant illico, soit. Pas de quoi en faire un fromage.
Y’en a un peu marre de Bartleby Passou. Trouvez autre chose.
« ce sont les lecteurs qui enrichissent ces livres par leur lecture qui part dans tous les sens »
ça c’est bien vrai, hamlet. J’en ai fait l’expérience sur le billet de Passou consacré à la Méditerranée et, accessoirement, à mon goût de…
L’évocation de leurs Méditerranée par les commentateurs avait superbement enrichi le débat et l’ouvrage de départ (les mauvaises langues diront que ce n’était pas bien difficile) !
J’ajoute que j’ai terminé « Moby Dick » par devoir. On nous a bien fait comprendre depuis tout petit qu’il était inconcevable de ne pas considérer Moby Dick comme un chef d’œuvre. Ç’en est un, je ne le conteste pas, à cause de la grandeur tragique de son héros qui est un peu plus intéressant que cette nullité de Bartleby. Mais que de tunnels marins, ennuyeux à mourir, faut-il se farcir!
l’employeur de Bartleby est convaincu d’être un grand connaisseur d’hommes, qu’il est un psychologue émérite, comme les contributeurs qui seraient eux de « vrais lacaniens »; remettons au moins les essais des profs de philo dans leur contexte , leur temps qui n’était pas celui des misstrollet leurs soupirs ahanés
et alii 4 août 2019 à 13 h 35 min
je pensais aux politiques et aux dirigeants.
De la même façon je pourrais évoquer l’emploi du terme « tabou » (tout ce qui ressemble de près ou de loin à une protection sociale, tout ce qui s’écarte de la loi de la jungle).
Cela ne me fait pas pour autant supposer que le terme soit nouveau et n’ait jamais été traité dans les séminaires ni employé par S. Freud.
Et c’est à ce titre (seulement) que je parlais de « mode ».
(Mais si vous me trouvez des séminaires ou des actes de colloques qui éclairent le détournement actuel de ces termes, je m’instruirai avec plaisir.)
Misstroll comme Savant et lettré, comme en témoigne sa bibliothèque, Faustroll, soudainement expulsé de son domicile par un huissier, entame en 1898, accompagné par son singe, Bosse-de-Nage, et l’huissier précité, René-Isidore Panmuphle, un voyage « de Paris à Paris par mer3 », qui le conduit à la mort,
comme si Mistroll ne pouvait pas se transbahuter dans un séminaire heidegger!
: 4 août 2019 à 14 h 08 min
j’aimerais mieux pas vous priver du plaisir d’une recherche:bonne journée ;cliquez, cocliquez, il en restera toujours quelque chose
« L’Homme qui dort » de Georges Perec…
Le personnage de Perec est plus proche de Bartleby. Il traverse une grave crise psychiatrique d’apathie. Il ne meurt pas, mais ressuscite à la vie. Il y a un espoir chez lui, plus du tout chez Bartleby.
Ce qui est amusant, c’est que l’auteur d’ »Oblomov », Gontcharov fut un petit fonctionnaire qui travaillait au service de la censure du Tsar. Lénine dans ses discours s’en prenait régulièrement à « l’oblomovisme » , cette apathie, cette aboulie, pour lui ,grande tare des russes .Ce qu’on oublie toujours de dire, c’est que le personnage féminin central, celui d’Olga, est admirable dans la seconde partie du roman, vraie grande histoire d’amour, toute en nuances et profondeur.., un des plus beau portraits de femme du XIX° .Olga est un personnage bienveillant, lucide, plein de maturité, de fraicheur, d’intelligence .Gontcharov se révèle là un admirable psychologue, et je le mets au niveau de Stendhal avec la création de ce personnage d’Olga. Dostoïevski et Tolstoï tombaient d’accord pour dire que c’était un admirable écrivain. Pas une phrase de son roman n’a vieilli.
closer c’est sans doute parce que vous n’êtes sensible, comme dit Pennac, aux « monades closer ».
question posée à Pennac par un auditeur lors d’une de ses lectures : « c’est quoi une monade close ? »
réponse de Pennac : la monade close est la plus terrible des monades, c’est une monade qui ne donnent à personne envie de rire, alors que la monade ouverte peut parfois être drôle, je dis bien parfois, car il existe des monades ouvertes qui ne donnent pas envie de rire. Mais la moins drôle des monades ouvertes sera toujours plus drôle qu’un monade close ! La monade close est une monade qui terrifie ! Regardez ! Rien qu’en prononçant ses mots mes poils se dressent sur ma peau, mes mains tremblent, mon coeur s’accélère.
Dans une loi parue le 37 mars 1936, il est rigoureusement interdit d’évoquer les monades closes dans les lieux publics. Le fait d’être close, sa clositude, provoque des effets de replis du groupe sur lui-même. Phénomène déjà perceptible au sein d’un individu seul, sous l’effet de la monade close, l’individu se repli sur lui-même et son ventre se noue sous l’effet de repli.
Pour rappel, petite histoire de la monade close. La monade close fut inventée au 4è siècle avant notre ère par un philosophe crétois dont on n’a perdu la trace autant que le nom, l’histoire dit que sa découverte l’a rendu fou, pour finir il s’est suicidé !
Car, mes très chers auditeurs, c’est bien que réside le plus grand danger de la monade close : elle pousse ceux qui en font les frais au suicide ! »
closer, en fait quand passou veut souffler il parle de Bartleby.
comme j’ai une mémoire d’éléphant je me souvient de tous ses articles sur Bartleby :
2007 : un nouveau traducteur vient de traduire « i would prefer not to » par « j’aimerais ne pas », saluons cette avancée dans le domaine de la traduction.
2009 : salut les amis ! Bartelby vient d’être retraduit, pour traduire le « i would prefer not to » il a eu l’excellente idée de chosir : « j’aimerais mieux pas »
2011 : nouvelle traduction de Bartleby….
et comme ça nous en avons en moyenne un tous les 2 ans.
closer, je pense qu’il faut être bon public, passou est sympa, cet endroit est sympa, les gens qui le fréquentent sont sympas, du coup le mieux qu’on puisse attendre de votre part serait une remarque du genre « ah oui ? c’est génial ! »
jouez le jeu nom d’une pipe !
j’ai horreur des gens qui font du mauvais esprit.
j’ai pas raison renato ?
Tout à l’heure, en faisant la cuisine, je mets la radio et sur France-Info et j’entends la chronique des expositions d’art d’Anne Chépeau. Elle parle et elle fait parler le conservateur du Musée Soulages qui organise une exposition sur Yves Klein. Le type incapable de faire autre chose que des tableaux bleus chez le type incapable de faire autre chose que des tableaux noirs. Les deux sont hilarants, parlant de Klein comme si c’était un grand artiste, alors que comme tout le monde qui a un peu de sens commun sait, c’était un grand fumiste, encore plus fumiste que Soulages.
Après cela, je passe à France-Culture, où je tombe sur le programme L’Art et la Matière, dont le thème est « Peter Bruegel, anthromorphiste de la nature », et dans lequel plusieurs experts parlent de la complexité des tableaux du flamand.
Et je me disais: est-ce possible qu’il ait des crétins qui croient que Peter Bruegel et Soulages-Klein faisaient le même métier, des crétins pour qui les 3 sont des artistes importants de l’histoire de la peinture, des crétins qui pensent sincèrement que l’art de l’époque de Bruegel débouche tout naturellement sur l’escroquerie de l’art abstrait en général et des monochromes en particulier?
Ce dont je suis sûr ce que dans 100 ans on va beaucoup rire des l’art officiel de maintenant, de nos pompiers abstraits – comme nous on rigole aujourd’hui des sommes énormes qu’on payait au XIXe siècle pour des tableaux de Meissonier ou de Bouguereau, par exemple.
« Le nombre des imbéciles est infini », disaient les anciens. 20-25 siècles après, aucun changement dans ce domaine.
« Expos d’été. Les cris bleus d’Yves Klein
Direction Rodez et plus précisément le musée Soulages qui consacre actuellement une rétrospective au peintre Yves Klein, connu dans le monde entier pour son célèbre bleu, baptisé IKB, International Klein Blue. »
Peter Bruegel, anthromorphiste de la nature
ne sommes-nous pas des êtres humains faits de chair et de sang ?
pas comme l’autre cyborg suédoise de mes deux qui vient nous gonfler avec des problèmes de climat alors qu’elle en Suède !!!
ces pauvres vikings qui ont dévasté l’Europe doivent se retourner dans leur tombe de voir ça.
closer dit: 4 août 2019 à 13 h 53
Closer vous offrez la même traduction et la même exaspération que ce fin Michel Volkovitch :
minhttp://volkovitch.com/rub_carnet.asp?a=pe81
« Et je me disais: est-ce possible qu’il ait des crétins qui croient que Peter Bruegel et Soulages-Klein faisaient le même métier »
c’est marrant je me fais parfois la même réflexion par rapport à Onfray et Spinoza, ou Angot et Stendhal : leur métier porte aussi le même nom.
Lieux à revisiter, 12 Speculum Dianae :
« Le personnage de Perec est plus proche de Bartleby. »
Ce qui le sauve de la mort, Delaporte, c’est la marche : interminables marches de nuit dans Paris, et la machine dépressive repart !
Pour rester sur le thème des lecteurs qui nourrissent le roman par leur lecture personnelle, voyez Paul, il lit Oblomov et il ne voit qu’Olga !
devant un tableau du 17è les gens ont du critiquer les peintres du 16è, c’était plus classe que Bruegel :
@Closer
comme le lien ne semble pas fonctionner je mets en ligne ce texte piquant de Michel Volkovitch :
« I WOULD PREFER NOT TO
Célèbre phrase, dite et redite par le héros du Bartleby d’Herman Melville, savamment commentée par MM. Blanchot, Foucault, Bataille, Deleuze et bien d’autres. Terrible phrase : de quelque façon qu’on la traduise en français, c’est un désastre.
On pourrait penser que mes consœurs et confrères anglicistes éviteraient de s’y frotter, eh bien non ! Ils se bousculent ! Je reviens d’une courte virée sur Internet avec les noms de six audacieux, et j’en oublie peut-être : Pierre Leyris (deux versions à lui seul), Michelle Causse, Jean-Yves Lacroix, Jérôme Vidal, Bernard Hoepffner et Philippe Jaworski. Du beau monde. Sont-ils tous masos ? Ou serait-ce l’échec des précédents qui pousse les suivants à se lancer ?
Sept traductions différentes répertoriées. Présentons-les, par gentillesse, de façon anonyme :
Je préférerais ne pas le faire
Je préférerais n’en rien faire
Je ne préférerais pas
Je préférerais ne pas
Je préférerais pas
J’aimerais mieux ne pas le faire
J’aimerais mieux pas.
Ce qui me sidère d’abord, c’est le nombre de versions où «préférerais» s’étale. Ce mot est une horreur sonore. Les horreurs, ça peut servir parfois, mais dans le cas présent la formule-refrain de Bartleby devant être aussi brève et bien frappée qu’en anglais, je m’en voudrais, quant à moi, de la plomber par ce mot terne, rugueux et interminable. Que tant de beaux esprits aient recours à lui me met mal à l’aise, comme à chaque fois qu’une de nos évidences est contestée, qu’on se sent soudain minoritaire, marginal, qu’on se demande : et si le fou, c’était moi ?
Je préférerais «J’aimerais mieux». «J’aimerais mieux ne pas le faire» me semble long et plat. «J’aimerais mieux pas» ? Meilleur sans doute, mais du coup le ton n’y est plus. «I would prefer not to» est une formulation admirablement dosée, ni familière ni insolite, juste un peu alambiquée, un rien précieuse. On dirait normalement «I had rather not» ou «I would rather not». «J’aimerais mieux pas», trop relâché, trop court aussi, me paraît bien direct et brutal pour habiller la résistance passive, l’inertie douce du personnage — même si, à tout prendre, la brièveté ici est un moindre mal, s’agissant d’un personnage mutique.
Bilan : sept versions plus ou moins boiteuses. N’accablons pas les traducteurs : c’est notre langue ici qui les trahit.
Un instant, présomptueusement, je pense avoir trouvé mieux :
«J’aimerais mieux m’abstenir».
Le sens y est. Le ton aussi. Le rythme est bon. Alors qu’est-ce qui me gêne ? Les diverses gloses de mes confrères m’aident à y voir clair. Le coupable, c’est sans doute le verbe rajouté, addition légitime ailleurs sans doute, mais qui dans ce cas précis rompt le charme. D’abord, la phrase devient trop carrée, trop assise. «I would prefer not to» nous touche par son côté inachevé, la phrase reste «en suspens», laissant «un silence mystérieux» — est-ce un hasard si cette belle remarque vient d’un homme de théâtre, le metteur en scène David Géry ? Tout texte est un texte de théâtre. Tout traducteur est metteur en scène.
Un anglophone répondrait qu’en anglais cette phrase est grammaticalement normale et que pour sa part il est bien moins sensible à ce suspens qu’un francophone. Soit. Si «s’abstenir» pose problème, c’est avant tout, je crois, par la précision, si ténue soit-elle, qu’il apporte. «I would prefer not to» atteint au dépouillement absolu, dans son refus très bartlebien de seulement mentionner ce qu’on va faire ou ne pas faire ; dire qu’on s’abstient, c’est déjà trop.
Retour à la case départ. Je penche peut-être pour mon «J’aimerais mieux m’abstenir» trop explicite, mais seulement si je devais absolument choisir — et j’aimerais mieux pas.
* * *
(publié dans PAGES D’ÉCRITURE N°81 en juin 2010)
J’aime beaucoup ouvrir les pages mensuelles de son blog. (volkovitch.com)
C’est un traducteur amoureux de la langue française et de la poésie grecque. Je l’ai découvert au moment où je cherchais une nouvelle traduction d’Odyssèas Elỳtis pour Axion Esti, le grand poème d’Elytis mis en musique par Mikis Theodorakis. Dans le commerce il n’existait pour Gallimard que celle des traducteurs patentés Xavier Bordes et Robert Longueville.
devant un tableau du 18è les gens ont dû se moquer des peintres du 17è, plus classe qu’un de La Tour :
« Je préférerais ne pas le faire
Je préférerais n’en rien faire
Je ne préférerais pas
Je préférerais ne pas
Je préférerais pas
J’aimerais mieux ne pas le faire
J’aimerais mieux pas. »
Je préfèrerais m’abstenir.
devant un tableau du 19è les gens ont dû se moquer des peintres du 18è, plus classe qu’un Watteau :
« est-ce possible qu’il ait des crétins qui croient que Peter Bruegel et Soulages-Klein faisaient le même métier »
pablito
Tiens, pour une pablito ne nous sort pas une ânerie :
Bruegel et Soulages n’ont jamais été foutus de faire un cinquième de hanche.
pour une fois, bien sûr
Jazzi dit: 4 août 2019 à 12 h 18 min
« Bartleby est d’essence terroriste, Clopine. Combien de Bartleby sont morts de la grève de la faim en Irlande pour avoir dit non à l’ordre Britannique ? »
Les grévistes irlandais, des terroristes?
Ils sont morts parce que la mère Tatscher n’avait pas levé son doigt de fer pour engager des négociations. Et pour ce qui était de sa manière à elle de négocier, demandons leur avis aux marins du Général Belgrano>/i>
bon dimanche à tous
« est-ce possible qu’il ait des crétins qui croient que Peter Bruegel et Soulages-Klein faisaient le même métier »
pablito
Note quand même une légère erreur de ta part pablito : bien que très âgé, Soulages est toujours vivant.
Hermann Ingold, l’héros de Vie éternelle : un bibliothécaire disparaît.
@Pablo75 dit: 4 août 2019 à 15 h 22 min
Je viens d’écouter cette émission. Un régal. C’est à propos de la grande expo-rétrospective qui s’était tenue à Vienne, au musée des Beaux-Arts. J’avais vu lors de mon voyage en 2013 (Klimt), dans une salle quasiment vide les 12 panneaux de Pieter Bruegel l’Ancien (dont la Tour de Babel), qui font partie de la collection permanente.
Dans cette émission si intéressante (merci d’avoir mis le lien), j’ai découvert comment son voyage en Italie, lui a inspiré des dessins de paysages que l’on retrouve dans plusieurs tableaux (La Chute d’Icare).
Je regrette de ne pas avoir vu son « Paysage de neige » (Je ne connais pas ce tableau) ainsi que ses dessins et estampes.
« Le nombre des imbéciles est infini »
En passant sur le fait que cette phrase soit une absurdité,
il est très intéressant de noter qu’elle est citée par pablito, ce qui nous permet immédiatement d’amorcer le recensement :
un, pablito.
deux, … (j’aurais bien un nom mais …)
je crois que « l’empoyeur » -le narra&teur -essaie trop et réussit à nous faire croire que lui est un type sur lequel in n’y a rien à redire,, qu’il est un type sans histoire, un patron parfait, alors qu’en réalité bartleby a& surement perçu quelque chose squr quoi il ne peut rien dire, qui est l’objet du « ne pas » parce qu’il n’est que l’employé, mais quelque chose de symptomatique
l’employeur;
et peut-être que lui, le narrateur a très bis compris ça , et les autres aussi qui sont gagnés par le « mal »
la question chère à internet et aux erdélien-ne-s ce serait QUIest ce narrateur en réalité ?qu’a compris Bartleby -et de quoi il avait peut-être une idée avant? oui, qui est-ce ce fameux patron qui couillonne tout le monde, erdéliens compris
pado, non, en fait c’est la grosse différence entre l’art et la technique, en art point de notion de progrès, à chaque transition ce qu’on gagne d’un côté on le perd de l’autre, sinon ce serait trop facile.
du coup le fait même de comparer Soulages à Bruegel n’a intrinsèquement aucun sens, c’est comme comparé Mahler à Beethoven, ou Wagner à Mozart, ou Cage à Haendel, ça rime absolument à rien, mais absolument à absolument rien !
et ça je pense que déjà un gamin de 12 ans au collège il doit le savoir, sinon il l’apprend en terminale avec son prof de philo.
en tout cas l’âge adulte c’est en principe un truc acquis de tous sur lequel on ne discute.
[Vie éternelle, par Felix Philipp Ingold, Ed. Maurice Nadeau.]
comme comparER
« et alii dit: 4 août 2019 à 16 h 41 min
je crois que « l’empoyeur » -le narra&teur -essaie trop et réussit à nous faire croire que lui est un type sur lequel in n’y a rien à redire,, qu’il est un type sans histoire, un patron parfait »
alors ça c’est une lecture qui sent le bolchévisme à plein nez…
et alii je serais vous je ne m’aventurerais pas sur cette voie quelque marxisante de Bartleby, vue l’ambiance qui règne sur ce blog je sens que vous allez vous faire dégommer très vite.
et alii, je vais vous donner en secret un lien qui pourra vous intéresser, mais surtout vous ne dites à personne que c’est moi qui vous l’ai donné, je ne veux surtout pas avoir d’ennui…
https://la-philosophie.com/lecture-de-bartleby-le-scribe-herman-melville
: 4 août 2019 à 16 h 53 min
non, hamlet, une réflexion sur un mot qui court parmi les psychanalystes sur l »analysant -et son psy
« il n’en veut rien savoir »:vous non plus apparemment!
Bahia a raison de le préciser, les grévistes irlandais, sacrifiés par cette horrible et criminelle Mme Thatcher (le réverbère quotidien du chanteur Renaud !), n’étaient en effet pas vraiment des « terroristes », mais des résistants catholiques qui oeuvraient pour la liberté. Ils ont fait la grève de la faim pour protester contre les conditions de violence inimaginables qui leur étaient faites, et qui étaient imposées aux catholiques de l’Ulster. Leur combat contre l’occupant était digne et reconnu par l’Eglise catholique, qui les soutenait à 100 %. Ils avaient eu le courage de dire non à l’oppression et à la violence d’Etat des Britanniques. Ceux-ci, Mme Thatcher en tête, nouvelle Golda Meir, nouvel Hitler, se sont comportés comme les pires brutes de la sauvagerie humaine. Ce n’est pas une page glorieuse de la couronne anglaise.
Merci Christiane. Je suis très flatté que Michel Volkovitch soit quasiment d’accord avec moi!
(je pense que l’adjonction du verbe s’abstenir est vraiment impossible)
L’employeur de Bartleby se présente comme une bonne poire philanthrope. Il n’y a dans ce texte aucun désir mimétique. Tout est déshumanisé, et annonce l’univers de la Shoah.
«Je me sens plus proche des lions de Chauvet que de la Joconde… Quand je vois leurs œuvres, je considère les peintres préhistoriques fraternellement !
Entrer dans une grotte peinte est pour moi, comme pour tout le monde, quelque chose de bouleversant : on entre dans un ventre, dans le ventre de la Terre et je suis toujours profondément ému quand j’y découvre les productions de ces hommes d’il y a des centaines de siècles…
Dans ces premières peintures, ils emploient du noir et aussi des terres brunes, ocres, etc. Et ils vont pour peindre, sous terre, dans des grottes, dans des endroits obscurs… cela a certainement un sens.
Pour les artistes, tout choix, toute technique sous-entend une métaphysique… Mais ce qui m’intéresse ce n’est pas pour quelles raisons nous supposons qu’ils les ont faites, mais comment et avec quoi ils les ont faites… comment ça s’est passé matériellement.
Le regard nous est personnel… nous n’avons pas les mêmes mythes, le même environnement social que les auteurs des peintures préhistoriques… Alors qu’est-ce une « œuvre d’art » ?»
Pierre Soulages
(Propos recueillis par Michel Lorblanchet le 2 septembre 2015 à Sète et au cours d’un dialogue devant les peintures pariétales de la grotte de Cougnac en 1996, in « Art pariétal : Grottes ornées du Quercy » (Editions du Rouergue, 2018, p. 465)
et alii, venez je vais vous dire un truc à l’oreille, vous avez remarqué que cette dimension politique de Bartleby n’est évoquée nulle part ici, ni passou ni les commentateurs, en fait c’est même la raison qui les pousse tous à se demander comment il faut traduire « i would prefer not to », pour éviter des débordements.
alors que ce bouquin est avant tout un livre éminemment politique évidemment, socio-politique, ce livre qui parait sans grand intérêt, qui ne raconte pas grand chose, où il ne se passe rien, peut s’avérer devenir carrément une bombe à retardement !
il suffit de multiplier le nombre de Bartleby par 10 millions pour que tout s’effondre, et je pense que c’est le message qu’a voulu faire passer Melville : votre système ne tient que par l’acquiescement tacite de tous, et ça on l’oublie.
mais chut, n’ébruitez pas trop la chose.
dexter renaît sous le Hamlet de 15h17 et l’affreux bolchevik s’éloigne…Alleluia!
closer dit: 4 août 2019 à 17 h 04 min
« (je pense que l’adjonction du verbe s’abstenir est vraiment impossible) »
Vous posez là un problème… J’avais buté sans savoir pourquoi sur l’introduction de ce verbe…
Dans Les rêveries du promeneur solitaire/I>, (« sixième promenade »), Jean-Jacques Rousseau écrivait :
« Je m’abstiens d’agir, car toute ma faiblesse est pour l’action, toute ma force est négative. […] Je n’ai jamais cru que la liberté de l’homme consistât à faire ce qu’il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu’il ne veut pas, et voilà celle que j’ai toujours réclamée, souvent conservée, et par qui j’ai été le plus en scandale à mes contemporains ; car, pour eux, actifs, remuants, ambitieux, détestant la liberté dans les autres et n’en voulant point pour eux-mêmes, pourvu qu’ils fassent quelque-fois leur volonté, ou plutôt qu’ils dominent celle d’autrui, ils se gênent toute leur vie à faire ce qui leur répugne, et n’omettent rien de servile à commander. »
Pour Bartleby, il y a hésitation, une sorte de perte de soi, une ambiguïté (possibilité d’un presque oui et d’un presque non), une ouverture et une fermeture dans les deux propositions qui se cognent (préférer / ne pas). Tout semble en suspension. Alors que s’abstenir indique une volonté.
Vous avez glissé, dans ce billet de Michel Volkovitch, le petit pois qui empêchait la princesse de dormir dans le conte d’Andersen !
Désolée pour l’italique, icône de fermeture incomplète.
hamlet, vous avez cent fois raison de souligner la question de la bureaucratie, d’autant qu’on a présenté le nazisme comme crime bureaucratique(je crois que l’on a renoncé à cette théorie)mais récemment on a vu, dans certaines affaires, comme les bureaux de certains »agents »(même des médecins!à Robert Debré avec une histoire de suicide))ont été « bousculés déplacés,retirés)et je me souviens d’une traductrice se plaignat de ne pas avoir de bureau, et d’un grand professeur se plaignant de la boîte qui lui tenait lieu de bureau pour recevoir)
I would prefer not to : Je passe
« nous n’avons pas les mêmes mythes, le même environnement social que les auteurs des peintures préhistoriques » (Soulages)
ah oui c’est vrai, c’est idiot je n’y avais jamais pensé avant…
heureusement que le seule chose que nous demandons aux peintres c’est de peindre, et aux musiciens de faire de la musique, et au footballeur de taper dans un ballon, c’est déjà assez le bordel si en plus on voit débarquer des types qui nous disent que nous n’avons pas le même environnement social que l’homme préhistorique sûr qu’on s’est pas sortis d’affaire.
Jorge, ne plaisantez pas avec ça, un jour ils tomberont sur des traducteurs qui leur répondront « i would prefer not to » et là croyez-moi passou n’aura plus rien à se mettre sous la dent pour l’été et ce sera le bordel sur ce blog !
ce que je veux dire c’est ce qu’on demande aux traducteurs juste de traduire et pas de répondre ou de mettre en application ce qu’ils traduisent, pas plus qu’on demande aux lecteur de ce bouquin de se pointer au bureau et de dire à leur chef « i would prefer not to ».
en fait tout ça c’est des histoire de pépètes, aussi bien pour les traducteurs que les employés de bureau, ils ont tous besoin de pépètes…
j’aurais dû écrire R.Debré avec des histoires de suicides(j’ai vérifiés sur internet)j’ai eu le temps de réfléchir à ces contributeurs -trices qui se présentaient à moi, comme des employeurs avec l’expérience du recul sur leurs « posts » ;qu’ils n’y reviennent pas ;ils jouent les jeunes femmes diplomées de pub qui dient toutes vouloir gérer des artistes-car voilà la mode!
ce sera le bordel sur ce blog !
hamlet, croyez vous vraiment que ce blog ne relève pas d’une esthétique du bordel, et certaines dames que j’aime mieux ne pas nommer en « entraîneuses »
@hamlet dit: 4 août 2019 à 17 h 51 min
Je regarde sur arte « L’art des fresques ». Celles de la grotte de Chauvet sont somptueuses : noir charbonneux sur le blanc de la roche, puis les ocres de l’argile…
qui disent toutes
… justement, au bordel:
« Client: Je voudrais vous xxxxx…
Péripatéticienne: I would prefer not to… »
Le regard nous est personnel… nous n’avons pas les mêmes mythes, le même environnement social que les auteurs des peintures préhistoriques… Alors qu’est-ce une « œuvre d’art » ?
Pierre Soulages
Si, mythes et environnement social bien à part, l’on se tient à l’essentiel — regarder les étoiles, raconter une histoire près du feu, la chose avec les femmes — rien n’a vraiment changé.
Si le regard nous était personnel nous ne serions pas en mesure de comprendre l’élan des œuvres qui ne participent pas de notre temps.
« Un artiste est tous les artistes », ha dit un poète.
l’élan des œuvres > l’élan TRANSMIS par les œuvres
Près de l’eau :
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