Comme un sentiment d’immense communion avec Kenzaburô Ôé
Avez-vous remarqué comme ses lunettes rondes lui vont bien ? Pourtant, cela n’alla pas de soi. Seul l’entretien littéraire permettrait de percer le mystère. Un genre en soi. Au mieux, tout un art ; au pire, futilités. La magie tient à l’accord de deux sensibilités, processus qui n’est possible que lorsque l’écrivain, prêt à tout donner, se tient face à une lectrice professionnelle qui sait tout de son œuvre, et éventuellement de sa vie, mais qui a l’humilité qu’il lui manque le superflu où se niche parfois une part d’essentiel, les ombres d’un jardin secret. Le cas de Mariko Ozaki (on nous pardonnera de ne pas procéder à la japonaise et de placer le prénom avant le nom) avec Kenzaburô Ôé pour L’écrivain par lui-même (sakka jishin o kataru, traduit du japonais par Corinne Quentin, 370 pages, 23,50 euros, Editions Philippe Picquier), l’un des rares ouvrages de ce genre à être aussi bien construit qu’écrit. Non seulement on y apprend énormément de choses sur l’un des plus grands japonais du siècle échu, mais on se prend à relire certains de ses romans ou de ses nouvelles à l’aune de ce qu’on découvre alors. On aura compris que l’exercice est passionnant quand les questions sont aussi intelligentes, fines et nuancées que les réponses.
Né en 1935, il a grandi dans une famille japonaise à l’ancienne, où le père ne s’adressait jamais directement à ses enfants mais, le cas échéant, par le truchement de la mère ; mais longtemps après, parvenu au faîte de son œuvre, l’écrivain en lui se dit encore trop immature pour parvenir à décrire une femme. Ôé doit tout aux livres qui l’ont fait. Aussi ne cesse-t-il de payer sa dette. Il avait déniché le tout premier, du moins parmi les étrangers, chez les bouquinistes : Fragments de la Renaissance française de Kazuo Watanabe, professeur de littérature française à l’université de Tokyo. Ce sera le livre de sa vie, celui qui lui révèlera la signification de l’expression « le sens du libre examen », interprété comme la libération des humains du pouvoir absolu de la religion chrétienne sur les consciences, et partant le début de la modernité, ce qui gouvernera son existence. Au moment de son mémoire de fin d’études, il hésita entre Pascal et Sartre, opta finalement pour « L’imagination chez Sartre ».
Des Français, il y en aura d’autres dans son panthéon, très différents les uns des autres, chacun valant pour l’originalité de son apport : Pierre Gascar, ce fut son extraordinaire représentation des animaux, un bestiaire sans pareil… ; C’est d’ailleurs l’intime commerce avec la fiction française qui l’a poussé à sauter le pas et à écrire des romans. Un chapelet de mots chez ce même Gascar, traduit en japonais par l’indispensable Watanabe, a agi comme un déclencheur : « un sentiment d’immense communion ». Ôé s’est naturellement transporté jusqu’au texte original, ce qu’il fait régulièrement ; on ne s’étonne pas d’apprendre au passage que 5% de son immense bibliothèque est constitué de dictionnaires, ceux de langues n’étant pas les moins nombreux, ce qui éclaire en grande partie son processus créatif. Car c’est en vérifiant les acceptions de cet « immense » que son premier roman s’est mis en marche, et cela n’a pas changé depuis :
« Même maintenant (2007), pour certains romans (je n’ai pas ce souvenir pour tous), je trouve un mot français ou anglais et pendant que je réfléchis à sa traduction en japonais, monte en moi le désir de développer dans un roman cette sorte de bourgeon qu’est l’univers sensible ou l’idée de ce mot. C’est à partir de là que je construis une histoire »
Il avait commencé à écrire des histoires qu’il juge, avec le recul, trop abstraites et conceptuelles, mais qui évolueront ensuite vers un fantastique proche de celui de Calvino, avec un certain esprit mystique se déployant autour du lien naturel entre la mort et la renaissance. Ce qui n’en fait pas un religieux pour autant, ne fût-ce que parce que la prière résiste aux mots, et qu’il met les mots au-dessus de tout. Les livres, donc. Pas que les français puisqu’il rend hommage au Pedro Paramo de Juan Rulfo, injustement négligé par ceux qui louent généralement le grand boom latino-américain, Blake, Yeats sans oublier La divine comédie (Caton d’Utique, dont Dante a fait le gardien du purgatoire, est son personnage politique préféré). Des poètes japonais mais guère de haïkus. Et un évènement, personnel, intime ô combien, et qui a tout changé : la naissance en 1963 de Hikari, un enfant souffrant d’un grave handicap mental. Depuis quarante ans, il adapte son emploi du temps à ce fils devenu un compositeur de musique ; Ôé travaille systématiquement jusqu’à minuit sachant Hikari se réveille toutes les nuits à cette heure pour aller aux toilettes ; il l’accompagne pour le protéger du froid, puis ajuster sa couverture lorsqu’il se recouche :
« A cet instant, je me dis que c’est peut-être là ce qui est « éternel » en moi ».
Trois minutes à peine, quelques mots échangés, mais un rituel quotidien qui fait autant de bien à l’un qu’à l’autre. Il ne cache pas qu’il avait écrit Une affaire personnelle (1964) dans l’espoir de surmonter cette douleur. De même, Changeling (2000) est né de la nécessité de surmonter la souffrance de sa femme et de lui face au suicide d’un de leurs proches. Dans un cas comme dans l’autre, écrire pour dominer les choses de la vie qui nous laisse démunis face au Mal, continuer à vivre mais par procuration dans des récits sans point d’orgue. Rien n’est plus universel surtout si, comme dans Changeling, l’expérience traumatisante qu’affrontent les deux héros lycéens n’est jamais désigné que comme « cela ». Ses romans sont d’ailleurs pleins de pseudo-couples, binômes hérités tant de la relecture passionnée du Quichotte que de sa propre expérience ; car pour avancer, dans la vie comme dans ses romans, il a toujours eu besoin de l’Autre, maître ou ami. Plus que du côté de Cervantès, c’est peut-être vers les fratries du type de celle qui unissaient Franz Kafka et Max Brod, ou Walter Benjamin et Gershom Scholem, qu’il faut se tourner.
Si on veut comprendre la structure de ses livres, il faut regarder des tableaux de Bacon, son peintre de chevet, dont il loue « la répétition décalée » autour d’une colonne vertébrale, la sienne portant le nom de son fils, Hikari. Si on veut saisir le flux qui irrigue sa fiction, il faut lire Noyade (2009) et se souvenir de sa hantise de l’eau, du courant de la rivière, du déluge, de l’inondation. C’est un enfant de la forêt. Il n’en est jamais sorti, les mots s’étant substitués au léger tremblement des feuilles d’un plaqueminier. Il a écrit jeune son tout premier poème qui n’a cessé de le hanter depuis :
Sur les gouttes de pluie/ Le paysage se reflète/ Dans les gouttes/ Un autre monde se trouve
L’amitié, profonde et durable, avec l’essayiste américain d’origine palestinienne Edward Saïd, est à l’origine de certaines des belles plus pages de ce livre qui n’en est pas avare. Avant tout, ils avaient l’exil en commun, Ôé considérant la forêt dans sa vallée natale comme un pays en soi. Sa forêt de fiction est une représentation de la forêt en mots, tirés de légendes japonaises et autres, se coagulant avec les mythes qui le fascinent pour se mettre au service d’histoires locales entendues dans la bouche de ses parents, le tout constituant l’inquiétante étrangeté de ses romans.
Ses engagements extra-littéraires ont été peu nombreux mais durables : l’opposition à la révision du Traité de sécurité nippo-américain, au nucléaire militaire et civil et, d’une manière générale, une posture d’opposition au pouvoir, mais sans que jamais son activisme ne prenne le pas sur la littérature (y compris chez le supporter de l’équipe de base-ball de Hiroshima). Cela lui a parfois valu d’affronter la société dans toute sa violence, certains le harcelant ou le menaçant jusque dans sa vie privée. Même le titre qu’il donna à son discours de réception du prix Nobel (1994) « Moi, d’un Japon ambigu » lui valut des attaques, malgré la référence évidente au « Moi, d’un beau Japon », discours prononcé un quart de siècle avant sous les mêmes lambris suédois et dans les mêmes circonstances par Kawabata.
Malgré son influence sur la génération suivante, celle qui tient désormais le haut du pavé littéraire, les Haruki Murakami (1949) , Le jeu du siècle ayant compté dans l’élaboration de son Flipper, Yôko Ogawa (1962) et Banana Yoshimoto (1964), il considère son écriture comme ancienne, lui qui, à peu avant l’événement du Nobel, annonçait publiquement qu’il n’écrirait plus de fiction ; car s’ils sont, eux comme lui imprégnés de littérature étrangère, eux sont plus sensibles à une langue orale, parvenant ainsi à un rayonnement quasi mondial auquel la génération de Ôé n’était pas parvenue. Sa propre importance, Kenzaburo Ôé ne s’en gausse pas, malgré les effets de la nobélisation. Lorsqu’il entend que de lui date l’exportation d’une littérature japonaise universelle et non entachée d’exotisme bon marché (malgré Tanizaki ?), il se récrie et cite plutôt Kôbô Abe ; à l’appui de son sentiment, il raconte qu’il avait un jour reçu une longue lettre de Jean-Marie Le Clézio détaillant son admiration pour ses nouvelles, mais les confondant en fait avec Murs de Kôbô Abe…
A propos, et ses lunettes ? Il en a changées dans les années 1980. Jusque là, elles étaient de format carré. Mais à cette époque, se consacrant davantage à la lecture qu’à l’écriture, il eut l’intuition que de grands lecteurs parmi ses pairs portaient des lunettes rondes. Vérification faite sur des portraits de Joyce, Sartre et alli, il en acheta une dizaine, non sans avoir constaté qu’elles convenaient mieux pour la littérature étrangère, des lettres de l’alphabet aux idéogrammes, verticalement et horizontalement, dans un incessant va et vient avec les dictionnaires, « le » livre qu’il emporterait sur une île déserte à condition qu’il soit électronique et qu’il fonctionne sur une batterie solaire !
En se penchant au chevet de sa vie, il confesse n’avoir jamais eu le souci d’exceller dans quelque savoir que ce fut, et ne s’en porte pas plus mal. On éprouve alors confusément quelque chose comme un sentiment d’immense communion avec cet écrivain, nostalgique d’un retour à la forêt natale, mouvement fécond car il le pousse à écrire encore au lieu de le paralyser dans la mélancolie ; au soir de sa vie, ce fascinant conteur s’intéresse comme au premier jour à la fameuse goutte de pluie, maquette parfaite condensant passé et futur, minuscule rassemblement de ce qui nous constitue.
(Photos D.R.)
875 Réponses pour Comme un sentiment d’immense communion avec Kenzaburô Ôé
Drop !-!.
Article trop fouillé pour cette heure et l’état où j’erre.
Demain il fera jour…
Au revoir, relire.
Les lunettes rondes
ne forment-elles pas
deux gouttes d’yeux ?
Binoculairement.
…
…courir ainsi,…après les écrivains traumatisés Non-Merci,!…
…
…quand c’est pas la soumission aux droites des emprereurs » japonnais « , nous pondre Pearl-Harpour et se retrouver avec l’atomique sur les tronches,!…
…les exemples de » l’esclave » écrivain, malgré-lui,!…à ouvrir ses Pampers d’histoires, Non-Merci,!…
…faut en être devin, un auguste augure des grands chemins,!…
…Ollé à notre Christ Nippon en croix ,!..
…à la mode diplomatique de chez-nous, en terre des miracles,!…du pognon d’abord,!…
…Ah,!Ah,!…
…encore au lit mon usurpateurs de pseudos,!…
…remue ton cul, j’écoute,…
…
« … il confesse n’avoir jamais eu le souci d’exceller dans quelque savoir que ce fut, et ne s’en porte pas plus mal…. » (Passou)
Quelle leçon pour les meilleurs d’entre nous, ici en RDL, qui croient exceller en littérature !
Oui, la goutte d’eau… Les bulles de savon aussi sont fascinantes. Un enfant joue : il souffle doucement, et voici une voie lactée propulsée dans l’air, et développant son système de planètes – la plus fragile des bulles, bleue et irisée, sera-t-elle la première à disparaître, sous la main irresponsable de celui-là même qui l’a créée – comment ne pas métaphoriser notre destin terrien ?
Bacon, de baecque
hé vous avez bouffé de la tartiflette ou quoi?
Avez-vous remarqué comme ses lunettes rondes lui vont bien ?
Il a l’air d’un vieux con, oui
… Sinon, la manière de s’y prendre des antinucléaires japonais m’a toujours interloquée – la plus grande manifestation, post Fukushima, n’a pas dépassé les quelques centaines de participants, certes c’est dirons-nous « culturel » mais enfin : ????
… En échangeant avec une connaissance japonaise, vivant en France et militante écologiste, cette dernière m’a dit qu’il ne fallait pas se fier aux apparences : la « résistance » à ce crime d’état organisé que constitue la filière nucléaire existe bel et bien, et l’apparente et absurde « soumission » du peuple japonais n’est qu’un leurre. Simplement, l’affrontement direct n’est semble-t-il pas de mise : un travail obscur, de fourmi, opère plutôt, personnes politiques acquises discrètement à la cause écologique, une par une. De la douceur avant toute chose ? Avons-nous demandé : oui, nous a-t-on répondu, et surtout pas de stratégie d' »accablement » du parti opposé. Laisser une porte de sortie…
Soit, mais il n’y a pas eu de réponse quand j’ai demandé s’il ne semblait pas contradictoire d’opérer dans ce silence ouatée, cette mesure, cette douceur, quand il s’agit de combattre l’adoption par une société entière d’un mode de production énergétique meurtrier, irresponsable, violent et inaltérable. La légèreté d’une plume, pour vaincre une épée ? Pas de réponse à cette question…
… Un autre ami, de retour du Japon, me signale comme remarquables la courtoisie et le respect de l’autre qui règnent là-bas. Un exemple ? « Les gens ne se touchent pas ». Arrivent à éviter que leur présence physique puisse en quoi que ce soit « agresser » l’autre. Puis l’ami qui tente de me faire partager son admiration me regarde, (je dois avoir les yeux écarquillés, sous le récit) et éclate de rire. Bien sûr, cela me terrifie, il aurait dû s’en douter ! Et l’ami de conclure : « non, je ne te vois pas là-bas »…
Ca tombe bien. Moi non plus.
Jamais rien lu de ce vieux chinetoque
« quand il s’agit de combattre l’adoption par une société entière d’un mode de production énergétique meurtrier, irresponsable, violent et inaltérable. »
Et une imbécillité écologiste ! Une ! Rien de plus propre que le nucléaire …
« communion » : accord parfait entre idées et sentiments… tout cela n’existe malheureusement pas parmi entre les commentateurs, hélas
« haine » : sentiment le plus répandu ici-même, hélas bis
Sinon, la manière de s’y prendre (Clopine Trouillefou)
Et pour la manière de s’y prendre, la Clopine, elle s’y connaît. Tu sais que t’es bonne, touè ?
« communion » : accord parfait entre idées et sentiments… tout cela n’existe malheureusement pas parmi entre les commentateurs, hélas (Sinon Dubois)
Je connais la recette ! Tous sur la Clopine ! Haro sur le baudet !
Quand la Clopine paraît
Le cercle de famille applaudit à grands cris…
La suite me rappelle une scène du « Bal des vampires ».
Jamais rien lu de ce vieux chinetoque
hon voit que t’as jamais lu tintin..toute sa subtilité a l’hantipathie japonaise à lunette ronde..évidemment sucrée a la elton djon..c’est ça l’ambiguité
— Tu connais Ken Zabureau ?
— Ouais…
un travail obscur, de fourmi
..et les angliche c’est toujours par derrière comme disait hédite..rien de nouveau sous le raïsing seune
Ôé considérant la forêt dans sa vallée natale comme un pays en soi
comme tous les japonais quoi..avé la mer les villes autour..zouz est demandé au parloir
Le Clézio détaillant son admiration pour ses nouvelles, mais les confondant en fait avec Murs de Kôbô Abe…
quand qu’un nobel renconte un ot nobel qu’est ce qu’y se racontent..
Plus que du côté de Cervantès, c’est peut-être vers les fratries du type de celle qui unissaient Franz Kafka et Max Brod, ou Walter Benjamin et Gershom Scholem, qu’il faut se tourner.
ça doit ête une private djoke..
Nouveau billet, et la « machine » de Morel toujours à plein régime…
Ken Zabureau contre Coco Beau Abbé : putain de partie de ping-pong
les fratries du type de celle qui unissaient Franz Kafka et Max Brod, ou Walter Benjamin et Gershom Scholem
Oh les beaux couples de poupins poupons !
Bien vu pour « la machine »…
c’est comme du Ozu ?
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Tous les gens que j’ai connus qui sont allés au Japon en sont revenus bizarres. Je ne sais pas si c’est pareil pour vous tous ?
Avant de quitter la France pour la Syrie via la Turquie, le 16 août 2013, Mickaël Dos Santos, l’un des deux bourreaux français identifiés sur la vidéo du groupe Etat Islamique de dimanche dernier, a laissé un mot manuscrit à l’attention de sa mère. Quelques lignes qui sonnent comme un message d’adieu.
Le jeune homme, qui est alors âgé de 21 ans, écrit : «Je t’aime maman, peut être je te l’ai pas assez montray mais je t’aime beaucoup. Et papa aussi. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous oublirai jamais. Converti toi à l’islam Maman et tu aura le bonheur. Converti toi à l’ismal et on se verra au paradis ! Bisous !»
Ce document, dont nous avons respecté l’orthographe, sera retrouvé au cours d’une perquisition au domicile familial de Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, le 5 septembre 2013.
JC, on ne rit pas !!
Merci, Pierre Assouline, pour ce billet qui nous transporte vers ces horizons-là ..
Je l’ai lu hier au soir, très tard, très heureuse d’y lire la promesse de l’ « univers sensible .. d’ (un) mot » …
Chaloux a dit que vous étiez la plus fine d’entre tous les commentateurs, Daaphnée, et vous le prouvez à 10 h 36, par quelques lignes remarquables, d’une profondeur rarement atteinte ici. Vous m’avez ému, j’ose l’avouer. je comprends de mieux en mieux la fascination intellectuelle que vous exercez sur ueda et JC. Votre entourage doit vous vénérer, on le devine.
Encore, encore, faites-nous vibrer encore, je vous en implore.
… Ben oui, j’ai sans doute tort, mais je décèle parfois une sorte de snobisme intellectuel dans l’engouement occidental pour la société japonaise. Je dis bien la « société », et non « la littérature » ou « la culture », hein. Encore que je n’aime ni Murakami, ni les mangas, encore moins Miyazaki, sans parler de ce que m’inspire le suicide accompagné de Mishima, (taux de suicide au Japon +++…). J’ai une fois participé (au salon du livre…) à la « cérémonie du thé ». Je m’étais vraiment efforcée de mettre de côté mes appréhensions, préjugés et autres déplaisirs : je n’y suis pas arrivée, malgré tous mes sincères efforts – c’était juste, à mon palais d’occidentale, fadouille (désolée d’en terrasser quelques uns, m’enfin…)
Seul les images. La peinture, le cinéma japonais… et encore : je m’en tiens juste à leurs « formalismes » ; je ne pourrais jamais voir tout ceci de l’intérieur. Je reste implacablement extérieure à tout ceci. Et justement, c’est une posture qui rend plus facile (parce qu’elle évite l’émotion, ou plutôt l’expression de l’émotion, ce qui n’est pas la même chose) mon regard sur la vague d’Hokusaï (entre autres, c’est juste un exemple).
Mon ignorance, Daaphnée pour une fois a raison, est abyssable.Cependant, elle me correspond pour une fois – je dirais presque qu’elle est délibérée. Je ne conçois pas l’admiration qu’une telle civilisation provoque chez certains, comme une posture snobe style Daaphnée, parce qu’il me semble toujours voir Thanatos à l’oeuvre, là-bas, et que cela me fait frissonner.
Bon, allez, je fais dans la provoc’, là, m’enfin l’admiration béate m’apparaît toujours exagérée, d’autant qu’à mon sens, seuls ceux qui s’adonnent vraiment sérieusement, comme un travail, à la connaissance de cette culture peuvent vraiment en jouir. Les autres ? Simulacre snob, je le répète, à mon sens !
(ce qu’il y a de bien à se faire massacrer tous les jours ici, c’est qu’après, on est vraiment libre de toute contrainte de modération. On peut y aller franco ! (ahahah, ce « franco » me fait rire après mon petit couplet anti-nippon ci-dessus !)
Bon puisque tout le monde me déteste, je m’en vais pour toujours.
Sur Oé Kenzaburo, le très beau livre éponyme de Philippe Forest.
Trop peu lu des Japonais, me dit une amie japonaise, à cause d’un style très exigeant.
En avril, changement d’isle ! Car pour parler du Japon, il vaut mieux y aller pour le connaître, n’est il pas vrai ?
…ça évite les idées toutes faites….
(à twit vitesse) Stefan Zweig: the tragedy of a great bad writer
Règlement de comptes ? Cf son mal-être en GB, où il s’est senti exclu, tout lui paraissant fermé. Et peut-être a-t-il été mal traduit en English (son style ets très difficile à lire et comprendre en allemand)
La réflexion écologique capitale dans son oeuvre,la protection de la nature , l’ antimilitarisme souvent déclaré hat et fort, l’engagement dans une Gauche non insitutionnelle virulente , la défense des groupuscules écolo autonomes rebelles avec son récit « M/T et l’histoire des merveilles de la foret » , sa défense de l’insertion sociale des handicapés, tout ça devrait non seulement séduire Clopine, mais aussi Clopin le batisseur , et faire un frere d’armes de l’autre bout du monde , fzire de Oe un exemple pour la haute normandie ,un camarade militant rouennais si on ajoute que le style des romans de Oe est tortueux, compliqué, méandreux,avec des incises et des lourds arrimages métaphoriques façon Proust..,alors là Kenzaburo Oe devrait devenir un vrai dieu dans la chaumière brayonne .
J’ajouterai, Leamas, qu’il adore aussi l’autobiographie jetée toute crue devant le lecteur…encore un point commun avec Clopine.
L’amitié de Stefan Zweig et Joseph Roth
http://www.franceculture.fr/emission-repliques-l-amitie-de-stefan-zweig-et-joseph-roth-2014-08-02
Grâce à un écrivain majeur d’un autre continent, ce peut être l’occasion de lire ou relire Pierre Gascar qui, outre ses romans et nouvelles, a livré, d’une façon discrète mais profonde, une approche concrète de l’univers et de la place qu’y occupe l’homme (Les Chimères, Les Sources, La Friche, …).
La référence faite par Oé montre bien, me semble-t-il, l’ouverture d’esprit et l’universalité des propos de Pierre Gascar.
André Bernold, dans son livre L’Amitié de Beckett, avait aussi évoqué l’oeuvre de Gascar.
Paul Edel, (si c’est bien vous à 11 h 25, car votre procédé est si inélégant, et tout rempli d’une sorte de rancune, que j’en viens à douter, d’autant que c’est vous, Paul Edel, qui m’avez toujours encouragée à faire état, au moins sur mon blog, de mon existence quotidienne. Passons. Troll ou vous-même, le résultat est le même…)
Paul Edel, donc, moi je vous connais suffisamment pour savoir que votre travail littéraire s’appuie précisément sur les éléments biographiques qui vous sont propres. Votre critique voilée tombe donc à plat…
Dites, notre hôte, je soupçonne si fortement un troll usurpant l’identité de Paul Edel qu’il faudrait peut-être vérifier, là ?)
… Oui, les engagements d’Ôé me sont évidemment sympathiques. Et puis, ce salut d’un Japon « ambigu » : comme un soulagement de voir ce versant-là, pour une fois, non ignoré. Mais j’ai un sentiment d’humilité tel que je ne me crois pas capable d’être une bonne lectrice pour un type pareil (et japonais en plus, ahaha).
Écrivain de la même génération NOSAKA Akiyuki. Les Pornographes, une merveille.
Censure : on ne peut pas écrire que le père Ôé est malheureux d’avoir une enfant handicapé, on ne peut pas écrire qu’il est un militant aussi débile que la brayconne ! Superbe, la dictature de la pensée unique…
Personne n’a lu ce type !
De Gascar, je n’ai lu que le livre sur Nerval, en me disant qu’il en avait une vision très réductrice et qu’il était complètement passé à côté du personnage et de ses enjeux.
Je porte aussi des lunettes rondes, Bérénice, les mêmes que John Lennon sur la pochette d’Imagine. Je déteste ces gens qui portent des lunettes carrées ou pire, rectangulaires, comme c’est la mode aujourd’hui. C’est le comble de l’inélégance, tous les bons lunettiers vous le diront.
Pourquoi ne pas « tolérer » le commentaire suivant :
« On se fout complètement de ce type inconnu, Ôé, ce qui ne nous empêche pas d’aimer d’autres écrivains japonais, de les connaître et d’aimer le Japon, ici et sur place ? »
Honte aux censeurs !
…bras armé de cette crapule d’Assouline …
JC : « personne n’a lu ce livre »… pas lui, c’est sûr
Clopine, sur Mishima, La Mer de la Fertilité est un des plus grands romans de la fin du XXe siècle, peut-être le plus grand…
Attention, les modérateurs débiles !
J’ai revêtu ma ceinture d’explosifs de rire (des tapes de Louis le Funeste, cousues sur un spencer décathlon), et je suis prêt à péter virtuellement en pleine RdL.
Ma cause en vaut la peine : la liberté d’expression.
c’est le monde à l’envers : JC insulte gravement Clopine sans arrêt et c’est mon post qui est en modération; Passou, au secours !
On voit bien, sur la photo, que Kenzaburo Oé a UNE SEULE oreille décollée, et c’est assez révélateur de son œuvre.
Mon post étant en attente de modération, je le réitère en changeant de pseudo et de mail :
ueda peut-il nous expliquer le pourquoi de ces accents circonflexes sur les o dans la translittération du nom de Kenzaburô Ôé ?
toutafé..
On annonce la disparition de la duchess d’Alba, une tres riche et excentrique aristocrate espagnole (perso, elle me fout les moules)…si ca se trouve, elle etait peut-etre aussi une ancetre du Michel Alba qui preche dans cette parroisse…dans ce cas-la, ses soucies quotidiens sont revolus et la RdL souffle un soupir collectif de soulagement a la pensee de ce que les espagnols vont avoir a endurer…jusqu’au jour du dernier jugement…
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/spain/11242607/Duchess-of-Alba-dies-aged-88.html
soucies? sous-ci, sous-ca, c’est kif-kif…
Comme un sentiment d’immense communion avec Kenzaburô Ôé
C’est ce qui s’appelle faire dans le simple et le modeste
le sujet du jour m’a fait pense au prix Kenzaburo Oe, qui a ete descernee notament a Fuminori Nakamura pour son roman, The Thief, qui a mon avis est l’un des plus etonnants livres que j’ai jamais lus…un Dostoeivski japonais, ni plusni moins…bref ce prix est d’autant plus excentrique qu’il n’est pas associe au cash…non madame…juste pour le plaisir de Kenzaburo qui choisit le laureat tout seul…j’aime ca…
The Kenzaburō Ōe Prize (大江健三郎賞) is a Japanese literary award sponsored by Kodansha (講談社) and established in 2006 to commemorate both the 100th anniversary of Kodansha’s establishment and 50th anniversary of the writing life of Kenzaburō Ōe (大江健三郎). The award is for Japanese literary novels published in the last year. The winning work is selected solely by Ōe. The winner receives no cash award, but the novel is translated into other languages such as English, French and German for publication. Kenzaburō Ōe has an open conversation with the winner.
Since one of the aims of this award is the promotion of Japanese novels of the younger generation which are the representations of words of the Japanese intellectuals, this prize is awarded to the best novel which contains the best ‘literary words’ with possibilities and results judged by Ōe.
Stefan Zweig wasn’t, to be honest, a very good writer.
Ainsi commence l’article du « Spectator » signalé en haut à droite. Ce serait aux germanistes de le dire. Quand on le lit dans ses traductions françaises, on n’a pas cette impression.
Zweig n’a pas écrit son grand roman austro-hongrois. Seule faiblesse qui fait discourir les exégètes, rien à voir avec la qualité de son écriture, très plaisant à lire en allemand, auteur le plus traduit dans l’Europe des années 30. Nos amis allemands en poste en France et Belgique dans les années 40 se passaient ses livres, interdits outre-rhin, sous la capote.
La duchesse d’Albe était la plus quartiérisée du monde. That’s quite a thing too.
» j’ai un sentiment d’humilité tel que je ne me crois pas capable d’être une bonne lectrice » là je ne comprends rien. vous n’êtes pas curieuse de lire quelqu’un qui a autant d’affinités politiques avec vous?de quelle « humilité » parlez vous?
(je ne crois toujours pas que ce soit vous, mais enfin, je vais vous expliquer quand même…)
L’humilité dont je fais part n’est que le résultat d’une cohérence interne : je « n’arrive pas » à accrocher, ni à la civilisation, ni à la littérature japonaises. Je mets cette impossibilité sur le compte d’une différence telle qu’il faut, à mon avis, pour franchir ce qui est, pour moi, une frontière rédhibitoire, avoir la patience, le courage et la curiosité nécessaires pour aller « au fond » : apprendre le japonais, par exemple, séjourner là-bas au contact des autochtones et apprenant d’eux, tisser de forts liens d’amitié, se constituer une bibilothèque solide, approfondir ses notions d’histoire, remonter le temps culturel japonais, étudier sa sociologie, etc.
Or ma réserve sur le Japon, construite de bric et de broc, en simple retour sur ce que je peux en apprendre, de manière si lacunaire (et je disais ce matin à Daaphnée que mon ignorance était « abyssale », et je le pense. Ce n’est pas parce que j’ai lu trois ou quatre bouquins, vu deux expos et trente tableaux, quelques émissions d’Arte et quelques heures d’écoute de France Cul, que c’est suffisant pour appréhender quelque chose d’aussi fondamentalement différent…), cette réserve, donc,si elle m’empêche de faire les efforts nécessaires, me conduit tout droit, cependant, vers le sentiment d’humilité.
Comment quelqu’un d’aussi subtil, d’après notre hôte, que ce monsieur Ôé, pourrait-il m’être accessible, dans ce contexte ? Juste parce que nous partageons les mêmes opinions politiques ou sociales ? N’importe nawak. Si j’adoptais ce raisonnement, il faudrait que j’en accepte la conclusion logique : n’aimer que la littérature qui me ressemble. C’est tellement con, comme posture, qu’il n’y a guère que jc pour la soutenir, ici. Un exemple, parmi cent, parmi mille ? Proust, tenez. Peut-on rêver quelqu’un de plus dissemblable à tout ce que je suis ? faudrait-il que je me prive du délicieux, coupable et cruel plaisir de le (re)lire, au motif que jamais Proust n’a fait le moindre état d’opinions politiques un tant soit peu transgressant son milieu social ? Pfff…
Le sentiment de mon humilité et de mon impuissance à comprendre comment les japonais peuvent s’accomoder de la violence inouïe de leur civilisation, jointe à cet espèce de raffinement tout aussi inouï et mensonger (à mon sens), rejaillit tout naturellement sur la proposition assoulinienne de lire Ôé. Je crains fort, pour parler net, de ne pas pouvoir dépasser mes préjugés – et justement de n’apprécier que ce qui me correspond, sans pouvoir goûter le talent dévoilé – et… japonisant…
» j’ai un sentiment d’humilité tel que je ne me crois pas capable d’être une bonne lectrice »
Pour une fois que la Clopine a un éclair de lucidité, on ne s’en plaindra pas.
J.-C. Azerty dit: 20 novembre 2014 à 14 h 11 min
Paul Edel dit: 20 novembre 2014 à 13 h 12 min
Entre ces deux derniers commentaires, une heure s’est écoulée. On n’arrivera pas aux 1000 posts, c’est sûr.
Mais… Hon parvient jamais, au faîte de son oeuvre ! Hum… Vieux débat…
On n’arrivera pas aux 1000 posts, c’est sûr. (Jérôme Moab)
Si vous voulez, je vous en sors 500 en moins d’une heure, dont la moitié à propos de Clopine. Elle m’inspire, jusqu’à l’obsession.
Sinon, comme auteur sri-lankais, y a Guélassimov aussi, Sergio aime bien.
J’ai répondu à Paul, c’est en attente de modération, là c’est la sidération, car rien dans mon post ? Sinon « c’est une posture tellement con que seul jc, ici, en adopte de pareilles », ce qui, vous en conviendrez tous, n’est que le millième de ce que je reçois – sans modération ???
dramatique : à part « va te faire enlécu lassouline » de bouguereau et « modérateurs de débiles » de JC, ces valeureux auteurs n’ont plus RIEN à dire
Si vous voulez, je vous en sors 500 en moins d’une heure (Azerty)
D’accord. J’attends. Je les lirai avec plaisir.
dis, Azerty, c’est la croix et la bannière pour poster sur ton blog, je me fais rembarrer à tous les coups. J’ai pourtant des trucs extrêmement importants à dire sur les thons.
dis, Azerty, c’est la croix et la bannière pour poster sur ton blog, je me fais rembarrer à tous les coups. J’ai pourtant des trucs extrêmement importants à dire sur les thons. (Albrecht von…)
Mon cher Albrecht, j’ai dû me résoudre à chercher une solution pour cesser d’avoir à effacer quotidiennement des paquets de spams. Je n’ai trouvé que celle-là, pas fameuse, surtout que je ne sais même pas ce que c’est qu’Open ID. Je crois que le meilleur moyen est de poster ton message à l’adresse mail indiquée. Ou alors, pourquoi ne pas utiliser « Eugène », en prenant soin, dans ton message, de rappeler ton pseudo (ou ton identité) ?
ces valeureux auteurs n’ont plus RIEN à dire
et comme tu passes ton temps à commenter ce rien, à ajouter du rien au rien, ça fait de toi logiquement un rien de rien. Imparable.
les meilleurs coms sont sur le gueblo à sergio, très littéraires et toujours de bon ton.
@ Albrecht von Fürtsemberg
J’ai modifié le paramétrage des commentaires. Tant pis pour les spams.
Aujourd’hui à midi c’était endives au jambon, mothay charentais sur sa feuille de châtaigner, eau minérale (deux verres), et une pomme pourrie en guise de dessert.
Thierry, vous êtes bien gentil de m’envoyer des publicités pour votre côtes-du-rhône mais, malgré l’amitié que je vous porte, je n’en commanderai pas, j’ai déjà mes fournisseurs.
nope
I give up
Azerty, le capcha empêche les spams, en principe, c’est bérénice qui me l’a appris. Donc soyez sans crainte.
Et peut-être a-t-il été mal traduit en English (son style est très difficile à lire et comprendre en allemand)
—
Diagnostic tout à fait exact. Zweig est mal et peu (re)traduit en anglais. On a connu Philip Henscher mieux inspiré… Que ce talentueux gay « dee-dar » nous ponde une bio aussi enlevée que celle de Magellan, une nouvelle haletante comme Amok, et inspire un film aussi poignant que Lettre d’une inconnue de Max Ophüls, et on reparlera. Never trust spectators…
Il faut bien voir que les thons, ce ne sont pas des paroles que ça hattend… Avec patience et impatience !
Décrire une femme c’est toujours un problème, parce qu’on est obligé de la regarder, finalement… A moins de l’emballer comme Cristo dans un machin, là… Noir grillagé !
une fois débarrassé de deux intervenants malfaisants, grossiers et racistes, on peut espérer le retour souhaité de ceux qui sont partis dégoûtés… enfin !
à force de trop tirer sur la corde, JC… la mauviette et blette que je suis vous salue bien bas, à votre hauteur
« tueurs de libertés » clame JC.. que nenni !, il ne s’agit que de supprimer les commentaires haineux et/ou grossiers comme ceux employés envers moi par ce personnage
Nous avons retrouvé le 15 h 11 de Fons. Eh bien, c’est du propre ! Quelle vulgarité. Et il ose demander ce qui cloche ?
Ne vous laissez pas faire, Bernadette. Je vous soutiens, avec moi vous ne craignez rien.
Allons, je m’y colle un instant, mais je n’ai lu de Ôé Kenzaburô que « Seventeen » et « A personal matter » (retraduit de l’anglais en français : « Une Affaire personnelle »).
« Dans « A personal matter », malgré le respect dû à la part autobiographique »…, les hésitations de Bird sur quelques jours m’avaient paru un peu artificielles, et la décision finale téléphonée. Au passage, une des deux femmes (la maîtresse) est bel et bien décrite, au moins dans ses ébats avec Bird.
« Seventeen » m’avait beaucoup plus intéressé. C’est, puisque le mot est à la mode, un récit vraiment « intranquille ». On dit partout que plane sur ce texte l’assassinat de Asanuma Inejirô, mais il n’y a pas d’assassinat d’un leader socialiste dans la nouvelle d’une centaine de pages telle que je l’ai lue.
Quelqu’un peut-il me dire si la nouvelle est plus complète dans le recueil « Le Faste des morts » (j’ai lu séparément les autres nouvelles), et si le texte est le même que celui de « Ainsi mourût l’adolescent politisé » ?
La fratrie, ou la frérèche ? Y a une nuance bon Dieu !
Abus de guillemets !
» (…) un délire gris, uniforme, une Poméranie qui n’en finirait pas (…)
– B.Franck
Citation inusable.
C’est vrai qu’il y’a a pas de quoi se siné
Ah oui, C.P., Ainsi mourut l’adolescent politisé est plus long que Seventeen. Si j’ai bonne mémoire, Seventeen se limite aux tourments de l’adolescent et son parcours extrémiste n’est pas étoffé, alors que dans Ainsi mourut, on parle de l’assassinat du chef socialiste.
On m’apprend à l’instant que Bernadette vient de se défigurer à la soude caustique et j’en suis fort triste.
Me suis offert (10 euros) les Sentences et Fragments d’Epictète dont il est question dans l’article d’à coté.
A la page 56, cette formule, terriblement juste dans certains cas:
« Punis tes affections pour ne pas qu’elles te punissent en retour ».
La Poméranie, ça finit en haut, puisqu’ils ont mis de l’eau ! Y a que Zornhof qui est à l’habri… La Poméranie vue par Wenders, quand même, c’est en couleurs… Evidemment y a personne pour les voir…
Tous mes messages sont en attente de modération depuis ce matin. Changement de politique qui ne me choque pas. Revenons à l’essentiel, aux livres, à la littérature, aux poètes, à l’histoire, à la philo, à la théologie s’il le faut, c’est tellement mieux.
…
…la priorité c’est à mes millions,…
…l’état voleur, pour faire ses pûtes touristiques,!…
…des hiérarchies » bidons « , à se tenir de connivences,!…
…conclusion,!…attendons d’être milliardaire pour écrire un mot-compté,!…
…
…tout ces riches, plus idiots, les uns des autres,!…pas besoin de créer,!…attendons la connivence pour se remplir son coffre,!…
…
…utopie de la création, admirer les merdes,!…ridicules en herbes,!…du vent du vent si pas riche comme Crésus,!…Ah!,Ah,!…
…
…les états de merde,!…à faire autorité sur le haut du pavé,!…Bip,!Bip,!…Go,!…
…envoyez,!…la main dans le sac,!…c’est démocratique,!…c’est légal,!…collabos,!…
…à la nation mondialiste,!…Ah,!Ah,!…etc,!…
…
…
On éprouve alors confusément quelque chose comme un sentiment d’immense communion avec cet écrivain
La formule se veut séduisante, mais elle suscite immédiatement ma méfiance. Que peut bien être une « immense communion », même avec un écrivain ou un artiste, sinon beaucoup de vent et de vide ? On n’existe qu’en se différenciant. Ce qui fascine chez l’autre, c’est la différence, les multiples différences; ce sont elles, irréductibles, qui suscitent la curiosité et retiennent. Rapprochements, points de contact, interfaces, oui; communion, non. Non à la notion spiritualiste bidon de communion, trop polluée pour mon goût d’a priori religieux. Foutaise.
Jean-Patrick de R., merci, je vais finir par m’y retrouver grâce à « Ainsi mourut… ». C’est aussi que j’ai lu aux Etats-Unis vers 1970 « A personal matter » et « Seventeen », c’est un peu loin et j’ai lâché ensuite Ôé. Je vois assez bien au moins ce qu’il pensait de l’Action Impériale dans « Seventeen », mais je ne sais rien de la suite quant aux récits, ni de ses positions sur la politique japonaise ou l’écologie, sinon par Internet. Le billet est donc encourageant…
Merveilleux billet,sur cet auteur complexe, chantourné, ms oui, si on veut, que j’aime profondément, sa façon d’être discursif n’est que traque pointilleuse du plus près, du plus juste, de la délicatesse même,balançant entre poésie étrange, si particulière, abstraction et prosaïsme le plus brutal. La bévue de Le Clézio, très drôle! Pour l’avoir soulignée de la sorte, Oê avait dû avoir l’humour de la goûter bien espièglement. Je ne sais pas, Paul, si l’on peut qualifier ses façons de « jeter en pâture au public une autobiographie toute crue », Oê opère au contraire en permanence une distanciation subtile avec le réel, ds la précision même, cette espèce de déconstruction minutieuse qu’il met à l’oeuvre, avant de le remodeler pour le dépeindre,comme la littérature sud-américaine aura, elle, davantage recours au surnaturel coloré, au picaresque – mais distanciation sensible malgré tout, ds les deux cas, qui fonctionne d’autant mieux chez Oê qu’elle est discrète. Oê n’écrit pas d’autofiction, y compris lorsqu’il évoque son fils handicapé (une parmi les nvelles de « Dites-nous comment survivre à notre folie? » les plus poignante). Cette façon de traduire de quelle façon le personnel médical, la société nipponne en général va le lui désigner d’abord sous la forme d’un « ça », le chosifier…c’est un tableau du Japon tt entier, de ses faillites et de ses failles, de sa complexité, de sa cruauté feutrée, raffinée,mortifère…pas du tout le pathos qui est intéressant ici, qui confère au texte sa force. Pur arbre qui cache la forêt,l’interpréter ainsi, choisir ce prisme pour moi est un faux sens, n’a pas bcp d’intérêt : au contraire, une peinture violente des grands mythes qui continuent de peser sur le Japon depuis Hiroshima, cette manière par exemple de refuser longtemps toute compassion aux victimes de la bombe, de les ostraciser comme s’ils avaient eux-mêmes à avoir honte de qqchose, qu’étant en état de faiblesse, c’étaient eux les coupables… Et la jeunesse qui s’occidentalisant, parfois,commence à prendre ses distances, veille à parler au père les yeux baissés mais est capable à côté de ça de se pochardiser salement ds les grands hotels, sexualité toutes voiles dehors, ds une orgie de bondage, collection de petites culottes entraînant des trafics dignes de mafieux et couettes de lycéennes.C’est un mélange de raffinement, de désespoir indicible, de réserve codifiée, encadrée par des rites stricts, et de ce qui peut sembler en parallèle à des yeux européens comme une dépravation sacrément déjantée.
Clopine, je comprends que vs éprouviez un sentiment d’étrangeté devant cette société aux codes si éloignés des nôtres. Ne donnez pas trop ds l’ethnocentrisme, et la littérature nipponne, les films d’animation, le cinéma qui ns est donné à voir venant de là-bas, jusqu’aux mangas, tout est susceptible de vs apparaître sous un autre jour.. . Une toute petite surface surpeuplée, le tout enfermé ds un contexte insulaire, mer partout autour : comment voulez-vs que la discipline ne soit pas par exemple un élément premier, nécessaire, pour un vivre ensemble? Vs ne verrez js les Japonais s’énerver ds une gare, au moment de monter ds les wagons. Tout le monde attend sagement son tour. Quelle dureté, en même temps,cette obligation permanente à ne pas laisser déborder ses émotions, ses sentiments… La mer est à la fois l’élément nourricier par excellence, représenté partout (« La Vague » etc) et le lieu mythologique de toutes les craintes, de tous les fantasmes, tsunamis, monstres marins.. Pas rare ds les mangas que des viols soient perpétrés sur des jeunes filles par des créatures aquatiques, calamars géants, poulpes…Vs remarquerez aussi l’érotisme très cru, ms d’une répartition entièrement différente de celle constatée en Occident : sur les estampes, il est usuel d’apercevoir ds des scènes de la vie courante des sexes dépassant par l’entrebâillement d’un kimono. Tout le monde va au bain, nu, de manière mixte, hommes et femmes, vieillards et jeunes filles : la chair en elle-même n’est pas un problème, s’expose. L’intimité corporelle, tout déferlement émotionnel qui mettrait en péril une organisation neutre et bien rôdée, en revanche st un luxe que ne peuvent pas facilement s’offrir les Nippons, vu leur nombre et la superficie concrète dont ils disposent. C’est pourquoi la pornographie japonaise n’est pas tant axée sur quoi que ce soit de « génital », mais bien sur les visages. Rien de plus obscène à regarder qu’un tressaillement de plaisir sur le visage d’une femme, la torsion furtive d’une bouche s’offrant au baiser, des larmes ourlant une paupière… Idem pour le bondage : l’idée que la pudeur de la femme est nécessairement forcée pour s’abandonner, voilà ce qui est érotique. Elle s’abandonne au plaisir, alors qu’elle ne le voulait pas pour cause de do not disturb. Et les petites culottes pré nubiles façon Depardieu ds les Valseuses, les couettes, qui pour nous ont vite tendance à évoquer une pédophilie dégueu, tandis que les Japonais y voient un symbole d’innocence ultra séduisant, surtout si c’est surjoué. Comment comprendre et aimer Oê, les Belles endormies, Kawabata, Mishima, si l’on ne commence pas par s’ouvrir à ces abords entièrement idiomatiques, avant d’entamer leur lecture? En même tps, rien d’obligatoire, personne n’est obligé de se forcer. Moi je sais que j’adore ça : la lecture de Kawabata, qd j’avais 17 ans, le livre m’ayant été offert par une amie, feue Christine Pariente, je n’y connaissais rien, et quel grand sakura! Ravie donc d’avoir pu lire et commenter ici avant de partir ce billet, d’une remarquable qualité analytique & intuitive : comme un immense sentiment de communion avec son auteur.
Jeannot, le plus fascinant chez l’autre, c’est ce qu’on découvre ensemble.
…il est usuel d’apercevoir ds des scènes de la vie courante des sexes dépassant par l’entrebâillement d’un kimono. Tout le monde va au bain, nu, de manière mixte, hommes et femmes, vieillards et jeunes filles : la chair s’expose. L’intimité corporelle st un luxe que ne peuvent pas facilement s’offrir les Nippons. … Et les petites culottes pré nubiles…, les Japonais y voient un symbole d’innocence ultra séduisant. (La Reine des chats)
Voilà un éclairage qui nous permet de mieux pénétrer le cerveau d’ueda.
Frank (pas de c à Frank) est souvent assez proche de l’insolence plus ou moins chattemitte de Nimier, avec sa poméranie
notamment dans cette défintion de la philosophie :*
« La philo n’est pas mal non plus. Malheureusement, elle est comme la Russie : pleine de marécages et souvent envahie par les Allemands. »
Chaloux dit: 20 novembre 2014 à 17 h 34 min
Me suis offert (10 euros)
Mazette, on ne se refuse rien chez les Chaloux.
Paul Edel dit: 20 novembre 2014 à 18 h 34 min
Frank (pas de c à Frank)
Ni à Erik (Orsenna) mais il y en a un à Jean-Patrick, depuis sa naissance.
Chaloux dit: 20 novembre 2014 à 17 h 38 min
Tous mes messages sont en attente de modération depuis ce matin
La vie est dure pour les keupus
Chaloux dit: 20 novembre 2014 à 18 h 24 min
le plus fascinant chez l’autre, c’est ce qu’on découvre ensemble.
C’est très limitatif, car, même si l’autre est très souple, il ou elle a toujours du mal à se voir de dos.
Quatre commentaires en seize minutes, j’abuse.
Je me retire.
« elle etait peut-etre aussi une ancetre du Michel Alba »
il lui ressemble énormément-et quelle avanture:wiki ‘ descendante directe du roi Jacques II d’Angleterre par le biais de son fils illégitime, Jacques Fitz-James, né de sa relation avec sa maîtresse Arabella Churchill’.(Dites donc, quel exemple pour la jeunesse )
Merveilleux billet (La Reine des chats)
Quel indécent numéro de cirage de pompes, s’agissant d’un article où Assouline fait tout bonnement son travail, fort proprement d’ailleurs. La Reine des chats y va à son tour de son « immense sentiment de communion », mais cette fois c’est avec Assouline. Pour le coup c’est de la communion au niveau des baveux extasiés. Moliéresque. Reconnaissons tout de même à la Reine des chats le mérite d’insister sur tout ce qui nous sépare des us et coutumes de ce peuple si singulier, en dépit de sa récente « occidentalisation », et qui nous invite justement à envisager avec la plus grande prudence la perspective d’une « communion » avec un de ses écrivains. Sans compter l’énorme barrière de la langue, qui pose aux traducteurs européens des problèmes sans aucune mesure avec ceux que posent les transpositions d’une langue indo-européenne dans une autre langue indo-européenne.
« une ancetre du Michel Alba »
c’est un nom très répandu aussi en Italie etc
P. Assouline;
Votre commentarium n’aime pas, semble-t-il, la littérature japonaise…
Redonnez leurs leur pitance habituelle, merci.
Un Foenkinos! Vite!
Votre commentarium n’aime pas, semble-t-il, la littérature japonaise
beaucoup ne la connaissent pas (tout le monde ne peut pas être aussi omniscient et génial que vous)
Tous les gens que j’ai connu, originaires du Cantal profond, sont des gens bizarres avec des tenues vintage:
http://traube.blog.lemonde.fr/2012/06/19/portrait-dun-pervers-narcissique-ou-du-troll-de-la-rdl/
felix d dit: 20 novembre 2014 à 19 h 14 min
Typiquement ce que j’adore dans le commentarium cher à Polémikoeur.
Le dominant qui débarque (quoique) pour nous expliquer que nous sommes tous des nuls…., que le billet ……… et que donc tous des c…
S’il savait comme on s’en fout.
On vient pour ça,
pour que passou nous entraîne vers nos inconnus, oh bien sûr seuls quelques uns liront mais tous auront un poil cherché, un poil réfléchi, avant bien évidemment de s’étriper dans une comédie où tout est convenu, mais si réjouissant.
Alors mon cher félix,
bienvenue à toi.
Sergio dit: 19 novembre 2014 à 22 h 43 min
bof dit: 19 novembre 2014 à 22 h 01 min
tout le monde se fout des articles de Passou
Non, j’ai lu plusieurs ouvrages, déjà des de Passou soi-même, ensuite le Singe en hiver, un Chardonne (Barnery), Fermina Marquez à force de parler de Larbaud, un Angot évidemment, un Nothomb, maintenant du Richard Millet pour voir si c’est si sulfurique, et j’en oublie sûrement… Y a que Moto-Revue que je lisais avant ! »
ayant été choisi par Passou pour clore son brèves de blog, sous un autre pseudo, je suis autorisé à dire ici ce que je veux (et aussi à rentrer à cheval dans les cathédrales, mais j’évite)
actuellement je travaille à recenser les troubles neurologiques ou psychiatriques des principaux intervenants, ça exige presque autant de travail que la 4 ème page du roman d’alba
Si passou veut deux trois commentaires sur ses billets il va falloir revoir la nouvelle modération, sinon la pub va baisser à vitesse grand V.
Bon, un commentaire plutôt sympa zappé donc,
attendons des jours meilleurs.
Y’a peut-être un simulacre dans la presse en ce moment, non?
Sans compter l’énorme barrière de la langue, qui pose aux traducteurs européens des problèmes sans aucune mesure avec ceux que posent les transpositions d’une langue indo-européenne dans une autre langue indo-européenne. (moi)
Assouline serait d’ailleurs bien inspiré d’inviter dans son « Coin du traducteur » quelques bons traducteurs spécialistes du japonais et du chinois, ainsi que de langues extérieures aux aires indo-européenne et sémitique. Ce serait certainement l’occasion de nous faire toucher du doigt des problèmes qui dépassent largement les questions techniques d’équivalences de vocabulaire ou de structures syntaxiques et de nous faire respirer un autre air que celui de l’occidentalo-centrisme où nous baignons. Une certaine mondialisation (heureusement, peut-être, en voie de régression) des façons de vivre et de voir le monde inspirées des nôtres, nous a fait oublier l’étrangeté profonde, pour nous, de cultures comme la culture japonaise, étrangeté qui passe d’abord par la langue. Je ne suis pas un gros consommateur de littérature extrême-orientale traduite, mais il me semble que l’essentiel de l’effort des traducteurs du japonais, du chinois, au cours du XXe siècle, a été de gommer autant que possible cette étrangeté, de ramener les textes traduits, autant que faire se pouvait, au plus près des normes européennes, bref de les apprivoiser et de les banaliser. Cette préoccupation a sans doute conduit les éditeurs à privilégier la traduction d’auteurs réputés plus accessibles aux lecteurs européens et d’écarter les auteurs les plus rebelles à ce type de réduction. Or c’est chez ces derniers qu’on trouvera, me semble-t-il, les clés ouvrant sur des approches du monde irréductibles aux nôtres. A condition, sans doute, d’inventer des modalités de traduction radicalement nouvelles.
bof dit: 20 novembre 2014 à 21 h 18 min
rentrer à cheval dans les cathédrales, mais j’évite
Le problème, c’est que le clergé romain, le plus souvent, ne détient pas de paille pour la litière, ni d’orge pour donner à l’animal du coeur au ventre ; en revanche on a le vin de messe, et toujours un jerrycan ou deux pour éclairer tous leurs vistemboires, donc à moto, normalement, c’est OK…
Sans compter que les cathédrales à Le Corbusier c’est bas de plafond…
Et quand le bateau cigarette il se retourne, maman.
Le jazz prend la relève du foot pour quelques jours, pour le London Jazz festival…enfin jusqu’à samedi ou il y’a Arsenal v ManU…Ibrahim Maalouf souffle dans une trompette a 4 valves…la 4eme étant pour ces quarts de note qui se glissent entre les noires et les blanches et que j’aiment tant écouter… on pouvait voir le sourire sur les visages des musiciens et des spectateurs, dont votre serviteur…je me suis dit que la musique est la seule forme d’expression humaine qui a cet effet simultané sur ceux qui la pratiquent et ceux qui l’écoutent…la lecture ne me fait pas cet effet, la peinture non plus…et je n’ai pas a subir le radotage d’un critique accrédité par l’Institut pour savoir ce que je dois comprendre ou aimer…oui bon…c’est un peu trop sérieux ce commentaire, veuillez m’en excuser…
https://www.youtube.com/watch?v=wpg8jBFaj3c
C’est émouvant de revoir Juquin parler d’Aragon. Aragon savait tout des horreur du stalinisme mais il est aussi un des tout premiers à avoir écrit :
« Aux confins de Pologne existe une géhenne
dont le nom souffle et siffle une affreuse chanson
Auschwitz Auschwitz aux syllabes sanglantes. »
Rien que pour ça, on ne peut que lui tirer son chapeau. En cela, il fut digne de son modèle, V. Hugo :
Ah je suis bien votre pareil
ah je suis bien pareil à vous
Jean Ferrat le chante si bien ! Et c’est vrai que c’est magnifique. Et tellement bouleversant.
Bonsoir chez vous la Mauvaise Langue…z’avez entendu parler de cette duchesse d’Alba qui vient de passer de l’autre cote ? moi a vot’place, je déclare un internet d’héritier…imaginez toute cette thune, hein…plus de patates bouillies, arrosées d’eau du robinet…non Monseigneur…dorénavant, patates bouillies et Château Laffitte pour vous, parce que vous le valez bien… surtout n’oubliez pas vos amis , nombreux ici, qui vous souhaitent la prospérité la plus complète…comment ? le garde champêtre raconte partout que vot’illustre ancêtre l’aurait violé et qu’il est dû compensation…oui je sais, aucune classe…
Mais justement ce qui est frappant chez Kensaburô, c’est qu’il est très occidentalisé, et que même au Japon, le grand roman souche à ses yeux, si je puis m’exprimer ainsi, c’est quand même aussi Don Quichotte. Pas d’Ozu, pas de tradition japonaise. Au fond, tous les grands romanciers du monde partent du Quichotte : Grimmelshausen comme Scaron, Lesage comme Stendhal (Julien Sorel), Flaubert (Frédéric Moreau) comme Balzac (Rastignac, Vautrin/l’abbé Herrera). Leur héros sont tous comme Don Quichotte des héros en quête d’identité dans un monde instable, où les signes sont devenus illisibles. La mondialisation est aussi littéraire et ce n’est pourtant pas ce roman formaté par l’argent que craint Richard Millet mais une forme infiniment variée et riche.
« J.-C. Azerty dit: 20 novembre 2014 à 19 h 04 min »,
Pas vraiment en accord avec vous à propos du japonais et de sa traduction.
J’y reviendrai peut-être en abordant la traduction française du « Dit du Gengi », semi-roman du X/XIème siècle écrit par une femme Murasaki Shikibu, (ou attribué à elle).
Pour tout dire, le japonnais ce n’est pas chinois malgré les caractères.
Ah Oui, Don Quichotte…cette idée reçue, digne de l’inventaire de Bouvard et Pécuchet…Don Quichotte comme ancêtre du roman…l’Odyssée est souvent décrite comme la source de tout fiction et comme contenant les 5 ou 6 récits de base qui forment, d’une façon ou d’une autre, la base de ce que nous appelons littérature…perso, je pense que les tablettes de Gilgamesh contiennent la source de toute fiction… même que les histoires sont étrangement similaires…meme si avec 4 ou 5 siècles d’écart… mais que sais-je hein…
« abdelkader dit: 21 novembre 2014 à 0 h 18 min »,
Votre lien ne passe pas à Berlin.
ML/WGG,
la littérature n’est pas née avec Cervantès ni avec l’Ancien Testament.
Arrachez vos œillères.
Pour en finir sur ce dossier et passer à autre chose, voici le message que je vais tenter de faire passer en commentaire de ce billet, puis j’en resterai là :
« Après vérification du travail de la nouvelle ‘modération’ en RdL, la conclusion est claire : il s’agit de censure pure et simple !
Ne sont pas sanctionnés les gros mots et les insultes, seuls, mais tout propos, toute phrase, toute idée, jugés sur critères fumeux (!) inconvenants par le Cabinet Noir…
Aberrant et suicidaire, cette atteinte à la liberté d’expression transforme profondément la République des Livres.
On passe brutalement d’un banquet littéraire rabelaisien et plein de vie, à une cantine d’orphelinat sinistre.
C’est dommage, mais bien dans l’air du temps …
Adieu. Bien à vous ! »
Ne nous soumets plat à la tentation.
Au fond, tous les grands romanciers du monde partent du Quichotte (Widergänger)
Sauf ceux, évidemment, qui l’ont précédé : Pétrone, Apulée, Chrétien de Troyes, Guillaume de Lorris, les auteurs chinois de « Au bord de l’eau » et de « la pérégrination vers l’ouest ». Et Rabelais, bien entendu.
Le Quichote descend aussi en droite ligne de La Vie de Lazarillo de Tormes & de Guzmán de Alfarache, cf. le Péliade sur les romans picaresques espagnols.
Cher JC Azerty : ds le train…pas l’habitude de taper sur un écran aussi petit, où j’y vois très mal. Pas un Ipod depuis assez longtemps. Vous-même devriez changer de clavier. Un indécent cirage de pompes?, pauvre cher homme? Les seules pompes que vs avez dû connaître sont celles qui ont dû servir à vs flanquer des coups de tatanes à la gueule, pour être aussi invariablement agressif & hargneux. Je sais, les enfants battus doivent faire montre de bcp de force de caractère pour ne pas devenir agresseurs à leur tour.Parfsois, vs me faites bcp rire, c’est déjà ça. Mon rapport à Oé et à la qualité de ce billet où PA dites-vous « ne fait que son boulot »: en ceci vs avez raison,il ne fait que son travail, de la même manière que Barber ne fait rien d’autre en écrivant son 2ième mouvement, ni Nabilla en défrayant la chronique en pipelette écervelé. Pourtant curieusement ils ne produisent pas chez moi la même réaction d’enthousiasme? Donc, je maintiens. Mais rassurez-vs, « Thomas » après les coups de couteau va mieux. Vs pourrez continuer de suivre votre chérie ds l’émission d’Hanouna si les charges contre elles st abandonnées. WGG, vos réflexions sur Oé et le roman en général me plaisent bien.Un amour vrai de la littérature . Tjs penser pour ma part que le soulagement d’Alceste se tenait là, ds cet espace très fragile
Au fond, tous les grands romanciers du monde partent du Quichotte (Widergänger)
Widergänger s’efforçant de tirer tous les grands romanciers du Quichotte me fait penser à un illusionniste tirant des lapins de sa boîte. Sa formule — » des héros en quête d’identité dans un monde instable, où les signes sont devenus illisibles » — est si générale qu’elle est à peu près vide d’intérêt. Pour ne prendre que Julien Sorel par exemple, il serait facile de montrer que le monde où il se meut n’est nullement instable (c’est au contraire un monde figé dans son identité jusqu’à la sclérose) et que le héros déchiffre parfaitement les signes qui lui en parviennent. Sans compter qu’il serait amusant de vérifier dans quelle mesure le Quichotte lui-même vérifie la définition qu’il en donne ! Passons sur les innombrables romans qui échappent à toute filiation avec le Quichotte et dont il serait fastidieux de dresser la liste. La manie abusive de la généralisation n’aboutit qu’à des simplifications grossières, trompeuses et inutiles.
Le Quichote descend aussi en droite ligne de La Vie de Lazarillo de Tormes & de Guzmán de Alfarache, cf. le Péliade sur les romans picaresques espagnols. (Bloom)
Eh oui. Widergänger voudrait faire du Quichotte le commencement de tout, alors qu’il s’inscrit lui-même dans une tradition dont il est l’héritier.
…
…@,…la Reine des chats,…20 novembre à 18 h 11 mn,…
…
…Ah,!Ah,!…Non Merci,!…un vrai-four sortis de terre à écrire un » ardent empire des sens « , sans commune mesures,!…
…
…avec toute la discrétion qu’il nous oblige,…j’en ai connu » une « , au dessus de tout soupçon de ce qu’on peut imaginer,!…à l’extérieur class-sévère ,!…
…et avec beaucoup de raffinement se met en devoir de me faire apprécier la décoration de ses appartements, vu mes compétences artistiques,!…
…bouche-bée, les bras tombés,!…
…la fougue et la virtuosité dans la vitesse, pour arriver à ses fin,…trop d’un coup,!…inimaginable,!…s’est simple,!…
…après moins d’un quart-d’heure, je suis arriver à m’en sortir avec peine, en prétextes divers,…déjà de mon inexpérience-pratique devant ses goûts si crus,!…
…
…après, comme si de rien n’était,!…standing oblige,!…encore heureux de rester trop loin, en cas de réunion,!…
…le Japon,…pas loin,!…et encore à onblier,!…sans détails en passant en vol d’oiseau,!…
…alouette alouette, je te plumerais,!…
…merci, la décoration,!…tout or de feux et de joies,!…
…pour dépraver, les relations d’amis ad-oc,!…of course,!…
…
…des films qui n’existent pas sur la réelle libido des femmes,!…en attraper la chair de poule,!…Ah,!Ah,!…etc,!…
…ni vu, ni connu,!…
…la Class’,!…des habituées formées aux grandes-maisons,…de fils en aiguilles,!…etc,!…
…
Pour reprendre un autre exemple cité par Widergänger à l’appui de sa thèse, le Rastignac du « Père Goriot » n’est nullement un héros en quête d’identité dans un monde instable où les signes sont devenus illisibles; Il est un héros en quête d’une réalisation valorisante de soi, qui satisfasse ses ambitions. Ce n’est pas là se poser un problème d’identité : il sait parfaitement qui il est et ce qu’il veut être. Ses difficultés à y parvenir ne viennent pas de ce qu’il évolue dans un monde instable, mais au contraire dans un monde aussi stable que celui auquel se heurte Julien Sorel (la société française de la Restauration ). Quand aux fameux signes « illisibles », le rôle de Vautrin consiste justement à les déchiffrer au profit de Rastignac. A partir du moment où il l’a fait,tout devient clair pour son jeune « protégé », qui en fera cyniquement le meilleur usage. Widergänger ferait décidément bien de changer sa clé à ouvrir toutes les portes et qui n’ouvre rien du tout.
…
…les lectures que j’apprécie beaucoup, c’est les textes du moyen-âge, en » vieux-français « ,!…
…pourquoi,!…la vitesse dans la précision genre » télégraphe « ,!…allez au plus succinct,!…
…etc,!…
Pas de rapport (mais quelle importance, ici ?) – cependant, l’un d’entre vous sait-il qui se cache derrière les initiales « WB » de Lydie Salvayre ?
(je suis décidément une incorrigible optimiste. Combien de questions ai-je posées ici ? Et combien de réponses ? soupir !)
J-C Azerty, Rastignac veut le pouvoir, l’argent, les femmes.
Il est donc intemporel… De nos jours, Rastignac pourrait, vieilli, porter un peignoir léopard dans les suites d’un hôtel entretenu par des femmes de chambre, considérées comme objets sexuels. Il pourrait, tout aussi bien, se rendre en scooter, nuitamment, chez l’équivalent de Madame de Nucingen. Ou tout simplement ressembler à Iznogoud, avec qui il partage le même nombre de syllabes (et il n’est pas le seul, suivez mon regard…)
Le pouvoir.
L’argent.
Les femmes.
La trinité du grand mâle.
Clopine, il me semble bien que BW sont les initiales de Bernard Wallet, l’éditeur de « Verticales » et le mari (ou le compagnon? ) de Lydie Salvayre.
« C’est ce geste d’amour qu’a voulu faire Lydie Salvayre avec BW. BW sont les initiales de son compagnon, Bernard Wallet, éditeur à Paris. Mais peu importe qu’on connaisse ou non l’identité réelle de ce BW. Il a 62 ans, il est menacé de cécité. Il ne peut donc plus lire. Une forme de mort, quand on fait ce métier de premier lecteur. Il ne peut plus écrire non plus. Alors sa compagne va lui restituer une existence, littéraire, dans un récit dont il est l’unique héros. »
Source Le Monde
Malheureusement je ne connais pas l’auteur Kenzaburô et je ne me rappelle même pas qu’il a eu le Nobel. Comme petit main stream lecteur, mes connaissances à la littérature japonaise se limitent plutôt à l’oeuvre de Haruki Murakami, que j’aime lire beaucoup. Donc pourquoi pas essayer un des livres de Kenzaburô, si jamais j’arrive à terminer les livres qui attendent mon attention pour le moment. De là à lire le livre sur l’auteur par Mariko Ozaki, je ne crois plutôt pas, que je vais y arriver.
Intéressant auteur Kenzaburô, il me semble, mais pourquoi cette concentration sur Sartre et amis? Au sujet de l’homme Kenzaburô, quel exemple d’amour, de s’occuper de son fils, de la manière qu’elle est racontée dans le billet!!
merci beaucoup Abdel, pour me faire découvrir Ibrahim Maaluf, qui j’écoute maintenant depuis une heure. What lucky guys you are in London! Cette semaine le jazz, tu dis. Je regrette toujours de ne pas avoir essayé d’avoir a last minute ticket pour le blues d’Elvis Costello at the Royal Albert Hall, pendant mon séjour à Londres. Have fun during the rest of the festival!
en poussant le send je vais voir si je passe de nouveau la porte de la rdl, maintenant que les gardiens semblent dormir un peu, ou si je suis toujours persona non grata comme hier après-midi.
Bloom et JC Azerty
Vous avez parfaitement raison. Cette « vie de lazarillo de Tormes » fit entrer pour la première fois en littérature un vagabondage picaresque brutal,réaliste…. Ce sont les aventures d’un homme pauvre, désespéré qui ne rencontre que des désespérés, des errants, des humiliés, des affamés, des « sans dents. » des gueux comme lui… C’est d’abord un mendiant aveugle, puis un prêtre affamé, un gentilhomme complètement désargenté et obsédé de son honneur, mais est prêt à n’importe quelle bassesse pour une grillade et du vin.… ce qui est fascinant dans ce vagabondage picaresque d’un total « démuni, » (il finira porteur d’eau) c’est que l’auteur balance par-dessus bord tout psychologisme et attendrissement, ridiculise les discours moraux catholiques et les consolations d’une bien- pensance à deux balles …c’est du brutal ! et le point de vue d’un homme qui ne fait pas de la morale(« ventre affamé n’a point d’oreilles ») le héros ne voit que son profit immédiat. être rassasié ou ne pas être,voilà son problème, peu importe les voies pour y arriver. La faim justifie les moyens.
. œuvre en révolte contre les « vies des saints » de l’époque..ce « héros » ne s’embarrasse pas de morale, de compassion, de charité..le héros, par exemple, prend femme et s’et trouve bien et se contrefout du fait qu’elle accorde ses faveurs à d’autres..
..tout est jugé juge uniquement par le fait qu’on lui donne ou pas à manger. point barre.
Tout le reste est bla bla. Ce roman violent, âpre, révolté, s’en prend évidemment à toutes les bergeries et fadeurs et fausses consolations des « pastorales » de l’époque .ce roman picaresque incisif, railleur, ouvre la voie à des écrivains comme Brecht (son » opera de 4 sous » et possède le même esprit persifleur contre ceux, nantis, qui font la morale aux pauvres au lieu de leur donner à manger. on retrouve aussi ce réalisme brutal, ce refus des beaux discours moralisateurs au profit de la vie instinctive , ou plutot survie en période de misère noire. Bunuel est dans cette lignée quand il tourne » Los olvidados » au Mexique ou « Viridiana » . Vraiment un roman picaresque d’une curieuse noirceur dans sa sobriété, avec des scènes rapides et coupantes.
Bref c’est d’une virulence réjouissante et libératoire.
Deuxième siège pour le UKIP, chez anciennement Dickens. Comme partout ailleurs en Europe, la tentation identitaire-facho gagne des points. Passablement ironique, au vu de l’euro scepticisme angliche.
Chaloux, C.P., merci. J’ai commencé le livre la nuit dernière – et voyez-vous, j’ai dû m’isoler un peu, car il me faut désormais une lumière de plus en plus forte pour pouvoir lire, c’est vous dire si l’approche de la cécité a des résonances pour moi… Cette « preuve d’amour » est formidable, et surtout, dès les premières pages, on est saisi de nostalgie. Le héros, tout jeune homme, entreprend un voyage comme on en entreprenait en ce temps-là, après ceux, dix ans auparavant,relatés par le grand précurseur, Nicolas Bouvier : Afghanistan, Turquie (Kurdistan), Irak… Comment en sommes-nous arrivés, soixante ans plus tard, à accepter de ne plus pouvoir arpenter toute cette partie du monde, ce qui revient, finalement, à l’abandonner ?
(on peut ne pas être d’accord avec moi, bien sûr ; rien de moins sûr que ce que j’avance…)
(en tout cas, bien sûr, du Nicolas Bouvier chez ce WB-là, dans la manière dont Salvayre en rend compte, avec humanité, humour, subjectivité assumée et sans asséner de leçons !)
Il pourrait, tout aussi bien, se rendre en scooter, nuitamment, chez l’équivalent de Madame de Nucingen. (Clopine Trouillefou)
Là, je discerne comme une allusion. Mais j’ai du mal à voir dans notre Hollandais volant une réincarnation de Rastignac. César Birotteau, à la rigueur… Ou alors carrément Monsieur Prud’homme.
« JC….. dit: 21 novembre 2014 à 6 h 25 min »,
Une nouvelle modération…
Je ne me suis aperçu de rien,
comme quoi, tout les scripteurs ne sont pas logés à la même enseigne.
Ou alors, il faut croire que certain se modère avant de cliquer sur envoyer… .. .
Jc Azerty, finira-t-il comme le colonel Chabert ? (vous avez raison, l’envie de titiller les hommes de pouvoir m’égare. Birotteau, bien entendu.)
Fons, Oé est tout autant influencé par Céline, influence très sensible pour moi dans « Seventeen ». Il y a d’ailleurs d’intéressantes conjonctions : Pierre Assouline rappelle l’amitié entre Oé et Edward Saïd. Or Edward Saïd, palestino-américain, fut, comme professeur à Columbia, le directeur du diplôme de fin de cycle du juif américain Paul Auster. Ce diplôme lui-même portait sur « L’Art de la Faim » à partir des oeuvres de Kafka, Hamsun, Céline et Beckett. Paul Auster y revient dans une page de « Winter Journal », et dans une autre rend hommage à Saïd et Oé.
Passou, ce ne serait pas plutôt « vapoter », que « vaporiser »?
Ce que dit Erik Orsenna de « vapoter », dans Le Figaro: « l’usage du mot “vapoter” correspond à une réalité nouvelle». Le romancier et académicien français insiste sur le fait qu’il est important de «nommer ces réalités, autrement la langue s’enferme dans le passé alors qu’elle doit rester vivante».
En anglais « vape ».
Pour « vaporisé », au sens orwellien du terme, « vaporize », voir 1984: « People simply disappeared, always during the night. Your name was removed from the registers, every record of everything you had ever done was wiped out, your one-time existence was denied and then forgotten. You were abolished, annihilated: vaporized was the usual word. »
Une « nouvelle modération » ? Alléluia, alléluia : je n’ose y croire… Plus d’insultes directes, d’étouffements de conversations sous un flot de posts insanes, d’attaques personnelles et de mépris, mais des échanges et des points de vue, dans une certaine urbanité et sans pour autant manipuler l’hypocrisie ou la langue de bois ? Plus de dévoiement de blog pour provocations diverses, déversement d’opinions politiques qui n’ont que faire ici ? Et, allez, c’est noël, comme une bienveillance accordée à l’autre, sans prétendre diriger le blog vers un strict lieu de débats quasi universitaire ? Qu’on puisse aussi exprimer des sentiments, sans qu’on vous en fasse honte ? Se montrer curieux et attentif à la parole de l’autre ? Echapper aux accusations insensées ? Prendre le meilleur, et laisser l’ordure là où est sa place : dans le caniveau ?
Je ne sais combien prendrait une « nouvelle modération » pour arriver à ce prodigieux résultat. A mon avis, ça vaut plus que le SMIC, ça !!!
Disons que je n’ose y croire !
Comment en sommes-nous arrivés, soixante ans plus tard, à accepter de ne plus pouvoir arpenter toute cette partie du monde, ce qui revient, finalement, à l’abandonner ? (Clopine Trouillefou)
Ben, ça ne dépend pas vraiment de nous, n’est-ce pas. L’usage du monde a changé dans cette partie du monde et le temps où Nicolas Bouvier affrontait les passes de Khyber au volant de sa deuche (était-ce une deuche ? plutôt une Fiat, non?) semble provisoirement révolu. Les choses évolueront, peut-être, mais sur le long terme; on ne verra plus, de longtemps sans doute, des voyageurs européens isolés parcourir ces régions sans la crainte de se retrouver dans la peau d’un otage. Voilà « L’Usage du monde » promu au rang de document précieux sur une époque déjà lointaine. Nostalgie, nostalgie…
Jc Azerty, finira-t-il comme le colonel Chabert ? (Clopine Trouillefou)
Attendez ! Chabert, à la fin de la nouvelle de Balzac, atteint au sublime ! Nous, nous n’avons affaire qu’à un président qui se revendique « normal ». Birotteau, Birouteau !
Lazarillo a fait des petits. Le Journal d’une Femme de Chambre, par exemple, qu’on ne peut découvrir sans recevoir le choc d’une intense réalité.
JC Azerty, c’était bien une deuche, d’ailleurs croquée par le compagnon de voyage de Bouvier…
C’est vrai, Bloom de 9.59, vous avez certainement raison, mais j’ai tendance à ne faire qu’un de « vapoter » et « vaporiser » alors qu’ils sont distincts, même s’ils ont l’étrangeté de la fumée en commun. En fait, c’est bizarre comme dirait…
un héros en quête d’identité dans un monde instable où les signes sont devenus illisibles (Widergänger)
Décidément, s’il est un roman auquel la formule de Widergänger ne s’applique pas, c’est bien le « Don Quichotte » ! Tout vient d’une confusion entre quête d’identité et revendication d’identité. Le héros de Cervantès n’est nullement en quête d’une identité. Il revendique obstinément une identité que le monde, autour de lui, traite par la dérision. Ce monde refuse, avec une remarquable constance, l’identité revendiquée par le héros. Les signes qu’il lui envoie ne sont nullement illisibles; ce n’est pas tant que Don Quichotte ne les comprend pas, c’est qu’il refuse d’en reconnaître la pertinence e la valeur. Une héritière en jupons de Don Quichotte, c’est Emma Bovary, lancée, elle aussi, à la poursuite d’une identité fantasmatique, et qui se heurte,elle aussi, au déni que lui oppose le réel. Flaubert reprendra, à sa manière (et aussi dans « l’Education sentimentale ») la question qui est au coeur du roman de Cervantès : qu’est-ce qui vaut mieux ? le rêve ou la réalité ? « L’Education sentimentale » décrira à son tour l’attente de la réalisation d’un rêve. Frédéric Moreau pourra croire son attente déçue et vaine, jusqu’au jour où il comprendra que le rêve et l’attente qu’il suscite valent mieux que toutes les réalisations.
« … pourquoi de ces accents circonflexes sur les o dans la translittération du nom de Kenzaburô Ôé ? »
Le flegme d’écrire « Kenzaburō Ōe », peut-être.
Ahhhh, C.P.! Vou ssavez bien remettre tous mes plans de lecture tout à travers. Voilà que vous m’avez fait monter en haut pour chercher Winter Journal et en cherchant après les pages dont vous parlez, je n’arrive plus à me retrouver dans toutes mes notes sur les pages blanches et tous mes soulignements sur Dublin, Baudelaire, Keats, getting old, etc. etc.
À côté de Winter Journal, Report From The Interior, que je n’ai pas encore commencé et dont j’ai seulement regardé les nombreuses photos en deuxième partie. Les lettres échangées avec Coetzee étaient aussi intéressantes à découvrir. Si je me rappelle bien, j’ai mis un C.P. dans la lettre où Auster explique à Coetzee qu’il considère comme vrai New Yorker, les gens qui savent dire « Houston » Street d’une manière correcte.
Donc « Seventeen » a must to read to add after all!
Merci pour les infos intéressantes et bonne journée à vous.
J-C Azerty, moins de 12 % d’opinions favorables à mi-mandat, c’est une sorte de sublimation de la vie politique, non ?
Je vous le dis ! Notre Président, comme la mère du petit Grégory, finira sublime, forcément sublime !
Vous avez dit euh…bizarre, euh..Passou…oui, oui, c’est, comment dire,..euh…bizarre, euh…oui, c’est ça, oui…bizarre…oui…vraiment…
« était-ce une deuche ? plutôt une Fiat, non? »
Topolino…
Il semble bien, à ma connaissance, qu’il n’y a pas d’adaptation au cinéma d’un livre d’Ôé mais puisque le nom de Kôbô Abe figure dans le billet de Passou, rappelons-nous le merveilleux film d’Hiroshi Teshigahara « La femme des sables » (1964), adaptation de son roman
Jeannot, je me demande si tu ne ferais pas un léger contresens, en regardant Don Quichotte de trop loin. Il y a chez le personnage d’Alonso Quichano un fond de bonté, et même, par-delà sa naïveté et son imagination débordante, de lucidité, -comme si le délire romanesque ne servait qu’à préparer avec plus de violence le surgissement de la réalité telle qu’elle est, et donc une ambiguïté-, qui l’éloignent beaucoup des personnages de Flaubert.
Et Pittfall, naturellement :
J.Ch. dit: 21 novembre 2014 à 10 h 43 min
à ma connaissance, qu’il n’y a pas d’adaptation au cinéma d’un livre d’Ôé
Ah, mais si. Gibier d’élevage a adapté par Nagisa Oshima. C’est Une Bête à nourrir, titre sous lequel on trouve aussi maintenant le roman en poche.
Pitfall, pardon pour le double t…
« qui l’éloignent beaucoup des personnages de Flaubert. »
Sauf peut-être de Bouvard et Pécuchet.
Le titre de Pitfall, en français, est Le Traquenard (Otoshiana pour les cinéphiles, titre sous lequel il figurait dans les programmes ronéotés de la Cinémathèque de Chaillot dans ma jeunesse).
Canaille, les mauvais garçons.
détail pour Bouvier : voici le véhicule (que j’ai de bonne foi pris pour une deux-chevaux), sur la couverture de l’édition Quarto Gallimard :
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/OEuvres11
aucun film d’Oshima adapté de Ivan Oe sous le titre « gibier d’éevage » extrait de Oe:
« Ce noir était à nos yeux une sorte de magnifique animal domestique, une bête géniale.
Mais comment pourrais-je donner une idée de l’adoration que nous avions pour lui? des éclats de soleil sur nos peaux lourdes et ruisselantes en ce lointain après-midi d’un été resplendissant? des ombres épaisses sur les dalles de pierre? de l’odeur de nos corps et de celui du Noir? des voix rauques de joie?
Comment dire la plénitude, et le rythme, de tout cela? »
Y a-t-il vraiment une nouvelle modération, ou est-ce un faux espoir donné par un bugue informatique ?
La voiture de Bouvier était une Fiat « Topolino », soit l’ancêtre de la Fiat 500, une micro-voiture qui devait taper les 80 kmh dans ses moments de folie.
Dire que les gens qui ont pris sa suite le font dans d’énormes 4×4.
Festina lente.
// On passe brutalement d’un banquet littéraire rabelaisien et plein de vie, à une cantine d’orphelinat sinistre.//
Parions que Rabelais, s’il t’avait connu, t’aurait dit : hé , ho, pas de jean-foutres comme toi à ma table.
michael shima dit: 21 novembre 2014 à 12 h 01 min
aucun film d’Oshima adapté de Ivan Oe sous le titre « gibier d’éevage »
le monsieur t’a dit que c’était sous le titre « une bête à nourrir’.
aucun film d’Oshima adapté de Ivan Oe (michael shima)
Au temps pour moi, je viens de vérifier : le titre français est Le Piège (1961) et non Une Bête à nourrir.
// Ce sera le livre de sa vie, celui qui lui révèlera la signification de l’expression « le sens du libre examen », interprété comme la libération des humains du pouvoir absolu de la religion chrétienne sur les consciences… //
La religion chrétienne n’a pas l’exclusivité du refus du libre examen. Toutes les grandes religions ont toujours placé leur dieu avant l’homme, leur dogme avant la personne.
On le voit encore aujourd’hui avec les mabouls du djihad islamique, prêts à se faire tuer et tuer les infidèles de toutes obédiences : musulmans du trottoir d’en face, yazidis, chrétiens, juifs, coptes, athées etc.
Le libre examen est un art difficile, qui ne vous promet aucune résultat pré établi, qui vous demande du courage. C’est tellement plus simple de s’en remettre aveuglément aux prédicateurs de toutes paroisses, de se réfugier derrière les hauts murs d’une vision manichéenne du monde : tous des mauvais sauf nous les justes.
… Il faut y croire : la nouvelle modération nous ouvrirait-elle les portes du jardin ? Quelle douceur ! Quelle aisance ! Quel appétit, du coup, pour découvrir, dans les bosquets inconnus, des noms, des pistes, des possibilités d’une île de lecture… Que de plaisirs en perspective…
« Pourvou que ça doure », nom d’un hôte de ces bois !
Clopine dit: 21 novembre 2014 à 13 h 09 min
Un seul être ne vous manque pas, et tout est repeuplé.
Histoire d’eau ?
Trois états, et sans fumée ! c’est quoi ce refus de savoir ?
« Comme pour tous les gaz, il est possible de comprimer la vapeur d’eau car l’espace entre les molécules est suffisamment grand pour leur permettre de se rapprocher les unes des autres : on dit qu’elle est compressible.
Inversement, donnez lui plus d’espace, elle occupera tout le volume disponible grâce à l’agitation des molécules qui se déplacent partout où c’est possible : comme tous les gaz, la vapeur d’eau est expansible. »
« Ses textes ont pour sujets la guerre, les attentats (Seventeen, 1961), les problèmes sexuels, les pertes des repères traditionnels, la patrie mythique. »
Tout pour les existentialistes français.
et un documentaire sur son fils :
Un peu trop tôt pour le dire, Chaloux, mais franchement, même au prix d’une baisse de la quantité de commentaires, je préfère la qualité de la conversation. Même avec des anges qui passent…
(au fait, y’a-t-il des anges -ou équivalent- dans la mythologie japonaise ? L’importance des éléments, la recherche de l’harmonie, le renoncement et le dépouillement, soit. Mais les jolies légendes ?)
Dire que les gens qui ont pris sa suite le font dans d’énormes 4×4.
Détrompez-vous. D’autres l’ont fait dans de plus modestes véhicules. Qui ne s’est arrêté, au milieu des Carpathes, devant une taverne, sans savoir s’il allait manger ou si le restaurateur ( un colosse qui débitait au dehors de la viande sur une énorme tranche de chêne au moins bicentenaire) allait le manger, ne sait rien de la douceur de vivre.
J’ai écrit « au beau milieu des Carpathes », j’aurais dû dire « au somptueux milieu des Carpathes »
PMB 12:51
Vous dites tellement vrai. Incroyable que de notre temps tellement évolué les peuples se cassent toujours les têtes l’un à l’autre au nom de whatever God,
QUOTE
Daoud page 76:
J’aime aller vers ce dieu, à pied s’il le faut, mais pas en voyage organisé. Je déteste les vendredis depuis l’Indépendance, je crois. Est-ce que je suis croyant? J’ai réglé la question du ciel par une évidence: parmi tous ceux qui bavardent sur ma condition – cohortes d’anges, de dieux, de diables ou de livres – , j’ai su, très jeune, que j’étais le seul à connaître la douleur, l’obligation de la mort, du travail et de la maladie. Je suis le seul à payer ded factures d’électricité et à être mangé par les vers la fin. Donc, ouste! Du coup, je déteste les religions et la soumission. A-t-on idée de courir après un père qui n’a jaamais posé son pied sur terre et qui n’a jamais eu à connaître la faim ou l’effort de gagner sa vie?
END QUOTE
Et ouste, me voilà parti pour une promenade en ville à la recherche d’un Ôé. N’en dites rien à la cheffe svp
Clopine, la seule leçon, c’est que l’imbécile nous rend imbécile. A peine a-t-il disparu, nous revoilà nous-même. Il faut remercier Pierre Assouline, qui nous permet de nous retrouver les uns les autres. Grâces lui soient rendues…
au prix d’une baisse de la quantité de commentaires, je préfère la qualité de la conversation.
Clopine
Le problème étant qu’avec des gens comme vous, il n’y a aucune qualité de la conversation étant donné l’aberration et l’indigence des commentaires dont vous asphyxiez ce blog.
la forme des lunettes.
« Si les problèmes de vision furent évoqués dès l’antiquité par Aristote, dans le problemata, en particulier la myopie et la presbytie, l’invention des lunettes fut bien plus longue à venir. Elle est, par ailleurs, précédée par une foule d’anecdotes concernant l’utilisation empirique de lentilles, ou de verres grossissants – ainsi de l’exemple, rapporté par Pline, de Néron regardant les combats de gladiateurs à travers une émeraude, quoique l’on ignore s’il le faisait réellement pour mieux voir.
Viennent ensuite les premières études à proprement parler du pouvoir optique de certains éléments, études réalisées par Euclide et surtout le scientifique arabe Alhazen, à qui l’on attribue la première description du pouvoir grossissant des lentilles, dans son livre opticae thesaurus ; ces études sont alors purement théoriques, détachées de l’expérience – Alhazen ne parle pas, par exemple, d’une possible utilisation des lentilles pour faciliter la lecture. Roger Bacon reprit ses travaux et continua d’étudier la réfraction à travers le verre et le cristal de roche. »
http://ophtasurf.free.fr/lunettes/histolunettes.htm
Les italiens, « m’as-tu vu » célèbres, ont peut-être inventé les premières lunettes.
Prenez une large feuille d’algues noire & desséchée, la poser sur un torchon propre. Puis faire cuire du riz ds un rice cooker collant. Préparez tous les ingrédients : au plus simple thon cru et rouge mmmh et saumon cru lui aussi ; fromage blanc ciboulette concombre, avocat.
Puis humectez délicatement la feuille d’algues posée horizontalement face à vous.
Respirez retenez votre souffle.
Étalez dessus un épaisse couche de riz ; un doigt au moins (gros) ; au milieu du riz et de la feuille d’algues rangez longitudinalement du thon à moitié et sur l’autre partie du saumon. Sur le poisson cru rangez sur l’un l’avocat, sur l’autre le concombre, puis un peu de fromage blanc.
C’est fini.
Roulez le tout comme un gros boudin avec vos deux mains propres serré, collé, serré.
Respirez.
Tranchez des morceaux de deux doigts. A peu près douze morceaux dans une feuille d’algues.
Finir en emballant chaque maki dans une longue tige de ciboulette à laquelle vous ferez un nœud de chaise en référence au bondage.
Ni bondage, ni frustration ni humiliation : faut avoir été repue pour le savoir et connaître les mouchoirs de batiste et les jupons empesés.
> à toi Baptiste, mon bébé
trouver une sauce kekpar soja du wasabi du gingembre confit. Se munir de baguettes, dégustez.
Ta tarte est trop compliquée.
Je la referai néanmoins un jour.
>Clopine, courage !
Chaloux dit: 21 novembre 2014 à 14 h 15 min
Clopine, la seule leçon, c’est que l’imbécile nous rend imbécile.
non, ce n’est pas vrai. C’est dans la vase qu’on trouve les plus belles moules.
Et avec la tarte de Bérénice et les lunettes de laviedansles bois, c’est le Top Ten de la niaiserie libérée !!!
Pas folichon, Pierre Assouline !
On lui dira rien ; je te promets. Si elle insiste on dira que t’es allé chercher des clopes. On va la blouser. Reviens par derrière, passe par le portillon. On toussera quand il grincera. Compte sur nous tous. Ni vu, ni connu.
Je vois, avec mes lunettes à réalité augmentée, qu’il y a des friandes du kamasutra à momone, qui râlent.
Au sujet des trois états : j’ai un problème pour deux états si quelqu’un peut me tuyauter.
Je voudrai faire une confiture (et d’autres ensuite) à deux couleurs : mon idée est prune mirabelle dorée et prunes quetsches rouge vif. Je voudrai les empiler dans un pot et que les deux soient superposées sans être miscibles. Or, elle le sont. Cela me décourage car je suis obligée qu’elles soient bouillantes pour la conservation pour les siècles à venir. Si elles sont bouillantes elles se mélangent. Je voudrai les deux corps superposés mais pas mélangés.
C’est un problème de densité.
J’ai des regrets pour Grothendieck.
Si un a un truc je suis preneuse.
Certes, plus on a d’outillage moins on a d’imagination.
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