De la complexité d’« Un cœur simple »
Il y a longtemps de cela, la première fois que je l’ai lu, le texte était nu. A la relecture peu de temps après, également et je ne cherchais pas à en savoir plus. L’éblouissement, dans lequel l’admiration se mêlait à l’émotion, mettait à distance tout esprit critique. Bien sûr, l’auteur me parvenait précédé par sa légende mais un jeune lecteur n’a pas nécessairement la curiosité d’aller au-delà. Après, lorsqu’il quitte le lycée pour l’Université, ça se gâte. La parution ces jours-ci du dixième et dernier volume des œuvres complètes de Gustave Flaubert dans la collection de la Pléiade, à l’occasion du 200ème anniversaire de sa mort, m’a poussé à l’y relire sans interligne sur papier bible (« on peut lire plusieurs pages d’un coup en transparence, ça va plus vite » ironisait le jeune Antoine Blondin, lorsqu’il enseignait). On dira que d’autres relectures s’imposent davantage dans l’œuvre du Patron, l’écrivain le plus souvent cité par les écrivains (et pas qu’en France) mais qu’importe : nous ne sommes pas tenus d’avoir tous les mêmes livres à notre chevet ; ceux-ci n’y reposent pas en fonction de leur statut dans l’histoire littéraire mais de leur place dans l’imaginaire de chaque lecteur, dans sa mémoire et de son importance dans sa propre histoire.
On aura compris que, outre mon enthousiasme inentamé pour le reste, et bien que je ne cesse de sauter et gambader dans sa Correspondance, son Cœur simple, discret classique, y occupe depuis longtemps une place de choix. De quoi alimenter bien des rêves malgré la tristesse qui s’en dégage, à condition de se souvenir que, pour fêter sa publication par Charpentier en 1877, Edmond de Goncourt, le survivant des « deux bichons », avait organisé avec les jeunes naturalistes un diner chez Trapp dont le menu vaudrait d’être tenté à nouveau : purée Bovary, poularde truffée à la saint Antoine, artichauts au cœur simple…
Ultime livre à paraitre de son vivant en 1877, ce qui fit résonner dans cette épure des accents testamentaires alors que ce colosse (1,82m pour 112 kgs) était épileptique, syphilitique, épuisé et ruiné, Un Cœur simple figure en tête du recueil des Trois contes (les deux autres étant Légende de Saint Julien l’Hospitalier et Hérodias). Ce conte bref, autant dire une nouvelle particulièrement orale empruntant au roman et à la tragédie, d’une limpidité exemplaire et d’une morale assurée, accède à l’universel dans toute son apparente simplicité (le flou chronologique n’y est pas étranger : « Bien des années se passèrent »… « dès la cinquantaine, Félicité ne marqua plus aucun âge » etc), en allant bien au-delà de la peinture des mœurs de province -même si sa gloire fut plus discrète que le bovarysme et ne culmina pas dans la consécration d’un néologisme. Acclamé par une grande partie de la critique l’année de sa publication pour sa « »perfection » », il a depuis souvent été inspecté sous toutes les coutures textuelles, intertextuelles et paratextuelles (j’ai emprunté le titre de ce billet à l’étude de Steve Murphy et à son analyse de la résilience d’une femme en bois). De quoi s’agit-il selon l’auteur même ?
« L’histoire d’Un coeur simple est tout bonnement le récit d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne, puis son perroquet; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n’est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste » (Lettre du 19 juin 1876 à Madame Roger des Genettes)
Religionnaire du Beau en art et de la littérature vécue comme un absolu, Flaubert a du mal à démarrer cette histoire, souffre laborieusement, peine à effectuer des coupes claires dans ce trop plein de descriptions au début, à la développer, il déplore d’avoir à se rendre à Pont-l’Evêque et Honfleur pour vérifier, se documenter et satisfaire sa volonté, encore et toujours, de « faire tableau » à la manière d’un Manet. La revendication et l’apparence de simplicité est une illusion. On se croit loin de l’obsession de la phrase parfaite, de l’art pour l’art, du style absolu ; du moins s’ils président bien là comme toujours, on ne les voit pas, on ne sent pas le travail et, moins que jamais, on ne sent l’effort ; pour un peu, cela paraitrait aussi vivant et spontané que sa Correspondance dont l’actuelle doxa tend à faire (non sans coquetterie) son chef d’œuvre.
La morale de l’histoire, qui doit à l’influence de George Sand à l’intention de laquelle elle a été écrite et dans le but de lui plaire, donne l’impression que l’auteur s’est promis d’étonner ceux qui doutaient de ses facultés de tendresse ; de son propre aveu, il entend prouver qu’il peut se montrer humain et faire pleurer les âmes sensibles en écrivant « les amours d’une vieille fille et d’un perroquet ».
On y retrouve certains de ses fondamentaux (le statut de la bêtise, la place de l’humour et de l’ironie dans son réalisme) jusque dans le trouble de la relation entre la maîtresse et sa servante, des femmes dans lesquelles tant de lectrices ont pu s’identifier (l’héroïne de Des pays de Marie-Hélène Lafon, une fille de paysans qui s’arrache à son Cantal pour étudier les Lettres à la Sorbonne, pleure chaque fois qu’elle relit Un cœur simple dont elle fait « un bréviaire absolu »). La complexité de la première, Madame Aubain, est négligée au profit des deux personnages principaux : Félicité bien sûr, figure de normande dont l’auteur n’a pas épuisé les ressources et la richesse en écrivant Madame Bovary, dévote sans être mystique, détachée du réel, personne au lexique sobre et économe, puisque le conte se présente comme l’histoire d’une femme sans histoire, mais aussi le perroquet jaune et vert dans lequel Yvan Leclerc voit « le fétiche et totem absolu de Flaubert », volatile que, dans les différents états de ses manuscrits, l’écrivain baptise successivement « Jacot », « X », « Parrot », « Little Bird », et enfin « Loulou », surnom affectueux qu’il avait donné à sa nièce adorée Caroline.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, les livres de la Pléiade se lisent aussi. Ils ne sont pas destinés qu’à la conservation, à l’érudition ou à l’exhibition comme on pourrait le croire. On conçoit que la prestigieuse collection puisse intimider au point de paralyser tout désir de lecture ; il est devenu de bon ton de dénigrer sa « dérive universitaire », la prolifération de notes savantes en fin de volume, les appendices et surtout les variantes du texte favorisées par le développement des études génétiques. C’est pourtant là une mine irremplaçable d’informations et d’analyses d’une richesse, d’un sérieux et d’une rigueur impressionnants ; c’est peu dire qu’ils renouvellent le regard du lecteur sur des livres qu’il croit connaitre pour les avoir lus ; j’allais écrire : simplement lus, c’est-à-dire avec un regard à peu près vierge, ce « quasi » s’imposant étant donné que nombre d’éditions de poche, notamment scolaires, proposent un appareil critique mais réduit a minima et se reprenant les unes les autres. Or il faut de nombreuses années pour mener à bien une édition en Pléiade, le maitre d’œuvre fut-il secondé par une équipe de plusieurs spécialistes auxquels il distribue les tâches (établissement du texte, notices, notes) et répartit les livres (ici le sommaire du Tome IV et là celui du tome V qui viennent de paraitre).
Nous n’irons pas réveiller les querelles grammaticales que l’on a cherchées à Flaubert (de Proust à Suarès) ni nous demander si « égaliser » est aussi acceptable qu’« égaler ». Mais par rapport à nos premières lectures du texte nu, le regard s’enrichit des précisions de l’appareil critique même si on peut être pareillement touché par cette histoire sans rien en savoir d’autre et dans l’ignorance de son invention quasiment au jour le jour. Si l’on est familier de la littérature du XIXème, on sait en principe que le postillon est le cocher en second et on peut deviner qu’un porte-balle est un colporteur. Mais je l’avoue, j’ai aimé découvrir sans avoir à le chercher ailleurs, souvent difficilement, qu’il fallait entendre « assemblée » comme une fête de village ; que le « fabricien » désignait le membre du conseil de fabrique chargé d’administrer les biens d’une église ; que « godefiche » est l’équivalent de coquille Saint-Jacques ou que « crapule » évoque l’ivrognerie ; que trente sols correspondent à 5 euros ; que la lecture de l’Essai sur les légendes pieuses du Moyen Âge (1843) d’Alfred Maury lui avait inspiré l’idée qu’une personne simple pouvait confondre l’Esprit saint avec une colombe (alors pourquoi pas un perroquet ?) ; que la « tapissière » était une grande voiture hippomobile ; que l’auteur avait emprunté à la bibliothèque d’épais ouvrages forts savants sur les maladies de perroquets avant de trouver la solution à son problème en interrogeant son propre médecin ; que le baromètre importe comme symbole du destin de l’héroïne (l’humidité de la maison est fatale au perroquet) ; que lorsqu’il écrit « salle » en italiques, c’est pour signaler qu’il s’agit d’un normandisme désignant l’équivalent de notre séjour dans une maison ; pour ne rien dire de la profondeur des analyses présentées dans les notices, loin des formules à l’emporte-pièce, des lectures superficielles et de ce que Flaubert appelait « le caquetage de la critique » ; disons que, pour user d’une formule de Flaubert dans une lettre à son grand ami Tourgueniev à propos d’un discours de Dupanloup à la gloire des humanités : « C’est à connaître ! » (leur correspondance vient d’être rééditée en format de poche aux éditions Le Passeur)
On le sait, Flaubert, écrivain si visuel, était du genre à effectuer des repérages géographiques et à se documenter jusqu’à ce cela tourne parfois à l’obsession dans la vérification, la chasse au détail inexact et à l’anachronisme. Il croyait davantage à l’imprégnation qu’à l’inspiration. Et de même qu’il s’était immergé dans le motif en Tunisie au moment de préparer Salammbô pour mieux y réinventer Carthage in situ, il a emprunté un perroquet au muséum d’histoire naturelle de Rouen et l’a posé sur son bureau et sous ses yeux afin de « mieux s’emplir la cervelle de l’idée perroquet ».
Archiviste de lui-même, Flaubert ne jetait rien. Sa détestation de la photographie allait de pair avec celle de la biographie des écrivains. L’auteur ne doit pas s’écrire. Il doit disparaitre dans son texte et dans la société, principe d’impersonnalité dont on fera plus tard une théorie. L’album Flaubert n’en est que plus précieux. Il l’accompagne comme il est de tradition en mai, mois consacré à la promotion de la collection, et il est si bien composé par Yvan Leclerc (à la tête du Centre Flaubert de l’université de Rouen), texte et illustrations, que, pour un peu, il dispenserait de la lecture d’une épaisse biographie (même si celle de Michel Winock procure un réel plaisir de lecture). Selon le principe même de l’album annuel (il y en eut déjà un en 1972), cela donne à voir par exemple Louise Colet autrement que par ses yeux à lui mais par ceux de Winterhalter, ou la tête et l’allure du substitut Pinard, ou encore la salle à manger de la princesse Mathilde dont il fut souvent le commensal peinte par Giraud- pour ne rien dire des portraits de l’écrivain qui ne cessait de fuir les portraitistes et, partant, toute image de lui, qu’elle fut d’un dessinateur, d’une aquarelliste, d’un peintre ou d’un photographe- les exceptions sont remarquables tel le cliché signé Carjat vingt ans avant la mort de Flaubert alors âgé de 38 ans ou les clichés de Nadar, Mulnier et Borelli ; vers la fin, il cessait de les éviter mais s’opposait avec la dernière fermeté à la diffusion de leur travail. Sans oublier le produit des « rages photographiques » de son ami Maxime du Camp lors de leur voyage en Orient. On voit mieux, carte postale d’époque à l’appui, comment très tôt Yonville-l’Abbaye s’est employée à s’identifier au Ry de Madame Bovary contre la volonté de l’auteur, refus des clés bien que le fait divers à l’origine du roman soit authentique, ce qui saute aux yeux à la découverte de ses trois croquis topographiques de la ville retrouvés dans ses manuscrits.
Pas de préface, pas de critique, pas de poèmes dans cette oeuvre, à de très rares exceptions près. Le volume de la Pléiade donne à lire et relire son admirable préface aux Dernières chansons du cher Louis Bouilhet (1872) à l’égal d’un testament et d’un art poétique. Son ami était sa « boussole littéraire ». Flaubert y écrivait notamment ceci :
« La postérité nous déjuge. Elle rira peut-être de nos dénigrements, plus encore de nos admirations ;- car la gloire d’un écrivain ne relève pas du suffrage universel, mais d’un petit groupe d’intelligences qui à la longue impose son jugement ».
(« Cabinet de Flaubert à Croisset, 1874 » par Georges-Antoine Rochegrosse ; « Flaubert photographié par Etienne Carjat », cira 1860 ; « Portrait de Flaubert par Adam-Tessier, 1987-1992 ; « Félicité endormie, avec perroquet », Gravure en couleur avec aquatinte sur papier vélin. (19)74 de David Hockney)
1 359 Réponses pour De la complexité d’« Un cœur simple »
On peut tout de même s’interroger sur le bien-fondé de cet Atelier Vania, qui sonne comme une leçon faite à Tchekov façon mon pauvre ami vous n’avez rien compris, on va vous remettre au goût du jour. Et ceci plaît semble-t-il à une Vicomtesse de Pimbêche de Neuhoff, qui tranche du bourgeoisisme ,applaudit le dernier venu, sans réaliser que sur Tchekov, il y a quand même un peu de monde, et qu’on a quelque droit d’être difficile! MC
Diotime c’était la pote à Socrate.
MC désolé de vous l’apprendre Sasseur n’a pas voulu sceller notre union, je voulais la présenter à mes parents pour faire les entrées avec hareng pommes à l’huile, elle a pas voulu, mais je ne désespère pas.
Les palpitations ne sont pas graves en soi, Rose. Elles peuvent même être causées par un état dépressif, sans aucun rapport avec une maladie cardiaque. Qu’a dit votre cardiologue ?
Essaye plutôt les carottes râpées en entrée et un steack haché coquillettes en plat principal, Puck.
Le tout arrosé d’un Vin des Rochers, le velours de l’estomac.
MC dit: à
« On peut tout de même s’interroger sur le bien-fondé de cet Atelier Vania, qui sonne comme une leçon faite à Tchekov » etc.
Cheeeer amiii, je n’ai pas souvenir d’avoir jamais ouï parler de ce Tchekov-là. Le mien prend du H.Il est stupéfiant.
Joliment esquivé!
Esquive ? Non. attaque, riposte et contre-riposte.
« tu le veux en mode normal ou en rap ? »
En mode lacrymal, puck.
Pour le thème ?
Une aide ménagère noire, séparé de son mari qui la battait, au service d’un vieux raciste grabataire et dont le défunt fils ado a été poignardé dans une rixe de quartier…
Bloom, je vous crois et n’ai parlé que de ce que je connais. Les captations et le « virtuel » n’ont pas égalé vraiment le spectacle vivant. Mes deux filles comédiennes, allocataires favorisées, lectrices à FC, lectrices de commentaires ou de romans enregistrés, déjà en répétition ou en promesse de spectacles à venir, n’en ont pas souffert matériellement, et c’est pourquoi je trouve bien plus inquiétante la question de la foule des intermittents en attente, qu’ils aient le droit ou non à « l’année blanche ». Vous savez aussi bien que moi que le cas français des subventions et de l’admission à l’intermittence est ailleurs envié (encore que l’on oublie par exemple les subventions bien réelles des Régions allemandes et celles des Etats américains). Il y a bien cependant une perversité de ce « cas français » : il permet à des producteurs de spectacles subventionnés ou non de payer moins de charges sociales à l’engagement non seulement de comédiens appartenant au JTN après être sortis du Consnatsup ou de Strasbourg, mais également d’intermittents… MAIS ces derniers pour UNE fois. Vous pouvez imaginer le nombre de jeunes gens -avec ou sans les ressources des rôles secondaires au cinéma et dans les séries- laissés très vite sur le carreau.
Je ne connais pas aussi bien la question de l’intermittence des techniciens, qui leur est apparemment plus favorable, et je m’en tais.
Où l’on retrouve Platon, Socrate et Diotime et aussi le goût des beaux garçons, remis en vogue à la Renaissance…
_________________
PLATON
Socrate en banquetant
Le Banquet de Platon, est un éblouissant traité de philosophie sur l’Amour et la Beauté, qui se lit comme un roman. Ou plutôt, formellement, comme un vaudeville de la fin du XIXe siècle, coup de théâtre inclus ! Invité à un somptueux banquet, où le vin coule à flot, par son dernier amant en titre, le jeune Agathon, Socrate, à la suite de la crème des métaphysiciens de l’époque où Athènes rayonnait sur toute la Méditerranée, va à son tour et à sa manière, donner, par le truchement de la prêtresse Diotime, sa définition de l’Amour. Au terme de sa brillante démonstration, Alcibiade, ivre de vin et de jalousie, force la porte de la maison d’Agathon, qui s’était bien gardé de le convier à ces agapes festives et intellectuelles. Après une entrée tonitruante, il va s’assoir entre le maître des lieux et son principal orateur, afin de bien marquer sa prééminence dans le cœur du vieux philosophe, qui, malgré sa laideur légendaire, semble exercer un fort pouvoir de séduction auprès de la jeunesse dorée de la cité. Dans un premier temps, Socrate s’affole, mais contre toute attente, Alcibiade va lui tresser de superbes lauriers, insistant longuement sur la droiture, le courage et la pertinence de l’enseignement de cet incomparable philosophe, qu’il compare pourtant au « satyre Marsyas », soulignant ainsi la justesse des propos de ce dernier sur la beauté… intérieure.
« SOCRATE
Vois à me défendre, Agathon, reprit Socrate, car aimer cet homme ce n’est pas pour moi une mince affaire. Depuis le moment où je suis tombé amoureux de lui, il ne m’est plus permis de tourner mon regard vers un seul beau garçon ou de parler avec lui, sans que cet homme-là devienne envieux et jaloux, sans qu’il me fasse des scènes extraordinaires et qu’il m’injurie ; pour un peu il en viendrait même aux mains. Vois donc si, à l’heure qu’il est, tu peux l’empêcher de me faire une scène. Tâche plutôt de nous réconcilier ou, s’il lève la main sur moi, défends-moi, car sa fureur et sa passion amoureuse me font frémir d’effroi.
ALCIBIADE
(…) Pour faire l’éloge de Socrate, messieurs, j’aurai recours à des images. Lui croira sans doute que c’est pour faire rire à ses dépens, et pourtant c’est pour dire la vérité et non pour faire rire, que je vais me servir d’images. Je maintiens donc que Socrate est on ne peut plus pareil à ces silènes qui se dressent dans les ateliers de sculpteurs, et que les artisans représentent avec un syrinx (flûte de Pan) ou un aulos (l’ancêtre du hautbois) à la main ; si on les ouvre par le milieu, on s’aperçoit qu’ils contiennent en leur intérieur des figurines de dieux. (…) Toi, tu te distingues de Marsyas sur un seul point : tu n’as pas besoin d’instruments, et c’est en proférant de simples paroles que tu produis le même effet. Une chose est sûre ; quand nous prêtons l’oreille à quelqu’un d’autres, même si c’est un orateur particulièrement doué, qui tient d’autres discours, rien de cela n’intéresse, pour ainsi dire personne. (…)
Pour ma part, messieurs, si je ne risquais pas de passer à vos yeux pour quelqu’un de complètement ivre, je vous dirais, sous la foi su serment, qu’elles impressions j’ai ressenties et ressens encore maintenant à l’écoute de cet individu. Quand je lui prête l’oreille, mon cœur bat beaucoup plus fort que celui des Coryantes (danseurs et joueurs de tambourins célébrants les victoires) et ses paroles me tirent des larmes ; et je vois un très grand nombre d’autres personnes qui éprouvent les mêmes impressions. Or, en écoutant Périclès et d’autres bons orateurs, j’admettais sans doute qu’ils s’exprimaient bien, mais je n’éprouvais rien de pareil, mon âme n’était pas troublée, et elle ne s’indignait pas de l’esclavage auquel j’étais réduit. Mais lui, ce Marsyas, il m’a bien souvent mis dans un état tel qu’il me paraissait impossible de vivre comme je le fais ; et cela Socrate tu ne diras pas que ce n’est pas vrai. En ce moment encore, et j’en ai conscience, si j’acceptais de lui prêter l’oreille, je ne pourrais pas rester insensible, et j’éprouverais les mêmes émotions. En effet, il m’oblige à admettre que, en dépit de tout ce qui me manque, je continue à n’avoir pas souci de moi-même, alors que je m’occupe des affaires d’Athènes. Je me fais donc violence, je me bouche les oreilles comme pour échapper aux Sirènes, je m’éloigne en fuyant pour éviter de rester assis là à attendre la vieillesse auprès de lui. Il est le seul être humain devant qui j’éprouve un sentiment, qu’on ne s’attendrait pas à trouver en moi : éprouver de la honte devant quelqu’un. Il est le seul devant qui j’ai honte. Car il m’est impossible, j’en ai conscience, de ne pas être d’accord avec lui et de dire que je ne dois pas faire ce qu’il me recommande de faire. Mais chaque fois que je le quitte, je cède à l’attrait des honneurs que confère le grand nombre. Alors je déserte et je m’enfuis ; et quand je l’aperçois, j’ai honte de mes concessions passées. Souvent j’aurais plaisir à le voir disparaître du nombre des hommes, mais si cela arrivait je serais beaucoup plus malheureux encore, de sorte que je ne sais comment m’y prendre avec cet homme-là. »
(« Le Banquet », traduction par Luc Brisson, GF Flammarion, 1998 et 2007)
PLATON
Échelle de beauté
Considéré comme l’un des premiers philosophes occidentaux, voire même comme l’inventeur de la philosophie, Platon (Ve-IVe siècle avant J.-C.) fut un contemporain de la démocratie athénienne à l’époque de la Grèce classique. S’opposant violemment aux sophistes, il poursuivit la voie ouverte par certains de ses prédécesseurs, au premier rang desquels émerge la figure légendaire de Socrate dont il fut l’élève. Son œuvre, rédigée généralement sous forme de dialogues, s’est interrogée à maintes reprises sur la question de la beauté. Comme dans Hippias, où l’on voit Socrate en personne demander ingénument à son élève Hippias, après lui avoir faussement avoué qu’il ne le savait pas lui-même : « pourrais-tu me dire ce que c’est que le beau ? », mais aussi dans Le Phédon, La République ou encore Le Banquet. Toute une dialectique de la beauté, conforme aux canons de la beauté grecque alors en usage, qui s’intéressera surtout à l’essence de la beauté plutôt qu’à la beauté des choses. L’essentiel étant pour Platon non pas de reconnaître « ce qui est beau » mais plutôt de connaître « ce qu’est le beau ». Dans l’extrait ci-dessous, Socrate rapporte l’enseignement qu’il reçut de la prêtresse Diotime.
« Il faut, dit-elle, que celui qui prend la bonne voie pour aller à ce but commence dès sa jeunesse à rechercher les beaux corps. En premier lieu, s’il est bien dirigé par celui qui le dirige, il n’aimera qu’un seul corps, et alors il enfantera de beaux discours ; puis il constatera que la beauté qui réside en un corps quelconque est sœur de la beauté d’un autre corps et que, si l’on doit chercher la beauté qui réside en la forme, il serait bien fou de ne pas tenir pour une et identique la beauté qui réside en tous les corps. Quand il aura compris cela, il deviendra amoureux de tous les beaux corps, et son violent amour d’un seul se relâchera : il le dédaignera, il le jugera sans valeur. Ensuite il estimera la beauté des âmes plus précieuse que celle des corps, en sorte qu’une personne dont l’âme a sa beauté sans que son charme physique ait rien d’éclatant, va suffire à son amour et à ses soins. Il enfantera des discours capables de rendre la jeunesse meilleure ; de là il sera nécessairement amené à considérer la beauté dans les actions et dans les lois, et à découvrir qu’elle est toujours semblable à elle-même, en sorte que la beauté du corps soit peu de chose à son jugement. Ensuite, des actions humaines il sera conduit aux sciences, pour en apercevoir la beauté et, les yeux fixés sur l’immense étendue qu’occupe le beau, cesser désormais de s’attacher comme le ferait un esclave à la beauté d’un jeune garçon, d’un homme, ou d’une seule action – et renoncer à l’esclavage qui l’avilit et lui fait dire des pauvretés. Qu’il se tourne au contraire vers l’océan du beau, qu’il le contemple, et il enfantera de beaux discours sans nombre, magnifiques, des pensées qui naîtront dans l’élan généreux de l’amour du savoir, jusqu’à ce qu’enfin, affermi et grandi, il porte les yeux vers une science unique, celle de la beauté dont je vais te parler.
Efforce-toi, dit-elle, de m’accorder toute l’attention dont tu es capable. L’homme guidé jusqu’à ce point sur le chemin de l’amour contemplera les belles choses dans leur succession et leur ordre exact ; il atteindra le terme suprême de l’amour et soudain il verra une certaine beauté qui par nature est merveilleuse, celle-là même, Socrate, qui était le but de tous ses efforts jusque-là, une beauté qui tout d’abord est éternelle, qui ne connaît ni la naissance ni la mort, ni la croissance ni le déclin, qui ensuite n’est pas belle par un côté et laide par un autre, qui n’est ni belle en ce temps-ci et laide en ce temps-là, ni belle sous tel rapport et laide sous tel autre, ni belle ici et laide ailleurs, en tant que belle pour certains et laide pour d’autres. Et cette beauté ne lui apparaîtra pas comme un visage, ni comme des mains ou rien d’autre qui appartienne au corps, ni non plus comme un discours ni comme une connaissance ; elle ne sera non plus située dans quelque chose d’extérieur, par exemple dans une être vivant, dans la terre, dans le ciel, ou dans n’importe quoi d’autre. Non, elle lui apparaîtra en elle-même et par elle-même, éternellement jointe à elle-même par l’unicité de sa forme, et toutes les autres choses qui sont belles participent de cette beauté de telle manière que la naissance ou la destruction des autres réalités ne l’accroît ni ne la diminue, elle, en rien, et ne produit aucun effet sur elle. Quand, à partir de ce qui est ici-bas, on s’élève grâce à l’amour bien compris des jeunes gens, et qu’on commence d’apercevoir cette beauté-là, on est pas loin de toucher au but. Suivre, en effet la voie véritable de l’amour, ou y être conduit par un autre, c’est partir, pour commencer, des beautés de ce monde pour aller vers cette beauté-là, s’élever toujours, comme par échelons, en passant d’un seul beau corps à deux, puis de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, puis des actions aux belles sciences, jusqu’à ce que des sciences on en vienne enfin à cette science qui n’est autre que la science du beau, pour connaître enfin la beauté en elle-même. »
(« Le Banquet », traduit par Paul Vicaire avec le concours de Jean Laborderie, tel gallimard n°195, 2011, Société d’édition « Les Belles Lettres », 1989)
@racontpatavi qui dit: « Encore un bel échange entre vous, Jazzi et Paul Edel à venir… »
« Mais qu’est-ce cette manière d’encourager une certaine endogamie conversationnelle du blog ? »
Désolée que vous ayez interprété ainsi ces quelques mots. Bien sûr que l’échange est ouvert à tous.
C’était simplement pour signaler aux trois intéressés que j’avais enfin lu leur échange sur le beau film «L’Avventura» de Michelangelo Antonioni vu par Jazzi qui fêtait ainsi son retour dans les salles de cinéma. Paul Edel avait ensuite fait écho à cette annonce en rappelant qu’à « Cannes, au festival, « L’avventura » fut accueilli par des sifflets dans la salle » et donnait des extraits de l’interview d’Antonioni. Puis, ils ont commencé à parler des moments forts du film, des acteurs (Gabriele Ferzetti, Monica Vitti, Lea Massari.) et là, joie intense, DHH qui avait disparu du blog depuis un certain temps est revenue, pour ce film, avec un commentaire bien envoyé comme elle en a l’habitude.
Voilà, Racontetavie, la raison qui m’a conduite à signaler un deuxième film d’Antonioni qui passe cette nuit sur la cinq, à la télé, à l’heure où les cinémas seront inaccessibles à ces trois-là.
Et si j’ai fait retour à Paul Edel, c’est qu’un jour lointain nous évoquions les romans de Pavese et qu’il avait éclairé celui-ci, assez dur. Le titre était un peu différent : « Entre femmes seules » (« Tra Donne Sole »).
C’était je crois à l’époque où le Quarto Gallimard est sorti (2008).
L’interrogation autour d’un suicide. Clelia et son mal de vivre. Elle quitte Rome pour s’installer à Turin, la ville de son enfance. Mais, le soir où elle arrive à l’hôtel, sa voisine de chambre, Rosetta, tente de mettre fin à ses jours… Il fait froid, c’est l’hiver… autour de ce drame des femmes riches élégantes, oisives, qui s’ennuient…
Ce roman publié dans un recueil « Le bel été », contenant deux autres romans : « Le Bel Été » et, « Le Diable dans les collines » est tragique, dur, superbe.
Traduit par Michel Arnaud avec une belle préface de Martin Rueff.
Pour l’adaptation au cinéma, on est l’univers existentiel de l’Antonioni de L’Avventura.
Un an plus tard, Pavese se suicida, laissant ces derniers mots sur son journal intime : «Tout cela me dégoûte. Pas de paroles. Un geste. Je n’écrirai plus.»
Je me souviens d’un autre film d ‘Antonioni. Ce n’est plus la rupture ou le suicide c’est l’effacement, la disparition, « L’éclipse ».
Voilà, Racontetavie, ce n’est pas du tout « une manière d’encourager une certaine endogamie conversationnelle ». De plus, DHH s’est fait mal,(j’espère que ce n’est pas trop douloureux) a son bras au repos, donc elle ne pourra écrire ce qu’elle pense de ce film. Dommage.
Vous avez bien tout compris ?
Explication de texte.
Je m’absente pour cause de… cinéma japonais.
Je relèverai les copies dans la soirée…
Le recueil que proposent les éditions Verdier est la traduction de l’ouvrage publié par Adolf Beck en 1980 chez lnsel Verlag, intitulé Hölderlins Diotima Susette Gontard, aujourd’hui épuisé. Il rassemble la correspondance du poète et de cette femme, Susette Gontard, dont il fut l’amant et qui lui inspira le personnage de Diotima, nom emprunté à la prêtresse de l’amour du Banquet platonicien. Il contient les lettres des deux amants, plus particulièrement celles de Susette, quelques poèmes et textes en prose d’Hölderlin. Certaines lettres avaient déjà été publiées en français ; c’est une nouvelle traduction qui nous en est proposée. S’y a joutent des témoignages de première main sur la personnalité de Susette, sur sa relation avec le poète et le milieu social auquel elle appartenait.
UN FAUVE EN CAGE
Que s’est-il passé dans l’existence des deux amants entre le moment où le jeune précepteur des enfants Gontard, poétiquement immergé dans la mythologie du monde grec, va se lancer dans l’écriture d’Hypérion, et celui où on le retrouve, une dizaine d’années plus tard, après son internement dans une clinique psychiatrique, volontairement confiné à Tübingen, au bord du Neckar, dans la chambre mise à sa disposition par le menuisier Ernst Zimmer ? Rappelons que c’est dans cette fameuse tour, où il passera les trente dernières années de sa vie, qu’il écrira les admirables poèmes que Pierre Jean Jouve et Pierre Klossowski traduiront sous le titre les Poèmes de la folie de Hölderlin.
Qu’est-il arrivé au poète dont le portrait peint en 1792, il a alors vingt-deux ans, donne à voir un jeune homme aux yeux clairs, aux traits féminins d’une grande douceur, et le même, une quarantaine d’années plus tard, évoqué ainsi par un des deux amis venus le visiter à Tübingen, Wilhelm Waiblinger : « Nous prîmes congé. En descendant l’escalier, par la porte ouverte, nous l’avons vu encore une fois arpenter sa chambre à pas pressés. Un frisson d’horreur me parcourait. Je pensais aux fauves qui, dans leur cage, vont d’un côté à l’autre. Plein de stupeur, nous sortîmes en courant de la maison [1] » ?
UN TERRIBLE MYSTÈRE
Quel événement à l’origine de cette impressionnante métamorphose ? Une mort. La mort de Susette Gontard, décédée pendant qu’il était à Bordeaux.
Il l’avait prévue, dans Hypérion, la mort de sa Diotima. Mais la mort dans un livre, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’une mort dans le réel. Ça reste abstrait. Mourir héroïquement dans le monde sublime des dieux grecs, on s’en tire toujours. Dans la vraie vie, c’est une autre affaire. Le mythe et le réel, ça fait deux. Le réel, c’est du dur, c’est un mur, disait Lacan, et s’y heurter fait très mal. Il arrive qu’on ne s’en remette pas. Hölderlin en a fait la terrifiante expérience. La Diotima qui meurt dans Hypérion n’est pas Susette Gontard, l’épouse d’un banquier, mère de famille qui, dans le calme du cabinet où elle travaille, coud ou tricote, se plaint des enfants qui, n’ayant pas cours, font du bruit au tour d’elle ; pas la femme qui meurt victime d’une épidémie de rubéole le 22 juin 1802 à Francfort. « C’est un terrible mystère qu’un être pareil soit destiné à mourir », constate le poète. Plus mystérieux, en effet, est ce destin de tout être vivant comparé à celui d’un personnage de papier manipulable à l’envi, même si la dite figure mythique est au cœur du « noyau poétique », comme l’écrit Walter Benjamin dans son essai Deux poèmes de Friedrich Hölderlin. Dans le premier de ces poèmes qu’il commente, un poème de la maturité titré Courage du poète, on lit : « Va ! avance désarmé /De par la vie et n’aie souci ! » Derniers vers : « Un jour, au sérieux de la vie,/Notre joie, mais de belle mort. »
Belle, sa muse, l’est ; pas sa mort. Le visage de l’aimée est beau : une tête de « madone ». Des portraits d’elle en témoignent. Qu’en est-il de son corps ? « Belle comme un ange », écrit Hölderlin à un de ses amis, mais les anges n’ont pas vraiment de corps. Quelle étrange relation amoureuse de près de sept ans se noue entre ces deux êtres ! Lui cause ainsi : « Tels des harpistes assemblés autour des trônes des plus anciens, nous vivons, nous-mêmes d’essence divine, assemblés autour des dieux silencieux de l’univers. »
Elle, elle cause autrement : « De toutes mes forces, je cherchai à me représenter à nouveau dans des couleurs vives ton image qui s’estompait pour prendre en moi des allures oniriques. Hélas, je n’y parvenais pas, j’éprouvais à la fois le désir et l’incapacité de le faire, mes pensées se portèrent certes sur tes lettres, tes livres, tes cheveux. » « Je n’éprouve pas d’autre désir que de connaître la relation amoureuse la plus intense. » C’est une femme, une femme réelle qui s’adresse à lui, elle parle de désir et la seule fois où, au cours de leur correspondance, il est question du corps de son amant, c’est quand elle fait allusion à ses cheveux. C’est peu. Plus platonique, difficile de trouver mieux dans les grandes correspondances amoureuses. Certains commentateurs ont, à mots couverts, suggéré une possible impuissance du poète. En quoi l’impuissance interdirait-elle tout accès au corps de l’autre ? Il est probable que les conditions difficiles de leurs rencontres (surveillés, toujours contraints de cacher leur liaison) ne sont pas étrangères au sentiment qu’a le lecteur de ces lettres d’un dialogue désaccordé, comme sont désaccordés des instruments de musique. L’ordre des dieux et l’ordre des hommes, et je ne parle pas de celui des femmes, ne marchent pas nécessairement du même pas. Le poète, selon Walter Benjamin, est celui qui se place au centre des relations, c’est en cela que, par « un pur don à la relation, il est un héros ». Là est l’essence de son courage et en quoi il ne craint pas la mort.
Hölderlin, Courage du poète : « Ce qui advient te soit tout entier béni / Sois à la joie tourné. »
https://www.pileface.com/sollers/spip.php?article2327
Christiane, si « L’Avventura » fut sifflé à Cannes, il a quand même remporté le Prix du Jury du festival de Cannes en 1960.
Certes, Pavese s’est suicidé, mais « Le bel été » demeure solaire !
_______________
CESARE PAVESE
Folies d’été
En 1940, Cesare Pavese achevait la première des trois longues nouvelles qui composent son recueil Le bel été et lui donne son titre générique. Une chronique désenchantée dans laquelle, durant l’été de ses dix-sept ans, son héroïne, Ginia, une apprentie couturière, découvre les méandres de la passion amoureuse dans les bras d’un jeune artiste peintre, Guido, de trois ans son ainé. Aimant les femmes, indistinctement, à l’égal des collines, celui-ci lui prendra sa virginité et lui ôtera toutes ses illusions. Si tout avait commencé comme une fête, une fois l’hiver venu, Ginia, après bien des larmes, se souviendra néanmoins que des amours d’été seule perdure et se renouvelle… l’été ! Sage leçon que, dix ans plus tard, l’auteur, qui s’est suicidé le 27 août 1950 à Turin, à l’âge de quarante-et-un ans, ne semble pas avoir retenue ?
« A cette époque-là, c’était toujours fête. Il suffisait de sortir et de traverser la rue pour devenir comme folle, et tout était si beau, spécialement la nuit, que, lorsqu’on rentrait, mortes de fatigue, on espérait encore que quelque chose allait se passer, qu’un incendie allait éclater, qu’un enfant allait naître dans la maison ou, même, que le jour allait venir soudain et que tout le monde sortirait dans la rue et que l’on pourrait marcher, marcher, jusqu’aux champs et jusque de l’autre côté des collines. « Bien sûr, disaient les gens, vous êtes en bonne santé, vous êtes jeunes, vous n’êtes pas mariées, vous n’avez pas de soucis… » Et même l’une d’entre elles, Tina, qui était sortie boiteuse de l’hôpital et qui n’avait pas de quoi manger chez elle, riait, elle aussi, pour un rien et, un soir où elle clopinait derrière les autres, elle s’était arrêtée et mise à pleurer parce que dormir était idiot et que c’était du temps volé à la rigolade.
Ginia, quand une de ses crises la prenait, n’en laissait rien paraître, mais, raccompagnant chez elle l’une des autres, elle parlait, parlait jusqu’au moment où elles ne savaient plus que dire. De la sorte, lorsque arrivait l’instant de se quitter, il y avait déjà un bon moment qu’elles étaient chacune comme seules, et Ginia rentrait chez elle calmée et sans regretter de n’avoir plus de compagnie. Les nuits les plus belles, bien entendu, c’était le samedi, quand elles allaient danser et que le lendemain on pouvait dormir. Mais il leur en fallait moins encore, et, certains matins, Ginia sortait pour aller travailler, heureuse à la seule idée du bout de chemin qu’elle avait à faire. (…)
Une fois, en se déshabillant pour se coucher, elle eut un frisson qui était comme une caresse, et alors se mettant devant sa glace, elle se regarda sans peur et leva les bras au-dessus de sa tête, pivotant lentement, la gorge serrée. « Et si Guido entrait maintenant, que dirait-il ? » se demandait-elle, et elle savait très bien que Guido ne pensait même pas à elle. « Nous ne sous sommes même pas dit adieu », balbutia-t-elle, et elle courut se coucher pour ne pas pleurer nue.
A certains moments, dans la rue, Ginia s’immobilisait parce que, soudain, elle sentait le parfum des soirs d’été, devinant dans l’air les couleurs et les bruits de l’été et l’ombre des platanes. Elle pensait à cela dans la boue et la neige, et elle s’arrêtait à un coin de rue, la gorge serrée par le désir. « Il viendra sûrement, il y a toujours les saisons », mais cela lui semblait invraisemblable à présent où elle était seule. « Je suis une vieille, voilà ce que c’est. Tout ce qui était bon est fini. » »
(« Le bel été », traduit de l’italien par Michel Arnaud, L’Imaginaire, Gallimard, 1978 et 1999)
MC dit: « On peut tout de même s’interroger sur le bien-fondé de cet Atelier Vania, qui sonne comme une leçon faite à Tchekov façon mon pauvre ami vous n’avez rien compris, on va vous remettre au goût du jour. »
M.Court, je ne crois pas que le travail mené par ces comédiens sous la direction de Jacques Weber visait à cela.
Les théâtres fermèrent pour cause de confinement le jour où la troupe entrait à L’Atelier… qui ne recevrait aucun spectateur pendant des mois comme les autres théâtres.
L’idée a donc germé de faire autrement, de faire un film entre la pièce telle qu’elle aurait pu être montée et cet arrêt sur les répétitions avec des caméras proches des visages des comédiens, avec des voix qui n’ont plus à traverser une salle, sans vrai jeu de déplacement, sans costume, dans les friches d’un théâtre à l’abandon, aux fauteuils désespéramment vides.
N’ayant pas vu d’autres adaptations au théâtre ou au cinéma de la pièce de Tchekhov – je l’avais juste lue – j’ai écouté, regardé attentivement ces neuf comédiens. J’ai trouvé que le texte passait bien, que ces comédiens l’incarnaient bien. Paul, Jibé, C.P. l’avaient vu, eux, jouée autrement. Leur avis est intéressant.
De plus Paul Edel évoque souvent l’écriture de Tchekhov qu’il aime et connaît bien. Il est donc plausible que tout ce qui naît sur scène ou sur écran inspiré par cet écrivain le touche particulièrement.
Alexia s’est trompée (avec talent) sur ses intentions et vous êtes très sévère avec le portrait que vous faites d’elle.
Bon, l’essentiel c’est que le théâtre soit vivant.
DIOTIMA
Tu souffres en silence, incomprise de tous,
Ô noble vie ! tu tiens en silence les yeux baissés
Par ce beau jour, toi qui au monde
Cherches en vain tes pareilles, hélas,
Ces âmes reines qui jadis, fraternelles,
Unies comme d’un même bosquet les cimes,
Pouvaient de leur amour et leur pays,
De l’étreinte sans fin de son ciel jouir,
Au cœur chantant le souvenir des origines ;
Je dis ces âmes de gratitude, assez
Fidèles pour porter jusqu’au fond du Tartare
La joie, elles, ces âmes libres de déesses terrestres,
Et tendres, grandes, âmes qui ne sont plus ;
Et que mon cœur, depuis si longtemps que dure
Son deuil, sans cesse pleure, chaque
Jour au rappel des étoiles d’antan,
Et sa funèbre plainte point ne tarit.
Mais le temps guérit. Les dieux maintenant sont forts,
Sont prompts. N’a-t-elle pas déjà repris
Son vieux privilège de joie, la nature ?
Regarde ! avant que notre tertre, ô mon amour, s’affaisse,
Le jour marqué viendra, et mon chant mortel
Le verra, Diotima, te mettre au rang
Des héros et des dieux, ce jour à ton image.
Friedrich Hölderlin, Odes, Élégies, Hymnes, Gallimard, Collection Poésie, 1993, pp. 45-46.
https://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2007/02/hlderlindiotima.html
aujourd’hui, la Normandie, c’est la Normandie POUR LA PAIX:
4e édition du Forum se tiendra les 30 septembre et 1er octobre 2021 !
De retour pour sa 4e édition en 2021, le Forum mondial Normandie pour la Paix est un lieu d’échange entre experts internationaux sur les conflits contemporains, ouvert au grand public. Des conférences, débats et nocturnes dessineront des pistes de réflexion et d’action pour mieux gouverner la paix : pourquoi la paix nous échappe-t-elle ? Comment reprendre la paix en main ?
https://normandiepourlapaix.fr/
Merci, Jazzi, ces lignes me donnent envie de relire les trois romans
et son journal « Le métier de vivre » si plein d’amour et de désolation (traduit par Michel Arnaud et Gilbert Moget, révisé par Martin Rueff) :
« 22 mars 1950
Rien. Elle n’écrit rien. elle pourrait être morte.
Je dois m’habituer à vivre comme si cela était normal.
Que de choses je ne lui ai pas dites. Au fond, la terreur de la perdre maintenant n’est pas l’anxiété de la possession mais la peur de ne plus pouvoir lui dire ces choses. […] Oh mon Dieu, fais en sorte que je la retrouve. »
alors « Godefiche », c’est ça?
https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/81xrlTBcMUL._AC_SX466_.jpg
Enfin lu le billet de Paul Edel. La période la plus mystérieuse de la vie de Rimbaud… Aden… Le Harar… Les armes… La mer Rouge… Les caravanes… Le désert d’Abyssinie… La tumeur au genou… l’amputation…
Il meurt à Marseille le 10 novembre 1891 à l’âge de 37 ans.
25 février 1890. Lettre de Rimbaud à sa mère et à sa sœur :
« Ne vous étonnez pas que je n’écrive guère : le principal motif serait que je ne trouve jamais rien d’intéressant à dire. Car, lorsqu’on est dans des pays comme ceux-ci, on a plus à demander qu’à dire ! Des déserts […], sans routes, sans courriers, sans voyageurs : que voulez-vous qu’on vous écrive de là ? Qu’on s’ennuie, qu’on s’embête, qu’on s’abrutit ; qu’on en a assez, mais qu’on ne peut pas en finir, etc., etc. ! »
Dans les commentaires « Étonnants voyageurs » (JJJ).
Cet après-midi sur France inter « Le temps d’un bivouac » (D.Flévet) L’émission était consacrée à Michel Le Bris. C’est Dany Laferrière qui l’évoquait.
Ne fantasmez pas trop, il y a de la cration et de ma pensée là dedans qui nous endisqnt plus sur Platon qu’ils ne peignent réellement Socrate.
Sur Socrate, le témoignage tout aussi opposé et tout aussi contemporain de Xenophon,qui l’a bien connu, et que le témoignage de Platon hérisse.
Ledit Platon est sinon un Homme de Théatre, du moins un dramaturge de la philosophie (cf la légende ancienne et crédible de ses tragédies brulées après la rencontre avec Socrate; Dans Diogéne Laerce? Pas le temps de verifier). Le Discours d’Alcibiade, dans les deux extraits reproduits ici, dit simplement de ne pas se fier aux apparences -l’image du Silène, id est de la Boite, qu’on trouve identiquement employée dans un prologue trés justement célèbre de Rabelais) Bref, Socrate peut sembler laid, unanimité de la statuaire sur ce point, sa beauté est intérieure. Il faut le fréquenter pour le deviner.
Un parallèle s’impose avec un autre affreux de trois siècles antérieur, Esope,boiteux et bossu, de qui émane pourtant une forme de sagesse. Il n’est pas dit que les contemporains ne l’aient pas eu en tete.De l extreme laideur vient parfois la sagesse. Platon joint peut-etre sur ce topo là.
Il faudrai aussi gloser le choix de Marsyas, cet homme qui chantait mieux qu’Apollon et que celui-ci écorcha par jalousie. Mise en abyme du destin de Socrate? Humanisation du philosophe virtuose qui chamboule un Alcibiade par le discours comme il est dit dans le texte, mais qui n’en est pas moins un homme? Ce que Platon montrequi cautionnerait la première interprétation, celle de la mise en abyme ce sont justement deux paroles qui s’opposent, la parole politique (Periclés, les bons orateurs de la cité,) et la parole Socratique, incompatible avec elle, puisque Alcibiade tout en étant d’accord avec ses conclusions, choisit de ne pas l’appliquer par « soif d’honneurs ». Sedessine ici une paroile dont le destin, depuis l’Apologie, est d’etre éradiquée de la Cité avec celui qui la profère.
Sur la Beauté, l’Hippias s’abstenait de conclure.Le choix fait ici dans le Discours de Diotime montre surtout l’idéalisme platonicien, de scènes courantes alors dans un certain milieu athenien jusqu’à l’archetype qui est le coeur de la démonstration:une idée de beauté transcendante et absolue, avec montée du corporel au spirituel ( « Beau corps, » »Belle Ame » « Océan du Beau »), mais montée qui, une fois accomplie, frappe de caducité la beauté corporelle et terrestre. En fait, le corps n’est que le premier barreau de l’échelle, voué à etre dépassé par la rencontre avec l’Archetype, rencontre qui, par son caractère absolu, ouvre sur une comprehension du monde: Se révèlent alors la Beauté spéculative des Sciences,
des Lois, etc. « Que nul n’entre ici s’il n’est geomètre » dira Platon ailleurs. On peut trouver que Platon prefigure ici Longin et son Traité sur le Sublime, défini comme ‘ce je ne sais quoi qui vous ravit et vous propulse sur les cimes de la Beauté. » Dumoins la notion est-elle en germe dans le Discours de Diotime sur cete Beauté « Elevée ». DHH pourrait peut etre nous dire si le mot sublime au sens d’élevé figure dans le texte grec de Platon.
Bien à vous.
MC
Une des mises en scène d »’oncle Vania » saisissante et réussie ce fut celle d’Alain Françon (grand tchekhovien) aux Amandiers de Nanterre, il y a au moins dix ans.. Il avait demandé à son décorateur-scénographe de faire une vaste copie fidèle d’une toile représentant la campagne russe d’Isaac Levitan, le paysagiste et grand ami de Tchekhov , et donc on avait une sans cesse une splendide pression fluide d’un décor de campagne, aussi côté cour et jardin, une vibration dans les vastes verdures caressées de lumières, avec les quatre saisons qui balayaient le tout, avec une fin d’été languissante , puis un automne, et un nocturne très hivernal .Dans ce domaine forestier ça donnait aux disputes ,querelles, malentendus, une curieuse dérision poignante.
Il y a de la creation et de la pensée platonicienne la dedans (clavier en lambeaux)
L’essentiel est que le théàtre permette la catharsis.
Simone la femme à Platon.
Hypathie la femme à Socrate.
Gougère la femme à Alcibiade.
« de son propre aveu, il entend prouver qu’il peut se montrer humain et faire pleurer les âmes sensibles en écrivant « les amours d’une vieille fille et d’un perroquet ». »
cette phrase me fait penser au sketch du Le Sâr Rabindranath Duval avec Pierre Dac et Francis Blanche, quand il dit : oui il peut le faire !!!
Des philosophes ont vécu avant Platon, quelques exemple :
« Vous ne trouverez jamais la vérité si vous n’êtes pas disposé à accepter même ce que vous ne vous attendiez pas à trouver. »
Héraclite
« L’être est et ne peut pas ne pas être. »
Parménide
« Comment pouvons-nous parler de la Lumière si nous n’avons pas eu, au moins une fois, l’expérience des Ténèbres ? »
Zénon
« Rappelez-vous que toutes choses sont dotées d’intelligence et participent à la pensée. »
Empédocle
Des fjo4ds au Chili de Punta Aeenas à Puerto Montt.
Des baleiniers, des pirates, des britanniques et des assassins de Patagons.
Beaucoup de littérature marine sur le sujet.
Avant d’aborder à Puerto Montt, escale à Chiloé, grande île oblongue et // à la cordillère des Andes. Aux habitants téméraires.
Plus haut ensuite, les indiens mapuches,dépossédés de leurs terres ancesteales et accusés des départs d’incendie.
Je connais ça, bien. Le fait de rendre coupable celui que l’on assassine, dépossède, viole.
fjords très découpés entre lesquels la navigation est extrêmement dangereuse.
et les planques nombreuses.
Punta Arenas
Amor sacro amor profano:
La quelle de deus représente l’amour profane ?
https://www.analisidellopera.it/wp-content/uploads/2018/04/Tiziano_Amor_Sacro_e_Amor_profano.jpg
« de son propre aveu, il entend prouver qu’il peut se montrer humain et faire pleurer les âmes sensibles »
MC pourquoi m’avez-vous dit que cela n’avait aucun rapport avec Ion ? Du coup (en plus de relire le coeur simple) je me suis retapé le livre X de la République, vous l’avez bien en tête ? je veux dire assez en tête pour en discuter ? le truc sympa avec ce blog c’est qu’il incite à lire des trucs qu’on aurait pas lus ou relus.
je me demande si les critiques littéraires ont tous lu le livre X de la la République de Platon…
dans le cas de Flaubert il faut bien avoir en tête la chronologie des évènements :
1 G. Sand lui reproche d’utiliser ses personnages comme des pantins sans empathie
2 GF lui répond : c’est pas vrai je peux le faire !
3 – vlan ! il nous pond un cœur simple.
4 tous les lecteurs pleurent en le lisant…
les voies de la création artistique sont parfois vraiment impénétrables…
j’ai oublié un épisode :
1 G. Sand lui reproche d’utiliser ses personnages comme des pantins sans empathie
2 GF lui répond : c’est pas vrai je peux le faire !
3 elle lui répond c’est pas vrai nananère tu peux pas !
4 vlan ! il nous pond un cœur simple.
5 tous les lecteurs pleurent en le lisant…
Puck rencontre un autre empêchement sur la route qu’il voudrait parcourir pour arriver au Grand-Roman-Français, il donne trop d’importance au prétexte.
dommage que les éditeurs n’aient pas mis cette échange entre Sand et GF en introduction à cette nouvelle, parce que c’est quand même grâce à elle.
j’y connais rien au Grand Roman Français, mon truc c’est plutôt les voyages de Gulliver, du coup j’essaie de passer par la critique littéraire pour me préparer à la lecture du Grand Roman Français, j’avoue que c’est pas la voie la plus facile, parfois je me dis que j’aurais mieux fait de commencer par les lire.
Celle-ci, Paul Edel ? On voit le décor inspiré par la toile d’Isaac Levitan :
Et dans cette seconde vidéo, Alain Françon explique pourquoi il a choisi Oncle Vania.
In Noise, a professorial supergroup explains the causes and consequences of the inherent variability in professional judgment.
JE NE SAIS PAS ENVOYER un cartoon humoristique d’unjournal américain c’est trop complexe pour moi et je le trouve excellent pour la complexité du coeur simple
c’est un caméléon sur le divan de son psy qui gribouille;et on voit le caméléon se redresser et sauter sur le psy :le dessinateur s’appelle chatfield! bonsoir
désolé je viens de relire la correspondance j’ai oublié des épisodes :
j’ai oublié un épisode :
1 G. Sand lui reproche d’utiliser ses personnages comme des pantins sans empathie
2 GF lui répond : c’est pas vrai je peux le faire !
3 elle lui répond pas vrai même pas cap !
4 GF réponde oui j’suis cap !
5 GS répond non pas cap
6 GF répond tu vas voir pétasse si je suis pas cap
7 GS répond même pas cap
8 vlan ! il nous pond un cœur simple.
9 tous les lecteurs pleurent en le lisant…
Celle choisie par C.P. à l’Odéon. Mise en scène de Stéphane Braunschweig :
https://mlascene-blog-theatre.fr/oncle-vania-stephane- braunschweig/#:~:text=St%C3%A9phane%20Braunschweig%20reprend%20%C3%A0%20l,la%20pr%C3%A9servation%20de%20la%20plan%C3%A8te.
Le choix de Jibé : Oncle Vania à la Comédie Française avec Alain stocker
Laurent Stocker
j’ai oublié l’épilogue :
1 G. Sand lui reproche d’utiliser ses personnages comme des pantins sans empathie
2 GF : c’est pas vrai je peux le faire !
3 GS pas vrai même pas cap !
4 GF : oui j’suis cap !
5 GS : non pas cap
6 GF : elle va voir la pétasse si je suis pas cap
7 GS : même pas cap
8 vlan ! il nous pond un cœur simple.
9 tous les lecteurs pleurent en le lisant…
épilogue :
10 GF : t’as vu si j’suis pas cap
11 GS : c’est bon lâche moi la grappe
12 GF : elle est vexée… elle est vexée…
13 GS : pas vrai même pas vexée
14 GF : oui t’es vexée
15 GS : c’est bon lâche-moi les baskets
16 GF : t’as vu que t’es vexée.
j’arrête là parce qu’après ils échangent 50 lettres sur le même ton.
Mise en scène Julie Deliquet
Avec Dominique Blanc, Anna Cervinka, Noam Morgensztern, Hervé Pierre, Laurent Stocker, Stéphane Varupenne, Florence Viala
Un beau papier sur le trac
Bail remise en scène de Julie Deliquet :
https://www.theatreonline.com/Spectacle/Vania-d-apres-Oncle-Vania/59255
maintenant je me sens enfin prêt pour commencer à lire enfin cette nouvelle.
si on me le permet, après l’avoir lu je vous dirai ce que j’en pense, après tout ce blog est aussi un lieu d’échanges entre des lecteurs non ?
je veux dire on n’est pas là que pour parler de Platon et autres fadaises…
Xanthippe et Xénobie aussi, femmes de grands phi.
je viens de lire la première page ça a l’air plutôt pas mal…
la deuxième aussi…
lettre de Flaubert:À George Sand.
Croisset, nuit de samedi [12-13 janvier 1867]
Pourquoi suis-je amoureux de Siverain ? C’est que j’ai les deux sexes, peut-être ?
Et enfin, sur France 5, hier, filmée au théâtre de l’Atelier, Oncle Vania, dans une mise en scène de Jacques Weber.
(Spectacle filmé qu’Alexia et moi avons apprécié)
https://m.facebook.com/francetvculturebox/videos/131466972233436/
Je ne connais pas le choix de M.Court pour sa mise en scène
préférée d’Oncle Vania…
G.F. à G.S
Je crois que le coeur ne vieillit pas ; il y a même des gens chez qui il augmente avec l’âge. J’étais plus sec et plus âpre il y a vingt ans. Je me suis féminisé et attendri par l’usure, comme d’autres se racornissent, et cela m’indigne. Je sens que je deviens vache, il ne faut rien pour m’émouvoir ; tout me trouble et m’agite, tout m’est aquilon comme un roseau.
Certainement, j’emploie le mot vache à mon usage. J’ai même inventé le verbe vacher. Je vache, tu vaches. Mais le plus beau c’est l’impératif : «vachons !». G.F
question au pro sur cette lettre :
»
À George Sand.
Lundi soir [3 avril 1876.]
J’ai reçu ce matin votre volume, chère maître. J’en ai deux ou trois autres que l’on m’a prêtés depuis longtemps ; je vais les expédier et je lirai le vôtre à la fin de la semaine, pendant un petit voyage de deux jours que je suis obligé de faire à Pont-L’évêque et à Honfleur pour mon Histoire d’un Coeur simple, bagatelle présentement «sur le chantier», comme dirait M. Prud’homme.
»
qui peut me dire c’est quoi la bagatelle ?
Le roman, selon moi, doit être scientifique, c’est-à-dire rester dans les généralités probables. Voilà mon plus gros reproche et même le seul qui soit grave.GF
Et hop
C’était beau de bêtise, je t’assure. G.F
Mais Paul Edel, AF , grand homme de theatre s’il en est, réussit pratiquement tout ce qu’il’ touche. Et quel homme de théâtre ! Braunschweig ou tout autre en comparaison, j’ai du mal! Bien à vous. MC
Donc, M.Court c’est comme Paul Edel Les Amandiers à Nanterre, mise en scène d’Alain Françon.
Le pire est sans doute Warlikowski, dont l’Iphigenie en Tauride transposée dans un Ehpad ravagé par Alzheimer est exemplaire du traitement réservé à l’Opera de Paris aux grandes œuvres du. Repertoire.,..le Faust signale par Alexia Neuhoff n’était pas mal non plus dans le genre je dépense l’argent public pour le plus horrible spectacle possible….
Vincent, Francon, Villegier, tout autre, mais des gens qui servent la pièce au lieu de se servir eux-mêmes, et pour qui le theatre est aussi plaisir et non mortification masochiste infligée au spectateur, Christiane!
Pas de cédille au correcteur, désolé !
Je comprends, M.Court, votre choix. Mais ma curiosité me conduit à toujours découvrir, comparer, essayer de comprendre ce que chacun d’entre eux a saisi de l’auteur choisi. J’aime aussi le travail des comédiens. Des qualités d’expression, le travail de la voix, et celui de la mémoire, du groupe. Des vies souvent difficiles. Je me souviens de Lavande epaulant sa petite troupe à Avignon (théâtre off). Passou est fidèle au Français, aux comédiens du Français. C.P. suit le travail des siens, c’est normal, l’amour d’un père. Jibé est fin dans ses jugements. Paul Edel a tant de cordes à son arc… tant de culture théâtrale et ce n’est surtout pas un membre du milieu germanopratin. C’est un loup solitaire.
Bref ! Et notre Jazzi fou de cinéma. La vie est belle dans sa diversité. Bonne soirée.
Depuis la tentative d’égorgement dans une rue de Montpellier d’Alain Françon, silence radio sur toute la ligne !
https://www.leparisien.fr/faits-divers/agression-du-metteur-en-scene-alain-francon-une-interpellation-a-montpellier-02-04-2021-AIR4LQEFHVFATPKENOIZX47WSQ.php
Félicitations du jury à M. Court pour sa copie sur la beauté selon Diotime/Socrate/Platon.
Oui, renato, il y avait bien des philosophes avant Platon, le greffier de Socrate, qui lui se contentait de poser des questions et de draguer les plus beaux garçons !
Le greffier de Xanthippe.
passou !!!!!! je viens de mener des travaux de recherche dans la correspondance de GF avec mon équipe de spécialistes en études flaubertiennes et nous arrivons à la conclusion effarante que cette affirmation : « de son propre aveu, il entend prouver qu’il peut se montrer humain et faire pleurer les âmes sensibles » ne se trouve absolument nulle part dans sa correspondance !!!
il s’agit d’une légende urbaine, une fake news !
il s’agirait donc de donner dans les plus brefs les références de cette phrase parce que je viens de la recopier 72 fois sur la base d’une confiance totale dans ce que vous écrivez !
et ça c’est un peu fort de café !
heureusement il reste dans ce contexte épouvantable il reste de bonnes nouvelles comme la victoire de la petite chanteuse française au concours de l’eurovision : elle ressemble à Piaf et à Amélie Poulain et sa chanson c’est du Jacques Brel : voilà la France comme on l’aime ou on la quitte ! vive la République ! vive la France !
Vive le Roy, keupu. Allez, dis-le s’il te plait.
même sous la torture je le dirai jamais !
@une balle dans le pied
D’un Arthur l’autre, on spécule avec France Cul
https://www.youtube.com/watch?v=HYXmpHa0sms
Eh bien Jazzi c’est terrible cette nouvelle ,!
J’ai trouvé ceci sur internet :
« Selon les informations de la police, alainy Françon qui donne des cours à l’École nationale supérieure d’art dramatique de Montpellier depuis mi-février 2021 est désormais hors de danger.
France Bleu Hérault a d’ailleurs rapporté, mercredi 17 mars au soir, que son état de santé n’inspire plus d’inquiétude. »
Vous oubliez, Jacques, la nature de la méthode socratique. Inutile de me perdre dans un rappel de la chose, devrait suffire le fait que : L’enseignant est l’élève doivent être d’accord sur l’argument à traiter ; L’élève doit accepter de répondre aux question ; etc., etc.
Cela dit la référence aux sophistes chez Socrate et Platon est plutôt ennuyeuse : certains présocratiques sont plus amusants et carrément plus stimulants.
« je suis obligé de faire à Pont-L’évêque et à Honfleur pour mon Histoire d’un Coeur simple, bagatelle présentement «sur le chantier», comme dirait M. Prud’homme. »
un demi siècle de servitude = une bagatelle.
on croit rêver.
Enfin, la réhabilitation de voilà tant attendue
Metci Barbara !
Anton Webern :
Cravan “prometteur” qui n’a pas “fait œuvre”, c’est assez délicieux.
Dans le Yunnan, frappé par un séisme de magnitude 7,3, fabrication à la main par des femmes des fleurs de thé.
7,3 c’est moins que 9,2.
Fleurs de thé du Yunnan
https://www.mariagefreres.com/FR/2-pu-erh-fleur-de-the-the-mur-chine-T2024.html
@il reste de bonnes nouvelles comme la victoire
« Parla, la gente purtroppo parla
Non sa di che cosa parla
Tu portami dove sto a galla
Che qui mi manca l’aria »
Celle qui conduit les hostilités vit cachée, maniant les ficelles. Décide. Tranche. Impose. La place du père.
Le cadet ne perdra jamais sa place de caganis. C’est une place acquise sans haute lutte. Un caganis peut poignarder sa mère dans le dos, il restera le grand amour de sa mère.
La semaine dernière, ma mère n’avait plus what’s app, chgt de règles internes, je lui ai réinstallé.
Hier, ai vérifié.
Je ne dois pas regarder le tel.de ma mère car c son intimité conversationnelle.
Le cadet a supprimé ma photo, je canote, souriante, dans les gorges du Verdon, s’est photographié en pied prenant ma mère au bras et mis sa photo ds le téléphone en pleine page.
L’aînée a téléchargé la photo du fils, le troisième dont la paternité du fils a effacé radicalement la moue lippeuse arrogante.
Tard mais réussi.
Le goût des garçons.
Traités comme des putes pour obtenir quelque chose : se laissent faire.
Je ne suis pas allée me présenter à l’accueil.
Une est venue me le dire.
Suis allée. Y avait personne.
C’était une après-midi catastrophique.
J’étais à moins quarante.
Dieu merci, la chance pour moi, les gens de l’Ehpad m’ont bien laché les baskets.
En partant, ma mère pleurait, je l’ai regardée froidement, un poignard bien planté dans le coeur, je me suis fâchée deux heures avec elle, de 17h37 à 19h37.
Arrivée chez moi, j’ai repris l’entente affectueuse. Lui ai raconté Magellan, le rio de la Plata, le passage du cap Horn, le hâché menu par le peuple d’un petit roitelet du grand inventeur du canal.
Et Tomé au Chili, au nord de Concèpcion. Sur la côte est, face au Pacifique.
Elle m’écoute, elle a ri. Lui ai raconté la litanie de Je vous salue marie en faisant 80 kg de confiture de pêches et que j’allais offtir un kitchen-aid à la responsable en chef de la cuisine.
Lui ai dit aussi que je pensais qu’ils n’agaient pas de relations sexuelles, mais qu’ils étaient comme mari et femme.
Ma mère m’a dit qu’elle était follement amoureuse de lui.
En tout cas, l’a bafoué un des dix commandelents pck
» tu n’auras qu’un seul dieu » et elle, elle l’a adulé lui, l’homme.
Sans que jamais lui ne lui dise « Jésus crie, moi pas. »
Jui ai dit qu’elle avait du lui laver le cul, ds ses vieux jours, puisqu’elle était sa bonne félicitée, sans jamais l’être félicitée, ce qui est un comble.
M’a répondu je ne suis pas sûre que j’aurais pu laver le cul de ton père.
Au fond, je je sais rien de tout cela. La part majeure est intuitive et rocambolesque.
La gloire de ma mère.
J’lui lirai cela, vers 9 heures.
Je ne peux pas me facher avec elle.Mon chat est là, collée à moi me disant ça ira. J’n’peux que la croire.
L’a 21 ans. A vu l’eau passer sous les ponts. Punto vecchio.
https://youtu.be/rB15Sd78sKkhttps://youtu.be/rB15Sd78sKk
Le matin au réveil.
Il veut ma mort et que le coeur lache d’un coup.
Je lui dirai le hard-rock, c’est mauvais pour mon coeur. J’ne peux pas.
Et le chat s’est enfui en courant bordel.
Terrifié.
Se fier au chat.
« Cravan “prometteur”… »
https://blogfigures.blogspot.com/2011/04/arthur-cravan-hie_2.html.
Quand à ces italiens au chanteur au collier de chien !!!, qu’ils se penchent sur le bel canto.
Barbara Pravi bravi.
Sa conférence sur l’entropie
« Selon un ami témoin appelé Owen Cattell, un pacifiste et déserteur américain, dans une lettre dont l’original n’a pas été retrouvé, Arthur Cravan aurait ensuite embarqué de son côté, sur un bateau qu’il aurait acheté à Puerto Ángel, mais devant rallier Salina Cruz par gros temps pour retrouver deux marins et Cattell, aurait disparu dans l’isthme de Tehuantepec, durant la forte tempête qui dura plusieurs jours, vraisemblablement au début du mois de novembre 1918 : après cette date, on perd totalement toute trace de lui. Son corps n’a jamais été retrouvé. Mina Loy se lance alors dans une enquête à travers le monde jusqu’en novembre 1921. La police mexicaine aurait fait état de deux corps d’hommes abattus près de la frontière américaine, au bord du Rio Grande del Norte ; le signalement de l’un d’eux, cheveux blond cendré et de très grande taille (Cravan mesurait près de 2 mètres et pesait plus de 100 kilos), pouvait correspondre à celui de Cravan[12]. L’une des questions que posa son frère Otho, qui crut longtemps que son frère avait fui ses devoirs de père, est : pourquoi, en plein conflit, son frère voulait-il passer par le canal de Panama pour rejoindre Buenos Aires quand il n’avait aucun passeport en règle sur lui et qu’il était recherché pour ses activités de pacifiste[1] «
Mina Loy, Moreover, The Moon
Oui, enfin.
Elle est à Buenos Aires. Amoureuse. Enceinte et il n’arrive jamais.
Mais comment voudriez-vous que nous ne soyons pas traumatisées ?
Cravan, reviens.
Donc, ce film d’Antonioni, vu cette nuit.
Assez déprimant ! Le personnage de Clélia a de bonnes raisons d’être écoeuré par ce monde oisif et veule…
Pentecôte signifie saint esprit blam, sur les disciples.
50 jours après Pâques.
Nous y sommes.
Oui Christiane, je comprends ça très bien mais que voulez-vous, je préfère la piece aux succédanés qui en sont tirés. Puck à ma connaissance le problème lacrymal n’ est pas traité dans Ion,!je veux bien me remettre au Livre X quoique ne l’ayant pas ici. A quoi pensee-vous précisément qui soit en lien avec le Ion. Merci. Jazzi d’avoir cité ce très beau texte. A bientôt. MC
Se fier au chat
Ah les contrepèteries de Rose !
Jamais réussi à me passionner pour Cravan, dont le recueil Qund J’etais Cigare à refait récemment son apparition dans ma Bibliothèque.On garde certaines choses parce qu’on les a lues, pas parce qu’elles vous passionnent. A la lite parce qu’elles vous amusent. Ah, la poésie dite sérieuse de Mr Lemerre et consorts, qui sonne parfois comme une parodie irrésistiblement kitsch de son époque…
Le cadet ne perdra jamais sa place de caganis. C’est une place acquise sans haute lutte.
Et à laquelle il tient précise ma mère à qui je lis mon post.
Le reste ça va me dit ma mère.
« Vous oubliez, Jacques, la nature de la méthode socratique. »
Mais non, renato, je n’ignore rien de l’art subtil de la maïeutique. En France, c’est même par là que commence l’étude de la philosophie au lycée. Du moins, à mon époque.
Depuis, il est vrai, j’ai une certaine tendance à me prendre pour le maître plutôt que l’élève et à poser des questions. Dans le but d’aider l’autre à dépasser ses préjugés.
Au point que certains voudraient bien me faire avaler la ciguë…
Non, Jacques, je n’ai pas dit que vous ignorez, mais que vous oubliez. Pour ce qui est de la pratique, vous semblez pratiquer une forme d’humour, mais pas l’ironie — fiction — ce qui vous ne correspond pas à la maïeutique.
Pour ce qui est d’aider l’autre à dépasser ses préjugés, il serait souhaitable que chacun dépasse les siens.
Un vous de trop
ON VIENT DE ME DIRE QUE C42TAIT LA FËTE DES MERES, ah lala!
P.S., ironie du grec εἰρωνεία qui vaut dissimulation.
mais je crois que c’est une erreur!
Pour ce qui est d’aider l’autre à dépasser ses préjugés, il serait souhaitable que chacun dépasse les siens.
oui renato ;tout juste!
https://www.philomag.com/articles/frederic-worms-le-refus-de-la-mort-sous-toutes-ses-formes-est-la-seule-facon-de-fonder
Les préjugés des autres sont aussi les nôtres…
Non, ce n’est pas une erreur. Vos enfants ne vous ont pas souhaité bonne fête, et alii ?
M.Court dit: « Oui Christiane, je comprends ça très bien mais que voulez-vous, je préfère la piece aux succédanés qui en sont tirés. »
Au moins le mime Marceau ne provoquait pas ces tentations !
fête desmères
https://www.teteamodeler.com/dates-de-la-fete-des-meres-a-venir
, les Italiens de la famille de Marco Polo disent avec leur autodérision habituelle: « la philosophie est belle, mais les spaghettis nourrissent »[réf. nécessaire]. Alors, en contraste à la Philosophie occidentale verbeuse, la Sagesse chinoise est pragmatique et sociale.
voyez F.Julien quand même!
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie_chinoise
MC pas le côté lacrymal, mais l’aspect « copie ».
Je comprends tout à fait que les écrivains écrivent de la fiction et ils ne sont pas obligés de croire tout ce qu’ils écrivent d’accord.
Monsieur x m’a dit que pour lui l’important c’était l’oeuvre elle-même et non pas la vie de l’auteur : d’accord aussi.
Mais là je viens de me retaper la lecture de la correspondance de Flaubert de 1876 je peux vous dire qu’à chaque fois qu’il évoque cette petite nouvelle il le fait avec un mépris et un dédain incroyable.
Je veux bien que Flaubert ne soit pas Hugo ou Zola et que le sort des « petites gens » il s’en tape complet, ça aussi il en a le droit.
Mais un tel grand écart entre ce auquel il croit (pas grand chose à vrai dire) et la perfection dde cette nouvelle, un tel résultat sans être porté par une conviction etc… ne peut pas ne pas nous interroger et revenir à Platon et Ion.
Ou alors il faut vraiment être de mauvaise foi, ou aveuglé par son adoration quasi religieuse ou je sais pas quoi qui vous fasse perdre les pédales, mais vraiment c’est pas possible de se laisser enfumer à ce point sans au moins se laisser la possibilité de s’interroger.
en résumé : oui pour Platon et oui pour Ion parce que c’est exactement la question soulevée dans ce dialogue qui avait tant déplu à Goethe.
excuses:
François Jullien, né en 1951 à Embrun (Hautes-Alpes)1, est un philosophe, helléniste et sinologue français.
précision : quand je dis copie c’est la possibilité de copier bêtement, mais fidèlement et précisément, avec le plus immense talent, une réalité qui existe dans la réalité, mais dont l’essence est hélas absente de la copie.
un peu comme les 2 copistes à la fin de Bouvard et Pécuchet.
Jullien
http://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Ftranstexts.revues.org%2F554%3Flang%3Dzh
Qu’est-ce que la philosophie interculturelle ? Entre comparatisme et critique transculturelle (Un dia-logue avec François Jullien)
Fabian HEUBEL
d’ailleurs c’est bien ce qu’il faut comprendre dans cette phrase : « il entend prouver qu’il peut se montrer humain » :
il s’agit bien, non pas d’être d’humain, mais de se montrer, donner une apparence de l’humain.
et ça c’est tout Flaubert et sa grande différence avec Tchekhov : il tient le monde à distance, il l’observe, mais de loin, il ne vit au contact de ces gens, ils n’existent que de loin !
je viens de me retaper la nouvelle : le résultat est effectivement techniquement époustouflant, mais il manque l’essentiel : la vie. Parce que lui-même n’a jamais vécu.
« fête desmères »
Au temps pour moi, et alii.
« Monsieur x »
Je crois qu’il faut dire madame, puck.
Tombée par hasard sur Drillon invité de « Remède à la mélancolie » (Eva Bester / France inter). Un peu la voix de Paul Guth. Premier extrait d’enregistrement choisi par Drillon : Sacha Guitry. Un maître en matière de misogynie ?
le mot juste:
« C’est vrai que le monde en général – et donc l’univers de la traduction – a radicalement changé depuis l’époque où j’ai fait mes débuts, et où finalement, il était assez simple de savoir ce qu’était et ce que faisait un traducteur. Aujourd’hui, il y a une profession qui englobe une multitude de métiers, souvent très pointus, et très marqués par le développement de l’informatique. La traduction automatique neuronale est un de ces développements, et marque effectivement un progrès certain, qui favorise d’ores et déjà le développement de la postédition, et modifie en partie la structure de la profession. Pour autant, c’est un élément parmi d’autres, qui oblige chacun, traducteur et formation en traduction, à se positionner. Mais comme le dit Alan Melby [3], « les seuls traducteurs que la traduction automatique va faire disparaître sont ceux qui traduisent déjà comme une machine. » En d’autres termes, c’est le niveau d’exigence qui augmente.
https://www.le-mot-juste-en-anglais.com/2021/05/nicolas-froeliger-linguiste-du-mois-de-mai-2021.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+typepad%2Fle-mot+%28Le+mot+juste+en+anglais%29
@M.Court
Je me suis demandée pour quelles raisons « Atelier Vania » m’était proche bien que différent de la pièce de Tchekhov. Je crois que ce travail a fait surgir une mémoire de l’ambiance de cet été où les illusions se fracassent, où les êtres se croisent et se ratent. Une pénombre, des visages tour à tour beaux, graves, mélancoliques, furieux. Une pièce où Sonia et Vania vont reprendre leur travail non reconnu mais ils seront là… à attendre ce temps où ils se reposeront enfin.
« Tu n’as pas connu de joies dans ta vie, oncle Vania, mais patiente un peu, patiente… Nous nous reposerons… Nous nous reposerons… »
Ou plus exactement, comme dans « Les Trois Soeurs » ce que dit Olga : « nous vivrons ! et on se croirait que le point de savoir pourquoi nous vivons, pourquoi nous souffrons… Si l’on pouvait savoir, si l’on pouvait savoir ! »
Le temps est toujours le personnage principal chez Tchekhov et là, dans Atelier-Vania, il était palpable.
Je pense à cet homme silencieux, solitaire, Tchekhov… qui se demandait s’il y a quelque chose à comprendre dans la vie.
« il tient le monde à distance »
N’est-ce pas le propre de tout artiste, puck ?
Tu affrontes la réalité à manches retroussées, toi ?
L’Italie remporte l’Eurovision 2021 de la chanson.
Barbara Pravi représentait la France et a fini deuxième. Je pense que cette victoire italienne est méritée, je préfère sincèrement Zitti et Buoni à Voilà.
Plutôt celle-ci que la précédente.
www.http://youtu.be/RVH5dn1cxAQ
Jazzi heureusement non, n’es-tu pas en train de lire les Frères Karamazov ? Tu verras la façon dont D. traite les frères, déjà il les voit à hauteur d »homme, ni de loin, ni de haut, ensuite tu sens la distance qu’il y a entre lui et Ivan, Aliocha et à la fin avec Dimitri, quand il parle de Dimitri il n’écrit plus avec sa tête il écrit avec ses tripes, avec son ventre dirait Montaigne, Flaubert écrit avec ses yeux son regard.
L’autre énorme problème c’est cette satané langue littéraire qui met à distance le monde. On sent dans les phrases de Flaubert qu’il a mis tellement de temps à les sculpter qu’elles ont fini par se vitrifier.
Tchekhov n’écrit pas dans une autre langue que la nôtre, celle de tous les hommes, celle que nous parlons, que nous utilisons pour dire nos joies et nos peines.
Je hais cette langue littéraire, elle est tellement française, ampoulée et factice, elel donne raison à Platon.
Même les rockeurs sont ringards à l’Eurovision !
On a pas tenu cinq minutes avant de zapper, hier soir…
« celle (la langue) de tous les hommes, celle que nous parlons, que nous utilisons pour dire nos joies et nos peines. »
Pour toi le plus grand écrivain français, c’est… Johnny, puck !
Au restaurant « Chez Jean-Luc », la carte est d’une belle simplicité :
Il était en meeting à Aubin, et c’est là qu’il a proclamé la royauté du couscous.
surtout quand ils sniffent de la coke en direc pour mieux s’tré-mousser. Ride Icule. On zap’
La question serait est-ce qu’un écrivain est le mieux placé pour parler de ses œuvres , ou meme les juger, Puck? En ce sens ce que peut dire Flaubert de telle ou telle œuvre est à re contextualiser. Il a dit aussi de l’ Éducation Sentimentale « c’est l’œuvre de toute ma vie », ce qu’on ne peut guère contester. A bientôt, Pentecôte oblige ! ( ça c’est aussi pour faire enrager qui vous savez!) MC
Jazzi dit: Pour toi le plus grand écrivain français, c’est… Johnny, puck !
»
pourquoi pas Jazzi ! je ne fais pas de hierarchie dans les émotions, un jeune fille qui pleure en écoutant une chanson de Céline Dion a pour moi autant de valeur que les émois d’une MH Lafon devant les belles phrases de Flaubert.
Les « intellectuels » ont recréé un monde des émotions à eux, devant les tableaux des Maitres Anciens, en lisant les livres, en allant voir les films ou les pièces de théâtre de Grands Auteurs, mais au final, quand on les lit ou les écoute, ils ne sont ni plus ni moins ridicules qu’une midinette qui sanglote en écoutant une chanson de Johnny.
Il n’y a pas d’échelle de valeurs dans les sentiments humains : lis les Frères K. et peut-être que tu comprendras au moins ce genre de truc.
MC dit: La question serait est-ce qu’un écrivain est le mieux placé pour parler de ses œuvres , ou meme les juger, Puck?
»
non MC : la question est jusqu’à niveau on trouve accptables de tels grands écarts, pour le coup je préfère de loin la sincérité et l’intégrité d’un Johnny, sur scène il savait se donner à fond : que je t’aime que je t’aiiiime que je t’aime….
J’avais un doute sur la citation .Eh non, il le dit du Saint Antoine ! Sans doute pour l’effort qu’il lui a coûté. Est-ce pour autant faux, il ne me semble pas. Cette tentative de construire un Goethe à la française échoué mais ne reste pas dans le domaine des virtualités.
S’il y a un registre où Puck excelle c’est la singerie. Déjà il n’a pas compris qu’aux fins de la création le prétexte n’a aucune valeur ; puis, il confond idéologie — celle qui l’informe — et esthétique : il n’y a pas erreur plus grossière, surtout pour un qui, si les informations données ici sont vraies, aurait écrit des romans ; et que cela bien à part prétend nous ouvrir des horizons !
Je rappelle que de Kooning, interrogé relativement aux relations entre sa peinture et la politique, tint à faire la différence entre son action de peintre et son action politique. Bon, évidemment, Dexter s’en fout et de la position de de Kooning et de mon opinion, mais c’est dit.
MC dit: Est-ce pour autant faux
»
MC ne vous posez pas ce genre de question, considérez plutôt que chez Flaubert tout est faux, histoire de vous simplifier la vie.
Et voilà !
renato s’il y a une chose que je prends pas à la légère c’est bien l’opinion des Grands Esthètes.
Ne crois-tu que les écrivains, les peintres, les musiciens ne prennent pas une certaine distance par rapport au sujet, au thème à l’objet de leur création, puck ?
Ce faisant, ils y mettent toute leur intelligence et toutes leurs tripes.
Flaubert suait sang et eau pour parvenir à ses fins…
D’où le titre de ce billet par Passou : De la complexité d’« Un cœur simple »
« je préfère sincèrement Zitti et Buoni à Voilà. »
>Zitti et Buoni, ça méritait des tartes à la crème
>Quant à Voilà, voilà, l’écho répondait Padam padam
À Milan, Jacques, lorsque quelqu’un parle de quelque chose dont il ne connait pas le tenants et les aboutissants, on dit « pâtissier fait ton métier ». Or, on ne sait pas quel est le métier de Puck. À espérer qu’il ne soit pas pâtissier !
après l’ignoble décision d’attribuer un carton rouge à levani botia, tout a basculé pour le stade rochelais qui, affaibli, était quasiment assuré de perdre la partie alors qu’il aurait largement mérité de gagner le tournoi à twickenham
« Rester à l’Odéon c’est devenu un problème d’affrontement avec la direction, ça ne nous intéresse pas », a expliqué Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. L’idée maintenant est de « poursuivre ailleurs, pour continuer à batailler le plus longtemps possible ». »
Bravo à la direction de l’Odéon, qui n’a pas été très aidée par sa hiérarchie durant cette longue période de conflit !
Une fois de plus devant le Mur des lamentations,- le stand nrf poésie au Divan- et là Dieu a parlé : ce vieux Francis Jammes (De l’Angélus de l’aube
à l’Angélus du soir) et une découverte Nazim Hikmet, intellectuel turc qui s’enflamma pour la révolution communiste, encensa Staline avant de de le dénoncer. Un parcours qui en rappellera d’autres. Combien d’années d’emprisonnement cumula t-il dans les geôles soviétiques et turques ?
Tout se vaut… Voilà une affirmation irréfutable sur un plan épistémologique occidentalo-centré. Il n’y a comme vérité temporairement admise aujourd’hui que le relativisme absolu.
Bonne fête à M. et E., aux mères Tua (homère-tua, omertua, omertà). Prendrez-bien un verre de Côte Rôtie (Turque côte brune, mill. 1999, de préférence) pour ce déjeuner dominical exceptionnel ?
Merci Janssen-JJ.
Va pour un verre de Côte Rôtie (Turque côte brune, mill. 1999, de préférence).
Ma maman tchin avec vous !
Nuit de tchin, nuit câline.
Flaubert n’as pas besoin de « vivre » au sens primaire du mot, il met tout dans son oeuvre, et pourtant il a bien aimé ses amis, le Moscove Turghenieff, G.Sand, sa nièce por qui il s’est bel et bien ruiné, la Muse aussi de sa maniére, qui excluait toute invasion térritoriale.Il se donnaient rendez-vous sur terrain neutre.
On doit accepter qu’il a nagé dans son fleuve, nous a laissé des merveilles, ce « apparurent » dans le B.P vaut des centaines de pages inutiles, lire « L’idiot de la famille » n’est pas un exercise stérile. Cyril Connolly, et son « Enemies of promise » tranche un peu cavalièrement des questions vielles comme le monde. Si Sartre complique, Connolly simplifie. Mais Flaubert « manet et manebit ». Et son « coeur simple » continue à faire penser et sauter sur leurs chaises de millions de gens dans le monde entier. C’est une éternelle « Histoire Ennuyeuse », pour reprendre le meilleur Tchéchov, mais dame, on y revient comme on revient à l’indispensable.
renato, les français parlent d’entartage , et aussi
‘enfritage selon wiki:
« Le premier entartage connu intervient dans le film Mabel au fond de l’eau où Fatty Arbuckle envoie une tarte à Mabel Normand1.,mais il me semblait qu’il y avait eu le lacer de chaussures:en salle!
l’entartage est délit de violence volontaire!
https://fr.wikipedia.org/wiki/Entartage
entartage est un mot que je n’aime pas ,à cause
d’entarten!
L’art « dégénéré » et le projet culturel nazi : finitude et quête de l’éternité
https://www.cairn.info/revue-le-coq-heron-2004-2-page-161.htm
lancer
je faisais allusion au shoeing :
« L’histoire politique de la chaussure »
https://maze.fr/2019/01/lhistoire-politique-de-la-chaussure/
mais bien sur il ya :
Le lancer de chaussures, appelé aussi shoefiti (contraction de shoe et de graffiti, qu’on peut traduire par grollefiti) ou encore shoe tossing (« jet de chaussure »)1, consiste à jeter des chaussures dont les lacets sont attachés ensemble, de manière qu’elles restent suspendues, hors de portée, sur des fils tels que des lignes électriques ou des câbles téléphoniques. Cette pratique, qui rappelle le jet de bolas, est un élément très répandu, bien que mystérieux, du folklore adolescent aux États-Unis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lancer_de_chaussures
Robert Allen Zimmerman souffle ses 80 bougies, Hibbin’Along. How many roads…? Many.
En guise de gâteau, ce petit joyau d’un des artistes que le Nobel 2016 admire le plus,Paul Brady, et son interprétation magique de ‘Arthur McBride’, où il est question de refus de servir dans l’armée britannique & de ‘shillelagh’ (gourdins) qui caressent le râble des sergents recruteurs.
LES LE PEN ET ZEMMOUR
Il se murmure que, Mme Le Pen, inquiète d’une éventuelle candidature de Zemmour à la présidentielle, aurait mangé avec son père pour lui demander de persuader Zemmour de renoncer à cette candidature. Pourquoi cela ? Pour une raison très simple : beaucoup d’électeurs ne voteraient plus pour elle au premier tour, mais pour Zemmour. Si le polémiste faisait 2% , ce ne serait pas très grave. Si son score était important, voire très important, cela empêcherait peut-être Mme Le Pen d’accéder au second tour. M. Le Pen a toujours eu de bons rapports avec Zemmour , d’où ce repas. Mais il est loin d’être sûr que Zemmour entre en lice pour l’élection majeure. Aurait-il le nombre de parrainages, les fonds, les meetings, les équipes nécessaires ?
Paradoxalement, tous les adversaires de Mme Le Pen devraient souhaiter , voire faciliter une candidature Zemmour , qu’on l’aime ou non. Et, du coup, lui souhaiter, qu’on l’aime ou non, le score le plus élevé possible au premier tour.
Axel Kahn
·
LE BOUT DU CHEMIN.
L’attitude face à la mort lorsqu’elle n’est pas d’actualité est très diverse selon les êtres.
La plupart des gens jeunes en exorcise jusqu’à l’idée, ce qui constitue une mesure d’auto protection efficace. Cette insouciance de la mort est à peine entamée par les deuils des anciens, rangés dans une autre catégorie que les vivants.
Certains à l’inverse vivent dans la terreur de la camarde qui jette son ombre sur leur vie entière.
Les métiers de la mort ( pompes funèbres, fossoyeurs, notaires…) la banalisent et s’en dissocient en général. De même les soignants et médecins. Je suis dans ce cas, la mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas.
Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désir qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce.
Tel n’est pas mon cas. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même freinatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.
Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écris que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien.
Il a fallu pour cela que je réussisse à « faire mon devoir », à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal.
Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis.
Axel le loup.
D. dit: à
Se fier au chat
Ah les contrepèteries de Rose !
( Se fier au chien, ça marche aussi? 😉 )
@ 3J.
C’est vrai que ce match à montré une équipe toulousaine bousculée par les rochelais.
Et le refus de siffler la faute quasiment identique du toulousain!
une équipe toulousaine bousculée par les rochelais.
—
Triste match, macarel… Tous les travers des confrontations ‘de clocher’ du Top 14, boudu! Peut-être la plus moche de toutes les finales européennes, hé boudious!
Montpellier a montré plus de classe face aux bulldozers de Leicester, té!
pour « la plus moche de toutes les finales européennes », il vaudrait mieux ne jamais nager dans la même rivière avec ses gros sabots. Montpellier->Leicester ?… ce club anglais ? – Je me demande s’il aura le temps d’aller voter pour Zemmour. – « J’ai souvent écris »(souvent écrit ?) – Dylan bob aurait atteint ses 80 ans… Des célébrités (?) aussi. On est bien avancés avec la société libérale – https://anniversaire-celebrite.com/morts/a-80-ans – Pentecôte ?
Oui.
Se fier au chien cela marche encore mieux.
@ la prégnance critiquable des bons sentiments…,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hector_Malot – Jamais lu 100 familles ni le Vent des globes.
indeed, the past is so broad that, it seems, we want to hem it in a little, to reduce all of it into less: just the important stuff, just the good parts. The idea that history (and culture) has a short and a long program, a top five or ten (the way only the church bells of the sunken city of Kitezh rise out of the lake) is not new. What’s new is how strangely weary we are of everything that preceded us. The new currents—theories in the vein of Fomenko, which compress time and space into a single point; educational reforms, with their inevitable cuts to the humanities—are all driven by the simpleminded desire to make things more simple. So that the well is a little less deep, so that there is less homework to assign, so that the buzzing mass of lived experience can be rolled up into a compact, taut ball (or rolled out into a transparent thin crepe). To use Sebald’s own words, “We have to keep throwing ballast overboard, forgetting everything that we might otherwise remember.” Under our feet, there’s either the raft of the Medusa or a rock “no larger than the head of a seal jutting out of the water” from the old fairy tale. On it, the present is living out its time: washed by the sea of the dead, half-drowned in the past, half a step away from death and oblivion, eyes tightly shut.
https://www.theparisreview.org/blog/2021/05/19/over-venerable-graves/?mc_cid=acbf08403b&mc_eid=b1205f98e4
bonne journée
@ PC, Je ne comprends pas comment un Zemmour puisse admirer des antisémites comme le couple des Le Pen.
Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité.
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, — qui cependant n’était pas une personne agréable.
Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants très-jeunes avec une quantité de dettes. Alors elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les rentes montaient à 8,000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu à ses ancêtres et placée derrière les halles.
Cette maison, revêtue d’ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant à la rivière. Elle avait intérieurement des différences de niveau qui faisaient trébucher. Un vestibule étroit séparait la cuisine de la salle où Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise près de la croisée dans un fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s’alignaient huit chaises d’acajou. Un vieux piano supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style Louis XV. La pendule, au milieu, représentait un temple de Vesta ; — et tout l’appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le jardin.
Au premier étage, il y avait d’abord la chambre de « Madame », très-grande, tendue d’un papier à fleurs pâles, et contenant le portrait de « Monsieur » en costume de muscadin.
Elle communiquait avec une chambre plus petite, où l’on voyait deux couchettes d’enfants, sans matelas. Puis venait le salon, toujours fermé, et rempli de meubles recouverts d’un drap. Ensuite un corridor menait à un cabinet d’étude ; des livres et des paperasses garnissaient les rayons d’une bibliothèque entourant de ses trois côtés un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins à la plume, des paysages à la gouache et des gravures d’Audran, souvenirs d’un temps meilleur et d’un luxe évanoui. Une lucarne au second étage éclairait la chambre de Félicité, ayant vue sur les prairies.
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ; puis, le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, — un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d’hôpital.
Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge ; — et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique.
Elle avait eu, comme une autre, son histoire d’amour.
Son père, un maçon, s’était tué en tombant d’un échafaudage. Puis sa mère mourut, ses sœurs se dispersèrent, un fermier la recueillit, et l’employa toute petite à garder les vaches dans la campagne. Elle grelottait sous des haillons, buvait à plat ventre l’eau des mares, à propos de rien était battue, et finalement fut chassée pour un vol de trente sols, qu’elle n’avait pas commis. Elle entra dans une autre ferme, y devint fille de basse-cour, et, comme elle plaisait aux patrons, ses camarades la jalousaient.
Un soir du mois d’août (elle avait alors dix-huit ans), ils l’entraînèrent à l’assemblée de Colleville. Tout de suite elle fut étourdie, stupéfaite par le tapage des ménétriers, les lumières dans les arbres, la bigarrure des costumes, les dentelles, les croix d’or, cette masse de monde sautant à la fois. Elle se tenait à l’écart modestement, quand un jeune homme d’apparence cossue, et qui fumait sa pipe les deux coudes sur le timon d’un banneau, vint l’inviter à la danse. Il lui paya du cidre, du café, de la galette, un foulard, et, s’imaginant qu’elle le devinait, offrit de la reconduire. Au bord d’un champ d’avoine, il la renversa brutalement. Elle eut peur et se mit à crier. Il s’éloigna.
Un autre soir, sur la route de Beaumont, elle voulut dépasser un grand chariot de foin qui avançait lentement, et en frôlant les roues elle reconnut Théodore.
Il l’aborda d’un air tranquille, disant qu’il fallait tout pardonner, puisque c’était « la faute de la boisson ».
Elle ne sut que répondre et avait envie de s’enfuir.
Aussitôt il parla des récoltes et des notables de la commune, car son père avait abandonné Colleville pour la ferme des Écots, de sorte que maintenant ils se trouvaient voisins.
— « Ah ! » dit-elle. Il ajouta qu’on désirait l’établir. Du reste, il n’était pas pressé, et attendait une femme à son goût. Elle baissa la tête. Alors il lui demanda si elle pensait au mariage. Elle reprit, en souriant, que c’était mal de se moquer. — « Mais non, je vous jure ! » et du bras gauche il lui entoura la taille ; elle marchait soutenue par son étreinte ; ils se ralentirent. Le vent était mou, les étoiles brillaient, l’énorme charretée de foin oscillait devant eux ; et les quatre chevaux, en traînant leurs pas, soulevaient de la poussière. Puis, sans commandement, ils tournèrent à droite. Il l’embrassa encore une fois. Elle disparut dans l’ombre.
Théodore, la semaine suivante, en obtint des rendez-vous.
Ils se rencontraient au fond des cours, derrière un mur, sous un arbre isolé. Elle n’était pas innocente à la manière des demoiselles, — les animaux l’avaient instruite ; — mais la raison et l’instinct de l’honneur l’empêchèrent de faillir. Cette résistance exaspéra l’amour de Théodore, si bien que pour le satisfaire (ou naïvement peut-être) il proposa de l’épouser. Elle hésitait à le croire. Il fit de grands serments.
Bientôt il avoua quelque chose de fâcheux : ses parents, l’année dernière, lui avaient acheté un homme ; mais d’un jour à l’autre on pourrait le reprendre ; l’idée de servir l’effrayait. Cette couardise fut pour Félicité une preuve de tendresse ; la sienne en redoubla. Elle s’échappait la nuit, et, parvenue au rendez-vous, Théodore la torturait avec ses inquiétudes et ses instances.
Enfin, il annonça qu’il irait lui-même à la Préfecture prendre des informations, et les apporterait dimanche prochain, entre onze heures et minuit.
Le moment arrivé, elle courut vers l’amoureux.
À sa place, elle trouva un de ses amis.
Il lui apprit qu’elle ne devait plus le revoir.
Pour se garantir de la conscription, Théodore avait épousé une vieille femme très-riche, Mme Lehoussais, de Toucques.
Ce fut un chagrin désordonné. Elle se jeta par terre, poussa des cris, appela le bon Dieu, et gémit toute seule dans la campagne jusqu’au soleil levant. Puis elle revint à la ferme, déclara son intention d’en partir ; et, au bout du mois, ayant reçu ses comptes, elle enferma tout son petit bagage dans un mouchoir, et se rendit à Pont-l’Évêque.
Devant l’auberge, elle questionna une bourgeoise en capeline de veuve, et qui précisément cherchait une cuisinière. La jeune fille ne savait pas grand’chose, mais paraissait avoir tant de bonne volonté et si peu d’exigences, que Mme Aubain finit par dire :
« — Soit, je vous accepte ! »
Félicité, un quart d’heure après, était installée chez elle.
D’abord elle y vécut dans une sorte de tremblement que lui causaient « le genre de la maison » et le souvenir de « Monsieur », planant sur tout ! Paul et Virginie, l’un âgé de sept ans, l’autre de quatre à peine, lui semblaient formés d’une matière précieuse ; elle les portait sur son dos comme un cheval, et Mme Aubain lui défendit de les baiser à chaque minute, ce qui la mortifia. Cependant elle se trouvait heureuse. La douceur du milieu avait fondu sa tristesse.
Tous les jeudis, des habitués venaient faire une partie de boston. Félicité préparait d’avance les cartes et les chaufferettes. Ils arrivaient à huit heures bien juste, et se retiraient avant le coup de onze.
Chaque lundi matin, le brocanteur qui logeait sous l’allée étalait par terre ses ferrailles.
Pentecôte ?
—
Toute pente est côte, et inversement. Souhaitons à ce pays de ne pas tomber du côté où les lourdes chaines de la-désinfo-en-continu le pousse à pencher (je penche, donc je ne suis ni républicain, ni démocrate)
La façon dont les fafs ont déserté le tractage sur les marchés avoisinants depuis 15 jours en dit long sur la façon dont ils sont reçus par la population en sa diversité.
Mobiliser la jeunesse sans la manipuler démago, voilà le défi à relever. Surtout pour le concours de la Francovison de 2022. Pas gagné.
Puis la ville se remplissait d’un bourdonnement de voix, où se mêlaient des hennissements de chevaux, des bêlements d’agneaux, des grognements de cochons, avec le bruit sec des carrioles dans la rue. Vers midi, au plus fort du marché, on voyait paraître sur le seuil un vieux paysan de haute taille, la casquette en arrière, le nez crochu, et qui était Robelin, le fermier de Geffosses. Peu de temps après, — c’était Liébard, le fermier de Toucques, petit, rouge, obèse, portant une veste grise et des houseaux armés d’éperons.
Tous deux offraient à leur propriétaire des poules ou des fromages. Félicité invariablement déjouait leurs astuces ; et ils s’en allaient pleins de considération pour elle.
À des époques indéterminées, Mme Aubain recevait la visite du marquis de Gremanville, un de ses oncles, ruiné par la crapule et qui vivait à Falaise sur le dernier lopin de ses terres. Il se présentait toujours à l’heure du déjeuner, avec un affreux caniche dont les pattes salissaient tous les meubles. Malgré ses efforts pour paraître gentilhomme jusqu’à soulever son chapeau chaque fois qu’il disait : « Feu mon père, » l’habitude l’entraînant, il se versait à boire coup sur coup, et lâchait des gaillardises. Félicité le poussait dehors poliment : « Vous en avez assez, Monsieur de Gremanville ! À une autre fois ! » Et elle refermait la porte.
Elle l’ouvrait avec plaisir devant M. Bourais, ancien avoué. Sa cravate blanche et sa calvitie, le jabot de sa chemise, son ample redingote brune, sa façon de priser en arrondissant le bras, tout son individu lui produisait ce trouble où nous jette le spectacle des hommes extraordinaires.
Comme il gérait les propriétés de « Madame », il s’enfermait avec elle pendant des heures dans le cabinet de « Monsieur », et craignait toujours de se compromettre, respectait infiniment la magistrature, avait des prétentions au latin.
Pour instruire les enfants d’une manière agréable, il leur fit cadeau d’une géographie en estampes. Elles représentaient différentes scènes du monde, des anthropophages coiffés de plumes, un singe enlevant une demoiselle, des Bédouins dans le désert, une baleine qu’on harponnait, etc.
Paul donna l’explication de ces gravures à Félicité. Ce fut même toute son éducation littéraire.
Celle des enfants était faite par Guyot, un pauvre diable employé à la Mairie, fameux pour sa belle main, et qui repassait son canif sur sa botte.
Quand le temps était clair, on s’en allait de bonne heure à la ferme de Geffosses.
La cour est en pente, la maison dans le milieu ; et la mer, au loin, apparaît comme une tache grise.
Félicité retirait de son cabas des tranches de viande froide, et on déjeunait dans un appartement faisant suite à la laiterie. Il était le seul reste d’une habitation de plaisance, maintenant disparue. Le papier de la muraille en lambeaux tremblait aux courants d’air. Mme Aubain penchait son front, accablée de souvenirs ; les enfants n’osaient plus parler. « Mais jouez donc ! » disait-elle ; ils décampaient.
Paul montait dans la grange, attrapait des oiseaux, faisait des ricochets sur la mare, ou tapait avec un bâton les grosses futailles qui résonnaient comme des tambours.
Virginie donnait à manger aux lapins, se précipitait pour cueillir des bleuets, et la rapidité de ses jambes découvrait ses petits pantalons brodés.
Un soir d’automne, on s’en retourna par les herbages.
La lune à son premier quartier éclairait une partie du ciel, et un brouillard flottait comme une écharpe sur les sinuosités de la Toucques.
Des bœufs, étendus au milieu du gazon, regardaient tranquillement ces quatre personnes passer. Dans la troisième pâture quelques-uns se levèrent, puis se mirent en rond devant elles. — -« Ne craignez rien ! » dit Félicité ; et, murmurant une sorte de complainte, elle flatta sur l’échine celui qui se trouvait le plus près ; il fit volte-face, les autres l’imitèrent. Mais, quand l’herbage suivant fut traversé, un beuglement formidable s’éleva. C’était un taureau, que cachait le brouillard. Il avança vers les deux femmes. Mme Aubain allait courir. — « Non ! non ! moins vite ! » Elles pressaient le pas cependant, et entendaient par derrière un souffle sonore qui se rapprochait. Ses sabots, comme des marteaux, battaient l’herbe de la prairie ; voilà qu’il galopait maintenant ! Félicité se retourna, et elle arrachait à deux mains des plaques de terre qu’elle lui jetait dans les yeux. Il baissait le mufle, secouait les cornes et tremblait de fureur en beuglant horriblement. Mme Aubain, au bout de l’herbage avec ses deux petits, cherchait éperdue comment franchir le haut bord. Félicité reculait toujours devant le taureau, et continuellement lançait des mottes de gazon qui l’aveuglaient, tandis qu’elle criait : — « Dépêchez-vous ! dépêchez-vous ! » Mme Aubain descendit le fossé, poussa Virginie, Paul ensuite, tomba plusieurs fois en tâchant de gravir le talus, et à force de courage y parvint.
Le taureau avait acculé Félicité contre une claire-voie ; sa bave lui rejaillissait à la figure, une seconde de plus il l’éventrait. Elle eut le temps de se couler entre deux barreaux, et la grosse bête, toute surprise, s’arrêta.
Cet événement, pendant bien des années, fut un sujet de conversation à Pont-l’Évêque.
Félicité n’en tira aucun orgueil, ne se doutant même pas qu’elle eût rien fait d’héroïque.
Virginie l’occupait exclusivement ; — car elle eut, à la suite de son effroi, une affection nerveuse, et M. Poupart, le docteur, conseilla les bains de mer de Trouville.
Dans ce temps-là, ils n’étaient pas fréquentés. Mme Aubain prit des renseignements, consulta Bourais, fit des préparatifs comme pour un long voyage.
Ses colis partirent la veille, dans la charrette de Liébard. Le lendemain, il amena deux chevaux dont l’un avait une selle de femme, munie d’un dossier de velours ; et sur la croupe du second un manteau roulé formait une manière de siège. Mme Aubain y monta, derrière lui. Félicité se chargea de Virginie, et Paul enfourcha l’âne de M. Lechaptois, prêté sous la condition d’en avoir grand soin.
La route était si mauvaise que ses huit kilomètres exigèrent deux heures. Les chevaux enfonçaient jusqu’aux paturons dans la boue, et faisaient pour en sortir de brusques mouvements des hanches ; ou bien ils buttaient contre les ornières ; d’autres fois, il leur fallait sauter. La jument de Liébard, à de certains endroits, s’arrêtait tout à coup. Il attendait patiemment qu’elle se remît en marche ; et il parlait des personnes dont les propriétés bordaient la route, ajoutant à leur histoire des réflexions morales. Ainsi, au milieu de Toucques, comme on passait sous des fenêtres entourées de capucines, il dit, avec un haussement d’épaules : — « En voilà une Mme Lehoussais, qui au lieu de prendre un jeune homme… » Félicité n’entendit pas le reste ; les chevaux trottaient, l’âne galopait ; tous enfilèrent un sentier, une barrière tourna, deux garçons parurent, et l’on descendit devant le purin, sur le seuil même de la porte.
La mère Liébard, en apercevant sa maîtresse, prodigua les démonstrations de joie.
Elle lui servit un déjeuner où il y avait un aloyau, des tripes, du boudin, une fricassée de poulet, du cidre mousseux, une tarte aux compotes et des prunes à l’eau-de-vie, accompagnant le tout de politesses à Madame qui paraissait en meilleure santé, à Mademoiselle devenue « magnifique », à M. Paul singulièrement « forci », sans oublier leurs grands-parents défunts que les Liébard avaient connus, étant au service de la famille depuis plusieurs générations. La ferme avait, comme eux, un caractère d’ancienneté. Les poutrelles du plafond étaient vermoulues, les murailles noires de fumée, les carreaux gris de poussière. Un dressoir en chêne supportait toutes sortes d’ustensiles, des brocs, des assiettes, des écuelles d’étain, des pièges à loup, des forces pour les moutons ; une seringue énorme fit rire les enfants. Pas un arbre des trois cours qui n’eût des champignons à sa base, ou dans ses rameaux une touffe de gui. Le vent en avait jeté bas plusieurs. Ils avaient repris par le milieu ; et tous fléchissaient sous la quantité de leurs pommes. Les toits de paille, pareils à du velours brun et inégaux d’épaisseur, résistaient aux plus fortes bourrasques. Cependant la charreterie tombait en ruines. Mme Aubain dit qu’elle aviserait, et commanda de reharnacher les bêtes.
On fut encore une demi-heure avant d’atteindre Trouville. La petite caravane mit pied à terre pour passer les Écores ; c’était une falaise surplombant des bateaux ; et trois minutes plus tard, au bout du quai, on entra dans la cour de l’Agneau d’or, chez la mère David.
Virginie, dès les premiers jours, se sentit moins faible, résultat du changement d’air et de l’action des bains. Elle les prenait en chemise, à défaut d’un costume ; et sa bonne la rhabillait dans une cabane de douanier qui servait aux baigneurs.
L’après-midi, on s’en allait avec l’âne au-delà des Roches-Noires, du côté d’Hennequeville.
Le sentier, d’abord, montait entre des terrains vallonnés comme la pelouse d’un parc, puis arrivait sur un plateau où alternaient des pâturages et des champs en labour. À la lisière du chemin, dans le fouillis des ronces, des houx se dressaient ; çà et là, un grand arbre mort faisait sur l’air bleu des zigzags avec ses branches.
Presque toujours on se reposait dans un pré, ayant Deauville à gauche, le Havre à droite et en face la pleine mer. Elle était brillante de soleil, lisse comme un miroir, tellement douce qu’on entendait à peine son murmure ; des moineaux cachés pépiaient et la voûte immense du ciel recouvrait tout cela. Mme Aubain, assise, travaillait à son ouvrage de couture ; Virginie près d’elle tressait des joncs ; Félicité sarclait des fleurs de lavande ; Paul, qui s’ennuyait, voulait partir.
D’autres fois, ayant passé la Toucques en bateau, ils cherchaient des coquilles. La marée basse laissait à découvert des oursins, des godefiches, des méduses ; et les enfants couraient, pour saisir des flocons d’écume que le vent emportait. Les flots endormis, en tombant sur le sable, se déroulaient le long de la grève ; elle s’étendait à perte de vue, mais du côté de la terre avait pour limite les dunes la séparant du Marais, large prairie en forme d’hippodrome. Quand ils revenaient par là, Trouville, au fond sur la pente du coteau, à chaque pas grandissait, et avec toutes ses maisons inégales semblait s’épanouir dans un désordre gai.
Les jours qu’il faisait trop chaud, ils ne sortaient pas de leur chambre. L’éblouissante clarté du dehors plaquait des barres de lumière entre les lames des jalousies. Aucun bruit dans le village.
En bas, sur le trottoir, personne. Ce silence épandu augmentait la tranquillité des choses. Au loin, les marteaux des calfats tamponnaient des carènes, et une brise lourde apportait la senteur du goudron.
Le principal divertissement était le retour des barques. Dès qu’elles avaient dépassé les balises, elles commençaient à louvoyer. Leurs voiles descendaient aux deux tiers des mâts ; et, la misaine gonflée comme un ballon, elles avançaient, glissaient dans le clapotement des vagues, jusqu’au milieu du port, où l’ancre tout à coup tombait. Ensuite le bateau se plaçait contre le quai. Les matelots jetaient par-dessus le bordage des poissons palpitants ; une file de charrettes les attendait, et des femmes en bonnet de coton s’élançaient pour prendre les corbeilles et embrasser leurs hommes.
Une d’elles, un jour, aborda Félicité, qui peu de temps après entra dans la chambre, toute joyeuse. Elle avait retrouvé une sœur ; et Nastasie Barette, femme Leroux, apparut, tenant un nourrisson à sa poitrine, de la main droite un autre enfant, et à sa gauche un petit mousse les poings sur les hanches et le béret sur l’oreille.
Au bout d’un quart d’heure, Mme Aubain la congédia.
On les rencontrait toujours aux abords de la cuisine, ou dans les promenades que l’on faisait. Le mari ne se montrait pas.
Félicité se prit d’affection pour eux. Elle leur acheta une couverture, des chemises, un fourneau ; évidemment ils l’exploitaient. Cette faiblesse agaçait Mme Aubain, qui d’ailleurs n’aimait pas les familiarités du neveu, — car il tutoyait son fils ; — et, comme Virginie toussait et que la saison n’était plus bonne, elle revint à Pont-l’Évêque.
M. Bourais l’éclaira sur le choix d’un collège. Celui de Caen passait pour le meilleur.
Paul y fut envoyé ; et fit bravement ses adieux, satisfait d’aller vivre dans une maison où il aurait des camarades.
Mme Aubain se résigna à l’éloignement de son fils, parce qu’il était indispensable. Virginie y songea de moins en moins. Félicité regrettait son tapage. Mais une occupation vint la distraire ; à partir de Noël, elle mena tous les jours la petite fille au catéchisme.
Quand elle avait fait à la porte une génuflexion, elle s’avançait sous la haute nef entre la double ligne des chaises, ouvrait le banc de Mme Aubain, s’asseyait, et promenait ses yeux autour d’elle.
Les garçons à droite, les filles à gauche, emplissaient les stalles du chœur ; le curé se tenait debout près du lutrin ; sur un vitrail de l’abside, le Saint-Esprit dominait la Vierge ; un autre la montrait à genoux devant l’Enfant-Jésus, et, derrière le tabernacle, un groupe en bois représentait Saint-Michel terrassant le dragon.
Le prêtre fit d’abord un abrégé de l’Histoire-Sainte. Elle croyait voir le paradis, le déluge, la tour de Babel, des villes tout en flammes, des peuples qui mouraient, des idoles renversées ; et elle garda de cet éblouissement le respect du Très-Haut et la crainte de sa colère. Puis, elle pleura en écoutant la Passion. Pourquoi l’avaient-ils crucifié, lui qui chérissait les enfants, nourrissait les foules, guérissait les aveugles, et avait voulu, par douceur, naître au milieu des pauvres, sur le fumier d’une étable ? Les semailles, les moissons, les pressoirs, toutes ces choses familières dont parle l’Évangile, se trouvaient dans sa vie ; le passage de Dieu les avait sanctifiées ; et elle aima plus tendrement les agneaux par amour de l’Agneau, les colombes à cause du Saint-Esprit.
Elle avait peine à imaginer sa personne ; car il n’était pas seulement oiseau, mais encore un feu, et d’autres fois un souffle. C’est peut-être sa lumière qui voltige la nuit aux bords des marécages, son haleine qui pousse les nuées, sa voix qui rend les cloches harmonieuses ; et elle demeurait dans une adoration, jouissant de la fraîcheur des murs et de la tranquillité de l’église.
Quant aux dogmes, elle n’y comprenait rien, ne tâcha même pas de comprendre.
Le curé discourait, les enfants récitaient, elle finissait par s’endormir ; et se réveillait tout à coup, quand ils faisaient en s’en allant claquer leurs sabots sur les dalles.
Ce fut de cette manière, à force de l’entendre, qu’elle apprit le catéchisme, son éducation religieuse ayant été négligée dans sa jeunesse ; et dès lors elle imita toutes les pratiques de Virginie, jeûnait comme elle, se confessait avec elle. À la Fête-Dieu, elles firent ensemble un reposoir.
La première communion la tourmentait d’avance. Elle s’agita pour les souliers, pour le chapelet, pour le livre, pour les gants. Avec quel tremblement elle aida sa mère à l’habiller !
Pendant toute la messe, elle éprouva une angoisse. M. Bourais lui cachait un côté du chœur ; mais juste en face, le troupeau des vierges portant des couronnes blanches par-dessus leurs voiles abaissés formait comme un champ de neige ; et elle reconnaissait de loin la chère petite à son cou plus mignon et son attitude recueillie. La cloche tinta. Les têtes se courbèrent ; il y eut un silence. Aux éclats de l’orgue, les chantres et la foule entonnèrent l’Agnus Dei ; puis le défilé des garçons commença ; et, après eux, les filles se levèrent. Pas à pas, et les mains jointes, elles allaient vers l’autel tout illuminé, s’agenouillaient sur la première marche, recevaient l’hostie successivement, et dans le même ordre revenaient à leurs prie-Dieu. Quand ce fut le tour de Virginie, Félicité se pencha pour la voir ; et, avec l’imagination que donnent les vraies tendresses, il lui sembla qu’elle était elle-même cette enfant ; sa figure devenait la sienne, sa robe l’habillait, son cœur lui battait dans la poitrine ; au moment d’ouvrir la bouche, en fermant les paupières, elle manqua s’évanouir.
Le lendemain, de bonne heure, elle se présenta dans la sacristie, pour que M. le curé lui donnât la communion.
Elle la reçut dévotement, mais n’y goûta pas les mêmes délices.
Mme Aubain voulait faire de sa fille une personne accomplie ; et, comme Guyot ne pouvait lui montrer ni l’anglais ni la musique, elle résolut de la mettre en pension chez les Ursulines d’Honfleur.
L’enfant n’objecta rien. Félicité soupirait, trouvant Madame insensible. Puis elle songea que sa maîtresse, peut-être, avait raison. Ces choses dépassaient sa compétence.
Enfin, un jour, une vieille tapissière s’arrêta devant la porte ; et il en descendit une religieuse qui venait chercher Mademoiselle. Félicité monta les bagages sur l’impériale, fit des recommandations au cocher, et plaça dans le coffre six pots de confitures et une douzaine de poires, avec un bouquet de violettes.
Virginie, au dernier moment, fut prise d’un grand sanglot ; elle embrassait sa mère qui la baisait au front en répétant — : « Allons ! du courage ! du courage ! » Le marchepied se releva, la voiture partit.
Alors Mme Aubain eut une défaillance ; et le soir tous ses amis, le ménage Lormeau, Mme Lechaptois, ces demoiselles Rochefeuille, M. de Houppeville et Bourais se présentèrent pour la consoler.
La privation de sa fille lui fut d’abord très-douloureuse. Mais trois fois la semaine elle en recevait une lettre, les autres jours lui écrivait, se promenait dans son jardin, lisait un peu, et de cette façon comblait le vide des heures.
Le matin, par habitude, Félicité entrait dans la chambre de Virginie, et regardait les murailles. Elle s’ennuyait de n’avoir plus à peigner ses cheveux, à lui lacer ses bottines, à la border dans son lit, — et de ne plus voir continuellement sa gentille figure, de ne plus la tenir par la main quand elles sortaient ensemble.
Dans son désœuvrement, elle essaya de faire de la dentelle. Ses doigts trop lourds cassaient les fils ; elle n’entendait à rien, avait perdu le sommeil, suivant son mot, était « minée ».
Pour « se dissiper », elle demanda la permission de recevoir son neveu Victor.
Il arrivait le dimanche après la messe, les joues roses, la poitrine nue, et sentant l’odeur de la campagne qu’il avait traversée. Tout de suite, elle dressait son couvert. Ils déjeunaient l’un en face de l’autre ; et, mangeant elle-même le moins possible pour épargner la dépense, elle le bourrait tellement de nourriture qu’il finissait par s’endormir. Au premier coup des vêpres, elle le réveillait, brossait son pantalon, nouait sa cravate, et se rendait à l’église, appuyée sur son bras dans un orgueil maternel.
Ses parents le chargeaient toujours d’en tirer quelque chose, soit un paquet de cassonade, du savon, de l’eau-de-vie, parfois même de l’argent. Il apportait ses nippes à raccommoder ; et elle acceptait cette besogne, heureuse d’une occasion qui le forçait à revenir.
Au mois d’août, son père l’emmena au cabotage.
C’était l’époque des vacances. L’arrivée des enfants la consola. Mais Paul devenait capricieux, et Virginie n’avait plus l’âge d’être tutoyée, ce qui mettait une gêne, une barrière entre elles.
Victor alla successivement à Morlaix, à Dunkerque et à Brighton ; au retour de chaque voyage, il lui offrait un cadeau. La première fois, ce fut une boîte en coquilles ; la seconde, une tasse à café ; la troisième, un grand bonhomme en pain d’épices. Il embellissait, avait la taille bien prise, un peu de moustache, de bons yeux francs, et un petit chapeau de cuir, placé en arrière comme un pilote.
Il l’amusait en lui racontant des histoires mêlées de termes marins.
Un lundi, 14 juillet 1819 (elle n’oublia pas la date), Victor annonça qu’il était engagé au long cours, et, dans la nuit du surlendemain, par le paquebot de Honfleur, irait rejoindre sa goëlette, qui devait démarrer du Havre prochainement. Il serait, peut-être, deux ans parti.
La perspective d’une telle absence désola Félicité ; et pour lui dire encore adieu, le mercredi soir, après le dîner de Madame, elle chaussa des galoches, et avala les quatre lieues qui séparent Pont-l’Évêque de Honfleur.
Quand elle fut devant le Calvaire, au lieu de prendre à gauche, elle prit à droite, se perdit dans des chantiers, revint sur ses pas ; des gens qu’elle accosta l’engagèrent à se hâter. Elle fit le tour du bassin rempli de navires, se heurtait contre des amarres ; puis le terrain s’abaissa, des lumières s’entre-croisèrent, et elle se crut folle, en apercevant des chevaux dans le ciel.
Au bord du quai, d’autres hennissaient, effrayés par la mer. Un palan qui les enlevait les descendait dans un bateau, où des voyageurs se bousculaient entre les barriques de cidre, les paniers de fromage, les sacs de grain ; on entendait chanter des poules, le capitaine jurait ; et un mousse restait accoudé sur le bossoir, indifférent à tout cela. Félicité, qui ne l’avait pas reconnu, criait : « Victor ! » il leva la tête ; elle s’élançait, quand on retira l’échelle tout à coup.
Le paquebot, que des femmes halaient en chantant, sortit du port. Sa membrure craquait, les vagues pesantes fouettaient sa proue. La voile avait tourné, on ne vit plus personne ; — -et, sur la mer argentée par la lune, il faisait une tache noire qui pâlissait toujours, s’enfonça, disparut.
Félicité, en passant près du Calvaire, voulut recommander à Dieu ce qu’elle chérissait le plus ; et elle pria pendant longtemps, debout, la face baignée de pleurs, les yeux vers les nuages.
La ville dormait, des douaniers se promenaient ; et de l’eau tombait sans discontinuer par les trous de l’écluse, avec un bruit de torrent. Deux heures sonnèrent.
Le parloir n’ouvrirait pas avant le jour. Un retard, bien sûr, contrarierait Madame ; et, malgré son désir d’embrasser l’autre enfant, elle s’en retourna. Les filles de l’auberge s’éveillaient, comme elle entrait dans Pont-l’Évêque.
Le pauvre gamin durant des mois allait donc rouler sur les flots ! Ses précédents voyages ne l’avaient pas effrayée. De l’Angleterre et de la Bretagne, on revenait ; mais l’Amérique, les Colonies, les Iles, cela était perdu dans une région incertaine, à l’autre bout du monde.
Dès lors, Félicité pensa exclusivement à son neveu. Les jours de soleil, elle se tourmentait de la soif ; quand il faisait de l’orage, craignait pour lui la foudre. En écoutant le vent qui grondait dans la cheminée et emportait les ardoises, elle le voyait battu par cette même tempête, au sommet d’un mât fracassé, tout le corps en arrière, sous une nappe d’écume ; ou bien, — souvenirs de la géographie en estampes, — il était mangé par les sauvages, pris dans un bois par des singes, se mourait le long d’une plage déserte. Et jamais elle ne parlait de ses inquiétudes.
Mme Aubain en avait d’autres sur sa fille.
Les bonnes sœurs trouvaient qu’elle était affectueuse, mais délicate. La moindre émotion l’énervait. Il fallut abandonner le piano.
Sa mère exigeait du couvent une correspondance réglée.
Un matin que le facteur n’était pas venu, elle s’impatienta ; et elle marchait dans la salle, de son fauteuil à la fenêtre. C’était vraiment extraordinaire ! depuis quatre jours, pas de nouvelles !
Pour qu’elle se consolât par son exemple, Félicité lui dit :
— « Moi, madame, voilà six mois que je n’en ai reçu !… »
— « De qui donc ?… »
La servante répliqua doucement :
— « Mais… de mon neveu ! »
— « Ah ! votre neveu ! » Et, haussant les épaules, Mme Aubain reprit sa promenade, ce qui voulait dire : « Je n’y pensais pas !… Au surplus, je m’en moque ! un mousse, un gueux, belle affaire !… tandis que ma fille… Songez donc !… »
Félicité, bien que nourrie dans la rudesse, fut indignée contre Madame, puis oublia.
Il lui paraissait tout simple de perdre la tête à l’occasion de la petite.
Les deux enfants avaient une importance égale ; un lien de son cœur les unissait, et leurs destinées devaient être la même.
Le pharmacien lui apprit que le bateau de Victor était arrivé à la Havane. Il avait lu ce renseignement dans une gazette.
À cause des cigares, elle imaginait la Havane un pays où l’on ne fait pas autre chose que de fumer, et Victor circulait parmi des nègres dans un nuage de tabac. Pouvait-on « en cas de besoin » s’en retourner par terre ? À quelle distance était-ce de Pont-l’Évêque ? Pour le savoir, elle interrogea M. Bourais.
Il atteignit son atlas, puis commença des explications sur les longitudes ; et il avait un beau sourire de cuistre devant l’ahurissement de Félicité.
Sans famille.
Le fantasme de l’orphelin dans l’histoire de l’adoption
https://theconversation.com/le-fantasme-de-lorphelin-dans-lhistoire-de-ladoption-158983?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20mai%202021%20-%201952719130&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2020%20mai%202021%20-%201952719130+CID_5499acbe2e2f3415198c714fb36bb500&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Le%20fantasme%20de%20lorphelin%20dans%20lhistoire%20de%20ladoption
tu m’étonnes qu’il suait sang et eau…
je n’échangerais pas tout Flaubert contre ce passage écrit en 1868 par un type qui écrivait « one shot » sans jamais retravailler ses phrases :
« Tuer pour meurtre est une punition hors de proportion avec le crime même. Le meurtre d’un condamné est infiniment plus terrible que celui commis par un assassin. L’homme que tuent les assassins, qu’on égorge la nuit dans un bois ou ailleurs, il espère encore, jusqu’au dernier moment, se sauver. Tandis qu’ici la dernière espérance, celle qui rend la mort dix fois plus supportable, vous est sûrement enlevée. Ici ce sont la sentence et le fait même qu’il est impossible d’y échapper qui rendent le supplice terrible. »
toute la différence entre un type qui, avant d’écrire son roman, fait des voyages, pour se documenter, mesurer l’espace entre les arbres, la hauteur de ces arbres, la largeur des troncs d’arbres, visiter la maison, observer la disposition des chambres, la longueur du couloir qui mène à la cuisine, la couleur du papier peint, des rideaux etc etc… et un autre qui écrit ce qu’il a dans le ventre.
Un autre Flaubert…
A SIMPLE SOUL
CHAPTER I
FÉLICITÉ
For half a century the housewives of Pont-l’Evêque had envied Madame Aubain her servant Félicité.
For a hundred francs a year, she cooked and did the housework, washed, ironed, mended, harnessed the horse, fattened the poultry, made the butter and remained faithful to her mistress—although the latter was by no means an agreeable person (…)
==
THE LEGEND OF SAINT JULIAN THE HOSPITALLER
CHAPTER I
THE CURSE
Julian’s father and mother dwelt in a castle built on the slope of a hill, in the heart of the woods.
The towers at its four corners had pointed roofs covered with leaden tiles, and the foundation rested upon solid rocks, which descended abruptly to the bottom of the moat (…)
==
HERODIAS
CHAPTER I
In the eastern side of the Dead Sea rose the citadel of Machaerus. It was built upon a conical peak of basalt, and was surrounded by four deep valleys, one on each side, another in front, and the fourth in the rear. At the base of the citadel, crowding against one another, a group of houses stood within the circle of a wall, whose outlines undulated with the unevenness of the soil. A zigzag road, cutting through the rocks, joined the city to the fortress, the walls of which were about one hundred and twenty cubits high, having numerous angles and ornamental towers that stood out like jewels in this crown of stone overhanging an abyss.
(…)
Flaubert écrivain intégralement faux? Il faut l’oser. Rien à rajouter à la juste mise au point de Vanina. Il semble que vous ayez un sérieux problème avec la mimesis en ne voyant dans le texte qu’une Constructiôn rhétorique alors qu’il est aussi contrat passé avec le lecteur dans sa représentation d’ un Cœur Simple. Et Contrat réussi qui le distingue de l’écume réaliste des Leon Cladel, des mauvais Zola façon Joie de Vivre et Docteur Pascal, puisqu’il offre plus d’ un Siecle après , alors que la societe à laquelle appartient Félicite est morte, un portrait d’une grande tenue et d’une remarquable exactitude qui sont d’un maître. Avez-vous remarqué comment, dans le passage de la messe, les colombes du St Esprit préparent la vision finale? Il est par ailleurs paradoxal que vous déniiez à Flaubert la vérité de cette mimesis alors que vous nous proposez régulièrement comme contre- exemple les œuvres -point méprisables, mais pas sur le même plan, des scénaristes de séries américaines. Cordialement. MC
« je n’échangerais pas tout Flaubert contre ce passage écrit en 1868 par un type qui écrivait « one shot » sans jamais retravailler ses phrases »
J’attends Jacques sur ce coup-ci.
G.F écrit à sa mère , à propos de sa visite au Saint Sépulcre : » j’ai éprouvé ce sentiment étrange que deux hommes comme nous éprouvent lorsqu’ils sont tout seuls au coin de leur feu et que, creusant de toutes les forces de leur âme ce vieux gouffre représenté par le mot amour, ils se figurent que ce serait… si c’était possible. Non, je n’ai été là ni voltairien, ni méphistophélique, ni sadiste. J’étais au contraire très simple. J’y allais de bonne foi, et mon imagination même n’a pas été remuée ».
MC, j’ai peut-être le tort de croire Flaubert quand il écrit à Sand (décembre 75) : « je tâche de bien penser pour bien écrire ; mais c’est bien écrire qui est mon but, je ne le cache pas ».
Voilà le contrat bien son seul passé avec le lecteur, pour le reste vogue la galère…
oupss trop vite : Voilà bien son seul contrat passé avec le lecteur, pour le reste vogue la galère…
ou à Sand en mars 76 : « ce souci de la Beauté extérieure que vous me reprochez est pour moi une méthode. Quand je découvre une assonance ou une répétition dans une de mes phrases je suis sûr que je patauge dans le Faux ».
la seule chose qui l’intéresse c’est son écriture, partant du principe qu’en étant Belle elle dira le Vrai, tout le reste n’est qu’accessoire : la forme prédomine toujours sur le fond.
c’est pas trop le cas des scénaristes des séries américaines.
Ouî, et Alii, il s’est passé quelque chose chez Flaubert à Jérusalem. La mise entre parenthèse des masques voltairiens, méphistophéliques , et sadistes , tous consubstantiels à Flaubert et promis à un grand avenir dans Bovary -qu’on pense à Homais, dans saint Antoine, et dans Salammbo en dit long sur le choc produit. Voir aussi le passage ambigu sur la visite au St Sépulcre. Christiane, La Cerisaie mise en scène par Peter Brooks et jouée par d’excellents comédiens anglais aux Bouffes du Nord est peut-être, réflexion faite, ce que j’ai vu de plus beau de Tchekhov malgre l’absence de sous-titrage, on était obligé de comprendre. un peu une variante de votre exemple du mime Marceau!
passou écrit : « il déplore d’avoir à se rendre à Pont-l’Evêque et Honfleur pour vérifier, se documenter (…) »
la phrase écrite à Sand c’est :
« je suis obligé de faire à Pont-L’évêque et à Honfleur pour mon Histoire d’un Coeur simple, bagatelle présentement «sur le chantier», comme dirait M. Prud’homme. »
passou a oublié de noter ce mot : une « bagatelle ».
je ne sais pas si cette bagatelle sur un demi siècle de servitude fait partie du contrat passé avec le lecteur ?
et à Sand en décembre 75 : « je regarde comme très secondaire le détail technique, le renseignement local, et enfin le côté historique et exact des choses. Je recherche, par dessus tout, la Beauté, dont mes compagnons sont médiocrement en quête ».
« Je recherche, par dessus tout, la Beauté, dont mes compagnons sont médiocrement en quête »
et c’est là où il faut lire le livre X de la République de Platon.
quand à ses émois dans les lieus Saints c’est juste parce qu’il est sensible comme un veau, un veau touché par la Sainte Lumière de la Vérité.
@ Au moins le mime Marceau ne provoquait pas ces tentations !
Je me demande si cette plaisante flèche ne devrait pas plutôt revenir dans la carquois de Diane-Christiane. Lâchez les chiens sur Actéon, le voyeur de la Chasseresse, disait-il. On attribue beaucoup trop de mérites indus à txfl.
J’avais dit qu’avec Puck, on pourrait atteindre aisément les 2000 vu son besoin d’harceler les thuriféraires de Flaubert. C’est bin parti !… Voilà un teigneux qui lâchera rien tant que l’aura pas convaincu toute l’herdélie de la fumisterie de cet écrivain au cœur compiqué. Il y faut de l’obstination, remarquez, si pour cet internaute, la question est de vie ou de mort (13 derniers posts sur 15, nota bene).
ou la Sainte Vérité de la Lumière ?
3j non là vous exagérez : j’ai dû écrire 2 ou 3 commentaires de plus qu’et alii.
en fait c’est juste que j’ai l’impression que cette vénération pour cet enfumeur dit quelque chose de notre humanité, mais je sais pas encore quoi.
mais je veux le découvrir !
Repetita iuvant
Quiconque a le sens de la dignité place son heure sur l’autel, les dieux n’acceptent pas les heures des autres. Le don c’est avoir un contenu ; la morale veut que l’on exprime ce contenu ; si l’on a du talent, on trouve une forme d’expression intéressante. »
3j et puis c’est mon côté platonicien de vouloir sortir les gens de leur caverne.
et croyez-moi c’est pas toujours facile.
Moi ce que j’en dis de Platon, Flaubert, San Antonio, G. Sand ou Michel Onfray, y’a un moment où…, hein. On préfère passer le relai. Bàv,
nb : une fois de plus, txfl m’a induit en erreur, la fête des mères de notre ami Philippe, c serait pas aujourd’hui, mais plus tard. Donc, je retire mes voeux à qui n’aurait point dû les recevoir. Toutes mes excuses.
3j partez pas je vous ai pas encore sorti de la caverne !!!
1359
commentaires