Des écrivains de cinéma
Les Américains ont leur usine à rêves : Hollywood. La nôtre, c’est le Festival de Cannes. D’ailleurs, en réalisant sa toute première affiche, le peintre Jean-Gabriel Domergue l’avait baptisée en convoquant Baudelaire « L’invitation au voyage ». Mais il est une vitrine qui renvoie parfois d’inquiétants reflets de l’air du temps. Rien moins qu’une perte de prestige de la littérature et, partant, des écrivains. Songez qu’il fut un temps où ceux-ci composaient jusqu’à la moitié du jury, présidé d’ailleurs par l’un des leurs ! Depuis, ils en ont été évincés au profit quasi exclusif des gens de cinéma, artistes et techniciens délibérant entre professionnels de la profession. Cette année, ils sont représentés de manière poétique et subliminale sur l’affiche du Festival en la personne de Curzio Malaparte…
Pourtant, à partir du début des années cinquante et durant une dizaine d’années, des écrivains se sont succédé au fauteuil de président du jury : André Maurois, Maurice Genevoix, Jean Cocteau, Marcel Pagnol, Marcel Achard, Georges Simenon, Jean Giono, Tetsuro Furukaki, Armand Salacrou. Certains même à plusieurs reprises. Puis de manière plus épisodique, André Chamson, Miguel Angel Asturias, Tennessee Williams, Françoise Sagan, William Styron. Quant au jury lui-même, ils s’y font également de plus en plus rares, tant et si bien que leur présence est remarquée, Patrick Modiano et Zoé Valdès, Emmanuel Carrère et Hanif Kureishi, Linn Ullman et Orhan Pamuk, Toni Morrisson et Erri de Luca, et en remontant plus loin encore Norman Mailer, Louise de Vilmorin, Jules Romains et quelques autres etc
Juste un de temps en temps dirait-on. Parfois même aucun. Pourtant, mieux qu’un alibi, la présence d’un écrivain dans le plus important des jurys de cinéma assure d’un pas de côté, d’une sensibilité différente, d’un point de vue critique original, d’une certaine idée de l’art de raconter. Moins une vision du monde qu’une sensation du monde. Nul doute que Thierry Frémeaux et Pierre Lescure, le délégué général et le président du Festival, y sont attentifs.
Autant d’ « écrivains de cinéma » ? Une véritable auberge espagnole que ce label. Dans Les écrivains du 7ème art (372 pages, 22 euros, Séguier), Frédéric Mercier se risque à les catégoriser : les dialoguistes qui insufflaient de la littérature dans les premiers films d’auteur (Prévert et compagnie) ; les grands romanciers américains de l’Âge d’or (Faulkner and co) ; les écrivains-cinéastes-scénaristes français (Cocteau et toute la bande) ; on serait tenté d’y rajouter une quatrième catégorie, celle des grands critiques (Serge Daney). Ils ont tous été confrontés un jour ou l’autre aux impératifs de ce que Jean Giono appelle joliment « la filmaison ». Un constat assorti d’une déploration les réunit tous : la lourdeur technique du début à la fin du processus, pesante en équipe, surtout en regard de la légèreté de l’écriture en solitaire. L’auteur du Hussard sur le toit, dont on disait que les films étaient éclairés « a giono », en prit conscience en plein tournage de L’Eau vive lorsque le réalisateur lui demanda de couper dans ses dialogues « au prétexte qu’il ne dispose pas de rails de travellings en quantité suffisante pour accompagner les acteurs jusqu’au bout de leur texte » raconte Frédéric Mercier.
On dit « le festival », sans préciser de quoi ni d’où comme s’il n’y en eut jamais qu’un qui les éclipse tous, ce qui n’est pas faux. Il demeure un excellent sismographe des tremblements tant de l’art que du marché cinématographiques. Mais il a également une dimension politique mal connue. Olivier Loubes la met en lumière dans son essai Cannes 1939 (228 pages, 22 euros, Armand Colin) en se penchant sur sa création en réaction à la Mostra de Venise trop favorable à l’axe Rome-Berlin, et sur le tout premier festival, celui qui n’a pas eu lieu. Les raisons en sont connues : la guerre, bien sûr. Mais l’exploration des archives a également permis au chercheur de préciser la matrice du projet, son esprit : le rayonnement culturel de la France à l’étranger sous le contrôle du Quai d’Orsay. Ainsi l’historien fait-il de Cannes rien moins que « le lieu d’invention de la diplomatie culturelle française ». Ce qui n’était pas pour déplaire au lobby hôtelier qui s’employa à pérenniser la manifestation dans la ville quand certains des organisateurs voulaient au contraire la délocaliser…
Depuis ses vrais débuts en 1946, l’histoire du festival a été jalonnée de grandes dates, généralement associées à de grands films ou à quelques scandales. Mais la plus importante de toutes est également la moins spectaculaire. Jennifer de Castro a d’ailleurs fait de 1972 « une année charnière » dans sa thèse sur « Le festival de Cannes et la promotion du cinéma » (Paris 3) ; car dès lors, le comité d’organisation devient le seul décisionnaire des films sélectionnés, et non plus des gouvernements et des ministères. C’est le véritable acte d’indépendance du Festival.
On n’imagine pas qu’un écrivain tel que Julien Gracq soit membre de la commission d’« avances sur recettes avant réalisation » du CNC (centre national du cinéma). On a tort. Quand il en sortit, après avoir passé quelques années à lire des centaines de scénarios, il se montra naturellement discret sur son expérience. Mais longtemps après, dans En lisant en écrivant (1980), il en concluait que le cinéma ne s’était toujours pas émancipé de la littérature. Est-ce toujours vrai ? Probablement à condition de ne pas se limiter à fouiller dans la sélection 2016 afin de dresser l’inventaire des films inspirés de romans : Mal de pierres de Milena Agus, Ho… de Philippe Djian, le Bon gros géant de Roald Dahl,…
A peine une poignée de titres, juste de quoi rappeler que, dans un film comme dans un roman, il s’agit de raconter une histoire et qu’à cet exercice, les écrivains ne sont manifestement pas les plus mal placés. On en veut pour preuve le nombre et la qualité de ceux d’entre eux dont autrefois les grands studios hollywoodiens ont usé le talent. Aujourd’hui, il n’y a pas de quoi pavoiser bien que de plus en plus de romans inspirent des séries télévisées : la preuve par Game of Thrones, d’après George RR Martin, Une chance de trop d‘après Harlan Coben, d’autres encore et bientôt Vernon Subutex d’après Virginie Despentes.
Ceux qui font des films savent-ils combien leurs films nous font ? Notre imaginaire est aussi constitué de celluloïd. Il se pourrait même que le cinéma, davantage encore que la littérature, la peinture, la musique ou le théâtre, soit par excellence l’art qui scelle une complicité entre des personnes, si ce n’est entre des générations. Tant de films sont nos balises dans un passé mouvant, notre histoire personnelle au sein de l’Histoire. Mais de quoi est fait le souvenir que nous superposons à celui d’un film qui nous a marqué ? Marcel Proust a la réponse. Elle se trouve dans l’une de ses réflexions de 1905 sur … la lecture :
« S’il nous arrive encore aujourd’hui de feuilleter ces livres d’autrefois, ce n’est plus que comme les seuls calendriers que nous ayons gardés des jours enfuis, et avec l’espoir de voir reflétés sur leurs pages les demeures et les étangs qui ‘n’existent plus ».
Remplacez « livres » par « films » et vous verrez. Puis vous reverrez…
Seule compte cette empreinte. Le reste… On a envie de dire comme Malraux à la toute fin de son Esquisse d’une psychologie du cinéma, petit texte d’avant-guerre souvent cité mais rarement lu, plein d’excès, de fulgurances et visions, délire poétique et philosophique dans lequel on croise Giotto et le bouddhisme, Clouet et l’Amérique précolombienne, Rubens et la photographie, l’équivalence entre la séquence et le chapitre et même La chevauchée fantastique de John Ford, jusqu’à la nécessité de donner des mythes en pâture aux masses, on a envie de finir comme lui par ces mots qu’il faudrait toujours garder à l’esprit :
« Par ailleurs, le cinéma est une industrie. »
(« La Villa Malaparte, construite par l’écrivain en 1937 près de Capri, illustre l’affiche de cette 69ème édition du Festival après avoir servi de cadre et de… personnage principal au Mépris de Godard ; « Simenon et Cocteau au festival » ; « Marguerite Duras envoyée spéciale sur la Croisette » photos D.R.)
262 Réponses pour Des écrivains de cinéma
« Le concert polémique que le rappeur Black M devait donner le 29 mai aux commémorations de Verdun a été annulé, annonce vendredi la mairie de la ville. Déferlement de haine et de racisme, en conséquence, « la majorité municipale et le maire de Verdun, en concertation avec la région et le Département, sont contraints d’annuler le concert », précisé le maire (PS) Samuel Hazard. »
Commémorer la tragédie de Verdun en donnant à entendre une nullité hors de propos comme un « rappeur » …. Bravo les amis ! Samuel Hazard ? Y a pas de hasard.
Qui écrira le scénario des
@21.30 « Intelligent, simple et sympathique, milieu provincial normand modeste, parcours intellectuel diversifié » @22.52 « penseur de la rectitude »… tel on nous présente Marcel Gauchet, à la sortie de « comprendre le malheur français » avec Conan -Azouvi. D’une incursion patiente dans ce texte, j’admets la qualité et la profondeur du diagnostic sur le mal français qu’il ausculte depuis trente ans. Mais une fois cela consenti, et je reprends mes notes sur les « remèdes » du penseur, je les synthétise en 3 propositions avec ses propres mots. Il faudrait, dit-il : => 1°- réajuster le rapport de la France à l’Europe ; 2° –résorber la fracture morale séparant le peuple et les élites ; 3°- retrouver le fil de notre histoire collective au sein de l’histoire européenne. Et c’est à peu près tout. Or, qui diable de normalement constitué résisterait à pareille aventure programmatique, j’vous l’demande un peu ?… J’aimerais quand même rappeler de ne pas oublier trop vite que Marcel reste l’un des spécimens d’intellectuel aronien majeur qui aura, parmi les premiers, formulé l’idée que la promotion des « droits de l’homme » et leur traduction concrète allait mettre invariablement en danger la cohésion du corps politique français. En nous persuadant en effet que les droits de l’homme porteurs d’égalité réelle ne devaient pas constituer une politique, une formule malheureuse de 1980 qui lui collera désormais à la peau, il ne l’a à ma connaissance jamais désavouée, bien que récupérée par les réactionnaires médiatiques de tout poil de la génération suivante. Ces derniers, trop heureux de s’emparer d’un slogan, allaient pouvoir éructer leur haine anti « droits-de-l’hommiste », pour mieux se vautrer dans une peinture éplorée de la décadence franco-européenne… Il me semble que le travail de l’intellectuel d’aujourd’hui consisterait plutôt à détecter les signaux diffus du bien commun gisant sous les pratiques inédites d’un nouveau monde qui cherche à mieux comprendre où il va, sans trop le savoir pour le moment. Malheureusement, telle n’est pas le boulot que Gauchet se donne. Il n’aide pas à combattre activement les poisons ou gangrène de la zemmourisation des esprits, comme tout libéral conservateur qui se respecte, pour autant que lui suffise le modeste privilège de pouvoir produire en boucle sa « pensée » sur du papier quand il le souhaite.
… des angoisses militaires socialistes ?….
Ce qui fait la différence sans doute entre la littérature et le cinéma, c’est — pour reprendre sa théorie — la différence qui existe entre un art qui cherche, qui tourne autour de l’image pour en extraire du sens, et un art de la représentation, qui est le cinéma et que n’est absolument pas en fin de compte la littérature, contrairement à la conception aristotélicienne de la littérature comme Mimesis…
. Proust comme Annie Ernaux représentent moins le monde qu’ils ne cherchent à en extraire du sens dans un discours de la mémoire qui transforme l’espace (l’image) en Temps.
Avec l’indissociabilité de l’espace et du temps pourquoi accepter l’espace en support de l’image et le temps en matrice de la pensée, des concepts, WGG aurait tout aussi bien pu traduire le discours d’une mémoire qui découvre en la cherchant sa face réfléctive.
Lorsque l’on parcourt la diarrhée de JJJ, on éprouve ce sentiment admiratif que l’on ressent en visitant un Zoo convenable :
« Belle bête, le tigre JJJ, tournant en rond dans sa cage ! »
11h04 On choisit ses amis pas son berceau.
Lisant La Chartreuse je m’imagine Fabrice, c’est moi qui l’invente. Au cinéma c’est Gérard Philipe et personne d’autre;
—
Pour Jean Valjean, on a le choix entre Harry Baur, Belmondo, Depardieu, Gabin, Ventura, Hugh Jackman, Liam Neeson, sans compter son Monsieur Madeleine à soi…
Pourquoi dénierait-on au personnage de roman une incarnation à l’égale de celle du personnage de théâtre? Hamlet, c’est bien sûr Derek Jacobi & Gérard Desarthe, mais des tas d’autres aussi, plus le sien à soi.
Depuis Coleridge, on sait que la suspension volontaire de l’incrédulité (willling supspension of disbelief) est un préalable obligatoire à la fréquentation de toute oeuvre d’art, non?
Choisir son berceau serait une réécriture historique, comme les staliniens adoraient la pratiquer
11h46 Il y a aussi l’histoire des bébés franquistes et volés. Les dictateurs ont le dent dure.
Quelqu’un est au courant de ce film palestinien sur les événements de Munich qui revisite l’histoire, qui fait partie de la sélection au festival de Cannes ?
Il est temps que les dictateurs laissent la place, chaude, aux dictatrices !
Un film palestinien ?
Un zoo palestinien à Gaza ?
Ces braves gens sont payés pour vivre une vie financée par les pétromonarchies : attendons nous au pire !….
WG, voici ce que j’ai trouvé:
Voilà où en est la France dans la collaboration avec les ennemis de la vérité :
Oudy Ch. Bloch
Publié le 04 mai 2016 / Culture Histoire
Mots-clés : Israël, Munich : a palestinian story, Nasri Hajjaj, Septembre noir, Terrorisme
Des policiers allemands, habillés en athlètes, prennent position sur le toit de l’immeuble où sont retenus les otages israéliens (Photo : SIPA.AP21219042_000004)
Le 16 mai prochain, le film du réalisateur libanais d’origine palestinienne Nasri Hajjaj, Munich : a palestinian story sera projeté dans le cadre de l’accord entre le Festival international du film de Dubaï et le Marché du film du Festival de Cannes.
Ce documentaire entend donner la version palestinienne du massacre de Munich. Pourquoi pas. Si ce n’est que les différentes présentations du film laissent présager un conte qui pourrait bien transformer un massacre en une action de libération d’un pays fantasmé et, à l’instar de l’Unesco pour l’histoire culturelle et religieuse, réécrire cette fois-ci l’histoire politique.
On apprend en effet que, pour le réalisateur, cette prise d’otages suivie de l’assassinat de onze athlètes et entraîneurs israéliens par des terroristes palestiniens du groupe Septembre noir, ne serait pas un acte terroriste mais un « incident international ».
Mieux encore. Sur le site Internet du Fonds arabe pour les arts et la culture – lequel a financé le film – on peut lire en guise de résumé du projet que huit « combattants de la liberté », dont l’un d’eux était l’ami d’enfance du réalisateur, ont pris en otage onze athlètes israéliens et que « tout s’est terminé lorsque les forces de sécurité allemandes ont donné l’assaut, tuant cinq Palestiniens et les onze israéliens ».
http://www.causeur.fr/munich-a-palestinian-story-nasri-hajjaj-festival-cannes-38056.html
l’andouille du pire….. = la brêle de PQ, fourbe comme dab’
Le documentaire sera présenté au Festival de Cannes le mois prochain hors compétition. « Huit palestiniens, guerriers de la liberté ont attaqué le village olympique de Munich et pris en otages onze athlètes israéliens », résument un texte accompagnant la présentation du film au Festival de Cannes.
Les onze athlètes israéliens ont tous été assassinés par les terroristes.
Narsi Hajjaj a rencontré dans un camp de réfugiés au Liban, ou il a grandi, un des terroristes de Munich.
@L’Andouille du pire:
je ne me fâche pas vraiment et j’abonde dans votre sens. Mais où est-on quand on lit? Au lit, bien sûr. C’est mieux qu’au cinéma. Enfin, oui, je me souviens qu’au cinéma avant la projection un rideau s’ouvrait, souvenir du théâtre, c’était presque comique cette concurrence. On ouvrait le rideau pour prévenir: attention ça commence! Alors qu’aujourd’hui on éteint les lumières pour dire ouvrez vos paupières. Tout ce rituel quand même. Alors qu’un livre ma foi ça s’ouvre comme ça tout seul, vrai geste volontaire. C’est ça qui fatigue et éloigne de la lecture: il y faut l’intervention de la volonté, alors qu’aller au ciné… on se laisse traîner.
Et pendant ce temps le film d’Attal a été refusé dans la sélection du festival !
Cannes serait-il devenu un festival propalestinien et antisémite ?
Un festival qui débute par la projection d’un film de Woddy Allen ne peut qu’être antisémite.
Janssen, en exhumant des formules hors contexte vieilles de 40 ans, vous pouvez dézinguer n’importe qui. Cette formule (contexte à vérifier) fait du sens et le qualificatif d’aronien est pour moi un immense compliment. Aron, avec peu d’alliés, a été l’honneur des intellectuels français lorsqu’ils sombraient dans le marxismo tiersmondisme et l’anti américanisme primaire.
Pour l’avoir écouté hier, je peux témoigner que Gauchet a critiqué l’envahissement de tous les champs de la vie humaine par le marché, que le fameux « modèle social » français conserve ses faveurs même s’il doit être réformé sous peine de faillite et qu’il a explicitement dit que Zemmour se fourvoyait.
le cinéma raymond prunier c’est surtout fatiguant pour ceux qui le font, pour arrondir ma besace je joue souvent des petits rôles ou silhouettes.
hier au théâtre, l’actrice qui racontait Orlando de Woolf était habitée par son sujet, mais la langue néerlandaise m’a donné un certain malais à cause de la traduction assez libre et des sous – titres tout en haut de l’écran, ce qui oblige à une distorsion du spectateur qui se voit contraint de choisir entre le visuel et l’intellection. Parfois on ferme les yeux, il faut lacher prise dans le flot des mots, leur sonorité étrange.
En substance c’était le propos d’ Hanael lisant des extraits de son livre, les noms de villes italiennes comme autant de chemins historiques et chargés de sens, les anamorphoses des sensations, à priori il m’a un peu décue avec cette façon de noyer son lecteur dans ses propres inquiétudes.
J’enfile une robe et je file sur un tournage.
Il n’empeche qu’une Histoire qui s’emploie à noyer la France dans une Europe bureaucratique est un monumental contresens. Là-dessus, les pages bien senties des « Chenes qu’on abat » de Malraux.
« Il y a des textes dont la modestie touche au sublime. Histoires (Buchet-Chastel) de Marie Hélène Lafon, qui vient d’être couronné du Goncourt de la nouvelle, appartient à cette bibliothèque-là, une bibliothèque qui affiche comme trésors principaux Un cœur simple de Flaubert ou Vies minuscules de Pierre Michon.
……………………………………….
J’ai tellement aimé ses nouvelles que je les ai lues à mes proches à voix haute. C’est là le plus grand risque pour un texte : ce fut un triomphe ! Tout tombe juste, rien ne traîne, ça ralentit, ça accélère, ça gicle, ça devient sourd, ça soupire, ça se tait. J’ai compris alors que tout avait été passé au gueuloir, que les phrases avaient résonné dans le corps. Et là, j’ai eu la conviction de rencontrer un grand écrivain.
Marie-Hélène Lafon, professeur agrégé, a avoué qu’elle n’est pas « sortie de l’école ni de la grammaire ». Peut-être, mais je sais, moi, d’où elle sort : de Flaubert.
Finalement, le bon Gustave a su faire un enfant ! Et c’est une fille. Ça tombe bien, il adorait les filles. »
Je n’ai pas encore lu les Histoires de Lafon, mais les extraits de la note d’Eric E Scmitt ci-dessus me paraissent totalement crédibles.
Lafon, l’Ernaux auvergnate, sans nombrilisme et sans pathos, avec une écriture parfaitement personnelle et une capacité devenue rarissime de créer un monde de fiction.
ne nous cachons pas, la révolte gronde elle est palpable dans l’air, on ne peut ignorer la décrépitude d’une ville comme bruxelles, sorte de vaisseau fantôme d’union ratée, à trop forcer la main aux peuples, cela va exploser. on peut vire au jour le jour la gaieté de l’air et le soleil revenu, la mine des habitants en dit long, et les manifestations d’autorité se multiplient sur ceux qui n’ont déjà pas de marge de manoeuvre.
je lis la presse et il advient aux français ce qui est déjà passé chez nous comme lois fin 2014 avec le même procédé …
Ce que vous êtes pessimiste, Chantal !
Raymond, soyons amis !
« On lit au lit » dites vous ? Que non ! Je n’ai jamais lu au lit …. ! Au lit, on dort.
On ne copule pas : trop banal… on a la journée pour cela.
Résumons : il est excessivement important de dormir, de récupérer des fatigues, comme il est capital de péter, de roter, de cracher, afin de suivre les bons conseils d’Alcofribas Nasier, notre maître en savoir-vivre, vivre au besoin pas ensemble.
En tant que Solognot, je trouve vraiment pouéseux tous ces Normands, Limougeauds, et Auvergnats qui tirent la couverture à eux comme des grands avéniaux qu’y sont: je sais pas ce qu’en pensent les Ardennais (des vrais bernassiers, ceux-là alors!) et les Alto-Séquanais de ce blog, mais ça peut pas être bien différent de ce qu’en disent les Landais, Charentais et Vendéens, des bon gros berlots pour le coup.
berguenzinc dit: 12 mai 2016 à 20 h 32 min
« en allemand, Chair égale Viande…vaste programme »
Dans d’autres langues aussi cf l’espagnol ( castille) par ex
(la chair à saucisse c’est pas de la viande, la langue française est si délicate.. c’est certain)
Widergänger dit: 12 mai 2016 à 23 h 09 min Fallait être naïf pour attendre autre chose et c pas le le pire : http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/11/primaire-alain-juppe-droite-preparent-grand-soir-liberal_n_9900520.html?utm_hp_ref=france
Bloom dit: 13 mai 2016 à 5 h 22 min
« l’anglais avec son double lexique saxon/ »
c’est ‘grâce aux’ Normands avec l’apport du latin (de cuisine)
Vous savez bien que ce qui sonne bien dans une langue ne peut pas être systématiquement tel quel rendu dans une autre -ce qui est beau en allemand ou espagnol peut être banal ou moche en anglais ou français
l’anglais avec son double lexique saxon/ »
c’est ‘grâce aux’ Normands avec l’apport du latin (de cuisine)
—
Vous voulez dire que le latin, c’est « grâce au » Romains, n’est-ce pas?
Bloom dit: 13 mai 2016 à 13 h 13 min
Dans ce double lexique , chez les Brits les mots français d’origine latine de cuisine via les conquérants normands qui font le plus chic ou ‘évolué’ , transformé (I have a fatigue, par ex). Mais ils ont inventé le week-end déjà commencé à cette heure (Respect) !
Bloom
Shakespeare est bien pâlichon en français -comme Hugo en d’autres langues que le français ? Bon we
Chantal étiez-vous au théatre au cinéma ou à l’opéra, des sous titres en haut de l’écran d’une scène restent peu plausibles mais indibitablement le dilemme s’impose cruellement quand des dialogues riches et chargés de sens nous obligent à délaisser un instant l’image si beau soit le plan quand on n’est pas multilingue ou comme vous le fîtes se laisser aller et bercer par la musique d’une langue étrangère en tentant flottant sur le flux de cette poétique sonore de deviner l’image, les yeux fermés nous renvoyant à nos imaginations fertiles toutes égocentrées, oublieux de la forme délivrant un contenu, l’un et l’autre si peu importants au regard de notre présence physique quand elle ne peut rencontrer l’esprit.
Shakespeare est bien pâlichon en français
Bon bien ne me reste plus qu’à faire bronzer les quelques pièces en ma possession afin d’en découvrir la quintescense lost in translation.
Plutôt bonne mine, le français de WS dans Henry V, trouvez pas?
(…)
KATHARINE
Alice, tu as ete en Angleterre, et tu parles bien le langage.
ALICE
Un peu, madame.
KATHARINE
Je te prie, m’enseignez: il faut que j’apprenne a
parler. Comment appelez-vous la main en Anglois?
ALICE
La main? elle est appelee de hand.
KATHARINE
De hand. Et les doigts?
ALICE
Les doigts? ma foi, j’oublie les doigts; mais je me
souviendrai. Les doigts? je pense qu’ils sont
appeles de fingres; oui, de fingres.
KATHARINE
La main, de hand; les doigts, de fingres. Je pense
que je suis le bon ecolier; j’ai gagne deux mots
d’Anglois vitement. Comment appelez-vous les ongles?
ALICE
Les ongles? nous les appelons de nails.
KATHARINE
De nails. Ecoutez; dites-moi, si je parle bien: de
hand, de fingres, et de nails.
ALICE
C’est bien dit, madame; il est fort bon Anglois.
KATHARINE
Dites-moi l’Anglois pour le bras.
ALICE
De arm, madame.
KATHARINE
Et le coude?
ALICE
De elbow.
KATHARINE
De elbow. Je m’en fais la repetition de tous les
mots que vous m’avez appris des a present.
ALICE
Il est trop difficile, madame, comme je pense.
KATHARINE
Excusez-moi, Alice; ecoutez: de hand, de fingres,
de nails, de arma, de bilbow.
ALICE
De elbow, madame.
KATHARINE
O Seigneur Dieu, je m’en oublie! de elbow. Comment
appelez-vous le col?
ALICE
De neck, madame.
KATHARINE
De nick. Et le menton?
ALICE
De chin.
KATHARINE
De sin. Le col, de nick; de menton, de sin.
ALICE
Oui. Sauf votre honneur, en verite, vous prononcez
les mots aussi droit que les natifs d’Angleterre.
KATHARINE
Je ne doute point d’apprendre, par la grace de Dieu,
et en peu de temps.
ALICE
N’avez vous pas deja oublie ce que je vous ai enseigne?
KATHARINE
Non, je reciterai a vous promptement: de hand, de
fingres, de mails–
ALICE
De nails, madame.
KATHARINE
De nails, de arm, de ilbow.
ALICE
Sauf votre honneur, de elbow.
KATHARINE
Ainsi dis-je; de elbow, de nick, et de sin. Comment
appelez-vous le pied et la robe?
ALICE
De foot, madame; et de coun.
KATHARINE
De foot et de coun! O Seigneur Dieu! ce sont mots
de son mauvais, corruptible, gros, et impudique, et
non pour les dames d’honneur d’user: je ne voudrais
prononcer ces mots devant les seigneurs de France
pour tout le monde. Foh! le foot et le coun!
Neanmoins, je reciterai une autre fois ma lecon
ensemble: de hand, de fingres, de nails, de arm, de
elbow, de nick, de sin, de foot, de coun.
ALICE
Excellent, madame!
KATHARINE
C’est assez pour une fois: allons-nous a diner.
(…)
j’étais au théâtre Bérénice, et j’aurais préféré écouter le texte original en anglais …
et mon tournage, voilà la fiche :
@12.23 Mais, voyons donc, je n’ai pas dit que Gauchet était zemourien ! J’ai dit que la génération des déclinistes réactionnaires français du moment (dont EZ est la pire caricature) avaient récupéré Gauchet, comme le montrent les travaux de Lacroix et Pranchère. Gauchet n’a jamais été l’auteur du terme si méprisant de « droit-de-l’hommiste ». Pas de confusion rétrospective ni de faux procès, SVP. « Aronien » était pour moi itou un compliment. Quant à la formule qui fit tant de bruit (« les droits de l’homme ne sont pas une politique »), elle est tirée du débat de Gauchet avec Claude Lefort (1980), dans la revue de Nora du même nom… qu’allait avec talent animer Gauchet par la suite. C’est tout.
D’après rapporteur 100 frontières, Ah l’Ménard est la chaîne biterroise qui musèle.
Sorti de la sacristie, aperçu hier le bedeau fouiner chez Drouot : il est vraiment petit et légèrement bigleux
Merci 13h47
Et comme dit Henry the Fiſt juste avant cette scène :
[. . .] Enter, Exeter.
Le gouvernement a une politique chaotique, incohérente et le parti socialiste est au bord du gouffre et de l’implosion. Jusque là tout va bien…
«…la nécessité de donner des mythes en pâture aux masses…»
Voilà un énoncé qui nous ramène à la question primordiale, voire la seule: comment oublier, ne serait-ce qu’un moment, que l’Homme, créé à l’image de Dieu, soit si imparfait.
Le cinéma, c’est de l’image ; l’accès en est direct, c’est-à-dire qu’on voit tout en même temps, et précisément tout ce qu’il veut montrer de l’espace. Non seulement il peut tout montrer, mais en plus on le voit, ce qu’il peut montrer.
L’écrit, ou la musique, c’est du son : l’accès en est séquentiel ; il faut attendre des plombes avant d’arriver à la sonate de Vinteuil, et des kilos de papier avant de réaliser que Tuture a… euh bon. Donc l’écrit s’il veut décrire son petit intérieur, avant qu’il arrive à la dernière tour Eiffel où qui neige dessus, la baraque aura eu trois cents fois le temps de se gondoler au quart de la moitié comme dirait Cyrano ; de plus le lecteur, endormi, ne s’en apercevra pas. Donc l’écrit les volumes c’est pas bon. En revanche pour un truc genre Légende des siècles, comme on n’est pas pressé ça va pas mal du tout on est puissamment armé…
« Ces dernières années vous avez beaucoup tourné en Europe, alors que vous n’êtes même pas condamné pour viol aux États-Unis. »
Cette petite plaisanterie manque assez d’à-propos dans la mesure où le dernier film d’Allen a été tourné entre New York et Hollywood…
En réponse à la pertinente question de Bihoreau, proclamons une détermination sans faille !
Que nous soyons à l’image de dieu ou pas … on est posé là sur cette planète bleue sale.
Par conséquent, amusons-nous le mieux possible, tout le reste étant sans importance.
@L’Andouille du Pire
Soyons amis!
Et dans un lit on peut faire ce que l’on veut, même lire. Et la nuit, miracle, on peut aussi dormir. Il n’empêche que lire allongé me semble un luxe magnifique: entre veille et sommeil se déploie l’écriture de la fiction, c’est à mes yeux le lieu idéal.
Cuisiner dans un lit ? incendie ! Manger dans un lit ? répugnant ! Copuler dans un lit ? quelle banalité ! Mais dormir ! … Dormir enfin… dans un bon lit, à terre, quand ça secoue au large…. Aaaah …. quel horizon doucereux.
» Voilà un énoncé qui nous ramène à la question primordiale, voire la seule: comment oublier, ne serait-ce qu’un moment, que l’Homme, créé à l’image de Dieu, soit si imparfait. »
Comme quoi les curés qui nous vendent un Dieu parfait en tout, c’est bien escrocs et compagnie.
>D
je vous remercie de m’avoir demandé quelque chose d’autre à dire sur le sujet.
Le cinéma est florissant à mes yeux et j’ai oublié nombre d’autres choses, documentaires, courts métrages etc. J’ai voulu dresser quelque chose d’éclectique, illimité.
Pour vous, je pensais l’écrire le lendemain matin, activités pénibles non compensatoires à la place, j’en suis désolée, pour vous quand même un épilogue
tome II
André Tarkovski
Oeuvres cinématographiques complètes
Au cours de l’année 1986, après avoir pensé un moment que son prochain film, après Le Sacrifice , serait la réalisation de son scénario Hoffmanniana ou une adaptation de Hamlet, ou encore d’un Evangile, Andréi Tarkovski décidait fermement, s’il guérissait de son cancer, de réaliser un film sur la vie de Saint Antoine, le premier moine chrétien.
>D
Dans son Journal, le 3 novembre 1981, Andréi Tarkovsky avait déjà noté une première image destinée à ce scénario :
La tentation de Saint Antoine. A la fin : sanglots irrépressibles d’Antoine qui ne peut trouver l’harmonie en lui-même. Ils se changent peu à peu en soupirs saccadés, puis ils s’apaisent tandis que son regard scrute, seconde après seconde, la beauté naissante de l’univers. L’aube, la nature endormie, les arbres frémissants, les étoiles qui s’éteignent et la lumière qui monte à l’Orient, qui éclaire toute la beauté de la vie. Saint Antoine. C’est aussi Tolstoî, et Ivan Karamazov, et tous ceux qui souffrent de la barbarie.
Petit rappel. dit: 12 mai 2016 à 2 h 27 min
Rose, je suppose que votre Guillaume Laurent est Guillaume Laurent,
je viens de vérifier vous avez raison : je vous prie de bien vouloir m’excuser.
>DHH je vérifie et je reviens vers vous. Je ne savais pas le parallèle avec le prix unique dans les librairies ni les batailles d’auditeurs lors du prix Goncourt.
Une partie a été racontée par Paul Edel ; Il avait interviewé Duras rue Saint Benoît ; elle était fauchée et le Goncourt l’avait sorti de la panade; Paul avait même raconté qu’elle avait acheté un appartement à son fils suite au Goncourt (et, mais je n’en suis pas sûre son appartement aux Roches noires); Bref, d’un coup elle devient riche.
Le reste, je consulte mes bouquins tout de suite, pas à l’an que ven.
1984 novembre : elle obtient le prix Goncourt pour L’Amant écrit en quelques semaines, après que son fils Outa lui a suggéré de regrouper ses clichés d’enfance.
Apparemment ce que j’ai dit précédemment est faux : 1963 elle achète un appartement à Trouville. Ecriture du Ravissement de Lol V. Stein à Neauphle (où a été tourné le camion avec Depardieu).
Elle quitte Jarlot pour vivre seule.
1991 L’Amant de la Chine du nord sept ans après l’Amant
in Marguerite Duras à 20 ans Marie Christine Jeanniot éditions au diable vauvert
3 mars 2016 cela fait vingt ans cette année que Duras nous a quittés.
Voilà j’ai trouvé DHH
je ne peux tout vous copier. Elle parle beaucoup du cinéma.
L’article en question est écrit par Nathalie Crom s’intitule Cet « Amant » qui bafoue sa maîtresse, est dans le Telerama hors série d’avril 2014 célébrant le centenaire de sa naissance.
Je regarde la photo de couverture, mon coeur palpite.
>DHH c’est résumé là juste au dessus de la video de l’INA où elle est interviewée par Pivot sur le livre qui s’appelait au début la photographie absolue et sur le Chinois.
http://www.telerama.fr/livre/marguerite-duras-des-images-qui-nous-parlent-d-elle,110690.php
cette photo d’elle tellement émouvante
http://www.franceinfo.fr/partenariats/presse/hors-serie-telerama-duras-le-centenaire
(…)Lorsque commence le tournage au Vietnam, en janvier 1991, Marguerite Duras a déjà entrepris de réparer, pour elle-même, ce qu’elle considère comme une trahison, un rapt, un reniement de son oeuvre par l’industrie cinématographique. Au cours de l’année 1990, elle a travaillé, en effet, à L’Amant de la Chine du Nord, une réécriture de l’Amant qu’elle considère comme la version cinématographique du roman -un récit « qui maintenant est pour moi le véritable Amant », déclare-t-elle lorsque le livre paraît chez Gallimard en cette année 1991.
Nathalie Crom
euh… sergio, le contrepoint ça n’existe pas ?
@Rose
merci de ces liens que j’ai découverts avec intérêt.
mais je ne trouve pas que ce que j’ai lu et écouté infirme ce que j’écrivais -et que j’ai vécu du côté de l’administration_ sur l’arrière plan politique expliquant d’une part la parution de l’Amant sous la forme inaboutie de sa première version, correspondant semble -t-il à une commande , si j’en crois un des documents que vous m’avez indiqués et d’autre part le prix Goncourt obtenu cette année là par ce roman
>DHH
en effet cela ne semble pas contradictoire.
cordialement,
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