
François Truffaut en toutes lettres
Après les écrivains, les cinéastes. Ce qui ne signifie pas : après la littérature, le cinéma tant les deux pôles de la vie de François Truffaut ne cessèrent de s’entremêler. Sa Correspondance avec des cinéastes 1954-1984 (524 pages, 25 euros, Gallimard) qui parait ces jours-ci en témoigne trois ans après le volume de sa Correspondance avec des écrivains 1948-1984. Il est vrai que Truffaut demeurera toute sa vie un cinéaste des plus littéraires. Il a toujours dit avoir été non un écrivain raté mais un libraire raté. Évoquant sa fascination pour Citizen Kane, le film qui a changé sinon engagé et gouverné sa vie, il dira même un jour que « c’est un film proche et amical, comme un roman, curieusement ». Dans sa préface, Bernard Bastide, le méticuleux éditeur de ce recueil de lettres et du précédent, fait remarquer que Truffaut est aussi déférent et respectueux avec les écrivains qu’il ne l’est pas ou peu avec les cinéastes (à quelques exceptions près).
Que de projets, de films avortés ! Nul autre que le cinéma compte autant d’abandon. L’argent, à coup sûr, mais aussi les calendriers qui ne coïncident pas, les incompatibilités d’humeur etc L’épistolier avait une belle plume, et pas seulement pour exécuter, le sens des formules heureuses telles que « faire flèche de tous plans » (à propos du Bonaparte et la Révolution d’Abel Gance en triple écran)
On lui prête beaucoup de pouvoir dans le Milieu, on le croit président de l’Avance sur recettes, du CNC, de la Société des réalisateurs, de tel jury ou de telle commission. Comme s’il pouvait faire et défaire le destin des films alors que depuis 1962, il ne siège plus nulle part, ainsi qu’il l‘assure à Claude Autant-Lara, pas vraiment un ami celui-là, persuadé qu’a fait campagne pour le projet de son Lucien Leuwen échoue mais sa parano n’était pas un mystère.
Deux longs échanges avec Jean Luc-Godard sont le clou du recueil. Le premier se situe en 1973 lorsque Godard sollicite Truffaut afin qu’il entre en coproduction dans son prochain film, un projet finalement inabouti intitulé provisoirement Un simple film ou encore Moi, je. Un refus net et catégorique. Il lui fait payer, disons, son absence de qualités humaines pour ne pas dire pire, notamment son attitude « dégueulasse » vis-à-vis de Jean-Pierre Léaud (il aurait tenté de lui extorquer de l’argent). Sa longue réponse d’août 1980 à une lettre de Godard est un morceau d’anthologie. Le réalisateur du Mépris y proposait un entretien à quatre (Godard, Chabrol, Truffaut, Rivette) dans un journal pour lancer leurs nouveaux films avant d’être repris chez un éditeur. Il a le cynisme de terminer par « Amitiés quand même ».
En retour, Truffaut se moque du style de sa lettre effectivement digne de la langue de bois des politicards. Elle s’achève par un encouragement à ne pas perdre son temps à lui écrire d’autres lettres :
« Il n’est pas question de bâcler la préparation de ton prochain film autobiographique dont je crois connaitre le titre : « Une merde est une merde ».
Ceux qui ont en mémoire son Une femme est une femme apprécieront. Dur ? Il est vrai que Godard, jamais à court d’une insulte ou d’une dénonciation, avait publiquement traité telle actrice de salope ou telle autre de révisionniste, le producteur Pierre Braunberger de « sale juif », Truffaut et ses copains de crapules, de malfrats, de pestiférés et le ton n’avait rien d’amical ou d’humoristique puisqu’il allait jusqu’à préciser que Jacques Rivette n’avait « plus rien d’un être humain ». Au-delà de tout ce qui séparait leurs conceptions respectives du cinéma (et il y a un monde dans ce « tout »), Godard jalousait son succès public et ne le cachait pas.
L’intérêt d’une telle correspondance, et ce n’est toujours le cas, c’est que l’on dispose de l’aller et du retour. Autrement dit les lettres de Truffaut et celles de ses interlocuteurs. C’est passionnant s’agissant par exemple d’Alfred Hitchcock. Il y est question de Hitchcock/Truffaut, « leur » livre naturellement, non à deux ou quatre mains mais à deux voix, formidable entretien abondamment illustré publié en 1960 par Robert Laffont.
En 1976, on voit le grand Hitch à court d’idées (toujours étonnant de voir que les réalisateurs attendent qu’on leur apporte des « sujets » et n’agissent pas en fonction de leur désir contrairement aux écrivains, la question des moyens change tout, Stephen Frears l’avait bien expliqué à propos de ses Liaisons dangereuses), on le voit donc envier sa liberté à Truffaut et le développement vaut le détour :
« Quant à moi, je ne peux faire que ce qu’on attend de moi, c’est-à-dire un thriller ou une histoire à suspense, et cela me donne du mal. Il y a tant d’histoire qui paraissent ne traiter que de néo-nazis, de Palestiniens en lutte avec des Israéliens, etc Et, comme vous le voyez, aucun de ces sujets ne présente de conflit qui possède une dimension humaine. Comment peut-on avoir un Arabe de comédie ? Cela n’existe pas, pas plus qu’un Israélite amusant. Je prends ces deux exemples, car on me les a mis sur mon bureau pour que je les étudie ».
Il est vrai que son entourage le bombarde de scripts présentés comme des projets qui feraient « un bon Hitchcock », avis qu’il ne partage jamais. Le problème, ce sont les tabous, le cahier des charges non de ce qu’il faut faire mais de ce qu’il faut éviter : les gens âgés, les projets excédant deux à trois millions de dollars etc Alors quoi ? Des films avec « des jeunes et des éléments anti-pouvoir ». Morne plaine…
Ce bon vieux Hitch va même jusqu’à gratifier La nuit américaine de « meilleure film de fiction tourné sur l’art de faire du cinéma ». Cela dit, Truffaut évoque bien leur ouvrage commun comme « le meilleur livre jamais publié sur le cinéma » ! Ce qui les différencie tout de même ? Tant de choses que Hitch résume en une remarque. Lui exprimant sa fascination pour La mariée était en noir, il dit avoir notamment apprécié la scène au cours de laquelle Jeanne Moreau contemple l’agonie d’un homme qu’elle a elle-même empoisonné en trafiquant son verre d’arak :
« Avec mon sens de l’humour très particulier, je crois que je serais allé encore un peu plus loin : elle aurait pris un oreiller et l’aurait glissé sous sa tête afin qu’il meure plus confortablement ! »
L’admiration réciproque que se vouent François Truffaut et Claude Sautet a quelque chose de reposant car elle est vierge de tout règlement de compte. Pareillement pour les échanges avec Jean Renoir. La confiance est telle entre eux que celui-ci sollicita Truffaut pour la rédaction de ses Mémoires. Avec Abel Gance, c’est le même ton ; il était un peu le grand parrain de ses réseaux.
Un mot revient souvent dans des échanges avec différents réalisateurs : celui de « loyauté » et son corollaire « déloyauté » sans que l’on comprenne en quoi un metteur en scène doit être loyal vis-à-vis d’un confrère surtout s’il méprise son art et sa manière et l’on se souvient de la violence excommunicatrice du critique Truffaut aux Cahiers du cinéma avant qu’il n’ait lui-même la carte. Il est d’ailleurs piquant de constater que, les ayant relus, il convienne que ses articles élogieux tiennent mieux le coup que les éreintements. Mais lorsque le mal est fait, si certaines victimes pardonnent avec le temps, elles n’oublient jamais tel Marcel L’Herbier qui rappelle que Truffaut l’avait autrefois « couvert de son mépris » avant de changer d’avis. Incroyable comme les éreintés de jadis conservent pour la vie les mots les plus blessants gravés dans le marbre de leur mémoire. Ainsi L’Herbier ressort-il des années après à Truffaut que celui-ci l’avait traité dans Arts de « plus intéressé des cinéastes ». Peu lui importe au fond qu’il ait trainé ses films dans la boue. Mais l’accuser sans preuves de manquement à la déontologie professionnelle, c’est impardonnable.
On le retrouve enfin au montage du Dernier métro, sollicitant de Georges Franju l’autorisation de reprendre quelques plans tournés dans le métro pendant l’Occupation, tout ce que l’on pouvait trouver aux archives étant encore trop moderne à son goût (éclairage, décor, affiches etc). Or Truffaut, dont la cinéphilie est rarement prise en défaut, avait conservé en mémoire des images de La première nuit, un court-métrage daté de 1958, trente secondes idéales. Non seulement Franju l’y autorise aussitôt mais il le prie de le faire discrètement, sans citation, de se passer même de l’autorisation du producteur ou du distributeur ; son admiration va même jusqu’à lui suggérer d’en emprunter également un autre, un plan typique de l’Occupation selon lui, une femme en grand deuil montant un escalier. Si l’expression galvaudée de « grande famille du cinéma » peut avoir un sens, il est là, dans ce bref échange.
(« Photo de tournage », D.R. ; « François Truffaut, 1970 » photo Pierre Zucca)
114 Réponses pour François Truffaut en toutes lettres
Hearst castle, San Siméon, California
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hearst_Castle
« Le cinéma est un art qui consiste à faire de jolies choses à de jolies femmes ».
François Truffaut
Les féministes apprécieront.
J’ai replongé dans « Les Châtiments » de Victor Hugo.
« Saint-Arnaud » – un de ses chouchous avec Louis Veuillot. Saint-Aranud commandait la répression militaire pendant le coup d’état.
L’année 1851 pour Saint-Arnaud est assez productive puisqu’il avait commencé l’année avec quelques exploits en Kabylie en mars 1851.
Il est maréchal de France
Ces quelques vers font allusion à ses activités en décembre 1851 à Paris.
« Fier, le tonnerre au poing, il avait mis en poudre
Un marchand de coco près des Variétés ;
Avec quinze escadrons, bien armés, bien montés,
Et trente bataillons, et vingt pièces de douze,
Il avait pris d’assaut le perron Sallandrouze ;
Il avait réussi même, en fort peu de temps,
A tuer sur sa porte un enfant de sept ans ;
Et sa gloire planait dans l’ouragan qui tonne
De l’égout Poissonnière au ruisseau Tiquetonne.
Tout cela l’avait fait maréchal. Nous aussi,
Nous étions des vaincus, je dois le dire ici ;
Nous étions douze cents ; eux, ils étaient cent mille. »
* Saint-Arnaud commandait la répression militaire pendant le coup d’état.
Dans ma jeunesse, j’était un fan absolu
des films de Truffaut, un truffaldien pur jus, pur plan.
La mort du réalisateur de La Chambre verte a signé, pour moi, la mort de ma passion pour le cinéma.
Fini les projections privées dans les salles obscures, les discussions enflammées aux ciné-clubs et la lecture assidue des Cahiers du cinéma autour de Truffaut.
Débat Phil, rien sur ce thème dans l’introduction du premier volume qui traite surtout du caractère de Mme de Sévigné, de ses premiers critiques et des scrupules de ses premiers éditeurs. Mais il y a en fin de volume une « note sur le texte », texte équivalent à un petit volume de soixante-dix pages de la Pléiade. Je le lirai au plus vite.
Dear Phil….
Vous êtes bien courageuse, Christiane, d’avoir lu l’une des « Femme de Ménage » de Freida McFadden…Bien que ne rejetant par principe aucun auteur populaire, ma PAL est si haute que je ne m’y mettrai sans doute pas.
N’empêche qu’elle est toujours dans les meilleures ventes de romans de la FNAC et aussi avec sa nouvelle héroïne « La Prof » (non la Psy comme je l’avais écrit par erreur).
Quand on tient un bon filon…
Curieux, vers l’âge de vingt ans, j’ai connu pour Truffaut une passion presque jamais renouvelée pour un autre cinéaste, l’équivalent d’un grand frère qui débrouillerait d’avance la vie pour son cadet. Je n’aurais plus envie d’en voir dix minutes aujourd’hui. Mais Franju reste une de mes îles, surtout son Judex. Grand souvenir lorsque Judex entre dans le bal avec son masque d’aigle, la colombe qui ressuscite etc. Cette atmosphère de naïveté surréelle, et cette musique magnifique qui rappelle un peu celle du merveilleux Maurice Jaubert qu’aimait Truffaut.
L’article est très mal foutu, notamment ce qui concerne Godard. On n’y comprend rien.
* L’année 1851 pour Saint-Arnaud est assez productive puisqu’il avait commencé l’année avec quelques « exploits » en Kabylie en mars 1851.
La musique de Judex est de Maurice Jarre
QUE SIGNIFIE CE MOT ?
La plume à la main, je lis avec plaisir un livre de Flaubert. Je tombe sur un mot que je ne comprends pas. N’acceptant pas cela, comme d’habitude, j’ouvre les principaux dictionnaires unilngues qui m’entourent. Inutilement. Reste à écrire le mot sur mon ordinateur, en espérant une réponse. En vain. Que faire ? Consulter en ligne le TLF . Le TLF, Trésor de la langue français, est un immense dictionnaire , coûtant une fortune, que je n’ai pu m’acheter, mais qui est en ligne. Je trouve le mot. Tout s’éclaire. Le TLF me gratifie même d’une citation de George Sand, en date de 1833. George Sand était une grande amie de Flaubert. Quand elle mourut, son ami écrit avoir beaucoup pleuré. Je présume que Flaubert a trouvé ce mot dans un livre de son amie et que ce mot lui a plu. En tout cas, je connais maintenant ce mot français.
Il faut croire que Flaubert et Sand échangeaient volontiers leurs inventions en matière de vocabulaire.
À propos de Thiers:
F : « Est-il plus étroniforme bourgeois »?
S: « Ah! Ami de mon cœur, « étroniforme » est le mot sublime qui classe cette espèce de merdoïde ».
(Cité de mémoire.)
Relu cette magnifique correspondance cette année..
Truffaut était une vrai pointure.
Pas comme Godard.
Truffaut, l’homme qui aimait (très mal) les femmes.
Lettre posthume de Macha Méril…
https://www.youtube.com/watch?v=ugmb9Q8IFt8
Jeunesse… (Pour faire suite à ce billet mémoire : Truffaut)
« En 1945, j’avais treize ans. a cette époque, « Le Roman d’un tricheur » était déjà vieux de huit ans mais il était, plusieurs fois par an, à l’affiche du cinéma Champollion au Quartier latin. Je l’avais déjà vu une dizaine de fois et j’en connaissais par cœur le commentaire qui me grisait à la manière d’une partition musicale. Un jour, une crise familiale m’amène à quitter ma famille. Je passe chez un copain mettre un mot sous sa porte : « Je suis obligé de me sauver de chez moi. Il faut que tu m’aides à trouver un endroit où dormir. en attendant, je vais au Champollion, on y donne « Le Roman d’un tricheur ». J’y serai toute la journée. rejoins-moi là-bas dans la soirée. » Ce souvenir personnel montre à quel point le film de Guitry me comblait puisque je pouvais envisager de le regarder trois ou quatre fois à la suite dans une même journée. Le cinéma m’était généralement un refuge mais quand ce refuge était habité par Chaplin et Guitry alors je me sentais au chaud, protégé. La comparaison entre Chaplin et Guitry
n’étonnera que ceux qui ont oublié que « Le Roman d’un tricheur » est une histoire de survie, un éloge de
l’individualisme et de la débrouillardise comme bien des films de Chaplin. »
Truffaut
(Extrait de la préface « Le cinéma et Moi » de Sacha Guitry – éd. Ramsay, Paris , 1977.
La Nuit américaine, j’y étais !
J’apparait de dos (cheveux longs et veste en daim) à 3:27 et ensuite je fais, à pas rapide, tout le tour de la place et réapparait dans le plan- séquence à 3:50, devant le café et ensuite devant le salon de coiffure…
https://www.youtube.com/watch?v=1HCs2yaP-c4
« J’apparait de dos (cheveux longs et veste en daim) à 3:27 »
Vous nous aviez caché ça.
www.http://youtu.be/wZj7gUIO-2k?feature=shared
👽
Alors euh. Ahem. J’apparais à… euh.
Non rien.
In memoriam www.http://fr.m.wikipedia.org/wiki/J._Allen_Hynek
…les deux sur la photo sont représenteés dans le film. Jacques Vallée, joué par Truffaut, toujours en vie.
Non, j’en avais déjà parlé ici, FL
Cela se passait au début de l’été 1972 et le tournage se faisait aux studios de la Victorine à Nice.
Ayant lu auparavant un article dans Nice-Matin annonçant la venue de Truffaut, je lui avais écrit et reçu en retour une convocation…
Cette première impression de tournage m’a à jamais dégoûté du métier d’acteur, pour lequel j’avais quelques velléité !
Je me souviens très bien qu’entre deux plans, Jean-Pierre Aumont, assis sur une chaise, remplissait la grille de mots croisés de Nice-Matin !
Dans le rôle de la script du film, Nathalie Bayle faisait de modestes débuts.
Aura t-elle couché pour obtenir ensuite le rôle principal dans « La Chambre verte » ?
En résumé !
https://www.lelezarddeparis.fr/ete-1972
Cette Chambre verte qu’il est préférable de lire plutôt que de voir…. MC
Hugo reviendra sur « St Arnaud » et n’hésitera pas à dire au cercle familial qu’il est allé un peu loin au vu de sa mort brave d’écrire « les boulets indignes se détournaient de lui » et autres gentillesses. Faut-il rappeler que la considération d’Hugo pour le peuple algérien ne dépasse pas celle du poète pour les « frères « des Orientales, ceux qui disent à leur sœur: « N’avez-vous point enlevé votre voile ce soir? », in Le Voile, poème qui pourrait bien redevenir d’actualité, si ce n’est déjà fait?!
La Nuit américaine…
« Le regard de Jean-Pierre Aumont se pose en priorité sur les aspects inattendus de la vie, ce qui le relié à une famille d’artistes que j’aime énormément, celle des anti-solennels : Sacha Guitry, Dauphin, Charles Trenet, Raymond Queneau, Ernst Lubitsch.
Comme eux, il est doté d’un esprit malicieux, pas dans le sens français, c’est-à-dire blagueur comme le deviennent les adolescents lorsqu’ils découvrent que la société des adultes est formée de pantins qui s’agitent gravement.
Le cinéma nous a permis de regarder Jean-Pierre Aumont en buste ou en gros plan. Sur la scène du théâtre Antoine, nous allons le voir évoluer avec cette démarche étonnante qui n’est qu’à lui, celle d’un gentleman-cambrioleur qui avance sur la pointe des pieds, la nuit, dans une villa de plage, à la recherche de cœurs à prendre. »
(Pour le théâtre Antoine, août 1982.)
« J’ai réalisé « La Nuit américaine » comme un documentaire, et il y a peu de décalage entre le tournage que je montre et celui de mes films. Je me suis imposé des limites bien précises, j’ai respecté l’unité de lieu, de temps et d’action. Pour évoquer la réalisation de « Je vous présente Pamela » – le film du film – j’ai voulu énumérer de façon assez systématique mais plausible toutes les embûches qui peuvent handicaper et menacer la bonne fin de l’entreprise…
J’ai voulu aussi continuer ce que j’avais commencé avec « Baisers volés », c’est-à-dire que j’ai voulu lutter contre un courant du cinéma français qui, depuis 1960, a tendance à se concentrer sur un seul personnage. Dans « La Nuit américaine » j’ai essayé d’avoir dix personnages d’importance égale : l’accessoiriste et la script-girl comptent autant que les vedettes. L’aspect collectif du film exprime la nostalgie du cinéma de Prévert. (…)
Pour moi, un raconteur d’histoires doit accepter éventuellement de passer pour un idiot aux yeux des disciples de Paul Valéry. Il s’agit toujours de cette bonne vieille marquise qui sort à cinq heures et de décider ce qu’on voudrait lui faire dire. « Je vous présente Pamela » est l’histoire d’une jeune mariée qui part en fugue avec son beau-père. (…) J’ai volontairement assumé cette tragédie bourgeoise : elle illustré un cinéma de sentiments que j’ai défendu puis pratiqué et que je serai l’un des derniers à abandonner.
Mon idée c’est de dire cette formidable mobilisation que constitue un tournage, cet investissement affectif qui peut embrouiller la vie privée de ceux qui participent à un film.(…) »
(Propos recueillis par Yvonne Baby, « Le Monde », 18 mai 1973.
« La marquise sortit à cinq heures » est une phrase tirée du Manifeste du surréalisme d’André Breton qu’il attribue à Paul Valéry. Cette phrase, prémisse du Nouveau Roman, citée comme un exemple du comble de la banalité ou des conventions romanesques à éviter, a justement servi de prétexte, d’inspiration et d’incipit à de nombreux auteurs dans des articles, nouvelles ou romans. »(Wikipedia)
Extrait des premières pages du premier Manifeste du surréalisme d’André Breton (1924) :
« Par besoin d’épuration, M. Paul Valéry proposait dernièrement de réunir en anthologie un aussi grand nombre que possible de débuts de romans, de l’insanité desquels il attendait beaucoup. Les auteurs les plus fameux seraient mis à contribution. Une telle idée fait encore honneur à Paul Valéry qui, naguère, à propos des romans, m’assurait qu’en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire : La marquise sortit à cinq heures. Mais a-t-il tenu parole ? »
« Julien Green en donne une version légèrement différente dans son Journal de 1930 :
« C’est lorsqu’un sujet paraît facile qu’il est, presque toujours, le plus difficile à traiter, car il faut une patience infinie pour le sauver de la banalité. À ce propos, je me souviens que Valéry disait à peu près : « Ce qui m’empêcherait de faire un roman, ce serait d’avoir à écrire : “La comtesse entra et s’assit.” » De toute évidence, il a mis le doigt sur une des difficultés majeures. »
Un petit complément très intéressant sur la même phrase dans le journal « Libre Belgique ».
le truc que je préfère chez Truffaut c’est quand il se met sur la tronche avec Audiard dans un remake de la querelle des anciens contre les modernes : un grand moment du cinéma français :
Truffaut : « Les dialogues de Michel Audiard dépassent en vulgarité ce qu’on peut écrire de plus bas dans le genre »
riposte d’Audiard : « Oh ! les terribles révoltés que voilà. Truffaut est passé par là. Charmant garçon. A peine avait-il enfilé son smoking de festivalier que Monsieur Truffaut n’a eu de cesse que l’on sache qu’il avait fait un stage en maison de redressement. ‘J’suis un insoumis, un terrible’. Un œil sur la manuel du petit anar et l’autre accroché sur la Centrale catholique, une main crispée vers l’avenir et l’autre masquant son nœud papillon, M. Truffaut aimerait persuader les clients du Fouquet’s qu’il est un individu dangereux. »
faut dire que le Audiard savait manier la plume :
« Maintenant que la Nouvelle Vague est morte on s’aperçoit ce qu’elle était : beaucoup plus vague que nouvelle. »
quand j’entends parler de Truffaut ça me rappelle toujours à quel point j’adore Audiard…
Toujours la même vieille histoire du « pousse-toi de là pour que je m’y mette », puck !
Merci dear Chaloux, ne suis jamais venu à bout de la considérable préface de Duchêne, dear M Court précise sous le sujet précédent, ça tourne vite chez passou, l’existence de dix-sept lettres, misère due aux autodafés de comtesses bornées. Vu tout
de même passer chez Drouot cinq lignes de la marquise à quatre mille euros, le délié est imposant, la plume a dû crisser, plus de
mille euros la ligne, vive l’ancien régime.
Truffaut n’a sûrement jamais eu le temps de lire la Sevigné, trop obsédé de femmes pour comprendre celle qui ne voulait plus d’hommes. Beaucoup d’écrivains de droite dans sa première correspondance, ce qui aujourd’hui lui sucrerait l’avance sur recettes. Avant Truffaut, il y eut Douchet pour interviewer Hitchcock. Revoir l’homme qui aimait les femmes pour apercevoir le gaumont palace de place de Clichy.
(Pour un voyage en Sicile, prévoir une visite au Musée archéologique de Centuripe, — portraits d’Auguste et d’Hadrien —.
Centuripe s’élève au-dessus des vallées des rivières Dittaino, Simeto et Salso, dans l’arrière-pays d’Enna.
Bien à part son histoire, belle vue sur l’Etna, suggestive lorsque le volcan est en éruption.)
Quand même, Truffaut c’est :
La mariée était en noir
Baisers volés
L’enfant sauvage
La sirène du Mississippi
L’histoire d’Adele H
L’argent de poche
Rencontres du troisième type
L’homme qui aimait les femmes
L’amour en fuite
Dernier Métro
La femme d’à côté
Vivement Dimanche
Quatre cents coups
Jules et Jim
La peau douce
Domicile conjugal
Tirez sur le pianiste…
Beaucoup de très bons films.
(Truffaut, Godard … ou un boycott plus ou moins subliminal du festival de Cannes ?)
J’oubliais Fahrenheit 451, une fable de science-fiction ? Une société où il est strictement interdit de posséder, de lire des livres… Livres brûlés publiquement… Un rappel de la Résistance opposée à l’oppression nazie… Roman de Bradbury à l’origine. Fahrenheit 451, la température à laquelle le livre se flamme et se consume.
On pense aussi à un billet récent de Passou sur les livres mis à l’index, saisis, interdits, détruits…
s’enflamme
Ai note, Renato, merci pour cette carte de Sicile.
J’ai principalement en tête le « Hitchbook » de Truffaut. Je pense que je pourrais le lire à la lumière des perspectives que nous offre le présent. Je pense le récupérer au garde-meubles lundi.
« Revoir l’homme qui aimait les femmes pour apercevoir le gaumont palace de place de Clichy. »
Il a fallu du temps à Truffaut pour savoir que son géniteur était en réalité un dentiste juif, Phil.
« Les 400 coups », présenté par Cocteau à Cannes était un règlement de compte avec sa mère.
Après ça, on peut comprendre son rapport particulier avec les femmes…
Toutes des putes !
Certes un homme pressé, dear Baroz. Vous avez plus d’un cameo dans la nuit américaine, une mise en abyme !
Les paris sont ouverts !
Pensez-vous que Louane va gagner l’Eurovision ?
OUI
NON
Cochez la bonne case.
Moi je pari non.
Et vous ?
(comment on fait pour les sous ?)
Hitchcock et Truffaut seraient dans la ligne de mire de MeToo aujourd’hui.
Mon impression de Truffaut, sur le plateau de tournage en plein air des studios de la Victorine, à l’été 74, n’a pas été des plus favorables.
Mais je garde un faible pour ses films.
J’aime tout particulièrement La Peau Douce (1964), avec l’émouvante Françoise d’Orléans, et L’Enfant sauvage (1970).
La Nouvelle Vague n’était pas si nouvelle.
Il n’y a pas plus bourgeois que Chabrol, sous couvert de cinéma anti bourgeois…
Et Truffaut n’était attiré que par les jeunes femmes de bonnes familles du style des petites anglaises.
Dorléac, JB, impardonnable de ta part!
De mémoire, Polanski sur Godard : « c’est du bricolage », Truffaut sur Renoir : » quand je manque d’idée pour une scène, je regarde un film de Renoir »
Dans la scène finale des 400 coups, avec les moyens actuels, il aurait pu élargir la plan, faire une vue aerienne, montrant la plage, la mer et Doinel réduit à une petite silhouette pour suggerer l’immensité, la liberté comme une immensité
Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h52
La Nouvelle Vague n’était pas si nouvelle.
Du Audiard …
La Nouvelle Vague apporta un grand coup de modernité dans le cinéma français, que l’on a fait sortir dans la rue et une filmographie majeure du cinéma de la seconde partie du XXe siècle.
Avec un bon nombre d’acteurs et d’actrices emblématiques : Marie Dubois, Bernadette Laffont, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Léaud, Jean-Claude Brialy, Stéphane Audran, Anna Karina, Anne Wiazemsky…
« Dorléac, JB, impardonnable de ta part! »
C’est le correcteur automatique qui est cause de cette transformation en Jeanne la Pucelle, closer.
J’y suis pour rien.
La Nouvelle Vague apporta un grand coup de modernité dans le cinéma français, que l’on a fait sortir dans la rue et une filmographie majeure du cinéma de la seconde partie du XXe siècle.
–
Qu’est-ce que c’est que ce charabia, Jazzi ? Ça ne veut rien dire ce que tu écris-là.
Jazzi, j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision.
@(Truffaut, Godard … ou un boycott plus ou moins subliminal du festival de Cannes ?)
Cannes 2025 en a vu d’autres
CHRISTIANEU. Encounter of the third kind, c’est Spielberg, voyons !
FRANCOIS Truffaut
L’invention de Guitry
Tant que le cinéma a été muet, Sacha Guitry fut contre, déclarant, dès 1912, qu’il avait déjà atteint son apogée ! Mais lorsque celui-ci devint parlant, il s’en empara, avec avidité, voyant, lui aussi, tout le profit qu’il pouvait en tirer. Désormais, tout contre le cinéma, il écrivit, à l’occasion d’un tournage en 1935 : « Je m’amuse comme un fou… Je suis dans l’état d’un enfant à qui l’on vient de mettre entre les mains un merveilleux joujou ». Depuis lors et jusqu’à sa mort, il ne devait plus cesser de tourner, écrivant et réalisant trente-deux films, dans la plupart desquels il joua également. Tenu généralement par la critique pour un cinéaste mineur, François Truffaut fut l’un des premiers à saluer l’inventivité et l’originalité de son œuvre cinématographique. Hommage reconnaissant d’un fou de cinéma à son aîné.
« Evidemment, je ne prétends pas que Sacha Guitry soit un aussi grand metteur en scène que Welles. S’il a réussi à contrôler et dominer la technique, il n’a pas appris à en jouer au point de nous faire rire avec un mouvement de caméra (comme Lubitsch) ou de nous émouvoir avec un gros plan (comme Renoir). Mais, qu’on lui reconnaisse ce mérite, Sacha n’a jamais cherché à se faire passer pour le virtuose de la caméra qu’il n’était pas et, au fond de lui, il sentait bien la part de bluff qui entre souvent dans cette « virtuosité » quand on l’applique non plus à Hitchcock ou Welles mais à Preminger ou René Clément, par exemple.
Les histoires du « Maître » que l’on raconte à ce sujet sont légion ; vraies ou fausses, elles ont le double mérite d’être vraisemblables et drôles.
A un chef-opérateur qui lui propose un jour de commencer une scène en pointant la caméra vers un lustre puis en la faisant descendre vers la table, Sacha répond : « Mais, mon cher ami, le lustre n’a pas de dialogue ! » A un assistant-réalisateur qui lui propose d’installer un travelling de trente mètres, Sacha refuse : « Certainement pas : le travelling, c’est le cinéma des autres. »
Il n’empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef-d’œuvre, le Roman d’un tricheur. Si l’on accepte comme définition d’un chef-d’œuvre : une œuvre qui a trouvé sa forme parfaite et définitive, ceux qui ont vu le Roman d’un tricheur ne me contrediront pas.
C’était en 1936. Sacha, un peu las des pièces filmées, se fit la réflexion que le cinéma était peut-être plus près du roman que la pièce. « Au théâtre, on joue. Au cinéma, on a joué. » Il conçoit donc un film qui aura la forme d’un roman filmé : « Le personnage qui sera sur l’écran ne dira pas : « Je suis malheureux aujourd’hui » – non, il ne dira rien. Il aura l’air malheureux, et la voix de celui qui raconte dira : « J’étais malheureux ce jour-là. » »
Au moment où il fait cette déclaration, Sacha Guitry vient d’inventer le play-back même s’il ne s’en rend pas compte. Il vient d’inventer la primauté de la bande sonore, comme Orson Welles, formé par la radio, le fera trois ans plus tard avec Citizen Kane.
La bande sonore pré-établie servira de guide aux mouvements, aux gestes et aux mimiques des acteurs pendant le tournage. La mise en scène est alors guidée par une mise en sons.
Si la grande originalité du Roman d’un tricheur est d’être l’unique film de fiction de l’histoire du cinéma qui soit commenté en voix off à 90 pour 100, son immense mérite est d’avoir fait oublier cette particularité au point que des spectateurs interrogés à la sortie de la salle croiront avoir vu un film joué et parlé directement.
Mais, pour moi, le Roman d’un tricheur est encore davantage que cela. Avec d’autres films comme le Corbeau de Clouzot, la Règle du jeu de Jean Renoir, le film de Guitry m’a stimulé, exalté, encouragé. »
(In préface de « Sacha Guitry le cinéma et moi », Edition Ramsay, 1977, 1984)
FRANçOIS Truffaut
L’invention de Guitry
Tant que le cinéma a été muet, Sacha Guitry fut contre, déclarant, dès 1912, qu’il avait déjà atteint son apogée ! Mais lorsque celui-ci devint parlant, il s’en empara, avec avidité, voyant, lui aussi, tout le profit qu’il pouvait en tirer. Désormais, tout contre le cinéma, il écrivit, à l’occasion d’un tournage en 1935 : « Je m’amuse comme un fou… Je suis dans l’état d’un enfant à qui l’on vient de mettre entre les mains un merveilleux joujou ». Depuis lors et jusqu’à sa mort, il ne devait plus cesser de tourner, écrivant et réalisant trente-deux films, dans la plupart desquels il joua également. Tenu généralement par la critique pour un cinéaste mineur, François Truffaut fut l’un des premiers à saluer l’inventivité et l’originalité de son œuvre cinématographique. Hommage reconnaissant d’un fou de cinéma à son aîné.
Evidemment, je ne prétends pas que Sacha Guitry soit un aussi grand metteur en scène que Welles. S’il a réussi à contrôler et dominer la technique, il n’a pas appris à en jouer au point de nous faire rire avec un mouvement de caméra (comme Lubitsch) ou de nous émouvoir avec un gros plan (comme Renoir). Mais, qu’on lui reconnaisse ce mérite, Sacha n’a jamais cherché à se faire passer pour le virtuose de la caméra qu’il n’était pas et, au fond de lui, il sentait bien la part de bluff qui entre souvent dans cette « virtuosité » quand on l’applique non plus à Hitchcock ou Welles mais à Preminger ou René Clément, par exemple.
Les histoires du « Maître » que l’on raconte à ce sujet sont légion ; vraies ou fausses, elles ont le double mérite d’être vraisemblables et drôles.
A un chef-opérateur qui lui propose un jour de commencer une scène en pointant la caméra vers un lustre puis en la faisant descendre vers la table, Sacha répond : « Mais, mon cher ami, le lustre n’a pas de dialogue ! » A un assistant-réalisateur qui lui propose d’installer un travelling de trente mètres, Sacha refuse : « Certainement pas : le travelling, c’est le cinéma des autres. »
Il n’empêche que Sacha Guitry cinéaste a réalisé au moins un chef-d’œuvre, le Roman d’un tricheur. Si l’on accepte comme définition d’un chef-d’œuvre : une œuvre qui a trouvé sa forme parfaite et définitive, ceux qui ont vu le Roman d’un tricheur ne me contrediront pas.
C’était en 1936. Sacha, un peu las des pièces filmées, se fit la réflexion que le cinéma était peut-être plus près du roman que la pièce. « Au théâtre, on joue. Au cinéma, on a joué. » Il conçoit donc un film qui aura la forme d’un roman filmé : « Le personnage qui sera sur l’écran ne dira pas : « Je suis malheureux aujourd’hui » – non, il ne dira rien. Il aura l’air malheureux, et la voix de celui qui raconte dira : « J’étais malheureux ce jour-là. » »
Au moment où il fait cette déclaration, Sacha Guitry vient d’inventer le play-back même s’il ne s’en rend pas compte. Il vient d’inventer la primauté de la bande sonore, comme Orson Welles, formé par la radio, le fera trois ans plus tard avec Citizen Kane.
La bande sonore pré-établie servira de guide aux mouvements, aux gestes et aux mimiques des acteurs pendant le tournage. La mise en scène est alors guidée par une mise en sons.
Si la grande originalité du Roman d’un tricheur est d’être l’unique film de fiction de l’histoire du cinéma qui soit commenté en voix off à 90 pour 100, son immense mérite est d’avoir fait oublier cette particularité au point que des spectateurs interrogés à la sortie de la salle croiront avoir vu un film joué et parlé directement.
Mais, pour moi, le Roman d’un tricheur est encore davantage que cela. Avec d’autres films comme le Corbeau de Clouzot, la Règle du jeu de Jean Renoir, le film de Guitry m’a stimulé, exalté, encouragé.
In préface de Sacha Guitry le cinéma et moi
Edition Ramsay, 1977, 1984
Jazzy, mouais, le salaire de la peur (en noir et blanc of course) c’est pour moi le sommet français de la mise en scène: le lac de pétrole, Vanel suffocant dedans, Montand titubant devant le mur de flamme, ça c’est de la mise en scène. Meme si je reconnais qu' »a bout de souffle » apporte une fraicheur
De Guitry, j’admire l’idée géniale d’avoir incorporé la présentation des acteurs dans le film lui-meme
@Après les écrivains, les cinéastes
Envie d’un peu d’air après ça ?
Bob Dylan reprend les Pogues et ressuscite « Mr. Tambourine Man » lors du lancement de la tournée
Lors de la première étape de la tournée 2025 de l’Outlaw Musical Festival Tour, Dylan a déchiqueté sa liste de chansons standard et a sorti des reprises surprises et des originaux longtemps négligés
https://www.rollingstone.com/music/music-news/bob-dylan-pogues-mr-tambourine-tour-launch-1235338978/
Pardon pour le doublon.
Pour plus de précisions, un extrait de ma préface au « Goût du cinéma », D. :
« Après la Seconde Guerre mondiale, même si l’hégémonie hollywoodienne s’est imposée majoritairement au reste de l’univers, elle n’a pas empêché l’émergence dans le paysage cinématographique mondial de filmographies nationales fortes et originales : le néoréalisme italien, le cinéma japonais, le cinéma suédois, la Nouvelle Vague française, le nouveau cinéma allemand, le cinéma social anglais, le cinéma espagnol de la Movida, le cinéma chinois ou coréen actuels… Sans oublier la cohorte de cinéastes irréductibles, qui de Guitry à Godard, d’Antonioni à Wim Wenders, De Pasolini à Fassbinder, de Fellini à Almodovar, de Visconti à Wong Kar-Way, de Lars von Trier à David Lynch, de Ingmar Bergman à Woody Allen, de Martin Scorsese à Gus Van Sant, etc., etc., n’ont cessé d’enrichir et de renouveler notre propre imaginaire. »
« Il n’y a pas plus bourgeois que Chabrol, sous couvert de cinéma anti bourgeois… »
Rien d’extraordinaire car la bourgeoisie est une classe sociale et culturelle « métapolitique » qui réfléchit en alternant critique et autocritique.
Oui, soleil vert, ses génériques, théâtraux et littéraire, qui s’ouvrait sur un livre dans lequel il écrivait à la plume le nom des acteurs que l’on voyait à l’écran, étaient géniaux !
Guitry j’ai l’impression qu’il n’a guère fait de mal à ses femmes légitimes et aux autres actrices de ses films.
Chaloux ?
D – 20h15
Oui mais il joue dans ce film un rôle non négligeable !
Il en peut pu le Jazzi.
https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Quand-Spielberg-dirigeait-Truffaut
Une belle rencontre , D, entre deux grands cinéastes.
rentrée de la pension en weekend, je fus emmenée voir les 400 COUPS par mes parents qui avaient surement été conseillés par des amis qui devaient connaître la crise qu’allait affronter notre « famille ».
mes parents ne divorcèrent pas, je devins une bonne élève(ils s »en moquaient)ET UNE FILLE je commençais à aimer le cinéma et Antoine DOINEL,et François Truffaut;je suis une femme encotrn mais pour peu d’années si , si
bonsoir
@Jazzi dit: 17 mai 2025 à 19h25
Les paris sont ouverts !
Pensez-vous que Louane va gagner l’Eurovision ?
OUI
NON
Cochez la bonne case.
Moi je pari non.
Et vous ?
Elle a ses chances parmi les barbons qui sévissent ici
https://youtu.be/OBtVZtCvP7c?si=d-oyFqz4ByCr2kp7
(Sacrifier des ravers pour la cause ? Vous n’y pensez pas)
« j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision. »
La pauvre, la voilà bien plombée par les légendaires prévisions de D. !
Chanson trop sage sur le sempiternel hommage à toutes les mères de l’Eurovision…
Quelle scie !
(quoique …)
rentrée de la pension en weekend, je fus emmenée voir les 400 COUPS par mes parents qui avaient surement été conseillés par des amis qui devaient connaître la crise qu’allait affronter notre « famille ».
mes parents ne divorcèrent pas, je devins une bonne élève(ils s »en moquaient)ET UNE FILLE je commençais à aimer le cinéma et Antoine DOINEL,et François Truffaut;je suis une femme encore
mais pour peu d’années si , si
bonsoir
(ceci n’est pas un hommage à Bob Dylan et n’a rien de politique – https://youtu.be/5Vok8Dg5W-4?si=A_XbvYEVfXQwOoCQ )
« Oui mais il joue dans ce film un rôle non négligeable ! »
Tu parles de ma figuration dans la nuit américaine, Christiane ?
Mon ami Hector, lui, était réduit à une silhouette dans l’autobus…
J’ai regardé, Jazzi, je ne t’ai pas reconnu est trop petit sur mon téléphone ! Mais Truffaut chez Spielberg c’est marquant. Son seul rôle à l’extérieur, les deux autres fois c’est dans ses films : L’enfant sauvage et cette fameuse Nuit américaine.
C’est bien ta passion du cinéma. Elle emplit ta vie.
Je viens d’écouter la chanson, Jazzi, je la trouve assez formatée « Eurovision », c’est à dire mélodiquement pauvre. Elle a donc toutes ses chances !
D, j’ai fait le même lapsus chez Soleil vert comme si l’apparition de Truffaut at l’écran me déstabilisant… Spielberg a-t-il été acteur dans un film ?
La balance d’une note octave-octave supérieur est pour le moins vulgaire.
Les arrangements sont bons et viennent en béquille à la faiblesse mélodique.
L’interprétation de cette chanson n’en reste pas moins émouvante.
(à l’écran me destabilisait)
La peau douce est un film trrs réussi de Truffaut avec un Jlean Desailly étonnant df vérité
La peau douce, c’est la peau de satin.
Cannes 2025 en a vu d’autres
C’est du Dior.
Une marque de couches
Y a aussi du papier peint
https://ru.pinterest.com/pin/750130881719046949/
Papier noirci pour qualifier n’importe quel gribouillis d’œuvre littéraire
Bonne nuit les petits
En passant, c’est le matin.
Journaliste d’une radio suisse au festival de Cannes.
Quand on vous dit la Suisse, à quoi pensez-vous, Madame ?
Carla Bruni : la neutralité.
Rose : les montagnes, le mont Rose, le passage des contrebandiers qui dévale vers l’Italie.
Chabrol et les bourgeois.
«Il faut vivre en bourgeois et penser en demi-dieu ».
Gustave Flaubert.
« contrebandiers »
C’était du commerce international, rose. La Suisse exportait du chocolat, du cacao et des cigarettes. L’Italie exportait du sel, du sucre et des bas de soie, et pendant la période fasciste, ceux qui étaient recherchés par la police politique (OVRA).
« Elle a donc toutes ses chances ! »
Perdu, D. !
Renato,
Commerce international : c’est bien ce que j’ai souligné, des contrebandiers.
Pendant que meme prépare sa polenta dans son fourneau.
Bon dimanche à vous !
Les astres m’auraient-il encore menti ? (j’ai vu dans les astres que, en effet, Louane allait remporter l’Eurovision). Bonne journée, les pipistrelles de François, dormez tranquilles dans les chênes truffiers !
Certes, Chaloux, mais à la Nouvelle Vague des premiers Cahiers du cinéma, ils pensaient en demi-dieu et vivaient en bourgeois !
Mémé ,🧙
J’aimerais bien goùter une polenta, je n’en ai jamais mangé. Hier, ce furent les comptes rendus des lectures de notre petit cercle… (journal du 17 mai 2025)
F. / Roberto SAVIANO, Giovanni Falcone (Gallimard, 2025)
J.-P. / Victor HUGO, Œuvres complètes, Voyages (extraits), (R. Laffont, 2002)
M.-C. / Jean-Luc NUSSBAUER, L’univers nous parle ; reconnaitre les signes et les coïncidences (F. Lanore, 2024)
D. / Han TANG, Impossibles adieux (Grasset, 2024)
M. / Philippe ROTH, La tache (Folio, 2004)
M. / Aaron APELFELD, La ligne (l’Olivier, 2025)
P. / Florence BOUCHER (dir)., Regards de vie au pays d’Aunis (Etre et connaître, 2002).
… C’était très varié, d’inégal intérêt comme toujours, mais fort joyeux. tot en racontant nos lectures, nous avons fort bien déjeuné sur la terrasse à l’ombre du tilleul tous les sept, d’une splendide volaille bien cuite, au barbeuc Weber, avec un plat à part pour M., notre végane.
Bàv,
« Certes, Chaloux, mais à la Nouvelle Vague des premiers Cahiers du cinéma, ils pensaient en demi-dieu et vivaient en bourgeois ! »
pas sûr que le mot « bourgeois » convienne bien.
la « nouvelle vague » est au départ une invention médiatique trouvée par un média gaulliste : l’Express.
d’ailleurs la nouvelle vague arrive en 58 en même temps que De Gaulle et se termine en 68 en même temps que De Gaulle.
la nouvelle vague fait partie des volontés de modernisation portées par De Gaulle de la défense nucléaire, aux centrales nucléaires en passant par la Grande Motte, les autoroutes, et la modernisation du réseau ferroviaire etc…
la nouvelle vague va décrire cette modernisation, l’exode rural, l’évolution et l’émancipation de la femme lié au rôle qu’elles ont joué durant la 2è guerre mondiale (la patronne de l’Express était une femme) etc…
en plus l’autre cohérence avec le gaullisme c’est la souveraineté, la non dépendance aux US, la puissance à la fois militaire et culturelle de la France à travers le monde !
ça parait bizarre aujourd’hui mais la France a toujours été un pays qui a défendu sa souveraineté, sa puissance et son rayonnement mondial.
surtout sa souveraineté et son exception culturelle face aux Etats Unis : c’est d’ailleurs le reproche que fait un type comme JD Vance à la France et aux pays européens d’être devenus des laquais des US.
si on n’inscrit pas la nouvelle vague dans cette vague de modernisation gaulliste on passe à côté de l’essentiel.
du coup il faut plutôt dire que c’était un mouvement « gaulliste » plutôt que bourgeois.
L’article qui m’a fait découvrir Rakhta-bi Abdyssagin (dans le seul journal qui me va)
https://www.the-tls.co.uk/regular-features/in-brief/quantum-mechanics-and-avant-garde-music-rakhta-bi-abdyssagin-book-review-sharon-ann-holgate
Dans l’enregistrement du lien précédent, beaucoup de choses que je n’ai pas aimées, pas du tout, ou même pas tout à fait reconnues, mais aussi une ou deux larmes, notamment pour le début de la partita. Et comme ce sont des pièces archi-connues, cela permet d’y réfléchir. La sonate de Mozart si simple et donc parfois redoutée, et ici totalement convaincante. (Je me suis dit, ce doit être comme ça qu’il serait aujourd’hui). Et c’est quelqu’un qui sort–on se demande d’où–en tout cas assez extraordinaire, bluffant. A son âge! Kazakh. Europe réveille-toi.
A propos de l’enregistrement de Abdyssagin, il est servi par un piano et une prise de son qui le serve bien.
le fait de prendre de Niro comme invité d’honneur du festival de Cannes c’est réduire à une manifestation anti Trump, ce qui montre la façon dont la France est restée dépendante aux élites démocrates américaines, c’est aussi une façon d’afficher le profond mépris des élites françaises pour le peuple américain et les 75 millions d’américains qui ont voté pour Trump, et donc leur mépris pour la démocratie et prouver ainsi le passage de la France d’une démocratie à une oligarchie gouvernée par des élites mondialistes.
Dans la première Ballade, il mange les octaves.
J’ai mis ces références pour la personne qui voulait découvrir le piano. Il me semble que c’est une bonne introduction pour une découverte. D’autres trouveront cela ridicule, j’en suis sûr. Et ce n’est pas pour minimiser les grands noms connus ou inconnus. Quant à lui, c’est un prodige, évidemment, et on peut s’inquiéter de son avenir.
Juliette Binoche
Rakhat-Bi Abdyssagin semble avoir découvert l’Amérique et Marilyn Monroe. Il est bien connu que le silence en musique est analogue au 0 en mathématiques. Le projet Klavierstück XI s’inscrit dans un processus tout aussi connu d’implication de l’interprète.
Robert de Niro ferait bien d’écouter le discours de Trump en Arabie Saoudite.
de Niro qui pense être du côté du bien de la vertu morale aurait écouté la façon dont Trump le place, de Niro et les siens, du côté de ceux qui ont n’ont apporté que le chaos à travers le monde ne voulant imposer leurs règles, dire aux autres la bonne façon de se comporter, ces gens n’ont apporter que la guerre et le malheur.
Trump a l’inverse a dit au saoudiens que les armes n’apportent jamais la prospérité, et qu’eux n’avaient pas eu besoin des américains pour bâtir leur pays comme ils l’entendaient, en accord avec leurs traditions et leurs croyances.
C’est ce genre de discours comme celui de Trump qu’il faudrait faire entendre au monde à Cannes plutôt que celui du néoconservateur Robert de Niro défendant sa fausse vertu et son hypocrisie !
à l’heure où le monde entier rejette les discours impérialistes à la de Niro il n’y a qu’en France, toujours en retards d’une guerre, qu’on continue de les applaudir.
« J’aimerais bien goûter une polenta, je n’en ai jamais mangé. »
L’ART D’ACCOMODER LA POLENTA
Vers la fin du 19e siècle, des travailleurs immigrés italiens, majoritairement piémontais, vinrent en masse tenter leur chance à Nice, ce nouvel eldorado, récemment redevenu français, et où s’ouvraient les multiples chantiers de construction qui allaient remodeler la ville. Est-ce à moment-là qu’a été introduite la polenta, aliment de base de la cuisine campagnarde du nord de l’Italie ? Ou bien son apparition sur nos tables remonte-t-elle au temps où Nice était encore sujette des rois de Piémont-Sardaigne ? Quelle que soit son origine, ma mère en tous cas avait intégrée la polenta parmi ses recettes. Elle nous en confectionnait régulièrement, de diverses façons. La pâte d’or orangé de la semoule de maïs, patiemment et vigoureusement touillée dans la marmite, nous était servie chaude, tantôt arrosée de sauce tomate et agrémentée de champignons et de quelques saucisses, tantôt découpée et frite dans l’huile, ou bien plus liquide et rehaussée de beurre telle une épaisse purée, ou encore gratinée au four avec du fromage râpé. Servi en plat principal ou en accompagnement de volaille ou de viande, exceptionnellement de poisson, c’était toujours un régal, roboratif et peu onéreux. Un de ces plats de misère, dont ma mère se débrouillait toujours pour en faire un plat de fête !
C’est très insolite d’aborder ce cinéaste par l’écriture.
Deux plans se rapprochent : les mots et les images . Penser le film par l’écriture…
Par exemple dans un entretien avec Pierre Loubière et Gilbert Salachas pour « Télé-Ciné », No160, mars 1970, il dit :
« On ironise parfois sur le « Livre de Poche ». On en parle comme d’un objet de la société de consommation, on critique sa diffusion dans les Monoprix : je trouve ces arguments complètement ridicules et snobs.
Si j’adoptais sur ce sujet un tel point de vue sarcastique, je me rendrais moi-même parce que j’ai commencé à lire dans les « classiques Fayard » qui étaient des petits ouvrages bon marché, très mal imprimés, sur un papier grossier, en tout petits caractères, avec parfois des pages tellement grises qu’elles en étaient presque illisibles et une couverture en papier qui se débrochait facilement… Mais on avait là un catalogue absolument fantastique : par ordre alphabétique, ça allait d’Aristophane à Zola, avec une section spéciale pour les œuvres complètes de Victor Hugo. C’est là-dedans que j’ai lu vraiment beaucoup, parce qu’on pouvait se procurer ces petits livres pour cinquante centimes.
C’est là mon tour d’esprit, celui que l’on retrouve dans « L’Enfant sauvage », comme dans « Fahrenheit ». »
rendrais / renierais
« La cinémathèque ! Quand je dis que je n’ai pas fait d’études, eh bien ! je les ai faites là, avenue de Messine, et je les ai continuées ay la salle de la rue d’Ulm et à Chaillot. Tout ce que je sais, je l’ai appris par le cinémathèque, at travers les films. C’est par je cinéma que passentes idées sur la vie. Et le cinéma, on apprend son histoire, son passé et son présent, à ka Cinémathèque ! On ne peut lapprendrey que là. C’est un enseignement perpétuel. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de revoir sans arrêt les films anciens, les muets, les premiers parlants. Donc , je lasse ma vie ay la Cinémathèque, sauf quand jevsuus occupé à tourner moi-même.
Je suis venu habiter dans le quartier du Trocadéro, parce que c’est à côté de la Cinémathèque. Voilà pourquoi jaiy réagi dedans l’affaire Langlois. Ce n’est pas pour Langlois, encore que j’aie une immense reconnaissance pour cet homme qui est le naturel absolu, mais c’est la survie de la Cinémathèque en soi. J’ai réagi parce que les films que j’aime allaient être en danger. Au lieu d’embêter Langlois, vous savez ce que Malraux devrait faire ? Il y a le Gaumont-Palace qui est vide tous les soirs avec leurs c… de westerns italiens, alors on devrait le réquisitionner pendant un mois pour Langlois, pour montrer enfin sur cet écran, qui est l’un des plus grands d’Europe, tous les grands films maudits quony ne peut voir que sur les minuscules écrans des salles d’art et d’essai, des « Rapaces » à « Lola Montes », et que seule la Cinémathèque a su préserver de la destruction. »
(Propos recueillis par Pierre Billard, Christian Collange et Claude Veillot, « L’Express », 29 mars 1968.)
Ce livre qui me fut offert , « Truffaut par Truffaut » textes et documents réunis par Dominique Rabourfin. éd. Chêne. 1985 ) est un vrai trésor !
Desoleet pour les coquilles ! Cat reste lisible…
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