de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres
Georges Perec en plein vertige taxinomique

Georges Perec en plein vertige taxinomique

Un étrange débat s’est récemment engagé sur le forum de la « République des livres », allez savoir comment et pourquoi, sur la question de savoir si Les Choses de Georges Perec (1936-1982) relevait de la littérature ou de la sociologie, genre de problématique binaire, donc réductrice, dont les livres de Michel Houellebecq ont eu le monopole ces dernières années. L’une ou l’ autre, en tout cas, cela tombe bien à la veille du cinquantième anniversaire de la publication de ces fameuses Choses couronnées du prix Renaudot (le jury, lui, y avait bien vu un premier roman ), et que Julliard célèbrera comme il se doit le mois prochain en rééditant le livre sous une couverture à l’identique. L’occasion de raviver la controverse qu’illustre bien la critique paru sous la signature de Jean Bloch-Michel dans la Gazette de Lausanne en 1965.

Mais si l’on dispute encore de la vraie nature des Choses (Perec s’en expliquait à l’époque, ici dans un entretien à la télévision), que dire alors de Penser/Classer (175 pages, 7,80 euros, Points) qui vient de paraître pour la première fois en format de poche ? Pense-t-on avant de classer, ou classe-t-on avant de penser et comment le fait-on ? Rien de moins. On s’en doute, un tel défi ne pouvait laisser un tel esprit indifférent. Ultime texte publié du vivant de l’auteur puisque Perec l’a vu paraître en 1982 dans la revue le Genre humain quelques jours avant sa disparition, il lui avait été demandé par l’éditeur et historien Maurice Olender. Sa revue de sciences sociales, transdisciplinaire tant sur le plan universitaire que littéraire ou poétique,  en était à ses débuts. Elle préparait ses trois premiers numéros. L’un d’eux s’intitulait « Penser Classer ». L’écrivain, prince obsessionnel du classement, ne pouvait décemment y échapper, jamais à bout de sa quête infinie d’épuisement des lieux et des choses.

Perec donna son accord d’un simple « oui ». Lorsqu’il remit son texte, il lui donna comme titre « Penser/Classer », récupération et réappropriation éhontées ; et, devant les craintes d’une confusion avec le titre même du numéro, il tint bon en précisant que les guillemets et la barre de fraction suffiraient à les balayer (plus de trente ans ont passé depuis et les guillemets ont disparu de la couverture de l’édition de poche…). Maurice Olender, qui y est longuement revenu dans un entretien pour le dossier spécial consacré à Perec par la revue Europe (No 993, janvier 2012), se souvient que dans l’Express, Yves Hersant écrivit que « depuis l’Encyclopédie chinoise de Borges, on n’a rien écrit de plus troublant et de plus drôle que l’article de Perec sur le vertige taxinomique ».AVT_Georges-Perec_4221

 Classer le monde pour le comprendre, c’est de cela qu’il s’agit à l’origine de ce drôle de recueil, c’est bien le mot, puisqu’on y trouve rassemblés un certain nombre de textes épars que Perec avait publiés un peu partout à l’exception du dernier écrit tout exprès et intitulé justement « Penser/Classer ». Il commence par y classer son œuvre. Au moment où il écrit, une grande partie en a déjà été publiée : Les Choses, Un homme qui dort, La Disparition, Les Revenentes, W ou le souvenir d’enfance, Je me souviens, la Vie mode d’emploi, Un Cabinet d’amateur etc Il les classe  en quatre catégories,  non des genres mais des « champs » ou des « modes d’interrogation » : sociologique (en ce qu’il questionne le quotidien comme dans Les Choses, rangé là par l’auteur même…), autobiographique (Je me souviens), ludique (Oulipo and co), romanesque (La Vie mode d’emploi).  Puis il essaie d’interpréter sa manière de ranger sa table de travail, l’aménagement de son territoire, et se livre à un inventaire systématique des objets qui s’y trouvent.

Après quoi inévitablement l’art et la manière de ranger sa bibliothèque. Cela nous vaut un développement par l’absurde de l’exemple d’un ami qui s’y prend à partir d’un modèle idéal par lui établi autour du nombre K=361. Tout ajout doit se corréler à un rejet. Celui qui vient exclut celui qui y est. Ce ui ne va pas de soi avec un volume de la Pléiade contenant trois livres. Sauf à considérer alors qu’il s’agit de 361 auteurs. La bibliothèque, c’est une question d’espace et d’ordre. On s’en doute, Perec s’emploie à énumérer les critères de classement jusqu’à donner le tournis : alphabétique bien sûr mais aussi par continents, pays, couleurs, dates d’acquisition ou de parution, formats, genres, grandes périodes littéraires, langues, priorités de lecture, reliures, séries… De toute façon, la sagesse et l’expérience acquises par tout lecteur bien disposé inclinent à penser qu’il n’est de rangement en bibliothèque que provisoirement définitif, tout ordre étant aussitôt caduc.

« Comme les bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchent le livre qui leur donnera la clé de tous les autres, nous oscillons entre l’illusion de l’achevé et le vertige de l’insaisissable. Au nom de l’achevé, nous voulons croire qu’un ordre unique existe qui nous permettrait d’accéder d’emblée au savoir ; au nom de l’insaisissable, nous voulons penser que l’ordre et le désordre sont les deux mêmes mots désignant le hasard. Il se peut aussi que les deux soient des leurres, des trompe-l’œil destinés à dissimuler l’usure des livres et des systèmes. Entre les deux en tout cas il n’est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout »

Mais le taxinomiste fou n’en a pas que pour les livres. Les titres et mots-clés du Malet & Isaac, les fiches-cuisines pour débutants, les lunettes, les animaux en copropriété bien qu’il n’en porte pas… Rien n’échappe à sa manie de la typologie et au pur plaisir de l’énumération. Même les vêtements, décrits en détail et assortis de leur prix –et quand on lit que dès 1976 il se disait dépassé par l’idée qu’un bipède normalement constitué d’un cerveau ait à cœur de porter un sac frappé du monogramme de son fabricant et donc de payer pour arborer ses initiales et lui faire sa publicité, on imagine la tête qu’il ferait aujourd’hui… L’excipit du volume est un classement des interjections auquel le grand verbicruciste en lui ne pouvait se soustraire : « Z) ? ». Mais là, je l’avoue, je rends les armes.

Dresser des listes peut mener loin. La passion de la classification poussée à l’extrême peut se muer en un Toc handicapant. D’aucuns jugeront certainement que c’est ici un exercice de style, une pochade oulipienne, le passe-temps gratuit d’un écrivain trop doué et assez névrosé. Pour ma part, j’y verrais plutôt l’indispensable complément aux grands livres de Perec, le manuel intérieur de celui qui voit le monde comme un puzzle. Il lui faut non seulement le rassembler sans nourrir d’illusion sur la cohérence de l’image reconstituée, mais ne pas s’interdire de penser/classer tout en se laissant envahir par un irrésistible passer/clamser, écho de son humour tragique. A propos, bien malin sera celui ou celle qui saura classer Penser/Classer au sein d’un genre bien défini selon les canons de l’histoire littéraire. Et si ses errances dans ses labyrinthes, et le récit de « mes ivresses verbeuses de ces petits vertiges pansémiques », relevaient tout simplement de la littérature ? Disons que c’est du Perec et savourons !

(« Penser/Classer au Mémorial du massacre de Nankin » photo Passou ; « Georges Perec » photo D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature de langue française.

936

commentaires

936 Réponses pour Georges Perec en plein vertige taxinomique

Zoon dit: à

Paru quelques années après la mort de Perec, Penser /Classer regroupe des textes publiés dans des revues et des journaux, entre 1976 et 1982, dont le dernier publié de son vivant a donné son titre à ce recueil , sur le thème des rapports entre l’acte de penser et l’acte de classer, et qui obéit donc lui-même à un principe classificateur.  » Regrouper, note d’ailleurs Perec dans le texte éponyme (p.154), évoque l’idée d’éléments distincts à rassembler dans un ensemble « .

Dans Le Monde des livres du 8 mai, Jean Birnbaum salue la réédition du livre dans la collection Points, en un court article, mais d’une émouvante justesse. Pour Birnbaum , le caractère ludique de la démarche de Perec ne doit pas nous faire ignorer toute la gravité douloureuse qu’il masque et révèle à la fois, comme c’est le cas dans d’autres livres comme W ou le souvenir d’enfance, la Disparition ou les Revenentes. Perec, écrit Birnbaum,  » subvertissait ainsi la classification meurtrière pour la retourner en acte de vie , opposant tout ce que l’humanité a d’inclassable à tout ce qu’elle recèle d’innommable « . Penser / Classer contient à cet égard des remarques significatives, telles celles-ci :

 » Tellement tentant de vouloir distribuer le monde selon un code unique ; une loi universelle régirait l’ensemble des phénomènes : deux hémisphères, cinq continents, masculin et féminin, animal et végétal, singulier pluriel, droite gauche, quatre saisons, cinq sens, six voyelles, sept jours, douze mois, vingt-six lettres.

Malheureusement ça ne marche pas, ça n’a même jamais commencé à marcher, ça ne marchera jamais.  »

Et encore :

 » Toutes les utopies sont déprimantes, parce qu’elles ne laissent pas de place au hasard, à la différence, au « divers ». Tout a été mis en ordre et l’ordre règne.
Derrière toute utopie, il y a toujours un grand dessein taxinomique : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place.  »

Il est bien probable que cette « frénésie de rangement » à laquelle Perec lui-même succombe dans toute son oeuvre, mais pour la subvertir et la rendre inoffensive par l’humour, soit inscrite au coeur de notre raison raisonnante, et que toute entreprise scientifique soit inconcevable sans elle. Considérations sur les lunettes suggère qu’un classement objectif suppose que celui qui classe n’appartienne pas à la catégorie visée par l’entreprise classificatrice. Perec, qui ne porte pas de lunettes, peut donc en parler « avec un sentiment réconfortant de bienveillante neutralité « ,  » voir la chose d’un oeil placide, sans passion ni parti-pris, aussi disposé à me pencher sur le cas des hypermétropes qu’à examiner le problème des myopes, avec un détachement lucide qui n’exclut ni la sympathie ni la conscience professionnelle.  »

Sans doute le goût et l’art du rangement sont-ils indispensables aussi à l’écrivain et à l’artiste. Trois chambres retrouvées, 81 fiches-cuisine à l’usage des débutants ou De la difficulté qu’il y a à imaginer une Cité Idéale sont des textes construits sur le principe musical du thème-et-variations, dont Perec fera un usage magistral dans la Vie mode d’emploi.

A lire Notes concernant les objets qui sont sur ma table de travail ou L’art et la manière de ranger ses livres, on peut constater que la manie du rangement a considérablement préoccupé Perec au cours de sa vie. Tout bibliomane, lisomane plus ou mois graphomane devrait se reconnaître dans ces textes et adhérer à la conclusion du second :  » il n’est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps en temps de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout « .

Ces textes nous renseignent donc sur Perec lui-même, la cure de psychanalyse qu’il a suivie entre 1971 et 1975, ses façons de travailler, ses modes d’écriture, ses amitiés et préférences littéraires (les copains de l’Oulipo, Queneau, Tardieu), mais aussi portent sur le monde un regard éclairant. Ainsi, les classements vulgaires de la mode sont ils jugés sans indulgence par l’auteur des Choses . Certains classements anciens sont révélateurs des oeillères de leurs concepteurs et de la société dont ils reflètent les préjugés. Toute époque se dévoile dans ses classements, par exemple la France de la belle Epoque dans le catalogue de l’Exposition Universelle de 1900, où les objets sont répartis en 18 groupes et 121 classes, l’avant-dernier étant consacré à la « Colonisation », groupe nouveau à propos duquel le commissaire général de l’exposition, M Picard, écrit benoîtement que sa « création est amplement justifiée par le besoin d’expansion coloniale qu’éprouvent les peuples civilisés  » ! On ne s’étonnera pas si  » la dernière place est occupée tout simplement par les armées de terre et de mer « . J’adore ce  » tout simplement « , saluant ironiquement ce couronnement martial.

L’examen de la table des matières du Malet-Isaac, manuel d’histoire en usage dans le lycée de mon adolescence n’est pas moins révélateur : la plupart des peuples extérieurs au monde occidental augmenté de la Russie ne sont envisagés que sous l’angle de la même expansion coloniale, de la Renaissance au XXe siècle. Il est vrai que les auteurs dudit manuel ne faisaient qu’appliquer le programme conçu au Ministère, avec la contribution et l’accord de l’Inspection générale. Ainsi fûmes-nous bercés de notre roman national et enfermés dans une vision étriquée de l’humanité. Depuis, les choses semblent avoir un peu changé ; c’est tant mieux.

Ce qui séduit le plus dans ces textes, c’est leur caractère d’esquisse, où le sourire tempère toujours le sérieux, d’où toute assertion péremptoire est exclue, où la porte reste toujours ouverte à la discussion, à l’approfondissement ; le texte se prolonge toujours dans les réflexions du lecteur.

Perec, d’ailleurs, s’intéressait vivement à « la prise en charge du texte par le lecteur ».  » Ce qu’il s’agit d’envisager, ce n’est pas le message saisi, mais la saisie du message « , écrivait cet écrivain ennemi de la posture et de la pose. Si fraternel, en somme.

rose dit: à

Deuz …
Tilala !
Perec écrit le manque.

Les yeux fatigués dit: à

« On s’en doute, un tel défi ne pouvait un tel esprit indifférent » : il manque le mot « laisser », non ?

« L’excipit du volume est un classement des interjections auquel ne pouvait échapper le grand verbicruciste en lui ne pouvait se soustraire » : et là, il y en a trois de trop… Au choix : ne pouvait échapper, ou bien : ne pouvait se soustraire.

Ou bien laissez tout tel quel, mon hôte. Après tout, vous avez bien droit vous aussi aux petits vertiges pansémiques…

Les yeux fatigués dit: à

Dites, je sais bien qu’on ne doit pas juger sur le physique, m’enfin celui de Perec est aussi impossible à classer que ses ouvrages. La conjonction des yeux et ce… pelage là autour… Sans rire, vous le mettriez dans quoi ? Caucasien ectomorphe, certes, mais tendance Bozzo ?

Passou dit: à

Les yeux fatigués mais vigilants quand même, merci pour les corrections.

rose dit: à

Perec s’ intéressait vivement à la prise en charge du texte par le lecteur. Et Sterne lui, dans Tristram dit combien le lecteur fait incessamment des passerelles lorsqu’il lit avec le reste du monde. Ce qui prend du temps.

Attila dit: à

Perec n’a-t-il pas apporté la réponse idéale à la littérature d’après la Shoah ?
« Ne pas oublier de classer » les noms des six millions de disparus dans les fours crématoires ! Comme une tragique conclusion de la Genèse ?

« 1 – Je me souviens de Georges Perec, sans accents, avec sa tignasse afro et sa barbe de barde.

(pour cette fois-ci Passou je vous épargne les 478 autres !)

480 – Je me souviens que les cendres de Georges Perec ont été déposées au colombarium du Père-Lachaise, case n° 382. »

in « Je me souviens de Georges Perec », manuscrit inédit* de Jacques Barozzi

*Pas tout à fait car publié jadis dans la RDL et menacer de mort en retour par Passou : je n’oublie pas…

Attila dit: à

Menacé, pardon…

Les yeux fatigués dit: à

Oh, Attila, c’est vrai ? Le patient Passou vous a menacé de mort, alors qu’il tolère l’insupportable JC (notez qu’il me tolère aussi, mais bon) ?

Bien, on pourrait jouer (façon oulipo), avec ça. Votre « je me souviens de George Perec », par exemple, si au hasard je vous demande le N° 333, et que j’essaie de deviner en quoi il consiste ?

N° 333 : Je me souviens que Georges Perec ne mettait pas tous ses « e » dans le même panier…

Attila dit: à

Chez moi, en réalité, ça donnait çà, Clopine :

« 333 – Je me souviens d’Action Directe. »

Marchepied dit: à

« Passou m’a menacer » en lettres de sang dans la cage d’escalier.
La concierge a eu du boulot.

Ecrits vains dit: à

On commence par Perec et on finit par Baroz et Clo-clo.
Les Choses ne sont pas simples.

Attila dit: à

Les roquets ne sont pas interdits d’immeuble, Marchepied

Attila dit: à

Ecrits vains, mes livres sur la capitale sont pratiquement tous des « tentatives d’épuisement d’un lieu parisien » : jardins, cimetières, fontaines, statues, salles de spectacles…

Chaloux dit: à

Je viens d’écouter les deux premières heures d’Onfray sur Jankelevitch, vraiment remarquables.

« Ils ont tué six millions de juifs mais ils dorment bien, mangent bien et le mark se porte bien ».
V. J. 1980.

L’histoire de l’Allemagne continue, sur un mode transposé, mais c’est la même histoire.

Polémikoeur. dit: à

N’était-il pas conseillé,
lorsque deux racines formant un mot
étaient d’origine grecque,
de les lier en « o »
plutôt qu’en « i » ?
La « prise en charge (par le lecteur) »
évoque bien néanmoins l’univers du taxi.
Bref, classer, d’accord, sans pour autant
perdre toute classe !
Taxépidermiquement.

Les yeux fatigués dit: à

Ah, Attila, vos tentatives d’épuisement donnent bien envie, surtout pour quelqu’un comme moi, qui passe directement du mode actif au mode épuisé, sans aucune tentative intermédiaire…

Dites, les trolls, là, vous pourriez pas nous lâcher un tantinet les baskets ?

Ecrits vains dit: à

Dites, les trolls, là, vous pourriez pas nous lâcher un tantinet les baskets ? »

Mais vous ne nous lâcher pas VOUS, avec vos petites historiettes perso et vos « livres » de bazars.

Ecrits vains dit: à

Clopine, vous devriez tenter les mots croisés de Perec, ils demandent de la patience, de la réflexion et de la méthode.
Un bon exercice pour vous.

Attila dit: à

Clopine, fait-il bon du côté de Beaubec ?
A Paris, on suffoque !
Je vais tenter de me mettre au frais dans une salle climatisée, mais pas de bol, le seul film intéressant de la semaine c’est une histoire de canicule !
http://larepubliqueducinema.com/coup-de-chaud/

DHH dit: à

Peu de commentateurs sur la RDL sont sans doute en âge d’avoir vécu le coup de tonnerre qu’a représenté l’irruption des « choses » dans notre univers d’enfants gâtes par les trente glorieuses , tous voués sans le moindre état d’âme au culte de la consommation ;ce livre qui nous donna tant à réfléchir et qui ébranla nos certitudes était la première mise en cause grand public de cette religion que 1968 allait définitivement ringardiser .
Autre coup de cymbale de cette saine transformation des esprits » la femme mystifiée » qui paraissait à la même époque et qui fut en France le coup d’envoi du MLF

Les yeux fatigués dit: à

Eh bien, plutôt qu’une canicule climatisée, pourquoi ne pas regarder chez vous Top of the Lake de Campion ? C’est véritablement glaçant à souhait.

A Beaubec, je crois que les enfants (enfin, de grands enfants maintenant) ont installé le bac rond (en réalité un abreuvoir à vaches, à la vocation détournée) qui nous sert de piscine, ludique à souhait. Et en cas d’urgence : hop, la source (on en voit la trace sur les documents du 18è siècle, et encore maintenant, des voisins viennent y puiser de l’eau pour leurs moutons). Elle aussi est glacée à souhait, toute l’année, même au plus fort des chaleurs…

(Si vraiment Paris est insupportable à ce point-là, vous savez bien que vous serez toujours le bienvenu chez Clopine Trouillefou !)

la vie dans les bois dit: à

Conseil à un très cher ami qui voudrait classer sa bibli
D’abord penser à ouvrir le parachute avant contact au sol.
Ensuite, évite de causer névrose dans les couloirs du labo de neurophysiologie du CNRS, ça la fout mal.
Alors je te dirai le secret du document manquant.

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…qui trop embrasse, mal étreint,!…

…faut bien,…que le gland commentaire s’y glisse en lignes,!…

…une autre livrée,!…of course,!….etc,!…

…avec une crème pour les gerçures aux lèvres,!… » Louis Widmer Remedern Lippen-Balsem  »

…çà ne s’invente pas, çà existe déjà,!…
…et ce beurre de cacao,!…un chocolat,!…
…faire sans,!…etc,!…et pour le Plus coulissant,!…à Georges Perec,!…Ah,Ah,!…etc,!…

…aux trônes, avec mes châteaux,!…les fesses en l’air,!…

La poilade dit: à

« culte de la consommation …….de cette religion que 1968 allait définitivement ringardiser  »
DHH

Wwwwwwwwwwoooouuuuuuaaaaarffffffffff

Widergänger dit: à

Dans ses Œuvres anthumes (1978), Perec écrivit au n° 12 :

« Dans son cours inaugural au Collège de France, le critique X mit brillamment en lumière la coupure fondamentale du roman d’aujourd’hui : d’un côté l’héritage d’Henry James, de l’autre celui de Boris Vian, alternative profonde, qu’il résuma en une formule demeurée fameuse :  »

Le n°13 n’est pas mal non plus :

« À la bibliothèque de l’École dentaire, les rayonnages portent des avis imprimés précisant la nature des livres qui y sont classés. L’étagère où sont rangés les ouvrages traitant des douleurs dentaires est évidemment surchargée et plie dangereusement : »

Widergänger dit: à

Un critique de l’époque (rapporté par Claude Burgelin dans le volume qu’il a consacré à Perce), J. Duvignaud, parle à propos des Choses de « l’incoercible difficulté d’exister dans ces années soixante. » On est très loin du traité de sociologie. En réalité c’est un roman métaphysique.

Widergänger dit: à

Perec a travaillé à l’écriture des Choses entre 1961/6é et 1965. Il prévoyait de l’intituler d’abord : la Grande aventure. Donc, rien à voir avec la sociologie.

Les yeux fatigués dit: à

Mais les héros des Choses ne sont-ils pas statisticiens ? (préparant des enquêtes pour l’INSEE, si mes souvenirs sont bons ?)Ce n’est pas par hasard que Perec a choisi cette profession « sociologique », et qu’il a décrit le glissement d’un job d’étudiant à un métier alimentaire. Si ça, ce n’est pas sociologique…

C’est en lisant « les Choses » que j’ai appris ce qu’était un portulan…

Widergänger dit: à

Non, ils sont encore étudiants et finissent en fin de parcours en jeunes cadres, en « convives de l’insipide menu qui leur est proposé », comme l’écrit si justement Claude Burgelin qui, je crois, a bien compris le sens métaphysique de l’œuvre quand il précise : « Ils demandent aux choses, par un effet magique, de les métamorphoser. »

C’est aussi un peu le sens métaphysique, toutes choses égales d’ailleurs, de la fameuse chanson de Boris Vian, « La complainte du progrès », sur le mode de la dérision et d’un humour plus léger que celui de Perec :
https://www.youtube.com/watch?v=bVW0sMf0eFM

Sergio dit: à

« le forum de la « République des livres » »

Y a des plans inclinés pour les handisport ? Parce qu’on a quand même des bras, hein ! On peut porter les livres, quoi… Enfin faut quand même pas qu’il y ait plus de marches qu’à Одесса ou au phare de la Coubre !

DHH dit: à

@la poilade
pouvez vous préciser de manière intelligible, c’est à dire avec des mots la signification du grognement que vous a inspiré mon commentaire de tout à l’heure ?

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…j’écrit deux fois rien,!…

…et lécher les boules de glaces, c’est de saison,!…
…un lieu payant, avec toutes ces choses prédestinées, un art hors de son cadre,!…pour débutantes,!…faire la queue aux lèvres, pour nous engorger du savoir mystique,!…

…à toutes nos réflexions propices, à portées de mains,!…en éveiller les choses à chapeauter,!…
…etc,!…

Sergio dit: à

C’est vrai qu’il a un peu la même tête que sa machine à écrire… Faut prendre une Scabelli ! C’est toujours mieux que cette espèce de Mur des Lamentations pour demoiselle des PTT…

Chaloux dit: à

Je continue à écouter Onfray, première pour moi. Merci Pierre Assouline. Seul hic, l’horreur de la musique de générique, bien pénible en temps de « suffocation » parisienne, une nullité culte, sans doute.

Les yeux fatigués dit: à

J’avais plutôt l’impression que les « héros » (mais le sont-ils vraiment ?) ne demandaient pas aux Choses de les métamorphoser, mais de les faire exister tout court. « Dis-moi tous les objets de ta maison, non seulement je te dirai qui tu es, mais où sont tes limites… »

Mais je peux me tromper, bien entendu.

Les yeux fatigués dit: à

Chaloux, les autres années, le générique des cours d’Onfray était bien plus consensuel, un peu fadouille même, comme est devenu fadouille celui de Finkielkraut le samedi matin (mais il est vrai que ce dernier avoue clairement ne pas aimer la musique, ce qui a un effet sidérant pour moi.°

Cette année, cette musique agressive est, à mon sens, la marque de l’exaspération et de l’amertume onfrayienne. A moins que ce ne soit tout simplement la production qui l’ai choisie (mais je ne le crois pas). Cette musique martèle, en quelque sorte…

Vous remerciez Pierre Assouline – je crois cependant avoir parlé ici d’Onfray bien souvent – il est vrai que je ne suis PAS Pierre Assouline. Cependant, cela m’amuse de vous prendre en flagrant délit de n’écouter QUE les paroles autorisées, « légitimes » : seriez-vous, Chaloux aux pianos, quelque peu snob, mmmmmhhhh ?

Sergio dit: à

Les yeux fatigués dit: 13 août 2015 à 15 h 12 min
toujours le bienvenu

O fortunatos !

Ca on me l’a fait, un beau-frère instituteur, donc avec a priori favorable, j’ai marné pendant quinze jours dans les maïs ! Faut venir les années de jachère, quoi…

Allig à tort dit: à

je crois cependant avoir parlé ici d’Onfray bien souvent –

Oui, mais pour de mauvaises raisons.

hildenrath dit: à

les yeux fatigués
c’est très fatigué là la production qui l’ai choisie

Widergänger dit: à

Claude Burgelin a une heureuse formule quand il écrit encore : « À parasiter éperdument les signes du savoir-vivre, ils espèrent trouver une réponse au coment savoir vivre. »

C’est tout à fait ça ! La généalogie prestigieuse des marques tend déjà a remplacer l’effacement de tout passé. Les objets leur sont comme un corps glorieux dont ils ne jouissent finalement qu’à l’irréel du présent. Leur passion des choses les conduit à la frustration. Et le récit oscille constamment entre fascination et répulsion qui fait la ligne directrice de la plupart des extraits constituants de véritables morceaux d’anthologie.

Widergänger dit: à

Perec a fait des ses héros des psychosociologues travaillant dans le milieu de la publicité. Un tantinet pervers comme milieu, où on cherche à manipuler les désirs.

Au fond c’est un roman sur la vacuité du désir.

la vie dans les bois dit: à

Si burgelin pouvait s’arreter de déblatérer des couenneries, ça irait mieux à l’akademie. Même pour les étudiants en vacances en psycho socio. Ouf !

Chaloux dit: à

Chère Clopine, vous avez l’air de me prendre la main dans le sac, mais n’ai-je pas donné suffisamment de preuves ici du fait que la parole de Pierre Assouline n’est pas pour moi plus « autorisée » qu’une autre. Et je dois dire que je le trouve d’une patience d’ange avec moi sur ce point. C’est lui que je remercie parce que c’est cette phrase qui m’a incité à aller écouter, ce que je ne faisais pas jusqu’ici, très bêtement, je dois dire : » Ecoutez les sur France culture, ça vaut le détour. »
Imaginez-vous que je suis aujourd’hui, malgré la chaleur occupé – quand je ne m’assois pas pour écouter- par des tâches obligatoires dont il me faut me libérer. Donc j’écoute les émissions sur Jankélévitch qui est pour moi « une lampe » depuis bien des années et puis peu à peu je m’aperçois que la rencontre avec la parole d’Onfray est quelque chose de bouleversant et que j’attendais sans le savoir.

Mais ne croyez pas que vous soyez si éloignée pour autant. Ce que j’ai d’esprit vagabondant sur la parole mêlée des deux philosophes, imaginez-vous que j’ai pensé à vous, en me disant que vous aviez avec les vôtres construit une très belle vie qui n’est pas sans donner à réfléchir. Sans doute une manière de vous remercier.

Chaloux dit: à

Deux fois « imaginez-vous », signe qu’il faudrait penser à « déjeuner »…

Sergio dit: à

Comme disait le charbonnier (un Auvergnat, j’espère, et avec la foi !) à Gaston bien forcé de lui reranger son énorme tas après l’avoir copieusement éboulé :

– Hé ! Mélangez pas l’anthracite avec le demi-gras !

ZEUS..... dit: à

Le meilleur classement ? Livres lus, livres non lus.

christiane dit: à

DHH et zoon,
Deux mémoires qui éclairent ce livre et les précédents de G. Perec.
« Dans Le Monde des livres du 8 mai, Jean Birnbaum salue la réédition du livre dans la collection Points, en un court article, mais d’une émouvante justesse. »
Oui, ce très profond billet m’avait fait commander puis lire le réédition de ces articles dans ce livre.
Quelques lignes (p. 152) m’avaient donné envie de relire W ou le souvenir d’enfance :
« Comme si l’interrogation déclenchée par ce « PENSER-CLASSER ? » avait mis en question le pensable et le classable d’une façon que ma « pensée » ne pouvait réfléchir qu’en s’émiettant, se dispersant, qu’en revenant sans cesse à la fragmentation qu’elle prétendait vouloir mettre en ordre.
Ce qui affleurait était tout entier du côté du flou, du flottement, du fugace, de l’inachevé… »
Et presque les mêmes mots à la p.97 de « W… » :
« Désormais, les souvenirs existent, fugaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien ne les rassemble. Ils sont comme une écriture non liée, faites de lettres isolées incapables de se souder entre elles pour former un mot, qui fut la mienne jusqu’à l’âge de dix-sept ou dix-huit ans, ou comme ces dessins dissociés, disloqués, dont les éléments épars ne parvenaient presque jamais à se relier les uns aux autres, et dont, à l’époque de W, entre ma onzième et ma quinzième année, je couvris des cahiers entiers…. »
Perec… l’homme qui écrivit ne pas avoir de souvenirs d’enfance jusqu’à sa douzième année. L’homme qui perdit son père à quatre ans, sa mère à six, qui passa la guerre dans diverses pensions et qui, en 1945 fut adopté par sa tante.
Peut-être bien que le classement binaire de ce « Penser-Classer » tentait désespérément comme dans « Les choses » de retrouver une mémoire de l’autre côté de l’oubli ? de franchir l’obstacle qui barre le passage, trouver les mots qui le pulvériseraient, comme si l’enfoui et l’enfui ne tenaient qu’à la nomination…

geo dit: à

Allez voir Les Nuits Blanches du Facteur Barozzi, remarquable et rafraichissant même si c’est l’été en Sibérie…

ZEUS..... dit: à

Les producteurs de Porcs veulent rencontrer des responsables à Matignon …

Sergio dit: à

Si on pense trop on peut plus classer, et si on classe trop on peut plus penser…

Sergio dit: à

A partir du moment où on définit, on classe ; et si on définit pas, eh ben on sait plus où c’est…

christiane dit: à

Attila,
« Je me souviens… » de Samy Frey pédalant sur un vélo pendant toute la représentation théâtrale où il égrenait les souvenirs de G.Perec, en 2003.

Les Yeux Fatigués (de Clopine Trouillefou) dit: à

DHH, surtout, ne prenez pas la peine de réclamer une signification à l’imbécile ricanement qui a suivi votre propos sur Perec. Comment voulez-vous qu’un troll adhère à vos propos ?

Moi, je sais que vous avez raison : le roman de Perec a agi sur plein de lecteurs comme un catalyseur : les héros confondent en effet les auxiliaires, et prennent l’avoir pour l’être.

votre propos aurait cependant pu être complété par cette obervation : ceux qui ont pris conscience des méfaits de la consommation « capitaliste » n’ont été ni entendus, ni écoutés, mais plutôt moqués – comme vous par le troll imbécile. Et s’il est vrai que de plus en plus de consciences s’élèvent contre cette civilisation du toujours plus, bien peu sont ceux qui s’engagent ou même qui changent simplement, un peu, leur mode de vie.

Le ricanement du troll signifiait : « que vous êtes naïve et idéaliste » (termes qui, pour un troll, sont l’exemple même de ce qu’il hait). Or, vous n’êtes ni l’une, et quant à l’autre, vous le pondérez de toute votre expérience.

Mais ça, comment voulez-vous qu’un troll, c’est-à-dire quelqu’un qui ne converse jamais, qui ne créée rien, qui se contente d’être un parasite parfois mortel des conversations des autres, pouisse le comprendre ? Il ne sait que baver, ricaner, tenter de blesser.

Je vous en prie, vous êtes à mille lieues de tout cela. Laissez-le donc dans sa fange – même s’il a lu Perec, il n’y a rien compris.

Zoon dit: à

Si on pense trop on peut plus classer, et si on classe trop on peut plus penser… (Sergio)

C’est très vrai. Et Perec, classait-il trop pour penser ou pensait-il trop pour classer ? En tout cas, son livre nous renvoie à cette dialectique. Qu’est-ce que penser ? Et penser est-il compatible, en effet, avec la manie de classer? Question qui devrait intéresser les philosophes. Par exemple, Platon, avec sa cité idéale, ne nous donne-t-il pas l’exemple d’une pensée figée par la tyrannie du classement ?

La poilade dit: à

Les Yeux Fatigués (de Clopine Trouillefou) dit: 13 août 2015 à 17 h 33 min
Comment voulez-vous qu’un troll adhère à vos propos ?

Tiens, Clopine est d’accord, étonnant non !

Donc :
« culte de la consommation …….de cette religion que 1968 allait définitivement ringardiser »

ben voyons.

Miroir, mon beau miroir dit: à

Les Yeux Fatigués (de Clopine Trouillefou) dit: 13 août 2015 à 17 h 33 min
même s’il a lu Perec, il n’y a rien compris

Qui c'est? dit: à

Miroir, mon beau miroir dit: 13 août 2015 à 17 h 43 min

Re tour d’ l’A. H. (A. horribilis…)

La poilade dit: à

ceux qui ont pris conscience des méfaits de la consommation « capitaliste » n’ont été ni entendus, ni écoutés,
Les Yeux Fatigués (de Clopine Trouillefou) dit: 13 août 2015 à 17 h 33 min

« culte de la consommation …….de cette religion que 1968 allait définitivement ringardiser »
DHH dit: 13 août 2015 à 15 h 04 min

Ben oui quoi, elles sont d’accord,
sans se lire bien sûr.

Sergio dit: à

Et alors la photo-là, on essaie de classer des trucs qui sont tous pareils, sauf un zèbre qui s’est tiré… Ben mon colon !

jem dit: à

Critique positive dans la presse anglaise à propos du nouveau film du très controversé Andrzej Zulawski. On a hâte de pouvoir s’en assurer en le voyant sur les écrans.

« Cosmos, Andrzej Zulawski’s first film in fifteen years, had its World Premiere this week at the 2015 Locarno International Film Festival. Transplanting the story from Poland to Portugal, Cosmos — an adaptation of Witold Gombrowicz’s 1965 novel — is a chaotic and paranoid comedy about the irrationality of the human mind. In many ways a return to form as Zulawski embraces themes of hysteria, paranoia and eroticism, Cosmos is nonetheless a minor work from the filmmaker. »

Polémikoeur. dit: à

Titre à la une d’un « quotidien du soir »:
« Rentrée littéraire sous le signe du réel ».
Déjà, et pour couronner le tout : « les romanciers s’inspirent de faits vrais » ! Seul embryon
de bonne nouvelle : un léger fléchissement
de la quantité en approche. Il va quand même
falloir de la patience pour traverser
ce couloir d’avalanche désormais installé
dans le calendrier annuel.
Cartablieusement.

Mon ombre dit: à

évite de causer névrose dans les couloirs du labo de neurophysiologie du CNRS, ça la fout mal

Ben didon à peu près comme vous dites, si un diplôme fait office de vaccin vous pourriez pas nous refiler les adresses où il est possible d’en acheter ?

Sinon demeure la possibilité d’investir dans la pierre, yaka voir ce qui éternellement ne bouge pas chez passou.

Sergio dit: à

Y a que le vrac de Courtial des Péreires et celui de Sosthène de Rodiencourt qu’on n’a jamais réussi à classer… Enfin si, c’est des vracs, quoi !

versubtil dit: à

classait-il trop pour penser ou pensait-il trop pour classer

C’ est une manière d’ employer sa vie, de remplir des cases.
Comme le cruciverbiste,la vie, sa « crucifixion » quotidienne.
( Claude Burgelin, dans son excellent livre, en parle.)
Classer, c’est de ne pas offrir de prise.
 » Sur de tels dénombrements, l’ excitation sémiologique, l’ effervescence imaginaire n’ ont guère de prise. » C. Burgelin. » Les contemporains, Seuil 1988 page 198.

Sergio dit: à

Mon ombre dit: 13 août 2015 à 18 h 24 min
ce qui éternellement ne bouge pas chez passou.

Lutetia : le chef de la sécu ; Sig : le majordome, major de la domus Hohenzollern. Les deux ils ont des fiches long comme la maison, mais dans les deux cas c’est à titre… amateur ! Passionnel… Même pour la sécu c’est pas l’essentiel. Et ils sont très loin d’être de méchants bougres, bien au contraire.

C’est un peu comme les gus qui nettoient tout le temps les claviers d’ordinateur ! Par exemple chez moi y en a un…

la vie dans les bois dit: à

Mettre dans des petites cases, n’est-ce pas un sport cérébral favori ici, certes limité faute de moyens. Sinon en 2015, ça mène à quoi des années de fac psycho-socio ?

DHH dit: à

l’un des expressions les plus accomplies du talent de Perec est sa capacité a élaborer des enumerations interminables qui se lisent sans ennui parce qu’y court un fil logique et une impression d’exhaustivité capables de vous tenir en haleine, .
l’exemple le plus significatif que j’aie en tête à cet égard le chapitre de la « vie…..  » dans lequel il liste le contenu d’une cave magistralement rangée et organisée
.

DHH dit: à

du cruciverbiste Perec cette astucieuse définition:
« il lui manque effectivement une jambe »
et il faut trouver «  »aNputé

Sergio dit: à

« monogramme de son fabricant et donc de payer pour arborer ses initiales » :

Y a que le croco qu’on reconnaît pas ! Je me demande si Jenny (les Thibault) en portait un… Quant à la suite…

versubtil dit: à

Mais remplir des cases, qui se croisent…

« Il se peut aussi que les deux soient des leurres, des trompe-l’œil destinés à dissimuler l’usure des livres et des systèmes »
Le N du mot croisé (l’ exemple de DHH)c’ est la  » recherche d’ un degré zéro de l’ écriture, de cette  » écriture blanche » autour de laquelle on a médité naguère? C’ est la question même de la copie et des pouvoirs de la littérature que pose Pérec dans ce qui n’ est ni vraiment du jeu, ni vraiment de la provocation. » (C. Burgelin opus cité.)

la vie dans les bois dit: à

Et madame burgelin est d’accord?

versubtil dit: à

aNputé dhh.

Votre exemple est significatif du « style » adopté comme une tactique par Pérec.Il ose montrer de visu que la lettre relève de l’ art graphique autant que de la littérature.

Voyez ici l’ analyse de Burgelin encore :

 » Cette tactique à l’égard du « style » fait partie de toute une stratégie qui se développe également dans un secteur voisin, où, avec un sourire qu’on devine, Perec transgresse un interdit implicite. Tout simple­ment en osant montrer de visu que la lettre relève de l’art graphique autant que de la littérature. Le texte est donc parsemé de pancartes, affichettes, étiquettes, coupures de journaux, grilles de mots croisés, enseignes, programmes de cinéma, graphies arabes ou hébraïques, formules mathématiques, fac-similés de revues, faire-part, menus, tous repro­duits tels que. Insolents, drôles, énigmatiques d’être si évidents. Ainsi s’ébauche une sorte de ballet fugace entre le graphe, la lettre imagée, le croquis, les multiples caractères d’imprimerie et le texte imprimé. Perec parcourt ces espaces aux frontières mouvantes qui, du trait, vont vers la lettre comme vers l’image. Entre les lettres et les mots qui se rassemblent pour composer – puzzle achevé devenu invisible – une image-texte, un texte-tableau et ces tableaux rendus, parfois longuement, uniquement par des mots, il nous fait errer. Affiches, panonceaux, encarts publicitaires, schémas relaient comme tout naturellement la litanie des inventaires, la description de tant de toiles ou de gravures »
o.c. page 199.

Recherche contemporaine par exemple de la « poesia visiva » en Italie.

Attila dit: à

A la suite des « Choses » il y eut les « Mythologies » de Roland Barthes. Et dans les « Nouvelles Mythologies », ouvrage collectif orchestré par Jérôme Garcin, un demi siècle plus tard, devinez qui, quoi Passou a t-il choisi d’ériger au rang de nos mythologies contemporaines ? Houellebecq ! Pour nous dire, en gros, que nous n’avions pas assez compris que c’était un auteur… comique !

Attila dit: à

Après avoir écouté sagement Onfray disserter sur Jankélévitch, il ne vous reste plus qu’à relire « Les Choses », Chaloux ! Et tant que vous y êtes, reprenez la lecture de la « Montagne magique », là où vous l’aviez laissée : de quoi finir l’été avec profit…

Ueda dit: à

Photo

Dossiers individuels classés par patronymes de victimes du Massacre de Nankin (plus de 10 000 dossiers).
Par nécessité, ils sont peu nombreux et parfois presque vides.

Ils viennent en écho au mensonge d’Etat inscrit dans la pierre du Mémorial: « Trois cents mille victimes ».
Inscrit aussi dans le béton du discours du Président Xi, et donc incontestables sous peine de poursuites.

Abaisser ce chiffre en s’en tenant aux critères de la recherche historique n’atténue en rien la gravité du crime, mais n’est pas accepté.
C’est du reste une orthodoxie récente qui date du renouveau d’hostilités avec le Japon (mid-80).

hildenrath dit: à

tout ordre étant aussitôt caduc : voilà qui est dit heureusement

Ueda dit: à

Je déduis que je n’ai pas de chances avec Onfray.

Après un quart d’heure détestable de « débat » un vendredi (sur « la gauche »), entendu aujourd’hui 5 minutes sur le thème de l’épuration.
« Faut pas croire que tout le monde était résistant… Faut pas croire que tout le monde était collabo non plus… »

J’essaie d’imagine les yeux écarquillés de l’assistance.

Naturellement, je n’exclus pas qu’il ait pu résumer correctement certains écrits de WJ, mais je ne le saurai jamais.
Le ton est un obstacle infranchissable.

Widergänger dit: à

Voilà ce qu’écrivit R. Barthes vers la fin janvier 1964 dans une lettre à Perec qui lui avait passé la quatrième mouture de son manuscrit de la Grande Aventure qui devint par la suite Les Choses :

« Je trouve votre livre très bien (souligné) (…) Je crois voir tout ce que vous pouvez en attendre de nouveau, un réalisme non du détail mais, selon la meilleure tradition brechtienne, de la situation ; un roman, ou une histoire, sur la pauvreté inextricablement mêlée à l’image (souligné) de la richesse, c’est très beau, très rare aujourd’hui (…) Je ne sais pas ce que vous voulez reprendre ou rajouter, mais en tout cas finissez vite et publiez. »

>un réalisme non du détail mais de la situation : intéressant, d’autant plus que ce qui frappe aujourd’hui ce sont les détails de la description minutieuse du home sweet home du début et du détail de la Ville-de-Montereau qui a dû échapper à R. Barthes visiblement. On a du mal aujourd’hui à voir le rapport avec Brecht…

> la pauvreté inextricablement mêlée à la richesse : il ne voit pas que les objets aimantent le désir, un désir dont le sens manifestement lui échappe encore, avec une lecture quelque peu catholicarde très étrange…

Perec donne son manuscrit chez Gallimard à Georges Lambrichs début avril 1964. Il reçoit la réponse le 11 juin :

« Malgré les qualités d’intelligence évidentes, il semble que vous ayez perdu le pari de faire d’un livre sur l’ennui une lecture divertissante et enseignante. Il est vrai que vos personnages sont ternes, un peu naïfs, sans frémissement réel. Croyez-moi, je suis bien déconcerté. »

Vraiment intéressant cette lecture de Lambrichs, qui n’a rien vu de ce qu’il fallait voir. Ce n’était sans doute pas si facile que ça à voir à l’époque.

Mais on peut se rendre compte ainsi du chaos des lectures qui entourent le roman de Perec avant qu’il ne soit publié et définitivement remanié il est vrai.

Widergänger dit: à

Il y a eu quand même cinq versions différentes des Choses entre 1961/62 et sa publication en 65. Mais Nadeau n’était pas plus enthousiaste que ça à la publication, même s’il trouvait le remaniement de la deuxième partie qu’il lui avait imposé, réussi, plus nerveux.

Widergänger dit: à

Perec avait d’abord construit la fin du roman comme une parodie de L’Education sentimentale de Flaubert.

Il a aussi hésité longuement pour savoir s’il devait écrire son roman à la première ou à la troisième personne.

Finalement la trouvaille de « l’œil » (aux sens multiples) comme premier mot du roman est géniale : œil de la caméra qui montre avec objectivité (à la Flaubert) comme au début du Mépris de Godard, œil aussi de la conscience qui juge. Et ce sont bien ces deux sens qui structurent toute la description du home sweet home du début. Le fin du fin c’est de l’avoir écrit au conditionnel, la cerise sur le gâteau. Mais c’est pas venu tout de suite.

Attila dit: à

« un réalisme non du détail mais, selon la meilleure tradition brechtienne, de la situation »

Ce « nouveau réalisme » qui va des « Choses » de Perec au monde consumériste et partouzard des romans de Houellebecq, n’exploite-t-il pas une veine sociologique, qui va bien au-delà, WGG, jusqu’à une certaine transcendance… métaphysique, en effet ?

Widergänger dit: à

C’est ce que je pense aussi.

Chaloux dit: à

Jacquot, les piles en cours, qu’il faut que je lise ou relise pour cause personnelle, repoussent Pérec, dont les enjeux sont passionnants, mais dont la lecture m’a souvent déçu, aux calendes.

Ueda, c’est dommage. Les trois dernières émissions sur le problème du pardon à l’Allemagne manquent un peu de finesse étant donnée la perspective historique où nous sommes mais le tout mérite vraiment d’être écouté surtout l’avant-dernière émission construite sur l’adjectif « correct » (Sartre et Beauvoir sous l’occupation et le ressentiment fondé de Jankélévitch à leur égard). L’exégèse un peu courte d’Onfray sur la position de Jankélévitch a au moins le mérite de faire réfléchir l’auditeur à sa propre pensée, si on ose dire. Cela m’a rappelé dans une certaine mesure le souvenir de ma lecture de L’Homme Révolté de Camus, vers l’âge de 17 ou 18 ans. En le lisant, je me rendais bien compte que Camus ne compterait jamais sérieusement pour moi, mais je sentais aussi ce que ce livre me révélait non en lui-même mais par les objections et les réfutations qu’il suscitait. Quoiqu’il en soit, 6 heures d’écoute d’affilée durant lesquelles je n’ai pas décroché un instant et que je réécouterai.

hildenrath dit: à

les objets sont autre chose, question de transcendance en effet

Attila dit: à

« Les Choses », relues ces dernières années, m’avaient laissé insatisfait. Surtout la deuxième partie, qui voit le couple s’installer comme coopérants dans le sud de la Tunisie. Mais il y a tout Perec en devenir, un peu comme « La place de l’étoile » pour Modiano.

Widergänger dit: à

Il y a aussi pas mal d’éléments autobiographiques dans le roman.

Attila dit: à

Perec, sans accent, Chaloux. Si vous ne deviez en lire qu’un, le plus capital, le plus fondamental, le plus captivant : « La vie mode d’emploi »…
Yourcenar et Quignard, c’est pas mal, Chaloux, mais un peu trop tapette. Demandez à Phil. Il faut vous ouvrir à des lectures plus viriles, diantre !

Widergänger dit: à

C’est quand bien mieux que La Place de l’Etoile !

Même si la deuxième partie montre en effet quelques faiblesses, je trouve que pour un premier roman c’est quasiment un chef-d’œuvre (presque) parfait. Et il a l’intuition de beaucoup de choses à naître dans le rapport aux choses, aux marques, etc. qu’on voit encore largement aujourd’hui comme le rappelle Passou.

Chaloux dit: à

Jacquot, j’ai l’intention de relire Golovanov, super viril, qui vous empaffe comme pas un. Devriez essayer.

Widergänger dit: à

J. Attali qui avait dit à la TV un jour à propos de Sartre pendant l’Occupation quelque chose de semblable à Jankélévitch avait suscité l’ire de Lanzmann qui avait pris son téléphone pour engueuler Attali…

Court, dit: à

Tout à fait d’accord pour la « Place de l’Etoile. »
MC

Cheminement dit: à

WGG analyse les réponses ou écrits de X ou Y sur les différentes versions des Choses avec son petit savoir de la dernière.

C’est vrai que faire un bouquin sur un hold-up et arriver au résultat final ça donne des possibilités d’émotions aux spécialistes de la virgule.

Widergänger dit: à

De Sartre, il ne restera sans doute pas grand-chose de sa philosophie tandis que la pensée de Jankélévitch n’est pas près de mourir à mon avis. Alors que Sartre tenait le haut du pavé sur la scène internationnale dans les années 50/60.

Mais étrangement on ne peut pas ne pas se dire en même temps que c’est Sartre qui avait raison dans les années 50/60, qui avait raison d’avoir tort si je puis dire.

Le grand penseur des années 60 reste Raymond Aron. Mais il était classé dans les réactionnaires… Classer/penser… Une époque qui a vraiment foiré. C’est sans doute ça aussi que raconte Les Choses.

C’est très compliqué en vérité cette histoire de guerre des idées.

Widergänger dit: à

Cheminement dit: 13 août 2015 à 20 h 48 min
Cheminement a manifestement encore un long calvaire à gravir pour arriver au sommet…

Courage !

DHH dit: à

@attila
la rédaction de votre post de 19 h 21 peut laisser croire que le livre de Barthes est postérieur au livre de Perec alors qu’il lui est antérieur d’une dizaine d’années

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 20 h 57 min

Quand WGG touché, WGG cracher.

Widergänger dit: à

Vous voyez des crachats parce que c’est le seul truc que vous êtes capable de voir. Mais il n’y a aucun crachat dans ce que je vous dis. Je vous dis simplement que vous êtes un peu stupide. C’est pas si grave, vous en verrez d’autres…

Widergänger dit: à

Houellebecq est certes un auteur comique mais d’un comique triste… le rire du clown, le rire du saltimbanque de Baudelaire ou quelque chose comme ça.

Attila dit: à

En effet, DHH, je confonds la chronologie de mes lectures avec celle des écritures. Barthes était antérieur. Le point commun entre les Mythologies et Les Choses, les pages pratiques de Madame Express sous la houlette de Françoise Giroud…

Attila dit: à

 » j’ai l’intention de relire Golovanov, super viril, qui vous empaffe comme pas un. »

Et Madame Chaloux est d’accord !

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 02 min

Mais ce sont vos analyses à contre-temps qui sont un peu (beaucoup) stupides mon cher WGG.
Il vous arrive (souvent) d’être bien meilleur.

Attila dit: à

Avez-vous vu le message que Mamadou Abdoulaye LY vous a adressé, M. Court ?

Widergänger dit: à

Il y a une douzaine d’emprunts à l’Education sentimentale dans Les Choses, qui vont du simple nom à un court paragraphe entier.

Widergänger dit: à

Cheminement dit: 13 août 2015 à 21 h 12 min
Vous êtes plein de ressentiments. Vous devriez consulter. La rancœur n’est pas un signe de bonne santé mentale. C’est petit. Grandissez !

Chaloux dit: à

Attila dit: 13 août 2015 à 21 h 11 min

Je plaisantois bêstement… Cela dit, vous savez aussi bien que moi que le couple est intermittence, et que c’est ce qui le rend supportable.

Widergänger dit: à

Le plus drôle, je trouve, c’est la critique que Fr. Nourissier avait fait paraître dans Le Nouvel Obs le 6 octobre. Il y déclarait que Les Choses était un roman mal écrit, dont l’intrigue était faible, mais il affirmait néanmoins qu’il s’agissait d’un livre important (Ah, les paradoxes de Nourissier qui ont fait les beaux jours de lecteurs comme Paul Edel…!) : c’était à ses yeux un document (la lecture sociologique des myopes !) sur la jeunesse d’aujourd’hui, un événement dans l’histoire des idées, même s’il n’avait pas sa place dans la littérature française…! Ah il n’y allait pas par le dos de la cuiller, le François ! Plus crétin, tu meurs.

Chaloux dit: à

Attila dit: 13 août 2015 à 21 h 15 min

Ce monsieur Mamadou Abdoulaye LY doit être bien sympathique. On sent en le lisant une volonté très touchante de ne se fâcher avec personne. Pas comme nous!

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 17 min

Souriez WGG vous êtes filmé et tout le monde vous regarde.
Expliquez-nous un peu mieux vos analyses sur les différentes versions des Choses, pour que quelqu’un comme moi (un peu stupide dites vous) ne vous prennent pas pour mystificateur (que vous n’êtes pas bien sûr, quoique Chaloux semble penser le contraire)

Widergänger dit: à

Christine Arnothy, dans Le Parisien libéré, le 12 octobre déclara que son originalité résidait dans le fait que Perec avait écrit un non-roman… Le roman d’un sociologue ou d’une assistante sociale…

Aujourd’hui, Arnothy s’appellerait comment ? De quoi Arnothy est-elle le nom, comme dirait l’autre…?

Seul Raymond Jean reconnut sa valeur de roman et d’œuvre d’art authentique dans un article du Monde.

Widergänger dit: à

Cheminement dit: 13 août 2015 à 21 h 27 min
Mais mon pauvre idiot, il te suffira de lire la bio de Perec, par David Bellos : Georges Perec une vie dans les mots, Seuil, 1993, réédité en 1994.

Mon pauvre ami, ah t’as l’air fin, tiens !

Comment peut-on être si méchant !

Etude de cas dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 29 min

Mimi est à fond sur Gogueule, ça chauffe dans les Data Center.

Chaloux dit: à

Albablabla, inutile d’entasser les bévues de critiques : les tiennes nous suffisent amplement!

Widergänger dit: à

Et puis, les goûts des deux protagonistes de l’histoire sont ceux de la petite faune qui gravitait autour de Perec, qu’il tourne en ridicule sur un ton froid et sournois. Et qui s’y sont évidemment reconnus et n’ont pas forcément apprécié…

Widergänger dit: à

Chaloux, tu fais honte ! Tu devrais te taire, t’es en train de ruiner ta réputation…

Non, en vérité, elle est en ruines depuis belle lurette.

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 32 min

Ah, ce n’étaient pas des analyses personnelles !
Mais dans ce cas il faut le dire,
c’est simple, vous postez :

Comme l’écrit David Bellos dans Georges Perec une vie dans les mots, Seuil, 1993…………………

Vous voyez, pas compliqué

Ah la la dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 37 min

Mais non, mais non, il se reconnait aussi très bien dans ses personnages.

Chaloux dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 38 min

Ce qui m’amuse, Alba, c’est ton côté reviviscent. Rien ne t’entame. Une espèce de camembert trop fait qui se reconstitue au fur et à mesure qu’il coule.

Widergänger dit: à

Z’êtes jaloux c’est tout.

Remarquez, je vous comprends.

Mais pourquoi il se décarcasse dit: à

WGG,
Passou c’est fendu d’un lien sur une interview de Perec par Desgraupes qui date d’ailleurs d’avant le prix (comme quoi la télé de l’époque !)
Vous devriez consulter, treize minutes pour éviter quelques c…….

Chaloux dit: à

Qu’il est donc amusant!

Widergänger dit: à

Les infos sont de David Bellos, les analyses de moi !

Mais si elles ne vous conviennent pas mes analyses, contestez-les !

Mais on peut attendre longtemps…

De la pure méchanceté ! De la pure bêtise ! Du néant en conserve…

Widergänger dit: à

Oui, oui, je connais très bien le Desgraupes. Vous pas ! C’est ce qui nous sépare, mon petit chéri. T’es bête, moi pas…!

Ah la la dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 54 min

Alors pourquoi dites vous le contraire de ce que dit Perec.
Un besoin d’exister.

Widergänger dit: à

Vous m’amusez, bande de branquignoles…Dès que je publie un truc intelligent ici, il y a toujours toute une grappe de branquignoles qui se ruent sur le singe savant…

Vous êtes drôles et bêtes comme des petits enfants.

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 52 min
Les infos sont de David Bellos, les analyses de moi !

Donc j’avais raison.
Analyses au su uniquement de la version finale sur des écrits se rapportant à des versions antérieures, donc nulles.

Widergänger dit: à

Grandissez, mes petits chéris ! N’attendez à demain…

Widergänger dit: à

Des versions antérieures donc nulles…

Vous êtes vraiment très drôle !

Ah, j’en ai connu des oiseaux, mais des comme ça…!

Cheminement dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 22 h 03 min

Vos analyses sont nulles WGG, uniquement vos analyses.

Widergänger dit: à

Le plus drôle, c’est la réplique de Pompidou, à qui on vient d’apprendre que Perec travaille au CNRS. Il a cette réplique hilarante :
— Ah ! Je me doutais bien que c’était quelqu’un qui ne faisait pas grand-chose !

wdg sait de quoi il parle quand il dit: à

« Vous êtes plein de ressentiments. Vous devriez consulter. La rancœur n’est pas un signe de bonne santé mentale. »

Widergänger dit: à

Vous manquez un peu de méthode pour les analyser mes analyses… surtout quand on s’appelle Cheminement… Vous saisisez le jeu de mots ? Pas sûr…

Zoon dit: à

Ce qui m’amuse, Alba, c’est ton côté reviviscent. Rien ne t’entame. Une espèce de camembert trop fait qui se reconstitue au fur et à mesure qu’il coule. (Chaloux)

C’est joli mais la mise en forme laisse à désirer. Je proposerais pour ma part :

Ce qui m’amuse, Alba,
C’est ton côté reviviscent.
Rien ne t’entame.
Une espèce de camembert
Trop fait
Qui se reconstitue
Au fur et à mesure qu’il coule.
Ajoutons un parfum putride
Et quelques vers
Blancs.

Cheminement dit: à

Mais toute bonne méthode se crée par cheminement mon bon WGG.
Vous vous ne connaissez que celles enseignées par d’autres, qui donc vous tombent toutes crues dans le bec, faites un effort essayez la votre.

Cheminement se rapportait surtout à celui de Perec pour arriver au résultat final (sans méthode a priori)

C dit: à

Le crime est une convention, un insecticide, un remède contre le couple qui tue l’amour.

E dit: à

Grandissez, mes petits chéris ! N’attendez à demain…

Vous voulez rire? Au prix où sont les choses, il faudrait renouveler notre vestiaire sans penser au frais de chaussures quand enfin on en trouve de jolies qui sont confortables et assurent la possibilité d’un déplacement à la vitesse de 4 km/heure sans avoir l’air d’un sportif à l’entrainement!

Chaloux dit: à

Zoon dit: 13 août 2015 à 22 h 13 min

Que voulez-vous, ne suis pas poète.

Sergio dit: à

Widergänger dit: 13 août 2015 à 21 h 52 min
Du néant en conserve…

Ca c’est embêtant ça va aspirer l’ouvre-boîte d’un seul coup après chais pas comment on fait…

Sergio dit: à

Zoon dit: 13 août 2015 à 22 h 13 min
Et quelques vers
Blancs.

Ha non faut pas mettre la race ! Sauf dans le Потемкин…

Mon ombre dit: à

des fiches long comme la maison, mais dans les deux cas c’est à titre… amateur ! Passionnel

Refuser passionnément de voir ses obsessions en face c’est tout un programme avec moult regards de travers faut dire. Mais bon, ils n’étaient pas des mentors au moins ?

Qui c'est? dit: à

Mon cul dit: 14 août 2015 à 0 h 09 min

Tu l’as dit, bouffi.

Mon ombre dit: à

Qui c’est?

Qui s’en soucie ?…

Le vieux garçon qu'on appelle monsieur dit: à

son humour tragique

Faudrait penser à préciser s’il vivait ou non dans un petit monde paradisiaque où les gens ne sourient jamais autant que lorsqu’ils font la gueule sous les ordres, en cas d’opération marketing ce genre de détail peut avoir son importance.

En faire une Tanzakademie pour alliés, ça, c’est une question de volonté.

renato dit: à

Je me souviens de Joe Brainard et de son « I Remember ».

Attila dit: à

Quand ça veut pas ça veut pas !

Attila dit: à

WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWW
WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWW
WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWW

Souvenirs dit: à

renato dit: 14 août 2015 à 8 h 15 min
Je me souviens de Joe Brainard et de son « I Remember ».

Comme Perec donc.
Normal.

Bloom dit: à

Dresser des listes peut mener loin.

« Le huit (juillet, 868). Nawi furi, naige-no wen-oku, tokoro-dokoro taiha-siki. « La terre trembla, faisant crouler, ça et là, des maisons-clôtures à l’extérieur et à l’intérieur de l’enceinte du palais.
Le neuf. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le douze. Nawi furi-ki. « La terre trembla
Le treize. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le quinze. Rapports du pays de Harima (le sud-ouest du dépt. actuel de Hyôgo, pays voisin de Kyôto) : Le huit de ce mois, la terre trembla grandement. Sur nombre de bâtiments officiels ainsi que sur nombre de temples d’état, toutes les tourelles s’écroulèrent
Le seize. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le dix-huit. « Tonnères et pluies, la garde se déploya dans la cour impériale »
Le vingt. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le vingt-et-un. Nawi furi-ki. « La terre trembla » (ibid.)

Le six (août). Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le douze. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le quatorze. Nawi furi-ki. « La terre trembla »
Le quinze. Revue par l’empereur des chevaux du pays de Shinano (dépt. actuel de Nagano) dans le palais Shishin-den.
Le seize. Nawi furi-ki. « La terre trembla ». L’empereur fit venir soixante bonzes au Shishin-den et leur fit réciter, trois jours durant, les soûtra Hannya (pour conjurer les fléaux)
Le dix-sept. Incendie dans le palais-est. Le feu s’étendit et détruisit plusieurs maisons.
Le vingt-huit. Revue par l’empereur des chevaux du pays de Kôzuké (dépt. actuel de Gumma).
Le vingt-neuf. Nawi furi-ki. Kono-tsuki naga-amé furiki. « La terre trembla. Ce mois, la pluie fut continuelle » »

Traduction d’un passage des « Annales des trois règnes », une des six grande chroniques officielles de l’empire du Japon, compilée en 911, tiré du blog « philologie d’Orient et d’Occident ».
http://xerxes5301.canalblog.com/

DHH dit: à

Dans un de ses ouvrages autobiographiques Regis Debray raconte qu’ayant vécu (ou ayant frequenté un ami qui vivait) en colocation avec Perec, du temps où celui-ci était un inconnu qui galérait pour vivre, il avait trouvé un peu assommant et ridicule ce type qui fatiguait tout le monde avec des questions obsessionnelles sur des sujets dérisoires, dont la finalité lui échappait . Et dans son livre Regis Debray faisait un mea culpa penaud sur son manque de perspicacité qui l’avait empêché de déceler en Perec un esprit original et novateur ,

Zoon dit: à

Je doute que Perec ait jamais succombé au vertige taxinomique. Plusieurs textes recueillis dans « Penser/classer » instruisent d’ailleurs plutôt le procès de cette manie. Ce qui hante plutôt Perec, c’est le goût des énumérations autant que possible exhaustives, comme dans la description de l’intérieur de cette cave, dans « la Vie mode d’emploi », évoquée par Christiane. Enumérer n’est pas classer. On dirait que la frénésie énumératrice, chez Perec, répond au rêve impossible de tout sauver de l’oubli. Les énumérations de « la Vie mode d’emploi » respectent et magnifient le désordre vital. La vie est désordre, entassement d’autant plus émouvant qu’il est désordonné. Le classement a partie liée avec la mort.

DHH dit: à

@clopine
je souhaiterais faire appel à votre omniscience en matière proustienne pour que vous m’aidiez à retrouver dans la Recherche cette phrase un peu alambiqué » qui, savamment segmentée en vers libres, prend dans la » vie mode d’emploi » un air de poème oriental

F dit: à

C’est la cave dont il rêve, où en état de siège ou traqués comme les juifs l’ont été, il ne manquera d’aucune bonne chose pour un temps.

G dit: à

Le classement a partie liée avec la mort.

Si la vie comme vous l’affirmez est désordre, ce souci du classement a peut être quelque chose à voir avec une volonté d’en finir non avec la vie en désordre mais avec ce désordre subi, le chaos total de la guerre et la perte qui s’enracine chez lui dans l’enfance,la déportation de ses proches, parents, les privations. Ne rien perdre de ce qui résulte, de ce qui reste. Dans W il décrit l’ordre d’une société totalitaire dans laquelle rien n’est laissé au hasard, les êtres sont pris en charge et guidés strictement, l’organisation sociale ne laisse plus aucune chance à la liberté de choix, elle élimine les plus faibles dans l’encadrement de ses fonctionnements, eux-mêmes édictés de façon claire et sans qu’aucun puisse échapper au système.

Polémikoeur. dit: à

Pourquoi une capitale à « Toc » ?
D’abord, est-ce que les classements
ne sont pas… classables en deux catégories ?
D’une part, les voies de garage, archivages
au goût vague d’enterrement, et d’autre part,
les rangements pratiques pour conserver au cas où.
Là encore, la vie, la mort ?
Exister exige de respecter un certain ordre,
la question qui peut se poser est de savoir
en quelle proportion en fonction
d’une situation donnée.
Systhématiquement.

Zoon dit: à

A l’époque de la parution du livre, on a vu, à juste titre, dans « Les Choses », la critique de la société de consommation naissante. Or la société de consommation, c’est le triomphe du classement. C’est même ce qu’elle a de commun avec l’hitlérisme, dont elle est une version « soft » : l’un et l’autre nient la singularité individuelle et la liberté, mais tandis que l’un recourait à la coercition, l’autre se sert de techniques de persuasion de masse. Le mode de vie standardisé vanté par la société de consommation est aussi morne et désespérant qu’un rayon de supermarché. C’est cet embrigadement pseudo-démocratique que dénonçait « Les Choses », envers sinistre et tragique des énumérations jubilatoires et anarchisantes de « La Vie mode d’emploi ».

Polémikoeur. dit: à

En sait-on désormais assez
sur le fonctionnement de la mémoire
pour comprendre et être au clair
avec le besoin de classement ?
Mémoulipodechambrement.

Zoon dit: à

On ne dira jamais assez à quel point les livres de Perec sont des livres bouleversants. On ne sort pas indemne de la lecture de « La Vie mode d’emploi »ou de « W ou le souvenir d’enfance ». Ce sont des livres qui vous changent et qui vous révèlent à vous-même, qui vous renvoient au meilleur de vous-même. On sait que Perec est un de nos grands écrivains du XXe siècle, mais le sait-on assez ? Le place-t-on à son vrai rang, très haut ?

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…stratifications,!…bon, sang,!…à quels niveaux,!…

…fourmis, abeilles, gros lézard,!…raies ou requins,!…quels con-dors,…à leurres,!…
…ils se trémoussent encore,!…c’est pas l’heure,!…
…le petit prince à dit,!…
…puisque c’est ainsi,…nous reviendront demain,!…etc,!…

c'était avant la paupérisation dit: à

Des millions d’hommes, jadis, se sont battus, et même se battent encore, pour du pain. « Jérôme et Sylvie ne croyaient guère que l’ont pût se battre pour des divans Chesterfield. Mais c’eût été pourtant le mot d’ordre qui les aurait le plus facilement mobilisés.(…)
L’ennemi était invisible. Ou, plutôt, il était en eux, il les avait pourris, gangrenés, ravagés. Ils étaient les dindons de la farce? De petits êtres dociles, les fidèles reflets du monde qui les narguait. Ils étaient enfoncés jusqu’au cou dans un gâteau dont ils n’auraient jamais que les miettes. »
Les choses

c'était avant la paupérisation dit: à

« Des millions d’hommes, jadis, se sont battus, et même se battent encore, pour du pain. Jérôme et Sylvie ne croyaient guère que l’ont pût se battre pour des divans Chesterfield. Mais c’eût été pourtant le mot d’ordre qui les aurait le plus facilement mobilisés.(…)
L’ennemi était invisible. Ou, plutôt, il était en eux, il les avait pourris, gangrenés, ravagés. Ils étaient les dindons de la farce? De petits êtres dociles, les fidèles reflets du monde qui les narguait. Ils étaient enfoncés jusqu’au cou dans un gâteau dont ils n’auraient jamais que les miettes. »
Les choses

Polémikoeur. dit: à

Ne se bat-on pas un peu partout et à chaque instant
pour ou autour d’un téléphone portable ?
Chosettement.

G dit: à

Jubilatoires, La vie mode d’emploi ramasse tout de même les vie des différents habitants de l’immeuble à si peu d’espace, laissant cette impression en dépit de la profusion d’énumérations et de détails dont est capable Perec qui outre un travail de recherche vraisemblable devait être hyper mnésique et archi-cultivé, que la vie des gens, qu’elle qu’en soit la condition et elles trouvent toutes dans ce livre leur résumé, c’est ce peu, ces quelques lignes conductrices, ces trajets jalonnés par l’habitude, quelques évènements communs à tous, elles manquent de déploiement comme sagement réduites par l’acceptation et par l’absence de vie intérieure alors même que Pérec campe le tout dans un intérieur, l’immeuble, le seul à pouvoir s’échapper puisque totalement libéré de la contrainte économique ne trouve comme but que peindre des marines de différents points de vue qui justifient son tour du monde pour après revenir finir au point d’ancrage initial.

la vie dans les bois dit: à

Deux initiales sur un sac…
Sergio, c’est en parcourant un cours de master informatique, programmation par L’objet, que cette histoire d’archiviste prend une tournure qui me plait bien. Qu’en pensez-vous?

G dit: à

10h03 c’est assez réaliste, en période de soldes on se bat pour un frigo, une télé, on s’arrache les pull-over. Choisir des endroits luxueux, là où l’on peut encore espérer des consommateurs civilisés et soucieux du savoir-vivre jusqu’à en respecter les règles y compris en périodes critiques et périlleuses.

H dit: à

Programmation par l’objet, je n’ai fait qu’un peu de PNL mais si vous disposiez de la disponibilité suffisante à nous proposer un lien généreux en explications quant à ce type de programmation, vous nous seriez d’une aide profitable.

Un-petit-tour-et-puis-s'en-va dit: à

« Un étrange débat » sur le forum…ce qui me sidère, c’est qu’Assouline lise encore ce qui s’écrit dans ce forum. A chaque fois que j’y retourne, la même
litanie sans queue ni tête issue d’un petit monde prétentieux et vain.

Toute cette micro société qui se pousse du col. Chacun se marche dessus pour paraître le plus subtil, érudit, hors-norme. Et on s’insulte à grand coups de citations d’auteurs qui n’auraient jamais imaginé être mêlés à une telle basse-cour… évidemment frustrés, mais de quoi? « …voudrait bien avoir l’air, mais n’a pas l’air du tout. »
Le forum de Passou: le salon des Verdurin, version web…

H dit: à

Sergio? Auriez trouvé de nouveaux couverts Guy Degrenne?
La situation devient soudainement inquiétante, je me fais du souci pour vous, votre direction et celle du vent.

equivalence dit: à

H dit: 14 août 2015 à 10 h 34 min

PNL et programation objet sont sur un bateau.

Comme dab H.R. tombe à l’eau.

I dit: à

Toute cette micro société qui se pousse du col.

Microsoft bien sûr, après Vivagel si préférez les surgelés à ces prétendues prétentions qui certes se manifestent aussi mais pas tout le temps. L’utilisation de ce genre d’endroit donne aussi la mesure d’une certaine solitude, de l’absence d’interlocuteur direct.

A la revoyure dit: à

Un-petit-tour-et-puis-s’en-va dit: 14 août 2015 à 10 h 36 min

Merci pour votre visite et à la prochaine.
Vous ne nous manquerez pas trop, à la différence de nous pour vous.

la vie dans les bois dit: à

Sergio, à la réflexion, je ne pense pas que ce smalltalk puisse ici avoir un écho favorable. Je le déplore, tout autant que de me faire interpeller dans la rue par une pocharde, la bave aux lèvres. Là où je suis, il fait à peine chaud, j’sais pas chez vous?

J dit: à

Pas de changement de climat à Lamalou, je puis vous rassurer. La piscine est à point.

H dit: à

LDVB je dispose d’un bilan hépatique immaculé pour ainsi dire et au risque de vous décevoir, cherchez l’insulte dans un autre registre, l’état civil, le casier judiciaire, un passé tourmenté mais cependant honnête, de sales habitudes comme les doigts dans le nez, je n’ai jamais été mariée, quelques difficultés, et je respecte les lois en vigueur, je travaille trop et ne lis pas assez, ma mémoire n’est pas type top, je ne dispose d’aucun carnet d’adresses, n’ai jamais couché avec cronopes et fameux, ne suis que d’une insignifiance significative qui peut servir, il faut bien une altitude zéro pour que d’autres pointent au dessus.

jem dit: à

Perec est un des rares écrivains à avoir eu une postérité remarquable qui se revendiquait volontiers de lui : par exemple, le bref et impressionnant Edouard Levé.

la vie dans les bois dit: à

Qui se revendiquent…
Voilà autre chose.

la vie dans les bois dit: à

Sinon, Villard de Lans est une chouette bourgade.

Bon week-end dit: à

Un-petit-tour-et-puis-s’en-va dit: 14 août 2015 à 10 h 36 min

Micro-sociétaire toi-même?
( Et la frustration de tous ceux qui se croient au-dessus du lot et qui lisent tout ici de a à z sans jamais mot dire.)

Les yeux fatigués dit: à

DHH, « omniscience » est vraiment exagéré, parce que, si j’ai lu et relu la Recherche, c’est vrai, je n’en ai pourtant qu’une connaissance « empirique » – sans le recours d’un savoir universitaire comme le vôtre en grammaire, par exemple, et sans l’érudition d’un Patrice Louis. Parfois, j’en souffre, parfois, je trouve que ce rapport direct, « ingénu », avec le texte, le rend moins intimidant, et donc plus accessible…

Bien.

Si je comprends bien votre demande, il y a une phrase de la Recherche que Perec a cité, sous forme de poème, dans la Vie Mode d’Emploi, et vous voudriez savoir où il l’a trouvée, est-ce bien cela ?

Il faudrait me donner cette phrase, alors. Je n’ai pas lu « la vie Mode d’Emploi » (mais les Choses, oui), et ne vois donc pas à quelle phrase précise vous faites allusion.

Sinon, à votre entier service, bien entendu !

Chaloux dit: à

Un-petit-tour-et-puis-s’en-va dit: 14 août 2015 à 10 h 36 min

Le petit Adolf de Robespierre était un charmant enfant. Je l’ai bien connu.

Widergänger dit: à

Dire que le classement c’est la mort, c’est aller trop loin. Que seraient la botanique et la zoologie sans l’idée de classement ? Tout classement présuppose une pensée avec des catégories qui permettent de classer des objets. C’est la vie de la pensée. Non la mort.

@DHH, Régis Debray ne faisait pas partie de la faune de copains qui gravitait autour de Perec mais il en était dans ses marges, et qu’il ridiculise au passage dans Les Choses. Ils se réunissaient à Normale Sup autour d’un projet politique, la Lg (Ligne générale). C’était un groupe d’une quarantaine de personnes, qui s’était constitué autour de Perec et de Kleman. Tous étaient juifs sauf Claude Burgelin, qui venait d’un autre milieu. Trois d’entre eux avaient perdu leurs parents dans la Shoah et pratiquaient une forme de dérision, se moquant d’eux-mêmes et des autres, que Claude Burgelin ne tarda pas à assimiler à l’essence de la yiddishkeit. C’est dans cette bande de copains que prit naissance un certain ton qu’on retrouve dans son roman.

Attila dit: à

Il est frappant de voir que tous le extraits que nous avons donné ici des « Choses » sont de véritables morceaux d’anthologie : très pensés, travaillés et ressentis !
Oui, mon parallèle avec « La place de l’Etoile » de Modiano ne tient pas vraiment, WGG. Chez Perec, le coup d’essai était déjà (quasiment) un coup de maître !

Attila dit: à

Ue biographie de Georges Perec par Pierre Assouline, ça pourrait avoir de la gueule, non ?

je lâche ma gourme dit: à

( Et la frustration de tous ceux qui se croient au-dessus du lot et qui lisent tout ici de a à z sans jamais mot dire.)

Attila dit: à

De Perec, il faut lire à haute voix « Un homme qui dort », c’est encore plus fort ! Il y a bien sûr le film, avec Jacques Spiesser.
Je me demande si le Koltès du monologue de « La nuit juste avant les forêts » ne s’en est pas largement inspiré ?

Attila dit: à

L’influence de l’oeuvre de Georges Perec dans le dernier quart du XXe siècle est encore à déterminer…

Attila dit: à

AUTOBIOGRAPHIE POSTHUME DE PEREC

« Pendant plusieurs années, j’ai noté les rêves que je faisais. Cette activité d’écriture fut d’abord sporadique, puis devint de plus en plus envahissante : en 1968, je transcrivis cinq rêves, en 1969, sept, en 1970, vingt-cinq, en 1971, soixante !
Je ne sais plus très bien ce que je croyais pouvoir attendre, au début, d’une telle expérience : d’une façon plutôt confuse, elle me semblait venir s’inscrire dans un projet autobiographique détourné, entrepris depuis quelque temps déjà et dans lequel je tentais de cerner ma propre histoire, non pas en la racontant à la première personne du singulier, mais au travers de souvenirs organisés thématiquement : par exemple, souvenirs et devenirs de lieux où j’avais vécu, énumération des chambres dans lesquelles j’avais dormi, histoire des objets figurant ou ayant figuré sur ma table de travail, histoire de mes chats et de leur descendance, etc., comme si, à côté de ces autobiographies limitrophes et fragmentaires, mes récits de rêves avaient pu constituer ce que j’appelais alors une autobiographie nocturne.
Plus tard, en mai 1971, j’entrepris une analyse et il m’apparut alors que cette fièvre de transcription en avait été le signe avant-coureur, l’amorce, le prétexte. Sans doute attendais-je, comme tout le monde, que ces rêves me racontent, m’expliquent, et peut-être même me transforment. Mais mon analyste ne pris pas ces récits en considération : ils étaient trop soigneusement empaquetés, trop polis, trop au net, trop clairs dans leur étrangeté même, et il me semble que je peux dire aujourd’hui que mon analyse ne commença que lorsque je parvins à en expulser ces rêves-carapaces.
Je ne parlerai donc pas du contenu de mes rêves ; s’ils furent un jour déchiffrables, c’est lorsqu’ils purent devenir parole balbutiante, mots longtemps cherchés, hésitations, sensations oppressantes, et non plus phrases trop léchées, textes trop bien ponctué où ne manquaient jamais le titre ni la date.
Mon expérience de rêveur devint donc, par la force des choses, seule expérience d’écriture : ni révélation de symboles, ni déferlement du sens, ni éclairage de la vérité (encore qu’il me semble que, très loin sous ces textes, est décrit un chemin parcouru, une recherche tâtonnante), mais vestige d’une mise en mots, fascination d’un texte qui semblait se produire tout seul : sauf en de rares occasions où je retrouvais au réveil quelques mots griffonnés dans un demi-sommeil et dont rien n’émergeait, le rêve entier et intact resurgissait d’un détail ou d’un mot au moment même où j’entreprenais de le transcrire, comme une image fulgurante à laquelle venaient instantanément s’associer toute une série de figures familières, de thèmes récurrents, de sensations étonnamment précises : chaque fois il me semblait que je captais avec une aisance enchanteresse ce qui avait été la matière même du rêve, ce quelque chose d’à la fois flou et tenace, impalpable et immédiat, tournoyant et immobile, ces glissements d’espaces, ces transformations à vue, ces architectures improbables. Même si, par cette mise en écriture définitivement pervertie par sa rigueur même, je m’excluais à jamais de la « voie royale » que ces rêves auraient pu être, il me semble que je trouvais au cœur de cette « inquiétante étrangeté » qui façonne et élabore nos images de la nuit, au cœur d’une rhétorique précisément onirique qui me faisait parcourir tous les rêves possibles : des rêves cinglants, des rêves sans os, des rêves pétrifiés.
Ils sont aujourd’hui, depuis bientôt six ans, devenus livre, et curieusement loin de moi. Je ne me souviens presque plus que ce furent des rêves ; ils ne sont plus que des textes, stricts et troubles, à jamais énigmatiques, même pour moi qui ne sait plus toujours très bien quel visage rattacher à telles initiales, ni quel souvenir diurne inspira sourdement telle image évanouie dont les mots imprimés, figés une fois pour toutes, ne donneront plus désormais qu’une trace à la fois opaque et limpide. »
(« Je suis né », Editions du Seuil, 1990)

Widergänger dit: à

Il faut dire que Perec avait déjà une certaine expérience de l’écriture puisqu’il avait écrit déjà deux livres : L’attentat de Sarajevo et Gaspard, non publiés, mais parfois âprement discutés avec des éditeurs et non des moindres comme François Wahl au Seuil, Luc Estang et Georges Lambrichs. Il disposait donc déjà d’un regard critique de premier ordre sur son travail.

Ce qui a rendu difficile Les Choses pour des lecteurs aguerris comme Lambrichs, c’est à mon sens deux choses (si je puis dire) : d’abord le fait comme l’écrit Lambrichs que ses personnages n’ont pas de psychologie, qu’ils se définissent presque entièrement par leur comportement consumériste comme un héritage lointain de la manière d’Hemingway, ce qu’on a jusqu’à présent peu remarqué, ensuite le fait que malgré cette absence de psychologie, son récit ne ressemblait pas au style du Nouveau Roman à la Robbe-Grillet. Il venait fiche un peu le bazar dans les classements de l’époque…

Attila dit: à

Le texte ci-dessus fut publié dans mon « Goût du rêve », sous le commentaire suivant : « Longtemps, Georges Perec a consigné ses rêves. Ces rêves, devenus textes, constituèrent la matière de son livre La Boutique obscure (1973). A l’exception de W ou le souvenir d’enfance, rares sont les ouvrages où Georges Perec parle directement de lui. L’extrait suivant fut publié dans le Nouvel Observateur du 22 janvier 1979, sous le titre rédactionnel : « Mon expérience de rêveur ». Retitré Le rêve et le texte, il figure désormais parmi les articles et les entretiens à caractère autobiographiques réunis dans Je suis né, un livre paru après la mort de l’auteur, en 1982, à l’âge de 45 ans. »

DHH dit: à

@clopine
je n’arrive pas à croire qu’une personne aussi cultivée que vous n’ait pas lu ce roman somme qu’est la vie mode d’emploi.
je l’ai empoigné un vendredi soir et je l’avais terminé à la fin du week-end .
c’est pour moi le seul souvenir d’une lecture qui au fur et à mesure qu’elle avançait suscitait en moi une addiction aussi tyrannique .
puisque vous ne pouvez me repondre et que je ne pense pas que quelqu’un sur la RDL puisse le faire à votre place ,je vais chercher avec les moyens du bord (je suis en vacances sans accès à la recherche ) et je vous tiendrai au courant

Attila dit: à

Et je crois que Houellebecq doit aussi beaucoup à Perec ?

Chaloux dit: à

Jacquot, dans le même genre, Les Songes et les Sorts de Marguerite Yourcenar, recueil que Gracq a jugé « estimable »dans En lisant en Ecrivant, surtout peut-être pour le dossier de notes ajouté dans la Pléiade.

Les yeux fatigués dit: à

Peut-être pouvez-vous vous rendre sur le blog « le fou de Proust », où de multiples entrées de la Recherche s’ouvrent à vous, DHH ?

Vous savez, je ne suis certes pas aussi « cultivée » que vous voulez bien le croire. Mais néanmoins, même l’érudition la plus complète comporte des lacunes. Et c’est d’ailleurs, à mon sens, une chance : parce qu’ainsi la découverte, la surprise, sont toujours devant vous.

L’horreur, pour moi, n’est pas de ne pas savoir, mais de ne pas éprouver de curiosité… Je m’en vais télécharger de suite cette Vie Mode d’Emploi !

(perso, le dernier livre que j’ai ouvert sans pouvoir rien faire d’autre que lire, avant de le refermer à la page de « fin », c’est « pas pleurer » de Lydie Salvayre. Mais bien d’autres livres me font cet effet-là !)

Attila dit: à

Chaloux, j’avais aussi mis cet extrait de Marguerite Yourcenar dans mon « Goût » du rêve :

« Je suis dans une chambre, au chevet d’un lit, avec l’homme que j’aime. Je suis couchée dans ce lit, gagnée par ce tremblement de bête hypnotisée qui s’empare de la femme en présence de l’amour. Nous venons d’assister à la représentation d’un cirque forain dont la musique bruyante continue à ronfler sous nos fenêtres ouvertes. Nous sommes sortis avant la fin, laissant deux clowns s’empoigner par leur longue tignasse blonde. Il pleuvait : mes vêtements trempés traînent sur le parquet, et mes souliers humides sont là, encore chauds d’avoir été portés. Tout à coup, la musique enrouée s’arrête, remplacée par le piétinement innombrable d’une foule qui s’écoule là-bas hors des portes de toile peinte ; les milliers de pas étouffés, comme feutrés de pantoufles, résonnent sourdement dans la rue qui n’est plus qu’une grande flaque luisante. Puis, l’obscurité se rabat comme un volet, les réverbères en bas s’éteignent, et je n’ai plus sous les yeux qu’un carré de ciel noir. Mais une petite lampe électrique brûle à la tête du lit. Mon compagnon étend le bras comme pour écarter ou désigner quelque chose, et ce geste déplace et fait vaciller la lumière de la lampe, comme s’il s’agissait de la flamme d’une chandelle. Alors, je m’aperçois que mon ami n’est pas, au sens précis du mot, vêtu, mais seulement enveloppé d’innombrables bandelettes, comme une sorte de momie d’Apollon. Ces minces toiles étroitement serrées comme celles des morts égyptiens ou comme les bandes molletières des coureurs cyclistes et des soldats sont partout recouvertes de signes noirs et serrés comme les caractères d’un grimoire, et cette profusion de lettres indéchiffrables me fait penser aux spirales de papier de journal qu’on enroulait autour de nos jambes d’enfants pour nous garantir du froid. A mesure que mon compagnon se déshabille, ou plutôt déroule patiemment ces bandes interminables qui s’entrecroisent en tous sens autour de son corps, le plancher mal éclairé se recouvre d’un tas pareil aux pansements qui traînent au chevet des blessés. Mais il se lasse enfin de ce lent dévidement compliqué, et il se contente désormais de se frotter vigoureusement les bras, la poitrine, les cuisses, enlevant d’un seul revers de main l’épaisse pâte molle qui s’écrase comme le papier malade des vieilles affiches, ou comme des bouts de journaux devenus tout humides à force d’avoir collé aux tiges des bouquets de fleurs. Ce simple frottement suffit à enlever à ce corps dense et dur toute trace d’humanité en même temps que de vêtements, lui restitue sa force et sa nudité de dieu. Il s’allonge sur moi avec l’indifférence d’un homme fatigué qui s’étend sur un lit ; je serre entre mes bras, entre mes genoux, ce corps plus aimé que Dieu, plus important que ma propre vie, et l’ineffable excès de mon bonheur me réveille, ce qui est sans doute, en rêve, la seule façon de s’évanouir. »
(« L’Amour et les Bandelettes » in « Les Songes et les Sorts », Editions Bernard Grasset, 1938)

christiane dit: à

zoon,
bien aimé votre lecture de Perec.
Dans La vie mode d’emploi, l’atelier de Hutting est de loin ma pièce préférée, surtout ce final qui pour moi, éclaire la recherche de Perec. Ce sont les dernières lignes. (6e partie -chapitre XCVII – Hutting, 4) :

« Une grande toile, intitulée Eurydice, dont il se plait à dire qu’elle restera inachevée.
La toile représente une pièce vide, peinte en gris, pratiquement sans meubles. (…) Sur le mur du fond un tableau représentant un paysage avec un coucher de soleil. A côté, une porte à demi ouverte, par laquelle on devine qu’Eurydice, il y a un instant, vient de disparaître à jamais. »

Cet emboitement d’une toile dans l’autre, ce passé où des portes à demi ouverte ont laissé disparaitre son passé à jamais.
Merci de vos commentaires en voix off par rapport au billet. De l’ombre dans la lumière de la lampe qui se pose sur ses livres.

Pour DHH,
dans la 4e partie, cette pastourelle de Villart :
Quand la douce saisons fine,
Que le fel yver revient,
Que flors et fuelle décline,
Que ces oiselez ne tient
De chanter en bois n’en broil,
En chantant si com je soil,
Tot seus mon chemin erroie.

Dans la 5e partie, un sizain :
A voir leurs soubresauts bouffons
Qui ne diroit que ces Poupons
Auroient bon besoin d’Ellebore ;
Leur corps est pourtant bien dressé
Si, selon que dit Pythagore,
L’homme est un arbre renversé.

Je cherche si dans d’autres parties (là je recherchais l’atelier de Hutting dans la 4e ou 5e) il y en a d’autres. Mais dans ces deux-là je ne vois pas l’ombre de La Recherche !

Attila dit: à

Tentatives d’épuisement des lieux parisiens, j’adore !

« Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des finances, un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église à laquelle ont travaillé Le Vau, Gittard, Oppenord, Servandoni et Chalgrin et qui est dédiée à un aumônier de Clotaire II qui fut évêque de Bourges de 624 à 644 et que l’on fête le 17 janvier, un éditeur, une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d’autobus, un tailleur, un hôtel, une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens (Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon), un kiosque à journaux, un marchand d’objets de piété, un parking, un institut de beauté, et bien d’autres choses encore. »

Chaloux dit: à

ce soir, Arte repasse La Recherche de Nina Companeez. Impossible de le regarder, mais je l’enregistre, surtout pour Dominique Blanc et ses éclairs de génie dans le rôle de Mme Verdurin (il y a une scène de rire absolument démente).

A bientôt,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*