de Pierre Assouline

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« Guerre » et la guerre, clés de Louis-Ferdinand Céline

« Guerre » et la guerre, clés de Louis-Ferdinand Céline

Pas un fond de tiroir ni un rogaton, Guerre (édition de Pascal Fouché, avant-propos de François Gibault, 182 pages, 19 euros, Gallimard) de Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), premier de ses textes inédits exhumés l’an dernier, est incontestablement une pièce d’un des puzzles les plus fascinants de l’histoire littéraire du siècle passé. Un chainon manquant dans la geste autobiographique de l’écrivain.

Ferdinand, seul rescapé d’une compagnie décimée par un obus allemand pendant la première guerre mondiale, rencontre dans son errance un soldat anglais avec lequel il se rend à Ypres avant d’être soigné. Même si cela commence sur la ligne de front, l’essentiel du récit se déroule à l’arrière, dans des hôpitaux de campagne non loin du front à Peurdu-sur_la Lys, transposition de Hazebrouck (Nord) où le soldat Destouches se remit de ses blessures.

Les mots sont ceux des chambrées, seulement un peu plus. Ceux que cela choque n’ont qu’à aller se promener du côté du Feu (Prix Goncourt 1916) d’Henri Barbusse. Dans Guerre, le sexe comme ultime source de vie est partout dans un univers où la mort rôde tout le temps. Les femmes en sortent laminées mais il n’y en a pas que pour « les grognasses » et « les pouffiasses » ; pour les hommes aussi, que « des cons », des jaloux, des héros de pacotille, des matamores, sans oublier « les bicots » ; Cascade, le personnage de souteneur, est pathétique ; mais un #balancetonCéline n’est même pas à redouter tant il a déjà connu pire.

Premier jet daté de 1934, rageur, hésitant, tâtonnant, inégal, peu ponctué, il nous parvient dans un style flottant, incertain, entre deux eaux comme d’un auteur qui doute et se cherche. Ce serait compréhensible d’un débutant mais cela intrigue chez celui qui, un an avant, a publié Voyage au bout de la nuit qui l’a révélé aux jurys, à la critique, au public. Mais on y retrouve déjà toute sa violence à commencer par celle qu’il fait subir à la langue. Puissant, crépusculaire, cru, salace, obscène… Dès l’entame, on est plongé dans les carcasses d’homme à vif, le cru de la viande, les lambeaux de membres, des bides sondés qui débordent comme des cuves à confiture, la foire aux crevés, autant de pelures de vie. La boue, le dégueulis, le sang, la merde…

Paradoxalement, ce manuscrit difficilement déchiffrable doit aussi sa réussite à son inachèvement. Rescapé d’une improbable épopée à l’issue de laquelle il a récemment réapparu soixante-dix-sept ans après avoir été abandonné par l’écrivain dans la précipitation de son départ pour Sigmaringen et volé dans la folie de la Libération, il a la bonne distance : 131 pages (même si le livre publié en compte 184 avec ses annexes). De quoi lui conserver sa vivacité, son élan, sa rapidité. Des qualités qui se seraient peut-être estompées si l’auteur avait eu le loisir de le reprendre, de l’amplifier, de lui conférer une rigueur qui lui fait défaut. Au lieu de quoi il a préféré l’interrompre et le mettre de côté pour se consacrer à l’écriture de ce qui sera son chef d’œuvre (Mort à crédit). Destouches s’apprête à devenir vraiment Céline et l’ancien maréchal des logis, un écrivain. Mais la guerre est encore en lui. Jamais elle ne le quittera jusqu’à son dernier souffle. Tout l’y ramène. Elle est à la clef de l’homme, donc de l’œuvre. On le savait déjà par sa correspondance notamment. On en a là la confirmation.

De l’autobiographie saisie par l’exagération. Il disait avoir « mille pages de cauchemars en réserve ». On n’ira pas vérifier si les infirmières branlaient effectivement les blessés dans leur lit pour les soulager un peu- ni si elles étaient aussi lubriques que l’Espinasse et si les déserteurs étaient fusillés en série. Le plus souvent, en en rajoutant, il noircit tableau déjà bien sombre, comme à son habitude. Au passage, il renforce l’une des légendes les plus tenaces qu’il n’a pas découragées. Grièvement blessé au bras droit par une balle alors qu’il était seul (et non par un obus qui aurait anéanti sa compagnie), l’ouïe en compote, il a réellement subi de violents chocs qui lui ont infligé « ma torture de tête », de quoi lui valoir à vie névralgies, céphalées, acouphènes mais certainement pas de trépanation.

Récit de guerre et roman de convalescence autant que chronique provinciale, Guerre autorise une méditation sur la perte de la dignité et de toute humanité tant sur le champ de bataille que dans l’outre-monde des séquelles. Qu’il s’agisse d’un chapitre retranché du Voyage au bout de la nuit (prix Renaudot 1932) , d’un avant-goût de Mort à crédit (1936) ou plus vraisemblablement du premier jet d’un roman complet à venir mais jamais advenu (« je raconterais… » surgit à plusieurs reprises), c’est un récit qui se suffit à lui-même- contrairement aux fameux 75 feuillets inédits de Proust récemment découverts et publiés qui n’ont d’intérêt que pour les généticiens de la littérature.

Tiré à l’origine à 80 000 exemplaires, Guerre a vu son tirage épuisé le jour de sa sortie. Depuis, le nom de Céline caracole en tête des listes de meilleures ventes dans la catégorie « fiction » des nouveautés, ce qui a quelques chose d’irréel en 2022. La critique a été abondante et globalement enthousiaste à quelques exceptions près. Ce livre plaira d’autant moins aux habituels contempteurs de l’écrivain qu’en émerge le portrait d’un pacifiste traumatisé et non celui, tellement plus pratique à écarter du canon littéraire, d’un antisémite pathologique. Célinophobes s’abstenir, donc. Guerre ne vous réconciliera pas avec le bonhomme. Une fois n’est pas coutume, il n’en ressort pas coupable mais victime : blessures de guerre, vol de manuscrit… Pour ceux qui portent un jugement exclusivement moral sur l’homme et l’oeuvre, étant entendu qu’ils ne font qu’un, c’est embêtant. Mais il y avait urgence à le publier. Le 1er janvier 2032, toute son œuvre tombera dans le domaine public.

P.S : On pourra prolonger la lecture de Guerre par l’exposition consacrée aux « Manuscrits retrouvés » à la galerie Gallimard à Paris jusqu’à la mi-juillet 2022 et par le colloque que la Société d’études céliniennes  sur « Céline et les arts » qui se tiendra du 29 juin au 2 juillet prochains à l’Espace Saint-Martin à Paris. On trouvera ici le programme et on pourra y télécharger les résumés des interventions.

(« Céline pendant la guerre (troisième à droite) et une page du manuscrit de Guerre« , Photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature de langue française.

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commentaires

1 342 Réponses pour « Guerre » et la guerre, clés de Louis-Ferdinand Céline

rose dit: à

Bloom

Et l’Écosse dans votre entraînement ?

et alii dit: à

paquerette
Daisy Miller (Daisy Miller: a study) est un roman court d’Henry James, d’abord publié sous forme de feuilleton dans le Cornhill Magazine à partir de juin 1878. C’est le premier grand succès de James.

D. dit: à

Il y en a marre de Louis-Ferdinand Céline.
J’exige que l’on change de billet dans les meilleurs délais.

et alii dit: à

court métrage « Pull my daisy » de Robert Franck et Alfred Leslie
Tourné en 1959, ce film culte de la Beat Generation réunit la fine fleur de la contre-culture américaine : Gregory Corso, Allen Ginsberg, Robert Franck, (etc.) accompagnés du commentaire improvisé et poétique de Jack Kerouac.

D. dit: à

Jack Kerouak, ça fait beaucoup de keu, non ?

D. dit: à

Je n’aurais pas aimé m’appeler comme ça.

et alii dit: à

À l’occasion de la Journée mondiale des océans, ce mercredi 8 juin, gros plan sur une entreprise artisanale guérandaise qui fournit les plus belles tables.
le point

lmd dit: à

Et me voilà à causer des pâquerettes !
Le ras des pâquerettes ne nécessite pas d’interprétation, c’est simplement que les pâquerettes sont des plantes tapissantes, avec une très courte tige qui ne les laisse pas dépasser beaucoup du reste du gazon ; encore faut-il distinguer la fleur (petite) et la tige (courte).

renato dit: à

La pâquerette est courte sur patte — comme le teckel, qui est court sur pattes, lui.

et alii dit: à

avez vous remarqué que les moutons tondent scrupuleusement les prairies sans manger les paquerettes?(au moins dans le VEXIN NORMAND)
C’EST cA LE SAVOIR VIVRE NATUREL

renato dit: à

Peut-être que le parfum ne leur convient pas…

et alii dit: à

et elle partage l’affection d’Andersen comme la petite sirène:
« Elle était contente, aspirait avec délices la chaleur du soleil, et écoutait le chant de l’alouette qui s’élevait dans les airs.
Ainsi, la petite pâquerette était heureuse comme par un jour de fête, et cependant c’était un lundi. Pendant que les enfants, assis sur les bancs de l’école, apprenaient leurs leçons, elle, assise sur sa tige verte, apprenait par la beauté de la nature la bonté de Dieu, et il lui semblait que tout ce qu’elle ressentait en silence, la petite alouette l’exprimait parfaitement par ses chansons joyeuses. Aussi regarda-t-elle avec une sorte de respect l’heureux oiseau qui chantait et volait, mais elle n’éprouva aucun regret de ne pouvoir en faire autant.
« Je vois et j’entends, pensa-t-elle ; le soleil me réchauffe et le vent m’embrasse. Oh ! j’aurais tort de me plaindre. »
En dedans de la palissade se trouvaient une quantité de fleurs roides et distinguées ; moins elles avaient de parfum, plus elles se redressaient. Les pivoines se gonflaient pour paraître plus grosses que les roses : mais ce n’est pas la grosseur qui fait la rose. Les tulipes brillaient par la beauté de leurs couleurs et se pavanaient avec prétention ; elles ne daignaient pas jeter un regard sur la petite pâquerette, tandis que la pauvrette les admirait en disant : « Comme elles sont riches et belles ! Sans doute le superbe oiseau va les visiter. Dieu merci, je pourrai assister à ce beau spectacle. »
Et au même instant, l’alouette dirigea son vol, non pas vers les pivoines et les tulipes, mais vers le gazon, auprès de la pauvre pâquerette, qui, effrayée de joie, ne savait plus que penser. »
https://short-edition.com/fr/classique/hans-christian-andersen/la-paquerette

et alii dit: à

avant queje n’oublie de vous le signaler, renato, parce que je pense que ça vous intéressera, la video deP.Jorion sur la formation des prix, Aristote, mais aussi sur la vérité,
« les possédés et leur monde (livre6) »
https://www.pauljorion.com/blog/

D. dit: à

Je n’ai rien contre ce Jack Kerouak.
Je constate simplement que que que. C’est tout. Cela ne va pas plus loin que ça.

D. dit: à

Ce n’est pas de ma faute. C’est un constat : rouak rouak. Ou rouac rouac. Mais ça revient au même.

Jean Langoncet dit: à

Quand Jack Kerouac parle de Louis Ferdinand Celine (en français)
Quand Jack Kerouac parle de Louis Ferdinand Celine

D. dit: à

Oui bon et alors ?

D. dit: à

De toutes façons nous allons changer de sujet d’un instant à l’autre. C’est imminent.

D. dit: à

J’ai vu dans les astres qu’il sera question de Rebatet. Mais il y a une incertitude à cause d’uranus en 18ème décan des Poissons.

D. dit: à

19ème, pardon.

renato dit: à

Les sorciers de la pluie ne devinent pas le moment où la pluie tombera, ils savent, qu’étant donné certains signes, quand pluie tombera.
C’est comme les sourciers, d’un coup d’œil il comprennent le sous-sol et ils font semblant de souffrir en dansant avec une blanche de saule…
Les uns et les autres parfois se trompent.

Jean Langoncet dit: à

@Medvedev ne mâche pas ses mots pour expliquer ses positions dures contre l’Occident. « On me demande souvent pourquoi mes publications sur Telegram sont si dures(…) »

On peut s’en contrefoutre de l’avis, mou ou dur, d’un énième homme de paille de Poutine et de sa clique de mafieux emportée par son élan funeste. La réalité de la guerre, c’est autre chose. Des dizaines de milliers de morts, civils et militaires, des millions de réfugiés, plus de dix millions de déplacés, des dizaines de milliers de déportés … et des milliards de dollars

Patrice Charoulet dit: à

« Ils contrôlent le gouvernement. »

Le gouvernement s’est offert une pleine page, la dernière , du « Parisien » et de sa version provinciale « Aujourd’hui en France ». Pourquoi ? Pour expliquer avec des images (façon BD) et quelques dizaines de phrases, l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur les élections législatives. Je n’ai rien apppris ,mais l’intention est louable : quelques lecteurs ont peut-être appris quelque chose. Toutes les phrases sont vraies ,simples, indéniables.
Une remarque toutefois : Dans les diverses missions des députés, je lis : « Ils contrôlent l’action du gouvernement. »Oui, souvent, très souvent, sauf quand le parti gouvernemental ou présidentiel a une majorité parlementaire écrasante.Dans ce cas-là, le contrôle est des plus minces et les députés sont fatalement godillots.
C’est arrivé en 2017, mais d’autres fois aussi depuis 1958. C’est un avantage pour tout gouvernement, mais un inconvénient pour le « contrôle parlementaire » dont il est parlé dans cette page.

renato dit: à

Medvedev ne dit que l’émotion actuelle d’une partie de la population. La réalité de cette guerre n’est que la conséquence de cette émotion.

D. dit: à

Qu’est-ce ki raconte, renzto ? Comprebds rien.

D. dit: à

Il a toujours des idées bizarres exprimées pas clairement. Et il boudrait qu’on lui dise ah oui oui oui comme c’est juste comme c’est vrai.

renato dit: à

Évidemment, la Russie n’a pas l’expérience de la culture gréco-romaine et son christianisme est plutôt frustre (voir Glenn Gould), mais l’émotion articule la pensée nonobstant ces retards.

D. dit: à

La dernière fois que j’ai à peu près compris ce qu’il voulait dire c’est quand il a parlé de vol-au-vent.

D. dit: à

Il en rajoute des louches, tout y passe, Glenn Gould, la pensée nonobstant, le christianisme, dont il a toujours été incapable de comprendre la plus petite parcelle… faut faire preuve d’abnégation je vous jure.

D. dit: à

Enfin bon nous allons passer au billet suivant dans peu de temps. Heureusement.

D. dit: à

Dites-moi, Charoulet, allez-vous voter dimanche ?

Jean Langoncet dit: à

@Medvedev ne dit que l’émotion actuelle d’une partie de la population. La réalité de cette guerre n’est que la conséquence de cette émotion.

Affirmation hasardeuse. A la supposer fondée, elle reposerait sur un endoctrinement qu’il faudrait confronter à la réalité. Mais ne froissons pas les multimilliardaires dans leurs fantasmes de pureté, dignes du clinquant des plus parfaits nouveaux riches qu’on dit encore en vieille Europe ; il s’agit de « ne pas humilier la Russie », plutôt que de mettre fin à l’arbitraire qui s’exprime de la manière la plus barbare qui soit en Ukraine, n’est-ce pas ?

D. dit: à

Je me demande ce que Charoulet peut bien voter s’il vote…

D. dit: à

Après tout cela ne regarde personne.

D. dit: à

Mais quand même je m’interroge.

renato dit: à

Vous n’avez qu’à zapper, D., ce qui, par ailleurs, me convient tout à fait.

D. dit: à

Qui sera assez propre pour lui ?

Jean Langoncet dit: à

Bachar al-Assad ?

renato dit: à

La Russie n’a pas besoin de nous pour s’humilier : ils font ça à merveille entre eux et eux-mêmes.

Jean Langoncet dit: à

Alexandre Loukachenko ?

Jean Langoncet dit: à

Le si pieux Ramzan Kadyrov ?

renato dit: à

«… un endoctrinement qu’il faudrait confronter à la réalité. »

Tenez en compte que nous sommes dans une phase post-postmoderniste eux dans moment moderniste de type fasciste. Qui confronte quoi et selon quels critères.

En tous cas vous semblez oublier l’hypothèse « peur du vice-président du Conseil de sécurité d’être purgé et remplacé par la fille du chef suprême.

renato dit: à

post-postmoderniste eux dans moment moderniste > post-postmoderniste ET eux dans moment moderniste

Jean Langoncet dit: à

@post-postmoderniste eux dans moment moderniste > post-postmoderniste ET eux dans moment moderniste

renato, je suis tout prêt à mettre en perspective l’actualité brûlante que nous connaissons, mais ces caractérisations que vous employez ne m’étant pas acquises, que voulez-vous dire au juste ? Je vous lirai avec intérêt demain. Maintenant aux fourneaux postmodernes : la pizza l’emporte in extremis sur le burger

Patrice Charoulet dit: à

EN FRANCE AU XVIII e SIECLE

« Lorsque le chevalier de La Barre, jeune homme de beaucoup d’esprit, fut convaincu d’avoir chanté des chansons impies et d’avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d’Abbeville odonnèrent qu’on lui arrachât la langue, qu’on lui coupât la main et qu’on brûlât son corps à petit feu. » (Voltaire, 1764)

B dit: à

Jean, parvenez vous à vfairecdes pizzas aussi bonnes qu’au resto quand c’est une bonne pizzeria, moi j’ai jamais su. La pâTe se transforme en semelle de cuir.

B dit: à

Faut pas humilier la Russie, la Russie gêne pour tuer, détruire, elle y mets des gants. Si Pace on croit qu’il sera utile et nécessaire à la négociation avec un menteur qui se croit du peuple, de tous d’ailleurs. Les américains pensent qu’il s’est fait opéré de sa méta cérébrale, je crois. Qu’il CREVE.

B dit: à

Se gêne, Macron pour pace.

B dit: à

Qui se fout du peuple.

renato dit: à

Jean Langoncet, pour la question du retard conséquent du dogmatisme de l’église orthodoxe, voyez Glenn Gould, Musique en Union Soviétique, 1964 — il me semble dans Contrepoint à la ligne (chez Fayard) —.

Le postmodernisme représente un ensemble d’idées et de modes de pensée qui se sont agrégés en réponse à des conditions historiques : l’impact culturel des guerres mondiales et la manière dont elles se sont terminées ; la désillusion à l’égard du marxisme ; le déclin de la crédibilité du religieux dans les contextes postindustriels et l’évolution rapide de la technologie, on peut ajouter : ce que nous pensons, comment nous pensons, comment nous pensons à la pensée et scepticisme relativement à la possibilité d’une connaissance objective.
En ce sens le postmodernisme est le rejet du modernisme (fin XIXe — ½ XXe) et de la modernité.

renato dit: à

B. pour la pizza il faut employer une farine équivalente à l’italienne 00 ou 0, donc :

00 > T40 — T45
0 > T55

une main... dit: à

Un pâte à pizza postmoderniste :

(fin XIXe — ½ XXe) = 00 > T40 — T45

B’anchois Madame, b’anchois Monsieur!

D. dit: à

Dans quelques minutes, nous allons changer de billet.

D. dit: à

Je trouve renato excellent en matière de pizza. Il aurait fait un excellent pizzaiolo. Si. Que de vocations gachées.

Patrice Charoulet dit: à

D

Je vote depuis 1985 pour le RPR, l’UMP, LR jusqu’à ce jour.
Je ne vous demande pas pour qui vous allez voter, vous avez dit et redit toute l’estime que vous aviez pour l’extrême droite. Le seul suspense est : Voterez-vous pour le candidat Le Pen ou le candidat Zemmour ?

D dit: à

Je voterai pour le candidat du rassemblement national.

B dit: à

Arrêtez de Déconner, restez chez vous.

B dit: à

Quel sera l’objet du prochain billet qui selon Nostradamus ne devrait pas tarder?

D. dit: à

Rebatet en camping avec Paul Morand.

D. dit: à

Meuhnon j’en sais rien.

Jean Langoncet dit: à

Législatives et têtes de liste : deux pro-Poutine et un caméléon qui voudrait avoir le pouvoir de ne pas l’humilier

Jean Langoncet dit: à

Guignol’s Band

Jean Langoncet dit: à

Frères humains qui après nous vivez, attendez la suite I, II, III…

rose dit: à

Gabriel Attal, ce petit chouchou n’est pas au courant que durant les confinements,1, 2, 3 et 4 les grandes fortunes ont multiplié par moult fois leurs bénéfices. Et il compte nous faire pleurer avec les mobilisations de la NUPES ?

et alii dit: à

Une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur
[lundisoir]

lundisoir – paru dans lundimatin#326, le 17 février 2022
l’anthropologue Mikaëla Le Meur, autrice de l’excellent Le mythe du recyclage paru aux éditions Premier Parallèle. Dans « ce carnet de terrain », la chercheuse a suivi la route du plastique au Vietnam. Elle y décrit l’économie et la vie dans des « villes plastiques » submergées de détritus, du sol au plafond. Arrivés par conteneurs depuis l’Occident, les déchets redeviennent une matière dite première. Des travailleurs vietnamiens trient, à leur tour, compactent et refont du plastique avec du plastique.
https://lundi.am/La-vie-en-plastique

rose dit: à

« «Avec la régulation soviétique proposée par Jean-Luc Mélenchon, (…) nous aurons une société où soit tout est interdit soit tout est organisé. On ne pourra même plus couper son bois d’après Jean-Luc Mélenchon dans sa propre propriété. Dans son programme, il est encore écrit qu’on ne pourra plus manger trop gras ou trop sucré», a déclaré le chef de file des députés Renaissance. »

Renaissance mon q.
Privilèges.
Il pourra toujours trier ses poubelles au centre de tri. Trimballe par sa femme en faisant une gueule d’enterrement. Ah la vie soviétique à la maison !

P.S com précédent : trier ses poubelles.

rose dit: à

Trimballé.
À défaut de couper son bois ds sa propriété.
Et de brûler ses déchets aussi ?

JC..... dit: à

JEUDI 9 JUIN 2022, 5h42, 21°, gros mistral

En Macronie, le « contrôle du gouvernement » par les élus du peuple français est semblable au contrôle de Vladimir PUTIN, par le peuple russe.

Les tyrans décident, ordonnent, commandent.
Seuls.

Les représentants, élus par un peuple égaré mais qui vote dans un « isoloir » coquet, veaux soumis au lobbying des medias, encaissent les subsides et profitent des avantages fournis par leur fonction.

Incompétents mais obeissant. Une représentation fantoche du peuple, dont l’inutilité est manifeste !

JC..... dit: à

GOUVERNER

Adolf, Benito, Mao, Stalin, Pol Pot, Robespierre, Castro, Chavez, Vladimir, Emmanuel, Jean-Luc s’entourent d’une décoration « démocratique et populaire » comme tout autocrate fasciste sait le faire.

Votez camarades !

Vous faites partie des acteurs jouant une comédie écrite par d’autres que vous, pour leur intérêt propre. Pardon ! Personnel, plutôt…

renato dit: à

Voilà la cause de la crise hystérique de Medvedev : son fils Ilya a été privé de son visa de travail par les autorités USA et il doit quitter Miami.

Reste un mystère le fait que dès qu’ils le peuvent ils viennent crécher dans cette partie du monde « dégénérée et décadente » : est-ce à cause du style de vie ?

Bloom dit: à

Et l’Écosse dans votre entraînement ?

A voir, rose, si je ne prends pas le ferry à Liverpool pour Belfast (8h…), ce sera la traversée assez rapide entre Cairnryan & Larne, avec un court séjour à Glasgow, que je ne connais pas très bien.
J’ai eu si froid en Ecosse (l’eau gelait dans la cuisine…) que je n’y retournerai pas avec le même plaisir qu’ailleurs. Le temps y est hostile à l’homme. Songez qu’en hiver, le jour se lève à 11h et la nuit tombe à 16h, et ce trois, voire quatre mois d’affilée. On a beau avoir une riche vie intérieure, ce n’est pas terrible pour le (Bal)moral.

Bloom dit: à

Pourquoi re-traduire Céline en anglais, dear Bloom ?

Parce que la langue évolue.
Chauqe époque retraduit les classiques, rien que de très normal, songez à Shakespeare que le fils Hugo a traduit haut la main, mais qui maintenant se présente sous la plume de de divers traudcteurs de grand talent.
A l’inverse, Proust fut excellement servi par Scott Moncrieff pour ce qui s’intitulait ‘Remembrance of Things Past’ (citation tirée d’un Sonnet de Shakespeare) devenu depuis, grâce à d’autres très sûrs passeurs, ‘In Search of Lost Time’.
Les originaux demeurent, les traductions passent, l’alliance n’est pas éternelle, tempus fugit…

Bloom dit: à

1 de
traducteur

Alexia Neuhoff dit: à

Paula Rego est décédée. Tristesse. Quel(le) peintre !

Paul Edel dit: à

Damien bonjour.
Je viens de finir la lecture de la brève nouvelle de Claire Keegan. Ce texte « Misogynie » est un petit chef d’œuvre de cet art minimaliste que le New-Yorker a encouragé depuis les années soixante. J’ai relu l’article de Camille Laurens, son feuilleton du Monde du 3 juin, un excellent travail. Camille Laurens à son meilleur. Est-ce parce que j’ai lu récemment des nouvelles de l’américaine Ann Beattie, j’ai retrouvé les mêmes thèmes chez Claire Keegan :le couple qui se défait, plutôt des intellectuels, un même sens des infimes détails pour montrent comment ça se constitue puis se disloque entre un homme et une femme avec apparemment des riens. Même détachement subtil pour rapporter les gestes du quotidien qui rongent une liaison, et la descellent(choisir un programme télé, ne pas utiliser le rabattant de la cuvette des WC, !), aussi condensation de l’histoire sur tres peu d’instants, et l’importance de l’argent. Aucune scène violente, aucun drame à éclats, tout est de bais, ambigu souvent, et chacun sur ses gardes. Les flashback sont réussis qui éclairent soudain un pan de vie. Avec ce petit temps d’accommodation qu’il nous faut pour comprendre ce qu’on lit et relier la scène à d’ autres .Oui, du très bel art.
Chez Keegan(née en 1968) comme chez Anna Beattie (elle née en 1947) même glacis des émotions, même élégance intellectuelle et raffinement de construction, pour suggérer le sous-jacent derrière une journée ordinaire, derrière un geste, une réplique, et surtout même sens du malaise sans introspection, tout dans le subliminal. J’ai savouré les petites failles dans le dialogue (la manière dont lui reprend ses phrases à elle pour la dominer) la manière dont la cuisson d’un clafoutis devient un moment clé .. Oui, grand art de la décristallisation amoureuse, de la fêlure qui apparait, et ça me rappelle aussi les malaises, les failles, les menaces qui composent le théâtre de Harold Pinter. Ici, un couple dans une apesanteur et une autopsie d’une petite douleur devenue abime. Vraiment remarquable. Je vais lire d’autres textes de cette Claire Keagan, née une génération après Beattie. merci à l’éditrice Sabine Wespieser et à la traduction de Jacqueline Odin

Phil dit: à

« Le pont de Londres » à venir devrait vous rejouir, dear Bloom, la version actuelle baigne déjà dans les remugles à ressusciter le ripper. Tout ça écrit sans bourse erasme mousse, think of it

B dit: à

ne pourra même plus couper son bois d’après Jean-Luc Mélenchon dans sa propre propriété. Dans son programme,

Les milliers de petits sapins que promet Macron pour remplacer les forêts rasées vendues, c’est quand même mieux.

JC..... dit: à

GUERRE

La communauté catholique est déchirée dans le Var par la faute de cet attardé de Pape François qui bloque des ordinations depuis son bureau ovale vaticanesque….

Ce monde est délicieux !

JC..... dit: à

Comme disait l’autre :
« Le Pape ? Combien de divisions ?… »

et alii dit: à

MERCI, P.EDEL de cette tentation qui consonne avec l’expérience commune

renato dit: à

« Combien de divisions ? »

Ne pas oublier que l’empire de l’auteur de cette perle s’est pris un platane. Le Pape, par contre, est toujours là.

Cela dit, que le Varois se rassurent : il semble que même l’actuel envisage de prendre sa retraite. Le prochain sera, peut-être, plus accommodant.

renato dit: à

le Varois > leS Varois

pourmapar dit: à

Christiane Rancé

Ma chronique de ce jour en dernière page de « La Croix » :
Sur un arbre perché
Depuis quelques jours, j’éprouve de la reconnaissance pour Thomas Brail, un jardinier arboriste. Depuis le 31 mai, ce baron perché campe sur les hauteurs d’un platane centenaire, un de ceux qui bordent la Tour Eiffel.
Déjà, en 2019, il avait choisi la même formule pour dénoncer l’abattage d’arbres dans le Gers. Grimpé dans celui qui fait face au ministère de la Transition écologique, accroché à ses branches pendant un mois, il avait attiré notre attention sur le mauvais traitement que les pouvoirs publics inflige à nos arbres, et à nos forêts. Désormais, à vingt mètres du sol, et engagé dans une grève de la faim, c’est contre la coupe rase et sacrilège des quarante-deux platanes centenaires qui bordent la tour Eiffel, que Thomas Brail se dresse : la ville de Paris avait en effet décidé d’édifier, en leur lieu et place, … une consigne destinée à soulager le touriste du poids de ses bagages.
Thomas Brail n’a pas choisi son arbre au hasard. Planté en 1814, son platane avait fait l’objet de tous les soins de Gustave Eiffel lors des travaux entrepris pour sa Tour. Notre héros digne d’Italo Calvino en fait le symbole de son action, qui déborde sur tous les arbres de France. Il s’alarme du programme gouvernemental, qui envisage d’accroître les prélèvements d’arbres dans nos forêts de quelque 70% d’ici vingt-cinq ans, et d’industrialiser l’exploitation de nos massifs, derniers espaces un tant soit peu sauvages, denses et chlorophyllés –naturels. Il souligne ce qui ne se voit pas – une forêt (re)plantée au cordeau, toujours du même arbre, souvent exotique, n’est plus une forêt vivante, de celles où s’opèrent les échanges mystérieux et nourriciers entre les insectes et les essences, les plantes et leurs hôtes, l’humus et l’oxygène, les oiseaux et les baies – tout ce que la nature a mis des siècles à élaborer dans un équilibre subtil, dans une variété fructueuse. En vérité, des échanges substantiels entre le ciel et la terre, entre l’homme et son histoire.
«Auprès de mon arbre, je vivais heureux» chantait Georges Brassens. Assurément, durant des siècles, l’arbre a fait notre bonheur, et l’homme l’a vénéré. On se souvient de l’arbre-cosmos, Yggdarsil. Dans la mythologie nordique, il relie des neuf mondes et tient en équilibre les parties de l’Univers. Bouddha a médité des années à l’abri du Figuier. Ainsi qu’Adam et Eve, dans le jardin d’Eden, sous l’Arbre de la connaissance. Et c’est pendu à l’arbre en croix que Dieu en Jésus a souffert pour nous. Apparu il y a 370 millions d’années sur Terre, l’arbre s’est fait complice de l’homme. Il a accompagné ses premiers pas. Il l’a nourri de ses fruits et de ses baies, vêtu de son écorce, chauffé de son bois, abrité de ses branches. «J’ai entendu conter l’histoire des temps anciens où les bêtes, les arbres et les rochers conversaient avec les hommes. J’ai vraiment l’impression qu’ils vont recommencer à tout instant et qu’à simplement les regarder je pourrais deviner ce qu’ils essaient de me dire» confiait Novalis.
Je crains que le poète, s’il les écoutait aujourd’hui, ne puisse entendre que leurs larmes. Ils s’étonneraient sans doute qu’on les abatte ainsi, quand seuls ils peuvent encore nous protéger contre le cataclysme climatique que nous avons provoqué. Ils lui rappelleraient qu’avec eux, c’est tout un symbole qu’on abat, – non pas un symbole comme les autres, mais le symbole par excellence, l’archétype de tout symbole. Sinon, auraient-ils été vénérés du Japon à l’Égypte, du Grand nord à la Patagonie, eux, et eux seuls, dont la beauté croît avec l’âge ?
Nous appartenons tous à un arbre. Ou à des multitudes. «Tu le sais bien, mon Arbre, que dès l’aube je te viens embrasser : je baise de mes lèvres l’écorce amère et lisse, et je me sens l’enfant de notre même terre» dit le pâtre Tityre, sous la plume de Paul Valéry. Pour moi, mon âme est une forêt, depuis le saule planté à ma naissance jusqu’aux bois verts de mon enfance normande, du platane fabuleux de la grecque Nauplie aux chênes des Pyrénées. Au milieu d’eux, le tilleul qui abritait à Montmartre mes conversations avec Yves Bonnefoy. Qui justement me parlait d’arbres, de leurs signes, des feuillages mystérieux de Nicolas Poussin, et de cet arbre des rues, comme celui qui frémissait alors sous la brise, auquel il avait rendu hommage : «regarde ce grand arbre / et à travers lui / il peut suffire. / Car même déchiré, souillé, / l’arbre des rues, / c’est toute la nature, / tout le ciel / l’oiseau s’y pose. / le vent y bouge, le soleil / y dit le même espoir malgré / la mort.»

D. dit: à

Bravo !
Et vivent les arbres.

closer dit: à

Il s’en achètera une autre, B…

lmd dit: à

Chacun poursuit son idée ; j’y ai repensé hier soir, tard ; pour le K de Kerouac un autre titre que Koko convient aussi : Klack-Oveeseds-Tene (toujours Bird).
https://www.youtube.com/watch?v=Sc3gQMtCsec
Et en plus on peut demander ce que ça veut dire.

JC..... dit: à

« Le Pape ? Combien de divisions ?… »

Staline est l’auteur de cette réflexion ironique, toujours valable aujourd’hui, y compris pour Le Putin

D. dit: à

Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d’ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi.

Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi,
Ce livre qui contient le spectre de ma vie,
Mes angoisses, mon aube, hélas ! de pleurs suivie,
L’ombre et son ouragan, la rose et son pistil,
Ce livre azuré, triste, orageux, d’où sort-il ?
D’où sort le blême éclair qui déchire la brume ?
Depuis quatre ans, j’habite un tourbillon d’écume ;
Ce livre en a jailli. Dieu dictait, j’écrivais ;
Car je suis paille au vent. Va ! dit l’esprit. Je vais.
Et, quand j’eus terminé ces pages, quand ce livre
Se mit à palpiter, à respirer, à vivre,
Une église des champs, que le lierre verdit,
Dont la tour sonne l’heure à mon néant, m’a dit :
Ton cantique est fini ; donne-le-moi, poëte.
– Je le réclame, a dit la forêt inquiète ;
Et le doux pré fleuri m’a dit : – Donne-le-moi.
La mer, en le voyant frémir, m’a dit : – Pourquoi
Ne pas me le jeter, puisque c’est une voile !
– C’est à moi qu’appartient cet hymne, a dit l’étoile.
– Donne-le-nous, songeur, ont crié les grands vents.
Et les oiseaux m’ont dit : – Vas-tu pas aux vivants
Offrir ce livre, éclos si loin de leurs querelles ?
Laisse-nous l’emporter dans nos nids sur nos ailes ! –
Mais le vent n’aura point mon livre, ô cieux profonds !
Ni la sauvage mer, livrée aux noirs typhons,
Ouvrant et refermant ses flots, âpres embûches ;
Ni la verte forêt qu’emplit un bruit de ruches ;
Ni l’église où le temps fait tourner son compas ;
Le pré ne l’aura pas, l’astre ne l’aura pas,
L’oiseau ne l’aura pas, qu’il soit aigle ou colombe,
Les nids ne l’auront pas ; je le donne à la tombe.

II

Autrefois, quand septembre en larmes revenait,
Je partais, je quittais tout ce qui me connaît,
Je m’évadais ; Paris s’effaçait ; rien, personne !
J’allais, je n’étais plus qu’une ombre qui frissonne,
Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler,
Sachant bien que j’irais où je devais aller ;
Hélas ! je n’aurais pu même dire : Je souffre !
Et, comme subissant l’attraction d’un gouffre,
Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais,
J’ignorais, je marchais devant moi, j’arrivais.
Ô souvenirs ! ô forme horrible des collines !
Et, pendant que la mère et la soeur, orphelines,
Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir
Avec l’avidité morne du désespoir ;
Puis j’allais au champ triste à côté de l’église ;
Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise,
L’oeil aux cieux, j’approchais ; l’accablement soutient ;
Les arbres murmuraient : C’est le père qui vient !
Les ronces écartaient leurs branches desséchées ;
Je marchais à travers les humbles croix penchées,
Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ;
Et je m’agenouillais au milieu des rameaux
Sur la pierre qu’on voit blanche dans la verdure.
Pourquoi donc dormais-tu d’une façon si dure
Que tu n’entendais pas lorsque je t’appelais ?

Et les pêcheurs passaient en traînant leurs filets,
Et disaient : Qu’est-ce donc que cet homme qui songe ?
Et le jour, et le soir, et l’ombre qui s’allonge,
Et Vénus, qui pour moi jadis étincela,
Tout avait disparu que j’étais encor là.
J’étais là, suppliant celui qui nous exauce ;
J’adorais, je laissais tomber sur cette fosse,
Hélas ! où j’avais vu s’évanouir mes cieux,
Tout mon coeur goutte à goutte en pleurs silencieux ;
J’effeuillais de la sauge et de la clématite ;
Je me la rappelais quand elle était petite,
Quand elle m’apportait des lys et des jasmins,
Ou quand elle prenait ma plume dans ses mains,
Gaie, et riant d’avoir de l’encre à ses doigts roses ;
Je respirais les fleurs sur cette cendre écloses,
Je fixais mon regard sur ces froids gazons verts,
Et par moments, ô Dieu, je voyais, à travers
La pierre du tombeau, comme une lueur d’âme !

Oui, jadis, quand cette heure en deuil qui me réclame
Tintait dans le ciel triste et dans mon coeur saignant,
Rien ne me retenait, et j’allais ; maintenant,
Hélas !… – Ô fleuve ! ô bois ! vallons dont je fus l’hôte,
Elle sait, n’est-ce pas ? que ce n’est pas ma faute
Si, depuis ces quatre ans, pauvre coeur sans flambeau,
Je ne suis pas allé prier sur son tombeau !

III

Ainsi, ce noir chemin que je faisais, ce marbre
Que je contemplais, pâle, adossé contre un arbre,
Ce tombeau sur lequel mes pieds pouvaient marcher,
La nuit, que je voyais lentement approcher,
Ces ifs, ce crépuscule avec ce cimetière,
Ces sanglots, qui du moins tombaient sur cette pierre,
Ô mon Dieu, tout cela, c’était donc du bonheur !

Dis, qu’as-tu fait pendant tout ce temps-là ? – Seigneur,
Qu’a-t-elle fait ? – Vois-tu la vie en vos demeures ?
A quelle horloge d’ombre as-tu compté les heures ?
As-tu sans bruit parfois poussé l’autre endormi ?
Et t’es-tu, m’attendant, réveillée à demi ?
T’es-tu, pâle, accoudée à l’obscure fenêtre
De l’infini, cherchant dans l’ombre à reconnaître
Un passant, à travers le noir cercueil mal joint,
Attentive, écoutant si tu n’entendais point
Quelqu’un marcher vers toi dans l’éternité sombre ?
Et t’es-tu recouchée ainsi qu’un mât qui sombre,
En disant : Qu’est-ce donc ? mon père ne vient pas !
Avez-vous tous les deux parlé de moi tout bas ?

Que de fois j’ai choisi, tout mouillés de rosée,
Des lys dans mon jardin, des lys dans ma pensée !
Que de fois j’ai cueilli de l’aubépine en fleur !
Que de fois j’ai, là-bas, cherché la tour d’Harfleur,
Murmurant : C’est demain que je pars ! et, stupide,
Je calculais le vent et la voile rapide,
Puis ma main s’ouvrait triste, et je disais : Tout fuit !
Et le bouquet tombait, sinistre, dans la nuit !
Oh ! que de fois, sentant qu’elle devait m’attendre,
J’ai pris ce que j’avais dans le coeur de plus tendre
Pour en charger quelqu’un qui passerait par là !

Lazare ouvrit les yeux quand Jésus l’appela ;
Quand je lui parle, hélas ! pourquoi les ferme-t-elle ?
Où serait donc le mal quand de l’ombre mortelle
L’amour violerait deux fois le noir secret,
Et quand, ce qu’un dieu fit, un père le ferait ?

IV

Que ce livre, du moins, obscur message, arrive,
Murmure, à ce silence, et, flot, à cette rive !
Qu’il y tombe, sanglot, soupir, larme d’amour !
Qu’il entre en ce sépulcre où sont entrés un jour
Le baiser, la jeunesse, et l’aube, et la rosée,
Et le rire adoré de la fraîche épousée,
Et la joie, et mon coeur, qui n’est pas ressorti !
Qu’il soit le cri d’espoir qui n’a jamais menti,
Le chant du deuil, la voix du pâle adieu qui pleure,
Le rêve dont on sent l’aile qui nous effleure !
Qu’elle dise : Quelqu’un est là ; j’entends du bruit !
Qu’il soit comme le pas de mon âme en sa nuit !

Ce livre, légion tournoyante et sans nombre
D’oiseaux blancs dans l’aurore et d’oiseaux noirs dans l’ombre,
Ce vol de souvenirs fuyant à l’horizon,
Cet essaim que je lâche au seuil de ma prison,
Je vous le confie, air, souffles, nuée, espace !
Que ce fauve océan qui me parle à voix basse,
Lui soit clément, l’épargne et le laisse passer !
Et que le vent ait soin de n’en rien disperser,
Et jusqu’au froid caveau fidèlement apporte
Ce don mystérieux de l’absent à la morte !

Ô Dieu ! puisqu’en effet, dans ces sombres feuillets,
Dans ces strophes qu’au fond de vos cieux je cueillais,
Dans ces chants murmurés comme un épithalame
Pendant que vous tourniez les pages de mon âme,
Puisque j’ai, dans ce livre, enregistré mes jours,
Mes maux, mes deuils, mes cris dans les problèmes sourds,
Mes amours, mes travaux, ma vie heure par heure ;
Puisque vous ne voulez pas encor que je meure,
Et qu’il faut bien pourtant que j’aille lui parler ;
Puisque je sens le vent de l’infini souffler
Sur ce livre qu’emplit l’orage et le mystère ;
Puisque j’ai versé là toutes vos ombres, terre,
Humanité, douleur, dont je suis le passant ;
Puisque de mon esprit, de mon coeur, de mon sang,
J’ai fait l’âcre parfum de ces versets funèbres,
Va-t’en, livre, à l’azur, à travers les ténèbres !
Fuis vers la brume où tout à pas lents est conduit !
Oui, qu’il vole à la fosse, à la tombe, à la nuit,
Comme une feuille d’arbre ou comme une âme d’homme !
Qu’il roule au gouffre où va tout ce que la voix nomme !
Qu’il tombe au plus profond du sépulcre hagard,
A côté d’elle, ô mort ! et que là, le regard,
Près de l’ange qui dort, lumineux et sublime,
Le voie épanoui, sombre fleur de l’abîme !

V

Ô doux commencements d’azur qui me trompiez,
Ô bonheurs ! je vous ai durement expiés !
J’ai le droit aujourd’hui d’être, quand la nuit tombe,
Un de ceux qui se font écouter de la tombe,
Et qui font, en parlant aux morts blêmes et seuls,
Remuer lentement les plis noirs des linceuls,
Et dont la parole, âpre ou tendre, émeut les pierres,
Les grains dans les sillons, les ombres dans les bières,
La vague et la nuée, et devient une voix
De la nature, ainsi que la rumeur des bois.
Car voilà, n’est-ce pas, tombeaux ? bien des années,
Que je marche au milieu des croix infortunées,
Échevelé parmi les ifs et les cyprès,
L’âme au bord de la nuit, et m’approchant tout près,
Et que je vais, courbé sur le cercueil austère,
Questionnant le plomb, les clous, le ver de terre
Qui pour moi sort des yeux de la tête de mort,
Le squelette qui rit, le squelette qui mord,
Les mains aux doigts noueux, les crânes, les poussières,
Et les os des genoux qui savent des prières !

Hélas ! j’ai fouillé tout. J’ai voulu voir le fond.
Pourquoi le mal en nous avec le bien se fond,
J’ai voulu le savoir. J’ai dit : Que faut-il croire ?
J’ai creusé la lumière, et l’aurore, et la gloire,
L’enfant joyeux, la vierge et sa chaste frayeur,
Et l’amour, et la vie, et l’âme, – fossoyeur.

Qu’ai-je appris ? J’ai, pensif , tout saisi sans rien prendre ;
J’ai vu beaucoup de nuit et fait beaucoup de cendre.
Qui sommes-nous ? que veut dire ce mot : Toujours ?
J’ai tout enseveli, songes, espoirs, amours,
Dans la fosse que j’ai creusée en ma poitrine.
Qui donc a la science ? où donc est la doctrine ?
Oh ! que ne suis-je encor le rêveur d’autrefois,
Qui s’égarait dans l’herbe, et les prés, et les bois,
Qui marchait souriant, le soir, quand le ciel brille,
Tenant la main petite et blanche de sa fille,
Et qui, joyeux, laissant luire le firmament,
Laissant l’enfant parler, se sentait lentement
Emplir de cet azur et de cette innocence !

Entre Dieu qui flamboie et l’ange qui l’encense,
J’ai vécu, j’ai lutté, sans crainte, sans remord.
Puis ma porte soudain s’ouvrit devant la mort,
Cette visite brusque et terrible de l’ombre.
Tu passes en laissant le vide et le décombre,
Ô spectre ! tu saisis mon ange et tu frappas.
Un tombeau fut dès lors le but de tous mes pas.

VI

Je ne puis plus reprendre aujourd’hui dans la plaine
Mon sentier d’autrefois qui descend vers la Seine ;
Je ne puis plus aller où j’allais ; je ne puis,
Pareil à la laveuse assise au bord du puits,
Que m’accouder au mur de l’éternel abîme ;
Paris m’est éclipsé par l’énorme Solime ;
La haute Notre-Dame à présent, qui me luit,
C’est l’ombre ayant deux tours, le silence et la nuit,
Et laissant des clartés trouer ses fatals voiles ;
Et je vois sur mon front un panthéon d’étoiles ;
Si j’appelle Rouen, Villequier, Caudebec,
Toute l’ombre me crie : Horeb, Cédron, Balbeck !
Et, si je pars, m’arrête à la première lieue,
Et me dit: Tourne-toi vers l’immensité bleue !
Et me dit : Les chemins où tu marchais sont clos.
Penche-toi sur les nuits, sur les vents, sur les flots !
A quoi penses-tu donc ? que fais-tu, solitaire ?
Crois-tu donc sous tes pieds avoir encor la terre ?
Où vas-tu de la sorte et machinalement ?
Ô songeur ! penche-toi sur l’être et l’élément !
Écoute la rumeur des âmes dans les ondes !
Contemple, s’il te faut de la cendre, les mondes ;
Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
Et regarde, en dehors de ton propre martyre,
Le grand néant, si c’est le néant qui t’attire !
Sois tout à ces soleils où tu remonteras !
Laisse là ton vil coin de terre. Tends les bras,
Ô proscrit de l’azur, vers les astres patries !
Revois-y refleurir tes aurores flétries ;
Deviens le grand oeil fixe ouvert sur le grand tout.
Penche-toi sur l’énigme où l’être se dissout,
Sur tout ce qui naît, vit, marche, s’éteint, succombe,
Sur tout le genre humain et sur toute la tombe !

Mais mon coeur toujours saigne et du même côté.
C’est en vain que les cieux, les nuits, l’éternité,
Veulent distraire une âme et calmer un atome.
Tout l’éblouissement des lumières du dôme
M’ôte-t-il une larme ? Ah ! l’étendue a beau
Me parler, me montrer l’universel tombeau,
Les soirs sereins, les bois rêveurs, la lune amie ;
J’écoute, et je reviens à la douce endormie.

VII

Des fleurs ! oh ! si j’avais des fleurs ! si Je pouvais
Aller semer des lys sur ces deux froids chevets !
Si je pouvais couvrir de fleurs mon ange pâle !
Les fleurs sont l’or, l’azur, l’émeraude, l’opale !
Le cercueil au milieu des fleurs veut se coucher ;
Les fleurs aiment la mort, et Dieu les fait toucher
Par leur racine aux os, par leur parfum aux âmes !
Puisque je ne le puis, aux lieux que nous aimâmes,
Puisque Dieu ne veut pas nous laisser revenir,
Puisqu’il nous fait lâcher ce qu’on croyait tenir,
Puisque le froid destin, dans ma geôle profonde,
Sur la première porte en scelle une seconde,
Et, sur le père triste et sur l’enfant qui dort,
Ferme l’exil après avoir fermé la mort,
Puisqu’il est impossible à présent que je jette
Même un brin de bruyère à sa fosse muette,
C’est bien le moins qu’elle ait mon âme, n’est-ce pas ?
Ô vent noir dont j’entends sur mon plafond le pas !
Tempête, hiver, qui bats ma vitre de ta grêle !
Mers, nuits ! et je l’ai mise en ce livre pour elle !

Prends ce livre ; et dis-toi : Ceci vient du vivant
Que nous avons laissé derrière nous, rêvant.
Prends. Et, quoique de loin, reconnais ma voix, âme !
Oh ! ta cendre est le lit de mon reste de flamme ;
Ta tombe est mon espoir, ma charité, ma foi ;
Ton linceul toujours flotte entre la vie et moi.
Prends ce livre, et fais-en sortir un divin psaume !
Qu’entre tes vagues mains il devienne fantôme !
Qu’il blanchisse, pareil à l’aube qui pâlit,
A mesure que l’oeil de mon ange le lit,
Et qu’il s’évanouisse, et flotte, et disparaisse,
Ainsi qu’un âtre obscur qu’un souffle errant caresse,
Ainsi qu’une lueur qu’on voit passer le soir,
Ainsi qu’un tourbillon de feu de l’encensoir,
Et que, sous ton regard éblouissant et sombre,
Chaque page s’en aille en étoiles dans l’ombre !

VIII

Oh ! quoi que nous fassions et quoi que nous disions,
Soit que notre âme plane au vent des visions,
Soit qu’elle se cramponne à l’argile natale,
Toujours nous arrivons à ta grotte fatale,
Gethsémani ! qu’éclaire une vague lueur !
Ô rocher de l’étrange et funèbre sueur !
Cave où l’esprit combat le destin ! ouverture
Sur les profonds effrois de la sombre nature !
Antre d’où le lion sort rêveur, en voyant
Quelqu’un de plus sinistre et de plus effrayant,
La douleur, entrer, pâle, amère, échevelée !
Ô chute ! asile ! ô seuil de la trouble vallée
D’où nous apercevons nos ans fuyants et courts,
Nos propres pas marqués dans la fange des jours,
L’échelle où le mal pèse et monte, spectre louche,
L’âpre frémissement de la palme farouche,
Les degrés noirs tirant en bas les blancs degrés,
Et les frissons aux fronts des anges effarés !

Toujours nous arrivons à cette solitude,
Et, là, nous nous taisons, sentant la plénitude !

Paix à l’ombre ! Dormez ! dormez ! dormez ! dormez !
Êtres, groupes confus lentement transformés !
Dormez, les champs ! dormez, les fleurs ! dormez, les tombes !
Toits, murs, seuils des maisons, pierres des catacombes,
Feuilles au fond des bois, plumes au fond des nids,
Dormez ! dormez, brins d’herbe, et dormez, infinis !
Calmez-vous, forêt, chêne, érable, frêne, yeuse !
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l’océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l’apaisement insondable des morts !
Paix à l’obscurité muette et redoutée,
Paix au doute effrayant, à l’immense ombre athée,
A toi, nature, cercle et centre, âme et milieu,
Fourmillement de tout, solitude de Dieu !
Ô générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous ! pas noirs qui marchez dans les plaines !
Dormez, vous qui saignez ; dormez, vous qui pleurez !
Douleurs, douleurs, douleurs, fermez vos yeux sacrés !
Tout est religion et rien n’est imposture.
Que sur toute existence et toute créature,
Vivant du souffle humain ou du souffle animal,
Debout au seuil du bien, croulante au bord du mal,
Tendre ou farouche, immonde ou splendide, humble ou grande,
La vaste paix des cieux de toutes parts descende !
Que les enfers dormants rêvent les paradis !
Assoupissez-vous, flots, mers, vents, âmes, tandis
Qu’assis sur la montagne en présence de l’Être,
Précipice où l’on voit pêle-mêle apparaître
Les créations, l’astre et l’homme, les essieux
De ces chars de soleil que nous nommons les cieux,
Les globes, fruits vermeils des divines ramées,
Les comètes d’argent dans un champ noir semées,
Larmes blanches du drap mortuaire des nuits,
Les chaos, les hivers, ces lugubres ennuis,
Pâle, ivre d’ignorance, ébloui de ténèbres,
Voyant dans l’infini s’écrire des algèbres,
Le contemplateur, triste et meurtri, mais serein,
Mesure le problème aux murailles d’airain,
Cherche à distinguer l’aube à travers les prodiges,
Se penche, frémissant, au puits des grands vertiges,
Suit de l’oeil des blancheurs qui passent, alcyons,
Et regarde, pensif, s’étoiler de rayons,
De clartés, de lueurs, vaguement enflammées,
Le gouffre monstrueux plein d’énormes fumées.

Guernesey, 2 novembre 1855, jour des morts.
A celle qui est restée en France
Poèmes de Victor Hugo

Citations de Victor Hugo
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Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis: Veux-tu t’en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis: Veux-tu, c’est le mois où l’on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l’herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l’eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

Elle était déchaussée, elle était décoiffée.

Janssen J-J dit: à

@ JEUDI 9 JUIN 2022, 5h42, 21°, gros mistral
mercite JC, jsavions pu où en étions…
sur cette chaine inconnue en Creuse/Indre profondément déconnectée, d’un petit trek de 50 km d’une semaine au gîte de Pot Bouché, par embardées pédestres à Crozant (vallée des peintres), Dun le Palestel, La Souterraine, Eguzon, La Celle-Dunoise, Gargilesse, Fresselines…, Maurice Rollinat et Monnet et toussa… l’arboretum de la Cévelle (qu’il était biau, à Villejoint !)…, et force bières…
« Dis’moi, Céline »…, est toujours là, lui ?… et ‘La Guerre’, toujours pas finie en Russie ? –
Bàv tous.tes, de retour au berk ail et fines herbes ! 🙂

et alii dit: à

tout à l’heure, à la suite d’une conversation d’hier et de la lecture d’un article sue les enfants assassiné d’Ukraine j’ai montré une photo qui me bouleversa; KIM PHUC? « La petite fille au napalm »,dans un article où je lis:
« « L’analphabète de demain ne sera pas celui qui ignore l’écriture, mais celui qui ignore la photographie ». C’est en ces termes que le photographe hongrois Laslo Moholy-Nagy avait attiré l’attention au début du XXe siècle sur les dangers d’un analphabétisme visuel. « Mais celui qui ne sait pas lire ses propres images ne vaut-il pas moins qu’un analphabète ? » ajoutait Walter Benjamin. »
merci aux journalistes ;
bonne journée:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-culture-change-le-monde/la-petite-fille-au-napalm-de-nick-ut-une-photo-peut-elle-arreter-une-guerre-9572904

renato dit: à

Non Klack-Oveeseds-Tene mais Klact-oveereds-tene

et alii dit: à

assassinés

et alii dit: à

une précision:sur marielle Eudes
Diplômée de l’INALCO en russe et en arabe, et de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, Marielle Eudes, entre à l’Agence France-Presse en 1987 comme journaliste. Spécialiste de la Russie, elle reçoit en 1995, avec le bureau de l’AFP-Moscou, le prix Albert Londres pour la couverture de la guerre en Tchétchénie.
Partie au début des années 1990 en poste à Moscou, elle y passera plus de quinze ans à couvrir les bouleversements post-soviétiques. Elle couvrira également la guerre du Kosovo.
Revenue à Paris en 2006-2007 pour intégrer le comité exécutif de l’Agence France-Presse, ses amours russes ont laissé la

et alii dit: à

puisque j’ai évoqué les macarons de la durée, voici pour Bergson;
-et méfiez vous le rabbin stipule que qu’il parle le ver 1langue
://akadem.org/magazine/magazine-culturel-2021-2022/le-malaise-juif-de-bergson/46264.php?utm_source=sendinblue&utm_campaign=Mag_Juin_2&utm_medium=ema

et alii dit: à

zut le verlan!

JC..... dit: à

Dédé,

J’ai adoré le poème que tu nous as proposé ce matin…Ce Totor ! Quel maitre du haiku !

renato dit: à

Klack/Klact

J’avais pris ça comme une erreur, pas comme imposture !

JC..... dit: à

A titre d’exemple de cette beauté poétique japonaise :

DESORMAIS JE M’EN
METS PLEIN LE VENTRE, DIT
LA VEUVE DE SAGAMI.

Haiku érotiques
Editions Philippe Picquier
Traduction Jean Cholley, 1996, page 134

et alii dit: à

BERGSON/
« JE NE SUIS PAS UNE DANSEUSE »
theses.org/files/2019/09/cours-au-collège-307×500.jpg

et alii dit: à

pourquoi n’est ce pas rouge?
faut-il se mettre au clavier « en danseuse »
parce que « je sais »:
Que signifie se mettre en danseuse ? Lorsqu’il se met en danseuse, le cycliste pédale debout sur les pédales, en décollant les fesses de la selle. Il n’a plus que 4 points d’appui (les 2 mains sur le cintre et les 2 pieds sur les pédales), supprimant le 5ème appui de la position traditionnelle (fesses sur la selle).

et alii dit: à

excuses
Bergson

Damien dit: à

Merci Paul Edel pour votre excellent commentaire du texte de Claire Keegan. Vous avez raison de souligner son art du sous-jacent, de l’ellipse, de la construction savante très raffinée. Je vous signale qu’en poche vient de paraître d’elle un court roman, « Le Genre de petites choses », 6,90 €. Quant à Camille Laurens, oui, elle a su faire passer sa fascination pour ces quelques pages. Pour Anna Beattie, je vais me renseigner. Bonne journée.

Damien dit: à

Ann Beattie est traduite chez Christian Bourgois, et en poche est disponible « Nouvelles du New Yorker ».

Damien dit: à

Vous avez revu « La Maman et la putain », Jazzi ? Moi, j’y suis allé hier soir. Un pur ravissement. C’était la deuxième fois que je le voyais (en salle bien sûr). Les 3 h 40 ont passé très vite.

Anthime dit: à

Personne ici pour évoquer le Marché de la Poésie de Paris, très fréquenté pourtant, et où l’on trouve de fort belles éditions bilingues de langues exotiques comme le bulgare et le roumain, dans lesquelles s’expriment avec grâce et muscle de jolies consciences.

Évènement ouvert à tous qui vaut de détour, à mon humble avis de lecteur lambda. D’autant plus qu’il se tient Place Saint-Sulpice, en face du café de la Mairie, là même où George Perec s’installa pendant trois jours de suite en octobre 1974 pour prendre des notes qu’il mit ensuite en forme dans Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, dont Lieux, publié le mois dernier, constitue une forme de « suite ». Poésie du Marché.

et alii dit: à

Évènement ouvert à tous qui vaut de détour
vous avez raison, ;lorsque j’étais à Paris, je ne l’aurais jamais manqué;
voyez la distribution:
https://www.marche-poesie.com/

lmd dit: à

Pour ceux qui aiment suivre Perec dans ses déambulations et son système de construction du souvenir, Lieux sera un beau livre  (j’ai aimé).

D. dit: à

Ben si, Anthime, il y a vous. Je viens de vérifier.

D. dit: à

Jazzy, c’est un moule à gaufres sur le blason ? Je ne connaissais pas cette pièce héraldique…

et alii dit: à

. Le xxe siècle a été le moment d’une crise endémique de la virilité. Dès la fin du xixe, on a le sentiment d’une déperdition des énergies viriles, d’une « dégénérescence de la race ». Cette période d’incertitude va donner lieu à la montée des nationalismes guerriers, et aboutir à la déflagration de la Première Guerre mondiale. La guerre de 14-18 a été, de ce point de vue, un coup mortel – littéralement – porté à la virilité, car c’est le triomphe de l’acier sur la chair. Or la virilité, parmi ses éléments constitutifs et fondateurs, a sans aucun doute comme test ultime la présence au combat de l’homme viril.

3Désormais, la guerre n’opère plus sur un champ de bataille plein, avec des soldats en uniformes flamboyants qui chargent face les uns aux autres, ce qui finit dans le corps à corps et l’affrontement guerrier d’homme à homme. On a affaire à quoi ? À des soldats enterrés dans des trous avec les rats, pataugeant dans les boyaux et les ventres ouverts de leurs camarades réduits en bouillie par la mitraille. Le champ de bataille est vide, pilonné d’obus qui sont tirés à 10 ou 15 km de là. Sur le terrain de la virilité guerrière, la défaite du corps masculin s’est jouée à ce moment-là. La guerre de 14-18 correspond à l’entrée de la vulnérabilité masculine dans la culture sensible, avec ses conséquences : la multitude des mutilés, des gazés, des gueules cassées, etc. Il existe bien sûr d’autres facteurs déterminants, comme l’avènement du machinisme : la virilité du travailleur d’usine, l’emploi de la force et de l’adresse mélangées se voit peu à peu remplacé par la mécanisation des tâches, le minutage du travail à la chaîne, entraînant d’autres formes de fatigue… Avec les dépressions économiques telle que celle des années 30, et ses cohortes de chômeurs, un autre des piliers de la virilité s’effrite : la figure du breadwinner, comme on dit en anglais, celui qui rapporte le pain à la maison, l’ouvrier ou le travailleur qui fait vivre la famille.
inLa virilité est-elle en crise ?
Entretien avec Jean-Jacques Courtine
Jean-Jacques Courtine
https://www.cairn.info/revue-etudes-2012-2-page-175.htmff

et alii dit: à

on sait bien que la construction de l’homme nazi s’est faite à partir de l’idéologie des corps francs, c’est-à-dire des anciens combattants allemands de 14-18. La défaite militaire de 14-18 et le rêve d’un homme d’acier qui pourrait affronter la mitraille et les périls soviétiques ou juifs, ou tout ce qui est pensé comme menaçant la virilité national-socialiste, ont entraîné un des derniers grands flamboiements du modèle viril sous cette forme-là.

6– Pourquoi une histoire de la virilité plutôt qu’une histoire des hommes ?

7Nous nous sommes posé la question, Alain Corbin, Georges Vigarello et moi-même : est-ce qu’on voulait faire une histoire des hommes, une histoire du masculin, une histoire des masculinités ou une histoire de la virilité ? L’histoire des masculinités existe dans le monde anglo-saxon, elle a été un complément, un prolongement, une réponse à l’histoire des femmes telle qu’elle s’était constituée il y a une trentaine d’années. Mais si on voulait caractériser un modèle archaïque extrêmement ancien et encore existant,

et alii dit: à

Toutes les histoires anglo-saxonnes sont des histoires de la masculinité, ou des masculinités (masculinities) quand il s’est agi de montrer que le modèle était pluriel et qu’il y avait d’autres options possibles que la masculinité qu’elles appellent « hégémonique » (hegemonic masculinity, dans le sens que lui donne R. W. Connell, et qui correspond à la virilité). En français, il n’y a que le mot de « virilité » qui convienne. On ne pourrait jamais dire que l’affrontement récent en finale de la coupe du monde de rugby des équipes française et néo-zélandaise a été masculin – l’affrontement a été viril (mais correct, quoique…). Ce modèle de virilité-là trouve ses références premièrement dans la guerre, c’est-à-dire dans la force musculaire et son usage dans l’affrontement guerrier ; deuxièmement dans la fermeté morale et le courage, en particulier dans l’aptitude à relever des défis, et enfin – dernier élément de ce trépied fondateur – dans la puissance sexuelle. Comme en outre il nous fallait faire une histoire dans la longue durée, l’histoire de la masculinité chez les Grecs ou chez les Romains, n’avait aucun sens. Vir – l’homme viril – désigne à la fois l’homme et les organes génitaux masculins, mais aussi virtus, la vertu, le courage et la fermeté morale.

et alii dit: à

Si quelque chose a changé dans l’expression de la virilité contemporaine, c’est que le terrain où elle s’éprouvait, à savoir la guerre, s’est largement effacé en Occident au cours du xxe siècle. C’est à la guerre, sur le champ de bataille, que se décidait en dernier recours qui était viril et qui ne l’était pas. La virilité a partie liée avec la mort. C’est face à la mort sur le champ de bataille, dans l’exercice guerrier, que la virilité trouvait son test ultime. Le superbe roman de Stephen Crane, The Red Badge of Courage, écrit au lendemain de la Guerre de Sécession, montre bien que c’est face à la possibilité de la mort et du sacrifice que l’on gagne cette médaille sanglante du courage et que l’on apprend la virilité. Dans les sociétés occidentales, ce lieu ancien, immémorial, qui était véritablement le pilier fondamental de l’héritage viril, a disparu. Il n’y a plus, depuis le second xxe siècle, d’épreuve du feu de la virilité. Depuis que les guerres sont faites en Occident par des armées de métier dans un univers de maîtrise technologique absolue où le combat est réduit à peu, je suis frappé par la résurgence d’une avalanche de la violence filmique.

et alii dit: à

comment il y a, dans la société civile, en état de paix, des poches dormantes de brutalité ou de déshumanisation potentielles, que les circonstances de la guerre peuvent faire resurgir.

rose dit: à

. On a beau avoir une riche vie intérieure, ce n’est pas terrible pour le (Bal)moral.

Pourtant, c’est une vie de château, Bloom…

rose dit: à

et alii dit: à
comment il y a, dans la société civile, en état de paix, des poches dormantes de brutalité ou de déshumanisation potentielles, que les circonstances de la guerre peuvent faire resurgir.

Chez les ours aussi.
La brutalité lié à la copulation.

rose dit: à

La brutalité liée à la copulation.

et alii dit: à

les ours aussi:
: « Ce Séchard était un ancien compagnon pressier, que dans leur argot typographique les ouvriers chargés d’assembler les lettres appellent un ours. Le mouvement de va-et-vient, qui ressemble assez à celui d’un ours en cage, par lequel les pressiers se portent de l’encrier à la presse et de la presse à l’encrier, leur a sans doute valu ce sobriquet. En revanche, les ours ont nommé les compositeurs des singes, à cause du continuel exercice qu’ils font pour attraper les lettres dans les cent cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. »

et alii dit: à

excuses :balzac : »Scènes de la vie de province »

rose dit: à

Obsédée par les servantes et alii ?

et alii dit: à

dois-je vous appeler rose l’ancillaire?
DONC? LANCEZ ET RELANCEZ en l’air,et nous serons hilares!
bonne suite

Janssen J-J dit: à

des petites révélations très profondes dans le recueil des souvenirs intimes de Georges Banu, ce franco-roumain fou de théâtre, témoin capital de la vie et pensées secrètes de nos plus grands théâtreux européens, morts ou toujours là… Et notamment de l’hymne élgiaque de Pippo Delbonno à Bobo…
Il en fait un peu trop, Georges, dans le rôle qu’il se donne d’Horacio, l’éternel second et confident d’Hamlet… Et dans sa revendication finale d’une entreprise immature… Et pourtant, quelle géniale galerie de portraits…, il les a tous côtoyés les Gratowski, Brook, Vitez, Barba, Kantor, Strheler, Chéreau, Stein, Grüber, Mnouchkine, Vassiliev, Wilson, Warlikowski et tant d’autres sur le théâtre desquels le spectateur Goerges ne s’est pas attardé mais a recueilli les confidences. Un festin de vacances !…
Bàv,

Patrice Charoulet dit: à

« prorusse »

Je vais en voiture à mon supermarché une fois par semaine. Ce jour, je rencontre quelqu’un, que je n’avais pas vu depuis des années, qui habite maintenant trente kilomètres plus loin sur la côte. Nos conversations étaient essentiellement littéraires et pratiquement jamais politiques.
Cette fois – nous sommes à deux jours des élections législatives – la conversation est peu littéraire.
Il exprime ses convictions, ses détestations. Soudain j’entends : « Je suis prorusse. » Je me suis pincé pour me demander si je ne rêvais pas. La conversation a tourné court, car il commençait à
pleuvoir. Il n’a pas eu le temps de plaider pour Poutine, mais j’ai compris qu’il s’y préparait.
Regagnant ma voiture, avec mes victuailles, ce terme « prorusse » m’a rappelé des choses. Depuis des semaines , nous assistons à une abominable invasion de l’Ukraine par l’armée de Poutine. Comment un Français peut-il dire « Je suis prorusse » le 10 juin 2022 ? C’est dur à comprendre. D’autres , qui vont jouer un rôle dans les élections imminentes, étaient aussi « prorusses » et « pro
Poutine » : Mme Le Pen, MM. Mélenchon et Zemmour. Les deux premiers , pour cause électorale, ont habilement mis un peu d’eau dans leur vin à cet égard. Le dernier a rechigné à se rétracter : c’est une des causes de sa dégringolade.

Patrice Charoulet dit: à

POLICE

Depuis plus de cinquante ans, je suis un soutien constant de la police et de la gendarmerie. Quand on me demande mes papiers : « Je réponds : Bonjour, Monsieur le fonctionnaire de police. Voici mes papiers. » Je n’ai participé à aucune manifestation de ma vie. Je n’ai pas eu une seule amende de ma vie, même pour infraction routière. Je ne conduis jamais sous l’empire d’un alcoolique pour la raison que je n’aime boire que de l’eau .J’ai tous mes points sur mon permis de conduire.J’ai été contre les Gilets jaunes (rouges ou noirs) du premier jour au dernier. Rien ne justifie qu’on insulte un policier ou qu’on lui jette une pierre. Je soutiens tous les syndicats de police français. Les policiers ne sont pas assez payés pour les services qu’ils rendent. La liste des policiers blessés ou tués en service est trouvable sur le Net. Peu d’émissions là-dessus.
Un policier français qui met son genou sur la gorge d’un interpellé jusqu’à ce que mort s’ensuive a tort. Je ne le soutiens pas du tout.
Des policiers qui tirent 9 balles sur un véhicule et tuent une passagère qui n’avait rien fait, car au début on avait repéré une ceinture arrière pas mise, ont tort. Je ne les soutiens pas du tout.
D’une manière générale, la police française n’a rien à voir avec la police américaine, russe, chinoise…
Mélenchon en parlant ainsi de la police pense devenir Premier ministre. Il se disqualifie. Mais il s’était déjà disqualifié cent fois par d’autres paroles et d’autres conduites qui sont dans toutes les mémoires.

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