Les traductions aussi ont une histoire
« Savez-vous pourquoi la traduction des livres d’histoire comme objet d’histoire laisse totalement indifférents les historiens du culturel ? Nous non plus… De fait, après avoir essuyé bien des refus, nous avons eu le plus grand mal à en trouver un qui veuille bien s’y coller ! ». Heureusement, Bernard Banoun a tenu bon. Ce germaniste est le maître d’œuvre, avec Isabelle Poulin et Yves Chevrel, du dernier tome de la monumentale Histoire des traductions en langue française (1920 pages, 48 euros). Une somme en quatre volumes qui court de l’invention de l’imprimerie jusqu’à la fin du XXème siècle éditée par Verdier sous la direction d’Yves Chevrel et Jean-Yves Masson. Elle impressionne non seulement par son épaisseur (des milliers de pages avec zooms sur des traducteurs, index et bibliographies) mais par la diversité, la richesse, l’originalité des angles d’études et surtout par son exceptionnelle densité. Elle permet de revisiter l’histoire culturelle au prisme de la traduction. Quelques deux cents universitaires de toutes nationalités y ont collaboré. On y trouve même, au sein des études globales sur tel phénomène ou telle discipline, des portraits de traducteurs, des focus sur la reproduction des oeuvres complètes de Freud au PUF, sur la traduction pionnière mais contestable de Kafka par Alexandre Vialatte ou encore les libertés prises dans la traduction des titres de films
« Ainsi « Der Himmel über Berlin » de Wim Wenders (littéralement « Le ciel au-dessus de Berlin ») est traduit par « Les Ailes du désir ». Les titres de plusieurs films de Luchino Visconti présentent des transferts intéressants : le titre français « Sandra » traduit « Vaghe stelle dell’Orsa » (littéralement « Belles étoiles de l’Ourse », incipit du poème « Le Ricordanze » de Leopardi que récite un personnage ); « Violence et passion » correspond à « Gruppo di familia in un interno » (groupe de famille dans un intérieur) ; enfin, « Les Damnés » s’intitule en italien « La Caduta degli Dei » – La Chute des Dieux… Depuis quelques temps, les distributeurs aiment bien conserver les titres anglais : « Pulp Fiction », « Breaking the Waves », « Trainspotting »… Et comme d’habitude, les Québecois sont les seuls à faire de la résistance en soucieux en gardiens du temple de la langue française. Chez eux, ces films deviennent donc « Fiction pulpeuse », « L’amour est un pouvoir » et, plus cocasse et néanmoins énigmatique « Ferrovipathes » (sic).
Et encore, la synthèse ne se veut pas exhaustive malgré son « ambition de totalité ». Le XXème siècle aura vu sur sa fin un spectaculaire accroissement du nombre des traductions à proportion de l’intensification des échanges de biens culturels et des réflexions aussi théoriques que méthodologiques sur une pratique constituée en discipline. La perspective historique permet de comprendre par exemple l’arrivée tardive de la littérature japonaise dans notre champ de vision , ou les origines de la percée du « boom » latino-américain dans les années 70 ou encore la création de nombreux néologismes qui écorchent souvent les oreilles dans les traductions de philosophie et de psychanalyse. La césure que constituent les années 1980 se manifeste dans les différents domaines où s’exerce la traduction : littérature, philosophie, cinéma, BD, poésie, théâtre, auteurs grecs et latins etc. Impossible de tous les traiter dans la dimension d’un article. Retenons-en principalement un : l’histoire -puisque c’est pour cette discipline que les maître d’oeuvre de cette somme ont eu le plus de mal à trouver un spécialiste. Et là, stupéfaction : l’étude fouillée qui y est consacrée révèle un vide vertigineux. Rien ou presque alors que la place des traductions dans une discipline est un révélateur de son historicité.
La synthèse confiée à Olivier Baisez et Thibaud Lanfranchi nous rappelle que, là aussi, l’anglais est la langue la mieux représentée. Ou que le grand nombre de livres traduits sur la République de Weimar et sur le nazisme illustre bien la rencontre les logiques commerciales et scientifiques. Les deux auteurs distinguent les traductions de convictions des traductions de controverse : dans le premier cas, l’historien se fait fort de persuader un éditeur de remédier à une scandaleuse lacune afin de combler un vide historiographique (le cas de la traduction collective du Siècle des Fugger de Richard Ehrenberg) ; dans le second, il s’agit d’éclairer le public français sur un débat essentiel se déroulant à l’étranger (les livres d’Alfred von Wegerer, de Fritz Fischer, Christopher Clark, Gerd Krumeich sur la responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement de la première guerre mondiale).
Mais si, autre exemple, la controverse sur la nature démocratique du régime politique de Rome née dans les années 1980 avec Fergus Millar a fini par trouver écho en français au début des années 2000, on peut toujours attendre la traduction de l’ensemble des travaux d’Américo Castro et Claudio Sànchez Albornoz au cœur d’un débat sur les origines de la crispation identitaire de la nation espagnole. Le réflexe de nombre d’éditeurs est encore de juger inutile de se lancer dans de coûteux chantiers de traduction puisque les premiers concernés par ce marché sont des chercheurs ou des étudiants censés maitriser la langue de leur spécialité. Ils se défaussent aussi sur le rôle de transmetteurs de toute une historiographie étrangère non traduite que tiennent la Société féodale de Marc Bloch, Economie rurale et Vie des campagnes de Georges Duby, les Origines de la plèbe romaine de Jean-Claude Richard…
Les éditeurs n’ont alors recours aux historiens qu’à titre de passeurs. Le cas notamment d’ historiens-traducteurs tel le médiéviste Jean-Philippe Genet à qui l’ont doit (avec sa sœur, Nicole Genet) en 1989 la version française des Deux corps du roi d’Ernest Kantorowicz paru en anglais en… 1957 ! Le cas également de la médiéviste Julia Bastin, qui a signé la traduction française d’un autre classique l’Automne du Moyen Âge de Johan Huizinga. Eu égard au faible nombre de traductions d’historiens étrangers en français au XXème siècle, on ne s’étonnera pas du nombre encore plus faible de retraductions. Le Napoléon de Tarlé et le Virgile père de l’Occident de Haecker sont des exceptions. Mais avant de retraduire, il faudrait commencer par traduire. ..
Ouvrez les fenêtres ! L’histoire apparaît vraiment comme le parent pauvre de la traduction. Il semble, à l’examen des catalogues (la somme de Verdier s’arrête en 2000), qu’au XXIème siècle les éditeurs d’histoire soient plus tournés qu’avant vers l’étranger, d’autant que les aides à la traduction du CNL ne faiblissent pas. Quelques lueurs inclinent à un relatif optimisme : l’audace de petites maisons d’édition (L’Eclat, La Fabrique, Amsterdam…) et la réduction des délais de traduction. L’internationalisation de la recherche n’y est pas étrangère. Reste à savoir si l’histoire restera encore à distance des grandes tendances qui se dessinent pour la littérature générale : une augmentation « faramineuse » du nombre des traductions toutes disciplines confondues et, plus relative, du nombre de langues traduites ; le rôle du traducteur comme « lecteur par excellence » ; et, le dernier mais pas le moindre, les progrès stupéfiants de la traduction automatique. Un phénomène que Bernard Banoun juge aussi « fascinant qu’inquiétant » dans le dernier numéro de la revue TransLittérature. Car s’il se généralise, nonobstant la connaissance du domaine traduit que l’on exige de lui, le traducteur ne sera plus qu’un réviseur.
(Photos D.R.)
658 Réponses pour Les traductions aussi ont une histoire
Allez, Galsworthy sans les Forsythe:
RAPPEL
Chaque étoile qui monte, décline et s’estompe –
Chaque mélodie de l’oiseau qui gazouille et s’endort –
Chaque étincelle qui en moi jaillit du feu de
L’esprit – toutes naissent d’une seule et même flamme !
Titre anglais
Lost in translation
Espagnol
Volver
Difficulté de rendre le jeu de mots en anglais.
« Lady Chatterley’s Lover is out of print » est juste dénotatif…
Une idée?
…Veuillez excuser cette remarque de pion : pas de trait d’union dans le mot « Moyen Âge ». (C’est un prof à la retraite qui vous écrit.)
Pour me faire pardonner, je vous adresse sous pli postal le Bulletin célinien de novembre qui traite du… Goncourt et des trois soutiens de Céline : Jean Ajalbert (ancien dreyfusard qui vira collabo), Lucien Descaves (je n’oublie pas que vous avez hérité de son couvert) et Léon Daudet (le seul à avoir voté pour Proust, puis pour Céline). J’évoque aussi Roland Dorgelès qui se félicita (bien plus tard) de ne pas avoir eu le Goncourt en 1919 face à Proust, bref de ne pas avoir subi le sort d’un Mazeline. Rien que vous ne sachiez déjà mais ce numéro contient d’autre choses.
Bien cordialement
http://bulletincelinien.com/
Lucien Descaves (je n’oublie pas que vous avez hérité de son couvert)
Le pauvre doit se retourner dans sa tombe.
« L’histoire apparaît vraiment comme le parent pauvre de la traduction » Passou
On ne trouve vraiment plus rien dans ces catalogues.
L’histoire des traductions , les traducteurs de livres d’Histoire, les historiens dans les traductions d’histoire, voilà un sujet. Un vaste sujet; passé la Toussaint, on ira bien jusqu’à Pâques ou à la Trinité.
Puisque l’on fait de la pub de novembre, ne manquez pas non plus ce numéro de Lire, spécial « livres qui nous font du bien ».
Difficile de faire aussi bien, « sold out » n’est pas « worn out » !
Fonctionne, mais beaucoup moins drôle :
Lady Chatterley’s Lover is no longer available
Comment traduire l’indicible ?
Comment dire l’intraduisible ?
Lady Chaterley’s Lover Waiting For Release
Comment traduire l’indicible ?
Comment dire l’intraduisible ?
—
En utilisant la danse comme moyen d’expression.
« « Lady Chatterley’s Lover is out of print » est juste dénotatif… »
C’est la preuve du génie de la langue… française, Bloom !
« L’histoire apparaît vraiment comme le parent pauvre de la traduction »
En fait tout ce qui touche aux sciences dures ou humaines, la théorie échiquéenne etc. est très partiellement traduit.
C’est la preuve du génie de la langue… française, Bloom !
—
Evidemment, Baroz. Le génie des langues est inépuisable et multiforme. La blague sur l’insomniaque agnostique & dyslexique dans le dernier Ken Loach « Sorry, We Missed You » est impossible à rendre de façon satisfaisante en français génial:
« You know the one about the agnostic, dyslexic insomniac? Well, he lay awake all night wondering if there really is a dog… »
(sous-titré « si Jésus crie… »)
Preuve, s’il en fallait, du génie de la langue anglaise, Baroz.
TS Eliot en connaissait un rayon sur le génie des langues. Il était d’ailleurs lui-même un véritable génie linguistique.
Après avoir passé plus d’une année à Paris à suivre les cours de Bergson et à apprendre le français avec Alain Fournier, il rentra aux Etats-Unis pour y terminer ses études.
A l’âge de 24 ans, il avait lu Bergson dans l’original, le grammairien indien Patanjali en pâli, les Upanishad en sanscrit, Héraclite en grec,Kant en allemand, Dante en italien et Spinoza en latin. Excusez du peu.
Pauvres nous qui parlons imparfaitement deux ou trois langues et encore, et jamais ne produirons ni The Waste Land ni The Old Possum’s Book Of Practical Cats…
Life’s unfair!
Regardons, parlons en, parlabrons, ce sui suit ne veut rien dire
all Halloween orange
https://www.youtube.com/watch?v=1I9GqxDA4ac
@ merci Ch., pour avoir rappelé D. à l’ordre, dans sa citation un brin aventureuse de Flaubert,
_____
« Du mariage » de Léon Blum. Je rappelle l’argument paru en 1907 : dans cet ouvrage, l’auteur développe l’idée selon laquelle le mariage ne devrait être contracté par un mari et une femme qu’au moment où ceux-ci sont assez mûrs pour le faire. Blum pense que, bien souvent, le vice propre du mariage, c’est qu’il unit un homme tendant ou déjà parvenu, à la période monogamique avec une femme neuve, avec une femme qui, normalement, avant de se fixer, devrait dépenser, épuiser l’instinct de changement et leur instinct polygamique. C’est la raison pour laquelle beaucoup de mariages sont précaires, et que se rencontrent parfois des infidélités au sein de couples qui n’en connaitraient pas s’ils étaient assez mûrs, s’ils avaient quitté la phase de l’instinct polygamique. Blum n’est pas plus hostile au mariage qu’il n’est hostile au concubinage. Il pense le mariage comme une union monogamique, ayant pour caractéristiques la paix et la stabilité, alors que « l’instinct polygamique » est marqué par l’amour, c’est-à-dire la passion. Le mariage est la monogamie codifiée, et la monogamie ne correspond, chez l’homme ou chez la femme normale, qu’à un état second du cœur et des sens. Tout mariage qui unit l’homme et la femme avant qu’ils soient parvenus l’un et l’autre à cet état est un mauvais mariage ».
Marcel Proust était tout à fait en raccord avec cette théorie, ce que l’on voit bien dans le tome 5 dédié à « La prisonnière ».
Jean, toujours eu un faible pour celle ci, du même
@Jean, toujours eu un faible pour celle ci, du même
Mais quelle bonne idée que de partager ce faible ; confondre Halloween et la saint Valentin n’est pas si commun
(pour les clients de musica import à l’époque où fallait cheminer pour dégoter un disque : https://www.youtube.com/watch?v=mxVo5mjK4eg )
Leo Blum, doucement. Il est très difficile de bien posséder une autre langue passé l’adolescence, et même pour ceux et celles qui ont eu une enfance dans plusieurs langues. Lire et écrire… Tout le monde n’est ni Nabokov ni Conrad. Même Rilke (un certain temps à Paris comme chacun sait, et qui a traduit Valéry) dans ses lettres en français, cela ne sonne pas tout à fait juste. Pour TS Eliot, dont j’ai mis des passages dans ma mémoire, je me renseignerai. (Les mots non anglais dans le Waste Land me paraissent plutôt comme des coquetteries).
Je crois avoir déjà mentionné ici :
https://books.openedition.org/pusl/21136?lang=en#targetText=Et%20Goethe%20aurait%20ajout%C3%A9%20%3A%20%C2%AB%20Je,nouveau%20avec%20fra%C3%AEcheur%20et%20vivacit%C3%A9%20%C2%BB.
Des coquetteries dans le Waste Land? Je suis un peu présomptueux, ce qui n’a aucune importance, mais qui est aussi une erreur. Elles sont là sans doute parce qu’elles sonnent bien, et c’est l’essentiel. Après tout, en anglais même deux autres vers ne semblent écrits que pour leur assonance:
« In the room the women come and go
Talking of Michelangelo. »
Quelle vision.
Janssen J-J dit : @ merci Ch., pour avoir rappelé D. à l’ordre, dans sa citation un brin aventureuse de Flaubert.
Galopin !
@Leo Bloom
A ce propos, pensez-vous qu’on puisse juger de la qualité d’une traduction si on ne connaît pas la langue d’origine d’où elle est traduite ?
Jean, j’oubliais la Toussaint, nos tombes quand il y en a ,sont assez loin de mon domicile actuel ( Loraine, Champagne pour les cimetières) Et puis red shoes pour une St Valentin, y’a pas mieux. Le type qui se fait refroidir pour avoir voulu offrir , en le volant puisqu’il est pauvre, un diamant à sa bien aimée pourrait tout à fait coller avec Halloween . Tom, je t’aime, une fan éternelle!
Pour la peine, je vous l’impose, Jean, de nouveau et pour le risque. Vous, vous ne pourriez pas connaitre, bien propre sur vous, n’est ce pas?
De Frédérique Roussel Les chevaliers de la VF: Une histoire de la traduction dans le journal Libération du 7/06/2019 (citant un passage du rapport de Pierre Assouline (2011) : La Condition du traducteur) :
https://next.liberation.fr/livres/2019/06/07/les-chevaliers-de-la-vf-une-histoire-de-la-traduction_1732426
« Difficulté de rendre le jeu de mots en anglais.
« Lady Chatterley’s Lover is out of print » est juste dénotatif…
Une idée? »
Tout plein.
Par exemple:
Victime de son succès
L’homme des bois est hs.
DH Lawrence a donné trois versions de son Robin des bois et Lady Jane.
La version censurée, la deuxième, a été publiée pour la première édition en Italie en 1928. Eh oui.
Ces jours derniers, l’exemplaire de Lady Chatterley’s lover, annoté par le juge Byrne- and his wife- qui a servi lors du procès , 1959, intenté pour obscénité, a été préempté lors d’une vente, pour qu’il reste en UK. Il est désormais conservé à l’université de Bristol.
https://www.nytimes.com/2019/10/02/world/europe/lady-chatterleys-lover-judge.html
Reste quelques questions. Pourquoi un procès, presque 30 ans après la premiere parution.
Un historien in the place pour expliquer comment l’histoire de Robin des bois et Jane parvint aux pequenots?
De qui était-ce ?
« Un soir, il me posa cette question : « Quand on est mort, crois-tu que ce soit la fin de tout ? »
Le mystère de la mort, j’y pense chaque jour, mais je n’étais pas encore à même de fournir à mon père le renseignement demandé. Pour lui faire plaisir, j’étalai la foi la plus rassurante :
– Je crois que le plaisir survit, tandis que la douleur n’est plus nécessaire. La décomposition pourrait rappeler le plaisir sexuel. Á coup sûr, elle s’accompagne d’un sentiment de félicité et de détente, puisque c’est l’effort pour se recomposer sans cesse qui fatigue l’organisme. La dissolution serait ainsi la récompense de la vie !
Je n’eus aucun succès. Nous étions encore à table, après dîner. Mon père se leva sans un mot, vida son verre et dit : « Ce n’est pas le moment de philosopher, surtout avec toi. » »
Italo Svevo : « La conscience de Zeno », traduit de l’italien par Paul-Henri Michel, folio 439, p. 54-55.
Le deuxième extrait était tiré des « Papiers collés » de Georges Perros
Celui-ci
« Ainsi pour faire l’amour. Il y faut une femme. Mais c’est trop, ou trop peu. Un sexe devrait suffire. Deux seins, des lèvres, une chevelure. Un certain mouvement qui animerait toutes ces merveilles. D’où une femme, quand même. Mais à faire, non faite.
La plupart des hommes opèrent à rebours. Prennent d’abord la femme, toute « confectionnée ». Puis en détachent le sexe, etc., qu’ils emmènent partout derrière eux. Sexe de poche. »
Personne n’avait trouvé, je ne vous dis donc pas bravo !
« D.H. Lawrence had sought to have Lady Chatterley’s Lover published conventionally by his publishers in England and the United States, but they were reluctant to undertake its publication because of its explicit sexual content. To circumvent censorship, Norman Douglas urged Lawrence to have the book published privately in Florence, and is believed to have introduced him to Orioli. In March 1928, Orioli and Lawrence took Lawrence’s unexpurgated typescript to a Florence printing shop where type was set by hand by Italian workers who did not know any English, resulting in numerous errors in the typesetting. After several delays, including the time required for extensive proofreading by Lawrence, about 1000 copies of the novel were released in July 1928.[4] »
Wiki
Hier, au cimetière du Montparnasse, vue une scène étrange et émouvante. Devant la tombe de Jacques Chirac, un Palestinien psalmodiait des versets du Coran ! Demandait-il à Allah d’accueillir le défunt ?
Lady Chatterley’s Lover lacks.
A ce propos, pensez-vous qu’on puisse juger de la qualité d’une traduction si on ne connaît pas la langue d’origine d’où elle est traduite ?
–
Sans aucun doute, Christiane. Comment pourrait-il en être autrement?
Une bonne traduction est celle qui donne accès au sens d’une façon qui respecte les codes de la langue d’arrivée où les brise si c’est le cas dans la langue de départ.
Et puis, traduire Joyce et Hobsbawm, Faulkner et Fukuyama, Shakespeare et Hume, ce n’est évidemment pas du tout la même chose.
« Depuis toujours, le fils de l’homme cherche inlassablement, sur un trait qui sillonne la paume de sa main, un reflet de son parcours sur Terre, l’équivalent visible du tracé de son destin. »
S’agit-il d’un texte écrit en français? Si oui, par qui? D’une traduction? Si oui, par qui et de quelle langue?
Personnellement, je m’en fiche, car j’aime beaucoup ces quelques lignes…
Lady Chatterley’s Lover lacks
–
Quand « lack » sera intransitif, il faudra faire passer une annonce dans le Hansard.
Marie, l’auriez vous lu? La deuxième est celle qui a servi au film et c’est selon certains la meilleure. Je ne sais si j’avais compris le contenu mais outre l’hymne à la nature, le charme des ébats amoureux, j’avais aussi supposé l’accord tacite du mari paraplégique et probablement paralysé du zob egalement , impuissant et cette démarche afin d’une part de sauver son mariage en autorisant un cours libre au désir de sa femme et dans l’ é but qu’elle lui donne un héritier puisqu’il est industriel, riche et rentre de la guerre sans plus d’espoir d’en concevoir. Mais c’est une fausse idée ou interpretation car je crois que les paraplégique ont des erections rendant la procreation possible .
Une bonne traduction est celle qui donne accès au sens d’une façon qui respecte les codes de la langue d’arrivée où les brise si c’est le cas dans la langue de départ.
Oui,mais comment en être sûr si l’on ne connaît pas la langue originale ? Comment traduire « Zazie dans le métro » en anglais ?
C’est en dehors des plaisirs de la chair une relation tout à fait intéressée, dans le film, une fois assurée de sa gravidité, elle quitte le garde chase avec toute la délicatesse et les égards que lui ont inculqués son rang, son milieu mais sans regrets déchirants apparents. Le garde chasse qui dans cette position de géniteur choisi ( ancien officier, une intelligence e supposée, pas de tares apparentes)va rejoindre le sien, celui de l’exploité meme si tout ceci parait bucolique, romantique, outrageant les moeurs du siècle. Rien de vraiment gratuit.
@vedo
Même Rilke (un certain temps à Paris comme chacun sait, et qui a traduit Valéry) dans ses lettres en français, cela ne sonne pas tout à fait juste.
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On l’excusera, car l’effort est en soi assez louable. On peut dire la même chose de Conrad, dont l’anglais est parfois très peu orthodoxe, et vivement critiqué par des « native speakers » puristes, qui lui reprochent d’avoir trop souvent recours au lexique d’origine latine et de délaisser le socle saxon de la langue. Garder à l’esprit qu’il a hésité à écrire en français.
Kundera aussi écrit en français des livres peut-être moins intéressants que ceux de la période tchèque mais c’est le monde n’est plus aussi binaire qu’à l’époque du rire et de l’oubli.
Pavel Haq (Seuil) est un très bon écrivain, mais il semblerait qu’il soit tenu à distance par de vieux réflexes. Le français, que nombre de locuteurs natifs ont tant de mal à maitriser correctement est choisi par plusieurs écrivains pour qui il est une seconde ou troisième langue. Voilà qui fait réfléchir.
Je n’ai pas bien compris ce que vous vouliez faire avec Eliot (?)
Si vous voulez mes sources, vous pouvez vous reporter à la biographie que lui consacre le poète écossais Robert Crawford « Young Eliot: From St. Louis to The Waste Land, Farrar, Straus and Giroux, 2016 ».
« Un historien in the place pour expliquer comment l’histoire de Robin des bois et Jane parvint aux pequenots? »
Une peccadille à côté de l’histoire de Joyce découverte quarante ans après tout le monde par la conscience perplexe du blog!
Joyce, tout sauf les bobonnes prudes! 😉
Oui,mais comment en être sûr si l’on ne connaît pas la langue originale ? Comment traduire « Zazie dans le métro » en anglais ?
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Comme on a traduit Ulysse et Finnegans Wake en français, en chinois et en serbe et en croate. On se débrouille et on cherche des équivalents. On fait vire le texte dans une autre langue.
Si vous voulez vous cantonner aux textes écrits en français, libre à vous. Vous pouvez aussi apprendre une langue étrangère parfaitement. Si vous disposez de plus de temps, cela pourra être sera plusieurs langues. Et si vous avez l’éternité devant vous, ce pourrait être toutes les langues.
Propos définitifs de Queneau sur le nationaliste linguistique: Doukipudonktan? = Holifart watastink!
vire >>>>> On fait vivRe le texte…
Vous pouvez apprendre … Ce n’est pas donné à tout le monde. Ceux que j’admire le plus sont ceux qui s’attaquent aux langues orientales. Avec entre les deux monde les langues d’Europe centrale avec le 3 ou 4 consonnes en fin de vocable, pourquoi ça? Comment prononcer ?
Mondes, excusez les autres nombreuses. Merci.
DOSE
Dans un livre de Sollers, 2014, où Sollers parle de lui, il dit avoir pris, à Venise, une « dose », puis une « surdose », puis parle de « descente ».
Ne connaissant pas personnellement Sollers, mais ne connaissant que plusieurs livres de lui, je demande à celui d’entre vous qui le connaîtrait mieux que moi, de me dire de quelle « dose » il s’agit.
Sollers (…) dit avoir pris, à Venise, une « dose », puis une « surdose », puis parle de « descente »…de quelle « dose » il s’agit.
—
Indubitablement, des linguini alla putanesca. Ail, câpres, olives et anchois, mélange capiteux qui sied à bien des nouilles…
Sollers est accro à… Venise (ou à la messe ?), Charoulet !
PHILIPPE SOLLERS
Sérénissime bellezza
Les livres de Philippe Sollers sont plein de sa passion, plurielle, pour les femmes et, unique, de Venise, ville à nulle autre comparable en histoire, art et beauté ! Ville féminine par excellence, chère aux poètes, aux écrivains et aux aventuriers de toutes sortes, Venise est avant pour lui plus muse que musée. Plus vivante que morte. C’est là que depuis sa jeunesse, fidèlement, deux fois l’an, au printemps et à l’automne, il retrouve sa chambre et son inspiration. Pour rédiger, par exemple, cet ouvrage à multiple entrées ?
« 6 heures, réveil, petit déjeuner à 7 heures. Tout de suite à la plume, sur le papier velouté. Descente à 7 h 30, messe aux Gesuiti (« mistero della fede »), un bout de messe seulement, à peine sept ou huit personnes, les deux anges d’or devant l’autel. Retour sur le ponton désert à cette heure, achat des journaux, vérification que l’argent et le pouvoir tiennent solidairement le pouvoir, journaux vite abandonnés, supplément culturels périmés, remontée dans la chambre.
Il est 8 h 30. Bain ou douche, et travail, ou plus exactement jeu, jusqu’à 13 heures.
Le bois des volets chauffe peu à peu. Quatre heures dans les phrases, ce n’est pas mal. Mais le vieux Casanova, en Bohême, écrivait, dit-il, douze à treize heures par jour. Il s’ennuyait à mourir, alors que moi, ici, je m’amuse. J’arriverai à huit ou neuf heures, pas plus.
La ville, à partir de 10 heures, monte en puissance. Bateaux, barges, canots, paquebots, je sens tout à travers les lettres que je trace. Venise m’aide, il fait beau, tout miroite en miroir. J’écoute la lumière du dehors, la prends, la détourne et la mets dans l’encre. De temps en temps, coup d’œil par la fenêtre sur les long-courriers (voir Bateaux).
Cloches vers midi, grappes et tourbillons de cloches, comme nulle part ailleurs. La Sérénissime fait savoir à l’air et au monde qu’elle contrôle le son et l’eau. Folie des cloches, arrogance joyeuse, difficile de croire que quelqu’un est déjà mort par ici (les morts sont en exil, sur une île spéciale).
Descente un peu après 13 heures, traversée de la place San Agnese, kiosque de l’Académie pour acheter les journaux français périmés vingt minutes après, passage du pont vers San Trovaso, traversée de l’église, sorte de grange confortable à rideaux tranquilles (Tintoret). L’organiste joue quelque chose de Frescobaldi ou de Bach. La messe est finie depuis longtemps, il y a eu des baptêmes et des mariages (jamais d’enterrements). Voici l’arrière du consulat français et ses arbres et la merveilleuse terrasse fleurie du palais Giustinani-Recanati, avec sa vierge d’angle protégée par un dais.
Encore un pont, ruelle très étroite, les Zattere de nouveau, petit restaurant près de la gare maritime, risotto (excellent) eau, café. Retour par le quai ensoleillé, encore un café sur le ponton avec un livre (Le Gai Savoir de Nietzsche, par exemple). Puis remontée et sommeil.
La chambre enregistre tout.
Reprise à 16 heures. Vers 17 heures, le maximum de rendement est atteint. La main court sur le papier, les mots glissent, je suis dans la partition, les thèmes et les scènes se pénètrent, s’exposent. C’est du stylo, mais aussi du pinceau, du clavier. De nouveau les cloches. A 19 h 30, whisky (toujours dans la chambre). Si je sors un peu plus tôt, morceau de messe aux Gesuiti (j’arrive à l’élévation, « mistero della fede »). Puis dîner léger, friture de poisson, chianti, observation de la foule au soleil couchant rouge, ouvriers, mères et enfants, renouvellement des vivants. L’eau devient mercurielle. Café, cigare. De nouveau, le tour par la Salute et la Douane, arrêt sur la place San Agnese, les volets des maisons se ferment, deux chiens, trois garçons énervés attardés avec leur ballon, deux ou trois appels, silence. Le clocher sonne ses dix coups. Les acacias deviennent noirs. Remontée dans la chambre, encore une heure ou deux dans l’encre, cela va faire neuf heures d’improvisation, fatigue. La journée se boucle sur elle-même, apparition et disparition du soleil, image de l’hostie au-dessus du ciboire, consécration et élévation, mystère de la foi et du verbe, plongée de l’autre côté du temps. Allongé, avant de dormir, rayon lumineux au plafond, quelques conversations étouffées sur le quai, et, tirant sur la corde, clapotis incessant de l’eau. Plongée dans les rêves, insomnie vers 3 heures du matin, plongée à nouveau. Et puis 6 heures, dépôt du sommeil, soleil. »
(« Dictionnaire amoureux de Venise », Plon, 2004)
Anti guide idéal pour goûter à la beauté de la ville tout en échappant aux hordes touristiques, le dictionnaire amoureux de Philippe Sollers permet au lecteur de connaître l’essentiel de son histoire et des richesses de son patrimoine : ses églises, ses palais, ses singuliers habitants, ses rues et places labyrinthiques, ses canaux, ses divers artistes locaux et visiteurs de prestige de tous les temps… Ainsi, à la lettre « G », comme Goldoni Carlo (1707-1793), trouve t-on cette déclaration d’amour pour sa ville natale de la part du dramaturge vénitien, mort ruiné à Paris pendant la Révolution : «Venise est une ville si extraordinaire qu’il n’est pas possible de s’en former une juste idée sans l’avoir vue. Les cartes, les plans, les modèles, les descriptions ne suffisent pas, il faut la voir. Toutes les villes du monde se ressemblent plus ou moins : celle-ci ne ressemble à aucune ; chaque fois que je l’ai revue, après de longues absences, c’était une nouvelle surprise pour moi ; à mesure que mon âge avançait, que mes connaissances augmentaient, et que j’avais des comparaisons à faire, j’y découvrais des singularités nouvelles et de nouvelles beautés. »
« … linguini alla putanesca.. »
Les linguine — plutôt spaghetti ou maccheroni — à la puttanesca sont un plat typique de la cuisine napolitaine, également appelé simplement aulive et chiapparielle — olives et câpres —. Ils sont préparés avec une sauce à base de tomate, de huile d’olive au thon, ail, olives noires de Gaeta, câpres et origan. Il y a une variante du Latium qui prévoit l’addition d’anchois salés. À propos de l’origine du nom le débat est encore ouvert’
À Venise plutôt les sepe col nero, seiches cuites dans une poêle avec huile, ail, persil, vin blanc et sa propre encre en fin de cuisson ; ou poenta e schie, polenta et crevettes frites et étalées sur un lit de polenta jaune tendre. Et d’autre plat de cet acabit : heureusement il y a Cipriani re-inventeur du Carpaccio — bon, mais pas à la hauteur de l’original servi au Piémont sous le nom de Délice des Langhe. Enfin, à Venise ce sera Cipriani ou alors on loue un hors-bord et on va dans une petite trattoria à Chioggia.
« Lady Chatterley’s Lover lacks. » lmd
Ma.gni.fi.que
Au cinéma, Lady Chatterley, c’est Annelise et l’amant c’est bouguereau épicétou
« Ne connaissant pas personnellement Sollers, mais ne connaissant que plusieurs livres de lui, je demande à celui d’entre vous qui le connaîtrait mieux que moi, de me dire de quelle « dose » il s’agit. »
Connaissant Sollers, il y a plusieurs possibilités, néanmoins réduites, car le personnage est pauvre. Il peut donc s’agir premièrement d’une dose de « foutre ». Sollers est un libertin putride, qui tirait sur tout ce qui bouge, et se prenait pour à la fois Sade et Casanova. Aujourd’hui c’est fini, il est vieux et impuissant et va bientôt mourir. Une deuxième possibilité, pour « dose » : une « dose » de connerie. Sollers surjoue sans cesse le mec positif, gai, optimiste, qui aime la vie, qui ne s’embarrasse de rien de triste. C’est l’idiot de la crèche. Il est béat devant lui-même – et donc c’est un esprit faux, qui voit faux, chez qui la fausseté a pris une ampleur démesuré. Bref, Sollers est complètement aliéné par la société de consommation. Tous les auteurs qu’il a lus et recopiés dans ses livres ne lui auront servie de rien. C’est une « vipère lubrique » (dixit Duras). Son pansexualisme l’a dirigé vers la plus infernale des impasses. Il a ira brûlé en Enfer ! Ai-je bien répondu à votre question sur « dose » ?
Sollers ressemble un peu à PaulEdel, s’agissant des mouettes. Cette promenade à Venise, sur la Douane de mer, avec ces mouettes aflligeantes qui viennent se poser en contrebas, cette pollutiopn visuelle des touristes, des grands paquebots… On dirait une merde qui s’abat lamentablement sur l’asphalte puant ! Bonne promenade, le troisième âge gâteux !
« Dans un livre de Sollers, 2014, où Sollers parle de lui »
Pléonasme
… pas pu m’en empêcher …
C’est étrange d’aimer Venise. Cette ville est un vrai Disneyland sans intérêt.
Le climat y est mauvais, les gondoliers sentent le carton-pâte, il n’y a plus un créneau dans l’année pour s’y rendre, tout est complet sans arrêt, très cher (mais ça je m’en fous), et il faut attendre longtemps en jouant des coudes au milieu de touristes en short qui puent la sueur et le mac-do. Car tenez-vous bien, Venise ne manque ni de MacDo, ni de Starbucks. Pour voir au final pas grand chose et revenir avec une bonne bronchite tellement l’air humide y est malsain.
Bref Venise craint un max, n’y allez pas.
Bouguereau en jardinier alors qu’il déteste les jardins me semble hautement aléatoire.🙄
J’aime les livres gais, pimpants, ironiques, de Sollers.c’est grand lecteur de le Bible ou d’Homère,fervent de Stendhal (lire son tres beau « Trésor d’amour » en folio), , de Casanova, de Joyce, d’Aragon ou de Céline ou Claudel, .. Les nombreuses critiques littéraires de Sollers( 680 pages de « la guerre du gout » en Folio) sont vivantes , d’un grand et bon lecteur qui sait noter, expliquer, les passages les meilleurs ses auteurs favoris : les grecs et notamment Homère ; ou le latin Tacite, ou Retz et Sévigné, Blaise Pascal, Marivaux, Sade , Stendhal, Hölderlin ,Casanova, Hugo ,les surréalistes, Genet, Bataille, à travers des citations toutes admirables. Il parle très bien de Voltaire (ou parfois ses peintres :Manet, Picasso, Bacon) ou des papes. Pas de doute, ce Sollers, notre Neveu de Rameau dans son bureau Gallimard est vivant, brouillon, pétulant, endiablé, en mouvement ,vrai, mordant, rigolard,cultivé, gamin, de bonne humeur, pas correct, imprudent, de mauvaise foi, léger, insolent fou des grands classiques, insouciant, puis grave, quel esprit vif dans la maussaderie de l’époque! Diable d’écrivain. Irrécupérable pour les lourds.
La reconquête du corps par le toucher ( quelques citations en VO )
Afin de resituer le scandale, le contexte juridique de ces temps révolus
A propos le l’auteur 1912/1913 lieu de résidence
https://www.gargnanosulgarda.com/Sport-Leisure/In-the-footsteps-of-DH-Lawrence.html
Merci, Leo Bloom,
Je me souviens d’un bel échange, ici, mené par Jean-Ollivier, quant à la traduction d’un roman : Les Vagues de Virginia Woolf ( comparant celle de Marguerite Yourcenar et celle de Cécile Wajsbrot). Les avis étaient partagés… C’était passionnant.
Michel Volkovitch sur son blog avait fait le même travail de lecture comparative après avoir recopié :
Un extrait de Virginia Woolf, The waves :
Now I climb this Spanish hill ; and I will suppose that this mule-back is my bed and that I lie dying. There is only a thin sheet between me now and the infinite depths. The lumps in the mattress soften beneath me. We stumble up – we stumble on. My path has been up and up, towards some solitary tree with a pool beside it on the very top. I have sliced the waters of beauty in the evening when the hills close themselves like birds wings folded. I have picked sometimes a red carnation, and wisps of hay. I have sunk alone on the turf and fingered some old bone and thought : When the wind stoops to brush this height, may there be nothing found but a pinch of dust.
Traduction de Marguerite Yourcenar :
Je suis en Espagne ; je gravis cette colline. Je vais prétendre que la croupe de cette mule est un lit, mon lit de mort. Seul, un mince drap me sépare des profondeurs infinies. Le matelas bosselé s’amollit sous moi. Nous avançons d’un pas trébuchant. Le sentier monte, puis descend dans la direction d’un arbre solitaire situé près d’un étang, au plus haut sommet. J’ai navigué sur les ondes de la beauté, au crépuscule, à l’heure où les collines se replient comme des ailes. Parfois, j’ai ramassé un œillet rouge, ou de petites touffes de foin laissé par les faneurs. Je me suis étendue sur l’herbe solitaire, j’ai retourné du bout du doigt un vieil os abandonné, et je me suis dit : «Quand le vent cessera de souffler sur cette colline, fasse le ciel que rien ne subsiste ici, sauf une pincée de cendre.»
Traduction de Cécile Wajsbrot :
Je gravis cette colline d’Espagne ; ce dos de mulet est mon lit, je suis mourante. Un drap mince me sépare des profondeurs infinies. Les bosses du matelas s’amollissent sous moi. Nous avançons – montons en trébuchant. Mon chemin a grimpé vers l’arbre solitaire et son étang, là-haut. J’ai fendu les eaux de la beauté quand les collines se referment le soir comme des ailes repliées. J’ai cueilli un œillet rouge, et des touffes de foin. Je me suis laissée tomber sur le gazon, ai touché un vieil os en pensant : quand le vent se penchera pour effleurer ces hauteurs, qu’il ne trouve plus qu’une pincée de poussière.
Tout avait été déclenché par un article de Viviane Forrester dans le Monde qui était d’une telle violence que, dit-il, « j’ai couru aussitôt, intrigué, chez mon libraire. (Qui a dit que les critiques ne faisaient plus vendre ?) Et là, surprise : lire ces Vagues françaises est un plaisir. Il y a là un sens du rythme, une maîtrise de l’écriture évidents. Plus tard, chez moi, en comparant cette V.F. et sa V.O., nouvel étonnement : même si je ne suis pas d’accord avec ma jeune consœur sur certains points de détail, je ne peux que saluer, dans son travail, le sérieux, la finesse, la rigueur souple qui font les bonnes traductions. Elle a su refuser les facilités du mot à mot comme celles de la «mise en bon français» pour mieux retrouver rythmes et couleurs d’origine. Le talent de Cécile Wajsbrot (également écrivain) crève les yeux — comme celui de Pascale Michon. À côté de ces nouvelles Vagues, si jeunes et fraîches, si vivantes, celles de Mme Yourcenar semblent soudain académiques et poussives… »
Un peu de la bataille
PaulEdel : « Les nombreuses critiques littéraires de Sollers »
Au cours d’une séance de dédicace, j’avais évoqué le gilet rouge de Théophile Gauthier dont il avait fait la matière d’un article dans Le Monde. C’était vivant et spirituel. Mais il ne semblait pas en faire grand cas. Je pense qu’il veut qu’on associe son nom à ses romans ou à la revue Tel Quel. Son épouse, la célèbre Julia Kristeva était présente. Je lui avais offert « L’enchâssement » de Ian Watson, ouvrage dont le thème (le langage) me semblait au cœur de son domaine de compétence. Là aussi indifférence. Avant les séances de dédicaces ils ont évoqué divers sujets. C’était comme une partie de ping-pong entre eux, un quant à soi. Bof.
LMD , je vous souhaite de tout coeur de ne pas avoir à vivre de telles frustrations. Ce qui à mon humble avis ne risque pas compte tenu de nos libertés et ouverture d’esprit qu’elle concernent les hommes , les femmes a peu de chance de se produire. Cette lady, quelle qu’en soit sa lecture peut être considérée comme une courageuse pionnière, braver ainsi les interdits et préjugés d’une epoque qui en etait bourrée, barrée, truffée, minée et derrière lesquels la beau monde se barricadait relève de l’exploit , de la rébellion ou d’une liberté d’esprit qu’il devzit etre rare d’y rencontrer à ciel ouvert. Une légende pourtant continue de se dire concernant les unions en ce royaume, l’infidélité serait admise sans qu’il soit besoin de la négocier, il ne faut pas qu’elle soit sue pour sauvegarder sauf le contrat, le mariage et des apparences. Je n’avais jamais pensé avant vous à la frustration comme moteur à la passion s’il est encore jouable de la découvrir dans ce roman.
Douze, treize ans de harcèlement et de viol de la sphère privée, jusqu’à rendre gravement malade et puis tranquille, aucun compte à rendre, qu’ils soient maudis!
« Diable d’écrivain. Irrécupérable pour les lourds. »
Popaul, sans le vouloir, vous nous faites le portrait d’un clown, d’un pantin, d’un paltoquet. Le pire est que votre description ressemble à ce qu’est ce pauvre fantoche, que plus personne ne lit. Vous décrivez un misérable bonhomme, avec tous ses défauts, et par un malin plaisir assez vicieux vous dites que vous aimez. Comme si soudainement vous étiez saisi par la débauche ! Mon pauvre Popaul ! Sollers n’est nullement le Neveu de Rameau, ni bien sûr Diderot ! Quel aveuglement ! La « lourdeur » que vous reprochez à ceux qui ont du mal à suppoprter ce genre d’âneries est en réalité l’agacement devant un type qui raconte n’importe quoi pour faire l’intéressant. Une zézette mégalo. Rabaisser la littérature à cet épiphénomène éditorial est indigne de vous, Popaul. Méditez donc un peu à cela, quand vous serez sur le rivage putride de Saint-Malo, à l’affût d’une mouette mazoutée qui se noie sur une vague abjecte, cette même vague puante s’écrasant lamentablement sur le sable dégueulasse comme une merde bien graisseuse qui s’abat sur l’asphalte nauséabond. Bonne promenade, Popaul, avec vos « catins » : « Mes pensées, ce sont mes catins… »
Les apparences et non des, mes excuses.
Poussière, de quoi est il suestion, je ne vous duis pas…
Question, suis, et merde!
Chez Sollers, rien n’est sérieux. Il défend en même temps deux positions différentes. Rien n’est scientifique, tout est rigolade. D’ailleurs, il rigole tout le temps, comme un poivrot (d’ailleurs, c’est un consommateur de shit). Il se prend pour une diva, presque une légende, parce qu’il a été le valet de très grands qu’il a croisés. Aragon, Bataille. Les minus, dans un certain milieu, peuvent croiser des grands, et même des très grands, mais ils resteront toujours des minus. Ils pourront toujours raconter par la suite le rôle grandiose qu’ils ont soi-disant tenu comme Topor l’avait montré dans Journal d’un vieux con. J’ai feuilleté l’autre jour la correspondance Sollers-Rollin, qui vient de paraître. Les lettres de Sollers sont impertinentes, suffisantes. Il se prend pour ce qu’il n’est pas, en partie à cause d’une femme qui est trop bien pour lui et qu’il a malheureusement embobinée toute sa vie comme un vil séducteur puant. Et Popaul aime ce voyou sans talent ? Retourne à ta mouette putride, indigne homme de lettres du rivage de Saint-Malo, et n’oublie pas la merde qui s’écrase sur l’asphalte puant comme Sollers sur la soie.
C’est marrant mon cher Popaul, mais ce que vous dites de Sollers rien que pour n’énerver, c’est exactement recopié des magazines féminins qui parlent de Sollers. Ces dames se sont mises à être folles de lui, parce qu’il s’habillait bien et donnait (faussement) l’impression d’être intelligent. Et puis, il y avait quelque chose qu’elles ne comprenaient pas chez lui, et qui était sa misogynie. Malgré tout, comme le disait Houellebecq quelque part, la vie sexuelle de Sollers a été un désastre. Il tombait toujours sur de vieilles féministes hystériques et laides. Sa vie de libertin a été un calvaire, rien à voir avec Casanova. Et en plus il a eu deux femmes, Julia et Dominique : de quoi attraper le tournis !
Mère Clopine aurait pu coucher avec Sollers…
Venise… Lire les pages sarcastiques de Lazare Carnot, alors en exil en Allemagne, sur cette république sacrifiée aux Autrichiens par un gouvernement se disant révolutionnaire! Ce doit être dans les Considérations sur le coup d’état du 18 Fructidor.
Il faudrait aussi voir l’Italie du dix-huitième siècle dans les Lettres du Président de Brosses.
L’infantilisme Delaportesque atteint des sommets sur ce blog. On ne le commentera pas davantage… MC
Soleil vert, Gautier craignait sur ses vieux jours qu’il ne restat de lui que le gilet rouge d’Hernani.
Il nous laisse tout de même grâce à Berlioz, un des plus grands cycles mélodiques français, Les Nuits d’Eté. La musique portant les paroles et transcendant le coté bien fait des poèmes,ceci dit sans mépriser Emaux,dont ils procèdent, Fracasse, ou les Contes. La musique comme traductrice incandescente du verbe, en quelque sorte?
Bien à vous.
MC
Marinetti reste actuel : « Nous répudions la Venise des touristes, marché pour antiquaires faussaires, calamités du snobisme et l’imbécillité universels… », cité de mémoire.
Je ne peux plus saquer Sollers, son attitude de néo-libertin de mes deux, sa mèche à la Hervé Bazin et sa bouche en cul-de-poule.
IL fait partie de mes traîtres personnels. Je veux parler de ceux qui, un jour, vous ont fait plaisir, ou frissonner, ou tout bonnement qui vous ont intéressée, et puis…
Ce genre de traîtrise-là. Comme Depardieu, tiens, qui est passé de l’insolence, de la liberté et de la jeunesse au cynisme et à la caricature.
En me trahissant, ils se trahissent aussi. J’ai écrit récemment que Depardieu était Cyrano, et qu’il finit Falstaff.
Sollers, lui, était le situationniste de la littérature. Il en a gardé juste la très bonne… situation. Confortable, au chaud.
Un traître, vous dis-je. Pas de bol, Delaporte : je ne couche pas avec les traîtres.
« Mon café de la nuit, c’est à la Fenice. La placette contient deux églises, le théâtre, un grand restaurant et le bar du théâtre. De quoi tout jouer, sur place, depuis Gozzi jusqu’à du Courteline.(…) La place est éclairée par les projecteurs qui noircissent le ruban du ciel et font éclater le poli de la pierre, sortir de l’ombre les colonnes ; entre Dieu et les Muses c’est à qui soutiendra le plus de gloire : tout y est créé par l’homme, pour l’homme, tout si équilibré, si bien assis sur l’eau invisible, tous les plans s’entendent si bien à construire l’harmonie qu’on se sent aussi heureux que si on avait bu. » Paul Morand, Venises.
Sollers se met en scène pour nous faire croire qu’il est l’égal des grands écrivains dont il parle. Mais les grands écrivains, d’une part, se fichent de Sollers, d’autre part ont mieux à faire que se mettre en scène en remuant, telle Ed en boîte de nuit à la recherche d’un Espagnol. Ils travaillent en silence, et c’est d’eux qu’on se souviendra. La Bruyère, l’un de mes écrivains préférés, l’avait bien compris, malgré les assauts du Mercure Galant, un torchon putride pour un lectorat puant.
Mais Popaul, qui aurait pû écrire dans le Mercure Galant, encense Sollers et met Modiano aux oubliettes! Bonne promenade Popaul, saluez de ma part la mouette mazoutée, et admirez la vague putride qui s’abat pathétiquement sur le sable putride, comme une merde spongieuse sur l’asphalte trempé!
Ah. Sollers a dû mettre un râteau à Mère Clopine.
Plutôt l’inverse, Delaporte. Si c’est cela que vous envisagez.
…et puis il y a le traitre Onfray.
Le plus grand.
Mon cher D., êtes-vous toujours en grève, ou bien nous direz-vous ce que vous allez manger ce soir?
Pas de relâche à la toussaint ?Bien fait de jeter un œil. Bravo pour la photo des pénitents de cadiz ‘Spanish tradition’ et pour la chronique, Assouline. Cat’s pajamas for the chatteratti; Verdier, mention à Masson. Il s’en tire honorablement alors que le bateau sombre.
Le romanesque ‘jaune vif’ des deux veuves de bobillier nostalgiques de la corrida graaaaand genre et des petits arrangements ne me parle plus. Le dernier exemple Anne pauly, catastrophique. Michon & ‘Compagnie de’,terminé depuis ‘les Onze’. Quignard attablé avec les vieux prods france cul. cuits au rancio parlant de la révolution avec milner Badiou, c’était bon il y a dix ans. Les épouvantails Benny levy et rancière ne protègent plus les cerises.
Une copine Ulm qu’il voulait à toutes forces ‘aider à faire sa thèse’ en l’enrôlant avec bénédiction du staff a fini de me dégoûter de la chausse-trape intellectuelle.
Mon Cher Delayourte, je déposerai cette nuit à 05h le quintal de patates que je vous dois à l’entrée du petit square de Saint-Germain-des-Près. C’est de la belle Bintje bio de surcroît. Vous allez vous régaler pendant quelques semaines.
Mère Clopine, vous confondez Delayourte et Delaporte. Mais ça ne fait rien. Delayourte me pastiche, parfois savamment. Il ne prend pas trop de risques, c’est sans doute un retraité de la fonction publique, un ancien prof. Peut-être un prof de français. Mais sur La Bruyère, il se trompe : ce n’est pas l’un de mes écrivains préférés, c’est MON écrivain préféré. Nuance ! Delayourte prend peut-être sa retraite sur un rivage marin : attention, Delayourte, qu’une mouette ne vous chie pas dessus. Ce serait puant.
Ce soir je mange de la quiche lorraine.
Mon cher D., vous choisissez perfidement des bintjes, pour me rappeler la Caraïbe néerlandaise, Chantal et les 3000 euros. Mais soit, je les donnerai à mes chats. Je vous remercie et je retourne panser mes bêtes (mes pansés sont mes cats, hein!).
J’ai une sublime côte de porc qui attend dans mon frigo que je m’en délecte. Je vais la sortir ce soir et l’engloutir. Elle est taillée dans l’échine, la partie grasse. Elle est épaisse. Je l’ai achetée avant-hier, elle est bien sûr encore excellente à la consommation, je crois.
De surcroît je ne l’ai pas payée cher, la date étant dépassée.
Malheureusement, mon cher D, c’est à moi Delaporte que vous devez ces deux quintaux de patates. Je ne plaisante pas du tout, et j’attends. Soyez sérieux, c’est votre intérêt, sinon, comme le dit Jacuzzi, les gros bras du Point vous venir vous casser la gueule. Premier avertissement.
« De surcroît je ne l’ai pas payée cher, la date étant dépassée. »
Je l’ai achetée chez mon boucher, divin crétin, raclure de bidet, enfoiré de mes deux !!!
Échine de porc, porc, porc, born to be alive.
https://youtu.be/9UaJAnnipkY
les grands écrivains, d’une part, se fichent de Sollers
—
Vraiment? Il faudrait peut-être être plus précis.
En revanche, je sais « straight from the horse’s mouth » que plusieurs des jeunes écrivains qu’il publie dans l’Infini lui témoignent de beaucoup d’affection. Il ne s’agit pas de flagornerie, mais d’une forme de respect comme celle que l’on éprouve pour quelqu’un qui exerce intelligemment et avec sensibilité son métier d’éditeur ou de directeur de collection.
Leo Bloom (car Bloom seul ne passe plus sur ce site…)
Mon Cher Delaporte, les gros bras de toutes sortent s’aplatissent aisément par le Kung-Fu dont je suis, permettez-moi de vous le rappeler, un maître depuis 15 ans déjà.
Sollers.
Le pathetique de son libertinage s est accentue avec l age mais a toujours existe. Il faisait impression au ‘Monde’ en fume -cigarettes aupres de Josyane Savigneau, une presentatrice meteo a son bras.
Poudre aux yeux sur des écrivains autres que lui au service de sa vantardise. Les beaux extraits Faulkner dans ‘Femmes’ tout de suite gaches par l imperieux besoin de decrire combien il est irresistible amant.
Helas son ecriture est devenue ridicule.
Irreductible aux lourds ? Il est surtout d une lourdeur et d un nombrilisme risibles a ses depends ! Je doute qu il en reste grand-chose, a part une figure de mascotte sexuelle autoproclamee.
Sa fragilite ,meme pas reconnue, ne le rend pas moins enfle.malheureux.
Pauvre et pitoyable Bloom qui rêve de s’aplatir devant Sollers. Bloom doit être gros comme Claudio Bahia, dont il devrait rejoindre la cohorte d’esclaves, tant il est servile!
La Bruyère se fout complètement de Sollers, la meilleure preuve est qu’il n’en parle jamais. Pauvre Bloom.
Le kung fu dont je suis.
L’émule
Rejoindre la cohorte d’esclaves, on embauche :
https://youtu.be/B2zhNbX-ch8
Bien sûr qu’Onfray tient sa bonne petite place, chez mes traîtres. Philippe Val aussi, tiens, celui-là, ah là là. . Si je parlais comme chez les Le Pen (le père), je dirais que c’est tout félon et compagnie.
Y’a moins de traîtresse chez les filles, je trouve. Elles tiennent mieux le coup,ça vieillit moins du côté du manche… les Elisabeth Badinter, les Christine Taubira ou Clémentine Autin. Z’ont peut-être des doublures en vison (je pense à Badinter), m’enfin ça ne déteint pas sur leurs postures d’intellectuelles… (car je mets Taubira, zou, chez les intellos, et la jeune Clémentine aussi. Nous ne sommes pas dans de l’eau de Boutin, n’est-ce pas.)
Un extrait de Virginia Woolf, The waves :
Now I climb this Spanish hill ;
Je suis en Espagne ; je gravis cette colline
Je gravis cette colline d’Espagne ;
—
Christiane,
Yourcenar prend un peu de liberté avec la syntaxe, mais ça ne me pose pas de problème, car la juxtaposition des deux propositions indépendantes rend bien le « Now » inchoatif, escamoté lexicalement dans les 2 traductions.
Yourcenar, « définitivement » (aussi pour la suite, qui colle davantage à la complexité de l’original).
L’eau ?
Issey Miyake.
Y’a moins de traîtresse chez les filles, je trouve.
—
Vu l’inégalité généralisée, cela n’est pas surprenant.
Heureusement, Lady Macbeth, La Chingada, Marie Antoinette, Tokyo Rose & Arletty, entre autres, sauvent le déshonneur féminin.
Wink, wink, nudge, nudge.
Pour une vision un peu différente de la traduction, toujours vécue comme un PROBLEME, mais rarement chantée:
Le retour mélodieux du traducteur
C’est le plus beau des voyages. Je suis ici, niché dans ma langue avec ses collines bleu horizon et ses fleuves d’évidence, mais je suis aussi là-bas, au pays où rien ne me ressemble, forêt noire et landes de bruyères. L’autre est à portée de main, j’en ai les caractères au bout de mes phalanges, c’est un cousin lointain que j’entends parfaitement ; ma tâche est de l’arracher à son altérité pour l’attirer dans mon palais, enfin dans ce qui est ma vie, mon souffle, mon rythme, raisons et rêves mêlés.
Que faire ? Je prends des risques, moins des libertés comme on se plaît à dire que des nécessités ; je bouge prudemment la syntaxe comme on écarte les branches à l’orée de la forêt, je déplie la lisière des mots et l’autre pénètre dans mon royaume – là où le mot et la chose s’épousent un peu, où le dire et le voir se font inconsciemment des mines.
Même si le sens m’en est clair, il se peut que le texte allemand ne consente pas à se défaire de sa gangue ; j’ai souvent l’impression que plus la clarté de l’étrangère est aveuglante, plus l’arrachement vers la langue maternelle est ardu. Tout est blanc soudain ; le prisme qui doit décomposer l’autre se trouble d’une opacité de roc gelé qui aveugle mon esprit pourtant lesté du sens : je guette un retour qui ne vient pas.
Il faut s’attarder sur ce moment où rien n’advient, où la loi du sens fait pression pour exiger sa restitution dans la langue d’enfance. Je me dis parfois que c’est davantage un lieu qu’un sens : je vole sur place au-dessus du Rhin, je suis totalement frontière, je me vois sur la carte, isolé, battant des ailes contre le vent d’ouest, bloqué par le mur de ma langue bien aimée. Je rêve de péninsule d’Europe, de clarté tempérée où l’Atlantique tiédirait la verdeur du Harz, ce cœur d’Allemagne bien connu, bien entendu, qui viendrait se réchauffer à deux pas du Gulf Stream, au seuil de ma maison.
L’aller est tellement facile, le mouvement est naturel, on a toujours envie de partir ; je vais à l’aventure, plein d’espoir, sûr de l’étranger dont je connais la langue et qui pourtant me dépayse si bien que je vois déjà miroiter le bonheur de sortir de ma peau. La difficulté est au retour : tant de connivences m’attendent, je vais renouer avec l’allure ordinaire de mes heures toujours jouées, un amont de souvenirs va dévaler sur mes épaules, tant d’affections anciennes à porter. Un trop plein d’amour pour ma langue embarrasse mon retour. L’effacement de l’autre – pure fiction, car avec ou sans ma traduction, il demeure – n’implique pas automatiquement l’ouverture sur le monde des mots où j’ai grandi : celui-ci m’est en effet si familier que mille chemins s’offrent à moi. Tant de voies pour un sens, j’hésite. Superbe attente, délicat retour : j’ignorais que ma langue maternelle allait vers toutes ces directions à la fois et sans l’autre langue je serais resté enclos dans le refrain des tournures moulinées étourdiment chaque jour.
Mais j’anticipe comme si j’avais trouvé le chemin de la maison alors que je trébuche sur les marches qui nous séparent. Il faut prendre cet entre-deux à bras le corps, lorsque l’autre disparaît et que l’un n’a pas encore paru : je plonge en vérité, je me noie dans la perte du langage, flot d’oubli taciturne. Moment désolé en apparence, très proche de l’ouvert auquel l’écrivain est constamment confronté. Mais le poète aime l’aventure, il chérit ce risque, il éprouve sa force ; le traducteur face au vide, paralysé de stupeur, se reproche sa maladresse. Je me console en songeant qu’ainsi, hors de moi, hors des mots, je côtoie au plus près l’auteur que je traduis : je me penche par-dessus son épaule, je le vois incliner la tête pour que je suive l’avance de sa peine et je découvre alors sa main qui repousse la nuit du mot à venir.
Je comprends tout à coup ce qui me manquait : j’avais oublié que le poète lui aussi est traducteur ; il traduit une réalité intérieure et c’est ce mouvement qu’au cœur du langage j’ai pour tâche de retrouver. Il a fallu le silence, il a fallu mon indécision pour que, dans la nuit de l’avancée vers la langue française, je croise mon écrivain allemand, dans l’autre sens. Nous nous saluons, nous nous reconnaissons : son effort est à la mesure du mien. Certes, le sien est d’un ordre différent, sa traduction va vers le tout autre, alors que la mienne surgit de sa main de maître. Mais il me donne au passage un conseil de la plus haute importance : je dois m’accorder à lui comme on le dit du violon et du piano. Parmi les mille voies possibles, le chemin que je choisirai dans ma langue est annoncé par son chant. Sa musique va me guider.
Je dois saisir sa mélodie. Je lis une page de l’œuvre, je la relis jusqu’à la connaître par cœur ; je sens que mon corps assouplit ma bonne vieille langue familière, je m’accorde, je m’adapte, je dis oui à tout, je suis tout ouïe. Je m’efface, j’efface le texte étranger et guidé par la musique, une voix murmure enfin un chant d’eau claire qui sourd au beau milieu du silence. Je sors de l’autre, du livre, délivrant enfin le sens jusqu’alors prisonnier de ma langueur.
Car une certitude dort au fond de la langue maternelle ; il suffit de dire, d’oser dire et le filet se fait tapis de mots ; la phrase fidèle et imprévue attendait patiemment que la pression du sens se dénoue en mélodie. C’était un jeu, le voyage retour était affaire de confiance, jolie petite peur suscitée mais nécessaire pour retrouver le chant de l’autre.
On voit bien que le même jeu d’abandon court sous les doigts du musicien : le texte est écrit, croches, noires, blanches, tempo, et pourtant, sur le silence à venir, le soliste va inscrire sa langue au plein du jeu. La chance est au futur, sa règle est plus féroce que celle du traducteur puisqu’il est cloué au rythme, mais il va faire déborder le temps de toute la technique de son corps éprouvé. Il se doute de l’avenir mais il compte sur le ton général dicté par ce moment de son corps pour se surprendre. Il va vers le nouveau puisque tout fuit, mais comme le traducteur il obéit à une règle étrange, déroutante : plus je m’efface, plus je suis moi-même. Car être soi-même dans le temps, c’est vivre l’aube perpétuelle, devenir neuf à chaque instant, entrer dans un prolongement renouvelé de soi.
En jouant, en traduisant, je me découvre ; je rencontre l’autre, je le devine, ma langue s’affine, le retour m’obligeant à ouvrir dans ma langue des voies que je n’aurais jamais frayées.
Il n’est pas question pour Ulysse de rentrer sans avoir traduit tout l’espace lumineux de la Méditerranée ; c’est ainsi qu’en devenant « personne » il s’absente de soi pour découvrir les figures stupéfiantes de l’autre. Ce retors s’amuse à se perdre, on admire les mille ruses, mais Homère seul, on le sait bien, est le vrai traducteur de ce traducteur au long retour mélodieux.
[Ah, la question de la plus belle des langues ! Je ne l’entendais pas depuis un bon bout de temps celle-là ! La lire suscite l’hilarité, certes, il faudrait toutefois rappeler qu’indépendamment de sa culture (l’acquis), chacun est prédisposé à apprécier certains environnements sonores plutôt que d’autres (l’inné). C’est comme la question du corps où, excepté les affamés qui sauteraient sur tout ce qui bouge, chacun est attiré par certains corps plutôt que par d’autres parce que nous sommes clôturés par le désir. Bref, on peut aimer la musique d’Hindemith on ne prétendra toutefois pas que c’est la plus belle des musiques.
Au cours de ma désormais longue vie, j’ai entendu les plus farfelues bêtises à propos des langues, de leurs qualités et de leurs défauts. L’on ne compte pas les chauvins, car ils ne parlent généralement qu’une langue, parfois mal, et sans dire le mot, ils tiennent les autres pour « barbares », ce qui n’est qu’une banale forme de racisme.
Cela dit, j’aime écouter les arguments de ceux qui trouvent qu’une langue peut présenter des avantages ou des désavantages, traquenard dans lequel tomba même un grand philosophe allemand du XXe siècle.
Je dois la meilleure des bêtises à un passionné de philosophie qui affirmait sans la moindre hésitation que la langue anglaise n’est pas adéquate à l’expression de la philosophie — lui rappeler la valeur de la pensée de certains philosophes de langue anglaise fut mission impossible, pourtant la langue est un système de signes qui nous sert pour communiquer, même ceux qui en font un usage anticonformiste s’y tiennent — ce qui peut être frustrant pour le lecteur trop pressé, mais amusant, si on leur dédie le temps nécessaire, car, jusqu’à preuve du contraire, l’anticonformisme ne met pas en jeu notre sécurité, notre tranquillité non plus d’ailleurs ; c’est vrai qu’il s’agit d’une expérience qui peut ouvrir une porte sur le désordre émotionnel de l’écrivant ; une petite sieste suffit toutefois à l’oublier — une petite sieste ou un bon Kirch avec deux morceaux de sucre.
Enfin, pourquoi perdre du temps avec une bêtise qui ne porte même pas une minuscule récompense ? « Les gens parlent et passent ».
À propos de bêtises, entendu un journaliste aux lacunes culturelles certaines, faire usage de l’adjectif « gracieux » à propos de la peinture de Vermeer, il s’agit d’une méprise sans pareil puisqu’il est évident que ce n’est pas parce le maître de Delft feint de nous montrer une scène de genre qu’il en a peinte une. Voyons plutôt autre chose et à ces fins portons un regard soutenu sur la langue courante afin de la sortir de la grande misère où le personnel des médias et de la politique l’ont plongée et par vertu, tâchons de nous débarrasser des poncifs qui l’articulent et des actions mauvaises qui la pourrissent. Il serait opportun, p. ex., que lorsque quelqu’un fait usage du mot « symbolique » sache nous expliquer en quoi est symbolique la chose dont il parle ; en quoi le caractère du symbole est-il cohérent avec l’événement qui l’aurait produit ? En d’autres mots qu’il sache mettre en évidence la pertinence du symbole, sans quoi on pourrait le suspecter de faire un usage inconsidéré du mot afin de mystifier le réel avec une scène faite de mythes et de monstres ; ou plus terre à terre, une vérité labile et fuyante.]
Popaul, ça vous intéressera peut-être de savoir ce que Sollers pensait de vous : un « flic de la critique » qui effectue des « rafles » comme un SS ! Eh oui, c’est très dur. Vous êtes renvoyé à votre néant (du Point) par quelqu’un qui ne vaut guère mieux, sans doute. Qu’en pensez-vous ? Vous aviez oublié cette charge contre vous de notre zézette magalo ? Epoustouflant !!!
Chez Clopine je rêve de voir un enroit ,cave? buanderie? séchoir à linge? fumoir?chambre d’amis? cabinet noir? Garage? remise? où seraient entreposés les figurines de ses » traitres » et traitresses …Sorte de musée Grevin.. Un rêve!
Si on parle d’héroïnes je distingue en premier la normande Charlotte Corday d’Armont, 25 ans, teint de porcelaine,visage délicat, pied ravissant, et force d’âme digne de l’Antiquité. Elle poignarde ce pustuleux Marat, dans son bain, lui qui incitait ses lecteurs à commettre un bain de sang avec les Girondins. Ce que j’aime surtout hez les historiens, c’est que pas un n’oublie de préciser que le couteau qu’elle planta dans Marat était un couteau de CUISINE.
« Heureusement, Lady Macbeth, La Chingada, Marie Antoinette, Tokyo Rose & Arletty, entre autres, sauvent le déshonneur féminin. »
Et pas Jeanne d’Arc, Léon Bloom ?
« Ce que j’aime surtout hez les historiens, c’est que pas un n’oublie de préciser que le couteau qu’elle planta dans Marat était un couteau de CUISINE. »
Popaul aimerait qu’on lui raconte que c’était un sabre de samouraï. Il défend Charlotte Corday, « le Chef », comme Drieu la Rochelle ! Il est en pleine crise de fureur (Führer) hypomaniaque, on dirait ! Calme-toi Popaul ! Va te promener sur le si beau rivage malouin, aux mouettes mazoutées et aux sables fétides…
« du petit square de Saint-Germain-des-Près. »
Lequel, D., il y en a deux ?
Cher PaulEdel, pourquoi ne changeriez vous pas un peu d’air en chroniquant quelques polars, pour notre plus grand plaisir? Vous pourriez par exemple nous parler de la « hard boiled school », dont le style acéré nous menait tout droit au coeur de la nature humaine. Et, puisqu’il s’agit de romans noirs, vous pourriez titrer en hommage au plus sombre d’entre eux : L’Hammett mazouté.
On imagine la stupeur de Popaul constatant que Sollers le traite de SS ! Ah, ça, c’est formidable ! Il ne va plus oser nous en parler comme ça. Je crois qu’on progresse. Popaul, vous progressez. N’abandonnez pas tout espoir, quoique…
Nous avons assisté au dernier commentaire de PaulEdel sur ce blog, ainsi que sur le sien. Désormais, il se retire dans un monastère, se fait moine. C’était ça ou le suicide.
L’histoire apparaît vraiment comme le parent pauvre de la traduction (Passou)
—
Pour en revenir au propos du billet de « this our host »,ci-dessous, une liste de livres d’histoire dans trois domaines anglophones qui mériteraient traduction. Tous des classiques, à mon sens, à une ou deux exceptions près.
Cette liste peut être complétée/amendée, etc bien sûr, et pourquoi pas être suivie d’autre suggestions dans d’autres langues.
Passou pourra éventuellement faire le tri et pourquoi pas faire des propositions à des éditeurs?
Grande Bretagne
– A People’s History of England, A.L.Morton, 1948
– The Englishness of English Art, Nikolaus Pevsner 1956
– The Making of the English Landscape, William – George Hoskins, 1955
– Tudor England, S.T.Bindoff, 1950
– England in the Eighteenth Century, 1950
– The British Isles, A History of Four Nations, Hugh Kearney, 1989
– Britain’s Declining Empire, Ronald Hyam, 2006
Irlande
– Hell or Connaught! The Cromwellian Colonisation of Ireland, Peter Berresford Ellis, 1975
– The Great Hunger, Cecil Woodham-Smith, 1962
– The Ulster Crisis, Resistance to Home Rule, 1912-1914, ATQ Stewart, 1967
– Michael Collins Tim Pat Coogan, 1991
Northern Ireland: The Orange State, Michael Farrell, 1976
– The Shape of Irish History, ATQ Stewart, 2001
– Making Sense of the Troubles: A History of the Northern Ireland Conflict, David McKittrick, David McVea, 2012
USA
– The Free and the Unfree: A New History of the United States, Peter N. Carroll, David W. Noble, 1992
– The Story of the American Freedom, Eric Foner, 1999
– Anti-Intellectualism in American Life, Richard Hofstader, 1962
– Black Culture and Black Consciousness, Afro-American Folk Thought From Slavery to Freedom, Lawrence W. Levine, 1977
– The Making of Africa America, Ira Berlin, 2010
– White Terror, The KKK conspiracy and Southern Reconstruction, Allen W. Trelease, 1971
– Struggles in the Promised Land, Towards A History of Black-Jewish Relations in the Unites States, J. Salzman & Cornel West, 1997
Jeann d’Arc, Léon Bloom ?
—
C’est Léo, Baroz, pour le Leopold de Joyce.
La pucelle ne serait pucelle qu’on connait qui bouta les Anglois hors de toute France? Non?
Le félon, c’est le Cauchon,l’évêque collabo, lointain prédécesseur du cardinal Baudrillart & de l’infâme « Mgr » de Mayol de Lupé, aumonier de la LVF.
Paul Edel, point besoin de cave, de grenier, de remise ou d’armoire. Ma mémoire suffit… Vous aussi m’avez trahie, passant de la bienveillance à la moquerie, puis au rejet. Ne tremblez pas, je ne suis qu’une sorcière comme les autres, n’ai donc pas recours aux épingles et aux poupées (je laisse ça à Sollers, qui s’y connaît pour tirer son épingle du Je…) ; mais si peu sorcière que je sois, je n’en ai pas moins le pouvoir, au minimum, de l’asticot. Et votre lourde ironie à mon égard me donne justement l’envie de vous asticoter… Allons, je suis sûre que vous devez bien être un petit traître par ci par là. Une planchette pourrie…
Ah. Mère Clopine a dû aussi se prendre un râteau avec Popaul.
La papesse du tout Paris, Joyaux drille, n’est pas tendre avec Edel.
Je préfère, et de loin, la classe de Neuhoff, pour dire cet attrait de la bochie, de Paul Edel…;-)
Renato
Ah oui la plus belle des langues, comme c’est agaçant. car le linguiste s’obsède de l’autre, langue de l’autre culture et curieusement oublie la sienne propre, ce qui place souvent le linguiste traducteur dans une position difficile. Traduire, mais à quoi bon, puisque celle qui compte c’est la langue de l’autre. On sent l’enfant derrière le péremptoire. Ce qui fait que les linguistes n’aiment pas trop généralement la traduction: on le reconnaît à ce qu’ils usent d’une sorte de sabir dans lequel ils mêlent au français la langue de l’autre, à coup de néologismes ou de réflexions comme vous le mentionnez: ah oui, mais cela ne peut pas se dire dans notre langue! Ce qui reconnaissons le est très vexant pour la langue maternelle, la nôtre! Ajoutez à cela des réflexions mal comprises sur la langue française, Beckett disant qu’il a choisi le français parce que c’est une langue pauvre par exemple. Ainsi notre maternelle (!!) serait très inférieure à toutes ces langues riches pleines de nuances que sont les langues étrangères. La fréquentation des étrangers nous rassure vite sur ces clichés ridicules. Ils trouvent le français élégant et disent des choses positives qui nous ahurissent les oreilles, nous qui croyions avoir choisi l’étranger comme notre vraie seconde patrie bien plus belle que la première. C’est drôle.
L’étranger est notre chance.
* Et c’est toute la terre, une seule langue, des paroles unes.
Et c’est à leur départ du Levant, ils trouvent une faille en terre de Shîn‘ar et y habitent.
Ils disent, l’homme à son compagnon : « Offrons, briquetons des briques ! Flambons-les à la flambée ! »
La brique est pour eux pierre, le bitume est pour eux argile.
Ils disent : « Allons, bâtissons-nous une ville et une tour, sa tête aux ciels : faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur les faces de toute la terre. »
Image descend pour voir la ville et la tour qu’avaient bâties les fils du glébeux.
Image dit : « Voici, un seul peuple, une seule lèvre pour tous !
Cela, ils commencent à le faire. Maintenant rien n’empêchera pour eux tout ce qu’ils préméditeront de faire !
Allons, descendons et mêlons là leur langue afin que l’homme n’entende plus la lèvre de son compagnon. »
Image les disperse de là, sur les faces de toute la terre : ils cessent de bâtir la ville.
Sur quoi, il crie son nom : Babèl, oui, là, Image a mêlé la lèvre de toute la terre, et de là Image les a dispersés sur les faces de toute la terre.
« Genèse », 11, 1-9, La Bible, traduction d’André Chouraqui, 2003. »
Cqfd, Delayourte, je vois que vous pédalez dedans…
L’histoire de la traduction en Occident
https://www.academia.edu/4681033/Histoire_de_la_traduction_en_Occident
De la Tour de Babel à la Tour de Google… On n’arrête pas le progrės et on progresse sans arrêt vers l’Apocalypse.
L’Apocalypse, Patmos, le dodécanèse, etc.
https://www.google.com/search?q=Monast%C3%A8re+Saint-Jean-le-Th%C3%A9ologien&stick=H4sIAAAAAAAAAONgFuLQz9U3yDE0M1LiArGMkw0tKiy0DLKTrfRz8pMTSzLz8_QTU3Iz8zKLS4qA3LLU-JTMssxioLhVYglQKBmkpHgRq4pvfl5iccnhFUWpCsGJmXklul6piXm6Oam6IRmHV-bn5KdnpuYBAGN1vABxAAAA&sa=X&ved=2ahUKEwi2t_XJpMflAhWy3eAKHfBzDzgQxA0wDnoECBAQLg
Oui Mère Clopine, « CQFD » : Ce Qui Fait Dégorger.
Un peintre traduit-il sur sa toile?
C’est toute une histoire!
Garouste versus Georges Mathieu :
Encore un peu d’histoire de la traduction
http://atlantide.univ-nantes.fr/-Traducteurs-dans-l-histoire-
21 h 14 le 31 10 2019.
« Why don’t books get translated?
If you think it’s because it’s hard to find willing translators, or because the skills required are too rare, I’d like to offer two case studies below that point to another explanation:
The reason translations don’t happen is that we prohibit them. That is to say, translations are what happens naturally, except when copyright restrictions suppress them.
If you’re skeptical, consider the following tale of two authors, one whose books are free to be translated by anyone, another whose books are not. »
https://questioncopyright.org/translations_a_tale_of_two_authors
le couteau qu’elle planta dans Marat était un couteau de CUISINE
Dans le Dubois, il est écrit qu’il faut le tourner trois fois. Notez-le. À défaut de prendre des cours en Suisse.
Woolf et ses traducteurs, Les vagues
Qui a peur…
Belle image (Hi Han) de Paul Edel sur Sollers : un Neveu de Rameau faisant des heures de bureau chez Gallimard. Poor Diderot.
Christiane
@Pour la peine, je vous l’impose, Jean, de nouveau et pour le risque
Craindriez-vous déjà un accident domestique entre nous ?
Coming soon
https://www.youtube.com/watch?v=xY0HiTFOmuI
Et les traducteurs où que se situe leur domaine de predilection peuvent se syndiquer
Jazzi dit: à
« du petit square de Saint-Germain-des-Près. »
Lequel, D., il y en a deux ?
–
Celui à gauche quand on a le porche devant soi. Le sac y est, dépêchez-vous d’aller le chercher.
Jean, vous semblez ignorer que ma fin figure au programme, elle se rapproche . Enfin quoi, quand il n’est plus possible d’honorer un contrat quel qu’il se présente il nous faut y mettre un terme. Une bien triste nouvelle vous parviendra bientôt, faute de grive vous mangerez le merle d’ailleurs bien plus copieux et resistant si d’ici là vous n’avez pas renoncé à consommer nos amis les bêtes voire les bétins ( patois champenois) .
Un quintal de pommes dauphine
https://www.google.com/search?source=hp&ei=rU67Xbb4HN6LjLsPp_CN0Ao&q=pommes+de+terre+dauphine&oq=pommes+de+terre+Dauphone&gs_l=mobile-gws-wiz-hp.1.0.0i13l3j0i13i30j0i22i30l4.2418.9725..11965…0.0..0.395.2580.17j6j0j1……0….1…….8..41j41i131i67j41i71j0j46i131j0i131j46j46i275j0i10j46i13.QQlWDATCev0#
Un jardinier exhausted,
Je vous mets en garde néanmoins car certains sont particulièrement féroces , sans pitié, sans indulgence, sans conscience.
Armez vous, ils sont méchants, d’une des pires espèces qu’il puisse se rencontrer surtout quand on sait de quelle education ils sont redevables à moins que celle ci ne leur ait appris que mépris , et propension à l’escroquerie. Sans honte veritablement eprouvee, la honte est un mot vide pour eux et s’il étaient nés et bons pour un certain engagement, je doute fort qu’ils se soient inquiétés de ne pas restituer les tableaux spoliés.
S’ils. Et j’ajouterai pour clore ce chapitre qu’il sont épris de beauté et de littérature, c’est à mon avis bien utile à oublier , à s’oublier aussi. Excellente thérapeutique et tenue de camouflage distinguée.
Qu’ils. Correcteur.
Clopine dit: je ne couche pas avec les traîtres.
Aucun danger. L’art de trahir doit avoir une certaine charge érotique : les plus grands traîtres ont souvent les plus belles femmes. Mais il est rare, à ma connaissance, qu’ils s’attardent à conquérir de problématiques pécores à lunettes.
Sinon, ignorant le vomi precedent, Le Monde donne une idée un peu plus claire dus nouvelles règles régissant le code du chômage. Un grand bravo au gouvernement Macron qui par cette subtile manoeuvre va contribuer à mettre situation de précarité de nombreuses familles avec femme et enfants. Oui pour l’égalité des chances mais pas pour tout le monde quand même, tas de feignants dans un pays deindustrialisé qui jusqu’à aujourd’hui n’a conçu que cette parade pour falsifier la statistique, redresser ses comptes faire disparaitre les plus jeunes du comptage, et renforcer le pouvoir patronal . Un grand merci pour tant d’intelligence à l’ouvrage et pour l’humanisme sous jacent qui en rien ne cherche à contrarier l’économie de marché mondialisée à laquelle nous sommes soumis ni à protéger ceux qui en sont les victimes. Les 20/30 ans ainsi que les plus de 50 ans seront les premiers atteints, pour repeupler la France attendons des esclaves.
Petit Rappel dit: à
Soleil vert, Gautier craignait sur ses vieux jours qu’il ne restat de lui que le gilet rouge d’Hernani.
Bien sur MC. Cher Théophile Gauthier, je me souviens de Serge Reggiani alias Sergio qui voulait mourir en Capitaine Fracasse dans « La terrasse », film d’Ettore Scola. Tristesse
Chaloux, tout le monde ne peut dégager autant de sex appeal ou à piles que vous, convenez en sans faire preuve du machisme le plus rudimentaire. Et puis la beauté ne fait pas tout, quand on connait l’esprit des femmes qui vous excitent, je pense qu’il est possible de porter intérêt à des qualités plus humaines . Dieu, que de pétasses dans votre sillage!
A lire, le très beau petit livre d’Ernest Feydeau (père du grand Georges) sur Gautier.
Récréation
Delaporte, Sollers n’a jamais traité Paul Edel de SS, comme vous le prétendez. Il a parlé d’une « rafle de police », et en riant, de surcroît.
Toujours votre malhonnêteté de catholique.
MM
Vendredi 1er novembre
O0 : 07
01 novembre 2019 à 00 h 24 min
Question de Christiane à Leo Bloom:
A ce propos, pensez-vous qu’on puisse juger de la qualité d’une traduction si on ne connaît pas la langue d’origine d’où elle est traduite ?
Réponse de Leo Bloom:
Sans aucun doute, Christiane. Comment pourrait-il en être autrement?
Question de Jacques R. à Leo Bloom:
« Oui, mais comment en être sûr si l’on ne connaît pas la langue originale ? »
Pas de réponse de Leo Bloom à la question.
J’ai bien compris, Bloom? Tu penses vraiment qu’on peut juger de la qualité d’une traduction si on ne connaît pas la langue d’origine d’où elle est traduite?
01 novembre 2019 à 00 h 33 min
Dans le blog du critique littéraire José Luis García Martín (directeur de la revue Clarín), une critique féroce du dernier roman de Vargas Llosa, qui vient de sortir (« Tiempos recios ». Alfaguara). Selon le critique (par ailleurs poète et prof de littérature à l’université d’Oviedo) personne a relu le texte du romancier péruvien, tellement il est plein de maladresses et rempli d’erreurs.
http://crisisdepapel.blogspot.com/2019/10/crimen-novela-y-moraleja.html
À propos de traducteurs, intéressant celui mis en scène par Montale dans court texte que l’on trouve dans Papillon de Dinard, aussi que le « révolutionnaire » que Sciascia fait vivre dans Il consiglio d’Egitto.
dans court > dans UN court
01 novembre 2019 à 00 h 53 min
« «C’est terrible d’aimer ce que la mort peut toucher». Je n’en sais pas plus mais je reste sidérée. Peut-être à cause du mot « Toucher ». Comme une rivalité entre le désir du vivant et la convoitise de le mort. Je n’aime pas penser aux doigts de la mort. C’est cette lutte qui me sidère. Il faut beaucoup d’amour pour être plus fort que la mort… Notre vie n’a lieu qu’une fois, une loi de non-retour pour moi. On ne cesse d’échapper à ce néant qui nous attend. »
(Christiane)
Tous les milliers de livres et articles que tu as lus, les milliers d’expositions que tu as vues, les milliers de conférences et actes culturelles auxquels tu as assisté, tous les films, pièces de théâtre et documentaires que tu as vus, tous les programmes culturels et toute la musique que tu as entendus dans ta vie, toutes les rencontres humaines que tu as faites, toutes les discussions esthétiques et philosophiques que tu as eues, etc, etc, tout cela pour arriver a penser que « notre vie n’a lieu qu’une fois » et qu’après elle il n’y a que le néant?
C’est cela qu’une femme cultivée comme toi a appris en 60 ans de réflexions et d’expériences?
Là, c’est moi qui reste sidéré.
@Michel Mouton
Baby you can drive my car
https://www.youtube.com/watch?v=Zp8QkyXyTrc
Pablo, sans inondations, incendies ou autres sinistres destructeurs oui on peut tout à fait imzginer que ces oeuvres nous survivront, poussière nous redeviendrons poussière.
Record of Lady Chatterley’s lover is no more available.
Il se pourrait, comme d’autres, que DH Lawrence doive beaucoup à un Poète méconnu.
A Poor Man and a Lady
by Thomas Hardy
We knew it was not a valid thing,
And only sanct in the sight of God
(To use your phrase), as with fervent nod
You swore your assent when I placed the ring
On your pale slim hand. Our whispering
Was soft as the fan of a turtledove
That round our heads might have seemed to wing;
So solemn were we; so sincere our love.
We could do no better; and thus it stood
Through a time of timorous secret bliss,
Till we were divided, and never a kiss
Of mine could touch you, or likelihood
Illumed our sky that we might, or should
Be each to each in the world’s wide eye
What we were unviewed; and our vows make good
In the presence of parents and standers by.
I was a striver with deeds to do,
And little enough to do them with,
And a comely woman of noble kith,
With a courtly match to make, were you;
And we both were young; and though sterling-true
You had proved to our pledge under previous strains,
Our » union », as we called it, grew
Less grave to your eyes in your town campaigns.
Well: the woeful neared, you needn’t be told:
The current news-sheets clarioned soon
That you would be wived on a summer noon
By a man of illustrious line and old:
Nor better nor worse than the manifold
Of marriages made, had there not been
Our faith-swearing when fervent-souled,
Which, to me, seemed a breachless bar between.
We met in a Mayfair church, alone:
(The request was mine, which you yielded to).
» But we were not married at all! » urged you:
» Why, of course we were! » I said. Your tone,
I noted, was world-wise. You went on:
» ‘Twas sweet while it lasted. But you well know
That law is law. He’ll be, anon,
My husband really . You, Dear, weren’t so. »
» I wished — but to learn if — » faltered I,
And stopped. » But I’ll sting you not. Farewell! »
And we parted. — Do you recall the bell
That tolled by chance as we said good-bye? . . .
I saw you no more. The track of a high,
Sweet, liberal lady you’ve doubtless trod.
— All’s past! No heart was burst thereby,
And no one knew, unless it was God.
And, that’s the day
La Voie Romaine s’avance droite et nue,
A travers la lande. Et des hommes pensifs
Opposent son Aujourd’hui à son Jadis
Th.Hardy
Pas si méconnu que ça Thomas Hardy. Sa prose ne fut pas tout de suite comprise, mais il anticipa l’écriture cinématographique : narrateur omniscient, peu de moyens verbaux, beaucoup de panoramiques, fondus, zoom et gros plans. Architecte de formation, il excelle dans les descriptions des paysages.
Il est vrai que la critique n’a pas beaucoup apprécié les romans de ce schopenhauerien, ce qu’à un moment lui fit choisir la poesie, mais il fut quand même inhumé dans le Poets’ Corner de l’abbaye de Westminster.
[Incidemment, et à propos de fidélité au réel, il n’y a pas eu une fusion PSA-FIAT, mais une fusion FCA-PSA.]
THÉOPHILE GAUTIER
Far niente
Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.
(« Premières Poésies »)
Pablo75 – 01 novembre 2019 à 00 h 53
Nulle envie de briser vos rêves. Parfois, vous laissez sur ce blog votre imaginaire inscrire sur le vide et le silence de la mort vos fictions.
Chacun fait comme il peut face à la mort (la sienne et celle des autres.)
Souvent, je passe devant la sépulture de Stendhal au cimetière Montmartre et je lis sur la plaque de marbre insérée dans la stèle les trois vérités qu’il avait choisies (bien que vivre venait en premier) « scrisse – amo- visse » (a vécu, écrit, aimé). Il avait ajouté sur son manuscrit : « cette âme adorait Cimarosa, Mozart et Shakespeare… ». Mais ce dernier désir n’est pas inscrit sur la plaque.
Donc, je passe, allant ailleurs… et je répète ces mots (une façon de penser en italien en même temps qu’en français par ces trois mots.)
C’est cela que j’ai parfois trouvé dans cette multitude de livres que vous évoquez : par l’écriture, questionner la vie et l’amour. Je ne me suis pas attardée sur l’inconnu de la mort.
La vie, si complexe m’a suffi, me suffit. Mes morts c’est ma blessure, mon chagrin, ma nostalgie. Pas de communication. Pas de désir de résurrection ni d’éternité. Vivre est assez compliqué, puisse à la fin de la vie venir « un trou de mémoire » (comme l’a fait inscrire Bruno Crémer sur sa tombe).
Heureuse de vous avoir croisé, insolite et grave, sur ce fil de commentaires.
Pour Pablo
En Arles
Paul-Jean Toulet
Dans Arles, où sont les Alyscamps,
Quand l’ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd ;
Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas, si c’est d’amour,
Au bord des tombes.
Paul-Jean Toulet, Chansons
Merci Jazzi, pour ce farniente de Gautier : qui n’a pas vécu au moins une fois cela, l’après-midi d’août, la chaleur, l’ennui ? Bon, aujourd’hui vous oubliez les papillons, les insectes, vous rajoutez le bruit d’un moteur quelconque, et vous saupoudrez de Lubrizol. M’enfin l’idée était là…
bonjour:: En parcourant votre ouvrage Au bonheur des morts, qui questionne notamment la « situation » des morts, leur nécessaire « assignation à un lieu », la « place » qu’il faut leur faire, nous avons été étonnés de ne jamais vous voir arpenter les cimetières. Les mots cimetière et tombe sont presque absents de votre étude. Est-ce que « ceux qui restent » – avec qui vous avez longtemps échangé pour écrire ce livre – ont aujourd’hui déserté ces lieux ? Est-ce qu’ils n’y reconnaissent plus la place de ceux qui ont disparu ? Ou, si l’on adopte un autre point de vue et que l’on reprend vos termes, est-ce les morts n’y trouvent plus le « milieu sinon propice ou accueillant, du moins pas trop hostile » qu’il faudrait leur ménager ? En témoignerait la législation qui réduit toujours plus les concessions…
Vinciane Despret : Il aurait été possible d’inscrire les cimetières comme lieux d’enquêtes, mon dispositif, toutefois, n’encourageait pas ce geste : j’ai mené mon enquête « de biais », c’est-à-dire en n’interrogeant pas, mais en la conduisant dans mes milieux usuels de socialité, ce qui permettait justement de rompre avec les méthodologies très « déterminées » d’enquête, qui ressemblent plutôt à des collectes d’informations. Mais la question du cimetière ne cesse de se poser, bien entendu pour de nombreuses personnes. Toutefois, ceux qui m’ont raconté la manière dont ils continuent la conversation avec leurs défunts l’ont peu évoquée. D’une part, on pourrait penser qu’ils « détournent » en quelque sorte ce que Philippe Roth écrivait dans son roman Patrimoine :
« S’il n’y a personne dans le cimetière pour observer, on peut, en se livrant à un certain nombre d’excentricités, se persuader que les morts sont autre chose que des morts. Mais, à
http://strabic.fr/Vinciane-Despret-Au-bonheur-des-morts
V.D.
: Vous mentionnez malgré tout une anecdote assez amusante qui s’inscrit, on le devine, dans le cadre précis d’un cimetière : une personne profite du décès d’un facteur pour tenter de reprendre contact, par le biais de lettres déposées dans son cercueil, avec d’autres morts ! Un fossoyeur du cimetière du Père Lachaise à Paris, avec qui nous nous sommes entretenus, raconte qu’il a cessé de s’intéresser aux messages et autres philtres d’amour qu’il trouvait sur les tombes, tant ceux-ci étaient nombreux, tant ces trouvailles étaient devenues banales pour lui. Qu’est-ce que ce genre d’anecdotes et d’objets collectés révèlent de notre rapport à la mort, de nos modes de coexistence avec les morts ?
VD : Cette remarque du fossoyeur est très intéressante et rend compte, d’une certaine manière, du paysage dans lequel ces pratiques se constituent : un paysage très diversifié, qui me conduit à dire qu’il n’y a aucune théorie générale possible à propos de la manière dont nous continuons à entretenir des relations avec nos morts. Une des
Les titres de films étrangers ne sont pas seuls à connaître d’étranges métamorphoses lors de leur traduction en français, le titre du dernier roman de l’Autrichien Arno Geiger paru chez nous laisse tout autant perplexe. Traduit littéralement, l’original donne Sous le Mur du Dragon (une falaise dominant le lac de Mondsee, dans les environs de Salzbourg) : difficile de faire plus sobre ; au lieu de quoi Gallimard pense susciter le désir par un ronflant et énigmatique Le grand royaume des ombres. On s’interroge : de quelles ombres peut-il bien s’agir ? En un premier temps, fidèle à l’original, on cherche du côté de la topographie : peut-être le nouveau titre évoque-t-il les rives du lac dominées par la falaise et, de ce fait, éternellement plongées dans l’obscurité ? Hélas, un coup d’œil à une carte montre qu’il s’agit de la rive ouest qu’une paroi rocheuse la dominant, si haute soit-elle, ne peut en aucun cas priver de l’éclairage du soleil. Alors quoi ? Les ombres auxquelles Virgile permet à Énée puis à Dante de rendre visite ? Mais il s’agit, dans ce roman, d’une renaissance ! Plus exactement, d’une seconde naissance, d’une naissance à la vie enfin délivrée de l’idéologie mortifère du nazisme, enfin dégagée des rets de la « pédagogie noire » qui secondait celle-ci ! D’une sortie, si l’on veut, du grand royaume de l’Ombre, mais certainement pas des ombres. Sous réserve d’une incompréhension de ma part, jamais à exclure, ce titre est aberrant !
10h37
Christiane, propos de Toussaint…
Vous parlez de la tombe de Stendhal. Dès 1821, à l‘âge donc de 38 ans, alors qu’il n’avait pas écrit ses romans qui le rendirent célèbre, il avait déjà noté ce qu’il désirait qu’on inscrive sur sa tombe.
« Qui giace
Arrigo Beyle Milanese
Visse, scrisse, amô »
Le petit détail qui me plait, c’est dans les « Souvenirs d’égotisme » qu’on le trouve. Il déclare à propos de sa tombe : « Je voulais une tablette de marbre de la forme d’une carte à jouer :
« ERRICO BEYLE
Visse , scrisse, amô
Adorava Cimarosa,Mozart et Shakespeare ».
Qu’il pense à la forme d’une carte à jouer à propos de sa tombe, ça lui ressemble.
Dans les années 90 je traversais chaque matin le cimetière Montparnasse. Pendant une année je passais devant le cénotaphe de Baudelaire, situé contre le mur qui sépare le cimetière de la rue Froidevaux . Quelqu’un, chaque semaine, déposait une rose blanche sur sa tombe.
1 novembre 2019 à 10 h 46 min
« Le Traitre » de Marco Bellochio.
Les films de mafiosi sont-ils des films de genre à part entière, comme les films de vampire ?
Moins d’hémoglobine cependant chez le Bellocchio, plus politique, que chez le Francis Ford Coppola de la série des Parrains 1, 2, 3, 4.
Ici, l’histoire rejoint l’Histoire et le cinéaste italien retrace pour nous, à travers le personnage flamboyant de Tommaso Buscetta, remarquablement interprété par Pierfrancesco Favino, la chronique des repentis, inaugurée par le juge Giovanni Falcone.
Ce dernier, avant d’être liquidé dans un spectaculaire attentat, pensait qu’en brisant le tabou de la loi du silence, il parviendrait à éradiquer définitivement le problème mafieux italien.
Certes, le sommet de la pyramide de Cosa Nostra fut bien décimé, mais il semble que le cancer n’en finisse toujours pas de se généraliser.
Présenté en compétition au dernier festival de Cannes, le film de Marco Bellocchio (79 ans), reparti bredouille, allie, avec efficacité, le drame antique des personnages à la modernité des images.
Bon pied bon oeil, le Marco !
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19584472&cfilm=259340.html
Renato, oui, c’est le poème cité qui lui plus précisément resta entreposé et inconnu du public puisque non publié ( ou sur le tard, post mortem? ) de par la volonté de son auteur.
EMMOUR ET LA RUSSIE
Chaque soir, vers 19h 30, sur CNews, Zemmour dialogue avec un invité. Récemment, l’un de ses invités était Philippe Bilger.
Ce dernier a un excellent blog. L’un de ses commentateurs, ayant suivi ce dialogue, écrit sur ledit blog ceci :
« Zemmour a cru malin d’invoquer la Russie, et s’est lamentablement vautré, sans surprise. « Que diraient les médias, si, en Russie, on arrêtait, au moment des élections, un Fillon, un Mélenchon… »
Comment ça, si, en Russie ? Non seulement la police russe arrête, effectivement, pendant la campagne électorale, les opposants les plus en vue, mais elle les maltraite, les emprisonne, les poursuit sur des prétextes que tout le monde sait inventés.
Non seulement ça, mais elle leur interdit complètement de se présenter aux élections. C’est même pour ça que les Moscovites sont descendus dans la rue, dernièrement, provoquant des bastonnades policières qui n’avaient rien à envier à celles des Gilets jaunes. Les « médias » de la réaction — car elle a, aussi, les siens — se sont bien gardés de s’étaler sur ce point, ne parlons pas de le dénoncer.
En Russie, môssieur, les autorités bourrent les urnes au vu et au su de tout le monde — le cynisme est tel, que les caméras de surveillance placées dans les bureaux de vote « pour déceler la fraude » montrent des gens glisser des bulletins de vote dans l’urne par paquets de cinquante, la vidéo se retrouve sur Internet, et personne n’est inquiété, tout continue comme avant.
En Russie, môssieur, on peut voir, sur les mêmes vidéos officielles officiellement filmées par les caméras officielles, un observateur, chargé de surveiller la régularité du vote, recevoir un violent coup de poing dans le ventre de la part d’un policier du FSB en civil. Celui-ci part en sifflotant ; l’observateur, une fois remis, aborde un policier en grand uniforme « chargé de maintenir l’ordre dans le bureau de vote », l’interpelle, lui demande s’il a vu, dit qu’il a été agressé, lui demande d’intervenir — et le policier détourne ostensiblement la tête sans répondre.
Le cynisme est total, le mensonge ne se cache même pas.
En Russie, môssieur, on ne se contente pas de perquisitionner les opposants politiques, on tente de les empoisonner, on les abat comme des chiens dans la rue. Juste sous les remparts du Kremlin, pour que le message n’échappe à personne. Boris Nemtsov, ça lui dit quelque chose, à Zemmour ?
L’assassinat de Boris Nemtsov, c’est un peu comme si, avec ses fameux pistolets, Benalla abattait Éric Zemmour devant l’Élysée pour faire plaisir à Macron. OK, Monsieur Zemmour ? En France, on n’en est pas là, et il serait souhaitable que les vedettes de la « réaction » s’en félicitent, au lieu de recycler, à la télévision, les bobards à base de whataboutisme inversé concoctés par les gratte-papier de l’ex-KGB.
Non seulement toutes ces choses-là se passent, en Russie, et elles sont bien plus graves que chez nous ; non seulement les médias les dénoncent, à juste titre ; mais ils n’en parlent pas suffisamment et ne les dénoncent pas assez.
En somme, Zemmour, qui lit trop certaines poubelles du Net à l’instar de nombreux autres, restitue, sans en changer un mot, le mensonge dans le mensonge dans le mensonge fabriqué par les auteurs de poupées russes propagandistes que quantité de gens répètent comme des ânes.
Les artistes de la désinformation poutiniste jouent avec des Zemmour comme d’un violon, connaissant fort bien l’ignorance crasse d’un trop grand nombre de Français concernant ce qui se passe au-delà de leurs frontières. »
Derrière le tombeau de Rudolph Noureev et sur le côté de la tombe d’Andréi Tarkovski, il y a un petit banc simple, en pierre, pour s’asseoir et penser.
Au cimetière russe de Sainte Geneviève des bois.
Edgar Lee Masters, The Hill
Where are Elmer, Herman, Bert, Tom and Charley,
The weak of will, the strong of arm, the clown,
the boozer, the fighter?
All, all, are sleeping on the hill.
One passed in a fever,
One was burned in a mine,
One was killed in a brawl,
One died in a jail,
One fell from a bridge toiling for children and wife—
All, all are sleeping, sleeping, sleeping on the hill.
Where are Ella, Kate, Mag, Lizzie and Edith,
The tender heart, the simple soul, the loud, the proud,
the happy one?—
All, all, are sleeping on the hill.
One died in shameful child-birth,
One of a thwarted love,
One at the hands of a brute in a brothel,
One of a broken pride, in the search for heart’s desire,
One after life in far-away London and Paris
Was brought to her little space by Ella and Kate
and Mag—
All, all are sleeping, sleeping, sleeping on the hill.
Where are Uncle Isaac and Aunt Emily,
And old Towny Kincaid and Sevigne Houghton,
And Major Walker who had talked
with venerable men of the revolution?—
All, all, are sleeping on the hill.
They brought them dead sons from the war,
And daughters whom life had crushed,
And their children fatherless, crying—
All, all are sleeping, sleeping, sleeping on the hill.
Where is Old Fiddler Jones
Who played with life all his ninety years,
Braving the sleet with bared breast,
Drinking, rioting, thinking neither of wife nor kin,
Nor gold, nor love, nor heaven?
Lo! he babbles of the fish-frys of long ago,
Of the horse-races of long ago at Clary’s Grove,
Of what Abe Lincoln said
One time at Springfield.
@Bérénice (merci pour le lien « Préface de Marguerite Yourcenar à sa traduction, Les Vagues, de Virginia Woolf de Maïca Sanconie que j’utilise pour ma première réponse), Rose (merci pour pour votre regard vigilant sur le lien qui unissait Antinoüs et Hadrien) et Leo Bloom (pour la traduction de ce fragment des « Vagues » et vos remarques sur la traduction).
« Elle [M.Y.] s’approprie le texte source au nom de sa vision de la littérature d’accueil et détourne l’attention du lecteur de l’opération de traduction, au nom d’une conception de la traduction relevant uniquement de la création. Le paratexte devient le lieu d’un transfert narcissique permettant une forme d’auto-représentation ».
Oui, « Marguerite Yourcenar a entretenu avec la traduction des relations «subtilement désinvoltes». Une « belle infidèle »…
« Cette tendance fictionnelle s’exprime dans le portrait lyrique que Yourcenar brosse de Virginia Woolf », (comme dans celui d’Hadrien ou d’Antinoüs dans Mémoires d’Hadrien).
Et comment, effectivement, ne pas penser à ce texte de G.Leopardi, extrait de Zibaldone di pensieri, Milan, Garzanti, p. 583 :
« Les modes d’écriture, les formes, les mots, la grâce, l’élégance, les audaces heureuses ; les métaphores, les inversions, tout ce qui est du ressort de la langue dans tout texte écrit ou discours étranger (soit en bien soit en mal) ne se sent et ne se goûte qu’en relation avec la langue familière, et en comparant plus ou moins clairement telle phrase étrangère avec telle autre qui nous appartient, en transposant dans notre langue telle audace, telle expression élégante, etc. De sorte que l’effet sur notre esprit d’un texte écrit en langue étrangère est semblable à celui des perspectives reproduites et vues à l’intérieur d’une chambre noire, lesquelles ne peuvent être distinctes et correspondre vraiment aux objets et perspectives réels que si la chambre noire est adaptée pour les rendre avec exactitude ; si bien que tout l’effet dépend de la chambre noire plutôt que de l’effet réel. »
*******************************************************************
Je pense qu’il y a osmose entre deux pensées, une modulée dans la langue d’origine et l’autre dans celle de la traduction, pour un traducteur et non un exercice de mot à mot.
Les traducteurs, sauf commande d’un éditeur, vont, me semble-t-il, vers un auteur, un livre, un texte à traduire qui sont en lien avec leur personnalité, leur sensibilité, leurs recherches.
Écrire ou traduire peut être un geste identique ? Mais jusqu’où réécrire ?
Quant à traduire les textes historiques (billet de Passou), c’est subir l’effet d’autres décalages car ils reflètent une société, des évènements du passé, des conceptions, les sources de l’auteur et du texte à traduire, qui donnent lieu à interprétations diverses. On aborde là à la question de la recherche et de la transmission de la vérité historique.
Le travail en groupe de spécialistes plutôt que celui d’un solitaire peut être une solution mais on abandonne alors la rapidité de l’exécution de la traduction.
les nouveaux moyens de communication (Internet, Skype), permettent de travailler en réseau d’un pays à un autre, d’un traducteur à un autre.
Il ne fait pas beau, allons au cimetière !
Mais ne sortez pas sans lui…
https://www.amazon.fr/Guide-cimetières-parisiens-Jacques-Barozzi/dp/2903118574
Merci, Paul Edel, pour ce commentaire de 10h37. Une chose est certaine : vous m’avez fait découvrir Stendhal (l’œuvre et l’homme). Et je pense aussi à vous en pensant devant cette tombe.
Delaporte vous fait bien des misères, incompréhensibles.
Je reste persuadée que votre métier de critique littéraire au Point a été un grand moment de découverte d’un auteur, d’un livre pour vos lecteurs pas forcément attachés à ce journal. Il n’est qu’à lire et relire les billets de votre ancien blog dont j’ai la nostalgie et de la richesse des commentaires qu’on y rencontrait.
Quant à vos livres, ils m’ont plu, surtout pour votre écriture bien reconnaissable.
Après, ce n’est pas ici, dans cet espace traversé de moqueries, de jalousies et de méchanceté gratuites, qu’on trouvera une analyse crédible de votre présence dans la littérature.
(J’en ai fait hélas partie un jour de grande colère. Sachez que je n’ai jeté aucun de vos livres ni oublié notre ancienne amitié.)
mon regard vigilant. Euh…
Mon interprétation vacillante (n’étais pas sous la couette, god save the queen)
Doucement avec les violons, Christiane !
https://www.poetica.fr/poeme-1824/paul-verlaine-chanson-automne/
c’est en ;lisant un roman de H.James que j’ai trouvé que quelquechose n’allait pas dans la traduction:
« Traduire la « vie » de Nathaniel Hawthorne, cet hommage ambigu de Henry James au père fondateur des lettres américaines qu’il présente comme émergentes, c’est, sur le plan technique, traduire un essai éminemment intertextuel, un essai polyphonique, faisant intervenir une multitude de voix dont l’hétérogénéité potentielle est paradoxalement corrigée par l’interventionnisme de l’auteur. James, en effet, signe ici non pas une biographie totalement originale et nouvelle de Hawthorne, mais ce qu’il convient de considérer comme une « traduction transatlantique » (Cachin, 1998 : 83) de Study of Hawthorne (1876) de George Parsons Lathrop1, étude elle-même largement intertextuelle et polyphonique. C’est bien, en effet, cette Study (et non les sources primaires, disqualifiées d’emblée par James) qui constitue la matière première modelée, modulée, modalisée par le biographe, en fonction d’objectifs personnels et de choix professionnels réactionnels, c’est-à-dire dictés par le désir de (et l’incapacité à) se démarquer du père spirituel fondateur des lettres américaines – Nathaniel Hawthorne – comme du père biologique, Henry James Sr. Nous repérons, en plus d’une utilisation intensive et diversifiée de plusieurs strates d’hypotextes au cœur d’un hypertexte où ils apparaissent tantôt sous le régime de la co-présence et tantôt sous le régime de la dérivation, les traces du portrait de Nathaniel Hawthorne brossé par Henry James Sr., dans une lettre de 1861 adressée à son « cher Emerson ». Cette lettre, que j’ai découverte après la publication par les éditions José Corti de ma traduction du Hawthorne (Geoffroy-Menoux, 2003 : 5-111), brosse un portrait étrangement proche de celui établi par le fils, et qui pourrait bien en être l’hypotexte fondateur.
2 Lettre d’Alfred Habegger à l’auteure du présent article, 9 février 2002.
2Traduire en ignorant pareille intertextualité eût été impossible ; la notion doit en outre être prise dans l’acception la plus extensive qui soit, puisque pour Henry James tout faisait texte, y compris… la vie ! Le traducteur doit donc s’efforcer de percevoir les traces des textes, de tous les textes de Henry James, y compris sa correspondance ainsi que celle de son entourage.
https://journals.openedition.org/palimpsestes/576
Jazzi,
ce poème ne reflète absolument ce que je ressens.
Par ailleurs : mêlez-vous de vos affaires.
J’ai connu tout récemment le plaisir d’être traduit en allemand par un poète: « Le Chemin Der Weg »( http://lumpen.fr). Phénomène étrange. Mes poèmes, sur 14-18 et Le Chemin des Dames, en allemand et avec ma version française; les deux versions se font face comme les ennemis du temps, mais cette fois réconciliés; cent ans plus tard la traduction est ici un peu plus que ce que l’on entend couramment. C’est une main tendue et le poète allemand ne s’y est pas trompé qui a fait l’effort de presque abandonner les majuscules comme je l’avais fait moi-même pour des motifs personnels. Ah j’oubliais la traduction la plus curieuse est peut-être celle qu’a effectuée l’illustratrice pour chaque poème; mes dix huit textes ont été ainsi deux fois traduits, une fois en allemand, une autre fois en gouache. Deux grandes chances. Chance à la langue étrange, chance à la gouache tendre et robuste à la fois.
christiane, vous citez Leopardi, le Zibaldone, vol I, p 583, ed. Garzanti — extenso : [961] p. 853-853, 25 —. Il aurait été bon de commencer par le début de paragraphe, donc 853, 20 :
« Puisque chacun pense avec sa propre langue, ou avec celle qui lui est plus familière, ainsi chacun goute et perçoit les qualités des écritures faites en quelconque langue. Comme la pensée, ainsi les qualités propres à la langue, toujours on conçoit, et inévitablement, dans notre langue usuelle. »
Dès Leopardi à Nietzsche via Burckardt.
Merci, Renato. Vous avez raison. A faire suivre à Maïca Sanconie qui signe cette « Préface de Marguerite Yourcenar » pour sa traduction, Les Vagues, de Virginia Woolf, dans ces pages mises en lien par Bérénice.
Je ne faisais que citer des parties de cette page. Ce texte, complété par vous est encore plus remarquable. J’en déduis que vous avez le livre de Leopardi, le Zibaldone, (vol I, p 583, ed. Garzanti) puisque vous précisez même : « extenso : [961] p. 853-853, 25 — ».
Pourriez-vous nous parler un peu de ce livre ?
Belle expérience, Raymond.
Premier novembre.
C’est un premier novembre que ma mère est morte. Il y a vingt-cinq ans.
Ce qui est curieux, c’est que ce jour n’est pas marqué, pour moi, par le souvenir de l’annonce de cette mort, ou par l’enterrement, par les jours qui ont précédé ou les jours qui ont suivi.
C’est un souvenir bien plus ancien qui me revient, chaque année : un jour, je devais avoir une vingtaine d’années, je suis entrée à l’improviste dans la salle à manger du pavillon familial. C’était novembre : la lumière du jour était très faible, maladive, et ma mère n’avait pourtant pas allumé l’électricité. En fait, je ne l’avais pas aperçue en entrant dans la pièce.
Elle était debout, devant la fenêtre, le front contre la vitre et le regard perdu.
Cela lui ressemblait si peu, elle si active et si entourée, que je n’ai même pas pensé respecter le silence qui l’entourait.Je lui ai brutalement demandé « ce qui se passait ». Elle a mis quelques secondes à me « répondre », comme revenant de très loin, comme on remonte d’un plongeon dans l’eau. Elle n’a rien dit, rien expliqué : elle a juste étendu le bras, allumé la lampe, et fait quelques pas dans la pièce.
Tout est redevenu normal. L’ombre était chassée, les objets, la table ovale, les chaises autour, le tapis dessous, le buffet au coin, tout reprenait vie, avec ma mère, comme d’habitude, s’affairant au centre…
Ni elle ni moi ne savions, à l’époque, que sa vie allait être bouleversée par des circonstances dramatiques : un accident, une mort, une vie à reconstruire ailleurs, un dévouement supplémentaire qui lui serait demandé, elle qui avait pourtant déjà bien donné.
Aujourd’hui j’ai l’âge qu’elle devait à peu près avoir, ce jour de novembre où elle s’était laissée gagner par le silence et l’ombre, avant que son ingrate fille ne l’interrompe abruptement.
Oui, le premier novembre, j’ai souvent envie d’éteindre la lumière, de poser à mon tour mon front contre la vitre froide, de me laisser envahir par la vue morose du jardin pourrissant, et de penser ainsi, exactement comme elle l’avait fait ce jour-là, à la mort de ma mère.
Pour Renato, le lien de Bérénice où j’ai trouvé ce texte de Leopardi. Il doit être possible de communiquer avec Maïca Sanconie par ce site. Elle serait, je suppose, très intéressée par un échange avec vous concernant ce livre.
Quand, sur un espace public, la musique ne nous semble pas bonne, n’a-t-on pas le droit de le dire, Christiane ?
Il semble nécessaire de rappeler que sans les aides à la traduction qu’accorde le CNL, nombre d’ouvrages des sciences sociales ne seraient pas traduits, il faut aussi ajouter que désormais un livre d’histoire, de sociologie ou de philosophie a un lectorat réduit à moins de mille individus, c’est dire que les éditeurs ne gagnent pas d’argent avec ses traductions mais ils continuent cependant à les publier pour maintenir un certain prestige, toutefois, une collection comme la « bibliothèque de l’évolution de l’humanité » chez Albin Michel a presque disparue…phénomène qui illustre la crise éditoriale des sciences humaines et sociales.
Michel Mouton dit: à
« Delaporte, Sollers n’a jamais traité Paul Edel de SS, comme vous le prétendez. Il a parlé d’une « rafle de police », et en riant, de surcroît.
Toujours votre malhonnêteté de catholique. »
C’est quoi une « malhonnêteté de catholique » ? C’est répertorié ? Quant à Sollers, il a quand même traité notre cher PaulEdel de flic de la pensée, et l’a accusé d’avoir effectué une « rafle »..; C’est grave, non ? Une rafle, cela fait penser à celle du Vel d’Hiv, entre autres. Voilà où Sollers met not cher Popaul. Le moins qu’on puisse dire est que c’est du brutal, du violent. Voir après cela Popaul dire son admiration absolue de Sollers a de quoi trouer le cul !
Le film de Marc Beloeil (traduction de Jazzi) sur Cosa Nostra est parfaitement dans le sujet de Passou.
Vu en VO mais sous-titré, il pose bien le problème des traducteurs d’Histoire.
Un protagoniste capital du film, au procès, parle rapidement en sicilien.
Le juge lui demande de s’exprimer plus lentement et un avocat exige même qu’il parle en italien.
Il avoue ne pas bien parler l’italien et ne pouvoir s’exprimer que rapidement sous peine de perdre le fil de ce qu’il a à dire…
« C’est quoi une « malhonnêteté de catholique » ? »
Un Tartuffe, Delaporte !
« Voir après cela Popaul dire son admiration absolue de Sollers a de quoi trouer le cul ! »
Seul les imbécile comme toi, Delaporte, ne change jamais d’avis…
Jacuzzi, vous avez prévu d’aller voir le film chilien La Cordilière des rêves ? C’est fait par un très bon réalisateur de film documentaire. J’avais vu le précédent, sur l’eau, le Chili, la dictature, etc., c’était magnifique.
Les imbécileS…
@Jazzi dit: « Quand, sur un espace public, la musique ne nous semble pas bonne, n’a-t-on pas le droit de le dire ? »
Aiguisez votre oreille à écouter le son de vos paroles… Un peu de modestie, alors, vous serez profitable.
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