N° 1 Les tentures noires de Romain Gary
La peuplade des marais de Pinsk, entre Russie et Pologne, dont les habitants, jusqu’en 1937, ne savaient pas ce qu’était un cheval, ignoraient l’usage de l’escalier, et furent bien étonnés lorsqu’on leur apprit qu’entre 1914 et 1917, à quelque distance de là, avait eu lieu une grande guerre.
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Le séchoir à air pulsé, dans les toilettes de bistrot, qui s’arrête constamment. On passe son temps à remuer les mains dessous, et lui ne comprend rien.
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La maladie, qui vous condamne à une bienveillance écœurante.
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Les incises de merde
Dans le même article de la Dépêche.fr, qui relate un procès, par ordre d’apparition:
… jusqu’à des mises en demeure », confirme la juge
… ils voulaient qu’ils restent », admet le sexagénaire.
… dans votre intérêt à vous ! », le retoque la présidente
… une astreinte financière », poursuit la juge
… tous mes collègues », se défend le mis en cause
… une amende de 1 100 € », insiste la juge
… je suis très pénalisé », enfonce le clou le chef d’entreprise.
Le clou, en effet.
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La poubelle dont un « contestataire » coiffa la tête de Paul Ricœur, en janvier 1970.
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La condition humaine : sine qua non.
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Cette très vieille dame, qui a perdu la tête, mais pas la mémoire. Elle prend son mari pour son père, et lui parle comme si elle avait quinze ans ; et lui, fasciné, écoute d’interminables histoires de collège, de condisciples, de premières amours : il découvre sa femme d’avant.
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La publication des Variations Goldberg de Bach enregistrées pendant la guerre par Claudio Arrau, repoussée (jusqu’en 1988) pour laisser la place libre à celles de Wanda Landowska, plus célèbre que lui. De même l’Othello d’Orson Welles, rayé du programme de la Mostra de Venise pour ne pas faire d’ombre au Hamlet de Laurence Olivier.
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La peur, comme un quasi désir que la chose se produise, une impatience.
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Les belles incongruités
Robert Mitchum, dans Undercurrent, de Minnelli, jouant au piano la Troisième symphonie de Brahms.
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L’angle de 360°, appelé « angle rond ».
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Guitry, qui prétend que dans la Chine ancienne on payait son médecin à l’année, par contrat, aussi longtemps qu’on était en bonne santé. Si l’on tombait malade, on cessait de le payer. Il avait donc intérêt à vous guérir rapido presto.
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Les obsolètes : Les tentures noires qu’on pendait autour de la porte des maisons en deuil, avec les initiales du mort, en lettres d’argent.
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Guitry, qui, dans Le petit carnet rouge, imagine « un homme qui adorerait les œuvres d’art, les paysages, toutes les belles choses, et qui n’en parlerait jamais à personne, qui ne partagerait pas ses joies avec les autres, qui garderait tout ça pour lui ! Ce serait un étonnant personnage, je ne dis pas de comédie, mais de roman. Les gens parleraient devant lui de livres qu’il aurait lus, de pays qu’il aurait visités, et il n’en dirait pas un mot. »
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(Suite)
Cet homme-là volerait, comme disait l’aviateur Romain Gary, « à mille mètres au-dessus de la merde ».
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Pour dire justement qu’il y en a, des sushis.
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(Suite)
Pour dire justement qu’on est pour le café, et même qu’on en vend.
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(Dernière minute)
La beauté désespérante des photos de Notre-Dame en flammes. Déjà, lorsqu’on avait demandé à Cocteau ce qu’il emporterait de sa maison si elle venait à brûler, il avait néroniennement répondu : « Le feu. »
j.drillon@orange.fr
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Les deuxième et troisième séries (Papiers recollés, Papiers découpés) feront l’objet d’une publication en volume et ne sont plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014).
6 Réponses pour N° 1 Les tentures noires de Romain Gary
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« (Dernière minute)
La beauté désespérante des photos de Notre-Dame en flammes. Déjà, lorsqu’on avait demandé à Cocteau ce qu’il emporterait de sa maison si elle venait à brûler, il avait néroniennement répondu : « Le feu. » »
La beauté du désastre.
Moi, a n’importe quelle heure, pas abonnée pour ces âneries de lettré .
Marie Sasseur:
Evitons de confondre désastre et photos du désastre: ce serait intellectuellement désastreux.
Bonnet: Je n’ai pas votre adresse mel. Pour vous abonner, prière d’en faire la demande par mel à jdrillon@orange.fr.
» Adresse introuvable
Votre message n’est pas parvenu à jdrillon@orange.fr, car l’adresse est introuvable ou ne peut pas recevoir de messages. »
Voilà la réponse que je viens d’obtenir lorsque j’ai demandé à être abonné…
Abonnement aux Petits papiers
J’avais oublié le point dans l’adresse. Il faut envoyer son mel à j.drillon@orange.fr
Mille excuses…
J. Dr.
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Bonjour,
je souhaite m’abonner à votre lettre afin de la recevoir sur mon adresse de messagerie dès sa publication.
Merci par avance.
PC
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