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La République des livres
N° 125 L’espion de l’âge

N° 125 L’espion de l’âge

Par Jacques Drillon

Une fury room : on y va, on paie, et on casse. La maison fournit aux plus riches des objets chers à casser ; aux moins riches de simples assiettes. Ça pousse des cris d’animaux, ça insulte, ça se défoule. C’est content.

*

La période d’angoisse que Denis Podalydès a traversée. Il était si tendu qu’un jour, ayant mordu dans un carambar, il y a laissé trois dents.

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Cette femme qui a changé de sexe, est devenue homme, y compris pour l’état civil. Et puis, pouf, la divine Providence : le voilà enceint.

*

Les obsolètes : Le musicien qui va dans une bibliothèque sur ses petites jambes, s’assied et copie avec son petit crayon des partitions introuvables.

*

La mère :  sa tristesse, le jour de la rentrée des classes.

*

– J’ai rendez-vous avec mon neurologue.
– Tu vas voir un urologue ?
– Non, un neurologue. Pour les nerfs.
– Moi aussi, je suis allé voir un urologue.
– Ah bon ?
– Il me dit qu’il n’y a rien à faire.
– Le mien m’a dit la même chose.

*

Le retraité qui se décrit ainsi : « Ne fait plus rien, sauf son âge. »

*

Le droit international, qui autorise l’espionnage, mais interdit les actes d’espionnage.

*

Le titre de chaque Prélude de Debussy, écrit de manière ostensiblement discrète, à la fin de la pièce, au fer à droite, entre parenthèses, et suivi de points de suspension :

(Ce qu’a vu le vent d’ouest…)

ou :

(La fille aux cheveux de lin…)

ou :

(Canope…)

*

À la Comédie-Française : Madame le doyen, c’est la plus ancienne sociétaire. Madame la doyenne, c’est la sociétaire la plus âgée.

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Essuyer ses lunettes avec son pan de chemise.

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Le chagrin, qui ferme le cœur à tout ce qui n’est pas lui.

*

Une femme qui se déshabille comme un pied, n’importe comment, dans le plus grand désordre.

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Les bancs réservés, dans les églises, avec plaque de cuivre nominale, et prie-dieu rembourré (velours rouge).

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Cette femme qui dit qu’il n’est pas désagréable de se faire draguer dans la rue si le type est beau, mais que c’est très pénible si c’est un gros Pakistanais bourré.

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(Dernière minute)
Emmanuel Macron, qui laisse échapper: « Celles et ceux des talibans… » Et rectifie aussitôt. Dommage, ça devenait intéressant.

*

Le Muray de la semaine

« Moi, je viens de me réveiller après un long coma. De ce dîner avec Nathalie, hier soir, plusieurs maillons manquent. En réalité, je devais être déjà très saoul dès le deuxième ou troisième whisky. À table, dans un restaurant arabe de son quartier, beaucoup de vin, beaucoup d’harissa aussi sur mon couscous. On revient chez elle. Whisky de nouveau. On discute. Je me souviens qu’à un moment, assis sur son canapé, pendant qu’elle parlait, j’ai regardé les poutres du plafond et j’ai commencé à les
voir défiler lentement. Sa voix bourdonnait. Le plafond ondulait, coulait. Elle m’a posé une question. Il paraît qu’alors je me suis levé, j’ai fait quelques pas dans la pièce, et je me suis couché par terre, sur la moquette. À partir de là, noir complet. Le froid m’a réveillé vers 4 h du matin. Elle était partie se coucher. Je me suis mis à crier, puis j’ai dégueulé, en vrac, tout mon dîner, toute ma, vie, une belle montagne de merde rouge grumeleuse. Quand elle a rappliqué de sa chambre, c’était trop tard pour arrêter la catastrophe. Il paraît que je riais en répétant comme un imbécile : « J’ai movi ! J’ai movi ! » Considérant mon état, elle m’a fortement déconseillé de prendre ma voiture. Elle a bien fait. Je la revois appelant un taxi. Ensuite, c’est de nouveau le trou. Je tremble de partout. Le taxi fonce. Je ne vois plus rien de nouveau. J’ai le menton sur les genoux. Réveil forcé devant l’immeuble de la rue Le Verrier. Énergie pour payer, trouvée où ? Je monte, glisse en diagonale jusqu’à mon bureau, y laisse tomber en vrac mes vêtements par terre, rentre dans la chambre où Nanouk ne s’est pas réveillée. Immédiatement, je tombe dans un trou qui ne me rejettera à la surface que vers midi. »

(Ultima necat, vol. 4, p. 419)

j.drillon@orange.fr
(Tous les vendredis à 7h 30)

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*

La troisième série de petits Papiers (Papiers découpés), parus sur Bibliobs.com, fera l’objet d’une publication en volume et n’est plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014), la deuxième (Papiers recollés) sous le titre Le cul rose d’Awa (Du Lérot 2020), disponible sur commande, en librairie ou chez l’éditeur.

Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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commentaires

6 Réponses pour N° 125 L’espion de l’âge

et alii dit: à

monsieur DRILLON
au temps des cravates, on pouvait essuyer les lunettes avec les pointes de la cravate !

et alii dit: à

si on avait fait des cravates en chamoisine, ce n’aurait pas été plus cher « QUE CA » et pas obsolète, mais NEW

et alii dit: à

vous ne m’écoutez pas, monsieur Drillon:
alors sachez:
Comment laver votre chiffon en microfibre pour lunettes
Avez-vous déjà pensé à laver le chiffon que vous utilisez pour nettoyer vos lunettes? Vous savez qu’il faut toujours utiliser un chiffon approprié pour nettoyer vos lentilles de lunettes mais après un certain temps, les saletés s’accumulent sur ce dernier. Qu’arrive-t-il quand cela se produit? Le jetez-vous aux ordures pour vous en procurer un nouveau? Si c’est le cas, je vous informe que vous pouvez réutiliser votre chiffon. À cet effet, voici quelques conseils pour laver votre chiffon et le conserver plus longtemps.
Comment laver votre chiffon en microfibre pour lunettes
Avez-vous déjà pensé à laver le chiffon que vous utilisez pour nettoyer vos lunettes? Vous savez qu’il faut toujours utiliser un chiffon approprié pour nettoyer vos lentilles de lunettes mais après un certain temps, les saletés s’accumulent sur ce dernier. Qu’arrive-t-il quand cela se produit? Le jetez-vous aux ordures pour vous en procurer un nouveau? Si c’est le cas, je vous informe que vous pouvez réutiliser votre chiffon. À cet effet, voici quelques conseils pour laver votre chiffon et le conserver plus longtemps.

Jacques Drillon dit: à

Vous pensez bien que je sais tout ça… Et de naissance, en quelque sorte, puisqu’un drillon, en ancien français, est un petit chiffon.

OZYMANDIAS dit: à

Le Muray de la semaine : Une histoire à vomir debout !

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