de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Résultat pour : Celine

Epigraphes de rentrée

159

commentaires

On ne le dira jamais assez : l’épigraphe d’un roman (qui n’est pas une exergue, contrairement à une idée répandue, car celle-ci est juste une inscription en tête d’un ouvrage) est un ambassadeur et un chevau-léger. Elle donne le la. C’est souvent ce qu’on lit en premier bien que ce paratexte ne soit justement pas de l’auteur. Il engage l’auteur plus qu’on ne le croit, à supposer que celui-ci l’ait choisi avec soin, afin d’y synthétiser non sa pensée mais son état d’esprit au moment de la conception, du mûrissement et de l’achèvement de son monstre ; la précision vaut […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

Etrange de constater combien le genre littéraire du dictionnaire correspond aux exigences de l’époque par sa forme et son esprit. Le principe alphabétique est censé mettre un peu d’ordre dans un chaos intime. Comme une règle qui corrigerait l’émotion. Ce foutoir autorise toutes le entrées possibles. On y vient à toute heure sans crier gare, dispensé de commencer par le début et de terminer par la fin. Idéal en ces temps de papillonnage triomphant. N’empêche que j’ai lu de A à Z le Libera me (418 pages, 23,90 euros, Gallimard) de François Gibault. Ce qui n’est pas un exploit tant […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

Un débat de haute volée a récemment agité certains intervenautes de la « République des livres » : était-il concevable qu’un homme tel que Ernst Jünger (1895-1998) ait pu ignorer en 1940 que le verre dans lequel il convenait de verser le champagne se nommait une « flûte », sonorité qui l’amusa ainsi que les officiers de son régiment alors qu’ils passaient par Laon ? On trouve cela dans ses carnets de guerre. La réponse à cette passionnante question ne figure pas dans la biographie, pourtant très complète, que Julien Hervier consacre à Ernst Jünger. Dans les tempêtes du siècle (538 pages, 26 euros, Fayard). On […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

Tout le monde (ou presque) doit connaître cette plaisanterie : le restaurateur dit à un client : « Comment avez-vous trouvé votre bifteck ? » Le client : « Par hasard, en soulevant une frite. » À la question : « Comment avez-vous traduit Last Exit to Brooklyn ? » je suis tenté de répondre par le même genre de pirouette : « Avec les plus grandes difficultés ! » Pour commencer, il nous a fallu, à Jacqueline Huet et à moi, consentir l’effort de surmonter une vraie répugnance à certains des traits les plus sordides des descriptions d’Hubert Selby Jr. Les filaments de vomi sanguinolents du malheureux troufion passé à tabac ; le mélange de sperme, d’urine et […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

C’est l’histoire d’un type barré, mais bien barré. Son livre devait à l’origine s’intituler « Ma vie, mes mémoires, mon cul » ; son éditeur, Laurent Beccaria, a finalement préféré Delirium (280 pages, 17 euros, Les Arènes), allez savoir pourquoi. C’est égal. L’autoportrait est passionnant. Il secoue car Philippe Druillet est tout sauf un personnage indifférent. Une légende vivante, et bien remuante, tant de la bande dessinée que de la science-fiction. Delirius, Yragaël, la Nuit, Vuzz… Quand il était petit, il rêvait de devenir artiste. Il aura touché à tout (scénariste, décorateur, peintre, chineur, sculpteur et même designer), touche à tout parce que tout […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

La commémorationnite serait-elle la maladie infantile du présentisme ? Passe encore que nous subissions par rafales livres, émissions,  numéros spéciaux sur le sujet en un temps donné. Une telle concentration est préjudiciable à tous et à chacun. D’autant que, se livrant à une absurde surenchère pour être le premier, les magazines s’acharnent à célébrer l’événement l’année précédent la date anniversaire ! Mais doit-on pour autant se résigner en être les spectateurs passifs, sinon les acteurs consentants ? Dis moi qui tu commémores et comment, je te dirais qui tu es. Nos rituels nous reflètent bien mieux que des discours. Le chapitre « Commémoration » des […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai entendu parler de Zone, c’était sans doute en octobre ou novembre 2009, je résidais au CITL, le Collège International des Traducteurs Littéraires, une affiche annonçait la lecture publique d’un écrivain dont je ne savais rien, Mathias Énard, ce soir-là je ne me suis pas rendu à la librairie d’Actes Sud au Méjan, où j’avais en effet assisté – et j’allais – à tant d’autres rencontres du genre lors de mes divers séjours arlésiens, pourtant à un certain moment ultérieur je me suis mis à lire ce bouquin, qui traînait sur la table […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

 Ne cessant de se proclamer lui-même « poète et musicien avant tout », André Suarès, non sans scrupules et déchirements ne reste pas enfermé dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, considérant à l’instar de Goethe que « celui qui refuse le rôle de citoyen » est le « rebelle », le « maudit » et l’ « hérétique chez les anciens », l’auteur du Voyage du Condottière n’hésite pas à prendre parti, fût-ce au péril de sa vie, car « plus haut est le poète, plus il est vrai et il doit voir clair ». Toute l’œuvre, imposante, de Suarès, le révèle obsédé par la guerre, la paix, les questions politiques, diplomatiques, […]

lire la suite .../ ...

Pardonnez Moix, sauvez Sureau !

159

commentaires

Qui déjà disait : « Pardonnez-moi, mais je n’ai pas eu le temps de faire court ? » En cherchant un peu, on finit par trouver. Non pas l’un de nos contemporains à la formule facile, mais un très grand d’autrefois. D’ailleurs, la citation exacte est : « Mes Révérends Pères, mes lettres n’avaient pas accoutumé de se suivre de si près, ni d’être si étendues. Le peu de temps que j’ai eu a été cause de l’un et de l’autre. Je n’ai l’ait celle-ci plus longue que parce que je n’ai pas eu le loisir de la faire plus courte…» Ainsi Pascal s’adressait-il aux […]

lire la suite .../ ...

159

commentaires

Au fond, en un sens, cela devrait être rassurant pour la littérature de savoir qu’elle peut encore servir de prétexte. Qu’on a encore besoin d’elle comme alibi. Que certains la recherchent encore comme faire-valoir. C’est aussi la preuve de son existence, de son influence et de sa grandeur, un hommage du vice rendu à la vertu, même si ceux qui l’instrumentalisent ainsi sont parfois gens peu estimables. Je veux parler bien sûr des princes qui nous gouvernent. On se souvient de Giscard s’abritant derrière sa ferveur  pour Maupassant. De Mitterrand louant tout un panthéon littéraire Chardonne en tête. De Chirac […]

lire la suite .../ ...