Une vie de chien
Dans une chronique, Umberto Eco évoque avec ironie et justesse deux modes de lecture qui permettent au professionnel averti ou à l’amateur informé de décider si un livre vaut la peine d’être lu ou d’en parler sans l’avoir lu. Le premier se contente de jeter un coup d’œil sur la bibliographie, le sommaire et deux pages ouvertes au hasard ; le second réduit le livre à ce que l’on sait à priori sur le sujet ou à la sphère d’idées à laquelle il appartient. A mon avis, on peut parier sans risque sur le livre de Jean-Marie Brohm Anthropologie du chien. L’homme et son double (368 pages, 29 euros, Presses universitaires de Paris Ouest ) : comme le réel, il résistera à ces deux lectures pour au moins trois raisons.
La première est liée à la perception immédiate qu’il procure. Sa couverture rompt avec l’austérité académique. Elle donne à voir une figure de chien qui se manifeste comme un regard, une question, une parole, une adresse. Et, inverse la polarité perceptive. Devant le livre, la figure du chien s’impose à moi. Elle me regarde, m’interpelle, m’observe. Quelques pages plus loin, sur un fond noir, une autre figuration avec des yeux de lumière. Plus que d’un simple regard de chien, je me sens en présence d’un visage qui me convoque et me fait prendre conscience de sa fragilité. Aucune approche hâtive ou peu curieuse ne pourra donc esquiver ce choc perceptif devant une figure familière mais teintée d’étrangeté et de tragique.
La seconde raison tient à l’étendue de cette anthropologie dont l’objet est l’étude des sociétés humaines en fonction de l’ethnozoologie canine et l’étude du comportement canin en fonction de l’histoire humaine. Pareille entreprise est justifiée par l’interaction, depuis la nuit des temps, entre les hommes et les chiens, particulièrement par le fait que l’origine du chien est étroitement liée à la vie des hommes préhistoriques et que la présence des chiens a eu une influence sur les modes de vie des humains, leurs activités productives, leurs croyances. Cette même raison tient aussi au mode d’accès à la réalité canine laquelle n’est pas épuisée par la zoologie malgré les précieuses connaissances développées par cette science. Pour l’auteur, la question de l’origine et de la nature du chien est d’ordre anthropologique parce qu’elle ne va pas sans la construction d’hypothèses, de scénarios, de théories sur l’évolution des hommes préhistoriques, leurs généalogies, leurs migrations à travers les continents, accompagnés de près ou de loin par les canidés.
La troisième raison est en rapport avec l’épistémologie spécifique de cette anthropologie du chien. Elle refuse de séparer le sujet de son objet d’étude en montrant les implications du choix de l’objet et de la relation non analysée du sujet à l’objet. Elle refuse de s’enfermer dans les limites disciplinaires assignées par l’académisme universitaire en restituant la complémentarité des sciences et des paradigmes. Elle comporte une tentative louable de se défaire du point de vue savant et objectivant en faisant valoir l’existence peu connue du point de vue animal.
L’introduction dresse les enjeux de connaissance de l’anthropologie du chien et évoque quelques-uns de ses concepts clefs (double, anthropomorphisme, empathie) ; elle souligne aussi les principales difficultés que doit affronter le chercheur et qui rendent toute anthropologie du chien impossible sans l’étude du chien en l’homme, à savoir les représentations, symboles, croyances, superstitions, imaginaires du chien intériorisés et incorporés au cours des temps.
L’ouvrage se divise en deux parties bien documentées. La première titrée « ethnozoologie du chien », la seconde « ethnosociologie du chien ». Incontestablement l’auteur maîtrise ce champ de connaissances. Il faut certainement avoir la passion du chien pour avoir répertorié, classé, archivé, accumulé des années durant, une somme d’informations, d’observations, d’enquêtes, sur tout ce qui touche à la question canine ; pour consacrer du temps à la lecture d’une partie non négligeable de l’immense corpus d’ouvrages scientifiques et s’intéresser aux productions littéraires qui célèbrent les comportements ordinaires et glorifient les actes extraordinaires du chien. Mais contrairement à ce que pourrait laisser croire son titre, la première partie n’a rien d’encyclopédique et ne s’infléchie pas en dictionnaire animalier selon une tradition propre à la discipline. Pour Jean-Marie Brohm l’ethnozoologie du chien (Canis familiaris) ne se conçoit pas comme l’étude linéaire d’un genre ; elle n’est pas non plus distincte de l’histoire des autres canidés ni de celle des communautés et sociétés humaines. C’est pourquoi la question zoologique est pour lui une question anthropologique. Cette affirmation constitue le fil conducteur des trois chapitres qui composent cette première partie.
D’abord, l’auteur introduit le lecteur avec clarté dans les innombrables controverses qui émaillent le champ de la discussion sur l’origine du chien dont les filiations comportent des trous et de nombreuses interrogations du fait de l’extrême diversité de l’espèce. Ce chapitre donne l’occasion à l’auteur de ne pas rajouter une pierre aux édifices incertains et autres reconstructions théoriques pour rappeler l’enjeu fondamental : une meilleure connaissance des processus d’apprivoisement de l’animal sauvage, de domestication et de sélection des races qui ont contribué à diverses transformations et métamorphoses de Canis familiariset donné du fil à retordre aux paléo-zoologues et autres préhistoriens rendant ainsi leur tâche presque impossible.
Ensuite, il traite des relations du chien avec les autres membres de la famille des canidés, et, de la cohabitation tumultueuse des mondes humains et des canidés. De ce chapitre dense on peut retenir trois axes d’analyses : les usages sociaux et les fonctions sociales du chien (utilitaire, guerrière, symbolique, agrément, etc.) ; le traitement inégalitaire des différents membres des canidés (loup, renard, chacal, coyote, etc.) par l’homme pour des raisons plus ou moins justifiées ; l’impossibilité de concevoir une société sans animaux et par conséquent, le reproche fait à l’anthropologie générale de sous-estimer voire de négliger la présence des canidés parmi les sociétés humaines et leurs effets pratiques, fantasmatiques sur l’organisation sociale, les mentalités, les croyances et les modes de vie. A ce sujet l’auteur écrit :
« […], l’anthropologie ne concerne pas seulement l’étude de la diversité de l’humain (mœurs, coutumes, rapports sociaux, rapports de parenté, rapports de pouvoirs, […]), mais elle implique aussi l’investigation desvastes champs du pré-humain, du non-humain, et de l’extra-humain qui sont très souvent au fondement même de l’humain, et parmi ces champs, bien évidemment, l’animal et l’animalité » (p. 80).
Le troisième chapitre donne une impression encyclopédique inévitable du fait que l’auteur a cherché à être le plus complet possible sur « les races du chien de la préhistoire à nos jours ». Mais ce panorama n’est pas uniquement descriptif. Il comporte de précieux enseignements sur les cultes voués aux chiens dans les civilisations anciennes, leur statut légendaire, leur fonction mythologique. Il est pertinent quant aux différents scénarios de la domestication échafaudés par les paléo-zoologues et des rapports de celle-ci avec le procès de civilisation de l’humanité. Il éclaire l’histoire du chien par des interprétations psychanalytiques sur la tendance à la recherche inlassable du « chien primitif » et sur les constructions scientifiques sur le modèle du « roman des origines ». Il montre aussi l’analogie de fonctionnement de cette pulsion de savoir avec celle de la paléoanthropologie dans sa recherche infinie et incertaine des premiers hommes.
Si la première partie est une étude extensive dans l’espace et le temps, la seconde est intensive au sens d’analyse en profondeur de la nature de la relation homme-chien. Il y a dans l’anthropologie du chien comme la conçoit Jean-Marie Brohm une gageure de taille. Comment faire la part de cette relation en évitant les deux écueils qui guette toute anthropologie, à savoir, l’extériorité objectivante ou l’immersion imaginaire dans le monde de l’autre ? Alors que la paléoanthropologie nous incline de toute évidence à penser le singe qui est en l’homme, Jean-Marie Brohm, en observateur attentif de la réalité concrète écrit :
« […], il y a du point de vue de la coexistence quotidienne réelle, aussi bien utilitaire qu’affective, bien plus de chien en nous que de singe » (Note 13, p. 165). Le point de vue n’est pas ici positionnel (ni externe, ni interne) ; c’est un entre-deux ; c’est une pensée qui cherche à comprendre « l’intrication culturelle profonde de deux êtres voués à une extraordinaire communauté de destin » (p. 165).
Cette anthropologie n’est pas celle rassurante d’un animal domestique parfaitement identifié et classé mais bien celle troublante et passionnante de « l’homme et son double ». Elle nous fait pénétrer dans la relation « symbiotique » par certains aspects, « mimétique » par d’autres, ou encore « spéculaire » et « projective » qui fait du chien « l’alter ego » de l’homme. Autrement dit, c’est une anthropologie dont l’une des thématiques essentielles est la « sympathie réciproque qui s’est instaurée au sein d’un couple mimétique à nul autre pareil : le chien en tant qu’image spéculaire et écran de projection de l’homme – l’homme dans le chien ; mais aussi l’homme en tant que reflet ou caricature du chien – le chien dans l’homme » (p. 165). Ainsi, la notion de double telle que l’utilise l’auteur, apparaît dans toute sa complexité et constitue le fil conducteur de cette deuxième partie.
L’auteur reprend la notion d’anthropomorphisme pour en faire une méthode de connaissance qui tient compte à la fois de l’observation éthologique externe et de l’interprétation du monde du chien. La difficulté est de parler d’un animal privé de parole que l’on croit connaître parce qu’il est familier, de l’étudier nécessairement en fonction des cadres d’intelligibilité du monde humain. Pour Jean-Marie Brohm, l’anthropologie du chien est en droit de se poser autrement la question de l’objectivité que celle que cherche à imposer la science positive, et ceci en vertu de trois faits indubitables :
1) le chien est un être vivant doté de sensibilité, d’intelligence et de socialité.
2) l’existence d’une réciprocité ou réversibilité entre l’homme et le chien du fait que leur relation oscille entre « l’anthropomorphisation du chien en tant que projection des qualités humaines sur le chien et la zoomorphisation de l’homme en tant qu’introjection par l’homme des qualités – réelles ou supposées – du chien » (p. 183).
3) en éthologie comme en anthropologie l’idée de neutralité absolue est un non-sens du fait des mouvements transférentiels et contre-transférentiels entre l’observateur et l’observé, et par conséquent du fait que l’exigence d’objectivité n’est pas atteinte par la réduction de l’animal à un objet mais par la reconnaissance et l’analyse les flux affectifs que la relation d’observation et d’interaction induit.
Fort de cet anthropomorphisme raisonné qui ne cède ni à la tentation compassionnelle ni à une vision exclusivement anthropocentrée de la réalité canine, l’auteur nous fait pénétrer dans les « mondes des chiens », les relations destinales entre l’homme et le chien, et, par l’empathie et la sympathie nous laisse entrevoir ce qu’est « la subjectivité anthropophile des chiens ». Mais en outre, à travers des observations minutieuses, il rompt avec l’image idyllique du chien « meilleur ami de l’homme » pour rappeler la réalité des conflits internes aux sociétés occidentales entre ceux qui vouent aux chien un culte religieux et ceux qui l’accusent de tous les maux, et, analyser les conflits internes aux individus dans leur rapport ambivalent à leur propre chien. Ces observations empiriques et analyses cliniques révèlent ce que veut dire réellement « une vie de chien » en tant que double adulé, vénéré, choyé mais aussi mauvais objet de l’inconscient collectif, et, en tant que figure de division dans les représentations collectives et de clivage dans le psychisme humain. D’autres observations étayées sur une riche documentation relatent ce que l’homme fait au chien par les classements et catégorisations des diverses races, par la place et les fonctions qui lui sont dévolues selon les régions du monde, leurs niveaux de vie, leurs croyances. Et, ce que le chien endure au regard des besoins et des caprices humains (artificialisation, fabrications standard, objet-marchandise, vie urbaine unidimensionnelle, etc.)
Un livre aisé à lire et d’une grande clarté dans le développement des idées, thématiques et problématiques. Mais un livre à ne pas mettre entre toutes les mains car il n’est pas de tout repos. Que l’on aime ou déteste l’animal en question, on n’échappe pas à notre implication.
(Photo ELLIOTT ERWITT, « Dogs », New York, 2000 et « Mahmoud Miliani » D.R.))
7 Réponses pour Une vie de chien
mahmoud miliani ? un homme qui se tient apparemment une bonne jaunisse (la photo est trop grande). – Cela dit, on note sous sa plume des correspondances épistémo avec les travaux de Baratty, c’est l’époque qui veut ça, même si ce dernier n’a pas particulièrement traité du chien.
Mais non, aucun homme n’aura jamais la faculté de soumission du chien à un maitre comme un maître-chien ne pourra jamais être soumis à son pitbull. D’ailleurs, d’après nos jurisprudences, aucun homme n’a jamais été considéré comme une arme par destination pour un chien, sauf erreur.
Je pense qu’il ne faut pas laisser ouvert ce commentarium, qui risque d’introduire à pas mal d’inepties (cf. JD).
Pour éviter les malentendus et le décodage aberrant de ses textes,Umberto Ecco (encore lui) reconnaît qu’il a besoin d’un lecteur qui soit passé par les mêmes expériences de lecture, ou presque, que lui. Et, toute son étude sur « le rôle du lecteur » dans Lector in Fabula porte sur les stratégies textuelles par lesquelles l’auteur et le texte prévoient, anticipent, imaginent un « lecteur-modèle » et la « mécanique de coopération interprétative » nécessaire à l’existence du texte en question. Et, j’ajoute les stratégies de production du sens ou de destruction légitime des ressorts et dispositifs déployés par l’auteur, son texte ou son discours.
Mais, il est un type de lecteur (rare je suppose) que l’on ne peut pas prévoir car il se situe aux antipodes de l’espace de réception auquel l’auteur appartient dans le réel comme dans l’imaginaire. C’est un type qui est louche. Dans le dictionnaire, « LOUCHE. Ce mot signifie, en grammaire, qui paraît d’abord annoncer un sens et qui finit par en déterminer un autre tout différent. Il se dit particulièrement des phrases, dont la construction a un certain tour amphibologique, […]. Ce qui rend une phrase louche vient donc de la disposition particulière des mots qui la composent, lorsqu’ils semblent au premier aspect avoir un certain rapport, quoique véritablement ils en aient un autre : c’est ainsi que les personnes louches paraissent regarder d’un côté, pendant qu’en effet elles regardent d’un autre », (cité par Pierre Bourdieu dans Ce que parler veut dire).
Effectivement, l’auteur d’un compte-rendu d’une « oeuvre ouverte » qui met en question la métaphysique de la différence ontologique entre l’humanité et l’animalité est en droit de se demander à quoi réfère la « jaunisse » qui lui est collée au visage (il est vrai, représenté par une photo). Péril jaune et yeux bridés ? Que signifie cette pulsion d’adresse à l’autre en accolant un point d’interrogation au prénom et nom (« mahmoud miliani ? »)? Alors que le langage a d’abord pour fonction de communiquer et de dire quelque chose à autrui, chez ce lecteur improbable, il fonctionne à l’automatisme, un automatisme détraqué qui lui fait tout dire et ne rien dire.
Je vous présente mes excuses.
Je suis parfois un lecteur LOUCHE, tel que vous le définissez en effet.
Vous remercie de n’avoir pas perdu votre sang froid en citant U. ECO, le dictionnaire et P. BOURDIEU, des sommités pour moi, je les connais bien et vous en faites un usage à bon escient. Quel honneur… pour une pareille galéjade !
Cher monsieur, quand on ouvre un papier auquel on ne s’attendait pas, c’est la photo qui l’accompagne 2 fois qui contribue à imprimer en vous une sorte de sidération dont je ne suis pas parvenu à m’abstraire en dépit du texte qui les suivait. Je vous dirai donc deux choses à ma décharge :
1 – Le point d’interrogation à votre patronyme était simplement une manière de dire aux internautes de la rdl qui connaissent mon humour bizarre : qui est cet écrivain ? le connaissez vous ? Son nom ne me dit rien. Un point c’est tout.
2 – Quant au caractère jaune de la photo de votre tête, je n’ai rien voulu insinuer de ce que vous dites, le croirez-vous, j’ai seulement pensé et voulu écrire : cet homme n’a pas l’air en bonne santé, et il a peut-être voulu passer un message subliminal aux erdéliens à ce sujet. Là encore…, rien de ce que vous insinuez de très fort convenable, du racisme anti maghrébin de ma part, j’imagine.
J’aimerais vous convaincre de votre erreur et j’aurais pourtant aimé à re-galéjer : LOUCHE… c’est aussi l’état de celui qui souffre d’un strabisme divergent devant son écran. Mais je ne crois pas vous amuser. Vous avez écrit un papier intéressant, il n’y a pas de doute là dessus.
Somme toute, « bienvenue au club », un club un brinn spécial où personne n’est jamais très longtemps épargné, vous le constaterez rapidement.
de très fort PEU convenable de ma part…
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@ Alors que le langage a d’abord pour fonction de communiquer et de dire quelque chose à autrui,
(NB / J’espère que vous ne croyez tout de même pas complètement ce que vous dites, depuis « la 7e fonction », etc.)
Cher Monsieur,
Votre réponse est sincère et je vous crois, sincèrement. Et, ce ne sont pas les excuses qui ont changé ma perception car je ne me suis pas senti atteint dans mon être. Je vous remercie de m’avoir explicité les codes propres au « club » que vous mentionnez. A cet égard, il y a pour tout nouvel entrant un temps d’initiation. C’est pourquoi, si j’ai à reprendre ma réponse ce sera dans les termes d’une critique de « la violence symbolique ».
Mais au-delà de tout ça, le véritable sujet c’est le chien. Parce que « sujet » est peut-être discutable, je dois dire que le véritable objet est la publication d’un livre de Jean-Marie Brohm sur le chien et dont j’ai la recension en tant qu’ami des bêtes.
je sens qu’un erdélien va jubiler:
Michel Houellebecq, une raison en enfer
Un entretien, une fable et une biographie esquissent le rapport de l’écrivain à la foi, lui pour qui « les écrivains convertis sont de meilleurs écrivains que les autres ».le monde
Merci pour cet article qui traite de la condition animale à travers cette vie de chien. Il résonne particulièrement pour les amoureux des chiens qui savent combien nos compagnons peuvent être sensibles et complexes. Cette vie, où ils sont souvent le reflet des émotions humaines, me rappelle à quel point l’attachement entre un humain et un chien transcende le simple lien de domestication. Ce rapport nous pousse à une réflexion sur notre propre condition, nos besoins de compagnie, et parfois même notre propre quête de liberté. Peut-être devrions-nous, en retour, accorder aux chiens davantage de respect et de compréhension de leurs besoins en liberté, en exploration, en expression.
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