Al Dante !
Qu’une langue puisse faire l’objet d’une exposition temporaire dans un musée, cela se conçoit ; mais qu’il y soit exclusivement dédié en permanence, cela fait rêver. Par réflexe, on cherche des précédents, dans l’esprit du Musée de la langue portugaise à Sao Paulo ; en vain, y compris dans la riche histoire mondiale des musées (Gallimard, 2020) de Krzysztof Pomian mais il est vrai qu’il ne s’agit que du premier de trois tomes, s’interrompant en 1789, alors sait-on jamais. Le projet ne sort pourtant pas de l’imagination d’un artiste conceptuel mais bien d’une volonté politique : celles, conjuguées, du maire de Florence Dario Nardellale et du ministre italien de la Culture Dario Franceschini. S’ils ne l’ont pas inventé, du moins l’ont-ils porté dans l’espoir d’inaugurer le musée de la langue italienne le 25 mars prochain afin de coïncider avec la « Dantedi » , décrétée par le gouvernement journée d’hommage national pour le 700 ème anniversaire de la mort de Dante Aligheri, père de la langue italienne natif de Florence ; le 25 mars précisément car il aurait entrepris le voyage initiatique retracé dans la Divine comédie à cette date, approuvée par le comité des célébrations dédié à « il sommo poeta », placé sous la direction du philologue Carlo Ossola, professeur au Collège de France ( il y est titulaire de la chaire « Littératures modernes de l’Europe néolatine »).
On s’en doute, la date ne sera probablement pas tenue en raison des effets de la crise sanitaire que traverse l’Italie. Mais, « anno dantesco » oblige, le musée verra bien le jour cette année selon ses promoteurs, dans l’un des trois anciens cloîtres de l’ensemble conventuel Santa Maria Novella, basilique construite à partir de 1246 par les Dominicains pour en faire tant un centre de prédication qu’un foyer de vie intellectuelle, sur la place du même nom, au cœur de la ville ; et si la restauration de l’édifice n’est pas achevée à temps pour permettre son aménagement, il faudra se contenter d’«une chambre virtuelle » qui donnera un aperçu… virtuel du musée, ce qui se fait beaucoup depuis un an !
On y trouvera des salles d’exposition et des bibliothèques, le tout nimbé comme il se doit désormais du dernier cri technologique. Le coordinateur du projet est Luca Serianni, professeur d’histoire de la langue italienne à l’université de Rome « Sapienza », auteur d’une grammaire de référence et vice-président de la société Dante Alighieri. Nul doute que la commission ad hoc qu’il a constituée réunit les principales institutions italiennes dévolues à la langue. Comme la subvention de 4,5 millions d’euros de l’Etat n’y suffira pas, il faudra bien se tourner vers le financement privé ; les organisateurs, qui y ont réfléchi, ont l’intention de solliciter « le secteur oenograstronomique » en créant à cet effet des circuits et des parcours mettant en relations les mots, les plats et les vins…
Les simples visiteurs de même que les universitaires, les étudiants et les lycéens y trouveront retracée l’histoire de la langue italienne et son évolution du Summa dictaminis du cardinal Tommaso da Capua (mort en 1243), considéré comme l’un des monuments de la diplomatie médiévale, à nos jours, autrement dit l’italien tel qu’il s’écrit sur Twitter, en passant par toutes les évolutions du dialecte toscan dans lequel s’est enraciné la langue nationale. Pas sûr que ce soit là « la meilleure façon de se souvenir de Dante », comme le croit le ministre, mais il ne faut jurer de rien. A une époque où interagir est devenu la panacée, où le ludique et le numérique sont l’alpha et l’oméga de toute entreprise culturelle, on y écoutera, on y verra, on y jouera et, le dernier mais pas le moindre, on y lira les textes de Boccace, Pétrarque, l’Arioste, Galilée, Machiavel, Leopardi, Manzoni, d’Annunzio et d’autres encore.
La « Dantedi » aura d’ores et déjà réussi un miracle : à l’issue d’un débat aussi historique, littéraire que politique, la mozione soumise au vote des députés a fait l’unanimité absolue au Parlement.
(« Dante con in mano la Divina Commedia, 1465″ tempera sur toile de Domenico di Michelino, nef de Santa Maria del Fiore, Florence)
1 582 Réponses pour Al Dante !
Prems!
J’ai lu le billet de Passou dans l’Hsitoire et me demandais s’il allait lui donner un lectorat autre.
Nell mezzo, etc.
Nel mezzo…
désoled…
Dans ce N° de L’Histoire, portrait de l’excellent Pierre Singaravelou, dont le père, grand géographe originaire de Pondichéry,n’a curieusement pas de prénom.
De quel livre écrit par le poète philosophe arabe Al Mããri, Dante s’est-il inspiré pour écrire sa Divine Comédie ?
De L’Épître du Pardon (Rissalat al Ghôfrane), somme philosophique et mystique relatant le voyage entrepris par le poète après sa mort dans les contrées de l’au-delà et les rencontres qu’il fait avec les Prophètes, philosophes, poètes et autres anges et démons.
Et encore, je suis très gentil en disant que Dante s’est « nspiré », car, selon l’orientaliste italien Francesco Gabrieli, Dante a carrément copié l’oeuvre d’al Mããri et l’a adapté au contexte « chrétien » qui est le sien.
« Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu’à interpreter les choses, et plus de livres sur les livres que sur aultre subject ; nous ne faisons que nous entre-gloser. — (Montaigne, chapitre 13, Livre III des Essais)
« Dante a carrément copié l’oeuvre d’al Mããri »
Thèse improbable et indéfendable tant la Divine comédie, qui peut aussi se lire comme une auto fiction, nécessite de notes pour nous expliquer qui était qui dans la Florence de l’époque !
Par ailleurs, la langue de Dante, que dis-je la langue, le chant de Dante, est d’une telle singularité !
La prose, peut-être, mais la poésie ne s’imite pas : elle est inspirée mais ne s’inspire ni ne se copie…
… Elle a déjà tant de mal à être traduite !
Pas terrible, le coloriage de Michelinounet.
dante c’est nul..polo a pas faux..dailleurs hougo ball aurait fait blblbl..et rénateau prout prout..et péter en enfer c’est risqué..mais il ose tout..c’est que c’est un homme mohderne rénateau
Al Dante !
..et lassouline jamais sans son kilos de chianti..et dire que les français c’est des italiens tristes quil dirait polo
c’est dirfilou qui fait des halétement rauques
https://www.facebook.com/PanameUrbex/videos/1563011163824821/
Pas terrible, le coloriage de Michelinounet
tous postmortem dédé..en fait al dante c’était un pti gros chauve comme moïse..havec des cornes qu’il aurait dit zigmound dans son mégo
La BBC radio 4 consacre à Dante une étonnante série de 3 émissions, Dante 2021, totalement a-chronique et foutraque, passionnante surtout pour ce qu’elle dit de…2021.
https://www.bbc.co.uk/programmes/m000r36h
(Saprément sectaire, Baroz, comme si Shakspear n’avait jamais pillé les autres, ‘senza vergogna’)
Il parait que cette Divine Comédie, c’est le parfait Guide du Routard de l’au-delà.
Option visite guidée (molto grazie, Virgilio!)
« (Saprément sectaire, Baroz, comme si Shakspear n’avait jamais pillé les autres, ‘senza vergogna’) »
Et La Fontaine et Racine, Bloom !
Pillage ou recréation, réinterprértation ?
J’ai tellement mal à mon Italie, en ces temps de frontières fermées, que ce billet mi fa sentire bene.
Dès qu’on sort les grands textes fondateurs, il y a moins de mondequi se bouscule aux portillons !
D, sans Dante en central c’est assez Dalinien. Vous ne me verrez pas rouler des muscles sur ce billet si tant est que ma musculature suffise à certains d’entre eux, je me contenterai de vous lire. Que faut il ne pas rater ce soir sur un poste TV? un conseil, D?
Un médaillé Field dans le Monde du jour. Il parait que 2×0=0. Ça a l’air simple comme ça, mais non.
On peut aussi ressortir les tableaux, Barozzi, je n’ai pas l’envie de retrouver les textes probablement déjà donnes sur la rdl, qui situent la Divine Comédie, comme la vraie tentative d’unifier la langue italienne.
Pillage ou recréation, réinterprértation ?
—
Tutto fa brodo, Baroz. Ne pas faire mal aux mouches.L’important, c’est le goût final!
De quel livre écrit par le poète philosophe arabe Al Mããri, Dante s’est-il inspiré pour écrire sa Divine Comédie ?
J’aurais dit le Necronomicon, mais apparemment c’est Abdul al-Hazred l’auteur.
Dante et Béatrice. 10 et 9 ans. Et alors ? Et alors, rien.
« Dante a carrément copié l’oeuvre d’al Mããri et l’a adapté au contexte « chrétien » qui est le sien. »
Pardon, mais…
c’est une phrase absurde: dès lors qu’on adapte on ne copie pas, si on « christianise » une oeuvre, on l’acculture on se l’approprie de façon à la rendre intelligible. Dès lors naît une nouvelle oeuvre (qui n’est pas que de traduction) de cette oeuvre initiale. Elle est en quelque sorte réinventée après qu’elle a été, d’ailleurs, découverte.
(en peinture, c’est sans arrêt comme ça aussi: découverte, « copie » réinterprétée, donc invention).
Comme le rappelle Boom en citant Montaigne, de toute façon, il n’y a que des passeurs et des entre passeurs.
Bloom, scusi mon cher.
Le goût de l’Italie
Les lacs
La Toscane
L’Ombrie
La Campanie
La Calabre
retour via Bologne
Parfois, je ferme les yeux, et j’y suis.
L’enfer, c’est de les rouvrir et de voir qu’il est 19h17 et couvre-feu.
par ADAMI Dante
http://www.artnet.com/artists/val%C3%A9rio-adami/dante-YWpzYT-BMy1n9lUQvqfidA2
bonsoir
Jacqueline Risset, traductrice de la Divine Comédie, sur la vie de Dante, à France culture en 1995, reprogrammé par l’excellent Philippe Garbit.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/poesie-sur-parole-special-dante-avec-jacqueline-risset-1ere-diffusion-08071995
J’ai sous les yeux mon édition anglaise de l’Enfer (chacun ses petits défauts), publiée chez Pingouin & abondamment annotée (après chaque Canto) par son traducteur, Mark Musa.
D’emblée on y apprend qu’à la date imaginaire du début du poème, la nuit d’avant le Vendredi saint 1300, Dante a 39 ans, soit environ la moitié d’une vie biblique, fixée par les Psaumes à 70 ans (80 pour les plus robustes). Ce milieu la vie est à la fois littéral, figuratif , symbolique & métaphorique.
Un peu plus bs, Musa n’hésite pas à remettre en question l’interprétation canonique du symbolisme des trois animaux qui font obstacle au pèlerin.
Pas à dire, les auteurs et traducteurs des éditions Pingouin sont pas des manchots (comme disait Dewaere de Gervase de Brumer)
bs >>> bas…
—
Voyez Jibé, mon ‘a’ avait fait boom! Comme quoi…
Petit test.
Lequel des deux choisiriez-vous ?
tu vas dire c’est mon éditeur qu’à pas l’gout mais les couvertures sont vilaines baroz..la prochaine fois dmande à polo..ça rime havec chromo
L’enfer, c’est de les rouvrir et de voir qu’il est 19h17 et couvre-feu
tu fais long pour dire que l’italie tfais malocu comme térezoune..condense sacrénom
Dante et Béatrice. 10 et 9 ans. Et alors ? Et alors, rien
bonne clopine a jamais mal..une lette à la poste qu’il dirait baroz
Bloom, MESCHONNIC attaqua cette traduction d’une manière si rude, dans un colloque, que J.Risset bondit, ulcérée ,de son siège et quitta la salle!
renfield qui croit qu’y est demain pasquelle voit un nouveau byet..lassouline y brille comme un soleil
..ou bien ptête que dante est feuj..dracul aurait osé lui..
Il fait toujours du vélo ?
J’ai mal au Dante?
« Le paradis terrestre de Dante est la négation du paradis des théologiens, énonce Giorgio Agamben, et il est pour le moins singulier que, malgré cette opposition catégorique évidente, on continue à interpréter Dante à travers Thomas et la théologie scolastique – preuve, si besoin est, que tien ne rend une œuvre aussi obscure et illisible que sa canonisation. »
https://lintervalle.blog/2020/08/29/du-paradis-terrestre-par-giorgio-agamben-philosophe/
J’en suis à me dire que je vais foutre mes cd à la cave. C’est un signe.
D’un poème notoirement énigmatique de Guido Cavalcanti, premier ami de Dante, Giorgio Agamben propose une lecture « averroïste » qui souligne le caractère fantasmatique de l’expérience amoureuse et révèle jusqu’où porte l’intimité entre l’intellect et l’imagination.
Dans le même esprit, Jean-Baptiste Brenet s’intéresse à l’intrication radicale de la pensée, du désir et de l’image, dont il montre qu’elle doit paradoxalement s’abolir avant de reparaître ailleurs et autrement. Dans l’analyse de l’intellect d’amour, où l’homme fait diversement l’épreuve de sa propre puissance, poésie, philosophie et politique s’entremêlent.
Giorgio Agamben, Stanze. Parole et fantasme dans la culture occidentale. Traduit de l’italien par Yves Hersant. Christian Bourgois, 1981. Giulio Einaudi, Turin, 1977. [compte-rendu]
le lien excuses:
https://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_1983_num_2_3_913_t1_0137_0000_1
Il suffit de remplacer deux par trois et zéro par rien
Et c’est trois fois rien.
Dante et Béatrice 10 et 9 ans.
C’est autre chose définitivement que 10 et 45 ans.
Ne pas le nier.
l’enfer c’est les hottes ki dirè le papa Noël.
« en raison des effets de la crise sanitaire que traverse l’Italie »
oui le covid c’est l’enfer.
@J’ai mal au Dante?
Je viens de lui téléphoner, il va bien.
greubou l’enfer est sur terre ! écoute ça c’est de la bonne ! bien meilleur que Diantre :
Ecoute plutôt ça, ça vient de Sardaigne.
Les précédents auxquels Dante s’inspire pour son Enfer sont à la fois d’origine classique et biblique. Pour ce qui est des voyages d’un autre monde de la tradition classique, Dante connaissait ceux d’Orphée, Thésée, Hercule et Ulysse, mais il était particulièrement inspiré par le voyage d’Énée à Hadès, raconté par Virgile dans le sixième livre de l’Énéide. Dante connaissait également la deuxième Lettre de Paul aux Corinthiens, dans laquelle l’apôtre raconte son enlèvement «au troisième ciel» et interprète l’intervalle entre la mort et la résurrection du Christ comme le temps de la descente aux enfers pour libérer les âmes des patriarches. Parmi les sources Dante, il faut également mentionner le Somnium Scipionis de Cicéron et l’Apocalypse de Jean.
La vie après la mort de Dante a toutefois ses caractéristiques et elle est ordonné selon les règles établies par la Sagesse Divine, qui fixent pour l’éternité l’état de damnation, dont les racines sont enracinées dans les choix de la vie terrestre. Les pécheurs sont vus dans leur individualité, car leur péché détermine à jamais ce qu’ils seront. Cela permet au poète de déterminer une pénalité correspondante pour chaque péché.
À suivre Pugatoire et Paradis.
Pour ce qui implique l’apport arabe, il est surtout politique : une langue pour un people — je développerai —. Cela bien à part, pour ce qui est des élaborations antecedentes l’action de Dante voir l’École sicilienne — ou les Siciliens —.
Incidemment :
https://blogfigures.blogspot.com/2010/03/jacqueline-risset-dante_7.html
greubou écoute ça ! à 3’56 tu entends le diable tressauter en faisant des pieds de nez aux anges ! sûr que ça aurait plu à mon pedro, lui seul sur le blogapassou il s’y connaissait en grande musique de chambre à coucher :
le catholicisme a beaucoup perdu de sa grandeur depuis que ses ouailles ne croient plus en l’Enfer.
si Dante vivait de nos jours il écrirait un bouquin pour vanter les mérites de l’huile d’olive toscane.
d’ailleurs je me demande l’intérêt de parler de Dante alors plus personne ne croit en l’Enfer !
c’est comme si Houellebecq parlait de la Bovary dans ses histoires de couples échangistes.
« Dante con in mano la Divina Commedia, 1465″ tempera sur toile de Domenico di Michelino, nef de Santa Maria del Fiore, Florence.
Pourquoi railler les couleurs de cette représentation majestueuse de « la Divine Comédie ». Dante au centre du tableau tenant son livre dans une main d’où partent des rayons qui illuminent Florence (à droite).
A gauche la porte de l’Enfer où l’on voit grouiller les démons.
Au fond la montagne du Purgatoire et ces cercles étagés qu’il faut gravir pour trouver tout en haut, Adam et Eve tout nus.
Un lieu entre le bien et le mal…
Et enfin, tout en haut du tableau, la voûte céleste et les étoiles. Le Paradis… Là tout deviendra mouvant, cercles lumineux permettant d’atteindre fugitivement l’acmé.
Il est bon que Dante ait pris pour guide le grand poète Virgile…
Sur La Divine comédie de Dante, tu fais moins le malin, puck. Tu as peur de l’Enfer ?
Merci, Renato pour ce rappel, très clair, des sources.
Outre le fond, le sens, il y a aussi dans la forme, l’architecture de ce long poème, structuré en trois parties de 9 chants, un apport complexe dû à… la numérologie, science dont Dante était féru.
et alii, entre eux, les traducteurs peuvent voir la dante dure…
@l’unanimité absolue au Parlement
La gestuelle de l’unanimité partielle aurait impliqué de ne lever que le bras droit
(perche tendue à Bécassine : partielle ou relative ?)
J’écris « tableau » mais c’est une fresque allégorique de la Divine Comédie que l’on peut voir dans la cathédrale « Santa Maria del Flore » du XIIIe siècle, située dans le centre de Florence, en Toscane, place du Duomo. 232x290cm. Tempera sur toile.
Domenico di Michelino est un peintre italien, né et mort à Florence (1417 – 1491) – Ecole florentine.
Bloom dit: à
bs >>> bas…
—
Voyez Jibé, mon ‘a’ avait fait boom! Comme quoi…
Faut pas se gêner? C’est ce qu’il faut retenir?
Le Purgatoire réalise le rêve de Vita Nuova, qui avait été d’exalter Béatrice. Dans la figuration de la femme les traditions littéraires courtoises et stilnovistes convergent avec les traditions classiques, d’ascendance virgilienne, et avec les traditions allégoriques et prophétiques d’origine biblique.
Le processus de réexamen du Stil Novo et le passage définitif de l’amour-passion, bien que dans les limites de l’amour courtois stylisé, à l’introspection amoureuse prennent fin.
Lorsqu’il répond aux sollicitations de son ami de Lucca Bonagiunta Orbicciani, Dante résume l’essence du style poétique juvénile et permet son plein rétablissement non seulement en termes nostalgiques, mais aussi en termes conceptuels.
La structure du Purgatoire, contrairement à celle de l’Enfer, qui trouve des précédents dans les cultures classiques et dans les textes de dévotion du Moyen Âge, est le fruit de l’imagination poétique de Dante. La tradition du purgatoire s’est répandue, en effet, dans le christianisme occidental entre 1150 et 1250 et seule l’idée de la très haute montagne est déjà traçable dans les anciens commentaires de la Bible.
Incidemment : Dante est une forme raccourcie et familière de Durante qui vaut ‘pendant’.
Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate
Dante Alighieri
La douleur s’atténua brusquement, juste le temps d’entendre le démon lui dire :
– Tu aurais du avoir une religion, mon enfant, dans laquelle tu aurais pu trouver l’espoir que nous aurions pu alors écraser.
Ian M. Banks – Les enfers virtuels
Al Dante..très bon, dear passou. ajoutez du parmesan pour plaire aux barbouilleurs. remember, les prognathes sont des cruels
Incidemment, merci Renato, je prends des notes
bloom,je sais mais la réputation de Meschonnic était de faire un carnage et de laisser un cimetière derrière lui (ROUBAUD à Pompidou)
Renato, vous êtes brillant. Heureux de nous présenter si finement Dante et la Divine Comédie. Merci.
Ce signe sans manque – une prolifération de signes – constitue la singularité même de
la volonté de Pasolini d’être poète, pour reprendre le titre de son essai sur Dante qui assoit
le trait commun d’une volonté nécessairement hors sujet (l’exclusion, l’exil), celle de la
ligne d’art de l’ontologie constructiviste d’une Eretica commedia à travers les siècles. Elle
trouve sa source dans l’univocité parodoxale, grandiose jusqu’à l’inhumain (écrit P. P. P.
1 Cf. Franco FORTINI, Attraverso Pasolini, Einaudi, 1993. 2 La citation est extraite du film-documentaire de Jean-André Fieschi, Pasolini l’enragé, 1966. Le texte de
l’entretien est publié dans « Pasolini cinéaste », Cahiers du Cinéma, numéro hors-série, 1982, p. 50.
G. PASSERONE, « Dante et Pound pour Pasolini :
la force révolutionnaire », Atlante. Revue d’études romanes,
n°10, printemps 2019, p. 225-238, ISSN 2426-394X.
226
Atlante. Revue d’études romanes, nº10, printemps 2019
lui-même3
) des répétitions-progressions, contraignantes et multiplicatrices, des rythmes
brisés des tercets de Dante : le trajet en acte d’une conversation cosmique (« si che dal fatto
‘l dir non sia diverso4 ») contamine tous les niveaux et les registres de la prodigieuse
invention d’une langue italienne étrangère à elle-même5
. Ses signes tenseurs, d’expression
et de contenu — les traits floraux et enfantins, féminins et animaliers, minéraux et
angéliques, nature et culture à la fois, se dérobent à la forme historiquement malade de
l’homme : la louve-convoitise, le pêché économique, à l’orée du cycle précapitaliste de la
propriété et de l’argent. Ce sont ces traits et ces pointes qui font vibrer, jusque dans le
dogme trinitaire, les intensités de leurs paysages et personnages et qui désamorcent les
savoirs médiévaux fondés sur l’analogie dualiste (la synthèse dialectique de la conciliation
thomiste, les dualismes radicaux de l’Ulysse infernal cathare). Au-dessous des généalogies
et des allégories morales (le Salut, la Damnation) et politico-religieuses (l’Aigle, la Croix),
seuls les linéaments matériels, géologiques, d’une multitude de corps-voix singuliers
persistent : les nobles et les vils, les passionnés et les indolents, les domestiques, les
publics affirment – les perdus et les sauvés — la tension d’un être commun, le trasumanar de
la vie, en résonance avec la théologie pratique des heccéités de Duns Scot, le franciscain
in Dante et Pound pour Pasolini
La force révolutionnaire du passé
https://atlante.univ-lille.fr/data/images/atlante-10-2/225-238-g.-passerone.pdf
Le boug, tu aurais choisi quoi en couverture du Goût de Jeanne-d’Arc ?
On a aucun portrait de la pucelle, uniquement ce dessin, réalisé en marge d’un document du registre du Parlement de Paris, par le greffier Clément de Fauquembergue en 1429.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6e/Contemporaine_afb_jeanne_d_arc.png
la numérologie, science dont Dante était féru.
—
Malcom Lowry aussi, d’où l’importance de la Divine Comédie dans la tragédie du Consul.
Voir sur le net, Toponymie et itinéraires dantesques:
» (…)le pan infernal de la Divine Comédie de Dante est sans conteste le pourvoyeur le plus important de toponymes du roman. Laissons-nous guider par les indications données par Lowry lui-même dans son exégèse de l’œuvre (..) »
La fécondité de la Divine Comédie est tout simplement…dantesque.
Entregloses : Est-ce que Dante est dante est-ce-que ? –
Il semblerait qu’on ait mis + 100 ans à résoudre l’énigme de cette conjecture, dite de Christian Glodbach : « Tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s’écrire comme la somme de deux nombres premiers ». Qui y a réussi après s’y être accolé ?
NB / Afin de faire de la publicité pour le roman de Doxiádis, l’éditeur britannique Tony Faber offrit en 2000 un prix d’un million de dollars américains pour une preuve de la conjecture. Le prix ne pouvait être attribué qu’à condition que la preuve soit soumise à publication avant avril 2002. Il n’a jamais été réclamé.
Massoeur de La Tellier, peut-être ?
Jérôme Bosch, le jugement dernier
https://images.app.goo.gl/TH5h11TQ1jX6idCL9
j’aurais choisi Renée Falconetti les larmes aux yeux, avant qu’elle ne se suicida à Buenos Aires
https://www.pinterest.dk/pin/350225308526558321/visual-search/?x=384&y=177&w=48&h=54&cropSource=6
rose, Jeanne d’Arc a inspiré près d’une centaine de films et téléfilms à ce jour. Renée Falconetti dans « La passion de Jeanne de Carl Dreyer » est, en effet, la plus emblématique.
Ingrid Bergman n’est pas mal non plus
https://i.pinimg.com/originals/be/21/63/be216354d9bbcba9d3cbc53f0c64dd5a.jpg
Et Jean Seberg aussi
https://i.pinimg.com/736x/c6/89/9e/c6899ed1c8f6ff5a2adea305c08d19b9.jpg
« Dante et Béatrice. 10 et 9 ans. Et alors ? Et alors, rien. »
Rien, en effet, Clopine, dans la mesure où ils n’ont jamais consommé. C’est ainsi que les passions demeurent éternelles…
« La beauté formelle de La Divine comédie ne doit pas être dissociée de son message spirituel. La dimension universelle du poème provient d’une combinaison des deux : poésie et philosophie. Pour Dante, la vérité ultime était connue ; dans ses principes, elle était contenue dans la Summa/Somme de Saint Thomas d’Aquin, et la doctrine professée dans La Divine comédie est largement inspirée des écrits de Saint Thomas et des pères de l’Église.
Dante était en accord avec Hugh Thomas de Saint Victor, qui, dans ses Didascalies écrivait : « En contemplant l’œuvre de Dieu, nous apprenons ce qu’il nous faut faire. Toute la nature exprime Dieu. Toute la nature enseigne à l’homme. » Dante, à l’aide d’une allégorie qui lui est personnelle, tente d’imiter Dieu : le monde symbolique qu’il créé dans son poème est, dans ses principes, le véritable reflet du monde réel tel que créé par Dieu lui-même. »
– Mark Musa
Bloom, j’ai décidé de vous confier un secret.
Entregloses : Est-ce que Dante est dante est-ce-que ? –
tout le monde y se jette dans lapiscine de nutella en vespa..
La première moitié du Paradis a certainement été écrite à Vérone, où le poète, à la cour de Cangrande I Della Scala, partisan actif de la politique impériale, pouvait enfin jouir d’une relative sérénité d’esprit, engendrée par l’estime et l’amitié de son protecteur.
Les bienheureux qui rencontrent Dante appartiennent au moment de transition de la vivacité de Vérone à la tranquillité de Ravenne. Les personnages de la Toscane contemporaine ont disparu, à l’exception de Piccarda Donati — expression des éléments de base de tout le cantique : l’ordre, la charité et la grâce de Dieu —, et Dante se situe désormais dans des zones au-dessus des querelles municipales.
La Bibliothèque Capitulaire de Ravenne lui offre les textes nécessaires à ses études et son activité poétique est soutenue par le succès que commencent maintenant à recueillir les deux premières cantiques de la Comédie.
Pendant les années où il termine la rédaction du Paradis, à Ravenne, Dante réussit à réunir sa famille : deux de ses fils — Pietro et Giacomo —, sa fille Antonia et sa femme Gemma Donati.
Tombe de Dante à Ravenne :
Rien, en effet, Clopine, dans la mesure où ils n’ont jamais consommé. C’est ainsi que les passions demeurent éternelles…
c’est ps si hévident baroz..des derwiniens hont prétendu que les hommes donnaient plus de valeurs aux putes..rapport aux chances de leur géne egoïss..le reste c’est à l’imitation coté rue
Jeanne d’Arc a inspiré près d’une centaine de films et téléfilms à ce jour
..pas une photo baroz..hou alors de celles de ces reconstitutions villageoise ‘à l’imitation’ en armure en zinc..façon cosplay..dailleurs certaines jeanne japonaise sont trés bien..des banales statues d’église en platre graissée de noir de suie et de coup peuvent reluire comme des poilu a verdun baroz..bref..tu m’auras compris..tout sauf de l’imagrie individualiss
Jazzi
Jean est sublime
Ingrid Bergman superbe
Mais Renée Falconetti inoubliable, surtout quand elle brûle.
..et pour césar sacrénom..on a du matos de première main!..dante avec ses joues creuse et son persil dans les reilles est dvenue comme une atroce caricature..pas dson vivant..c’t’un genre de mickey italien ridicule
Renée Falconetti inoubliable, surtout quand elle brûle
pas mal rosy..surtout que baroz va te brifer sur le rapport du bourreau
J’attends bouguereau. Et vous sur quoi me brieferez-vous ?
Je vais vous confier ce secret parce que vous m’inspirez confiance.
et bien..djohnny il disait que le feu était dans sa peau..ça le rendait pas si beau..on peut tabler la dessus
fais péter le secret dédé..
quand on a vu Falconetti, on ne peut imaginer personne d’autre à la place (même si c’est stupide de dire ça)
Le Montrachet s’étend sur moins de 8 hectares, désormais partagés entre de multiples propriétaires qui revendiquent chacun leur cuvée, ce qui déstructure le goût original du cru légendaire. Un esprit espiègle se procura (bien après Garibaldi le niçois) chacune des différentes cuvées, les assembla entre elles, et présenta sa cuvée supposément parfaite à un bec fin de passage ; ce dernier conclut sans hésiter : « Messieurs, ce vin n’existe pas ». L’Italie et les italiens, c’est un peu pareil ; vous imaginez renato ou Jazzi revendiquer sérieusement une quelconque paternité avec Romulus et Rémus ?
Finalement non.
Ce que vous écrivez bien, Jean Langoncet. Je suis admiratif.
Un Montrachet joue le rôle discriminatoire dans Matchpoint, film et vin très appréciés par TKT en son temps. Dédé doit se souvenir.
@Je suis admiratif.
M’écririez-vous une lettre de recommandation que je pourrais joindre à mon dossier de candidature à l’office de tourisme de mon piedmont natal ?
@Un Montrachet joue le rôle discriminatoire dans Matchpoint,
Et Dental Floss, c’est chez Zappa (Montana) que ça se trouve
« La dimension universelle du poème provient d’une combinaison des deux : poésie et philosophie. »
Non, poésie et religion, aucune philosophie dans la Divine comédie.
« Le monde civilisé était un cimetière où Jésus-Christ et Socrate, Mozart et Haydn, Dante et Goethe n’étaient plus que des noms aveugles sur des tables de métal rouillées, entourées d’une assistance hypocrite et mal à l’aise, qui aurait donné bien des choses pour pouvoir croire encore à ces plaques de zinc jadis sacrées, pour pouvoir prononcer un mot honnête et grave de regret et de désespoir sur ce monde trépassé, mais qui, au lieu de tout cela, restait à se dandiner à côté d’une tombe ».
Hermann Hesse (Le Loup des steppes).
Hesse ou le rappel de la rupture de la « Chaîne dorée » opérée par l’Occident contre l’Orient.
Lire René Guénon et les Antimodernes pour comprendre ce drame et pleurer sur nos âmes.
Bonne nuit…
« tout sauf de l’imagrie individualiss »
Tout à fait d’accord, le boug. C’est la raison pour laquelle je n’ai rien trouvé à redire au choix fait par l’éditeur…
Je préfère une image d’Epinal quelconque à une personnalisation de ce personnage de légende, quoiqu’historique, et dont on ne possède aucun portrait. Contrairement à Jules César !
La Jeanne d’Arc de Luc Besson était pas mal sexy
http://image.tmdb.org/t/p/original/rOLt7FgTxeenS3Vv3HTD6X5IXwj.jpg
Je la trouve trop androgyne la Jeanne d’Arc de Luc Besson.
Al Dante c.génial comme titre.
Passou a des fulgurances.
et alii dit: à
quand on a vu Falconetti, on ne peut imaginer personne d’autre à la place (même si c’est stupide de dire ça).
Non seulement cela ne semble pas stupide mais surtout ensuite, l’on est face à un erzatz, à une fadasse répétition et on n’atteint jamais le sommet éprouvé face au premier film. Falconetti à jamais.
@ »Pour ce qui implique l’apport arabe, il est surtout politique : une langue pour un people — je développerai —. Cela bien à part, pour ce qui est des élaborations antecedentes l’action de Dante voir l’École sicilienne — ou les Siciliens —. »
Renato, l’ars dictaminis est effectivement un passage important de l’histoire de la rhétorique et de la diffusion des écrits, et la prééminence de l’Italie n’est pas contestable. Le texte mis en lien par Passou est un peu trop d’inspiration idéologique et généralisante.
Un lien interessant :
« L’ars dictaminis est apparue en Italie centrale dans le dernier tiers du XIe siècle, avec les traités rhétoriques et stylistiques latins élaborés par le moine Albéric du Mont-Cassin, la grande abbaye bénédictine à mi-chemin entre Rome et Naples, au cœur du renouveau ecclésiastique du XIe siècle (Bognini 2004, 2008a-b). Sous cette première forme, il s’agit essentiellement de présenter une nouvelle forme d’enseignement de la stylistique latine destinée en particulier à aider à la rédaction des documents et lettres. Le contexte de cette naissance doit être noté : Albéric fait partie de la génération des lettrés réformateurs qui appuient la papauté dans sa tentative pour s’autonomiser, au moment de la réforme grégorienne, face au camp impérial (Turcan-Verkerk 2009a, 2011a). Dès ses débuts, l’ars est donc étroitement associée à la communication politique. On retrouve après une lacune d’une génération l’ars dictaminis en Italie du nord, à Bologne, où elle est enseignée vers 1115 par Adalbertus Samaritanus (Schmale 1961), un peu plus tard par Hugues de Bologne. Elle subit dans ce nouveau contexte une série d’inflexions, étant notamment associée à l’étude du droit (civil et canon) qui prend de l’ampleur dans les écoles bolonaises. Cette association, conditionnée par le souvenir des liens entre droit romain et rhétorique classique, restera valide pendant toute l’histoire ultérieure de l’ars (Grévin 2013). Durant sa diffusion dans l’espace nord-italien, l’ars semble également acquérir un caractère plus strictement épistolaire, mais l’oscillation entre une conception globalisante du dictamen pensé comme support de toute communication, et une restriction de l’ars dictaminis au seul art épistolaire continuera en fait à travers les âges (Turcan-Verkerk 1994, 2003, 2007). La dissémination et le remaniement progressif des traités d’ars dictandi à travers l’Italie du nord puis l’Europe permettent de deviner les étapes successives de son développement, encore mal connues dans le détail faute d’éditions scientifiques (bilan provisoire dans Turcan-Verkerk 2006 et Grévin-Turcan-Verkerk 2014). À travers les remaniements successifs des sommes dites Aureae gemmae, dont les unes sont liées à Henricus Francigena, maître à Pavie (Odebrecht 1936), les autres dépendantes des traités d’Albéric et d’Adalbert, à travers l’activité de Bernard de Bologne (floruit 1142-1152 : Turcan-Verkerk 2007, 2009b, 2010, 2011b) et de son disciple Guido (Bartoli-Stella 2009), on peut ainsi suivre la poursuite de la dissémination de l’ars en Italie (Bologne, Pavie, Arezzo en Toscane), mais aussi dans le nord de l’Europe, d’abord en France et en Allemagne. »
« L’importance de cette production tient au fait que son rayonnement ne se limite pas au contexte politique des années 1220-1266. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les notaires papaux et siciliens décident en effet de compiler les créations stylistiques les plus marquantes des deux générations précédentes en organisant de gigantesques anthologies textuelles. Ces summae dictaminis (sommes de dictamen) regroupent un ensemble de textes politiques et personnels souvent placés sous l’autorité symbolique des grands noms de la génération précédente (Delle Donne 2004 ; Grévin 2008b). Les trois sommes les plus fameuses sont les collections dites de Pierre de la Vigne, regroupant toutes sortes de textes écrits à la chancellerie de Frédéric II et de ses fils (Delle Donne ; Grévin ; Schaller), celle de Thomas de Capoue, regroupant des lettres papales du premier tiers du XIIIe siècle et des correspondances personnelles de différents lettrés au service de la papauté (Schaller 1965 ; Thumser-Frohmann 2011), celle de Richard de Pofi, comprenant des modèles de lettres papales en rapport avec les années 1250-1260 (Batzer 1910, Herde 2014). Il existe des dizaines de versions différentes de ces sommes, sans cesse modifiées au fil des remaniements. Elles ont pour point commun de présenter des anthologies textuelles organisant leur documentation par matière : correspondance solennelle, administrative courante, lettres de déploration, lettres joyeuses et récréations, privilèges solennels… Elles mêlent donc des textes d’empreinte littéraire, politique, administrative, et relevant aussi bien de la lettre personnelle que de la missive officielle, de l’acte solennel que de la correspondance ordinaire »
Pour ce qui concerne l’apport de la culture arabe:
« Un examen dépassionné conduit effectivement à avancer une réponse négative concernant une influence possible du culte arabe de l’inshā’ sur la naissance et le développement de l’ars dictaminis. Si l’on exclut les hypothèses scabreuses, les points de contact théoriquement envisageables pour un tel transfert se limitent à la péninsule ibérique et à la Sicile. Or l’Espagne et le Portugal ont été des terres de réception relativement tardives d’une ars dictaminis qui y a été importée de France et d’Italie au plus tôt à l’extrême fin du XIIe siècle, sous une forme déjà évoluée (Gómez-Bravo 1989). La péninsule ibérique n’a ensuite exercé aucune influence notable sur le développement des doctrines et des pratiques dans le reste de l’Europe. Restent donc l’Italie du sud et la Sicile, qui offrent a priori un terrain plus favorable à l’échafaudage d’hypothèses. La constitution du royaume normand de Sicile, qui incluait la Sicile insulaire dotée d’une population à majorité islamique au moment de la conquête (1060-1091), a en effet créé un terrain favorable à d’intenses échanges culturels entre mondes arabes, grecs et latin, échanges qui se sont poursuivis pendant la plus grande partie du XIIe siècle. Et si le royaume de Sicile de Frédéric II, où les populations musulmanes et arabophones n’étaient plus qu’une minorité résiduelle, était assez différent de celui de ses prédécesseurs normands, la cour de Frédéric II (jusqu’en 1250) et de son fils Manfred (1254/1258-1266) étaient encore un centre de réception de savoirs arabes. Il est donc a priori tentant de supposer que différents transferts de formes textuelles ont pu exister entre les producteurs de textes rentrant dans la catégorie de l’inshā’ et les artisans du dictamen qui avaient la possibilité de se côtoyer dans ces milieux. »
Pardon pour cette longueur, sur un sujet passionnant, et pour ceux que cet art historique intéresse, la totalité du texte :
G dormi.
Hier, suis allée à Marseille en train. Quatre heures moins vingt minutes de trajet.
M’ont interdit de voir ma mère.
Ai donné les gourmandises pour ma maman et le groupe du moins 1, écrit sur what’s app les consignes pour Mara, repartie.
Failli pleurer, ai ravalé mes armes. Mes larmes (merde).
Mara m’a dit « sois forte ».
Puis elle m’ a dit « Dieu est avec toi ».
Je sais, lundi de la semaine, ai mis ma main à plat au-dessus de ma tête ((‘espace d’une main), lui ai dit « Dieu m’acompagne ». Ai rajouté que je me sentais un peu gênée parfois parce que c’était trop.
Elle a ri, ri.
Ben ouais.
Eu égard au nombre d’emmerds que je gère, étais contente que ma soeur fille rit.
Ai montré à ma maman la rue longue des Capucins et aussi Le Vieux Port avec ses bateaux.
Ai dormi.
de la semaine dernière
ai dit à ma fille aînée qui mangeait avec moi.
Ai montré tout ça avec whats app.
Le goût de la liberté hors la légion.
Hier, schplof, ai réalisé soudain que mon grand-père maternel aussi avait séjourné à la Légion Étrangère. Puis l’est parti.
Je vais demander à ma mère si je peux raconter.
DanteDi, joli nom, le D day, le day divin de Dante.
Au mois de mars 2021, il va s’en passer des choses…lol.
Billet: « il faudra bien se tourner vers le financement privé ; les organisateurs, qui y ont réfléchi, ont l’intention de solliciter « le secteur oenograstronomique » en créant à cet effet des circuits et des parcours mettant en relations les mots, les plats et les vins… »
Ca c’est une idée, qu’elle est bonne.
C ce que dit Coline Berry Rotjman : le jour où tu dis/ écrit c’est ou tu le fais ou tu crèves.
C comme cela que j’ai écrit ce que nous vivions ma mère et moi lors des cinq derniers mois de vie de mon père.
Et ce jour là, fini le secret, il n’y a plus de secret.
Un double champ infini s’ouvre à toi : sous tes pieds un champ de pâquerettes et de violettes.
Au-dessus de ta tête, un champ d’étoiles.
Et tu es dans l’entre-deux, à avancer nu et maigre, heureux.
La sortie du secret vient comme un bouchon de champagne plop, ou du bébé du ventre de sa mère, ouin.
Je n’encourage pas.
Je ne décourage pas.
C changer de monde.
Monte Cassino, Italie, une forteresse
Le palais des normands, une forteresse, à Palerme et la chapelle Palatine.
http://teatriemusei.ovest.com/fr/palais-des-normands-et-la-chapelle-palatina-a-palerme.php
Le noeud du problème se situe là, dans « la culture de la prééminence de la domination de l’occident. »
Avec le lien
https://www.cairn.info/l-occident-et-les-autres–9782707142559-page-91.htm
Parce que nous sommes intimement imbriqués orient et occident et à force de bramer nous sommes les meilleurs, nous perdons tout avantage à être deux orient plus occident.
« les mots, les plats et les vins… »
C’est l’esprit du Banquet, manque juste les beaux amants !
Mais où sont les femmes !
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/61/Banqueters_Cage_Louvre_G133.jpg
rose, on a retrouvé Jeanne d’Arc. Elle n’était pas al Dante, mais trop cuite !
https://resize-pdm.francedimanche.ladmedia.fr/rcrop/635,500/img/2018-11/mathieu-mireille-20181120.jpg?version=v1
Très sympathique ce El Maari! Interdit à Alger en 2007, alors qu’il a écrit au XIième siècle! L’islam des Lumières n’est pas pour demain.
« Al-Maari écrivit un second recueil de poésies plus original, Luzum ma lam yalzam (« La nécessité inutile »), ou Luzumiyat (« Les nécessités »), se rapportant à la complexité superflue de l’arrangement des rimes. L’humanisme sceptique de sa poésie est également apparent dans la Risalat al-ghufran, dans laquelle le poète visite le paradis et rencontre ses prédécesseurs, poètes païens qui ont trouvé le pardon. Cette dernière œuvre a suscité quelques suspicions chez les musulmans qui ont pensé qu’il était marqué par le scepticisme. Il était d’ailleurs très original pour son milieu, végétarien et ayant défendu le végétarisme et les animaux avec sincérité, se basant sur ses interprétations du Coran3 et sur ses propres raisonnements 4.
L’ouvrage Al-Fusul wa al-ghayat (« Paragraphes et périodes »), une collection d’homélies en prose rimée, fut même traitée de pastiche du Coran. Bien qu’il ait été l’avocat de la justice sociale et de l’action, Al-Maari pensait que les enfants ne devraient pas être conçus, afin d’épargner aux générations futures les douleurs de la vie. En novembre 2007, son œuvre était interdite d’exposition au Salon international du livre d’Alger (SILA) sur ordonnance du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs algérien.
Voici quelques-uns de ses vers audacieux :
La vérité est soleil recouvert de ténèbres –
Elle n’a pas d’aube dans les yeux des humains.
La raison, pour le genre humain
Est un spectre qui passe son chemin.
Foi, incroyance, rumeurs colportées,
Coran, Torah, Évangile
Prescrivant leurs lois …
À toute génération ses mensonges
Que l’on s’empresse de croire et consigner.
Une génération se distinguera-t-elle, un jour,
En suivant la vérité ?
Deux sortes de gens sur la terre :
Ceux qui ont la raison sans religion,
Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.5
Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,
Toutes les religions se valent dans l’égarement.
Si on me demande quelle est ma doctrine,
Elle est claire :
Ne suis-je pas, comme les autres,
Un imbécile ?
Grand poète lyrique solitaire, il a été traduit en français par Adonis. » (wiki)
Dire que Dante l’aurait « copié » est évidemment absurde. El Maari ne s’est intéressé qu’au Paradis. Dante aurait donc « copié » le Paradis pour gagner du temps et créé seulement le Purgatoire et l’Enfer. Comme le dit JB, toute la Divine Comédie est tellement imprégnée de l’histoire de l’Italie et de Florence en particulier que l’on ne voit pas ce que Dante aurait pu emprunter de vraiment décisif ailleurs, sinon dans cette autre littérature italienne qu’est la littérature latine, Virgile notamment bien sûr.
La difficulté de lire la Divine Comédie pour un profane est qu’il faut faire un choix de lecture qui ne peut que laisser insatisfait. Soit une lecture naïve qui se laisse bercer par la beauté du rythme et des images, soit une lecture exigeante qui cherche à comprendre toutes les allusions historiques, littéraires, théologiques, etc. J’ai essayé un juste milieu en ne me référant aux notes que lorsque j’était très curieux de comprendre ce qui se cachait derrière le texte. Pas satisfaisant bien sûr…Il faudra y revenir.
Intéressant lien, MS.
Où l’on voit que l’ars de l’anthologie est d’antique tradition.
J’en suis à mon 25e volume gustatif.
http://www.gallimard.fr/searchinternet/advanced?all_title=Barozzi&SearchAction=1
Dante et la philosophie, sans fignoler.
Il est généralement admis en Italie que Dante était le philosophe des poètes et le poète des philosophes, car Son poème englobe éminemment des doctrines métaphysiques et morales, ce qui a contribué au renouveau de la philosophie, malgré la misère des temps et la rudesse de la langue.
C’est Guido Cavalcanti qui l’initie à la philosophie, mais c’est surtout la mort de Béatrice qui le conduit vers la recherche de la consolation philosophique, à la suite de la lecture de la Consolatio philosophiae de Boèce et du De amicitia de Cicéron. La philosophie, symbolisée, dans le sillage de Boèce, comme « femme douce », remplit avant tout une fonction consolatrice, orientant l’homme vers la sagesse et doit pouvoir être appréciée de tous, présupposé qui justifie l’usage du vulgaire. Son champ d’investigation est autonome par rapport à la théologie: grâce à la philosophie, en effet, on peut atteindre le bonheur rationnel, fin distincte de la béatitude céleste, même si la foi reste véritablement supérieure. La philosophie s’adresse donc à la fin naturelle de l’homme, la théologie au surnaturel.
Dans cette perspective et en tant que profane, il a étudié la philosophie thomiste dominicaine et franciscaine, inspirée par Augustin et Bonaventure. Il s’est activement engagé dans la vie politique jusqu’à la condamnation qui l’a contraint à vivre la dernière partie de sa vie en exil. La Comédie bien à part, d’autres ouvrages montrent une pertinence philosophique, en particulier le Convivio et le traité politique De monarchia.
Au Moyen Âge, la philosophie était au service de l’Église et sa tâche était de justifier les dogmes acceptés par les ecclésiastiques. Thomas d’Aquin, p. ex., fonde une grande partie de sa doctrine sur la pensée aristotélicienne, en fait Aristote était tenu en haute estime par tous les écrivains de l’époque et en particulier par Dante qui le définissait dans la Comédie « celui qui sait ». Bref, Thomas d’Aquin reprend des textes classiques dont certains aristotéliciens et reformule les thèses en les adaptent aux règles de l’Église — qui influencent à l’époque toutes les manifestations culturelles, sociales et politiques.
Dans la poésie de Dante, la philosophie et la théologie se confondent. L’étude de la philosophie scolastique, mais aussi un savoir encyclopédique allant de l’Alain di Lille aux philosophes arabes, du néoplatonisme à Albert le Grand, permettent à son travail de résumer la complexité philosophique du Moyen Âge, sans con puisse le placer dans une école spécifique — voir les débat interprétatifs sur son adhésion au thomisme ou à l’averroïsme —.
En tous cas pour Dante l’autorité philosophique fondamentale est reconnue chez Aristote, car pour lui comme pour le Stagirite, la philosophie naît de l’émerveillement et s’accomplit dans la recherche des causes. Cependant, pour Dante, l’aspect pratique, éthico-politique revêt une importance décisive, à tel point que la morale est au sommet des sciences, avant la métaphysique et la physique.
Bjr jzmn, ce billet matinal d’EAT m’a fait penser à vous et à votre ancien journal du GP.
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/02/17/archives-amitie-lindon/
J’appréciais bien Guibert en son temps (à l’ami qui…), Lindon bien moins aujourd’hui (ce qu’aimer veut dire), quoiqu’il reste pas mal comme critique littéraire,… mais romancier, de moins en moins cf. son très décevant Les Amygdales)… Je ne pense pas lire ce petit recueil d’archives. Si vous le connaissez déjà…, dites-nous quid, néanmoins ? Bàv,
Renato, ce serait bien que vous réunissiez vos textes en un seul quand vous aurez terminé, pour que nous puissions les relire en continu facilement et éventuellement l’imprimer.
Merci.
D.,vous me prenez pour un con?
..c’est ça lsecret que dédé a fait pété
pour que nous puissions les relire en continu facilement et éventuellement l’imprimer
larchevèque cloclo donne son himprimatur
Au Moyen Âge, la philosophie était au service de l’Église
la philosophie était un diverticule de la théologie..elle n’était pas au service..bien sur il y a lhérésie..
le critique d’art A. Danto termine un de ses livres en demandant « avez vous vu mon nom? »
Je préfère une image d’Epinal
..c’est une trés grave erreur de croire que toutes se valent baroz..c’est lhindistinction dans laquel on laisse la culture populaire et ses expression..attendant son dante pour être ‘anobli’ par exempe..en tout cas t’avoues: c’est toi qu’a choisi..tu résistes pas à la question ordinaire
la philosophie était un diverticule de la théologie
ce propos laissrait hentende que profane elle existait..c’était la théologie
« il faudra bien se tourner vers le financement privé ; les organisateurs, qui y ont réfléchi, ont l’intention de solliciter « le secteur oenograstronomique » en créant à cet effet des circuits et des parcours mettant en relations les mots, les plats et les vins… »
il y a une joute trés « fameuse » concernant les programmes concurrent et la destination de la gare d’orsay qui a beaucoup fait grincer en son temps..exactement dans ce sujet..et on trouvait l’idée grotesque..telment française
« c’est toi qu’a choisi.. »
J’ai rien choisi du tout, le boug.
Moi j’aurais mis ça en couverture. Rare et authentique. Beau comme un tatouage sur une peau humaine !
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6e/Contemporaine_afb_jeanne_d_arc.png
closer, connais-tu Abou Nawas,le poète persan du 8e siècle ?
Je l’avais longuement présenté jadis dans les pages du Gai Savoir de l’hebdo Le Gai Pied
https://www.cairn.info/revue-tumultes-2013-2-page-35.htm
Ah tiens, Sasseur à du eprouver satisfaction au cours de la soirée antécéDante, elle n’est plus actimonieuse, ni vulgaire. Je me demande ce qui a contribué à une’telle embellie, une rémission en d’autres termes. Certains sont meteo dependants, je pense que ce n’est pas votre cas, MS, le ciel n’a que peu d’influence sur votre humeur. Je devine que la consistance doit faire partie des ingrédients d’une camisole éphémère et litteraire ou communicationnelle.
Umberto Eco[5] essaie de mettre Dante en rapport avec la cabale et notamment avec Abulafia. Ce dernier, philosophe espagnol de culture juive, qui fut de quelques décennies l’aîné de Dante, croit que Dieu a créé le monde grâce à un schéma qui correspond au don linguistique qu’il a fait à Adam : ce don serait donc une langue qui aurait engendré les autres, mais elle ne serait pas encore l’hébreu. Dante semble adhérer encore aux théories d’Abulafia quand il fait dire à Adam que la langue qu’il parlait sur la terre était tutta spenta à l’époque de la Tour de Babel. En effet, Abulafia définit l’hébreu comme un «protolangage», mais il ajoute que le peuple juif a oublié la langue primordiale. En partant de ces données, Eco s’interroge sur la possibilité d’une rencontre entre les deux savants et il conclut que, si cela ne peut pas être affirmé avec certitude, il paraît tout de même vraisemblable que Dante ait entendu parler des théories d’Abulafia.
http://cle.ens-lyon.fr/italien/langue/langue-originelle-et-langue-vulgaire-entre-de-vulgari-eloquentia-et-divine-comedie-
« À l’ombre des deux collines situées dans l’arrière-pays d’Oxford, sur le bord de la Tamise, les fouilles qui viennent de s’achever après trois ans de labeur ont révélé la présence d’une large villa romaine. » (Figaro)
« Large » est évidemment mis ici pour « grande »…une fois de plus…ça continue…
Encore un effort et et alii va nous dire que Dante était juif.
On arrête pas le tropisme !
Je sors, j’ai coiffeur. Qu’on ne me dérange sous aucun prétexte et textes.
extraits de ECO « son testament »
sur DANTE .
ECO N’EST PAS LE « PATRON » MAIS LE « PROFESSORE »
https://www.marianne.net/culture/le-testament-spirituel-dumberto-eco
Journée internationale du chat.
je souris
Calvino et Dante:
http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2004.marchi_v&part=191241
vec cette structure parfaite, Dante a toujours fasciné Calvino et ce dernier le définit le plus grand poète de la littérature italienne et il le considère aussi le poète le plus léger car « chez Dante le langage est légèreté ».
Toutefois la génialité de Dante se manifeste selon Calvino par sa façon de capter le monde dans le vers :
Et lorsque Dante veut exprimer la légèreté, jusque dans la Divine Comédie, il ne le cède à personne. Mais son génie propre se manifeste en sens opposé, lorsqu’il extrait de la langue toutes les sonorités dont elle est capable, toutes ses possibilités émotives, tout ce qu’elle peut évoquer de sensations ; lorsqu’il capte dans le vers toute la variété du monde et de ses niveaux, toute la diversité de ses formes et de ses attributs ; lorsqu’il transmet l’idée d’un monde organisé en système, ordonné, hiérarchisé de tel sorte que chaque chose y trouve sa place …. 37
Un monde – celui de Dante – absolument différent de l’univers complexe que Calvino décrit dans ses romans.
Toutefois, nous trouvons chez Calvino un ordre structurel du texte, qui parfois est très proche de celui de la Comédie, par exemple dans Palomar et aussi dans Les Villes Invisibles.
Il est nécessaire de souligner qu’on ne peut pas parler d’espace dans la littérature sans mentionner Dante, d’abord pour sa capacité de créer des univers neufs – bien qu’ils soient à l’intérieur d’un projet éthique – et surtout parce qu’il est la première souche d’une vocation profonde de la littérature italienne. Une vocation qui selon Calvino aurait commencé par Dante, qui aurait été suivie par Galilée et que lui-même aurait voulu continuer.
L’auteur de la Comédie cherchait à construire une image de l’univers. Une image construite selon la façon de pensée de son époque et qui surtout rentre dans un projet pédagogique et dans l’idée de sauver l’homme du péché.
Mais cette vision théologique de l’espace sera remplacée par une conception plus laïque, ou mieux, par la vision du monde de la Renaissance où les espaces représentés semblent plutôt ouverts et où il n’existe pas un centre car les personnages se déplacent en suivant plusieurs directions.
Notes
37.
Dante rencontre Beatrice à neuf ans, mais c’est à dix-huit ans qu’a lieu la vraie rencontre. Elle lui adresse un matin « un très doux salut ». Ce salut le marque si fort qu’il fait un curieux rêve assez surréaliste qu’il s’attache à décrire dans un sonnet qui aurait enchanté André breton. Il repense à elle , et se sent envahi par cette Béatrice à tel point que ses amis s’en inquiètent. Et pour se faire remarquer d’elle Dante utilise un stratagème : il fait mine d’être successivement épris de deux autres femmes, appelées au rôle d’« écrans ». Manque de bol. Béatrice croit vraiment que Dante s’amourache ailleurs et lui refuse donc son salut dans les semaines suivantes. Larmes, douleurs, cris, chagrins, souffrances le jeune Dante exalté déplore, souffre. Il sent que ses amis s’écartent de lui, le trouvent ridicule, avec des lettres qui s’adressent à une des femmes-écran.. Sa dinguerie passionnelle, ça suffit. Il se reprend et décide de s’adresser non plus à une femme-écran, mais à Beatrice directement. Il change donc de perspective et au lieu d’étaler une douleur et de perdre sa dignité, sa raison, il se livre à une célébration volontaire et raisonnée de Béatrice. Il trouve enfin une forme d’écriture authentique, vraie, émouvante. Le ton juste. Dante a déjà l’imagination « céleste », il imagine son adorée parmi les anges et les âmes bienheureuses. Il ne ressent même plus le besoin de la voir ou de la rencontrer. Ca nous rappelle quelque chose. Dante, dans sa démarche cérébrale annonce ce phénomène que Stendhal décrira comme celui de la « cristallisation amoureuse «dans « de l’amour »
Dante comptabilise et énumère tous les sujets d’aimer cette Béatrice, tout seul dans son coin, c’est exactement la démarche de Fabrice del Dongo, dans sa cellule à Parme :il se construit une dévotion mentale presque mystique à cette Clélia qu’il n’aperçoit qu’à travers l’ouverture étroite de son cachot. Donc, Dante, précurseur de Stendhal dans sa Vita Nuova ? Dante nourrissait sa sensibilité amoureuse ainsi, sans avoir besoin de voir et d’avoir une « réciprocité » avec la jeune fille.. Enfin c’est ce qu’on comprend ou on croit comprendre si on suit les sonnets et la prose de Vita Nuova (rédigée rappelons le vers 1292 et 1293) Précisons que Beatrice a toujours refusé cet amour. Quand elle meurt, Dante ressasse des beaux souvenirs, et bien sûr s’adonne, déjà à sa passion numérologique, à son culte pour les dates et les chiffres symboliques, son gout des analogies, des lois universelles, pour célébrer jusqu’à la fin de sa vie la « gloire de Béatrice ». Vita Nuova se termine sur un sonnet et un chapitre en prose, où il est permis de comprendre qu’il annonce la « Divine comédie » « quand il dira de Béatrice « ce qui jamais ne fut dit d’aucune femme ».
Au Moyen Âge les gens et les idée voyageaient plus qu’on le croit, et al.
Pour la question des sonorités, et al. : de Mandelstam Entretien sur Dante.
Tres très bon, le maestro. Merci du lien.
https://www.marianne.net/culture/le-testament-spirituel-dumberto-eco
renato:je ne conteste pas du tout la circulation des hommes ET DES IDEES:
2. Boèce de Dacie, Gentile da Cingoli et les autres
2.1. La plausibilité historique
in:
https://books.openedition.org/lesbelleslettres/405?lang=fr
Cet enseignement de Gentile marque l’entrée de la grammaire spéculative à l’Université de Bologne. Gian Carlo Alessio a montré que pour des questions théoriques et épistémologiques, comme sur des points de doctrine, qui suscitaient des discussions parmi les Modistes, Gentile était en général d’accord avec Martin, et contre Boèce de Dacie. Comme l’écrit Gian Carlo Alessio, « les possibilités pour Dante d’avoir connaissance des théories de la grammaire spéculative ne manquaient pas ».
24 G. Alessio, « I trattati grammaticali di Giovanni del Virgilio », Italia medioevale e umanistica, (…)
25 Tractatus de figuris, éd. ibid., p. 116 : « Item pro ratione quod de figuris possit et debeat esse (…)
26 I. Rosier-Catach, La Parole comme acte. Recherches sur la grammaire et la sémantique au xiiie sièc (…)
15Par ailleurs, parmi les grammairiens qu’a connus Dante, on sait de façon sûre, par sa correspondance, qu’il rencontra, au moins à la fin de sa vie, Giovanni del Virgilio (né vers 1300 à Bologne, mort après 1327), qui fut maître de grammaire et de rhétorique à Bologne24. Celui-ci mentionne souvent comme autorité Robert Kilwardby et nomme Boèce de Dacie et Martin de Dacie (mais non le commentaire de Gentile da Cingoli, pourtant). Il cite souvent les « auteurs des modes de signifier » (auctores modorum significandi), parmi lesquels il semble d’ailleurs inclure Robert Kilwardby. Il le fait cependant, selon les analyses de G. Alessio et les extraits qu’il a publiés, toujours pour mentionner des définitions grammaticales, des règles et des points de grammaire, mais sans jamais se référer aux thèses noétiques, épistémologiques et métaphysiques qui constituent le cœur de la philosophie du langage des Modistes et les distinguent de la production grammaticale universitaire du xiiie siècle (voir infra). On notera que Giovanni accepte qu’il puisse y avoir une « science des figures25 », comme le font les commentaires sur le Doctrinale et le Grecisme, Robert Kilwardby ou Roger Bacon. Or c’est une position que rejettent fermement les Modistes, pour qui toute construction agrammaticale est incorrecte, donc à rejeter26.
Anniversaire de la « mort » de Giordano Bruno — aujourd’hui.
J’ai prévenu mon chat que c’était aujourd’hui sa journée internationale. Il a l’air de s’en foutre complètement. Je pense que ça le dépasse.
Paul, a-t-on une trace des causes de sa mort à 28ans?, maladie, mais de laquelle guérir à cette époque? La survie était miraculeuse, il fallait échapper aux infections, alors les tumeurs. Quelle femme, j’ai oublié le nom passé à la postérité, s’est faite opérée d’un cancer du sein et sans anesthésie, elle a survécu.
D. Ma bête est infernale depuis quelques jours, ce doit être lié.
Jean Langoncet, personne, je crois, ne revendique une quelconque paternité avec Romulus et Remus, bien que quelques Romains s’appellent Romolo — d’habitude connus sous le diminutif Romoletto —, et que d’autres se déclarent, sans rire, descendants directs de César, mais les ascendants nobles c’est un syndrome italien connu.
Cela dit, deux régions — Sicile et Lombardie — vantent des caractéristiques littéraires transmise dans le temps depuis l’origine nonobstant les migrations, les invasions barbares et les dominations étrangères, avec tous ce que cela comporte quant à mixage des gens — le mixer temporel —.
Pour les Lombards c’est Pline l’Ancien, selon Arbasino : « improbable Borges de l’antiquité qui en se faisant passer pour un savant compilateur d’une encyclopédie universelle pour les écoles et les familles, accumule un monumental gisement de sottise (les rêves de la truite, le pouvoir lubrifiant de la caille) digne de la thésaurisation et de la folie de classement des bestiaires conventuels, du Rabelais, du Bouvard et Pécuchet », et que l’on retrouve dans toute la littérature qu’émerge de l’ambiguïté du brouillard qu’estompe les contours des choses et des êtres aussi que dans les qualités de la lumière — peut-être une influence du paysage sur le caractère —, voir par exemple La période milanaise de Léonard et la nouvelle perspective de l’ombre et de la lumière :
https://www.jstor.org/stable/43106818?seq=1 en it.
Et on arrive à Gadda, Manganelli et Arbasino…
Bice — Beatrice — di Folco Portinari morte probablement suite à un accouchement difficile.
« Il a l’air de s’en foutre complètement. »
Ne lui dit pas c’est la journée des chats aujourd’hui, D. Dis lui c’est ta journée.
Les chats n’ont pas l’âme communautaire ni communiste. Ce sont de purs individualistes. Une journée dédiée uniquement à ton chat lui conviendrait sans doute mieux, D. Les autres, ou les chattes de Ed, il n’en à rien à foutre !
Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
Après Marie Sasseur, voilà que renato lui aussi s’ouvre, devient plus pédagogue, et enrichit le débat !
Comme les bon vins, ils se bonifieraient avec le temps…
Jazzi, les chats comme tous les autres animaux sont informés par des sens qui échappent à nos instruments de mesure. Impossible de leur cacher quoi que ce soit. Ils lisent et sentent chacun de vos etats d’esprit, pensez donc, une journée du chat inscrite chez l’homme passe obligatoirement dans le cerveau du chat. Et l’info sera traitée selon son caractère, sa personnalité. Ma chatte ( sagesse) aussi douce et gentille qu’elle est possède malheureusement des traits enquiquinants: caprices et jalousie alors que ces caractéristiques ne font pas partie de mon programme. Si l’on peut dire tel maître tel chien, je ne conclurai pas à ce constat pour les chats, mâle ou femelle.
Comme si renato etait mauvais. Je le croierais volontiers selectif, impartial, et peu volontaire.
http://fichtre.hautetfort.com/apps/m/archive/2012/11/22/l-enfer-dante-2.html
Il souleva sa bouche de son affreux repas…
B. non, je ne sais rien de la mort de Béatrice. Selon une vieille chronique florentine elle aurait épousé un maçon super costaud ,une sorte de Raf Vallone spécialisé dans la rénovation des ponts ;il s’est fait jeter à l’eau par des Gibelins éméchés..il barbota longtemps avant de se noyer.. .. non.. je déc….pardon..B!
En revanche, puisqu’on parle de Giordano Bruno, il faut aller sur le délicieux Campo dei Fiori le matin, pour le marché, borie son ristretto en regardant ses petites vieilles qui épluchent la roquette et jettent les brins dans une joie bassine d’eau fraiche… Le restaurant bistro qui fait l‘angle « la carbonara », avec nappes à carreaux (il est sur la droite quand on regarde la statue de Bruno de face) propose des spaghettis vongole sympas avec des palourdes bien épicées et une bonne huile d’olive. Commandez la carafe de blanc ou de rouge du patron ,c’est pas cher, service sympa, prix tout à fait convenable. Vers 13 heures, le personnel du Palais Farnese, tout proche, vient piapiater français, certains avec petits costards cintrés et chemises blanches. On les écoute , c’est radio, couloir de la petite société française diplomatique.
merci renato de rappeler cet entretien;
je trouve un extrait que je copie donc (je ne suis pas chez moi)
ENTRETIEN SUR DANTE
Chapitre V (extrait)
On rencontre souvent, dans les Chants de Dante, un prélude impressionniste. Son rôle : donner sous les espèces d’un alphabet éclaté, d’un abécédaire bondissant, scintillant, pulvérisé, ces mêmes éléments qui, selon la loi de convertibilité de la matière poétique, doivent fusionner en formules chargées de sens.
Ainsi, dans ce passage d’introduction, voyons-nous la danse aérienne, chatoyante, héraclitéenne des moucherons de l’été, qui nous prépare à entendre le discours grave et tragique d’Ulysse.
Chant XXVI de l’Enfer – de toutes les compositions de Dante la plus proche de l’art de la voile, celle qui louvoie le plus, manœuvre le mieux. Par son astuce, par son ton évasif, sa diplomatie florentine, cette espèce de ruse grecque, elle est sans égale.
Nous discernons là deux parties majeures : le prélude lumineux, impressionniste, et le récit harmonieux, dramatique, d’Ulysse racontant sa dernière navigation, son départ pour le gouffre atlantique et le terrible naufrage sous les astres d’un ciel étranger.
Par sa pensée qui s’écoule librement, ce Chant aux chemins fantaisistes est très proche de l’improvisation. Mais pour une écoute plus attentive, il devient évident que le poète improvise intérieurement dans cette langue grecque qu’il affectionne, une langue sacrée, tout en usant — du moins pour la phonétique et le tissu verbal — de son idiome maternel, l’italien.
Donnez mille roubles à un enfant, puis laissez-lui le choix entre garder la monnaie ou les billets, il prendra à coup sûr la monnaie, et vous pourrez de la sorte lui enlever toute la somme en échange de quelques sous. C’est exactement ce qui a eu lieu en Europe avec la critique d’art, lorsqu’elle a rivé Dante au milieu de ces paysages gravés de l’enfer. Personne encore ne s’est approché de Dante avec un marteau de géologue, pour parvenir jusqu’à la texture cristalline de sa roche, pour étudier ses impuretés, ses fumées, sa limpidité, pour en estimer la valeur en tant que cristal de roche exposé aux accidents les plus disparates.
Notre science dit : éloigne le phénomène, et j’en viendrai à bout, je le maîtriserai. « Distanciation » (l’expression est de Lomonossov) et faculté de connaissance sont pour elle presque synonymes.
Dante a des images qui se disent adieu et prennent le large à tout jamais. Il est difficile de se risquer dans les gorges de son vers aux divergences nombreuses.
A peine avons-nous réussi à nous arracher à ce pauvre paysan toscan soucieux d’admirer la danse phosphorescente des lucioles — et nous avons encore dans le regard les rides impressionnistes laissées par le char d’Elie s’évanouissant dans un nuage — que l’on évoque la mort d’Etéocle, qu’on nomme Pénélope, qu’on laisse filer le cheval de Troie, que Démosthène gratifie Ulysse de sa faconde républicaine, et que le navire de la vieillesse, déjà, appareille.
La vieillesse, telle que Dante la comprend, c’est en premier lieu la capacité de voir tout l’horizon, d’embrasser le volume le plus vaste, un périple autour du monde. Dans le chant d’Ulysse, la terre, déjà, est ronde.
C’est un Chant sur la composition du sang humain qui contient en lui le sel de l’océan. Le début des pérégrinations repose sur le système de la circulation sanguine. Le sang est planétaire, solaire, salin.
De tous les méandres de son cerveau l’Ulysse de Dante mépris la sclérose, comme Farinata méprise l’enfer.
Serions-nous nés pour vivre une béatitude de bétail, et cette poignée de sentiments qui nous reste au soir de notre vie, ne la consacrerions-nous pas à nous ri squer — vers l’Occident, au-delà des colonnes d’Hercule— là où le monde continue sans l’homme ? *
Le métabolisme de la planète entière s’accomplit dans le sang — et l’Atlantique aspire Ulysse, avale son vaisseau de bois.
Impensable de lire les Chants de Dante sans les attirer vers l’époque contemporaine. C’est dans cette intention qu’ils ont été écrits. Ils sont des appareils à capter l’avenir. Ils appellent un commentaire au futur.
Le temps, pour Dante, c’est le contenu de l’Histoire perçue comme un unique acte synchronique ; et, à l’inverse : le contenu de l’Histoire est la prise de possession en commun du temps – par ceux qui le façonnent ensemble, ensemble le découvrent.
Dante, un antimoderniste. Son actualité : inépuisable, indénombrable, intarissable.
Ainsi le discours d’Ulysse, bombé comme un miroir ardent, est-il braqué à la fois sur la guerre entre Grecs et Mèdes, sur la découverte de l’Amérique par Colomb, sur les audacieuses expériences de Paracelse, et sur l’empire universel de Charles Quint.
Le Chant XXVI, consacré à Ulysse et à Diogène, nous introduit admirablement dans l’œil de Dante, qui, par une accommodation naturelle qui n’appartient qu’à lui, met à nu la structure du temps futur. Dante possède cette vision du rapace, incapable d’accommoder pour s’orienter à courte distance : bien trop vaste, son terrain de chasse.
Ossip E. Mandelstam, « Entretien sur Dante », Entretien sur Dante précédé de La Pelisse, La Dogana, 2012, pp. 49-52. Traduit du russe par Jean-Claude Schneider, avec la collaboration de Vera Linhartovà. Préface de Florian Rodari.
On rencontre souvent, dans les Chants de Dante, un prélude impressionniste. Son rôle : donner sous les espèces d’un alphabet éclaté, d’un abécédaire bondissant, scintillant, pulvérisé, ces mêmes éléments qui, selon la loi de convertibilité de la matière poétique, doivent fusionner en formules chargées de sens.
Ainsi, dans ce passage d’introduction, voyons-nous la danse aérienne, chatoyante, héraclitéenne des moucherons de l’été, qui nous prépare à entendre le discours grave et tragique d’Ulysse.
Chant XXVI de l’Enfer – de toutes les compositions de Dante la plus proche de l’art de la voile, celle qui louvoie le plus, manœuvre le mieux. Par son astuce, par son ton évasif, sa diplomatie florentine, cette espèce de ruse grecque, elle est sans égale.
Nous discernons là deux parties majeures : le prélude lumineux, impressionniste, et le récit harmonieux, dramatique, d’Ulysse racontant sa dernière navigation, son départ pour le gouffre atlantique et le terrible naufrage sous les astres d’un ciel étranger.
Par sa pensée qui s’écoule librement, ce Chant aux chemins fantaisistes est très proche de l’improvisation. Mais pour une écoute plus attentive, il devient évident que le poète improvise intérieurement dans cette langue grecque qu’il affectionne, une langue sacrée, tout en usant — du moins pour la phonétique et le tissu verbal — de son idiome maternel, l’italien.
Donnez mille roubles à un enfant, puis laissez-lui le choix entre garder la monnaie ou les billets, il prendra à coup sûr la monnaie, et vous pourrez de la sorte lui enlever toute la somme en échange de quelques sous. C’est exactement ce qui a eu lieu en Europe avec la critique d’art, lorsqu’elle a rivé Dante au milieu de ces paysages gravés de l’enfer. Personne encore ne s’est approché de Dante avec un marteau de géologue, pour parvenir jusqu’à la texture cristalline de sa roche, pour étudier ses impuretés, ses fumées, sa limpidité, pour en estimer la valeur en tant que cristal de roche exposé aux accidents les plus disparates.
Notre science dit : éloigne le phénomène, et j’en viendrai à bout, je le maîtriserai. « Distanciation » (l’expression est de Lomonossov) et faculté de connaissance sont pour elle presque synonymes.
Dante a des images qui se disent adieu et prennent le large à tout jamais. Il est difficile de se risquer dans les gorges de son vers aux divergences nombreuses.
A peine avons-nous réussi à nous arracher à ce pauvre paysan toscan soucieux d’admirer la danse phosphorescente des lucioles — et nous avons encore dans le regard les rides impressionnistes laissées par le char d’Elie s’évanouissant dans un nuage — que l’on évoque la mort d’Etéocle, qu’on nomme Pénélope, qu’on laisse filer le cheval de Troie, que Démosthène gratifie Ulysse de sa faconde républicaine, et que le navire de la vieillesse, déjà, appareille.
La vieillesse, telle que Dante la comprend, c’est en premier lieu la capacité de voir tout l’horizon, d’embrasser le volume le plus vaste, un périple autour du monde. Dans le chant d’Ulysse, la terre, déjà, est ronde.
C’est un Chant sur la composition du sang humain qui contient en lui le sel de l’océan. Le début des pérégrinations repose sur le système de la circulation sanguine. Le sang est planétaire, solaire, salin.
De tous les méandres de son cerveau l’Ulysse de Dante mépris la sclérose, comme Farinata méprise l’enfer.
Serions-nous nés pour vivre une béatitude de bétail, et cette poignée de sentiments qui nous reste au soir de notre vie, ne la consacrerions-nous pas à nous ri squer — vers l’Occident, au-delà des colonnes d’Hercule— là où le monde continue sans l’homme ? *
Le métabolisme de la planète entière s’accomplit dans le sang — et l’Atlantique aspire Ulysse, avale son vaisseau de bois.
Impensable de lire les Chants de Dante sans les attirer vers l’époque contemporaine. C’est dans cette intention qu’ils ont été écrits. Ils sont des appareils à capter l’avenir. Ils appellent un commentaire au futur.
Le temps, pour Dante, c’est le contenu de l’Histoire perçue comme un unique acte synchronique ; et, à l’inverse : le contenu de l’Histoire est la prise de possession en commun du temps – par ceux qui le façonnent ensemble, ensemble le découvrent.
Dante, un antimoderniste. Son actualité : inépuisable, indénombrable, intarissable.
Ainsi le discours d’Ulysse, bombé comme un miroir ardent, est-il braqué à la fois sur la guerre entre Grecs et Mèdes, sur la découverte de l’Amérique par Colomb, sur les audacieuses expériences de Paracelse, et sur l’empire universel de Charles Quint.
Le Chant XXVI, consacré à Ulysse et à Diogène, nous introduit admirablement dans l’œil de Dante, qui, par une accommodation naturelle qui n’appartient qu’à lui, met à nu la structure du temps futur. Dante possède cette vision du rapace, incapable d’accommoder pour s’orienter à courte distance : bien trop vaste, son terrain de chasse.
Ossip E. Mandelstam, « Entretien sur Dante », Entretien sur Dante précédé de La Pelisse, La Dogana, 2012, pp. 49-52. Traduit du russe par Jean-Claude Schneider, avec la collaboration de Vera Linhartovà. Préface de Florian Rodari.
@Mais qu’est-ce qu’il se passe ?
C’est pas premier billet rdl sur Dante .
Et par ailleurs, c’est pas première fois que je reconnais à U. Eco, un immense talent de passeur.
Et comme l’Italie me manque…et si ça dure…
@ »le critique d’art A. Danto termine un de ses livres en demandant « avez vous vu mon nom? » »
En mémoire de la poésie [article]
sem-linkJean-Michel Rey
DANTE :l’art et la mémoire
https://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_2004_num_133_1_1835
Santé. Sa vie et ses oeuvres diverses.
Dante. Correcteur.
https://schabrieres.wordpress.com/2010/02/28/primo-levi-charges-pendantes-carichi-pendenti-1984/t
Primo Levi.
Je me demande comment les féministes d’aujourd’hui jugent l’image de la femme idéale telle que Dante la donne à voir à travers sa Béatrice ?
Dante qui, par ailleurs, était un homme qui aimait beaucoup les femmes, et avait bien à se faire pardonner sur cette délicate question…
et avait bien des choses à se faire pardonner…
D’ailleurs, Béatrice, à laquelle Virgile passe le relai, l’accueille avec un regard noir dans les derniers cercles du Purgatoire…
Al Dante semble le nom d’un restaurant, je me souviens d’une pizzeria dite « Al forno a legna », aussi que d’un restaurant dans la plaine du Pô dont la spécialité était le civet de lievre : « Alla brasa ». La pizzaiolo ne pouvait compter que sur un four électrique, tandis que le couistot de « Alla brasa » n’a jamais pu honorer ce nom — à la braise —, car dans ce restaurant il n’y avait même pas l’ombre d’un braisier ou d’un truc qui aurait pu lui ressembler.
« Le restaurant bistro qui fait l‘angle « la carbonara », avec nappes à carreaux (il est sur la droite quand on regarde la statue de Bruno de face) propose des spaghettis vongole sympas avec des palourdes bien épicées et une bonne huile d’olive. »
Hélas, tout ça c’était avant, Paul !
C’est une chose que de s’attabler en salle ou en terrasse d’un restaurant et une autre que de repartir avec son panier repas…
Jazzi, Ça va revenir très vite à Rome, crois moi. la dolce vita n’est pas morte.
il y a pire dear Baroz, le virus caché dans le panier repas.
Butor n’aime pas le saint Bruno dans Sainte Marie des Anges, église fichée dans les thermes de Dioclétien. Caprice de nouveau romancier. Pauledel est plus tolérant, du moment que la grappa est offerte.
« La difficulté de lire la Divine Comédie pour un profane »
Longtemps picorée, je n’ai lu la Divine Comédie que très récemment, closer.
Pour bien faire, il faudrait la lire chronologiquement, sans sauter une ligne, et en se reportant continuellement aux notes. Ce que j’ai fait.
Et ensuite la relire entièrement, chant après chant, pour en goûter seulement la poésie et le rythme.
@paul Edel
Merci paul Edel
trop inculte pour parler de Dante je n’avais evidemment rien a ecrire sur le billet
Mais je veux vous remercier du moment d’émotion nostalgique que vous m’avez offert avec l’evocation de ce restaurant qui avec Archimede devenu saint eustache sont les points forts obligés de tous mes ballades a Rome
La dernière fois que j’y suis allée,il y a 4 ans la cuisine etait toujours la même , le comptoir d’antipasti toujours aussi somptueux mais la propriétaire était nouvelle, c’était une française. Et il n’etait plus là le serveur épanoui et rondouillard que, depuis 1974 date de ma première visite, le temps ne semblait pas atteindre
Plus modestement le café que je savourais voici trois ans à San Remo, et
dans mon lointain passé le fenouil que j’écrasais entre mes doigts dans le jardin de mon grand-père près de Corte
et les fascicules Artima dans la petite librairie, l’odeur de papier
et l’odeur des malabars et des carambars dans le bocal de l’épicerie d’Estelle
C’est pas premier billet rdl sur Dante .
Et celui- celui-là ?
Les défis de la « Divine comédie » – La République des livres
https://larepubliquedeslivres.com/les-defis-de-la-divine-comedie/
« La difficulté de lire la Divine Comédie pour un profane »
Je me demande s’il existe une commedia 2.0, comme il existé le Decameron 2.0, pendant le premier confinement, sous forme de feuilleton, et qui avait été signalé sur la rdl.
Bien sûr, cela dépend de l’édition, JB, mais si tu lis toutes les notes, ça devient vite très fastidieux. Il faut accepter de faire l’impasse sur certains noms, certains événements, certains concepts, que nous autres qui n’avons pas la culture italienne du 14ième siècle d’un Renato ou d’un Popaul, ne connaissons pas (pour Popaul, je suis moins sûr, il est trop distrait pas les belles romaines du 21ième siècle).
Quant à lire une deuxième fois et plus, sans se référer à aucune note, je suis assez pour…
Tu vois, il n’est pas sérieux…Tu crois qu’il va parler de Giordano Bruno et bien non, il parle d’un restaurant…
Je préfère La Carbonara qui est en via Panisperma depuis 1906 : carciofi alla giudia* et alla romana, ajo e ojo, carbonara, pasta e ceci… puis on songe à Fermi, Majorana et Co. Songe bien à part, j’y vais avec ma fille grande et parfois avec sa mère.
*à la manière juive.
Ca va se terminer en escalope. A la milanaise, bien sûr.🤣
Quel auteur, écrivain, poète, philosophe, dispose d’une image, d’un portrait aussi connu, aussi fermement établi et perpétué que celui de Dante Alighieri ? Tout le monde le reconnaît.
Balthus et ses chats :
Je peux pas blairer les chats.
Je vais retourner voir l’occuliste, à Rome. Celui qui porte des Carrera, conseillé par Veronesi.
Ça vaut mieux que de sucer d’la naphtaline…
Ça vaut mieux que d’avaler d’la mort aux rats…
Une de mes soeurs leur jetait des cailloux quand nous étions enfants. Je protestais à tous les coups, c’était souvent des chats blancs plus ou moins tachetés de noir. Les chats sont comme des clones les uns des autres et selon les lieux, certaines familles prédominent en nombre. Tous leurs membres sont identiques , semble-t-il et il m’arrive souvent de penser que si mon animal se perdait, esthétiquement Je ne rencontrerais aucune difficulté à le remplacer car il y en a des tas comme celui qui me tient compagnie .
Rome, ce n’est pas bien terrible. Ville caniculaire et bruyante. Scooters insupportables. Certes elle a un intérêt historique voire artistique pour ceux qui aiment l’art ancien italien (ce qui n’est pas franchement mon cas). Je n’ai aucune envie d’y aller de nouveau.
Le menu d’Alfredo
Par contre il faut que je retourne à Vienne, que j’aille à Cracovie et à Prague. Tout ça me correspond beaucoup plus. Si quelqu’un veut venir avec moi ?
Nouvelles volcaniques
Après plusieurs seismes ces derniers jours, la croute terrestre m’a tout l’air de bouger, Noumea (7,7), Japon 6 ou 7).
D, les frontières sont elles encore perméables?
ayant rêvé cette nuit de Sollers (sic, ça arrive!),j’ai regardé sur la toile:
« Voilà ce qu’il dit du premier vers de la Divine Comédie, évoquant le fameux milieu du chemin de la vie :
18 La Divine Comédie, Paris, Gallimard, « Folio no 3747 », p. 23-24.
À mon avis, mezzo veut dire quelque chose de beaucoup plus profond [que le fait d’avoir 35 ans]. Le milieu du chemin de la vie, de notre vie, c’est quelque chose qui peut être représenté comme permanent, et non pas se produisant à tel ou tel moment du temps. Ce milieu, au sens fort du mot – mezzo – c’est là où l’on peut toujours s’égarer, toujours se perdre, toujours se tromper à nouveau, toujours recommencer la même histoire, toujours être surpris par l’enfer, toujours oublier ce qu’il faudrait atteindre : un autre état du corps lui-même. […] Nous ne sommes pas, dit Dante, protégés à jamais de l’erreur. L’erreur peut se répéter, l’obscurcissement revenir et l’oubli reprendre sa proie. Il faut faire attention à cela, car la pente naturelle de l’être humain consisterait à se croire sauvé une fois pour toutes […]. Il faut se mettre en jeu pour savoir ce que la vérité, voilante et dévoilante, propose à chaque instant comme entrée dans le jeu du monde. Car finalement, c’est un grand jeu que Dante nous décrit18.
9Le second trait de la pensée dantesque de Sollers découle naturellement de cette conception et consiste à réfuter les manières diverses dont l’œuvre de Dante a pu être reçue et perçue au cours des siècles et à considérer notre époque contemporaine comme étant, étrangement, la plus à même de comprendre sa profondeur.
https://books.openedition.org/pur/52866?lang=fr
Ce qui m’a peut-être le plus troublé à Rome, c’est le déséquilibre gigantesque entre la quantité phénoménale d’églises et de chapelles de toutes sortes et le manque de considération pour la religion catholique.
Cette impression d’un héritage très largement usurpé à une population majoritairement désinvolte, impie et ingrate. Valable ailleurs, mais particulièrement marqué là-bas.
suite
« Et on peut poursuivre en citant l’introduction au livre d’entretiens de 2000, intitulée d’ailleurs Le Temps de Dante :
20 La Divine Comédie, Paris, Gallimard, « Folio no 3747 », p. 12.
Le XIXe siècle a méconnu Dante, l’a mal traduit, rêvé plus que lu. Le XXe, dans les atrocités, l’a convoqué malgré lui dans le bruit et la fureur d’une inhumanité poussée à son comble. Le revoici intact. Aucune œuvre est aussi singulière, aussi universelle20.
21 Ibid., p. 11.
11À propos de ce dernier adjectif, il écrivait un peu plus haut : « Dante est le diamant de l’art catholique21. »
22 La coïncidence entre la lecture de la Divine Comédie et certains épisodes biographiques est détail (…)
12Rapport à l’histoire, à la société, au temps et à l’espace donc, expérience mystique individuelle microcosmique rejaillissant en un propos universel et macrocosmique, voilà comment l’on peut très rapidement et très sommairement décrire la manière dont Sollers a lu et lit toujours Dante
B. « Quelle femme, j’ai oublié le nom passé à la postérité, s’est faite opérée d’un cancer du sein et sans anesthésie, elle a survécu. »
Mrs. d’Arblay, plus connue sous son nom de jeune fille et surtout de plume : Fanny Burney.
Renato. exact. Carciofi alla giudia* et alla romana.oui,divin. un autre conseil : filez 29 via Mastro Giorgio (tel 06574680O) chez » Felice al Testaccio »cbon quartier , il y a les plus vieux plats historiques romains dans cette trattoria avec une jolie petite terrasse donnant sur de la verdure,(réserver toujours ) et c’est là que vous pouvez gouter le Cacio e Pepe (littéralement : fromage et poivre) très ancienne recette avec trois ingrédients simples : des pâtes (les tonnarelli), du pecorino romano et du poivre noir. le paradis, même sans Dante. Enfin il faut aussi gouter le filetto di baccala,parfait chez eux, poisson blanc enveloppé dans une pâte tendre et frit dans de la graisse végétale. D’origine traditionnelle juive.Bon j’arrête là pour la gastronomie romaine .
Ça vaut mieux que de sucer d’la naphtaline…
virgile c’est pas le nom de la dame pipi qu’il dirait al
Bérénice, moi je ne souffre aucunement des frontières fermées ni même du couvre-feu à 18h et je n’ai pas du tout souffert des confinements. Je suis trés adaptable et trouve mon bonheur dans toutes les situations. Les frontières pourraient rester fermer 20 ans, je m’en contreficherais et au contraire je trouverais que c’est un grand bien pour la France, une occasion unique de la refonder durablement.
Malheureusement ces fermetures de frontières ne sont que simulacres. Vous savez très bien que chaque jour les vols entre la France et l’Etranger se comptent par centaines, qu’il est possible de passer comme une lettre à la poste par les trains, les camions. Tout cela est du pur pipeau.
Je vais vous faire une confidence : je préfère Alger à Rome. Je suis sincère.
Dante, dans sa démarche cérébrale annonce ce phénomène que Stendhal décrira comme celui de la « cristallisation amoureuse «dans « de l’amour »
faute polo..rien a voir..dante est comme on le disait des femmes au 19eme qui sont ‘amoureuse de lamour’
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