Littérature de langue française
Mais non, il ne s’agit pas d’un texte de circonstance publié à point pour la commémoration de 1914. Rien à voir. Après Comment gagner sa vie honnêtement et Une façon de chanter, il s’agit du troisième volet du cycle « La vie poétique », autobiographie littéraire de Jean Rouaud avec Un peu la guerre (253 pages, 18 euros, Grasset). Pas son genre pourtant. D’ailleurs, il l’avoue d’entrée : à force de s’éviter, il n’a guère le goût de parler de lui. N’aime pas encombrer. Ce que Jacques Perret appelait « le racontage de mézigue ». Seulement voilà : pour raconter son « chemin d’écriture », puisque c’est bien […]
lire la suite .../ ...Les précédents romans de Theresa Révay évoquaient des grands moments tourmentés du XXe siècle, à travers les passions et les conflits des personnages. Son dernier livre ressuscite une période à la fois connue et ignorée de l’histoire de la Turquie, avec la chute de l’empire ottoman et l’arrivée de Mustapha Kemal. On a souvent oublié le rôle joué par les grandes puissances européennes qui profitaient des troubles intérieurs turcs pour asseoir leur hégémonie et s’affronter entre elles. Ce contexte intérieur et ses enjeux internationaux sont évoqués avec rigueur par Theresa Révay: elle nous permet ainsi de reconstituer l’enchainement des révoltes, […]
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Incroyable ce qu’Eric Chevillard suscite de réactions, souvent épidermiques et hostiles, dans la République des livres. Que leur a-t-il fait ? A croire qu’il déplaît souverainement à un type de lecteurs, que l’on aurait tort de ranger parmi les internautes car, depuis des années qu’il tient blog à l’enseigne de l’Autofictif, il a su créer son propre cercle d’@ficionados. Le fait est qu’ici, même quand il s’agit de toute autre chose que de ses livres ou de sa personne, il surgit vers le centième commentaire, se fait déchirer ou louer avant de disparaître tel un point Godwin de la conversation numérique. […]
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Sans Goethe, qui connaîtrait Eckermann ? Le cas n’est pas isolé dans l’histoire, et pas seulement dans celle de la littérature. Sauf que celui-ci est particulièrement saillant dans la mesure où il éclate dès la couverture des fameuses Conversations avec Goethe (Gespräche mit Goethe in den letzen Jahren seines Lebens) que Johann Peter Eckermann (1792-1854) publia une première fois en 1836, et dont il publia une nouvelle version enrichie en 1848. Ce portrait du Maître en mouvement perpétuel, offert au public avec ses esquisses dans leur saisissante vérité, devint rapidement un classique ; comme les Propos de table de Luther, l’un et […]
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Bellegueule est son vrai nom. Un nom de dur insupportable à porter pour celui qui ne l’a jamais été. Le dur comme archétype de la virilité, le vrai garçon, qui se bat, qui aime les filles et joue au football. Ce qu’il n’est pas. Le nom de son père, coléreux, alcoolique, obèse, violent, ordurier, raciste. Et homophobe, cela va de soi. Un ouvrier de l’usine de laiton qui fait vivre toute l’usine, à une quinzaine de kms de la ville, de nos jours quelque part en Picardie. La mère ne rattrape pas le père : «« C’est une femme en colère, cependant elle […]
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Tentez l’expérience en société : demandez à chacun de définir l’érotomanie et vous verrez que la plupart l’associent à la recherche effrénée du sexe, de l’érotisme, voire de la pornographie. Le lieu commun a fait florès dans les médias quand a éclaté l’affaire DSK. Bien peu la définiront, comme le font à juste titre les psychanalystes et psychiatres, comme l’illusion délirante d’être aimé. Une passion morbide relevant d’un délire passionnel. Cette forme de paranoïa est au cœur du nouveau roman de Nathalie Rheims Maladie d’amour (298 pages, 19 euros, Léo Scheer). Mais qu’est-ce qui fait qu’une passion amoureuse dégénère en pathologie ? Comédienne passionnée […]
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Qui ça ? Maurice Barrès. Les jeunes générations de lecteurs, et même de plus âgées, n’imaginent pas l’empire considérable que Charles Maurras et Maurice Barrès ont exercé sur les esprits dans la France de la première moitié du XXème siècle. Aujourd’hui en librairie, il n’en reste rien, ou presque. Il faut bien chercher. Le fait est que Maurras est illisible et que Barrès n’est pas lu. Ni défense, ni illustration, Antoine Billot a conçu son Barrès ou la volupté des larmes (210 pages, 19,50 euros, Gallimard) comme une visite. De celles qu’un jeune écrivain rendait autrefois à un glorieux aîné admiré […]
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Soit la maladie. Qu’est-ce qu’un écrivain peut bien en faire ? Première solution : rien. Qu’il l’ait vécue ou observée, nul n’est obligé d’en faire de la littérature. Ou disons un objet d’écriture. Passer outre n’est pas l’ignorer mais la mettre en distance dans sa dimension littéraire. Deux écrivains ont éprouvé la nécessité de s’en emparer. Non dans un souci d’auto-thérapie, comme s’il suffisait de publier pour se débarrasser. Dans L’ablation (128 pages, 14,90 euros, Gallimard), Tahar Ben Jelloun se fait écrivain public, dans la pure tradition africaine, pour se mettre à la place d’un ami opéré d’un cancer de la prostate […]
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Que faire de Guy Debord en temps de crise ? On nous a tellement seriné que sa Société du spectacle, promue depuis sa parution en 1967 au rang de classique, était l’indispensable boussole pour affronter les défis du monde qui vient, qu’on ne peut relire aujourd’hui sans perplexité sa critique sociale radicale. La relire, c’est d’abord s’interroger sur ce qui reste de sa charge subversive. L’exercice est d’ailleurs assez édifiant tant il nous renseigne sur nos propres limites et nos cécités. Prémonitoire, Debord ? En tout cas, il n’avait pas prévu la seule révolution que nous vivions depuis qu’il a mis fin […]
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Je ne me souviens plus de la première fois où j’ai entendu parler de Zone, c’était sans doute en octobre ou novembre 2009, je résidais au CITL, le Collège International des Traducteurs Littéraires, une affiche annonçait la lecture publique d’un écrivain dont je ne savais rien, Mathias Énard, ce soir-là je ne me suis pas rendu à la librairie d’Actes Sud au Méjan, où j’avais en effet assisté – et j’allais – à tant d’autres rencontres du genre lors de mes divers séjours arlésiens, pourtant à un certain moment ultérieur je me suis mis à lire ce bouquin, qui traînait sur la table […]
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