de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Goncourt : Pierre Lemaitre l’emporte in extremis sur Frédéric Verger

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Au revoir là-haut de Pierre Lemaître l’a donc emporté in extremis au 12ème tour de scrutin par six voix contre quatre à Arden de Frédéric Verger. La discussion fut vive, âpre, argumentée jusqu’au bout car les quatre finalistes (les deux autres étant Karine Tuil pour L’Invention de nos vies et Jean-Philippe Toussaint pour Nue) sont de bons romanciers auteurs de bons romans représentant chacun des tendances différentes de la production littéraire de cette année. Finalement, juste avant que la présidente de l’Académie Goncourt ne fasse jouer son privilège de la double voix, un juré acquis de longue date à Arden de Frédéric Verger, […]

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Un nouveau fleuron de la filmographie simenonienne

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Avez-vous vu L’Escalier de fer il y a un instant sur France 3 ? Guettez la rediffusion car vous avez raté quelque chose de fort. Georges Simenon, auteur du roman dont le téléfilm est adapté, reconnaissait que le titre lui avait donné l’histoire. L’histoire se passe à Montmartre « de nos jours » disait le romancier, donc au début des années cinquante puisqu’il l’a écrite en 1953, même si le film la situe dix ans plus tard (le juke-box crie Twist à Saint-Tropez). Celle d’Etienne Lomel, 40 ans, marié sans enfants, voyageur de commerce rongé par la suspicion qu’il nourrit vis à vis […]

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Yann Moix dans le meilleur des mondes critiques possibles

Yann Moix dans le meilleur des mondes critiques possibles

Patrick Kéchichian

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En cette rentrée littéraire, Yann Moix a pris la critique à son propre piège. En posant son roman sur le fragile estomac du lecteur professionnel, en le poussant dans ses retranchements, il l’amena à s’engouffrer dans la brèche, à dévoiler avec candeur ses usages et ses limites. Et plus encore ses inavouables préjugés. Par exemple, telle de ces critiques (Nelly Kapriélian, dans Les Inrokuptibles du 21 août) qualifia avec autorité l’écrivain d’« emmerdeur », tel autre (Jean Birnbaum, « Le Monde des livres » du 20 septembre) commença à parler des relations personnelles qu’il entretenait avec l’écrivain, allant même jusqu’à citer des mots reçus […]

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Bernanos, électron libre

Bernanos, électron libre

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Qui lit encore Bernanos ? On ne sache pas qu’il soit souvent au programme. N’eut été le cinéma, ou plutôt de rares cinéastes de génie de Bresson à Pialat, sans oublier le génie du Poulenc du Dialogue des Carmélites, on le lirait encore moins alors que son oeuvre est l’une des plus profondes, et des plus proprement bouleversantes, de la première moitié du XXème siècle littéraire. Lorsqu’on déplore cette désaffection, on s’entend répondre que les tourments de ses héros sont trop datés. Comprenez que les cas de conscience d’un jeune prêtre ou les désarrois d’une novice ne sont plus de […]

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André Suarès ou le désespoir de Cassandre

André Suarès ou le désespoir de Cassandre

MICHEL DROUIN

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 Ne cessant de se proclamer lui-même « poète et musicien avant tout », André Suarès, non sans scrupules et déchirements ne reste pas enfermé dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, considérant à l’instar de Goethe que « celui qui refuse le rôle de citoyen » est le « rebelle », le « maudit » et l’ « hérétique chez les anciens », l’auteur du Voyage du Condottière n’hésite pas à prendre parti, fût-ce au péril de sa vie, car « plus haut est le poète, plus il est vrai et il doit voir clair ». Toute l’œuvre, imposante, de Suarès, le révèle obsédé par la guerre, la paix, les questions politiques, diplomatiques, […]

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Quand les vies doubles abolissent les frontières

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Canada n’est pas le seul roman du double de la rentrée, il s’en faut.  Il faut aussi compter avec quelques autres. Siamoises (284 pages, 19 euros, Naïve) est l’un des plus troublants et sans aucun doute le plus accompli du tandem formé par Michel Canesi et Jamil Rahmani. Cette fois, contrairement à leurs précédents romans, ils ne se contentent pas de traiter une bonne histoire : ils s’en donnent les moyens avec une technique irréprochable. Diabolique même eu égard au thème. Une manière bien à eux de refléter l’époque à travers des destins brisés. Essayons d’en dire davantage sans en dire […]

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Comment devient-on le plus célèbre critique littéraire d’Allemagne ?

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 Mort à 93 ans, le 17 septembre dernier, Marcel Reich-Ranicki a dominé la scène littéraire  pendant plus de quarante ans avec ses articles. Il a représenté une espèce en voie de disparition : le Grand Critique Littéraire exemplaire. En France, la disparition récente de Maurice Nadeau et de François Nourissier a aussi sonné le glas de cette espèce en voie de disparition. Notre Reich –Ranicki a marqué sinon influencé  plus de deux générations d’écrivains  allemands parmi les meilleurs. Il a  montré également  le pouvoir d’un vrai « pro » de la critique sur la librairie de son pays. Pourquoi donc  cette célébrité hors- norme ? Il […]

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Jaenada saisit l’insaisissable Sulak

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Qu’est-ce qui fait qu’une vie bascule ? Une enfance calme, une famille aimante, des sœurs adorables, une ambiance de gaieté à la maison, une certaine sérénité dans un petit village de Provence, tout ça pour se lancer dans le monde en s’engageant à la Légion étrangère, déserter et braquer des supermarchés, des banques, des bijouteries, se faire prendre, s’évader spectaculairement, recommencer… Etrange, non ? Une énigme. Celle de Bruno Sulak (1955-1985). Pour son huitième roman sobrement intitulé Sulak (496 pages, 22 euros, Julliard), un titre qui claque, Philippe Jaenada a délaissé l’inspiration autobiographique dont il était légèrement las pour se consacrer à […]

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Frédéric Verger et quelques autres violent l’Histoire avec bonheur

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Ce n’est pas d’aujourd’hui que les romanciers puisent dans l’Histoire la matière de leurs histoires. Ils y ont toujours fait leur marché avec une fortune diverse. Il y a toujours des critiques et des lecteurs pour y pointer un manque d’imagination, et il y en aura encore, ce qui révèle un manque d’imagination critique. Cette rentrée n’y échappe pas. Oublions les critiques, voyons les livres puisque cela seul compte. Faut-il le prendre comme une bonne nouvelle ? Question de point de vue, selon que l’on se place du côté des historiens ou de celui des romanciers. Mais si l’on est un peu des […]

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Sylvie Germain et David Bosc, une sensation du monde

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Les romans portés par une écriture sont si rares qu’on les croirait tenus par rien d’autre. On ne voit alors que cela, cette grâce invisible appelée à être un jour concassée, décortiquée, théorisée. En attendant ce sacre universitaire et colloquant, le lecteur a le privilège de savourer le texte dans son jus, son liquide amniotique, à peu près vierge d’analyse et de commentaire. Alors emparez-vous des romans de Sylvie Germain et de David Bosc avant que des savants les accaparent- c’est tout le mal qu’on leur souhaite. Ils ne sont pas poètes mais portent un regard poétique sur le monde. Ce […]

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