de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Flaubert sous le regard de l’historien

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Dans le civil, un biographe peut être journaliste, écrivain, critique, universitaire, poète, c’est selon. Son récit épousera les modulations de son regard, reflet d’une formation particulière, sinon d’un tropisme. Qu’advient-il si le biographe est historien ? Un regard d’historien ? Gustave Flaubert, vie et œuvre mêlées, a rarement reçu l’éclairage que lui apporte Michel Winock, spécialiste notamment l’histoire des intellectuels, dans son Flaubert (534 pages, 25 euros, Gallimard) ; il s’inscrit dans une lignée où l’ont précédé René Descharmes, René Dumesnil, Albert Thibaudet, Maurice Nadeau, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Herbert Lottmann. Il leur doit nécessairement quelque chose puisqu’il met ses pas dans les […]

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Marcel Aymé se paie encore la tête des juges

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« Les profanes de mon espèce attendent des Juges qu’ils aient le courage de poursuivre le crime et le délit sans égard à l’argent ni au pouvoir. Il leur semble que si la Justice consent à se laisser entamer dans ses positions les plus avancées, elle n’est plus la Justice et qu’un Juge ne peut avoir bonne conscience, même en face d’un criminel de droit commun. Je souhaite que, dans votre discours d’ouverture, vous mettiez en garde la magistrature contre l’indifférence et la légèreté, bien sûr, mais d’abord contre toute espèce de complaisance. Et je souhaite que vous soyez entendu ! » Ces […]

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A propos, pourquoi le rouge et pourquoi le noir ?

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On dira que la réponse va de soi : le rouge républicain et le noir ecclésiastique. Ce qui saute aux yeux à tout lecteur de Le Rouge et le noir. J’y repensais en sautant et gambadant dans le savoureux Dictionnaire amoureux de Stendhal (816 pages, 25 euros, Plon). Dominique Fernandez y est parfaitement à son affaire en raison de sa connaissance intime tant de l’écrivain et de son œuvre que de l’Italie. Curieusement on n’y trouve pas d’avant-propos condensant son propre stendhalisme – ni même, allons-y gaiement, sa stendhalité comme diraient les cuistres. C’est que tout le recueil en est la […]

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Jean-Paul Kauffmann ou le parti pris de la Marne

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« Fidèlement ». C’est bien la première fois qu’une dédicace, fidèle reflet de la personnalité de son auteur jusque dans son dépouillement, me convienne au point de vouloir lui rendre la pareille. Car on peut se sentir personnellement tenu par une sorte de fidélité à un auteur que l’on suit depuis longtemps au point de ne vouloir jamais rater l’un de ses livres. Mon cas avec Jean-Paul Kauffmann depuis son petit texte sur Le Bordeaux retrouvé publié hors-commerce en 1989. Une dizaine de livres ont paru sous sa signature sans que jamais la moindre déception n’ombre ma lecture. L’ancien journaliste, qui s’offre […]

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Ravey, Yves, héritier Simenon

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Un écrivain qui ne se veut pas à un maître ne saurait avoir de disciples. N’empêche qu’il a des héritiers même si, comme l’écrit René Char l’écrit dans ses Feuillets d’Hypnos (1946), « notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». La transmission se fait par des voies souvent mystérieuses, imperceptibles, inconscientes. J’ai ruminé la chose l’an dernier lorsque Laurent Demoulin, maître d’œuvre d’un projet de Cahier de l’Herne (285 pages, 39 euros) consacré à Georges Simenon, m’a demandé quels étaient ses héritiers. Une colle, à y bien réfléchir. Un nom m’est spontanément venu à l’esprit, celui de Patrick Modiano. Et puis j’ai […]

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Claude Simon, un latin qui écrase sa montre

Claude Simon, un latin qui écrase sa montre

JACQUES-PIERRE AMETTE

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En 2006, Claude Simon  entrait  en pléiade . Il était mort le 6 juillet 2005, mais dans ses dernières années, il avait lui-même choisi les textes (faut-il dire » romans » ou longs poèmes ?) qui figureraient dans ce volume. Il y avait  bien sûr, son grand livre  matriciel La route des Flandres, mais aussi Le vent, Le palace, La chevelure de Bérénice, La bataille de Pharsale, Triptyque,  Le jardin des plantes.  Et aussi  le Discours de Stockholm de ce nobélisé. L’ensemble était  somptueux. Ce choix personnel est aujourd’hui complété par un second volume. Il rassemble  ses écrits  des débuts L’herbe »(1958), Histoire […]

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Romain Rolland au-dessous de la mêlée

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Rien de tel que des scellés sur un manuscrit pour exciter la curiosité. Le lecteur se dit aussitôt que, pour se voir appliquer un traitement de services secrets, il doit être particulièrement saignant. Le cas du Journal de Vézelay 1938-1944 (1180 pages, 39 euros, Bartillat) de Romain Rolland (1866-1944). Avec un tel intitulé, on se dit que les révélations doivent y alterner avec le souci du spirituel, voisinage et ambiance obligent. On ne mesure plus guère le prestige qui fut celui de Romain Rolland dans la première moitié du XXème siècle. Son influence n’allait pas de soi car il eut […]

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Tombeau de l’écrivain inconnu

Tombeau de l’écrivain inconnu

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Sans pour autant verser dans le vain exercice de l’uchronie, on ne peut s’empêcher de se demander quel aurait été le destin littéraire de Charles Péguy, d’Alain-Fournier, de Louis Pergaud s’ils n’étaient tombés au champ d’honneur ? Et, pour rester dans l’époque, Raymond Radiguet, fauché si jeune par la fièvre typhoïde ? Peut-être n’avaient-ils rien d’autre dans le ventre que ce qu’ils avaient déjà donné. C’était déjà beaucoup dans le cas de leur aîné, Péguy ; mais les autres ? On ne le saura jamais. Connaissiez-vous Jean de la Ville de Mirmont ? Moi non plus. Une identité qui ne s’oublie pas pourtant. C’est à […]

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Le problème avec Morand

Le problème avec Morand

PASCAL PIA

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Poète, chroniqueur, essayiste, nouvelliste, romancier mémorialiste. M. Paul Morand aura été sollicité tour à tour par tous les genres littéraires, ou presque, mais en fin de compte, c’est dans la nouvelle, me semble-t-il, que ses dons ont trouvé et trouvent encore leur meilleur emploi. Peut-être lui-même n’en juge-t-il pas autrement. En tout cas, après les nouvelles de La Folle amoureuse publiées l’an dernier, c’est encore un recueil de nouvelles qu’il nous propose aujourd’hui sous le titre de Fin de siècle. Fin de siècle !  L’expression avait fait fureur au temps de Félix Faure et de Loubet. On en avait assaisonné toutes […]

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A qui ne se bat pas dans la nuit Roland ne parle pas

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M. Boyer ne se refuse rien. Après saint Augustin et Shakespeare,  le voilà qui s’attaque à un autre monument. Mieux : un socle de notre patrimoine littéraire, le premier roman national,  la source de nos imaginaires, le pilier sur lequel s’appuyèrent tant de textes : la première épopée, rédigée en français conservée de notre Moyen-Age, du plus célèbre chevalier de l’histoire de France, le soldat inconnu princeps, excusez du peu. Et comme précédemment, il commence par se réapproprier le titre, histoire d’imprimer sa marque, ce qui permet d’identifier « sa » version d’un coup d’œil. Aussi, de même qu’il avait fait des Confessions, Les Aveux, […]

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