Littérature de langue française
Poète, chroniqueur, essayiste, nouvelliste, romancier mémorialiste. M. Paul Morand aura été sollicité tour à tour par tous les genres littéraires, ou presque, mais en fin de compte, c’est dans la nouvelle, me semble-t-il, que ses dons ont trouvé et trouvent encore leur meilleur emploi. Peut-être lui-même n’en juge-t-il pas autrement. En tout cas, après les nouvelles de La Folle amoureuse publiées l’an dernier, c’est encore un recueil de nouvelles qu’il nous propose aujourd’hui sous le titre de Fin de siècle. Fin de siècle ! L’expression avait fait fureur au temps de Félix Faure et de Loubet. On en avait assaisonné toutes […]
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M. Boyer ne se refuse rien. Après saint Augustin et Shakespeare, le voilà qui s’attaque à un autre monument. Mieux : un socle de notre patrimoine littéraire, le premier roman national, la source de nos imaginaires, le pilier sur lequel s’appuyèrent tant de textes : la première épopée, rédigée en français conservée de notre Moyen-Age, du plus célèbre chevalier de l’histoire de France, le soldat inconnu princeps, excusez du peu. Et comme précédemment, il commence par se réapproprier le titre, histoire d’imprimer sa marque, ce qui permet d’identifier « sa » version d’un coup d’œil. Aussi, de même qu’il avait fait des Confessions, Les Aveux, […]
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On n’a pas fini d’écouter Marguerite Duras, ses mots autant que ses silences. Il n’y pas que ses livres. Ses entretiens pourraient être inclus dans ses Œuvres complètes tant ils la prolongent. Sa voix la précédait et l’annonçait jusqu’à l’identifier puissamment, à l’écrit comme à l’oral. Nul besoin d’être l’un de ses nombreux captifs pour guetter un inédit. Celui-ci vaut le détour car il la ressuscite dans toutes ses dimensions. Il a une histoire qui ressemble déjà à du Duras. En 1987, la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre rencontre l’écrivain chez elle à Paris pour le compte de La […]
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Et si nous devions la naissance de notre langue et celle de notre littérature au souvenir sanglant de batailles perdues, d’affrontements effroyables dans lesquels « tant de français ont perdu leur jeunesse » ? A la nécessité d’écrire le rappel d’une « bataille merveilleuse et totale » où des milliers de jeunes gens sont morts, et donc au devoir de chanter leurs noms ? La chanson de Roland est la première grande œuvre rédigée en français primitif que nous ayons en notre possession. C’est une longue et magnifique litanie célébrant une obscure défaite de l’arrière-garde de Charlemagne en 778, aux confins […]
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Un jour, son père lui a demandé de l’aider à en finir. Comme ça, avec ces mots ordinaires pour s’engager dans un voyage extraordinaire. Des pépins de santé, il en avait toujours eus, et non des moindres. Sauf que cette-fois, c’est du sérieux : infarctus cérébral, anévrismes des carotides internes, dysphagie. Une vraie collection. Généralement on résume cela d’un acronyme qui dit tout et rien à la fois tant qu’on n’est pas plus précis sur l’étendue des dégâts : AVC. Alors Emmanuèle Bernheim, écrivain rare (six livres en près de trente ans) s’est lancée dans le récit de son aventure. Cela […]
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L’érotisme, le désir ? Tout le monde l’explique, le commente, l’invente, en fait sa chose, comme Dieu ou son portable. Mais qu’en pense un surréaliste de la première heure ? D’abord qui est Desnos ? C’est celui qui est toujours sur le bord des photos un peu en retrait derrière les grandes figures Breton et Aragon , ce Desnos qui, selon Breton, « parlait le surréaliste à volonté », fermait les yeux, entrait en transe, cassait le vocabulaire ordinaire , débitait des phrases de Pythie, des phrases de cristal qui montaient aisément vers les étoiles et le cosmique dans les brasseries enfumées. La bande de surréalistes […]
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C’est terrible, un incipit. Terriblement injuste car cela peut faire fuir ou captiver. Très précisément : rendre le lecteur captif du texte. Dès l’incipit, on sait si un écrivain se tient derrière la plume. Ainsi débute Esquisse d’un pendu (184 pages, 16 euros, Verdier), roman de Michel Jullien : « La Machine n’est qu’ossature, rien mieux qu’un emboîtage architectural éviscéré, cubique, sans complexité de construction. C’est une pile creuse faite de niveaux amoncelés sur un empierrement mastoc, à répétition d’étages, une cage vide, libre au vent, des parois criblées de fenêtres sans vitres et protection.. Sa fonction fut d’exposer, de magasiner, de remiser à […]
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Dommage que Paul Léautaud soit mort : il aurait aimé Que Tal, le livre que Daniel Arsand a consacré à son chat du même nom. Ce sarcophage littéraire va rendre jaloux beaucoup de monde dans l’entourage de l’écrivain. Ce chat est parvenu à déclencher un manuscrit à son auteur quand bon nombre des ses proches n’ont même pas eu droit à un aphorisme en guise d’adieu. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux félins domestiques dont ceux de Rilke/Balthus (Mitsou), Colette, Simenon, voire Marie Dormoy. Dans celui de Daniel Arsand on perçoit une grande force spirituelle qu’il parvient à canaliser dans […]
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Ce n’est pas une fatalité mais il y a de cela : dès lors que la spiritualité s’immisce, discrètement ou en prenant ses aises, voire carrément en majesté, dans l’œuvre d’un écrivain, il passe pour un cul-béni, une grenouille de bénitier. Rien n’exaspérait Graham Greene comme d’être taxé « grand écrivain catholique » – et ce n’était pas à cause de « grand »… On peut être écrivain et catholique sans être pour autant « écrivain catholique », non plus qu’ « écrivain juif » s’agissant de Saul Bellow ou de Philip Roth. L’influence de Georges Bernanos et François Mauriac en a pâti, encore que dans son cas, cela s’aggravait […]
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Cela ne pouvait décemment pas commencer autrement que par « Ca a commencé comme ça… ». L’incipit du Voyage au bout de la nuit n’est peut-être pas aussi connu que celui de la Princesse de Clèves, de la Recherche ou de l’Etranger, mais tout de même. On en use souvent comme d’un clin d’œil ou un d’un signe de reconnaissance. Le comédien Jean-François Balmer est depuis quelques jours Ferdinand Bardamu sur la scène du Théâtre de l’Oeuvre à Paris, à une encablure de la place de Clichy, détail qui n’est pas superflu s’agissant du bonhomme Céline. Le spectateur se sent d’emblée dans […]
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