de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Le problème avec Martin Amis

Le problème avec Martin Amis

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On va finir par croire que Martin Amis cherche les ennuis. Que ce soit par ses livres, le plus souvent de cruelles satires, par ses articles, par ses déclarations et mêmes par ses tweets, le trublion de la vie littéraire britannique ne perd jamais une occasion de se faire des ennemis. Il en faut moins pour y gagner une réputation de provocateur, quitte à passer pour un écrivain connu pour sa notoriété. La dernière fois, c’était à cause des prises de position contre le fondamentalisme musulman et, partant, le lien qu’il établissait entre Islam et terrorisme. Ce fut explosif. Ce […]

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Les aléas du métier

Les aléas du métier

DOMINIQUE VITALYOS

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Le métier de traducteur réserve des surprises, parfois très mauvaises, comme celle de trouver dans le livre imprimé des erreurs que vous n’aviez pas commises. Vous avez rendu ce que vous preniez pour la version finale, prête à l’impression, par laquelle vous engagez votre nom – Dominique Vitalyos, traductrice littéraire, spécialiste du domaine indien – et votre réputation – jusqu’ici sans tache notable (pour ce que j’en sais) – et on intervient en y intégrant des suggestions qui n’ont ni queue ni tête, puis on publie. Vous auriez dû, bien entendu, en prendre connaissance afin de pouvoir les rejeter, mais on ne vous les […]

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Comme un Quichotte à la recherche de son île

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A-t-on vraiment envie d’entrer dans un livre intitulé L’Homme qui aimait les îles, dont l’incipit est aussi inattendu que « C’était un homme qui aimait les îles » et qui raconte, devinez quoi, l’histoire d’un homme qui aimait les îles ? Pas sûr. A dire vrai, lorsque le message est aussi direct et appuyé, et qu’il s’annonce par exemple sur l’affiche d’un film, il fait fuir. Avec un livre aussi : on douterait qu’il recèle le moindre mystère. En quoi on aurait parfois tort. Ce serait passer à côté d’une pépite telle que, justement, L’Homme qui aimait les îles (The Man Who Loved Islands, […]

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Karl Ove Knausgaard, Proust norvégien, phénomène de société

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Vous avez encore l’été pour vous entraîner à prononcer le nom de Karl Ove Knausgaard. Ces dernières semaines, il était difficile au lecteur de la presse littéraire anglaise et américaine d’échapper au « Proust norvégien » ainsi qu’on le présente généralement. Il s’impose partout, comme avant lui un Bolano ou un Murakami, ; sauf que lui le fait avec d’autres moyens. C’est peu dire qu’il a fait sensation. Il y a deux jours, il y avait foule pour l’écouter à Brooklyn ; bientôt il sera à Varsovie où l’accueil sera probablement égal. Les plus grands journaux ont donné le la. Les articles qui lui […]

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Avènement de Eduardo Halfon

Avènement de Eduardo Halfon

ALBERT BENSOUSSAN

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Le fil d’Ariane s’appelait alors Anne Mc Lean. Nous étions à Bogotá, pour la foire du livre où le grand homme de Medellín montait en gloire. Celui dont le père fut assassiné au nom des droits de l’homme qu’il entendait défendre. Et le fils, exilé en Italie pour échapper aux sicaires, était finalement rentré au pays, vingt ans après, pour conjurer l’oubli. L’oubli que nous serons, c’était le titre de ce récit de Héctor Abad pour lequel nous étions là, tous deux, à nous tenir la main — « mano a mano », dit l’espagnol —, Anne lisant ses pages en anglais […]

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Le pessimisme ironique de Dezsö Kosztolanyi

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C’est plus fort que moi, et je ne suis pas le seul critique, ni même le seul lecteur à réagir ainsi : face à un premier roman, essayer d’en savoir davantage sur les lectures qui ont pu influencer l’auteur. Celles de toujours et celles qui ont irrigué son imaginaire et son inconscient tandis qu’il ruminait son histoire. On sait que les auteurs ne goûtent guère l’exercice d’admiration ; ils ont l’impression de déchoir en payant leurs dettes, du moins en France ; ailleurs, on a compris depuis longtemps que la manifestation de gratitude nous élève plutôt qu’elle nous abaisse. Car, hormis le cas […]

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Comment j’ai traduit Annie Ernaux en espagnol

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Le premier jour du séminaire de mon ancien directeur de recherche sur la littérature française de l’extrême contemporain, à Paris-III, Bruno Blanckeman donne une liste d’une dizaine d’auteurs à lire. Le titre Journal du dehors se détache pour moi des autres : il renvoie à l’écriture que j’avais entreprise cette année-là à Paris, transcription détaillée du vécu de scènes, dialogues, lieux, contre l’oubli. De retour à Buenos Aires, j’entreprends comme chercheuse un travail de « divulgation » de l’œuvre de cet auteure très peu connue en Argentine. Mon principal objectif était de traduire Annie Ernaux pour la faire découvrir. Peu après, je rencontre […]

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Le désir d’Europe des écrivains latino-américains

Le désir d’Europe des écrivains latino-américains

PHILIPPE OLLE-LAPRUNE

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Dans un écrit de 1524, Hernán Cortés désigne un lieu de culte du peuple aztèque par les mots de « grande mosquée ». face au vertige de l’inconnu, il se tourne vers le déjà-vu et, par cette torsion du réel, garde pied et ramène la réalité neuve à une expérience antérieure. Les Européens ont conquis les territoires et colonisé les peuples d’Amérique allant jusqu’à les plier à leurs utopies et leurs fantasmes. Grâce à cette construction chimérique du lieu, ils ont offert un matériau idéal aux écrivains à venir. En contrepoint, si les Latino-Américains ont eu un désir d’Europe, leurs rapports […]

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Poétique de Céline, éthique de Kraus

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L’ego-histoire, c’est bien, surtout lorsque d’autres que des historiens s’en emparent aussi. Encore faut-il avoir envie de sacrifier au racontage de mézigue, expression qui n’est pas de Louis-Ferdinand Céline mais de Jacques Perret. Il est remarquable qu’un écrivain aussi tempétueux ait suscité un exégète aussi paisible qu’Henri Godard. Comment devient-on le spécialiste les plus respecté et le plus incontesté de l’œuvre d’un grand écrivain ? Richard Ellman avait autrefois répondu pour Joyce ; Jean-Yves Tadié pourrait répondre pour Proust, Pierre Citron pour Giono. Jacques Body pour Giraudoux, Henri Mitterand pour Zola… En attendant, Henri Godard le fait dans A travers Céline, la littérature […]

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La ruche de Shakespeare

La ruche de Shakespeare

Henry Wessells

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Shakespeare’s Beehive (“La ruche de Shakespeare”) est le récit d’un exemplaire annoté d’An Alvearie or Quadruple Dictionary de John Baret, un grand in-folio publié à Londres par Henry Denham en 1580, qui ne fut ni réimprimé ni digitalisé jusqu’à nos jours. L’exemplaire en question porte des traces de la bibliothèque privée de Lady Georgiana Fullerton au XIXème siècle ; au XXIème siècle, il fut déniché par le « grand déluge » qu’est eBay, site de vente aux enchères sur internet, qui porte à la surface des eaux des matières qui demeuraient cachées. George Koppelman et Daniel Wechsler, antiquaires à New York, ont […]

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