de Pierre Assouline

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La République des livres

LE COIN DU CRITIQUE SDF

Pour saluer Michael Lonsdale

Pour saluer Michael Lonsdale

Pierre ASSOULINE

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L’acteur et comédien Michael Lonsdale , qui vient de disparaitre à l’âge de 89 ans, ne figure pas seulement au générique d’un nombre considérable de films, téléfilms et pièces de théâtre : celui qui a incarné dans Des hommes et des dieux frère Luc, moine assassiné à Thibirine, est également un grand lecteur, à voix basse comme à voix haute, et l’auteur de plusieurs livres, tous tournés vers la foi. Le dernier en date est un hommage à l’œuvre de Charles Péguy Entre ciel et terre (212 pages, Cerf). Je l’avais donc rencontré il y a quelques années chez lui à Paris […]

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Rimbaud, poète impressionniste

Rimbaud, poète impressionniste

Roméo Fratti

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Arthur Rimbaud doit beaucoup au romantisme, n’en déplaise au « Voleur de feu » qui se faisait volontiers pourfendeur des mièvreries florales. Diffusé en France après la chute de Napoléon Ier, le romantisme pictural – picturesque – à l’anglaise prépare le terrain à l’impressionnisme, par l’importance accordée à une peinture de paysage qui reflète l’infiniment petit de l’intime. Marcheur infatigable, Arthur Rimbaud s’ouvre au jeu de couleurs du monde, infléchies par les lumières mouvantes de la nature au gré des saisons ; alors même que les peintres ont déjà découvert le bonheur de peindre en plein air, grâce notamment à l’invention du tube […]

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L’injonction à écrire

L’injonction à écrire

Hélène Gestern

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Dans les jours qui ont suivi l’annonce du confinement, j’ai été contactée à plusieurs reprises par des maisons d’édition étrangères, qui ont eu la gentillesse de me traduire, ou par des connaissances qui me proposaient de rédiger un écrit, voire de tourner une vidéo du confinement. Beaucoup d’amis m’ont également écrit, et terminé leur message par leur espérance, là encore empreinte d’une immense gentillesse, que j’allais « en profiter pour écrire un beau livre » ou «  trouver l’inspiration » (ou bien « le temps ») pour écrire. Dans une association dont je suis membre, un débat a beaucoup animé les discussions par mail, durant […]

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Paul Celan au creux des nuages

Paul Celan au creux des nuages

Marc Benveniste

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L’actuelle pandémie nous privera d’une commémoration internationale in situ du soixante-quinzième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale. Faut-il y voir le signe de notre détestable insuffisance de maîtrise, à la même échelle mondiale, de la cruauté humaine depuis trois quarts de siècles ? La Shoah marqua de son sceau atroce ce conflit à nul autre pareil, en raison de l’obsession nazie de sélectionner un peuple et d’autres minorités pour les exterminer. Vladimir Jankélévitch avait raison de dénoncer, dans L’imprescriptible, « le monstrueux chef-d’œuvre de la haine. » La poursuite insensée dans le temps des exactions de l’homme contre l’homme fut envisagée comme prégnante […]

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Simenon n’est pas le Balzac du XXème siècle

Simenon n’est pas le Balzac du XXème siècle

Hervé Plagnol

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Un des clichés les plus courants dans les rubriques littéraires des journaux, de même que chez ceux qui s’intéressent à la littérature, consiste à considérer Georges Simenon comme le Balzac du XXe siècle. Un tout récent dossier sur Simenon, réalisé par la Revue des deux mondes, quoiqu’excellent, faisait état, de nombreuses fois, de cette rengaine : « Simenon, le Balzac du XXe siècle ». De fait, les clichés ont souvent la vie dure, d’autant plus qu’une fois assénés comme une évidence, on ne prend pas vraiment la peine de se demander s’ils sont fondés. Or, une analyse un peu plus précise des œuvres des […]

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Ce qu’a prouvé Magellan

Ce qu’a prouvé Magellan

Albert Bensoussan

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Qu’est-ce qui a poussé Stefan Zweig à s’intéresser à un navigateur portugais du XVIe siècle ? L’homme des grandes biographies — de Montaigne  à Romain Rolland, de Verhaeren à Verlaine, de Marie-Antoinette à Marie Stuart —, dans sa fuite de Juif proscrit face à la montée de l’hitlérisme, découvre le Brésil qui fait bel accueil à l’immense romancier autrichien — de La confusion des sentiments au Joueur d’échecs. L’homme des froidures viennoises, subjugué par la majestueuse baie de Rio de Janeiro et séduit par la langue portugaise, se penche sur le navigateur qui, dans son périple, fit longue escale au havre […]

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Camus, le poète derrière le philosophe

Camus, le poète derrière le philosophe

Roméo Fratti

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Albert Camus, un poète épris de lyrisme ? Rien ne semble moins sûr à la lecture de ce passage tiré d’une lettre adressée à Francis Ponge, le 27 janvier 1943 : (…) les romantiques ne me persuadent pas – et surtout ils ne m’émeuvent pas – lorsqu’ils me parlent de sentiments ou de situations ineffables, indicibles, infinis. Ces préfixes privatifs sont seulement les signes de leur pauvreté personnelle. Ils m’affirment que tel sentiment est indicible, ils ne me le font pas sentir. Nourri d’auteurs classiques, Camus a toujours cultivé une brièveté et une retenue apparemment peu en accord avec les épanchements du […]

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Les noeuds d’un mikado

Les noeuds d’un mikado

Albert Bensoussan

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Gilles Rozier n’est pas seulement l’un de nos grands traducteurs du yiddish — cette langue de la Mitteleuropa juive qu’on croyait partie en fumée —, avec sur sa table de travail Esther Kreitman (Blitz et autres histoires), Chil Rajchman (Je suis le dernier Juif : Treblinka) ou Avrom Sutzkever (Le ghetto de Wilno), où chaque oeuvre fait renaître ce monde du shtetl et des ghettos d’Europe centrale qui fut celui de ses grands-parents polonais. C’est aussi un poète et le romancier reconnu d’Un amour sans résistance ou D’un pays sans amour. Il publie aujourd’hui le Mikado d’enfance (l’Antilope, 2019, 192 […]

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Le cercle des lecteurs anonymes

Le cercle des lecteurs anonymes

Michèle Gazier

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J’ai souvent pensé qu’il devrait exister une association de lecteurs anonymes comme il en existe pour toutes sortes d’addictions. Mais à l’inverse des réunions où se retrouvent et se racontent alcooliques ou drogués, les soirées des lecteurs anonymes ne célèbreraient pas les jours d’abstinence mais ceux où un livre, puis un autre, et un autre encore sont entrés dans leurs vies. Ceux où les mots ont éloigné la tristesse, où les histoires ont conjuré la solitude, où la découverte du plaisir de lire fut comme une nouvelle naissance, où les barrières du réel, du quotidien, de la banalité des jours sont tombées sous le choc de l’émotion. Je lis […]

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Sur une récente édition posthume

Sur une récente édition posthume

Jean-Charles Vegliante

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Les publications répétées d’une très jeune poète, Béatrice Douvre (1967-1994), obligent à poser une fois encore la difficile question du rapport entre la biographie et une lecture sans a priori de l’œuvre ; à supposer que celle-ci soit possible. Sont sortis posthumes, après divers ensembles poétiques : son Journal de Belfort, les Derniers poèmes, et, entre les deux, des « Poèmes en prose » et un bouleversant « Journal d’une anorexique » intitulé Passante du péril (Paris, la Coopérative, 2019, 187 p.). Internet précise que, née le 22 avril 1967, Béatrice Douvre est « décédée d’épuisement » le 19 juillet 1994. Dans la nuit du 8 au […]

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