de Pierre Assouline

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Comment on est passé de « Fatma de Prisunic » à « Bayadère de carnaval »

Comment on est passé de « Fatma de Prisunic » à « Bayadère de carnaval »

S’il est un classique qui a éprouvé de longue date les foudres du politiquement correct, c’est bien Hergé. Son œuvre ayant régulièrement été dénoncée comme colonialiste, raciste et misogyne, il s’était résolu dès l’après-guerre à la modifier dans les rééditions de ses albums. Non par conviction mais pour céder aux pressions de son éditeur lui-même soumis à la pression des associations ad hoc (en deux mots). Pour lui, la cause était entendue : il s’agissait de « Noirs de fantaisie », caricaturaux comme tous les personnages de son oeuvre. L’examen de sa correspondance avec Casterman est à cet égard édifiant.

La refonte de ses albums avait commencé pendant l’Occupation mais pour des raisons purement techniques (mise au format etc). Après la guerre, il s’agira aussi de rectifier le tir. Techniquement mais aussi moralement et politiquement. Très tôt soucieux de faire accéder son héros à l’universel, Hergé l’avait de fait rendu de moins en moins belge et catholique, de plus en plus européen et laïc. En 1946, Casterman lui avait forcé la main pour « blanchir » une mère et son bébé, le portier d’un hôtel ainsi qu’un gangster, tous noirs de peau, dans Tintin en Amérique. A la demande de Simon&Schuster, il en fit autant dans Le Crabe aux pinces d’or tout en se défendant de blanchir les personnages ainsi qu’il s’en expliqua dans une lettre :

« Ils sont, dirais-je, de race indéterminée. On voit qu’ils ne sont pas de « chez nous », mais quant à savoir d’où ils sont, mystère… Le souhait de l’éditeur américain était : pas de Noirs. Et pas plus de bons Noirs que de mauvais Noirs. Car les Noirs ne sont ni bons ni mauvais : ils n’existent pas (comme chacun le sait aux USA)… ».

Le matelot noir du Karaboudjan ne l’étant plus, les insultes durent s’adapter et passer de « Moricaud ! Anthracite ! » à « Emplâtre ! Doryphore ! ». Sauf que ces aménagements à l’intention du public américain s’étendirent également à tous les lecteurs. L’Etoile mystérieuse reflétant un peu trop l’air du temps de sa création (1941), après la guerre le quartier général des « méchants » se déplaça de New York à Sao Rico, capitale d’un Etat imaginaire ; leur chef, le banquier Blumenstein, fut rebaptisé de manière plus anodine Bohlwinkel, ainsi que l’on nomme les confiseries du côté de Bruxelles, et la courbe de son nez, rectifiée… Ce qui n’empêcha pas une Madame Bohlwinkel de s’en plaindre auprès d’Hergé !

Pour la refonte de l’Île noire en 1965, il s’agissait avant tout de moderniser des détails (voitures, paysages, billets de banque) ou de corriger des erreurs (uniformes des policiers censés être ceux du Sussex, architecture des maisons etc). Mais deux ans après, pour celle de Coke en stock, Hergé dut désamorcer tout reproche de racisme envers les Noirs et les Arabes. On lui demanda d’atténuer les traits des pèlerins se rendant à la Mecque, d’éviter que des personnages parlent « petit nègre ». C’est ainsi qu’une dizaine de vignettes virent leur lexique bousculé, « Toi, pas te fâcher, missié » se métamorphosant en « Ecoute, m’sieur… Faut pas te fâcher… », les « nègres » en « noirs », « la graisse d’anthracite » en « graisse de hérisson », un « par la barbe de votre prophète ! » très mal vu par un plus œcuménique « par tous les diables ! », le très imagé « bougres de zouaves à la noix de coco » en « bougres d’ectoplasmes à roulettes » et l’historique « Fatma de Prisunic ! » cédant la place à « Bayadère de carnaval » !

Quant à Tintin au Congo, quoique refondu, il était introuvable car épuisé, moins par crainte de la réaction des Africains que par « celle des pro-Africains de France » comme disait le dessinateur par allusion au lobby intello-tiers-mondiste. Il dut menacer son éditeur de rééditer l’album ailleurs pour ce que lui-ci consente à le faire circuler à nouveau en 1970. Ce qui n’empêchera pas alors les écologistes de demander son remaniement au motif qu’on y massacrait gazelles, crocodiles, serpents et buffles ! Pas question de céder. Un avertissement fut juste concédé en liminaire.

De nos jours, l’air du temps n’a jamais été aussi favorable aux associations antiracistes qui, depuis des années, exigent que Tintin au Congo soit cantonné au rayon » Adulte » des librairies ; elles aimeraient, à force d’actions en justice, que l’ouvrage soit retiré de la vente ou, à tout le moins, précédé d’un avertissement dénonçant « ses préjugés racistes » de manière à « repositionner l’album dans son contexte historique ». Comme Mein Kampf et les pamphlets de Céline ! D’autres fronts pourraient s’ouvrir. Pas de quoi déboulonner son statut mais tout de même. Tintin étant racisé depuis des dizaines d’années, va-t-on désormais s’aviser de ce qu’il est étrangement genré ?

(« Tintin au Congo », Hergé/ Moulinsart)

Cette entrée a été publiée dans Bandes dessinées.

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commentaires

1 430 Réponses pour Comment on est passé de « Fatma de Prisunic » à « Bayadère de carnaval »

D. dit: à

Maintenant que le rwandais est passé aux aveux il va falloir que les enquêteurs creusent la piste d’un éventuel réseau terroriste.
Je rappelle que le terrorisme en France englobe tant des actes dirigés contre les personnes que ceux contre les infrastructures et trésors nationaux.
Sommes-nous dans le cas d’un acte de vengeance, de folie ou bien l’individu a-t-il reçu commande de la part d’un réseau organisé ?

Marie Sasseur dit: à

En lien avec le billet précédent, voir ce passage épique, raconté par F. Sureau:
Hitler qui a fait dynamité, dans la forêt de Rethondes, la statue du général Mangin, qui était a la tête d’une armée noire.
F. Sureau, qui au passage rend à petain, sa juste place istorique, celui d’un habile usurpateur, que les franssais ont été trop heureux de vénérer, comme dieu leur père,  » pacifiste ».

Je n’en ai certainement pas fini avec « l’or du temps », et vous laisse à vos négresses ( celles de l’ehpad).

Bon dimanche, et bel été .

Clopine dit: à

Il y a un truc qui ne va pas dans la phrase « Hergé l’avait fait rendu de moins en moins belge et catholique »

Manque un « de » ?

« Hergé l’avait de fait rendu… »

Perso, l’idée d’une présentation des albums avec explications historiques, accessibles aux tout jeunes, ne me déplaît pas tant que ça, au fait.

Et si on l’assortissait d’un retour aux albums originels ?

Bref… Sinon, bien entendu je suis contre ce genre de censure, ce n’est pas comme ça qu’on va décrisper les débats.

D. dit: à

Les enquêteurs savent évidemment quoi faire.
Notamment vérifier les communications de cette personne autour de la date de l’incendie de ND de Paris. Voir si des connections/communications existent entre elle et les personnes interrogées/présentes lors de l’incendie de ND de Paris et son chantier en cours lors de l’incendie. Tout cela va être fait. Enfin ce serait la moindre des choses.

Jazzi dit: à

Jésus ne fut-il pas le premier à prôner la destruction du Temple et de ses marchands, D. ?

Jazzi dit: à

Une présentation des albums… avec préface de Passou, Clopine !

Paul Edel dit: à

Est-ce qu’on a re écrit des albums genre Zig et Puce ou les magnifiques Pieds Nickelés ?

rose dit: à

Et la Castafiore transgenre ?

Clopine dit: à

Bah, l’Iliade est clairement passible d’incitation à la violence, l’Odyssée à l’adultère, et la Bible fourmille de préjugés. Ce qui me fait dire que c’est la contemporanéité de l’oeuvre qui pose problème, non son propos. Ou, autrement dit, y’a qu’à attendre, et bientôt l’oeuvre d’Hergé sera une telle antiquité que personne ne lui cherchera plus des poux dans la tête. Evidemment, le problème, c’est que nous ne serons plus là nous non plus. Mais bon.

JiCé..... dit: à

Mon Dieu…. qu’elle est conne !

renato dit: à

Chez Paul Edel Faulkner en plein ciel

Patrice Charoulet dit: à

PHILIPPE TESSON

Par hasard, ayant pas mal zappé, je tombe sur un débat (LCP) ,
ce dimanche après-midi.
Un député macroniste, Juliette Méadel , Christophe Bourseiller et…Philippe Tesson.
Philippe Tesson, qui parle encore fort bien, me semble un peu
fatigué.
Je jette un œil sur Wikipédia. Né en 1928. 72 + 2O = 92 .
92 ans ! Il peut avoir l’air un peu fatigué.
J’ai de la marge. J’espère pouvoir parler comme ça, en public ou en privé, à 92 ans. Mais je suis pessimiste.

Marc LAUDELOUT dit: à

Sur ce sujet, lire le livre d’Emile Brami, « Céline, Hergé et l’affaire Haddock » (éd. Ecriture), qui monntre que l’auteur a mis dans la bouche du capitaine Haddock des injures extraites de « Bagatelles pour un massacre » :
https://www.youtube.com/watch?v=Wg8L94i3vh4

« Question : Georges Rémi, dit Hergé, a-t-il puisé aux pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline pour alimenter le réservoir à jurons du capitaine Haddock ? Telle est l’intuition d Émile Brami, spécialiste de Céline :  » Un jour, j étais en train de parcourir Bagatelles pour un massacre . Au détour d’une phrase dans laquelle Céline prend à partie les prolétaires anglais, je suis tombé sur ceci : Fellahcieux, Incas à lumes, coolies, benibouffes, anthropogans, cafans rouges, orthocudes, Karcolombèmes Cela m’a littéralement sauté aux yeux : c était du Haddock ! Au terme de mon enquête, je ne possède aucune certitude absolue, mais je dispose d’un extraordinaire faisceau de présomptions.  » Lesquelles ? Les coïncidences chronologiques. 1938 : date de la première apparition du nom de Haddock dans un carnet d’Hergé et date de mise en vente de Bagatelles pour un massacre . 1941 : publication du Crabe aux pinces d’or , où Haddock apparaît pour la première fois. La comparaison quantitative des injures du pamphlet de Céline avec celles du Crabe aux pinces d’or et l’étude de leur technique identique de  » fabrication  » par le jeu des sonorités et des transferts de sens. Parmi les jurons que les deux oeuvres ont en commun : parasite, renégat, aztèque, noix de coco, bachi-bouzouk, iconoclaste, sapajou, ornithorynx, macaques, canaque, cannibales (ces trois derniers à connotation explicitement raciste chez Hergé) L’examen des contextes politiques dans lesquels évoluaient Céline et Hergé. L’approche du personnage de Robert Poulet, critique littéraire, ami intime de Hergé et proche de Céline, qui aurait pu donner à lire Bagatelles au père de Tintin.»

Marie Sasseur dit: à

@l’auteur a mis dans la bouche du capitaine Haddock des injures extraites de « Bagatelles pour un massacre » .

C’est tout à fait plausible.

Hergé fachisé, Hergé celinisé, et pour finir, Hergé ostracisé ( son amitié avec Maztneff, ou l’inverse, récemment relue, met pour ce qui me concerne un terme à des tintinolateries)

rose dit: à

Tintine à buller 🤗

rose dit: à

ou bien Tintine a bullé.

christiane dit: à

« Partir » – Aimé Césaire – dans le recueil : Cahier d’un retour au pays natal

« Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture
on pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer – parfaitement le tuer – sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot […] »

Marc dit: à

la sexualité de Tintin !!!
Et pourquoi pas un Tintin pornographique pendant que vous y êtes… Non mais !

Clopine dit: à

Marie Sasseur, vous n’empêcherez jamais quelqu’un comme Pierre Assouline d’être tintinophile. Non seulement parce que l’exercice de la biographie ouvre naturellement vers l’empathie, mais encore il s’agit ici de fidélité à l’enfance, à mon sens. IL faut concevoir les albums de Tintin comme étant aussi « chargés » que le baiser du soir de la maman du Narrateur de la Recherche !

A part ça et incidemment, je viens de prendre une résolution à mettre en oeuvre le plus tôt possible. Je vais m’inscrire comme auditrice libre à l’UER de Mont Saint Aignan, et tenter la licence de lettres modernes. Après tout, me voici devant une vie à remplir, en évitant les regrets. Et comme ce regret de n’avoir pas pu étudier à l ‘université a hanté ma vie, pourquoi ne pas tenter d’y remédier ? Vous me direz que c’est bien tard, dans une vie. Bah. C’est bien tard aussi, à mon âge, d’éprouver de telles secousses sentimentales, comme celles qui me sont tombées dernièrement sur le coin de la figure !

Clopine dit: à

Cet après-midi, je suis entrée dans la librairie de l’Equipage, à Paris. Ouverte le dimanche… Quel luxe ! Et le patron, bavard comme une pie, intarissable sur la vie littéraire, ayant rencontré Aragon et quelques autres… Une « vraie » conversation s’est engagée, avec l’inconnue totale que je suis : bon c’était brouillon, un peu trop « référencé » façon adolescents qui se rencontrent et feuillettent ensemble, à toute vitesse, leurs catalogues de noms « communs », et puis ça partait un peu dans tous les sens. Mais néanmoins, j’en suis sortie ma foi parfaitement réconfortée !

DHH dit: à

Evidemment il nous révulse ce racisme « innocent » d’autrefois ,ce racisme de petit blanc qui porte une bienveillance condescendante au brave tirailleur sénégalais qui sourit bêtement en s’exclamant :Y a bon Banania!
Il est regrettable effectivement que des œuvres largement diffusées aujourd’hui puissent vehiculer ces clichés . Mais des lors que faire ? les aménager, les caviarder, en censurer certaines . Et surtout où doit on placer le curseur d’un toilettage légitime pour ces œuvres qui font écho sans malice aux poncifs de leur temps
Faute de critères à définir – peut etre la prise en compte comme le suggère Clopine de l ancienneté de l’œuvre et de son statut de classique qui la rendrait intouchable -on ouvrirait la boîte de Pandore des aménagements absurdes qui de surenchère en surenchère amèneraient a faire n’importe quoi :
A caviarder Moliere qui fait traiter Harpagon de juif par son fils Cléante pour sa ladrerie , Zola qui décrit à coup de clichés antisémites les négociateurs d’obligations pourries .Au nom du « decolonialisme »il faudrait réécrire l’Etranger, où la victime de Meursault n’est jamais désignée que comme « l’arabe  » ,un être sans identité propre , qui n’existe que fondu dans de ce magma à peine humain et indifférencié que représente pour ce pied-noir la masse des colonisés
.Et bien sur il faudrait mettre a l’index Shakespeare pour Shylock et Othello , et aussi Homere qui ouvre l’Iliade sur une scène machiste,la querelle entre Achille et Agamemnon qui se disputent des femmes ravaléees au rang de prises de guerre ; et aussi ne plus faire apprendre aux collégiens le sonnet de Ronsard « quand vous serez bien vieille….. »d’ailleurs cette dernière mesure a été officiellement recommandée au titre de la lutte contre les discriminations

B dit: à

La saison des bardes ici, alors tintin et son père ne sont pas grand chose à côté de cette torture sonore .

D. dit: à

Les guillemets sont en trop, Clopine.
Vous avez engagé une vraie conversation, tout simplement.

l’ombelle des talus dit: à

Par-delà le temps qui passe et les préjugés liés à l’époque, comment surmonter, s’il faut surmonter quelque chose, ceux inhérents à la langue ?
Tuco’s last insult ; ça donne quoi dans ta mjc?
https://www.youtube.com/watch?v=o36m-2TPwck

B dit: à

Les mangas sont ils toujours à la mode chez les adolescents?

DHH, oui, peut être faudrait il préciser le contexte historique et s’il existe une histoire des mentalités s’en servir à destination des plus jeunes, des esprits en formation. Les flux migratoires donnés pour s’intensifier dans un avenir proche si rien ne change, ce pourrait être utile.

Marie Sasseur dit: à

@ « Evidemment il nous révulse ce racisme « innocent » d’autrefois ,ce racisme de petit blanc qui porte une bienveillance condescendante au brave tirailleur sénégalais qui sourit bêtement en s’exclamant :Y a bon Banania! »

Tiens, c’est pour le cacao de deachach.

https://youtu.be/A3jQXYQqGc4

D. dit: à

Après mûre réflexion, vraie est aussi en trop. Il s’est engagé une conversation.

B dit: à

Jazzi, parcouru un article de presse où il était question du rapport que Matzneff entretenait avec le personnage. Age indéfini, éternel adolescent, sans parents, d’où l’affection qui le liait à Tintin. Quant à Hergé, une correspondance attesterait de son regard critique sur les moeurs de son admirateur. Et si les hommes s’étaient laissés tranquilles sans qu’une civilisation interfère sur une autre, où en serions nous? Je crois pas si près du précipice.

Marie Sasseur dit: à

 » on était tous colonialistes » dit Hergé, dans une archives la RTBF, , a propos de son ouvrage Tintin au Congo, taxé de racisme, bien avant que les black lives matter chez les buveurs de Banania.

« En début de semaine,( début juillet 2020, note de moi) dans une lettre adressée au Président congolais Félix Tshisekedi à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du pays, le roi Philippe de Belgique a exprimé ses « plus profonds regrets » au sujet de la colonisation. Une première mais qui n’est pas au niveau d’excuses. »

https://www.franceculture.fr/societe/colonisation-la-belgique-regrette-mais-ne-sexcuse-pas

Marc dit: à

S’inscrire en faux contre tout ce qui est vrai.
Ne jamais oublier que les vérités bien établies ne sont que des convictions mensongères, donc, des prisons.

Marc dit: à

Allons, allons, un homme quel qu’il soit ne peut pas vivre dans ce monde absolument sans pitié pour ses semblables.

Marc dit: à

Même mes souvenirs d’avenir, je les regrette.

Marc dit: à

Soyons indulgents envers nous-mêmes et nous finirons peut-être par l’être envers les autres êtres.

Marc dit: à

La nuit, une fois éteintes les bougies, toutes les femmes qui nous désennuient sont jolies.
Bonne nuit😴😴😴😴

Sant'Angelo Giovanni dit: à

…lundi 27 juillet 2020 à 1 h 54 min.

…tant bien que mal,…j’écris pour rendre service,…
…et à bien réfléchir, je rend service à tous dans leurs genres dit  » opposés « ,!…

…que m’importe, tout devient commerce,…sans  » idées « ,…

…restons complices des  » uns et des autres « ,…sans complexités, les goûts et couleurs restent  » invariables « ,…

…comme des arts  » abstraits « ,…

…il subsiste ceux avec un rappel visuel d’académisme réaliste,…encore,…
…et, les abstraits très nombreux, qui ne sont plus que de l’ordre de la seule décoration à interprétée,( faire tapisseries de gadgets )
…( tableaux comme des poubelles, avec amoncellements de détritus – graphiques, pour faire moderne ( styles ), sans aucun sens,!…que de remplir le cadre comme une vacuité variable imposée ).

…Oui, il y a l’effort de l’artiste et son travail, pour donner aux enfants un tremplin d’imagination, enfermés dans les écoles et les devoirs,!…

…se préserver des comportements universels,!…à la mode, et les distanciations ad hoc, à s’investir,!…

…dans une vie si courte, donner raison à tout le monde,!…et garder ses billes,!…
…chacun pour soi et rien à partager,!…envoyez,!…
…mais Oui,!…l’école est fini, toute la vie à apprendre, à se démerder,!…

Sant'Angelo Giovanni dit: à

…lundi 27 juillet 2020 à 2 h 21 min.

…de la collection de papillons, de timbres – poste, ou de cartons – Tintin,… des films sans paroles, et autres charlot ( le vitrier , Zorro ,),…

…il y a des Tintin, que j’ai jamais eux le temps de lire,…les livres de sciences et techniques en priorité et d’abords,!…

…faire des montagnes pour accoucher d’une souris,!…
…le capitalisme au genre  » prix Nobel « ,…
…voleur d’imaginations en familles à table,!… » les Rapetou et Picsou « ,!…

christiane dit: à

Cette émission est passée récemment dans « les nuits de France Culture ». Georges Remi / Hergé répond clairement à la problématique du billet concernant ce fameux album de Hergé (Tintin au Congo) :
« Après l’album « Tintin chez les Soviets« , je voulais faire « Tintin en Amérique« , pour renvoyer les deux puissances dos à dos. Mais entre-temps, le directeur du journal m’a presque supplié et m’a dit « Vous ne pouvez pas faire ça, notre belle colonie, le Congo, Léopold II, les missionnaires, nous qui leur apportons la civilisation, etc. » Alors, j’ai fait « Tintin au Congo » sans grand enthousiasme. Si je devais réécrire « Tintin au Congo » aujourd’hui, cela serait très différent. Mais tout a évolué et changé, moi aussi j’ai changé. Tintin reporter est un miroir, d’ailleurs tout journaliste est une espèce de miroir qui reflète les événements qu’il va regarder. Tintin a été le miroir de ce que la plupart des gens pensaient du temps de la Russie bolchevique. Quant à l’idée colonialiste, pratiquement tout le monde a été colonialiste. Cela ne posait pas de problème, le Blanc avait été créé pour apporter la civilisation aux autres. Tintin n’était pas raciste mais il était colonialiste comme tout le monde l’était à l’époque. » Georges Remi
https://www.franceculture.fr/bd-bande-dessinee/pourquoi-tintin-au-congo-fait-il-encore-polemique-aujourdhui

JiCé..... dit: à

Lundi 27 juillet 2020, 5h27

Croyant bien faire, on déguise le passé de Tintin, de nos ascendants, de l’histoire du monde, au nom des éphémères vérités d’aujourd’hui ! En fait….on ment…
Et personne n’y croit, et bien entendu on est toujours aussi racistes puisque les nègres sont toujours aussi noirs, les arabes aussi voilés par le livre, les chinetoques aussi bridés par leurs lois ! Bizarrement, seul l’homme blanc occidental est vraiment aussi débile que la repentance, la doxa, le permet. Mensonge et simulation : rien ne change jamais.

On communique, c’est tout…

Patrice Charoulet dit: à

ON DOIT DIRE …ON NE DOIT PAS DIRE …

Quand on s’interroge sur ce qu’on doit dire ou ne pas dire, on ouvre le Petit Larousse ou le Petit Robert. On a la réponse que l’on cherche neuf fois sur dix. Parfois , il faut chercher ailleurs. En 2020, gratuitement, on a la réponse dans une immense dictionnaire qui coûte une fortune, mais qui est numérisé, Le Trésor de langue française. Tapez « TLFi » sur votre clavier. Parfois la réponse que l’on cherche ne peut se trouver que dans des ouvrages moins connus. En voici quelques-uns :
Henri Bénac, Guide alphabétique des difficultés du français, Orthographe. Prononciation. Difficultés grammaticales. Choix du terme propre, , 260 p . Marabout éd. , 1978
Adophe V. Thomas, Dictionnaire des difficultés de la langue française, 436 p. , Larousse éd. 1956
Jean-Paul Colin, Dictionnaire des difficultés du français, 625 p,
éd. Le Robert, 1995 (Remarquable!)
Dupré, Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain,
3 volumes, éd. de Trévise, Paris, 1972 ; Ce dictionnaire offre une particularité. Pour chaque difficulté : une citation de plusieurs autorités : Littré, Dictionnaire général, A. V. Thomas, R. Georgin,
Le Bidois, Thérive, Grévisse, Le Gal, Brunot, Hanse…Puis une conclusion faite par Dupré, argumentée et très sensée.

Exemple : Quand on veut employer le verbe « taxer de » , doit-on faire suivre par un nom ou un adjectif ?

Bénac écrit :
Taxer qqn de + n. du défaut dont on l’accuse : « taxer qqn de paresse (de paresser, d’être paresseux, vx).
Thomas écrit :
Taxer de , « accuser de, qualifier de », se construit toujours avec un nom de chose (mais jamais avec un adjectif, comme « traiter »):Taxer qqn de sottise (mais traiter qqn de sot) ;
Dupré est incitable  ici : Pour « taxer »…il y a 43 lignes !

D. dit: à

Pour tout vous dire, renato, j’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce matin !

DHH dit: à

Le rappel du regard d’Hergé sur le monde colonial et sur les rapports entre noirs et blancs au Congo semble moins dérangeant pout les autochtones que pour les européens qui se noient dans leurs sanglots d’homme blancs
Du moins si j’en juge par un plaisant gadget que mon fils m’a rapporté de la bas où c’est un produit touristique tout-venant :
C’est une reproduction en 3D d’environ 30 cm d’une elegante pirogue noire effilée sur laquelle galèrent a moitié nus une douzaine de rameurs noirs, et au bout de laquelle trônent inactifs,les regardant en majesté, deux blancs, d’une part Tintin et d’autre part tout en blanc sous son casque blanc, l’administrateur colonial

christiane dit: à

Qui lit et achète aujourd’hui les albums de Tintin ?
Hors cette sempiternelle interrogation sur le texte problématique, dérangeant et paternaliste où Tintin est au Congo, stigmatisant l’incapacité des Congolais à s’exprimer correctement en français, les infantilisant («vieille tchouk­tchouk!…Ça y en a belle locomotive… ! Moi y en a fatigue !… mais…moi va salir moi»), comment oublier les plus beaux ? Des milliers d’albums achetés dans le monde par des passionnés, des adultes aujourd’hui, plus que des enfants ou des adolescents, faute de transmission.
Celui ou Dupont et Dupond apparaissent pour la première fois : « Les cigares du Pharaon. « Le Lotus bleu écrit et dessiné sur un vrai scénario. « L’Île noire » au dessin somptueux. La première apparition du capitaine Haddock, qui deviendra son meilleur ami, dans « Le Crabe aux pinces d’or » et celle du professeur Tournesol dans « Le Trésor de Rackham le Rouge ». Le plus poétique : « L’Étoile mystérieuse ». « Objectif Lune »,le plus onirique avec sa fusée à carreaux rouge et blanc changeant de place à travers les cases, et sa suite : « On a marché sur la Lune ». Tintin, le premier homme à avoir marché sur la lune, bien avant les astronautes américains ! Le plus triste « Tintin au Tibet » où son ami Tchang est porté disparu dans un crash aérien… et cette énigme : comment donner de la consistance au blanc, car c’est la couleur du papier ?
Je n’ai pas aimé qu’au cinéma on cherche un acteur ressemblant au petit reporter belge né sous la main d’Hergé, un personnage sans âge, à l’identité impénétrable, une sorte d’enfant-adolescent presque asexué, sans passé, sans famille, solitaire mais toujours accompagné de son petit chien blanc Milou, curieux, imaginatif, courageux et épris de justice et vivant dans un monde bien réel propice aux poursuites, aux enquêtes de recherche voire d’espionnage, de ces aventureux personnages alternant suspense et joie et beaucoup de notes d’humour.
Charme intact des planches originales d’Hergé, crayonnés vifs des planches réalisées par le créateur de Tintin, de cet univers sécurisant du livre-papier et du dessin que l’on regarde et que l’on lit, fusion du texte et de l’image, loin d’internet et des ordinateurs, où l’on voyage en tournant les pages de livres gémellaires.
On a parlé de l’élégance de son dessin en « ligne claire » d’une grande clarté visuelle, ne retenant que les contours des formes et les cloisonnant, d’une couleur ne connaissant que l’aplat, sans ombres, modelés ou dégradés.
Tintin aime les livres, des encyclopédies, des livres d’Histoire et de géographie, des classiques aussi comme le roman de Stevenson «L’île au trésor», des poèmes (« Le lac » de Lamartine).
Et cet incroyable registre d’insultes du capitaine Haddock : « Mille sabords ! Tonnerre de Brest ! espèce de… », « bande de… » et « bougre de… Sapajou, Bachi-bouzouk, phlébotome, logarithme… aztèque, noix de coco, iconoclaste… ». Langage coloré mais non grossier rappelé par la deuxième illustration du billet.
Y a-t-il eu un dernier album inachevé avant la mort d’Hergé en 1983 ?

et alii dit: à

elle était française, chrétienne d’éducation (elle avait fait sa communion) épousé un juif athée , et pris un amant kabyle qu’elle appelait tintin comme son chien, un berger allemand;c’était en 1953 (sic à Paris)

Marc dit: à

Je n’aime pas les autres. Ils sont tous aussi dégoûtants et détestables que moi.
Ma misanthrope solitude est mon seul et unique refuge.

Marc dit: à

la haine des autres; froide, invisible et silencieuse, est la forme la plus élevée de la sagesse.
Je cultive ma haine envers autrui pour vivre en amour avec moi-même.

Marc dit: à

Il ne faut jamais tomber amoureux d’une femme.
Il faut baiser et oublier.
C’est pour ça que j’aime les prostituées.
Le mariage est un tripalium.

Marc dit: à

Les livres nous aident à vivre dans la rêverie, la méditation, l’imagination, la réflexion et dans le monde éthéré de la pensée.
Dans le réel, les livres ne servent à rien.
Donc, méfions-nous du réel.

D. dit: à

Je ne suis pas du tout d’accord avec vous, Marc. Je connais de très nombreux couples chrétiens qui vivent un mariage très heureux et qui pour rien au monde ne voudraient changer quoi que ce soit.
Un mariage vécu à la lumière de l’Esprit ne peut être qu’heureux. A celle des ténèbres, cela se passe mal. Question de choix, de savoir ce qu’on veut, à la base. Compter sur ses propres forces ou que Dieu. Toujours la même chose et dans tous les domaines.

D. dit: à

Ce matin je suis allé chercher des croissants au beurre (j’adore ça) chez mon boulanger préfèré. S’en est suivi une « fausse » conversation.

D. dit: à

À un moment j’ai dit à Roger le boulanger, Dis-donc roro, si on passait à de la vraie conversation pour voir ? I m’a dit ouaip j’y pensait depuis un moment. Mais avec guillemets alors. Bon que j’ai répondu.
Et alors là je vous dis pas le changement.
I m’a dit que Aragon venait lui acheter des pains au chocolat et tout et tout.

Clopine dit: à

D., vous vous moquez, mais pourtant, même si j’ai eu tort d’écrire :  » une « vraie » conversation, pensez au nombre de « fausses » conversations qui sont tenues, à chaque instant, dans ce bas monde. Perso, je chiffre à vue de nez à environ douze ans le temps que j’ai passé à tenir ce dernier type de conversation, persuadée, en plus, que j’étais « dans le vrai »… Ahahah.

renato dit: à

Quoi, D., n’avez-vous pas vu Autant en emporte le vent ni La Piste de Santa Fe — etc. — ?

D. dit: à

« dans le vrai », à ne pas confondre avec « dans » le vrai et encore moins avec dans « le » vrai.

D. dit: à

Non renato, ça me gonfle terriblement ces vieux films, je sais vaguement qu’ils existent, alors vois savez, un second rôle… Prffftttt.. Ou plutôt « Prffftttt.. »
De Haviland pour moi c’est d’abord des avions.

Marc dit: à

D.

Moi aussi je ne suis pas du tout d’accord avec vous puisque vous n’êtes pas du tout d’accord avec moi.

D. dit: à

…notamment le De Haviland Mosquito de Coke en stock, piloté par un certain… euh…ah zut ! Aidez-moi.

D. dit: à

Marc dit: à

D.

Moi aussi je ne suis pas du tout d’accord avec vous puisque vous n’êtes pas du tout d’accord avec moi.

Il est bon de le préciser. Il est permis dans un tel cas de parler de « vrai désaccord ».

renato dit: à

Moi, D., c’est le cinéma qui me gonfle, mais ces films on les a vu il y a tellement longtemps de la que l’on s’en souviens. D’ailleurs d’Autant en emporte le vent nous avons entendu parler récemment par les ayatollah nouveaux.

Jazzi dit: à

« Tintin au Congo à poil »

Et sans poils, Imd !

Jazzi dit: à

« c’est le cinéma qui me gonfle »

Vous n’aimez pas les images en mouvement, renato ?

Jazzi dit: à

Les écolos sont-ils condamnés à faire de la surenchère ?
« Bienvenue à Pédoland » disent ceux de la mairie de Paris, tandis que le maire de Colombes compare la police actuelle à celle de Vichy.

Jazzi dit: à

Les petits papiers N°68 de Drillon n’ont pas de titres ?

A propos du Traité des excitants modernes dont il parle, ce n’est pas sans une certaine anglophobie, doublée de misogynie, que Balzac donne la préférence au café sur le thé…

« Le café agit sur le diaphragme et les plexus de l’estomac, d’où il gagne le cerveau par des irradiations inappréciables et qui échappent à toute analyse ; néanmoins, on peut présumer que le fluide nerveux est le conducteur de l’électricité que dégage cette substance qu’elle trouve ou met en action chez nous. Son pouvoir n’est ni constant ni absolu. Rossini a éprouvé sur lui-même les effets que j’avais déjà observés sur moi. « Le café, m’a-t-il dit, est une affaire de quinze ou vingt jours ; le temps fort heureusement de faire un opéra. » Le fait est vrai. Mais le temps pendant lequel on jouit des bienfaits du café peut s’étendre. […] Retenez donc ceci. Le café a deux éléments : l’un, la matière extractive, que l’eau chaude ou froide dissout, et dissout vite, lequel est le conducteur de l’arome ; l’autre, qui est le tannin, résiste davantage à l’eau, et n’abandonne le tissu aréolaire qu’avec lenteur et peine. […] L’état où vous met le café pris à jeun dans les conditions magistrales, produit une sorte de vivacité nerveuse qui ressemble à celle de la colère : le verbe s’élève, les gestes expriment une impatience maladive ; on veut que tout aille comme trottent les idées ; on est braque, rageur pour des riens, on arrive à ce variable caractère du poète tant accusé par les épiciers ; on prête à autrui la lucidité dont on jouit. Un homme d’esprit doit alors se bien garder de se montrer ou de se laisser approcher. J’ai découvert ce singulier état par certains hasards qui me faisaient perdre sans travail l’exaltation que je me procurais. Des amis, chez qui je me trouvais à la campagne, me voyaient hargneux et disputailleur, de mauvaise foi dans les discussions. Le lendemain, je reconnaissais mes torts, et nous en cherchions la cause. Mes amis étaient des savants du premier ordre, nous l’eûmes bientôt trouvée : le café voulait une proie. […] Le thé contient également du tannin, mais le sien a des vertus narcotiques ; il ne s’adresse pas au cerveau ; il agit sur les plexus seulement et sur les intestins qui absorbent plus spécialement et plus rapidement les substances narcotiques. La manière de le préparer est absolue. Je ne sais pas jusqu’à quel point la quantité d’eau que les buveurs de thé précipitent dans leur estomac doit être comptée dans l’effet obtenu. Si l’expérience anglaise est vraie, il donnerait la morale anglaise, les miss au teint blafard, les hypocrisies et les médisances anglaises ; ce qui est certain, c’est qu’il ne gâte pas moins la femme au moral qu’au physique. Là où les femmes boivent du thé, l’amour est vicié dans son principe ; elles sont pâles, maladives, parleuses, ennuyeuses, prêcheuses. »

Jazzi dit: à

TITRE !
J’ai pourtant bu mon deuxième café…

Patrice Charoulet dit: à

J’ai enseigné le français dans cinq pays étrangers.
ET notamment , six ans dans un lycée de Libreville, au Gabon. Elèves très sages et respectueux. Un jour, où j’ai eu la mauvaise idée de prononcer le mot « Tintin ». Une élève m’interrompit gentiment en me disant « Tintin au Congo ? » Cela fit rire toute la classe, qui avait lu « Tintin au Congo » manifestement. Et qui avait dû en penser ce qu’il faut en penser maintenant.

et alii dit: à

y a une leçon de ouaknin (MAO) où il parle de TINTIN ET MILOUD .il ne dit pas que milou vient de « mila » ! l’enseignement aujourd’hui, c’est plein de blancs

JiCé..... dit: à

Mon dieu, qu’elle est conne … !

Jazzi dit: à

Je suis également allé au Gabon, invité par mon compagnon d’alors, envoyé en mission par le gouvernement français pour y créer Africa n°1, la première chaîne africaine de télé et radio privées.
J’en garde l’impression que les néo colonialistes, sous la houlette de Omar Bongo, étaient alors au pouvoir…

christiane dit: à

Maintenant, il faudra « traverser des parois de coquelicots »…

Jazzi dit: à

C’était sous Giscard, au tout début des années 1980.
Souvenir impérissable de la traversée du pays en train, un bel héritage colonial. Visite émue à Lambaréné, visite perturbante de la réserve de Gorilles (Orang outans) et visite fantomatique de Franceville, le Versailles artificiel du président Bongo, natif d’une tribu de pygmées de la région…
L’impression générale fut de me trouver dans un pays riche qui ma fait songer à une Suisse africaine !

Jazzi dit: à

qui m’a fait…

rose dit: à

Marc dit: à
Il ne faut jamais tomber amoureux d’une femme.
Il faut baiser et oublier.
C’est pour ça que j’aime les prostituées.
Le mariage est un tripalium…

Je plussoie.
Pourtant je regarde Béatrice d’York avec son mari.
Je la trouve magnifique et me dit que l’amour rend beau.

Marc dit: à

Tintin et Miloud !!!
Votre Ouaknin, quelle drogue prend-il pour balancer ce genre d’énormités ?!

rose dit: à

JiCé….. dit: à
Mon dieu, qu’elle

Et si vous laissiez les gens s’exprimer ?

Marc dit: à

C’est le fric qui rend beau.
L’amour rend con.

renato dit: à

« Et si vous laissiez les gens s’exprimer ? »

Elle s’est exprimé, lui s’est exprimé. Ce sont des opinions opposées. Ou la consigne c’est « se taire » — surtout si celle qui parle est une femme qui s’est construite sur le préjugé et le jugement de valeur — ?

Jazzi dit: à

Quelle différence entre JiCé et l’évangéliste Marc ?

renato dit: à

Le cinéma sans excès, Jacques, comme tout d’ailleurs. Disons cependant que je préfère m’assoir sur un banc public et regarder les gens que m’assoir dans une salle obscure pour regarder des fantasmagories.

Jazzi dit: à

Je suis assez d’accord avec vous, renato, mais je pourrais aussi vous répondre, en paraphrasant Marc :

« Les films nous aident à vivre dans la rêverie, la méditation, l’imagination, la réflexion et dans le monde éthéré de la pensée.
Dans le réel, les films ne servent à rien.
Donc, méfions-nous du réel. »

renato dit: à

Heureusement, Jacques, je n’ai pas besoin d’aides pour vivre dans la rêverie, la méditation, l’imagination, la réflexion et dans le monde éthéré de la pensée — lunettes bien à part, pas besoin de prothèses. Cela dit, avec l’éther je nettoyais ma moto.

Bloom dit: à

Passionnantes, les traductions des noms des personnages de Tintin:
Tournesol en afrikaans est ‘Tertius Phosfatus’ alors qu’en néerlandais, c’est ‘Trifonius Zonnebloem’. En allemand, il est le ‘Professor Balduin Bienlein’, tandis qu’en bernois, c’est ‘Profässer Tölpell’.
Pour Milou, le chinois conserve la phonie française, ‘Mǐ lú’, là où le japonais préfère l’anglaise: Sunōwi (en anglais Milou = Snowy).
Inépuisable richesse de Tintin.
Kiketusoi, touche pas à mon enfance!

et alii dit: à

renato, savez vous que l’éther nettoie très bien les colles? J avais dû prévenir ma pharmacienne (qui savait pour quoi réaliser je lui en achetai des bouteilles

et alii dit: à

je lui en achetais
j’avais pensé à l’éther après un essai au dissolvant pour ongles;

et alii dit: à

je vois je vois J.Drillon est un 68 hard

D. dit: à

Attention à l’éther qui en raison de son extrême volatilité créé facilement une atmosphère explosive.

et alii dit: à

c’est vrai ça, dans la liste de la bulle, y a pas (espèce DE) 68Hard ; c’est pourtant rock, core

Jazzi dit: à

Le 68 hard s’est évaporé !

JiCé..... dit: à

Ne parlez pas pour ne rien dire, Rose, cela vous arrive déjà trop souvent ….

et alii dit: à

Le 68 hard s’est évaporé !
c’est sur que s’il veut monter la gamme, surtout avec Apollinaire, il ne peut pas faire un 69 tout seul

69 6666 …6 9…
Les inverses 6 et 9
Se sont dessinés comme un chiffre étrange
69
Deux serpents fatidiques
Deux vermisseaux
Nombre impudique et cabalistique
6 : 3 et 3
9 : 3 3 et 3
La trinité
La trinité partout
Qui se retrouve
Avec la dualité
Car 6 deux fois 3
Et trinité 9 trois fois 3
69 dualité trinité
Et ces arcanes seraient plus sombres
Mais j’ai peur de les sonder
Qui sait si là n’est pas l’éternité
Par-delà la mort camuse
Qui s’amuse à faire peur
Et l’ennui m’emmantelle
Comme un vague linceul de lugubre dentelle
Ce soir

Guillaume Apollinaire – Poèmes divers (1900 – 1917)

et alii dit: à

drogue:
C’est autant pour leur rendre hommage que pour condamner les accusés que Roberto Saviano intervient dans Fan Page. « J’ai envie de dire, en détaillant le visage de chacune des personnes impliquées dans cette enquête : vous n’êtes pas des policiers. »

À vivre avec une garde rapprochée depuis 14 ans, Saviano ne peut que le reconnaître : les inculpations qui sont tombées « sont parmi les plus graves de l’histoire de la République ». Et de rappeler qu’en matière de haschich et de marijuana, la légalisation reste l’une des réponses les plus évidentes, pour priver les organisations criminelles de milliards d’euros de revenus annuels.

Il déplore également la reproduction du comportement mafieux par ceux-là mêmes qui sont en charge du respect de la loi. Les concurrents de ces policiers lancés dans le trafic de drogue, les véritables dealers, ont été abattus. D’autres furent soumis au pizzo, ce pourcentage que l’on verse généralement à la mafia pour la tenir à distance. Mais ici, l’argent allait bel et bien à des policiers.

GOMORRA: la fiction déborde sur Naples

Après avoir commencé en dissimulant des stocks récupérés lors d’arrestations, les carabinieri ont fini par s’approvisionner directement auprès des gros bonnets – qu’ils connaissaient bien – pour alimenter leur activité.

Dans le fil de son analyse, Roberto Saviano revient également sur ces méthodes, en les mesurant à son propre roman, Gomorra, devenu une série télévisée (traduit en français sous le même titre par Vincent Raynaud).

Extorsions, violences, tortures, trafic de drogues : les dix inculpés n’ont aucune limite. Pour preuve, cette arrivée chez un concessionnaire, où avec leurs plaques et leurs armes, ils parviennent à se faire vendre une voiture de 60.000 €, à 10.000 € finalement.
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/roberto-saviano-la-realite-est-souvent-meme-pire-que-gomorra/101914?origin=newsletter

et alii dit: à

« I enjoy using text and images. I think my childhood exposure to ancient Egyptian art, in which text is image and image is text, influenced me, » Howardena Pindell said in a discussion of her 1990 work Scapegoat with T Magazine. [T: The New York Times Style Magazine]

et alii dit: à

Jean Capart, grand nom de l’égyptologie belge. Il se trouve qu’il était le camarade de collège d’Hergé, qui le fit figurer plus tard dans Les Sept Boules de cristal (autre album où il est question de malédiction et de momie1), sous les traits du professeur Hippolyte Bergamotte2,3. Il fut peut-être à l’origine d’une certaine fascination de l’auteur pour cette discipline4.

rose dit: à

richesse de Tintin.
Kiketusoi, touche pas à mon enfance!

Bloom
C’est exactement la question que je me posais sur l’immense nostalgie des belges sui ont quitté le Congo ou bien pieds-noirs l’Algérie.
Le départ d’un paradis perdu.

et alii dit: à

rose
l’immense nostalgie , ce n’est pas toujours de la « nostalgie »l’enfance; c’est moins simple, même s’il n’y a rien de simple dans la nostalgie ;
cela dit, je crois que Bloom met en garde contre des préjugés qui génèrent certaines pratiques indésirables et même toxiques

B dit: à

Marc dit: à
Il ne faut jamais tomber amoureux d’une femme.
Il faut baiser et oublier.

Comme si ce sentiment dépendait de notre volonté. Est ce qu’en vieillissant se profile une majorité débarrassée de cet émoi? Il y a dans dans j’ai oublié le titre du film une phrase que je ferais mienne: il n’y a pas d’amour, juste un désir passionné. Un Ours d’Argent d’un festival de Berlin. Une des femmes, elles,sont deux amies, se suicident tandis,que l’autre erre dans un couloir de métro, déçue, hagarde, perdue après une rupture amoureuse et il lui vient cette pensée. Ceci étant, c’est un peu comme si on retirait la dorure d’un joli cadre, ou inimaginable Birmanie sans ses ors quand on n’aime plus. C’est un peu terne mais enfin seul(e) et peinard(e) , avec le temps.

rose dit: à

JiCé….. dit: à
Ne parlez pas pour ne rien dire, Rose, cela vous arrive déjà trop souvent ….

C’est de l’occupation conversationnelle.
En linguistique cela porte un nom, style fonction phatique.
Mon père lui, du même style de subtilité rare -à votre image-, la délicatesse incarnée dans une brutalité de surface disait « tais-toi, tu n’as rien à dire ».
Ce qui est vrai :
je fais un cheese-cake aux agrumes, écorces de citron et d’oranges amères, limoncello, pour la première fois.
Fonction nourricière.
En riant à cause du bout d’oreille que Culculine a croqué vivement.

B dit: à

suicidE. Mes excusEs.

rose dit: à

et alii
Me.souviens de ma prof de français lorsque j’étais à l’École Normale inférieure et de IV, belge par toutes ses pores.
La première suait un chagrin dingue, de l’arrachement à sa terre d’enfance.
La seconde sue son désir ardent de retoruner au Congo et de voir oû elle a vécu son enfance.
exactement la question que je me posais autour du paradis perdu.

rose dit: à

je crois que Bloom met en garde contre des préjugés qui génèrent certaines pratiques indésirables et même toxiques.

Pas compris

rose dit: à

Si je n’étais pas dans le cheese-cake jusqu’au cou, je pourrai ouvrir mes Tintins, pas emballés et recenser les injures.
JiCé
Un autre mode relationnel serait de me dire
 » quelle chance on a que tu sois là, rose, et qu’après la fin de ton déconfinement qui t’a pris un mois, tu nous sois revenue. »
Mais, tatatam, la tendresse pourrait t’étouffer. Attention danger.

D. dit: à

Allez dis-lui, JiCé. Montre que tu as un coeur. Toute la RdL te regarde.

D. dit: à

Moi je vous aime beaucoup, Rose, mais vous êtes chiante. Et têtue. C’est peut-être pour ça que je vous aime bien d’ailleurs.

Marc dit: à

Rose est bête et fanée. Elle ne sert à rien. L’est hors d’usage.
Tel est le destin des femmes pécheressese.

Marc dit: à

(… pécheresses).

D. dit: à

À l’heure où la pandémie de Covid-19 nous incite à utiliser au maximum les terrasses de cafés et de restaurant, qui d’ailleurs ce sont étendues dans ce but, la convention citoyenne pour le climat veut vite interdire les terrasses chauffées (généralement avec des radiants placés en hauteur).
Est-ce que quelqu’un coordonne cet état schizophrène ? Oui ou merde ?

Jazzi dit: à

Le Paradis perdu selon rose !

JOSEPH CONRAD

Le Congo en Noir et Blanc

D’origine polonaise, naturalisé anglais, Joseph Conrad (1857-1924) s’engagea comme mousse à l’âge de dix-sept ans. Après avoir sillonné les mers du globe vingt ans durant, et gravit tous les échelons jusqu’au grade de capitaine de la marine marchande, il entama une nouvelle carrière d’écrivain. Nourrissant de son expérience personnelle son art de la narration, Conrad rédigea une série de récits romanesques d’une grande modernité. Gide, qui le traduisit, avoue s’être inspiré d’Au cœur des ténèbres, pour son Voyage au Congo. Idem pour Céline et son Voyage au bout de la nuit. Dans ce livre de référence de Conrad, les ténèbres au cœur desquelles nous pénétrons, à la suite du capitaine Marlow, aux commandes d’un chaland fluvial, se situent dans la forêt tropicale africaine, au temps du colonialisme triomphant. Là, d’âpres commanditaires belges, sous prétexte d’apporter la civilisation aux « sauvages » s’adonnent sans scrupule, mais non sans cruauté, au trafic d’ivoire et au pillage des richesses naturelles locales. La nouvelle de Conrad s’inspire de sa propre expédition au Congo, quelques années auparavant. Celle-ci avait tourné court et il en était revenu avec deux carnets de journaux et des souvenirs horrifiés. Sans parler des divers maux dont il ne devait jamais parvenir à se guérir tout à fait.

« Un léger tintement de métal, derrière moi me fit tourner la tête. Six Noirs avançaient à la file, montant péniblement le sentier. Ils marchaient lentement, très droits, gardant en équilibre sur la tête de petits couffins emplis de terre, et le tintement rythmait leurs pas. Un chiffon noir leur ceignait les reins, et ses pans, noués derrière, se balançaient comme des queues de chien. Je voyais chacune de leurs côtes, les articulations de leurs membres saillaient comme les nœuds d’un cordage ; chacun avait au cou un collier de fer, et ils étaient tous reliés par une chaîne dont les ballants oscillaient entre eux, et cliquetaient en mesure. […] Ils passèrent à six pouces de moi, sans un regard, avec cette totale indifférence, semblable à la mort, qui est celle des sauvages quand ils sont malheureux. Derrière cette matière première, l’un des ex-barbares, produit des forces nouvelles à l’œuvre, marchait d’un pas morne, portant son fusil par le milieu. Il avait une vareuse d’uniforme, à laquelle manquait un bouton, et, voyant un Blanc sur le chemin, il hissa son arme sur l’épaule avec empressement. Simple prudence, les Blancs se ressemblant tellement vus de loin qu’il ne pouvait pas discerner qui j’étais au juste. Il fut promptement rassuré, et d’un large sourire éclatant et canaille et avec un coup d’œil à ceux dont il avait la garde, il parut m’associer à son exaltante mission. Moi aussi, après tout, j’étais au service de la noble cause de ces mesures de haute justice.
« Au lieu de continuer à monter, je tournai et descendis vers la gauche. Mon idée était de laisser cette équipe d’enchaînés disparaître avant de gravir la colline. […] J’ai vu le démon de la violence, et le démon de l’avidité, et le démon du désir brûlant, mais par tous les dieux du ciel ! c’étaient des démons pleins de force et d’énergie, à l’œil de feu, qui dominaient et menaient des hommes – des hommes, vous dis-je. Mais là, sur ce flanc de colline, j’eus la prémonition que, sous le soleil aveuglant de cette contrée, je ferais la connaissance du démon avachi, hypocrite, au regard fuyant, d’une sottise rapace et sans pitié. […]
« Je contournais une énorme excavation que l’on avait creusée à flanc de coteau, dans un dessein qu’il me parut impossible de deviner. Ce n’était pas une carrière, en tous cas, ni une sablière. C’était simplement un trou. Il n’est pas exclu qu’il ait eu un rapport avec le désir philanthropique de donner quelque chose à faire aux criminels. Je n’en sais rien. Puis je manquai choir dans un ravin très étroit, à peine plus qu’une saignée dans la pente de la colline. Je m’aperçus qu’on y avait jeté une quantité de tuyaux d’évacuation des eaux usées, importés tout exprès pour l’établissement. Il n’y en avait pas un qui ne fût brisé. C’était un jeu de massacre délibéré. J’arrivai enfin sous les arbres. Mon intention était d’y venir chercher de l’ombre un moment ; mais à peine y fus-je entré qu’il me sembla que j’avais porté mes pas dans le cercle ténébreux de quelque Inferno. […]
« Des formes noires étaient recroquevillées, couchées ou assises entre les arbres, appuyées à leur tronc, s’agrippant à la terre, à demi soulignées, à demi estompées dans la lumière indécise, selon toutes les attitudes de la souffrance et du désespoir. […]
« Ils mouraient à petit feu – c’était très clair. Ce n’étaient point des ennemis, ce n’étaient point des criminels, ce n’était plus rien de ce monde-ci désormais – plus rien que des ombres noires de maladie et d’inanition, gisant pêle-mêle dans l’ombre verdâtre. Amenés de tous les recoins de la côte, dans toute la légalité de contrats temporaires, perdus dans un cadre hostile, nourris d’aliments auxquels ils n’étaient pas accoutumés, ils dépérissaient, perdaient leur capacité de travail, et avaient alors le droit de s’éloigner en rampant et de se reposer. Ces silhouettes moribondes étaient libres comme l’air, et presque aussi ténues. Je commençai à distinguer des yeux qui luisaient faiblement sous les arbres. Puis, abaissant mon regard, je vis près de ma main un visage. Le squelette noir gisait de tout son long, une épaule contre l’arbre, et les paupières s’ouvrirent doucement, laissant monter jusqu’à moi le regard des yeux enfoncés, immenses et atones, une sorte de bref éclat blanc et aveugle dans la profondeur des orbites, qui s’éteignit doucement. L’homme semblait jeune – un adolescent presque – mais, vous savez, chez eux c’est difficile à dire. Je ne trouvai rien d’autre à faire que de lui tendre un des biscuits de mer que j’avais en poche, cadeau de mon bon Suédois. Les doigts se refermèrent dessus doucement et le tinrent – il n’y eut ni d’autre mouvement ni d’autre regard. Il s’était noué un brin de laine blanc autour du cou – Pourquoi ? Où se l’était-il procuré ? Était-ce un insigne – un ornement – une amulette – un acte propitiatoire ? Avait-il seulement une quelconque signification ? Il faisait un effet surprenant autour de ce cou noir, ce bout de fil blanc venu d’au-delà des mers.
« Près du même arbre, deux autres paquets d’angles aigus étaient assis, les jambes ramenées près du corps. L’un, le menton reposant sur les genoux, fixait le vide, d’une façon intolérable et épouvantable : c’est le front qu’appuyait, comme vaincu par une grande lassitude son fantôme jumeau ; et d’autres gisaient de toutes parts, en une variété infinie de postures de prostration convulsées, ainsi qu’en un tableau figurant un massacre ou une épidémie de peste. Tandis que je demeurais là, frappé d’horreur, l’une de ces créatures se dressa sur les mains et les genoux, et partit vers le fleuve à quatre pattes pour y boire. Il lapa l’eau dans sa main, puis s’assit au soleil, les tibias croisés devant lui, et laissa au bout d’un moment sa tête laineuse tomber sur son sternum.
« Je n’avais plus aucune envie de m’attarder à l’ombre, et repris à la hâte le chemin du poste. Arrivé près des bâtiments, je rencontrai un Blanc, accoutré avec une élégance si inattendue que je le pris d’abord pour une vision. Je découvris un haut col empesé, des manchettes blanches, une légère veste d’alpaga, un pantalon de neige, une cravate claire et des bottines vernies. Point de chapeau. Les cheveux séparés par une raie, brossés et pommadés sous le parasol doublé de vert que tenait une grosse main blanche. Il était stupéfiant, et avait un porte-plume derrière l’oreille.
« Je serrai la main de ce miracle, et appris qu’il était le chef comptable de la Compagnie, et que c’est dans ce poste que se faisait toute la tenue des livres. Il était sorti un moment, me dit-il, « pour respirer une bouffée d’air pur ».
(« Au cœur des ténèbres », Œuvres II, Bibliothèque de la Pléiade,
traduit par Jean Deubergue, Editions Gallimard, 1985)

Marc dit: à

Je suis mûr, beau et paraissant jeune. Je n’aime que les filles soumises, dociles et obéissantes. Jolies et sexy évidemment.
Qu’elles soient intelligentes ou idiotes ne m’importe guère.
Baiser c’est pas philosopher.

Marc dit: à

La femme pense à l’amour avec sa tête.
L’homme pense à l’amour avec sa queue.
Les deux font l’amour comme des dieux, sérieusement.
Comme des bêtes, sauvagement.
Ou comme des enfants, innocemment.

Jazzi dit: à

LOUIS-FERDINAND CELINE

Bardamu au Petit Congo

Après avoir réchappé à la Grande Guerre et avant de découvrir l’Amérique, Bardamu, le double imaginaire de Céline du Voyage au bout de la nuit, s’offrit une édifiante escapade en Afrique, où il avait espéré honnêtement gagner sa vie. Déjà la traversée mouvementée depuis Marseille à bord de L’Amiral-Bragueton avait bien failli lui être fatale. Mais ce n’était rien à côté de ce qui l’attendait une fois débarqué en terre africaine. Avant de partir pour une longue mission dans la jungle, notre Tintin national, pour qui un nègre est un nègre, et qui ne porte pas un regard tendre sur les petits Blancs, nous dépeint un tableau impitoyable de l’Afrique coloniale. Présentation des hommes et de leurs drôles de mœurs de l’époque !

  « Dans cette colonie de la Bambola-Bragamance, au-dessus de tout le monde, triomphait le Gouverneur. Ses militaires et ses fonctionnaires osaient à peine respirer quand il daignait abaisser ses regards jusqu’à leurs personnes.
Bien au-dessous encore de ces notables les commerçants installés semblaient voler et prospérer plus facilement qu’en Europe. Plus une noix de coco, plus une cacahuète, sur tout le territoire, qui échappât à leurs rapines. […]
La ville de Fort-Gono où j’avais échoué apparaissait ainsi, précaire capitale de la Bragamance, entre mer et forêt, mais garnie, ornée cependant de tout ce qu’il faut de banques, de bordels, de cafés, de terrasses, et même d’un bureau de recrutement, pour en faire une petite métropole, sans oublier le square Faidherbe et le boulevard Bugeaud, pour la promenade, ensemble de bâtisses rutilantes au milieu des rugueuses falaises, farcies de larves trépignées par des générations de garnisaires et d’administrateurs dératés. […]
Le Directeur de la Compagnie Pordurière du Petit Congo cherchait, m’assura-t-on, un employé débutant pour tenir une de ses factories de la brousse. J’allai sans plus tarder lui offrir mes incompétents mais empressés services. Ce ne fut pas une réception enchantée qu’il me réserva le Directeur. Ce maniaque – il faut l’appeler par son nom – habitait non loin du Gouvernement un pavillon, un pavillon spacieux, monté sur bois et paillotes. Avant même de m’avoir regardé, il me posa quelques questions fort brutales sur mon passé, puis un peu calmé par mes réponses toutes naïves, son mépris à mon égard pris un tour assez indulgent. Cependant il ne jugea point convenable de me faire asseoir encore.
« D’après vos papiers vous savez un peu de médecine ? » remarqua-t-il.
Je lui répondis qu’en effet j’avais entrepris quelques études de ce côté.
« Ca vous servira alors ! fit-il. Voulez-vous du whisky ? »
Je ne buvais pas. « Voulez-vous fumer ? » Je refusai encore. Cette abstinence le surprit. Il fit même la moue.
« Je n’aime guère les employés qui ne boivent, ni ne fument… Êtes-vous pédéraste par hasard ?… Non ? Tant pis !… Ces gens là nous volent moins que les autres… Voilà ce que j’ai noté par expérience… Ils s’attachent… Enfin, voulut-il bien se reprendre, c’est en général qu’il m’a semblé avoir remarqué cette qualité des pédérastes, cet avantage… Vous nous prouverez peut-être le contraire !… » Et puis enchainant : « Vous avez chaud, hein ? Vous vous y ferez ! Il faudra vous y faire d’ailleurs ! Et le voyage ?
– Désagréable ! lui répondis-je.
– Eh bien, mon ami, vous n’avez encore rien vu, vous m’en direz des nouvelles du pays quand vous aurez passé un an à Bikomimbo, là où je vous envoie pour remplacer cet autre farceur… »
Sa négresse, accroupie près de la table, se tripotait les pieds et se les récurait avec un petit bout de bois.
« Va-t’en boudin ! lui lança son maître. Va me chercher le boy ! Et puis de la glace en même temps ! »
Le boy demandé arriva fort lentement. Le Directeur se levant alors, agacé, d’une détente, le reçut le boy, d’une formidable paire de gifles et de deux coups de pied dans le bas ventre et qui sonnèrent.
« Ces gens-là me feront crever, voilà tout ! » prédit le Directeur en soupirant. Il se laissa retomber dans son fauteuil garni de toiles jaunes sales et détendues.
« Tenez, mon vieux, fit-il soudain devenu gentiment familier et comme délivré pour un temps par la brutalité qu’il venait de commettre, passez-moi donc ma cravache et ma quinine… sur la table… Je ne devrais pas m’exciter ainsi… C’est idiot de céder à son tempérament… »
De sa maison nous dominions le port fluvial qui miroitait en bas à travers une poussière si dense, si compacte qu’on entendait les sons de son activité cahotique mieux qu’on ne discernait les détails. Des files de nègres, sur la rive, trimaient à la chicote, en train de décharger, cale après cale, les bateaux jamais vides, grimpant au long des passerelles tremblotantes et grêles, avec leur gros panier plein sur la tête, en équilibre, parmi les injures, sortes de fourmis verticales.
Cela allait et venait par chapelets saccadés à travers une buée écarlate. Parmi ces formes en travail, quelques-unes portaient en plus un petit point noir sur le dos, c’étaient les mères, qui venaient trimarder elles aussi les sacs de palmistes avec leur enfant en fardeau supplémentaire. Je me demande si les fourmis peuvent en faire autant.
« N’est-ce pas, qu’on se dirait toujours un dimanche ici ?… reprit en plaisantant le Directeur. C’est gai ! C’est clair ! Les femelles toujours à poil. Vous remarquez ? Et des belles femelles, hein ? Ca fait drôle quand on arrive de Paris, n’est-ce pas ? Et nous autres donc ! Toujours en coutil blanc ! Comme aux bains de mer voyez-vous ! On n’est pas beau comme ça ? Des communiants, quoi ! C’est toujours la fête ici, je vous le dis ! Un vrai Quinze Août ! Et c’est comme ça jusqu’au Sahara ! Vous pensez ! »
(« Voyage au bout de la nuit », Editions Gallimard, 1952)

Marc dit: à

Les féministes, vieilles sorcières laides comme des chaudrons rouillés, veulent gâcher la vie des hommes et des jolies femmes aussi.
Sont féroces comme des harpies et connes comme des oies de basse cour.
C’est pour cela qu’aucun homme ne leur fait la cour.
Frustrées et pas du tout baisables, elles se vengent en empoisonnant la vie des gens qui s’aiment et qui baisent.

rose dit: à

Cela s’appelle avoir voix au chapitre.
Christine le connaît à l’abbaye du Boscodon.
Jouxtant le cloître. Dans lequel le silence s’impose.
Qui distribue la voix dans le chapitre ? Le prieur.

Marc dit: à

Arrêtez de faire votre Christiane, Jazzi.
Vous êtes encore plus ridicule qu’elle.

rose dit: à

Le Marc on va le dégager vite fait.
Hop.
Au chaudron.
Si l’homme pensait ça se saurait.
L’homme dans sa généralité se vide les couilles. Puis passe à autre chose.
L’amour est un blablabla, depuis la fin du courtois, pour que les filles ouvrent les cuisses.

renato dit: à

C »est la foire aux poncifs ou c’est moi qui ne comprends pas le haut niveaux des echanges ?

Jazzi dit: à

ANDRE GIDE

En dansant et en chantant

Le 19 juillet 1925, André Gide, âgé de cinquante-cinq ans, et son compagnon le jeune cinéaste Marc Allégret, de trente ans son cadet, embarquèrent à Bordeaux, où ils ne revinrent que le 31 mai de l’année suivante. Depuis ses vingt ans, Gide avait rêvé de partir en expédition en Afrique, attiré principalement par la flore et la faune incomparable de la forêt vierge. Mais à l’occasion de son long périple à pied, en voiture et en bateau à travers tout le Congo jusqu’au Tchad, avec des incursions au Gabon et au Cameroun, outre la nature singulière des régions visitées, il découvrit également la réalité profonde d’un pays alors sous domination coloniale française dont il ne manqua pas de dénoncer les abus dans son journal de voyage : « tant que, en A[frique].-E[quatoriale].F[rançaise]., j’ai voyagé « accompagné », tout m’a paru merveilleux. Je n’ai commencé d’y voir clair que lorsque, quittant l’auto des Gouverneurs, je me suis décidé à parcourir le pays seul, à pied, afin de pouvoir entrer, six mois durant, en contact direct avec les indigènes. » Un contact direct qui lui permit aussi d’appréhender les singularités propres à l’Afrique traditionnelle.

« Bambari, 14 octobre [1925]

Ce matin, dès l’éveil, danse des Dakpas*. Vingt-huit petits danseurs, de huit à treize ans, badigeonnés de blanc de la tête aux pieds ; coiffés d’une sorte de casque que hérissent une quarantaine de dard noir et rouge ; sur le front une frange de petits anneaux de métal. Chacun tient à la main un fouet fait en jonc et cordes tressées. certains ont les yeux encerclés d’un maquillage en damier noir et rouge. Une courte jupe en fibre de rafia complète cet accoutrement fantastique. Ils dansent en file indienne, gravement, au son de vingt-trois trompes de terre ou de bois d’inégales longueurs (trente centimètres à un mètre cinquante) dont chacune ne peut donner qu’une note. Une autre bande de douze Dakpas, plus âgés, ceux-ci tout noirs, déroule ses évolutions en sens inverse de la première. Une douzaine de femmes se mêlent bientôt à la danse. Chaque danseur avance à petit pas saccadés qui font tinter les bracelets de ses chevilles. Les joueurs de trompe forment cercle ; au milieu d’eux une vieille femme bat la mesure avec un plumeau de crins noirs. A ses pieds un grand démon noir se tord dans la poussière, en proie à de feintes convulsions, sans cesser de souffler dans sa trompe. Le vacarme est assourdissant, car, dominant le beuglement des trompes, tous, à la seule exception des petits danseurs blancs, chantent, hurlent, à tue-tête, inlassablement, un air étrange (que par ailleurs j’ai noté). »
(« Voyage au Congo », in Souvenirs et voyages, Bibliothèque de la Pléiade
Editions Gallimard, 2001)

« 3 mars [1926]

Il me semble que je vais mieux. Des vertiges encore, mais j’ai pu manger un peu, au chevet du lit de Marc, et avec lui. Porridge et riz à l’eau, avec une délicieuse compote d’abricots (nous sortons de nos cantines ce que nous avons de meilleur) arrosé d’eau de Vichy et de Moët.
Après ce court repas, je me recouche. Et, tandis que j’essaie de dormir, mes pagayeurs d’arrière – six Sara que nous avions déjà à l’aller (ceux d’avant, cinq, sont des gens de Moosgoum) – commencent un chant sur des paroles que me traduit Adoum :

Le Gouverneur**, il est malade.
Ramons, ramons pour aller plus vite que la maladie,
L‘amener jusqu’au médecin du Logone,

qui est bien le chant le plus extraordinaire que j’aie entendu dans ce pays. Ah ! que Stravinski ne put-il l’entendre ! C’est une longue phrase, gueulée d’abord et qui s’achève en pianissimo, mais chantée comme en canon, de manière que le fortissimo de certains coïncide avec le pianissimo des autres, celui-ci formant comme une basse murmurée. – Les notes ne sont jamais exactement données (ce qui fait qu’il est extrêmement difficile de noter l’air) ; pas plus qu’en anglais il n’est de voyelles pures. Très difficile à comprendre pour nos oreilles septentrionales qui attachent tant de prix à la justesse du son. Ici la voix n’est jamais juste. De plus, lorsque l’un chante do ré, l’autre chante ré do. Certains font des variantes. Sur six, chacun chante une chose un peu différente, sans qu’il y ait précisément des « parties ». Mais cela fait une sorte d’épaisseur harmonique des plus étranges. La même phrase – presque la même (avec le petit changement parfois, à la Péguy) – se répète inlassablement un quart d’heure durant, une demi-heure. Parfois ils semblent se griser de ce chant, à tue-tête ; ils rament alors avec emportement, fureur. (Nous avons pris cette fois le bras profond du Logone.) Comment ai-je pu dire que les Sara ne chantaient pas ?(A noter pourtant qu’ils ne chantent jamais lorsqu’ils se servent de la perche, mais seulement pour accompagner le mouvement régulier des rames.)
Nos chants populaires, près de ceux-ci, paraissent grossiers, pauvres, simplets, rudimentaires. »
(« Le Retour du Tchad », in Souvenirs et voyages, Bibliothèque de la Pléiade
Editions Gallimard, 2001)

* Cette danse fait l’objet d’un longue séquence dans le film de Marc Allégret.
** J’ai omis de dire que, depuis Fort Lamy, les boys, et à leur suite tout l’équipage m’ont fait monter en grade. « Commandant » ne leur suffit pas. Et, plus tard, « Gouverneur » non plus. Rien à faire à cela. Par enthousiasme ils m’appelleront « Gouvernement » (note d’André Gide).

et alii dit: à

la Belgique aujourd’hui:
Le 12/08/2020
Joseph E. Stiglitz

Visioconférence en présence de Joseph Stiglitz (économiste américain, prix Nobel en 2001). Entretien par Ewald Pironet (journaliste belge). Dans la cadre du cycle « Repairing the future. Écrivains et penseurs imaginent un autre monde » organisé par Bozar (Bruxelles).

Jazzi dit: à

J.M.G. LE CLEZIO

1968, année noire

Dans L’Africain, rédigé en décembre 2003 et janvier 2004, J.M.G. Le Clézio, né en 1940, se désigne lui-même sous ce vocable, mais c’est surtout à son père, médecin militaire de l’armée britannique, dont l’essentiel de la carrière s’est exercée à partir de 1928 entre le Cameroun et le Nigéria, qu’il en attribue tout le mérite. C’est dans cette partie du continent que ses parents se sont aimés et que son frère aîné et lui plus tard ont été conçus. Une période heureuse, irrémédiablement brisée par le long intermède de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle les enfants et leur mère, venue accoucher en France, trouveront refuge dans le giron de leur famille maternelle à Nice. Resté seul et sans nouvelles, ce père africain, J.M.G. Le Clézio n’en fera connaissance véritablement, ainsi que de l’Afrique, qu’en 1948 seulement : «A l’âge de huit ans à peu près, j’ai vécu en Afrique de l’Ouest, au Nigéria, dans une région assez isolée où, hormis mon père et ma mère, il n’y avait pas d’Européens, et où l’humanité, pour l’enfant que j’étais, se composait uniquement d’Ibos et de Yoroubas. » Ajoutant plus loin : « C’est ici, dans ce décor, que j’ai vécu les moments de ma vie sauvage, libre, presque dangereuse. Une liberté de mouvement, de pensée et d’émotions que je n’ai plus jamais connue ensuite. » De cette époque, qui s’achèvera au moment de la retraite de son père au début des années 50, J.M.G Le Clézio en gardera un souvenir impérissable, ainsi qu’en témoigne son émouvant récit autobiographique, en hommage à son père et à l’Afrique perdue de son enfance.

« En 1968, tandis que mon père et ma mère regardent monter sous leurs fenêtres, à Nice, les montagnes d’ordures laissées par la grève générale, et tandis qu’à Mexico j’entends le vrombissement des hélicos de l’armée qui emportent les corps des étudiants tués à Tlatelolco, le Nigeria entre dans la phase terminale d’un massacre terrible, l’un des grands génocides du siècle, connu sous le nom de guerre du Biafra. Pour la mainmise sur les puits de pétrole à l’embouchure de la rivière Calabar, Ibos et Yoroubas s’exterminent, sous le regard indifférent du monde occidental. Pis encore, les grandes compagnies pétrolières, principalement l’anglo-hollandaise Shell-British Petroleum, sont partie prenante dans cette guerre, agissent sur leurs gouvernements pour que soient sécurisés les puits et les pipe-lines. Les Etats qu’elles représentent s’affrontent par procuration, la France du côté des insurgés biafrais, l’Union soviétique, l’Angleterre et les Etats-Unis du côté du gouvernement fédéral majoritairement yorouba. La guerre civile devient une affaire mondiale, une guerre entre civilisations. L’on parle de chrétiens contre musulmans, ou de nationalistes contre capitalistes. Les pays développés retrouvent un débouché inattendu pour leurs produits finis : ils vendent dans les deux camps armes légères et lourdes, mines antipersonnel, chars d’assaut, avions, et même des mercenaires allemands, français, tchadiens, qui composent la 4e brigade biafraise au service des rebelles d’Ojukwu. Mais à la fin de l’été 1968, encerclée, décimée par les troupes fédérales sous le commandement du général Benjamin Adekunle, surnommé pour sa cruauté le « scorpion noir », l’armée biafraise capitule. Seule résiste encore une poignée de combattants dont la plupart sont des enfants, qui brandissent des machettes et des bâtons sculptés en forme de fusils contre les Mig et les bombardiers soviétiques. A la chute d’Aba (non loin de l’ancien sanctuaire des guerriers magiciens d’Aro Chuku), le Biafra entre dans une longue agonie. Avec la complicité de l’Angleterre et des Etats-Unis, le général Adekunle verrouille le blocus sur le territoire biafrais, empêchant tout secours et tout approvisionnement. Devant l’avancée de l’armée fédérale, en proie à une folie vengeresse, la population civile fuit vers ce qui reste du territoire biafrais, envahit les savanes et la forêt, tente de survivre sur les réserves. Hommes, femmes, enfants sont pris dans un piège mortel. A partir de septembre, il n’y a plus d’opérations militaires, mais des millions de gens coupés du reste du monde, sans vivres, sans médicaments. Quand les organisations internationales peuvent enfin pénétrer dans la zone insurgée, elles découvrent l’étendue de l’horreur. Le long des routes, au bord des rivières, à l’entrée des villages, des centaines de milliers d’enfants sont en train de mourir de faim et de déshydratation. C’est un cimetière vaste comme un pays. Partout dans les plaines d’herbes semblables à celle où j’allais autrefois faire la guerre aux termites, des enfants sans parents errent sans but, leurs corps transformés en squelettes. Longtemps après je suis hanté par le poème de Chinua Achebe, Noël au Biafra, qui commence par ces mots :

Non, aucune Vierge à l’Enfant ne pourra égaler
Le tableau de la tendresse d’une mère
Envers ce fils qu’elle devra bientôt oublier.

J’ai vu ces images terribles dans tous les journaux, les magazines. Pour la première fois, le pays où j’avais passé la partie la plus mémorable de mon enfance était montré au reste du monde, mais c’était parce qu’il mourait. Mon père a vu aussi ces images, comment a-t-il pu accepter ? A soixante-douze ans, on ne peut que regarder et se taire. Sans doute verser des larmes. »
(« L’Africain », Editions Mercure de France, 2004)

Brinqueballe dit: à

JiCé….. dit: à

Ne parlez pas pour ne rien dire, Rose, cela vous arrive déjà trop souvent ….

Etalii étale et s’étale ici bien plus longuement, Jicé!

rose dit: à

Jazzi

le lien sur Gide est passionnant.
Marc l’oncle de Simone Signoret

« Pour le grand public, le nom d’Allégret s’associe souvent à Simone Signoret. Mais c’est bien Yves qui a épousé la grande comédienne. Marc Allégret n’est donc pas le père de Catherine Allégret, comme beaucoup ont tendance à le croire, mais son oncle. »

Marc dit: à

Rose,
J’aurais bien aimé te dégager sexuellement parlant mais tu es trop vieille pour moi.
A vieille mule frein doré !

rose dit: à

rose est vieille et fanée : oui; et flétrie comme une vieille pomme.
je le savais, hé, hé
<em
Pierre de RONSARD
1524 – 1585
Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Sur comment lui faire cracher sa valda…

rose dit: à


Pierre de RONSARD
1524 – 1585
Mignonne, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.

Brinqueballe dit: à

Jazzi dit: à

ANDRE GIDE

En dansant et en chantant

Et vas-y qu’il nous détaille l’âge des  » petits noirs » le Gide.
Pensez à l’épisode du périgourdin François Augiéras avec Gide Jazzi et son périple chez son oncle militaire en Afrique!
Et je ne vous parle pas de ses séances de tam tam dans le Lot et la Vézère…

Jazzi dit: à

MICHEL LEIRIS

L’Afrique fétichiste

La noble cause ethnologique, malgré des pratiques qui l’étaient beaucoup moins sur le terrain, qui animait alors l’équipe du Musée de l’Homme à laquelle appartenait Michel Leiris, lors de leur participation à la Mission Dakar-Djibouti, de mai 1931 à février 1933, était de préserver la mémoire des traditions locales ancestrales de nos colonies. Celles-ci, en effet, au contact des Occidentaux, en Afrique, mais aussi en Asie et en Orient, commençaient à avoir une fâcheuse tendance à disparaître à grande vitesse. Il était urgent d’agir ! Tout au long de l’itinéraire qui traverse d’ouest en est l’ex Afrique-Occidentale et l’ex Afrique-Equatoriale françaises, notre équipe d’ethnologues rafla l’essentiel des objets usuels et des costumes des indigènes qu’ils croisèrent sur leur chemin. Contre une rémunération en francs ou en noix de kolas, bien évidemment. Ils écoutèrent tous les contes, les chansons, les musiques traditionnelles qu’on voulut bien leur faire entendre. Ils participèrent aussi aux fêtes païennes ou sacrées des populations autochtones et admirèrent la prouesse de leurs danses tribales. Des photos, des notes, des films furent pris par l’ensemble de l’équipe, tandis que Michel Leiris en tint le livre de bord, titré L’Afrique Fantôme, qui devint très vite un classique de la littérature française, bien au-delà du rayon ethnologie. Ici, on a droit a un savoureux texte-fossile sur l’une des traditions africaines les plus anciennement enracinées du continent : le fétichisme. Il est vrai que les membres de la mission avaient peut-être un peu poussé à la reconstitution naturelle !

« 31 août [1931]

A Nkourala (159 km), visitant le village, nous tombons sur deux cases de fétiche nya* juste sur la grande place. Le portail de l’une d’elle est orné d’un crâne de bête à cornes, le toit de l’autre des crânes des chiens sacrifiés au fétiche. Les deux cases sont rondes, assez petites, basses, surmontées d’un toit conique de paille. Elles sont en pisé, construites sur un léger tertre, en pisé également. Les murs sont décorés de triangles orangé, blanc et noir qui donnent à l’ensemble de la construction une allure d’arlequin. Mais les deux solides blocs de pisé qui s’avancent de chaque côté de la très petite porte comme les pattes d’un sphinx balourd doivent faire écarter d’emblée une telle comparaison.
Mamadou Vad [l’interprète de la mission] nous a informés de ce qu’étaient ces cases, aussi ne sommes-nous pas surpris de leur aspect – à vrai dire assez anodin –, mais le mystère qui les entoure les avive à nos yeux.
Immédiatement, j’ai envie de « voir » le nya. Je consulte Lutten, qui est d’accord. Je fais dire par Mamadou Vad que nous sommes prêts à offrir un sacrifice. Vad transmet mes paroles et les hommes me montrent un vieillard assis sous un grand arbre : c’est le chef du nya ; il faut le consulter. Ils y vont et le vieillard déclare qu’il faut un chien, un poulet blanc et 20 kolas. Je donne 5 francs pour acheter le chien, paye un poulet, verse le prix des kolas. Le chef du nya s’avance et vient s’asseoir sur la patte droite du sphinx. Il a des bras noueux, un collier de barbe blanche sans moustache, des yeux à fente étroite et un bonnet pointu : – l’air d’un homme très rusé et très fort. Un homme plus jeune – celui à qui nous avons parlé – s’assied de l’autre côté de la porte. Ils attendent en parlant à mi-voix l’arrivée de la pâture à sacrifice. On ne trouve pas de chien (ou du moins, on dit qu’on n’en trouve pas) mais on apporte un poulet – noir tacheté au lieu de blanc – et une vingtaine de kolas. Tout le monde est rangé face à la porte de la case, fermée seulement par une rangée de pieux. L’assesseur du chef et trois autres hommes se dépouillent de leur boubou et apparaissent vêtu seulement du bila, si réduit que, chez la plupart, les poils du pubis apparaissent. Nus et musclés, avec leurs balafres sur la face ils ont une noblesse d’allure que l’on ne rencontre que chez les buveurs de dolo** et à laquelle n’atteignent presque jamais les musulmans.
Rapidement les pieux sont enlevés et, pendu au plafond de sa petite case, le fétiche apparaît : c’est une masse informe qui, lorsque les quatre hommes, avec précaution, l’ont sorti de son antre, se révèle être un sac de toile grossière et rapiécée, couvert d’une sorte de bitume qui est du sang coagulé, bourré à l’intérieur de choses qu’on devine poussiéreuses et hétéroclites, muni à un bout d’une protubérance plus particulièrement bitumeuse et, à l’autre bout, d’une clochette qui a l’air d’une petite queue. Grand émoi religieux : objet sale, simple, élémentaire dont l’abjection est une terrible force parce qu’y est condensé l’absolu de ces hommes et qu’ils y ont imprimé leur propre force, comme dans la petite boulette de terre qu’un enfant roule entre ses doigts quand il joue avec la boue.
Maintenant le chef, qui est resté assis, parle à haute voix au sacrificateur, qui se tient accroupi. Il lui donne le poulet, les 5 francs représentant le chien qu’on n’a pas pu trouver. Entre temps, le sacrificateur répond aux conseils que lui donne le vieux, ou parle à son fétiche d’une voix tendre et familière, un peu craintive, comme on parle à un ancêtre à la fois aimé et redouté.
Tout le monde est grave, et nul ne songe, j’en suis sûr, à la petite supercherie qui a consisté (pour ne pas faire le véritable sacrifice sous nos yeux) à remplacer le chien par des pièces de monnaie. La causerie avec l’infini pas encore terminée, le sacrificateur plume le cou du poulet et jette ses plumes derrière lui puis, d’un coup de couteau, ouvre la gorge, fait goutter le sang sur la protubérance innommable et jette la bête à quelques pas devant lui.
C’est ici que la crise commence : le volatile tombé se relève, tournoie, fait quelques pas, retombe, bat des ailes, se relève encore, semble tomber sur le dos (ce qui s’il devait y rester, serait mauvais), mais se relève encore et tombe finalement sur le côté droit, la tête orientée vers le nord. Le sacrifice est bon : toutes les consciences se relâchent. Je remercie en quelques mots, et les quatre hommes, toujours nus, rentrent le nya.
Lutten, qui a cinématographié la scène, et moi quittons alors le village et remontons dans le camion.
Nous en descendons quelques kilomètres plus loin, à Kampyasso, et trouvons une autre case de nya, à proximité d’un arbre, d’un tertre herbeux garni de canaris retournés et d’un foyer. Très poliment un homme complètement nu (à l’exception d’un bila guère plus important qu’une ficelle) à chéchia rouge et barbiche noire, m’explique en un français assez correct que sur ce foyer on fait cuire pour les manger les animaux sacrifiés au nya. Sur un côté de la case, pend une grappe de colliers : ceux que, de leur vivant, devaient porter les chiens victimes. »
(« L’Afrique Fantôme », Editions Gallimard, 1934 et 1996)

*Ou nia, culte des « Sénoufo Minianka » rendu à la plus haute entité de leur panthéon. Les « Sénoufo » rencontrés ici par Leiris appartiennent au groupe Minianka qui peuple les anciens cercles administratifs de San et de Koutiala au Mali.

** Bière de mil, très épicée, appelée en sénoufo : tiapalo ou tyapalo.

Marc dit: à

N’ y a que de vieilles femmes sur ce blog. Dommage.

Brinqueballe dit: à

et SUR la Vézère…

Brinqueballe dit: à

Jazzi dit: à

MICHEL LEIRIS

L’Afrique fétichiste

Qu’on leur rende leurs fétiches et qu’on en parle plus, Jazzi!

et alii dit: à

HOSTED EVENTS
30 NOVEMBRE ’20 — 20:30
SALLE HENRY LE BŒUF
LOUISE MUSHIKIWABO
FILLES ÉDUQUÉES, SOCIÉTÉ ÉDIFIÉE
Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis le 1er janvier 2019, Louise Mushikiwabo a été précédemment Ministre des Affaires étrangères du Rwanda de 2009 à 2018. À p…
https://www.bozar.be/fr/homepages/99614-hosted-events

Marc dit: à

Les Dieux grecs de l’Olympe passent leur temps à baiser à tout bout de champ.
Les mortels (elles) baisent comme ils peuvent.

Brinqueballe dit: à

Marc dit: à

N’ y a que de vieilles femmes sur ce blog. Dommage.

Des femmes à plateau comme dirait Jicé! 😉

et alii dit: à

A Documentary’s Attempt to Protect Flannery O’Connor at All Costs
Flannery expresses the author’s genius but goes to tortured lengths to excuse her racism.

Seph RodneyJuly 24, 2020
Hyperallergic

Jazzi dit: à

« Qu’on leur rende leurs fétiches et qu’on en parle plus, Jazzi ! »

Mais qui rendra leur prépuce aux petits circoncis ?

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AMADOU HAMPÂTÉ BÂ

L’âge d’homme

Dans Amkoullel, l’enfant Peul, le premier tome de ses Mémoires, Amadou Hampâté Bâ (1900-1991) nous restitue à travers l’histoire de sa propre famille des pans entiers d’une certaine tradition africaine : «Les traditions dont je parle dans ce récit sont, en gros, celles de la savane africaine s’étendant d’est en ouest au sud du Sahara (ce que l’on appelait autrefois le Bafour), et plus particulièrement celles du Mali, dans les milieux poullo-toucouleurs et bambara où j’ai vécu. ». Descendant d’une famille peule noble, il passa l’essentiel de son enfance à Bandiagara, sa ville natale, chef-lieu du pays Dogon et ancienne capitale de l’Empire toucouleur du Macina, alors sous domination française. Enfant de Hampâté Bâ et de Kadidja Pâté Poullo Diallo, il fut, après la mort de son père lorsqu’il avait trois ans, adopté par le second époux de sa mère, Tidjani Amadou Ali Thiam, de l’ethnie toucouleur. Placé au centre de conflits et alliances d’ethnies rivales, et élevé selon les principes de l’école coranique traditionnelle, il eut à cœur sa vie durant de recueillir et transmettre les coutumes, usages et contes oraux vécus et entendus dès sa prime jeunesse. Telle, ici, la célébration de la cérémonie de circoncision d’une quinzaine de garçons âgés de sept à quatorze ans conduite part Hammadoun, leur chef de waaldé (association d’âge coutumière), le frère ainé d’Amadou Hampâté Bâ, dit Amkoullel.

« Quand les jeunes gens arrivèrent dans la cour, Lenngui [une griotte locale renommée] leur lança une harangue chantée destinée à exciter leur courage :

O jeunes garçons, soyez braves !
Ne vous conduisez point en étalons ombrageux.
Bientôt votre chair connaîtra
la morsure du couteau tranchant.
Le fer fera gicler votre sang vermeil,
mais qu’il ne fasse pas jaillir vos larmes !
(…)
Quand le forgeron coupera, plaisantez avec lui !
Frappez légèrement sa tempe
pour le punir d’avoir osé toucher
à un membre qu’il aurait dû respecter
comme celui de son propre père.
Et pour montrer que vous n’avez pas peur,
dites-lui de recommencer !
(…)
Prouvez demain que vous êtes virils,
et la communauté reconnaîtra votre majorité !
Chaque parent se levait à nouveau pour venir encourager le futur circoncis et lui promettre, s’il supportait l’épreuve sans broncher, de lui donner une ou plusieurs vaches laitières qui constitueraient le début de son petit troupeau personnel.
Les jeunes gens entraient à leur tour dans le cercle en esquissant quelques pas de danse. Les griots les y incitaient :
« Premier fils de son père, as-tu peur de la terre ? Si tu n’as pas peur, saute, danse, frappe-la de tes pieds, que je vois les talons soulever la poussière !… »
Quand le ciel commença à s’éclaircir, les jeunes gens, toujours en file indienne, furent conduits sur les bords du Yaamé. Ils traversèrent la rivière. Chaque garçon, accompagné d’un parent-témoin, portait la brique de terre qui lui servirait de siège pendant l’opération. Les femmes et les enfants n’étaient pas du cortège.
Arrivé au pied des deux grands balanzas qui avaient abrité de leur ombre des générations de circoncis, chaque garçon s’assit sur sa brique, le dos tourné au soleil levant. Bougala, le forgeron circonciseur, leur demanda d’étendre leurs jambes en les écartant le plus possible. Mon frère Hammadoun devant être opéré le premier, Bougala vint se placer devant lui. Il ouvrit une noix de cola en deux et en plaça chaque moitié entre les molaires du fond de la bouche de mon frère, une à droite et une à gauche, afin que l’on puisse y mesurer ensuite la marque de ses dents, indice de son courage. Se saisissant de son membre, il tira sur le prépuce de manière à renvoyer le gland le plus loin possible en arrière, puis attacha solidement la base du prépuce avec une petite ficelle, mettant ainsi la chair du gland hors de portée de sa lame. Il prit le couteau, fixa mon frère et dit :
« Hammadoun, fils de Hampâté Bâ, tu vas être le premier à verser ton sang comme prix de ton admission dans le camp des adultes. Tu vas être un homme, à toi de prouver que tu en es digne. détourne les yeux, que je sectionne ce qui te classait parmi les gamins incirconcis.
– O vieux père Boulaga, répondit Hammadoun, tu voudrais que je tourne le dos le jour de mon premier engagement avec le fer ? Que dirais-tu de moi ? Ne suis-je pas aujourd’hui le chef qui doit conduire ses compagnons ? Wallaye ! (Par Dieu !) c’est sous mes yeux bien ouverts que je veux te voir couper ce prépuce qui retient ma majorité et me maintien parmi les bambins. Coupe, ô vieux père et coupe bien !… »
Bougala sourit et d’un coup de couteau adroit et rapide, en prononçant la formule musulmane « Bismillâhi errahman errahimi » (Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux), il trancha net le prépuce d’Hammadoun. Celui-ci éclata de rire, appliqua sa main droite sur la joue du vieux forgeron comme pour le gifler, cracha ses deux noix de cola et s’écria :
« Filla fa fillo Bandiagara ! (Recommence [et que cela dure] jusqu’à faire le tour de Bandiagara !) Recommence, vieux père, je t’en donne l’ordre ! » et il se mit à chanter d’une voix claire la devise de Bandiagara.
Le vieux Bougala présenta aux parents le prépuce d’Hammadoun et les deux moitiés de noix de cola sur lesquelles ses dents n’avaient imprimé qu’une marque légère. « Koulou diam ! Hourra ! s’exclama-t-il. Le fils de Hampâté a traversé le fleuve de l’épreuve à la nage malgré les crocodiles ! » Et il poursuivit ses opérations sur les autres garçons, qui avaient à cœur d’imiter l’attitude d’Hammadoun. »
(« Amkoullel, l’enfant Peul », Acte Sud, 1991, 1992)

Revenant sur les variantes possibles de cette cérémonie – l’une des trois plus importantes avec le baptême, marqué par l’attribution du nom du père, et le mariage – selon que l’on soit Peul, Toucouleur, Dogon ou Bambara, Amadou Hampâté Bâ décrit ensuite le long processus de la cicatrisation et des infections toujours possibles, non sans nous préciser au passage la portée symbolique de cette pratique : « Après l’opération, tous les prépuces furent enterrés. Pour la tradition africaine ancienne, le prépuce est considéré comme un symbole de féminité dans la mesure où il recouvre le pénis et l’enveloppe dans une sorte d’obscurité, car tout ce qui est féminin, maternel et germinatif s’accomplit et se développe dans le secret et l’obscurité des lieux clos, que ce soit dans le sein de la femme ou dans le sein de la Terre-Mère. Une fois le garçon dépouillé de sa marque de féminité originelle, qu’il retrouvera plus tard chez sa compagne, il est censé devenir le support d’une « force » exclusivement masculine. » Avec pour conséquence que : « En perdant son prépuce, le garçon a perdu le droit de marcher nu. Son membre viril, désormais consacré en tant qu’agent de la reproduction humaine, donc réceptacle d’une force sacrée, ne doit plus être exposé à la vue de tous. »

B dit: à

@ Marc :Devenir adulte c’ est parait-il savoir pardonner à ses parents. Ne plus aimer, c’est sûrement une des marques de la vieillesse. Il va me falloir associer enfance et vieillissement, je ne sais pas trop pardonner. Est-ce que nous pardonnent autant qu’il nous Est pardonné? Dans ce cas cet aspect, savoir pardonner ou pas , serait lié à notre histoire, notre parcours, nous ne sommes pas toujours responsables des réponses reçues, des retours, des projections un peu à la Pollock qui nous décorent au cours d’une vie .

Et tant pis pour la beauté, l’amour rend belles les femmes, les hommes en deviendraient cons? Vous avez donc raison de préférer la pratique au sentiment.

B dit: à

pardonnons.

Marc dit: à

B.

Puisque vous êtes d’accord avec moi, moi aussi je suis d’accord avec l’accord qui est le vôtre et que vous m’aviez accordé.
Et je vous aime aussi… Si vous êtes jeune et jolie.

Marie Sasseur dit: à

« De nos jours, l’air du temps n’a jamais été aussi favorable aux associations antiracistes qui, depuis des années, exigent que Tintin au Congo soit cantonné au rayon » Adulte » des librairies ; elles aimeraient, à force d’actions en justice, que l’ouvrage soit retiré de la vente ou, à tout le moins, précédé d’un avertissement dénonçant « ses préjugés racistes » de manière à « repositionner l’album dans son contexte historique ». Comme Mein Kampf et les pamphlets de Céline !  »

Je ne suis du tout d’accord avec cette pirouette de rhétorique.

Pourquoi vouloir que ne soit devolu qu’aux seules associations militantes « anti », le droit de protester, pour ce qui relève de la citoyenneté bien comprise ?

Oui!, des bd de Hergé véhiculent des clichés ouvertement racistes.

Et non! c’est pas  » comme » Hitler ou  » comme » Celine.

Oui! à notre époque , où tout le monde migre et voyage, et a accès à la totalité du monde en instantané, il n’est plus possible de ne pas dire que Herge a été raciste par conviction, à un moment de sa vie, moment auquel appartient  » Tintin au Congo ».

Et on peut bien penser qu’Hergé a déshonoré le racisme en le ramenant à une caricature charliesque, car les vrais salopards n’ont pas besoin de Tintin .
Il faut quand même, Passou, que vous oeuvriez à faire mettre un bandeau sur ces publications, un avertissement ! Ca fait trop longtemps que ça dure cette affaire judiciaire, de Tintin au Congo.
Depuis 2007 !
Merci pour les enfants ! ( ceux qui vont devenir des tetes de cons en commentant un match de foot où il y a des beaux blacks, et pensent regarder la vie des bêtes , ces mêmes racistes qui peuvent finir a l’AF !)
Car de 7 à 77 ans, il y a de la marge !

Marc dit: à

B.

Si vous avez plus de 50 ans je ne vous aime plus.

B dit: à

Si vous avez plus de 50 ans

C’est la fin, à distance nous ne le sentirons pas. Quittons nous sans être triste. La vérité cruelle nous sépare, le temps nous accuse, vous allez dans votre été , je me dirige vers des régions givrées , c’est extraordinaire avec cette chaleur!

B dit: à

Ineptes ces insanités qui souillent votre sillage, Sasseur. Qu’un tapis rouge soit déroulé pour votre passage. Le respect se perd, assurément.

Brinqueballe dit: à

Mais qui rendra leur prépuce aux petits circoncis ?

C’est là où le bas(sic) blesse, Jazzi.

Marie Sasseur dit: à

J’en ai marre de cette érotomane alcoolique, a la limite de la clochardisation, qui signe berenice.
Que ce redit encore une fois.

Marie Sasseur dit: à

enfin, c’est redit.

B dit: à

Sasseurcuisineaubeurre, ne projetez pas vos problèmes sur autrui. Ne sachant si l’alcoolisme qu’on vous concède de temps en temps relève du premier ou second degré, je me demande si vous ne souffrez pas en plus d’une mythomanie diffamatoire. Tranxene valium benzo , calmez-vous.

Bloom dit: à

La ville de Fort-Gono

Faut préciser, à l’usage des jeunes gén&raions, Baroz. Gono, c’est la chthouille, veuf corse. Les 2 trad anglaises du Voyage mettent un point d’honneur à édifier le lecteur.
Aux colonies sont immanquablement associées les maladies vénéneuses…conquérir l’Autre, c’est avant tout soumettre ses femmes. Tu peux en parler aux Japonais, qui en connaissent un rayon. Le Russes, aussi..Der Ivan kommt!

et alii dit: à

Par le titre du billet, P.Assouline n’a-t-il pas mis au coeur de la question du racisme la question du genre?
il y a quelques années, j’ai entendu enseigner qu’il n’y avait pas de sororité;
Ce blog n’apparait-il pas comme un blog d’hommes ? QUI NE SAURAIENT TENIR LEUR PROPRE BLOG ,(trop de travail ? )venus se réfugier sous l’aile de P.Assouline?

Marie Sasseur dit: à

# « Du moins si j’en juge par un plaisant gadget que mon fils m’a rapporté de la bas où c’est un produit touristique tout-venant :
C’est une reproduction en 3D d’environ 30 cm d’une elegante pirogue noire effilée sur laquelle galèrent a moitié nus une douzaine de rameurs noirs, et au bout de laquelle trônent inactifs,les regardant en majesté, deux blancs, d’une part Tintin et d’autre part tout en blanc sous son casque blanc, l’administrateur colonial »

C’est beau comme de l’antique, cette pirogue… On se croirait chez les bisounours partis faire un voyage organisé.

Faut pas  » juger » sur un exemple..

Le problème du suprémacisme blanc n’existe plus là où les Noirs sont historiquement de nouveau chez eux !

Enfin, il faudrait maintenant voir l’asservissement chinois opéré sur les pays d’Afrique.

l’ombelle des talus dit: à

@ Bécassine dit : à
Merci pour les enfants ! ( ceux qui vont devenir des tetes de cons en commentant un match de foot où il y a des beaux blacks, et pensent regarder la vie des bêtes , ces mêmes racistes qui peuvent finir a l’AF !)
Car de 7 à 77 ans, il y a de la marge !

L’innocence ne s’enfuit-elle pas avec le goût pour les bonbons ?
Sinon, beaucoup de résonance médiatique donnée à des causes qui ne sont hélas plus portées que par des ultra minorités n’ayant d’autre effet que de faire le buzz et de vendre de l’actualité (des vertus civilisatrices de la colonisation de Sarko au crime contre l’humanité de Manu, quel brassage de communiquants).
Allez, Slim Harpo (harpon me souffle le correcteur, sans doute sous l’influence du capitaine) :
https://www.youtube.com/watch?v=XWLvm11MAaM

Jazzi dit: à

« c’est extraordinaire avec cette chaleur ! »

Une fois passée la ménopause, B.
Ma mère disait : « retour d’âge »
Lequel, celui de la puberté ?

Marie Sasseur dit: à

# » L’innocence ne s’enfuit-elle pas avec le goût pour les bonbons ? »
J’avais une préférence pour les coquillages.

Jazzi dit: à

« J’avais une préférence pour les coquillages. »

Lécheuse !

l’ombelle des talus dit: à

Annonciateur d’un goût du pèlerinage, Bécassine ?

Marie Sasseur dit: à

Passou, puisque vous citez Celine, qui a fait le voyage qu’on sait, celui d’un mandaté par l’administration mondiale, j’ai  » découpé  » cette petite info, en lisant F. Sureau. Le professeur M. aurait été – à été puisque là-dessus, on peut lui faire confiance-, membre du jury de thèse de doctorat sur Semlelweiss. Ça alors …

Jazzi dit: à

Merci pour la note de bas de page, Bloom, claire et édifiante !
Autre temps autre monde.
La jeune génération d’aujourd’hui a choisi de combattre les… gestes barrières !

Marie Sasseur dit: à

Aïe , lire : a été, for sure.

Bloom dit: à

Le départ d’un paradis perdu.

Eh oui, rose.
Les doigts gourds du premier hiver en banlieue parisienne…mais qu’est-ce qu’on fout là?
Tintin est un paradis toujours présent, sur les étagères.Mon invitation au voyage à moi. Connus par coeur, grâce à l’entremise de Maurice Sarfati, George Wilson, Gaétan Jor et alii…

Marie Sasseur dit: à

# »Annonciateur d’un goût du pèlerinage, Bécassine ? »

Excellent, excellent. N’en ai fait qu’une étape en pointillés, en Espagne. Entre bodegas et monastères… un road movie.

Marc dit: à

Trop d’espoir dans le relief des sentiments mène celui ou celle qui y croit vers des contrées inespérées.

Jazzi dit: à

Les pèlerinages en général, et Saint-Jacques de Compostelle en particulier, ça se fait à… pieds, MS !

Marc dit: à

J’ai aimé une nuit une putain qui était triste comme une étoile éteinte.
Ce fut à la fois sombre et lumineux.

Marc dit: à

Au lieu de considérer les gens à part comme des personnes à part entière on les considère bêtement entièrement à part.

Jazzi dit: à

« J’ai aimé une nuit une putain qui était triste comme une étoile éteinte.
Ce fut à la fois sombre et lumineux. »

Traduction personnelle :

« J’ai aimé une nuit un prostitué qui était triste comme un anus éteint.
Ce fut sombre et vertigineux. »

Marc dit: à

Même si le paradis était les autres et moi-même je suis l’enfer, je me contenterai bien de mon bon et bel enfer personnel.

Jazzi dit: à

Passer de Baudelaire à Devos, ça ne se fait pas, Marc !

Marc dit: à

Pourquoi j’aime les prostituées ?
Parcequ’elles ne demandent que l’essentiel : L’argent.

Jazzi dit: à

Mais l’argent est un substitut de l’amour, Marc !

Marc dit: à

Charles et Raymond : Les deux visages d’une même muse, La poésie.

Marie Sasseur dit: à

Comment est-on passé. De Prisunic à Monoprix pour bourgeois avides de vintage ou de courses en ligne ?
Même ça, Passou, ça ne passe plus.
Prisunic a disparu en 2003, toutes choses que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Alors les bayaderes…

https://youtu.be/PPeYM0j_HCk

B dit: à

Une fois passée la ménopause, B.
Ma mère disait : « retour d’âge »
Lequel

J’imaginais que expression concernait les hommes, les femmes ne s’en cachant pas sans pour autant aller claironner la nouvelle, les hommes ne s’en vantent pas. Avec les nouveaux traitements les plus sexuels remercient à son effet, beaucoup prennent du ventre, peu se déssèchent. Personnellement, je ne pourrais pas aimer un bedonnant.

B dit: à

remédient.

B dit: à

Charles et Raymond , pourtant pas représentatifs du commencement et de la fin.
Baudelaire est capiteux, Queneau sans son bus ne serait pas Queneau. Un peu de Perec dans l’exercice.

D. dit: à

Film absolument superbe en ce moment sur Arte : Gervaise.

B dit: à

La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête, et ses convulsions

Sur l’immense gouffre.
Me bercent. D’autres fous, calme plat, grand miroir
De mon désespoir.

Janssen J-J dit: à

@ D’autres fous …

« D’autres fois », Charles ! Merci b. pour ce poème chéri entre tous. Bonne n. paisible.

Marc dit: à

La poésie est le cri des inspirés qui ne savent plus à quels anges se vouer ou à quels démons se dévouer.
Un cri ténébreusement muet.

l’ombelle des talus dit: à

Marc dit: à
La poésie est le cri des inspirés qui ne savent plus à quels anges se vouer ou à quels démons se dévouer.
Un cri ténébreusement muet.

Salisseur de mémoire ! Autodidacte !

l’ombelle des talus dit: à

Marc dit: à
La poésie est le cri des inspirés qui ne savent plus à quels anges se vouer ou à quels démons se dévouer.
Un cri ténébreusement muet.

Naboléon fit bien quelque émule

l’ombelle des talus dit: à

Cette source d’information devrait être ici proscrite, comme il se fait en Turquie, dans le but de protéger le quidam de ses propres aspirations (l’esprit critique nécessite de passer par le sérail, sinon, quoi ?)
https://fr.wiktionary.org/wiki/Nabol%C3%A9on

l’ombelle des talus dit: à

Moules à gaufre !

et alii dit: à

toréador de rondpoint! pythonisse d ‘hémicycle

JiCé..... dit: à

Mardi 28 juillet 2020, 5h14

Pour en revenir à des sujets fondamentaux, la relation homme-femme. Se prenant pour un animal supérieur, l’humain appelle amour ce qui n’est que baise fornicatrice. Concept on ne peut plus con, l’amour !

Aimer ne sert à rien, n’apporte rien, n’est que mensonge, et nous éloigne du bonheur simple : vivre pleinement nos corps sexués. Le reste n’est que littérature pour les enfants. Romeo et Juliette ? Tintin chez les Capulet…

rose dit: à

Vu Milou en mai.
Jubilatoire.
Au milieu d’une famille foutraque, Miou Miou à contre-emploi criante d’insupportàble, Dominique Blanc magnifique de retenue et de pudeur sensible, Milou trône.
Le partage de l’héritage, l’étalage de l’argenterie et des assiettes sur la table de la salle à manger alors que la défunte git, dans la bibliothèque à côté, ce confinement morbide révèle les caractères, les aigreurs et les rancoeurs passées.

Même Adèle cède à la concupiscence, revêtant le manteau en astrakan de la défunte.
Seul Léonce, le jardinier, avance serein. Sa droiture employée à creuser la fosse, les fossoyeurs étant en grève suite au déferlement de 68.
Bruno Carette le souligne, jouir sans entraves est prégnant toute la durée du film : « les femmes ont compris qu’elles jouissaient, alors maintenant elles veulent toutes jouir. C’est fini pour nous. »
La fin nous montre Piccoli fortuné, rejoignant sa mère défunte au piano pour la faire danser dans le salon dépouillé de tous les biens ; les rapiats sont repartis les coffres pleins.
Lui reste son coeur plein de l’amour de sa mère : éternité.

Louis Malle 1990.

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