de Pierre Assouline

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La République des livres
 Italo Calvino tout sauf perché

 Italo Calvino tout sauf perché

La tentation est grande de faire d’Italo Calvino (1923-1985) un écrivain perché. Les journaux y résistent difficilement. C’est la rançon à payer lorsque le titre d’un livre ou le nom de son héros accèdent à une grande et durable notoriété. De quoi porter préjudice à son auteur. Non que cela soit infâmant mais son génie propre, l’ampleur de son œuvre, sa diversité risquent d’en souffrir. Le cas de Calvino et la faute à son Baron perché (Il barone rampante, 1957), fable virant au conte philosophique, second volume d’une trilogie constituée également du Vicomte pourfendu (Il visconte dimezzato,1957) et du Chevalier inexistant (Il cavaliere inesistente,1959) plus tard rassemblés au sein d’un volume unique Nos ancêtres (I nostri antenati) qui offre une vision allégorique de la condition humaine moderne tout en étant ancré dans le XVIIIème siècle. Cette trilogie héraldique, ainsi qu’il l’appelait, est un concentré de son art poétique, de ses réflexions inactuelles (et donc encore d’une brûlante actualité) et de ses soucis métaphysiques. Toutes ses histoires tournent autour de questions d’identité, d’intégration dans la société, d’obéissance à la loi, de goût de l’insurrection.

Calvino jongle en virtuose avec la satire, le roman historique, le fantastique, l’ironie, mais une ironie pleine de bonté, jamais blessante ni humiliante. Ses personnages sont extraordinaires, ils sortent vraiment de l’ordinaire puisqu’on y croise un jeune aristocrate monté dans un arbre et qui décide d’y passer la reste de sa vie au risque de passer pour fou ce qui est sans importance puisque, justement, il entend montrer à la société qu’il interpelle qu’elle manque de folie ; un chevalier génois coupé en deux par un boulet turc et dont le côté gauche et le côté droit vivront chacun leur vie avant de finir par se rejoindre etc. C’est son côté fabuliste, le mieux connu et les pédagogues n’ont jamais regretté de l’avoir inscrit au programme au collège comme au lycée. Mais l’autre Calvino n’est pas moins fascinant : le chroniqueur et le critique de La Repubblica, l’éditeur chez Einaudi, l’essayiste, bref un intellectuel tout sauf perché.

Le Cahier de l’Herne qui vient de lui être consacré sous la direction de Christophe Mileschi et Martin Rueff (304 pages, 37 euros) rend justice à tous les Calvino en Italo. Un vrai festival d’intelligence, d’érudition, de sensibilité, d’esprit de finesse. Ce n’est pas envoûtant comme pourrait l’être par exemple un semblable recueil consacré à Kafka, mais c’est d’une séduction sans égale. On est certes instruit par les contributions de ses amis de toujours, ceux qui l’ont vu naître à la littérature et ceux qui l’ont entendu murmurer ses derniers mots à l’hôpital de Sienne devenu depuis un musée, des souvenirs pour l’histoire littéraire qui complètent ceux distillés dans l’épais volume de correspondance, quelque trois cents lettres échangées dans les années 1940-1985, qui vient de paraitre sous un titre à la Pavese, Le métier d’écrire (édition de Martin Rueff, 800 pages, 30 euros). De quoi combler les calvinistes canal historique.

Mais l’essentiel n’est pas là : il est dans les textes mêmes de Calvino, inédits ou non, qui constituent le gros de ce brillant Cahier de l’Herne. Plus on s’y engouffre, plus on est épaté puis conquis par sa lucidité et l’acuité de son regard porté sur les écrivains et la littérature. Bien sûr, la politique y a sa part à commencer par l’illusion communiste de l’après-guerre à laquelle l’ancien jeune partisan a cédé comme tant d’autres avant de se raviser (en 1957, peu après l’entrée des chars soviétiques à Budapest). Mais ce qui demeure in fine le plus mémorable sous sa plume, jamais daté, c’est encore tout ce qui le ramène à sa seule, sa vraie passion : la littérature, et en son sein, palpitante et exigeante : la langue.

Il y revient sans cesse, plus profondément qu’aux écritures à systèmes et contraintes, n’en a jamais fini avec elle car il la traite avec une méticulosité d’entomologiste ; c’ est bien le moins pour un jeune homme qui évolua entre un père agronome, une mère botaniste et un frère géologue ; cela le conduisit au départ à se lancer dans des études d’agronomie avant de bifurquer vers la pente naturelle qui le conduisit vers la poésie, la lecture, l’écriture. Car, on ne le dira jamais assez, il y a d’abord un grand lecteur en tout écrivain, certains avouant préférer cette activité faussement passive à l’autre apparemment active. Au vrai, Italo Calvino n’arrête jamais. Fêté, célébré, consacré par des nombreux prix, il poursuit comme au premier jour son exploration permanente et tous azimuts des formes littéraires éprouvées par les grandes traditions romanesques dans différentes langues que l’on croirait apprises exclusivement à cet effet dans toutes les villes où il vécut sans jamais trahir son cher pays, sa terre, la Ligurie.

On a rarement découvert sous la plume d’un écrivain réfléchissant à son art une telle soif de culture. « Si on n’étudie pas, on va se faire avoir » écrit-il à plusieurs reprises comme si le temps pressait alors que cette lettre à un ami date de 1947. Etudier, étudier encore et toujours car dans son esprit, comme une invitation à chacun à ne pas s’endormir satisfait sur son stock de culture,  il ne faisait aucun doute que la littérature était avant tout un instrument de connaissance. Imbattable est sa définition des classiques telle qu’il l’avait formulée dans un article de  L’Espresso du 28 juin 1981 repris dans le second tome de Défis aux labyrinthes (Seuil 2003) :

 « Est classique ce qui tend à reléguer l’actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur. Est classique ce qui persiste comme rumeur de fond, là même où l’actualité qui en est la plus éloignée règne en maître. Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire ».

Ce qu’il écrit de Cesare Pavese, ami, maitre vénéré qui l’avait adoubé, pilier de son Turin littéraire, et de Pier Paolo Pasolini, ami admiré malgré « les fortes réserves de poétique » que suscite en lui la lecture de son roman Les Ragazzi, rival de toujours (mais a-t-on idée de partager en deux le prix Viareggio pour distinguer deux jeunes écrivains en même temps, c’était en 1957 pour le Baron perché de l’un et pour Les cendres de Gramsci de l’autre !) est bouleversant car son émotion affleure entre les lignes. Et puis il y a la fraternité d’idées qui le liait à Raymond Queneau et à la bande de l’Oulipo dont il fut l’un des fidèles notamment pendant ses années parisiennes ; la ferveur pour Moravia, Vittorini, Hemingway vite supplanté par le massif de l’œuvre de Thomas Mann et tant d’autres encore, notamment Kipling jamais lâché depuis sa jeunesse et Conrad auquel il consacra son mémoire de maitrise de littérature anglaise. Ce qu’il aimait tant eux, ce n’est pas comme on pourrait le croire leur capacité à créer des personnages, exploit pour lequel il a peu de considération, mais leur faculté de transformer des faits en mots en logicien épris d’harmonie, tout de probité et de rectitude, ce que Pavese le premier sut déceler sous son jeune talent.

Par quelque côté que l’on s’en saisisse depuis la parution de son premier roman Le Sentier des nids d’araignée (1947), son œuvre déroute, étonne car elle ne correspond jamais à l’idée qu’on s’en fait (hormis les spécialistes, cela va de soi). Prenez par exemple Monsieur Palomar, livre du regard et du silence volontaire, entièrement fait de descriptions autour de cet observateur compulsif qui radiographie tout ce qui passe dans son champ de vision, son Bartleby et son Oblomov à lui, aussi résigné au silence que l’homme du sous-sol de Dostoïevski ne l’est pas. Dans ce grand petit livre, le charme même, Calvino est plus que jamais lui-même « l’homme à la langue entre les dents » comme l’observe Paul Fournel. D’après les maitres d’œuvre de cet ensemble très riche, son œuvre complète équivaut à sept volumes de la Pléiade. Peu de Français l’ont lue dans son intégralité. Outre la trilogie héraldique, Si une nuit d’hiver un voyageur (Se una notte d’inverno un viaggiatore,1979), mises en abyme encyclopédiques en rafales dans les pas d’un personnage nommé Lecteur à la recherche d’un manuscrit, a connu une vraie fortune critique.

On pourra désormais y ajouter ce Cahier de l’Herne car il est en grande partie du Calvino pur jus. Il faudrait en détacher les pages intitulées « Le livre, les livres », discours prononcé en italien à la Feria del libro de Buenos Aires (1984), les imprimer en un fascicule et le distribuer à tous les passants qui s’arrêtent devant la vitrine d’une librairie et hésitent à y pénétrer. Après l’avoir lu, ils ne pourront plus en sortir.

( « Italo Calvino, Marcello Mencarini, The Estate of Italo Calvino. »; « Italo Calvino chez lui, à Rome, en 1983. © ©Angelo TURETTA ; « Pier Paolo Pasolini con Italo calvino. Scatto da Federico Garolla © Centro Studi Pier Paolo Pasolini Casarsa della Delizia )

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature étrangères.

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commentaires

916 Réponses pour  Italo Calvino tout sauf perché

FL dit: à

Le problème avec Basquiat c’est qu’on ne sait jamais si ce sont les autres qui le pastichent, ou c’est lui qui pastiche les autres.

Un pasticheur par anticipation.

Bon son dernier tableau est un chef d’oeuvre.

https://www.youtube.com/watch?v=ijrf5Re8E60

FL dit: à

* chronologies

Dino dit: à

« Ce qu’il aimait tant eux… »

‘en eux’, je crois.

racontpatavi dit: à

du Calvino par jus

Pur jus, si vous voulez…

racontpatavi dit: à

« On peut y ajouter

On pourra désormais y ajouter »

La première phrase, si je m’abuse est de trop…

Sinon ça donne vraiment envie de lire ce Cahier de l’ Herne.
Merci Passou.

racontpatavi dit: à

ça

Votre texte, bien sûr!

pourmapar dit: à

Le problème avec Basquiat c’est qu’on ne sait jamais si ce sont les autres qui le pastichent, ou c’est lui qui pastiche les autres.

Beaucoup de faux en circulation…

J J-J dit: à

@ D’après les maitres d’œuvre de cet ensemble très riche, son œuvre complète équivaut à sept volumes de la Pléiade. Peu de Français l’ont lue dans son intégralité.

Il se trouve que durant mes trente dernières années, j’ai lu tout ce qui a été publié en français par Calvino lui-même… Aucun désir d’aller revisiter l’hydre de l’Herne aujourd’hui… Je ne cultive jamais aucune nostalgie et mes livres sont restés dans les cartons du déménagement. Les principes d’italocalvinisme chers à feu Michel Tournier firent long feu…
Bàv PA, et merci quand même pour cette chronique hélas un brin truffée de coquilles… M%’enfin, qui n’en commet pas… Laissons charoulet les rectifier, lcé. La dorsa.

D. dit: à

Ce billet a mal commencé et finira mal. Je l’ai vu en songe.

rose dit: à

Mon grand-père, Aimé, allait tous les jours acheter la Marseillaise au tabac du coin ; ma grand-mère lui disait « Mi, (comme moi) cache-le que tout le quartier ne sache pas que tu étais communiste. »
Connaissant mon grand-père, je doute fort qu’il ait eu caché le journal.
Aujourd’hui, sur la place aux huiles où longtemps a siégé la Marseillaise, Emma m’a raconté cette histoire.
Mon grand-père n’a jamais retourné sa veste, lui ai-je répondu.
(Budapest ou pas, pensé-je ce soir.).

rose dit: à

que tu es communiste

renato dit: à

Drones iraniens sur Israël. L’espèce aérien de la Jordanie fermé.

D. dit: à

Impayables, ces drôles iraniens !

D. dit: à

En l’espèce.

D dit: à

Plusieurs centaines de drones, volant à très basse altitude, donc très difficilement détectables par radar,vitesse d’environ 250 km/h, au dessus de l’Irak, de la Syrie, de la Jordanie. Départs probablement échelonnés dans le temps. Téléguidés ou se guidant seuls sur une coordonnée GPS. Donc les États-Unis brouillent très probablement leurs satellites GPS sur toute cette immense région. Ou les ont coupés. Premières arrivées sur cibles estimées à partir de 00h heure françaises.
250 km/h est une basse vitesse donc l’interception visuelle à la mitrailleuse lourde ou au canon antiaérien est tout-à-fait possible. Par missile sol-air aussi, bien sûr. Le problème est d’arriver à couvrir toute la frontière, impossible. Autre problème : la nuit.
Le Hezbollah au Liban est actuellement bombardé massivement par Israël de manière préventive.

D. dit: à

Rappelons qu’Israël avait attaqué un consulat iranien.

rose dit: à

L’espace aérien du Liban fermé.

renato dit: à

L’Iran menace les pays qui autoriseraient les forces israéliennes à traverser leur espace aérien.

Des avions de chasse britanniques participeraient à l’opération visant à intercepter les drones iraniens lancés contre Israël.

D. dit: à

Ah ouais ? Et d’où qui sortent donc ? D’une pochette surprise ?

D. dit: à

C’est peut-être des Harrier. Je vais appeler Phil, le spécialiste du Harrier.
Jazzi, envoie-moi son numéro silteplait.

D. dit: à

Allo, Phil ? Tu dors ?

Jazzi dit: à

Et que fait la France ?

D. dit: à

La situation est grave, je vais tenir un PC de crise dans ma cave où je stocke mes cageots d’endives dans le noir.
7 écrans : un BFM, un CNN, un C-news, un RdL, un France 24, un LCI, un Skynews, un Al-Jazzirhaah. Ça fait huit.

D. dit: à

Et que fait Moscou ?

D. dit: à

Et que fait Pékin ?

D. dit: à

Que fait Kolmar ?

D. dit: à

Que fait Hidalgo ?

D. dit: à

Et Pécresse ? Et Dati ?

Julienne79 dit: à

Mieux vaut se percher…

x dit: à

Le vicomte n’est pas pourfendu dans le sens indiqué ici : ce ne sont pas le haut et le bas, les moitiés supérieure et inférieure, qui vivent leur vie séparément, mais les moitiés droite et gauche.
Un détail ?
Il ne s’agit pas tant d’une question de plausibilité (capacités d’expression vocale d’une des moitiés, impossibilité de confusion entre elles quand revient la seconde) puisque de toute manière le récit n’est pas en mode « réaliste », que d’arrière-plan symbolique : si le corps n’avait pas été coupé en deux selon un axe vertical, on aurait difficilement échappé aux vieilles polarités aussi usées que problématiques pour la mauvaise et la bonne moitiés (la tête et/ou le cœur vs. « en dessous de la ceinture »).

Julienne79 dit: à

Oui, pourfendu de haut en bas…

rose dit: à

Un pays en danger.

rose dit: à

In fabula point org
Capes de Lettres modernes 2024

Jean Rohou écrit à propos de Jean de La Bruyère :

« Ce style, plein de procédés, est celui qu’il fallait pour créer, mimer, dénoncer une humanité d’automates, un univers sans substance où il n’y a que des phénomènes (dans tous les sens du terme), des signes sans signification. Il convient à un esprit critique qui n’espère pas transformer le monde. »

(Histoire de la littérature française du XVIIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2000, 2e éd., p.353).

Dans quelle mesure ce propos éclaire-t-il votre lecture des livres V à XI des Caractères de La Bruyère?

rose dit: à

partage et porte

rose dit: à

Avoir un président de la République médiocre, quel poids !

rose dit: à

Clopine,
Ai questionné ma mère sans entrer dans les détails : elle vous a donné raison.
Sur ne pas accepter les attaques menées contre vous et vous défendre.

Ce n’est en rien purulent, c’est sain.
Non au culte du secret.

Marie Sasseur dit: à

Parlant de l’œuvre de Calvino :
« Peu de Français l’ont lue dans son intégralité »

Alors ça va pas me déranger tellement, de n’en avoir rien lu.
Des contraintes formelles pour du fantasque. De la littérature qui se regarde elle-même. Non, merci.

Marie Sasseur dit: à

Faut réagir sur cette sextape?
Je ne sais pas s’il y a eu beaucoup de  » raison  » dans ce déballage de clopine. Mais dans le registre du harcèlement en ligne, elle y a apporté sa réponse. Dont acte. Égalité parfaite dans l’indignité et le sordide .

Patrice Charoulet dit: à

COUTEAUX

Plusieurs fois, j’ai demandé la fermeture des armureries. On m’a objecté les chasseurs. Les chasseurs sont le cadet de mes soucis. D’après moi, nul ne devrait avoir le droit de posséder une arme à feu, sauf s’il est policier ou militaire.
La seule armurerie de ma petite ville, Dieppe, ne vend pas d’armes à feu . A la bonne heure ! Hélas, elle vend des centaines de couteaux à cran d’arrêt. Or, à chaque fois qu’on nous montre à la télé un homme qui se met à tuer plusieurs personnes, il tue non pas avec un couteau à beurre, non pas avec un couteau à couper le pain, mais avec un couteau à cran d’arrêt. La vente de cette…arme devrait être tout simplement interdite. La vente et la possession.

P.-S. J’ai vu qu’à propos de couteaux à cran d’arrêt, des virtuoses ont trouvé moyen de nous reparler de la couleur de peau , chiffres en main. Ce sera sans moi. J’avais oublié que nous sommes à quelques semaines d’élections et que, pour certains, toutes les occasions sont bonnes à saisir.

Bloom dit: à

du Calvino par jus.

C’est plutôt « pur » jus, innit, Passou?

Bloom dit: à

Ce sont les couteaux de boucherie qui tuent, les feuilles de bouchers, couteaux de chef.
Fermons les rayons « cuisine » des supermarchés, les ventes en ligne, et postons des vigiles devant les cuisines des restos, les boucheries et les charcuteries.
Fermons également les magasins de bricolage, l’attaque à la perceuse, à la tronçonneuse, à la hache ou au débrousailleur pouvant survenir à tout moment.

Rushdie, enchanté par ses fables, est un grand admirateur de Calvino.

Paul Edel dit: à

Excellent papier d’Assouline…
Ayant reçu le livre « Une vita violenta » de son ami Pier Paolo Pasolini, (qui vient de paraître chez l’éditeur Garzanti) Italo Calvino lui adresse une lettre de San Remo le 9 juin 1959 pour lui dire ce qu’il pense de cet ouvrage. Et, comme souvent, Calvino se révèle un lecteur exigeant avec ses amis.

« Cher Pierpaolo,
je l’ai lu en entier. Très très beau. Avec une très nette longueur d’avance sur tous les autres livres que nous publions aujourd’hui. C’est le genre de livre qu’il fallait écrire. Toutes les choses(presque toutes les choses) que je voudrais trouver dans un livre sont là. C’est un livre comme j’aurais voulu en écrire(avec toutes ces choses à l’intérieur et des plus variées avec ça) et que je n’écrirai jamais, mais je suis content qu’il ait été écrit, content que la littérature d’aujourd’hui ne soit pas si différente de la littérature que je voudrais.
Par rapport aux «  Ragazzi » il y a un saut qualitatif,parce que dans les « Ragazzi »(aussi magnifique que soit ce livre, entendu comme poème lyrique) , la tension individuelle faisait défaut, le frottement avec le monde, et l’humanité était de la confiture.Ici pas de confiture interchangeable, les gens ne sont pas comme une foule de Chinois, ici il y a une tension, des tensions individuelles différentes, pas tant le personnage, qui ne nous intéresse pas en tant que tel, mais l’arc que dessinent les vies humaines, le sens qui se dégage progressivement de la folie des gestes les uns après les autres(..)
En somme il y a la violence, la poussée, l’épique, cette nuit du chapitre 2 qui est formidable, déjà dans les « ragazzi » il y avait une belle nuit à tourner,mais aucun rapport avec celle-ci, et toutes les batailles sont magnifiques, c’est justement cela qu’il nous fallait, un écrivain de batailles, et moi qui croyais que tu étais du genre à rester de ton côté à t’attendrir, alors que tu es un magnifique écrivain de batailles, jusqu’à celle de Forlanini que tu as parfaitement réussie, et puis on parle d’une solution du point de vue du récit, des images et des symboles qui est une réussite de premier ordre. En somme, on court à l’intérieur de ce livre comme dans un livre de Stendhal à la différence près qu’au centre de ce dernier, il y avait toujours une volonté, une charge idéale, alors qu’ici il y a une tête complètement vide, un demi-crétin, mais toute la littérature moderne est ainsi, avec en son centre un vide qui se meut, une cavité, mais il faut encore remercier qu’il puisse se mouvoir, et puis toutes les manières quelles pensées tu voudrais lui mettre dans la tête, pour peu qu’il pense, il penserait des choses crétines, alors c’est mieux ainsi(..)
Je n’arrive pas à te parler de la langue, qui est pourtant la chose la plus importante. Je te dirai que je n’aime pas du tout le chapitre I parce que comme il a pour fonction de faire couleur locale, tout y est construit sur la répétition de mots qui n’obéissent qu’à cette seule fonction, comme bouillasse, saleté, pourrave, paperasse ; le secret eût été de faire disparaître tous ces mots là, et de mettre, que sais-je ? Des mots qui expriment des états d’âme et des mouvements. Le secret est toujours de cacher les vrais mots clefs et de miser sur d’autres mots en cherchant l’équivalent ou le contraire en partant d’un autre côté.
Salut.
Calvino »
(Traduit de l’italien par Christophe Mileschi et Martin Rueff dans « Le métier d’écrire »,correspondance(1940-1985))

Bloom dit: à

Où il est questipn de couteaux, de « missiles », de protection & de survie:

« Salman Rushdie has revealed an abiding sense that his survival after a brutal knife attack two years ago was a miracle, in spite of his lack of spiritual faith. “I do feel that something happened that was not supposed to happen and I have no explanation for it,” Rushdie said this weekend before the publication of Knife, his account of the incident.

“I certainly don’t feel that some hand reached down from the sky and guarded me,” but it still presents a contradiction, he admits, “for one who doesn’t believe.”

Reading from his new memoir during an American television interview for the 60 Minutes show, Rushdie, 76, describes his assailant as “a squat missile” coming in at him “hard and low” in black, “the last thing my right eye would ever see”.

L’intégralité sur:
https://www.theguardian.com/uk-news/2024/apr/13/salman-rushdie-knife-attack-survival

Bloom dit: à

« Le Sentier des nids d’araignées », premier roman de Calvino est au programme de l’agrégation d’italien 2025, au sein d’un corpus consacré à la « littérature de la Résistance » qui comprend Fenoglio, Meneghello, Pavese Cesare,& Viganò.

Janssen J-J dit: à

…et les corbaks vinrent les derniers, que d’autres n’y vinrent même pas. Grand bin leur fît, à la maison !…
———-
@ MS / Alors ça va pas me déranger tellement, de n’en avoir rien lu.
@ PC / Ce sera sans moi.
———-
@ CT & MT & Ch. A (oui !) – « Des mots qui expriment des états d’âme et des mouvements. Le secret est toujours de cacher les vrais mots clefs et de miser sur d’autres mots en cherchant l’équivalent ou le contraire en partant d’un autre côté. Salut. Italo ».

Bàv, 14.4.24, -> bon anniversaire @ Danielle H.

closer dit: à

Monsieur Charoulet demandait l’autre jour à la cantonade si nous connaissions un seul journal qui ne critique pas le Gouvernement. J’ai réfléchi et je n’ai pas trouvé, sauf peut-être L’Equipe et Paris Turf, mais je crains que cela ne réponde pas vraiment à sa question.

Il est effet à peine croyable qu’il ne se trouve pas un seul organe de presse qui reconnaisse l’évidence: ce Gouvernement affiche une réussite exceptionnelle dans TOUS les domaines. Une question de gaulois réfractaire sans doute???

Une suggestion pour Monsieur Charoulet: qu’il réunisse quelques sous avec des amis et qu’il lance un nouveau journal qui ne critiquerait jamais le Gouvernement Macron-Attal.
Il pourrait l’appeler « L’Observateur Populaire » ou « La Vérité » (je traduis pour Monsieur Charoulet peu au fait des réalités étrangères: le « Völkischer Beobachter » ou la « Pravda »).

Passou dit: à

Merci X, Racontepatavi et Bloom pour les corrections.

D. dit: à

M. Charoulet va régler sans chasseurs le problème de la pullulation des sangliers, chevreuils et lapins qui dévastent les cultures. Bravo !
En plus, ça m’a permis d’user du mot pullulation, que j’aime beaucoup.

renato dit: à

Et demain, tout le monde dans la rue pour soutenir le régime de Khamenei… juste pour réaffirmer la stupidité dominante.

D. dit: à

Plus j’écoute Brahms, plus je constate que son oeuvre est globalement médiocre, un peu comme celle de Mahler. Pourquoi attacher autant d’importance à ces deux musiciens en réalité mineurs ?

D. dit: à

Mahler n’est en somme qu’une sorte de Boulez de la fin du 19ème.

D. dit: à

Il paraît que Brahms était un compositeur intransigeant et qu’il a détruit beaucoup de ses compositions. Vu ce qui reste, puis-je le qualifier de compositeur définitivement incompétent ?
Sur Wikipédia, on évoque un successeur de Beethoven. C’est insultant pour Beethoven, musicien cent fois supérieur à Brahms.

Bloom dit: à

Et demain, tout le monde dans la rue pour soutenir le régime de Khamenei…

85 millions d’habitants en Iran, quelques centaines de fêtards payés par le régime pour danser dans le rues.
Echec militaire et « diplomatique », le simulacre ne trompe personne tellement il est ridicule.
On serait presque tenté de rire s’il n’y avait pas quand même plus de 30 000 morts à Gaza (équivalent en France, 1 million) qui font suite aux 1 250 morts du 7 octobre (équivalent en France 10 000).
Ce qui se pense en Israel, c’est que le gouvernement n’a rien à foutre des otages qui sont des laïcs, majoritairement de gauche, pour la paix & la coexistence pacifique. Si les terroristes avaient kidnappé des colons millénaristes, la stratégie serait complètement différente.
Monstrueuse ironie.
Monstruosité des religions.

Clopine dit: à

Merci, Rose, mais c’est vrai que je ne sais pas bien me défendre. J’ai voulu faire sentir à Jazzy ce que ça fait de voir des confidences, des éléments, utilisés de manière malveillante, détournés par des interprétations bien entendu rabaissantes. Mais d’une part ça ne sert à rien, et d’autre part c’est rabaissant pour soi-même de rentrer dans ce jeu pourri. Donc, tant mieux si je ne suis pas douée pour ça : cela dit quelque chose de moi qui est en réalité plutôt positif, à mon sens. Je regrette d’avoir accordé du crédit à quelqu’un qui, lui, semble parfaitement à l’aise avec ce genre de procédé.

FL dit: à

Très bon article dans « L’Humanité » sur les émeutes de 1834 et leur répression en particulier rue Transnonain. Tout paris : Bugeaud, Blanqui, Ledru-Rollin. Révisez vos avenues.

La mort de Michel Chrestien c’est 1832. Mais c’est du pareil au même.

FL dit: à

* Tout Paris

FL dit: à

Pier Paolo Pasolini décrit dans « Salo » une scène de violence politique italienne. L’assassinat par les messieurs d’un résistant.

Les messieurs sont des fascistes.

Je crois qu’on ne s’avance pas trop si on dit que Pasolini met en scène l’assassinat de son frère.

Sauf que son frère n’a pas été assassiné par des fascistes mais par des communistes.

Ah la fiction !

FL dit: à

« Les Cendres de Gramsci » prennent une toute autre couleur.

Claudio Bahia dit: à

@ Une suggestion pour Monsieur Charoulet: qu’il réunisse quelques sous avec des amis et qu’il lance un nouveau journal qui ne critiquerait jamais le Gouvernement Macron-Attal.
Il pourrait l’appeler « L’Observateur Populaire » ou « La Vérité » (je traduis pour Monsieur Charoulet peu au fait des réalités étrangères: le « Völkischer Beobachter » ou la « Pravda »).
Trop fort !! Q’est-ce qu’il se prend ce pauvre Charoulet. C’est vrai aussi qu’il cherche les baffes, le « Agnan de ces lieux ».
Par contre je ne le verrais pas nommer son journal « l’Attaquant », je ne sais pas pourquoi.

Très intéressant texte de Passou, mais je ne connais rien des personnages cités, inculture totale de ma part.

rose dit: à

. Mais d’une part ça ne sert à rien, et d’autre part c’est rabaissant pour soi-même de rentrer dans ce jeu pourri.

Clopine,
Vous avez raison.

renato dit: à

Je pensais plutôt aux écervelés de chez nous, Bloom.

Paul Edel dit: à

Quand on lui posait des questions sur sa vie,Italo Calvino se fermait, et vous regardez d’un air sombre , je l’ai constaté une fois au cours d’un interview. Dans une lettre destinée à Claudio Milanini datée de 1985  Calvino écrit: « Chaque fois que je vois ma vie figée et objectivée, je suis pris par l’angoisse, surtout quand il s’agit des détails que j’ai moi-même donnés ; […] en disant les mêmes choses, avec des mots différents, j’espère pouvoir détourner mon rapport névrotique à l’autobiographie. »

Ou encore : « Les donnés biographiques : je fais partie de ceux qui croient, avec Croce, que d’un auteur importent seulement ses œuvres (quand elles comptent, bien évidement), donc les données autobiographiques je n’en donne pas, ou j’en donne de fausses, ou j’essaierai de les changer à chaque fois. Demandez moi ce que vous voulez savoir, je vais vous le dire. Mais je ne vous dirai jamais la vérité, de ça vous pouvez en être sûr. »Lettre à Germana Pescio du 9 juin 1964

Rosanette dit: à

J’ai découvert Italo Calvino il y a très longtemps avec un texte très différent de sa production ultérieure
Un texte d’inspiration autobiographique, d’une ironie cruelle , et iconoclaste contre les instances politiques: »La journée d’un scrutateur. » L’auteur nous associe à la tournée d’un vacataire ,qui est chargé d’aller recueillir dans divers hospices les votes-nécessairement bien orientés- de pensionnaires en perte d’autonomie, qui y sont parqués
Souvenir d’une écriture éblouissante de brio et d’intelligence.
Si d’aucuns ici ne connaissent pas encore ce bref roman, ils ne seront pas déçus d’aller voir

Jazzi dit: à

Etonnante attitude de Pier Paolo Pasolini sur la photo d’illustration.
On a l’impression qu’il se retient de ne pas envoyer son poing fermé dans la gueule de quelqu’un, mais de qui ?

Jazzi dit: à

Oui, Rosanette.
Grâce aux extraits de Paul Edel, on découvre combien est violente la réaction de Calvino contre les éléments à caractère autobiographiques en littérature : « Mais je ne vous dirai jamais la vérité, de ça vous pouvez en être sûr. ».
Et pourtant, sa lettre est pleine d’éloge pour les romans de Pasolini, qui, eux, n’en manquent pas !
Que faut-il en penser ?

Jazzi dit: à

On parle généralement de la sempiternelle « solidarité masculine ».
Mais que dire de la solidarité féminine qui semble se manifester ici, à mes dépens ?

renato dit: à

« Que faut-il en penser ? »

Rien Jazzi. Chacun a ses manières particulières d’être, ses opinions et ses choix, mais il importe qu’un artiste accepte les différences.
Puis, évidemment, il y a des opinions incompatibles. Pasolini, par exemple, était comme Magris contraire à l’avortement ce qui donna lieu à une polémique dont je me souviens encore surtout pour la la rage contenue, mais blessante de Calvino dans un article pour le Corriere : « Dans l’avortement, c’est la femme qui est physiquement et moralement massacrée ; même pour un homme conscient, chaque avortement est une épreuve morale qui laisse des traces, mais ici le sort de la femme est tellement disproportionné par rapport à celui de l’homme, que tout homme doit se mordre la langue trois fois avant de parler de ces choses. Au moment où l’on essaye de rendre moins barbare une situation vraiment épouvantable pour les femmes, un intellectuel use de son autorité pour maintenir les femmes dans cet enfer. Tu es un irresponsable… ».
Il y a aussi eu la question des valeurs de l’Italie paysanne et paléocapitaliste chères au Pasolini, qui, selon Calvino, comportaient « des aspects détestables pour nous qui les vivions dans des conditions un peu privilégiées ; sans parler de ce qu’elles étaient pour des millions de gens qui étaient vraiment des paysans et qui en supportaient tout le poids ». Mais cela fera l’objet d’un prochain post.

renato dit: à

oups ! chères au > chères A

Jazzi dit: à

Oui, renato.
On pourrait même dire que Pasolini est mort de ses contradictions (ou convictions) ?

racontpatavi dit: à

« Chaque fois que je vois ma vie figée et objectivée, je suis pris par l’angoisse, surtout quand il s’agit des détails que j’ai moi-même donnés ; […

Italo Calvino s’il était avec nous en ces jours, emprunterait de multiples pseudos.

Jazzi dit: à

Je pense à un pseudo en particulier, rcptv…

vadeboncoeur dit: à

la solidarité féminine qui semble se manifester ici, à mes dépens ?

A part votre côté « fouille slip » souvent désagréable, Jazzi, la querelle est disproportionnée. Nous sommes tous ici involontairement mis au courant des déboires existentiels, psycho-sociologiques pour ne pas dire plus de CL.
On ne vous a, par contre, jamais entendu à propos de vos manières coutumes où us de vie avec votre, vos où que sais-je, conjoint.
Cela n’a pas beaucoup d’ intérêt pour nous.
C’est franchement ennuyeux même avec la touche de voyeurisme qui s’y colle. Il en va de même pour les monologues de rose avec sa môman versus son papa, même parfois elle a de l’ humour.
Il faudrait inventer l’ histoire d’ un grangeon sous le mode mineur ou majeur.

Bloom dit: à

Ils ne comptent pas ceux là, renato.
L’EI est bien plus dangereux que l’ Iran et le terrorisme plus à craindre que les guerres conventionnelles entre états.
Cela dit, il ne fait pas bon vivre dans cette région du monde en ce moment…même les haredim menacent de quitter Israël s’ils sont forcés de faire leur service militaire….pour aller où ?

vadeboncoeur dit: à

même SI parfois

renato dit: à

Calvino était un bon dessinateur et publia dans sa jeunesse des dessins humoristiques dans Bertoldo, un hebdomadaire milanais, sous le pseudo Jago. Nombreux étaient ceux qui pensaient qu’Italo Calvino était un pseudo comme Italo Svevo.

renato dit: à

Avant tout, Bloom, se rappeller que l’opposition iranienne a toujours été pro-israélienne et qu’elle reste forte malgré la répression du régime, qui est en fait plutôt opposé à l’escalade militaire, car il craint qu’elle ne déclenche son implosion.

Le problème de notre peuple déséquilibré est qu’il alimente l’antisémitisme qui est déjà bien présent ici.

renato dit: à

Le régime, est plutôt opposé à l’escalade !

et alii dit: à

@ Pasolini, par exemple, était comme Magris contraire à l’avortement ce qui donna lieu
je ne crois pas que l’on écrive volontiers qu’une personne est » contraire à « ;
plutôt dirait-on , si c’est bien le sens « opposé à » ;
mais je ne suis pas tenue de « corriger » selon mon entente du contexte de blog, et de ses fraternités »
bonnes journées

Jazzi dit: à

« du contexte de blog, et de ses fraternités »

Quid de ses sororités, et alii ?

renato dit: à

Contraire vaut aussi « Qui est tout à fait opposé à… »

et alii dit: à

la »signification « n’est pas seule en question: il y a la construction , parfois « la préposition »
quant à « vaut pour »,je suis sceptique sur cet emploi

Paul Edel dit: à

Jazzi, si on lit le volume de la correspondance d’italo Calvino publiée sous la direction de Martin Rueff et dont parle Pierre Assouline-et qui n’est qu’un choix de lettres- on découvre que Calvino est d’abord un directeur littéraire exigeant et de première force dans le sérieux de ses arguments. Il analyse en détail les textes avec minutie et sans aucune complaisance , parfois une cruauté froide( voir ce qu’il écrit au poète Mario Cerroni en avril 1956 (« vous ne faites rien d’utile. Vous chantez. » Ou bien en juillet 1949, quand il éreinte « Entre femmes seules » de son cher ami si proche Pavese(« quant au lesbianisme personne n’y croit.. ») Il sait définir en quelques phrases lumineuses toute une œuvre. Ainsi comme dans cette lettre à François Wahl du 22 juillet 1958, dans laquelle il résume l’art de Giorgio Bassani (l’auteur du « Jardin des Finzi-Contini » et de Lunettes d’or ) :
« L’ œuvre dérive tout entière d’un traumatisme fondamental: la persécution antisémite analysée dans la société bourgeoise de Ferrare. Les relations qui lient Bassani à Ferrare et à sa bourgeoisie sont marquées par la duplicité : d’une part, il éprouve un sentiment nostalgique pour une époque dont il sentait qu’il faisait partie, d’autre part, une haine mortelle causée par l’offense. Les deux sentiments se mêlent et se superposent continûment et ils font la singularité de l’accent Bassani. »
Dans les premières années 70, on sent chez lui dans ses lettres une tristesse, une solitude et de l’amertume. Une lettre à Elsa Morante du 5 août 1973 donne le ton :
« Chère Elsa,
j’entends dire par nos amis communs que tu es sur le point de finir-ou que tu as peut-être fini- ton roman (il s’agit de La Storia).
Cela me console parce que vraiment je suis très découragé de cette désolation générale des livres qui sortent, désolation dont je sens qu’elle se répercute sur moi, m’ôte l’envie d’écrire, car les livres ne peuvent pas pousser s’ils ne trouvent pas autour d’eux une compagnie de congénères qui leur répondent. »

Enfin il faut lire la lettre de plusieurs pages adressé par Calvino le 1er Août 1957 à ses chers camarades de la Fédération turinoise et au secrétariat du Parti. Cette lettre de démission officielle est nette, directe, vibrante et tragique car Calvino était entré au Parti à 20 ans et avait participé aux côtés des « camarades » aux combats contre les fascistes.
Il demande que sa lettre soit publiée dans le grand journal l’Unita dans lequel il a souvent écrit.. Il dénonce au passage « la pauvreté de la littérature officielle du communisme ».

Jazzi dit: à

N’y at-il pas incompatibilité entre la fonction de directeur littéraire et celle d’écrivain, Paul ?

renato dit: à

Être contraire à… aller à l’encontre de…

Bloom dit: à

La Storia, où j’ai appris le verbe « coventriser ».Elsa Morante, quel découverte quand on a 20 ans…

et alii dit: à

je ne crois pas que l’on écrira que l’iran va à l’encontre des femmes refusant le voile
ni
l’iran est contraire aux femmes non voilées

Paul Edel dit: à

Jazzi ,Calvino et Pavese furent deux directeurs littéraires passionnants et deux excellents écrivains ,donc, la réponse, en Italie, est :pas d’incompatibilité. En France, c’est plus délicat. Jean Cayrol et Nourissier furent deux directeurs littéraires appréciés et deux bons écrivains.

poussière dit: à

Some of my best friends are the blues

renato dit: à

Surtout et al. est agacée pour le mot « misonéiste ». Or, à ce propos, le Larousse nous dit : « Qui manifeste de l’aversion pour le changement, le progrès » ; donc, si plutôt qu’emmerder le people, elle devait ouvrir le dico. In fine, « misonéiste » n’est pas un mot du dimanche plus que ce « philistin » si cher à Adorno et aux étudiants allemands. Enfin, pour paraphraser ce dernier, s’ils ferment Google, avec sa culture, elle pourrait juste se faire un string.

renato dit: à

Chacun corrigera les erreurs.

Rosznette dit: à

il me semble qu’en français « contraire » n’est synonyme d' »oppose » que dansle domaine de la logique, pas dans le domaine de la pensée

Patrice Charoulet dit: à

Je vous signale quelques dictionnaires unilingues qui me semblent utiles :
Bernard Dupriez, Gradus, Les procédés littéraires (Dictionnaire), coll. 10/18
R. Galisson et D. Coste, Dictionnaire de didactique des langues, Hachette
Alain Rey, Dictionnaire des expressions et locutions, éd. Le Robert
Bruno Lafleur, Dictionnaire des locutions idiomatiques françaises, Duculot éd.
J. Dubois, R. Lagane, Dictionnaire de la langue française classique, Belin éd.
Gaston Cayrou, Dictionnaire du français classique, Klincksieck
Henri Bénac, Guide alphabétique des difficultés du français, Marabout
Maurice Rat, Dictionnaire des locutions françaises, Larousse
Algirdas Julien Greimas, Teresa Mary Keane, Dictionnaire du moyen français, La Renaissance, Larousse
Christian Plantin, Dictionnaire de l’argumentation, Une introduction aux études d’argumentation,
Ens éditions
Henri Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, PUF, 1210 pages
Dictionnaire rationaliste, Editions de l’Union rationaliste, 1964
Gérard Cornu et alii, Vocabulaire juridique, PUF, 862p, 1992
Alain Bénabent, Yves Gaudemet, Dictionnaire juridique 2023, LGDJ
Paul Foulquié, Dictionnaire de la langue philosophique, PUF, 1962
Noëlla Baraquin, Anne Baudart, Jean Dugué, Jacqueline Laffitte , François Ribes, Joël Wilfert,
Dictionnaire de philosophie, Armand Colin, 1995, 345p.
Louis-Marie Morfaux, Vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Armand Colin
Michel Blay et alii, Grand dictionnaire de la philosophie, Larousse/CNRS (avec une cinquantaine de dissertations de haut niveau), 1138 p. , 2012
Olivier de La Brosse et alii, Dictionnaire de la foi chrétienne, tome 1, Cerf, 1968 , 835p.
Jean-Paul Colin, Dictionnaire de l’argot, Larousse ( avec une foule d’exemples d’argotiers et , à la fin , un glossaire français-argot et une bibliographie), 763 p.
Alain Rey, Dictionnaire amoureux des dictionnaires
François Caradec, Dictionnaire du français argotique et populaire, Larousse
Pierre Perret, Le parler des métiers , dictionnaire thématique alphabétique, Robert Laffont, 2002
(Ce dictionnaire a demandé douze ans de travail)

Bloom dit: à

Sauf erreur, Calvino est en train de feuilleter le TLS (Times Literary Supplement), avec sa dernière page de pub pour l’OED (Oxford English Dictionary) en 2 volumes, références incontournables pour tout angliciste, hier, aujourd’hui et demain.

Jazzi dit: à

« Jean Cayrol et Nourissier furent deux directeurs littéraires appréciés et deux bons écrivains. »

Merci, Paul.
Des exceptions, donc.
Pour ma part, aucun des grands écrivains français que j’aime, ne fut jamais directeur littéraire (à ne pas confondre avec critique littéraire) !
Un directeur littéraire à une lecture analytique des textes, l’écrivain, lui, suit plutôt une ligne plus intuitive…

et alii dit: à

c’est vraiment tres mal penser que de croire que je peux être agacée par un mot lu sur la RDL? ou une interprétation d’un erdélien;j’ai d’autres préoccupations que leur divertissement;
bonsoir

Bolibongo dit: à

Et une symploque, Patrice Charoulet, vous savez ce que cela signifie?

Bolibongo dit: à

J’ai ce dictionnaire à portée de main : Bernard Dupriez, Gradus, Les procédés littéraires (Dictionnaire), coll. 10/18, très bien!

Sinon, symploque, ça me bloque…

et alii dit: à

RAVIE PAR LE SOURIRE GOURMAND DE CALVINO
MERCI

et alii dit: à

pas du tout perché:
Assemblée nationale : qu’est-ce que le perchoir ?

et alii dit: à

perchoir
On en trouve la première trace dans l’ouvrage satirique L’Assemblée nationale comique d’Auguste Lireux, qui dépeint le député Louis Mortimer Ternaux en ces termes : « beau à la tribune comme le cacatoès sur son perchoir »…

puck dit: à

magnifique article sur un magnifique écrivain.

ah le monde des livres et de la culture…. quel meilleur moyen de nous immuniser contre la pensée unique.

le livre est le lieu d’apprentissage d’une hétérogénéité de la pensée provenant de la faculté des individus à pouvoir penser par eux-mêmes…

: « Est classique ce qui tend à reléguer l’actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur »

cette phrase prend tout son sens aujourd’hui où l’actualité décrite par nos médias est devenue une pensée homogène, non pas une pensée unique, mais une pensée homogène ce qui est différent.

une pensée homogène qui correspondrait donc à une réalité elle-même homogène faite de causalités et de conséquences homogènes.

ce n’est pas trop le cas aux US où il existe encore une forme d’hétérogénéité, plus dans la version numérique que papier (cf NY Times et WP) sauf qu’il est question de Trump.

c’est surtout le cas dans ce grand pays de la culture qu’est la France, aussi en Allemagne (ce pauvre Habermas doit se retourner dans sa tombe) mais le pire du pire c’est l’Angleterre : on sait pas trop ce qui est en train d’arriver aux anglais mais ils pataugent complet dans la semoule, les médias anglais c’est carrément un épisode de black mirror.

cette homogénéité vise à fabriquer de toute pièce une opinion homogène.

le problème est que cette homogénéité médiatique continue de se heurter à une hétérogénéité des opinions.

à partir de là 2 cas possibles :
– soit cette entreprise d’une fabrication d’une pensée homogène finira par rendre homogène la pensée des peuples.
– soit hétérogénéité d’individus capables de penser par eux-mêmes l’emportera.

c’est là le duel le plus important dans les années à venir pour les démocraties occidentales d’autant que plus l’homogénéité se heurte à une réalité complexe qui la dément et montre ainsi qu’elle se trompe.

j’ai bien peur que ni Calvino, ni Kafka, ni Orwell ne puisse nous venir en aide.
peut-être Shakespeare ?

D. dit: à

Je vais quitter ce blog.

renato dit: à

« Je vais quitter ce blog. »

Il y a une fable d’Ésope où un jeune berger criait au loup pour se faire secourir par les villageois alors qu’il ne courait aucun danger ; mais quand le loup commença vraiment à attaquer son troupeau, il cria au loup en vain.

Jazzi dit: à

« D. dit: à
Je vais quitter ce blog. »

Je te suis de ce pas, D. !

rose dit: à

Maître corbeau sur son arbre perché.

rose dit: à

Je vous suis de ce pas D. et Jazzi.

D. dit: à

Ben oui, quoi. Y en a marre de marre.

D. dit: à

Je t’en foutrais, moi, des réalité elles-même homogènes faites de causalités et de conséquences homogènes.

renato dit: à

N’aviez-vous pas quitté le blog ?
Incidemment, pas besoin de vos éléments d’emprunt.

Marie Sasseur dit: à

Incidemment R’né devrait se moucher et dire merci à la dame qui lui explique qu’en logique, l’expression  » être contraire à » ne s’emploie pas pour opposer le nom d’une personne à un fait ou une idée. Il aurait fallu dire : telle personne est contre ceci ou cela.

Bloom dit: à

Déclaration développement tension résolution le tout en deux quatrains et un couplet, telle est la forme d’une sonnet shakespearien selon Dan Patterson qui parle de la capacité de WS à transformer le matériau solide de la langue et de la forme en un suite poétique liquide.
Sans évacuer certains ratés.

Marie Sasseur dit: à

On ne comprend rien du billet si on ne rappelle pas qu’ Italo Cakvino est entré au comité de lecture Einaudi, comme on entre en religion, une vocation, depuis 1947, jusqu’à sa mort.

Marie Sasseur dit: à

Aïe , lire Calvino

rose dit: à

Môman versus Papa. Et la bonne ?

Rosanette dit: à

@M Charoulet
Votre rapport aux dictionnaires me fait penser au rapport d’Harpagon à l’argent ;il n’en a jamais assez il est habité, dévoré, par son avidité d’en posséder toujours plus , mais il n’en fait rien de généreux , de constructif ou de joyeux
Ainsi malgré tous les volumes que vous aurez accumulés , vous serez toujours en retard avec ces ouvrages nécessairement muets sur ces innovations permanentes qui sont la vie de la langue ;cette langue dont vous semblez ne pas apprécier le dynamisme créateur et inventif et que vous ne paraissez aimer que momifiée dans les bandelettes du « bon usage », votre cassette .

Paul Edel dit: à

Calvino a longtemps hésité entre le journalisme et l’édition. Fin avril 1948 Calvino abandonne les éditions Einaudi pour devenir rédacteur au journal communiste L’Unita -édition de Turin. Il y restera jusqu’en 1949. C’est chez Einaudi qu’il fréquente et travaille avec les meilleurs écrivains collaborateurs de la maison d’édition, Pavese, Ginzburg, et le très engagé Vittorini (qui fut l’ami de Duras) et c’est dans ces bureaux qu’il rencontre Elsa Morante, Beppe Fenoglio (superbe écrivain) , Pasolini, Annna Maria Ortese.
En 1956, Calvino déclare qu’il doit sa formation d’écrivain à Pavese qu’il voit quotidiennement. Après le suicide de Pavese le 26 août 1950, il écrit le 3 septembre 1950 à Isa Bezzera: »Pavese signifiait beaucoup :il était non seulement, mon auteur préféré, un de mes amis les plus chers, un collègue de travail depuis plusieurs années, un interlocuteur quotidien, mais un des personnages qui aura été le plus important dans ma vie, celui à qui je dois tout ce que je suis, qui avait déterminé ma vocation, dirigé et encouragé par la suite tout mon travail, influencé ma manière de penser, mes goûts, jusqu’à mes habitudes de vie et mes comportements. » Précisons que c’est Calvino qui a a édité et commenté avec un grand soin la plupart de ses œuvres et notamment le journal intime « Le métier de vivre » . Les articles de Calvino sur Pavese, publiés dans les grands journaux italiens, sont parmi les meilleurs.

Clopine dit: à

Rosanette, comme d’habitude, votre analyse du problème Charoulet est juste, mais le problème est à mon sens plus vaste. . L’érudition est aussi stérile que le pire des déserts, quand elle ne sert qu’à s’auto glorifier, ou justifier une soi-disant « supériorité » sociale ou morale.

et alii dit: à

puisque vous en êtes aux mots et aux dicos, -et à la cassette!,je remarque que « perché » me pose des problèmes;
tout sauf « perché » me dit le biller;o.K.,mais alors
« perché ne resti la sostanza, perché domani io possa identificarmi per completo (senza residui) in ciò che sono e ho. Soltanto buttando via posso assicurarmi che qualcosa di me non è stato ancora buttato e forse non è né sarà da buttare. (p. 97)14
c’est Calvino qui l’a écrit; et 2fois;
rien n’est simple
https://journals.openedition.org/etudesromanes/105

et alii dit: à

le billet!

Jazzi dit: à

Vous êtes un peu injuste avec M. Charoulet, Rosanette.
Il lui arrive de nous faire profiter des informations et des règles d’usage puisées dans l’un de ses dictionnaires.

rose dit: à

Comment peux-tu avoir un ami et te suicider ?

Jazzi dit: à

« Être perché »

Signification

Être sous l’emprise d’une substance.

Origine

Cette expression apparue dans la seconde moitié du XXe siècle fait référence à l’oiseau perché qui est hors d’atteinte, loin de tout. Un individu qui est perché est dans son monde, son esprit, sous l’emprise du produit, est également hors d’atteinte.

Paul Edel dit: à

Rose, comment peut-on poser une telle question?

rose dit: à

Jean Proal et Georges Item, enterrés dans deux tombes jumelles//parallèles à vous Saint Rémy de Provence, comme Albert Camus et Francine, son épouse au cimetière de Lourmarin.
 » Il est enterré à Saint-Rémy, où prendra place à ses côtés, son meilleur ami « Cheko », Georges Item. Au moment de sa mort, quand on lui a dit « est-ce que la lumière te gêne ? » – il était en respiration artificielle – il a demandé une feuille de papier, et il a écrit « c’est la lumière qui me fait respirer ». « 

Jazzi dit: à

Jean-Paul Sartre n’était pas perché non plus !

« Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J’ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un oeuf. Il faut croire que je n’étais pas indispensable. J’aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu’un. A propos, je t’aimais. Je te le dis à présent parce que ça n’a plus d’importance. »

(« Les Mots », 1964)

rose dit: à

On peut, Paul.

Paul Edel dit: à

Oui, Hélas, Rose, on peut écrire n’importe quoi.

rose dit: à

Les passions dévorantes ne me dérangent pas, y compris envers/pour les dictionnaires, M. Charoulet.

rose dit: à

C’est ce que vous pensez, Paul, ce n’est pas mon point de vue.

rose dit: à

Je viens pourtant de l’argumenter avec Jean Proal et Georges Item.
Mais apparemment ! ?

renato dit: à

Perché ne resti la sostanza > Pour que la substance reste…

Jazzi dit: à

Mais rose ose tout, Paul.
C’est même à ça qu’on la reconnait !

renato dit: à

Une autre controverse Pasolini — Calvino. Donc, en 1973, l’Unità, journal officiel du PCI, organise une table ronde sur le « développement économique » et les « modèles de vie », participent Giorgio Napolitano, Luciano Lama, Paolo Rossi et Giorgio Ruffolo. Ce dernier critique violemment les « positions mystico-réactionnaires qui, à chaque crise de l’humanité, reproposent le croquemitaine de l’apocalypse ». Dans le même ordre d’idées, Rossi condamne d’abord les « ingrédients de la révolte néo-romantique contre la science » qui « réapparaissent dans la culture italienne en cette occasion de crise », puis il réitère son opposition à tous les « sermons sur le retour à la nature non contaminée et sur l’opportunité d’une réduction radicale de la technologie ».
Personne n’a parlé de Pasolini, mais lui il s’est senti interpellé et a répondu en publiant cinq poèmes dans lesquels il exprime son regret pour la condition pauvre mais digne de l’Italie rurale, détruite par les abominations du développement. Les poèmes sont accompagnés d’un texte de Rodari qui, tout en admettant leur validité artistique, souligne l’insoutenabilité substantielle des thèses politiques exprimées. Un critique moins diplomate parlerait de « conneries de poète », en soulignant que l’idéologie de Pasolini ce ne sont que des « divagations sur une Arcadie qui n’a jamais existé ».
Mais le coup de grâce à la mythification des masses prolétaires de l’Italie rurale par pasolini viendra de Calvino : « Je ne partage pas le regret de Pasolini pour son Italie paysanne. Cette critique du présent qui revient en arrière ne mène à rien. Ces valeurs de l’Italie paysanne et paléo-capitaliste avaient des aspects détestables déjà pour nous qui vivions dans des conditions privilégiées ; on ne peut dire autant de ce qu’elles étaient pour des millions de gens qui étaient vraiment des paysans et qui en portaient tout le poids. Il est étrange de dire ces choses en polémiquant avec Pasolini, qui les connaît très bien, mais il a fini par idéaliser une image de notre société ».

À suivre

Rosanette dit: à

lorsque j’étais enfant , et que nous apprenions par coeur des fables de la Fontaine dont la syntaxe le vocabulaire nous échappaient,
je me demandais comment un arbre pouvait être perché
Et je ne comprenais pas « intérêt et principal » ni bien sur l’obscur : »la fourmi n’est pas prêteuse :c’est là son moindre défaut « 

Jazzi dit: à

Ce n’est pas l’arbre qui est perché, Rosanette mais le corbeau !

rose dit: à

Maître Corbeau
Sur un arbre
Perché
Tenait en son bec un fromage
Maître Renard
Par l’odeur
Alléché
Lui tint à peu près ce langage
Hé […]

rose dit: à

Principal, c’est la somme dûe et intérêts ce sont les agios.

rose dit: à

La première chose que l’on me dit de moi, hier encore, c’est mon énergie.

La seconde est de l’ordre de [strike].

Il y a bien grand nombre de choses que je n’ose pas.
Même si j’ose pas mal.

Clopine dit: à

A part ça, j’ai fait une drôle de découverte sur moi-même, peut-être serait-il plus juste de parler d’une sorte d’hypothèse un peu vertigineuse…

(peut-être aussi n’ai je rien fait d’autre que d’enfoncer une porte ouverte. Je veux dire que ma sorte d' »intuition », ça se trouve, est connue, documentée, analysée depuis belle lurette, et que c’est juste mon ignorance qui me l’avait cachée ? Question posée à l’Hérdélie !)

Bon, voilà le point ! J’ai eu la chance, étant petite dernière d’une famille nombreuse dont la mère aimait lire, d’avoir eu accès à une maison bourrée de livres pour enfants. De toutes sortes, de tous formats… Des classiques, des contes, et l’intégralité ou peu s’en faut de trente ans de bibliothèques rose, verte, rouge et or, etc.

Et le mieux, la perle sur le gâteau, c’est qu’il n’y avait pas d’injonctions.

Je veux dire que, dans certains milieux, on indique fermement aux enfants ce qu’il convient de lire, ou non, on leur inculque les valeurs (« les chefs d’oeuvre à lire et aimer absolument », les « bons livres » qui peuvent être bien utiles, et puis les « mauvais livres » qu’il convient de lire en cachette, ou en tout cas qu’on ne peut revendiquer, façon Blake le Rock ou Pieds Nickelés).

Dans le mien de milieu, liberté totale, les lectures n’étaient jamais commentées ou jugées, il en était des livres comme des jouets, simples marques quotidiennes de l’occupation d’une bande de gamins turbulents, un instant calmés et assagis autour d’une bd ou d’un « club des cinq », avant de repartir piailler comme des moineaux et investir la rue de jeux brutaux.

Dans ces conditions de liberté extrême, qu’est-ce qui a guidé mes choix, mes préférences ?

Je lisais tout, certes, sans aucun ordre donc mais avec acharnement – quand on a des lunettes non encore incassables, des grands frères chefs de bande du quartier, et qu’on est une gamine un peu malingre, on comprend vite que les livres sont un excellent refuge d’où observer la vie. Je lisais comme on boit une boisson fraîche après un effort physique : j’avalais d’un trait, goulûment.

Mais pourtant, j’avais de fermes préférences. Des livres que je relisais souvent, d’autres que je jetais au rebut de ma mémoire sitôt la dernière page tournée… Qu’est- qui guidait ce choix ?

Par exemple, les contes d’Andersen. Je les aimais tous, évidemment, mais pourquoi « la petite Poucette » plutôt que « Blondine » ? Pourquoi, parmi les « classiques », m’identifiais-je plus à la petite Fadette qu’à Cosette ? Pourquoi aimais-je tant Fantômette, alors que la Claude du club des Cinq m’inspirait des sentiments très partagés ?

Et puis, je crois que j’ai compris. La Petite Poucette, par exemple, c’est l’histoire d’une femme qui ne peut avoir d’enfants, une vieille femme lui donne une graine, qu’elle plante dans un pot, d’où sort une fleur, dans laquelle une minuscule petite fille apparaît…

La Fadette, elle, vit avec sa grand’mère rebouteuse. Fantômette n’a de vie sociale qu’à travers ses deux copines…

Bref, cela m’a paru soudain une évidence. Si je préférais Poucette à Blondine, c’est que la première n’a pas de père, alors que la seconde est partie retrouver le sien. Si Fadette m’est bien plus familière que Cosette, c’est que la seconde trouve, un soir, au fond d’un bois, un père qui lui prend la main. Si Fantômette ne me pose aucun problème, c’est qu’on ne sait rien de son père, alors que la Claude du Club des Cinq a un rapport extrêmement complexe et ambigu avec le sien (un savant ombrageux et orgueilleux, qu’il ne faut surtout pas déranger et auquel la petite Claudine tente désespérément de plaire, jusque dans son nom raccourci et ses allures brusques).

Est-ce que donc, dès six ans, dès sept ans, le cerveau cherche jusque dans les lectures enfantines des situations auquel il peut se raccrocher, offrir à la fille rejetée par le père, par exemple, des mondes imaginaires où les pères n’existent pas ?

« dis-moi ce que tu lisais quand tu étais petit, ce que tu aimais par-dessus tout, par-dessus les injonctions des adultes ou des instituteurs, et je te dirai qui tu es. Voire plus : ce que ton inconscient cherchait de toi, dans tes lectures enfantines, pour soulager la peine et te permettre de vivre »…

Plutôt troublante hypothèse, non ???

Jazzi dit: à

Pour moi, la langue de La Fontaine était plus claire que de l’eau de roche !
« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère »
« La raison du plus fort est toujours la meilleure »
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »
« Tel est pris qui croyait prendre »
Mieux que les leçons d’instruction civique, les moralités des fables !
Il m’a fallu néanmoins des années pour comprendre ce qu’est le ramage, par opposition au plumage…

rose dit: à

Tu as chanté tout l’été
Et bien, danse maintenant !

Marie Sasseur dit: à

@ »Fin avril 1948 Calvino abandonne les éditions Einaudi pour devenir rédacteur au journal communiste L’Unita -édition de Turin. Il y restera jusqu’en 1949. »

Apres cet épisode il retourne chez Einaudi en 1950, et il deviendra par lz suite directeur editorial.
Fait être précis Edel, c’est un boulot de journaliste !

Jazzi dit: à

Les fragments d’une bibliothèque reconstituée

Je n’ai pas accédé à la littérature à travers les livres pour la jeunesse.
Ce n’est que tardivement, que j’ai lu, avec profit, le Pinocchio de Carlo Collodi ou Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
Au commencement, je me délectais exclusivement de la lecture de magazines illustrés. Principalement de Blek le Roc, dont la sauvage virilité adolescente complaisamment exposée au fil des pages ne manquait pas de me troubler, et Frimoussette, plutôt destiné à émouvoir la sensibilité des petites filles. Je me souviens pourtant d’avoir possédé des exemplaires de la Bibliothèque Verte et de la Bibliothèque Rose, mais je serais bien incapable d’en citer le moindre titre, à l’exception toutefois des Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur.
Mes premiers textes marquant remontent à l’école primaire, où l’on nous faisait apprendre par coeur les fables de La Fontaine. Sans parler de la Bible, que nous enseignaient les dames du catéchisme.
En entrant au collège, j’appris que l’on pouvait, avec l’étude de L’Iliade et de L’Odyssée d’Homère, être auteur sans écrire une seule ligne.
Avec la pratique de la rédaction, je passais, avec ravissement, du simple statut de lecteur à celui d’écrivain. Non sans difficultés toutefois : le professeur de Français nous ayant demandé de rédiger notre devoir sous forme « dialoguée ». Un terme dont je ne connaissais pas la signification et qui me laissa de prime abord honteux et perplexe. Jusqu’à ce que, en lorgnant sur la copie de mon voisin, qui lui avait parfaitement compris, j’en devine le sens. J’aimais parcourir en classe, année après année et de siècle en siècle, les pages illustrées du Lagarde et Michard. Je m’étonnais du fait que Molière et Voltaire avaient pris un pseudonyme, plutôt que de se faire connaître sous leur vrai nom.
Très vite j’éprouvais le désir de lectures extra-scolaires et me mis à acheter mes premiers livres de poche et en emprunter d’autres à la bibliothèque municipale. A l’époque, mes choix étaient assez éclectiques. Je lisais avec délectation les romans en vogue de Guy des Cars. Par la suite, je devins plus sélectif. C’est alors que je découvris les contes de Guy de Maupassant, que je lus en intégralité, ainsi que ses rares romans Bel Ami et Une Vie. Depuis, je considère que c’est avec cet écrivain que je suis vraiment entré en littérature.
Pour mes dix-sept ans, Hector, mon meilleur ami, m’offrit trois beaux exemplaires à la couverture cartonnée recouverte d’une élégante toile rouge : les Poésies de Lamartine, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine et Les filles de feu de Gérard de Nerval. Ce dernier titre, en prose, eut ma préférence.
De ma première bibliothèque, je pourrais encore citer de mémoire Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie, La maison du canal de Georges Simenon ou encore le Malatesta d’Henri de Montherlant, dont la lecture m’exalta un temps, et Un cœur simple (in les Trois contes) de Gustave Flaubert, qui m’épate toujours autant aujourd’hui.
En première et en terminale, je lus la trilogie romanesque des Chemins de la liberté de Jean-Paul Sartre, ainsi que l’essentiel de son théâtre : Huis-Clos, Les Mains sales, La Putain Respectueuse… J’en fis tout autant avec les récits autobiographiques de Simone de Beauvoir : Les Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge et La Force des choses. J’adhérais alors à la philosophie existentialiste. En revanche, je fus moins convaincu par les romans, les nouvelles et le théâtre de l’absurde d’Albert Camus. De L’Etranger, je me souviens seulement que le héros fait l’amour avec une putain, juste après avoir enterré sa mère, et qu’il finit par tuer un arabe anonyme sur une plage d’Alger. En ce temps-là, j’appris par coeur Ma Bohème et Le Dormeur du val d’Arthur Rimbaud et des bribes des Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
Durant ma première année de Droit à la fac de Nice, je me souviens d’avoir volé La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade à l’étal d’une librairie de la rue de France. L’audace du propos et la beauté de la langue m’incitèrent à acheter ensuite Justine ou les Malheurs de la vertu.
Les révélations du Pavillon des Cancéreux d’Alexandre Soljenitsyn mirent un terme à mes véléïtés pro communistes. Ce qui ne m’empêcha pas d’acheter et de lire Le Programme commun et de me considérer toujours de gauche. D’autant plus que je venais de lire avec exaltation la trilogie auto fictive centrée autour de Jacques Vingtras de Jules Vallès : L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. Cette même année je découvris Le Procès-verbal de J. M. G. Le Clézio et les premiers romans de Patrick Modiano. Avec une nette préférence pour le second. C’est à cette époque également que je m’initiais à la psychanalyse à travers la lecture de Freud.
L’année suivante, à Paris, je fréquentais assidûment la librairie Le Divan à Saint-Germain-des-Près. J’y achetai L’Année de l’éveil de Charles Juliet quand vint ensuite pour moi le temps tant redouté d’accomplir mon service militaire. Je fus affecté au régiment de cavalerie de Carpiagne, vaste casernement isolé en pleine garrigue entre Cassis et Marseille. N’ayant pas réussi à me faire réformer, j’en profitai néanmoins pour lire l’intégralité de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust, ainsi que Les Mémoires d’Adrien et L’Oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar. Des oeuvres particulièrement roboratives, qui m’aidèrent efficacement à tuer le temps et prendre mon mal en patience. De retour à Paris, où je pus enfin m’établir définitivement, je suivis alors avec délectation le savoureux feuilleton littéraire d’Angelo Rinaldi dans L’Express.
Depuis, je n’ai cessé de lire, et parfois d’écrire, jusqu’à ce jour.
Très tôt, j’ai considéré que les livres étaient mes plus fidèles amis.
De l’amas de mes lectures et devant l’impossibilité de tous les répertorier ici, je me contenterai de citer, en vrac et dans le désordre, ceux qui ont eu la plus forte résonance en moi : La Vie mode d’emploi de Georges Perec, Paysage de fantaisie de Tony Duvert, Tricks de Renaud Camus, A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie d’Hervé Guibert, Le Livre de préfaces de Jorge Luis Borges, Les Mémoires de Casanova, l’Ulysse de James Joyce, La conscience de Zeno d’Italo Svevo, La Confusion des sentiments de Stefan Zweig, En attendant Godot, de Samuel Beckett, Le Malheur indifférent de Peter Handke, Paris est une fête d’Ernest Hemingway, Tendre est la nuit de F. Scott Fitzgerald, Jours tranquilles à Clichy de Henry Miller, Sur la route de Jack Kerouac, Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov, Jacques le fataliste de Denis Diderot, Les rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau, Don Quichotte de Cervantes, Les Illusions perdues d’Honoré de Balzac, Le Journal de Paul Léautaud, La correspondance de Flaubert, La Divine comédie de Dante, Le Journal de Jules Renard, Ubu roi d’Alfred Jarry, les Souvenirs d’égotisme de Stendhal, Les villes invisibles d’Italo Calvino, La Promesse de l’aube de Romain Gary, Les Pensées de Pascal, les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, L’art du roman de Milan Kundera, Le Voyage au bout de la nuit de Céline, Le Paysan de Paris de Louis Aragon, Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire, Les Syllogisme de l’amertume de Cioran, Les Nouveaux écrits de Rodez d’Antonin Artaud, Les Confessions de Saint-Augustin, La Métamorphose de Franz Kafka, La Montagne magique de Thomas Mann, L’arrêt de mort de Maurice Blanchot, Façons d’endormi Façons d’éveillé d’Henri Michaux, le Miracle de la rose de Jean Genet, Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud, Les chants de Maldoror de Lautréamont, Le livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, Choses vues de Victor Hugo, Kaputt de Curzio Malaparte, La vie heureuse de Sénèque, Les Essais de Montaigne, Nadja d’André Breton, Confession d’un masque de Yukio Mishima, Zazie dans le métro de Raymond Queneau, Papiers collés de Georges Perros, Le Piéton de Paris de Léon-Paul Fargue, Variété I et II de Paul Valéry, La Règle du jeu de Michel Leiris, Souvenirs et voyages d’André Gide, les Poèmes de Constantin Cavafy, Tête d’or de Paul Claudel, Alcool d’Apollinaire, Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes, les Poèmes de Stéphane Mallarmé, Noces d’Albert Camus, Le Banquet de Platon, Le fleuve Alphée de Roger Caillois, Dimanche m’attend de Jacques Audiberti, Pour un nouveau roman d’Alain Robbe-Grillet, La Vie matérielle de Marguerite Duras, Le Livre blanc et autres textes de Jean Cocteau, Sur la brièveté de la vie de Bossuet, Les Caractères de La Bruyère, La Ballade de la geôle de Reading d’Oscar Wilde, Le Hussard sur les toits de Jean Giono, l’Éloge de la folie d’Érasme, le Discours de la méthode de Descartes, les Lettres Persanes de Montesquieu…

MC dit: à

Tiens c’est curieux. Je n’ai pas le souvenir de difficultés liées à La Fontaine. MC

rose dit: à

Pasolini est un type qui savait tout. Entre autres, lui, il a dû se coucher dans le foin avec le soleil pour témoin.

Paul Edel dit: à

Merci Renato sur l opposition Calvino contre Pasolini .l ‘un avait raison poétiquement et Calvino raison sociologiquement.
.

MC dit: à

Sasseur a des trésors de compréhension, Paul! Béni soyez-vous de vous les etre attirés !

Jazzi dit: à

Inventaire n° 3 : Les fragments d’une bibliothèque reconstituée

Je n’ai pas accédé à la littérature à travers les livres pour la jeunesse.
Ce n’est que tardivement, que j’ai lu, avec profit, le Pinocchio de Carlo Collodi ou Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
Au commencement, je me délectais exclusivement de la lecture de magazines illustrés. Principalement de Blek le Roc, dont la sauvage virilité adolescente complaisamment exposée au fil des pages ne manquait pas de me troubler, et Frimoussette, plutôt destiné à émouvoir la sensibilité des petites filles. Je me souviens pourtant d’avoir possédé des exemplaires de la Bibliothèque Verte et de la Bibliothèque Rose, mais je serais bien incapable d’en citer le moindre titre, à l’exception toutefois des Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur.
Mes premiers textes marquant remontent à l’école primaire, où l’on nous faisait apprendre par coeur les fables de La Fontaine. Sans parler de la Bible, que nous enseignaient les dames du catéchisme.
En entrant au collège, j’appris que l’on pouvait, avec l’étude de L’Iliade et de L’Odyssée d’Homère, être auteur sans écrire une seule ligne.
Avec la pratique de la rédaction, je passais, avec ravissement, du simple statut de lecteur à celui d’écrivain. Non sans difficultés toutefois : le professeur de Français nous ayant demandé de rédiger notre devoir sous forme « dialoguée ». Un terme dont je ne connaissais pas la signification et qui me laissa de prime abord honteux et perplexe. Jusqu’à ce que, en lorgnant sur la copie de mon voisin, qui lui avait parfaitement compris, j’en devine le sens. J’aimais parcourir en classe, année après année et de siècle en siècle, les pages illustrées du Lagarde et Michard. Je m’étonnais du fait que Molière et Voltaire avaient pris un pseudonyme, plutôt que de se faire connaître sous leur vrai nom.
(la suite…)
https://www.lelezarddeparis.fr/inventaire-1

rose dit: à

Hypothèse intéressante Clopine, mais les choix de où l’on se dirige arrivent plus tard, vers dix sept ans, non ?

une main dit: à

se coucher dans le foin avec le soleil pour témoin.

Hors grangeon, cela va de soi! 🙂

Jazzi dit: à

suite…

Très vite j’éprouvais le désir de lectures extra-scolaires et me mis à acheter mes premiers livres de poche et en emprunter d’autres à la bibliothèque municipale. A l’époque, mes choix étaient assez éclectiques. Je lisais avec délectation les romans en vogue de Guy des Cars. Par la suite, je devins plus sélectif. C’est alors que je découvris les contes de Guy de Maupassant, que je lus en intégralité, ainsi que ses rares romans Bel Ami et Une Vie. Depuis, je considère que c’est avec cet écrivain que je suis vraiment entré en littérature.
Pour mes dix-sept ans, Hector, mon meilleur ami, m’offrit trois beaux exemplaires à la couverture cartonnée recouverte d’une élégante toile rouge : les Poésies de Lamartine, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine et Les filles de feu de Gérard de Nerval. Ce dernier titre, en prose, eut ma préférence.
De ma première bibliothèque, je pourrais encore citer de mémoire Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie, La maison du canal de Georges Simenon ou encore le Malatesta d’Henri de Montherlant, dont la lecture m’exalta un temps, et Un cœur simple (in les Trois contes) de Gustave Flaubert, qui m’épate toujours autant aujourd’hui.
En première et en terminale, je lus la trilogie romanesque des Chemins de la liberté de Jean-Paul Sartre, ainsi que l’essentiel de son théâtre : Huis-Clos, Les Mains sales, La Putain Respectueuse… J’en fis tout autant avec les récits autobiographiques de Simone de Beauvoir : Les Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge et La Force des choses. J’adhérais alors à la philosophie existentialiste. En revanche, je fus moins convaincu par les romans, les nouvelles et le théâtre de l’absurde d’Albert Camus. De L’Etranger, je me souviens seulement que le héros fait l’amour avec une putain, juste après avoir enterré sa mère, et qu’il finit par tuer un arabe anonyme sur une plage d’Alger. En ce temps-là, j’appris par coeur Ma Bohème et Le Dormeur du val d’Arthur Rimbaud et des bribes des Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
Durant ma première année de Droit à la fac de Nice, je me souviens d’avoir volé La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade à l’étal d’une librairie de la rue de France. L’audace du propos et la beauté de la langue m’incitèrent à acheter ensuite Justine ou les Malheurs de la vertu.
Les révélations du Pavillon des Cancéreux d’Alexandre Soljenitsyn mirent un terme à mes véléïtés pro communistes. Ce qui ne m’empêcha pas d’acheter et de lire Le Programme commun et de me considérer toujours de gauche. D’autant plus que je venais de lire avec exaltation la trilogie auto fictive centrée autour de Jacques Vingtras de Jules Vallès : L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. Cette même année je découvris Le Procès-verbal de J. M. G. Le Clézio et les premiers romans de Patrick Modiano. Avec une nette préférence pour le second. C’est à cette époque également que je m’initiais à la psychanalyse à travers la lecture de Freud.
L’année suivante, à Paris, je fréquentais assidûment la librairie Le Divan à Saint-Germain-des-Près. J’y achetai L’Année de l’éveil de Charles Juliet quand vint ensuite pour moi le temps tant redouté d’accomplir mon service militaire. Je fus affecté au régiment de cavalerie de Carpiagne, vaste casernement isolé en pleine garrigue entre Cassis et Marseille. N’ayant pas réussi à me faire réformer, j’en profitai néanmoins pour lire l’intégralité de La Recherche du temps perdu de Marcel Proust, ainsi que Les Mémoires d’Adrien et L’Oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar. Des oeuvres particulièrement roboratives, qui m’aidèrent efficacement à tuer le temps et prendre mon mal en patience. De retour à Paris, où je pus enfin m’établir définitivement, je suivis alors avec délectation le savoureux feuilleton littéraire d’Angelo Rinaldi dans L’Express.

Clopine dit: à

Ce qui m’inquiète un peu, ce sont les déterminismes : ce qu’on prenait pour de la liberté, ce qui préexistait des prises de conscience, était en fait, déjà, une sorte de constat ! A 5, 6 ans !

Jazzi dit: à

(la suite…)

Très vite j’éprouvais le désir de lectures extra-scolaires et me mis à acheter mes premiers livres de poche et en emprunter d’autres à la bibliothèque municipale. A l’époque, mes choix étaient assez éclectiques. Je lisais avec délectation les romans en vogue de Guy des Cars. Par la suite, je devins plus sélectif. C’est alors que je découvris les contes de Guy de Maupassant, que je lus en intégralité, ainsi que ses rares romans Bel Ami et Une Vie. Depuis, je considère que c’est avec cet écrivain que je suis vraiment entré en littérature.
Pour mes dix-sept ans, Hector, mon meilleur ami, m’offrit trois beaux exemplaires à la couverture cartonnée recouverte d’une élégante toile rouge : les Poésies de Lamartine, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine et Les filles de feu de Gérard de Nerval. Ce dernier titre, en prose, eut ma préférence.

FL dit: à

Est-ce que Pasolini savait que la ville italienne de Salo a un homophone parfaitement injurieux en français qui collait parfaitement avec son adaptation des « 120 journées » à la culture italienne ?

Jazzi dit: à

De ma première bibliothèque, je pourrais encore citer de mémoire Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie, La maison du canal de Georges Simenon ou encore le Malatesta d’Henri de Montherlant, dont la lecture m’exalta un temps, et Un cœur simple (in les Trois contes) de Gustave Flaubert, qui m’épate toujours autant aujourd’hui.
En première et en terminale, je lus la trilogie romanesque des Chemins de la liberté de Jean-Paul Sartre, ainsi que l’essentiel de son théâtre : Huis-Clos, Les Mains sales, La Putain Respectueuse… J’en fis tout autant avec les récits autobiographiques de Simone de Beauvoir : Les Mémoires d’une jeune fille rangée, La Force de l’âge et La Force des choses. J’adhérais alors à la philosophie existentialiste. En revanche, je fus moins convaincu par les romans, les nouvelles et le théâtre de l’absurde d’Albert Camus. De L’Etranger, je me souviens seulement que le héros fait l’amour avec une putain, juste après avoir enterré sa mère, et qu’il finit par tuer un arabe anonyme sur une plage d’Alger. En ce temps-là, j’appris par coeur Ma Bohème et Le Dormeur du val d’Arthur Rimbaud et des bribes des Fleurs du mal de Charles Baudelaire.

Clopine dit: à

A 17 ans, on n’est pas sérieux. A 6, oui, beaucoup plus, je trouve. Quand je lisais, j’étais grave.

FL dit: à

« Pour mes dix-sept ans, Hector, mon meilleur ami, m’offrit trois beaux exemplaires à la couverture cartonnée recouverte d’une élégante toile rouge : les Poésies de Lamartine, les Poèmes saturniens de Paul Verlaine et Les filles de feu de Gérard de Nerval. »

Mais il était très bien cet Hector !

FL dit: à

Roland Barthes n’a pas aimé « Salo » quand il l’a visionné (j’ai le souvenir d’une projection priovée ?) à sa sortie.

FL dit: à

* privée

Jazzi dit: à

Durant ma première année de Droit à la fac de Nice, je me souviens d’avoir volé La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade à l’étal d’une librairie de la rue de France. L’audace du propos et la beauté de la langue m’incitèrent à acheter ensuite Justine ou les Malheurs de la vertu.
Les révélations du Pavillon des Cancéreux d’Alexandre Soljenitsyn mirent un terme à mes véléïtés pro communistes. Ce qui ne m’empêcha pas d’acheter et de lire Le Programme commun et de me considérer toujours de gauche. D’autant plus que je venais de lire avec exaltation la trilogie auto fictive centrée autour de Jacques Vingtras de Jules Vallès : L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. Cette même année je découvris Le Procès-verbal de J. M. G. Le Clézio et les premiers romans de Patrick Modiano. Avec une nette préférence pour le second. C’est à cette époque également que je m’initiais à la psychanalyse à travers la lecture de Freud.

Janssen J-J dit: à

@ CT,
est-ce le fruit d’une auto-analyse poussée sur vous même en vos lectures enfantines qui expliquerait les conclusions auxquelles vous êtes parvenue ?… ou y êtes vous arrivée en tant qu’analysante grâce et/ou avec l’aide d’un.e analyste ?
Comme j’en suis au même point que vous sur pas mal de plans, je ‘me’ pose cette question, en y répondant ar ceci… pmp, je crois être parvenu à quelque chose de conclusif sans avoir eu recours à une quelconque analyse, mais en ayant beaucoup interrogé à mon insu ou consciemment les histoires enfantines qui m’ont marqué à jamais.
—-
(Nul besoin de répondre, si vous l’estimez inutile)
Bàv,

Marie Sasseur dit: à

Il y en a qui ne savent pas lire, qu’à cela ne tienne, j’ai encore 2 minutes.

« On pourrait ajouter que la « mission » de l’éditeur est celle d’intervenir dans la culture et dans la littérature de son temps, endossant un rôle qu’on qualifierait de « militant ». Italo Calvino a défini lui-même le consultant éditorial comme étant celui « qui travaille avec l’objectif que la culture de son temps ait une image spécifique plutôt qu’une autre9 ». Par rapport à son objectif, il croise nécessairement l’écriture de ceux qui soumettent leurs textes à la lecture éditoriale de la maison d’édition Einaudi, où Calvino a été rédacteur et lecteur éditorial de 1947 jusqu’à sa mort, en 1985. »

https://journals.openedition.org/genesis/1734

Marie Sasseur dit: à

Un censeur, donc.

Clopine dit: à

Jansen J-J, non, en fait j’écoutais France Cul sur Pagnol, et la femme de Pagnol, Jacqueline, lisait à haute voix le conte de Blondine ; je me souvenais à peine de ce conte, et là j’ai noté qu’il est fait mention du père de Blondine… J’ai divagué et Poucette est revenue me voir, mon amour inconditionnel pour ce conte relu des dizaines et des dizaines de fois, et là j’ai réalisé le coup incroyable de la graine plantée dans le pot, un coup monté par une vieille et une jeune femme, et hop, plus besoin du papa… j’ai encore divagué un peu là autour et j’ai commencé, façon Jazzi ci-dessus, tenez, à répertorier les lectures de ma toute petite enfance… Et j’ai senti comme un pincement au coeur. L’enfance, vous savez, dont tout le monde vous serine, quand vous êtes petit, que c’est la meilleure période, que vous vous en souviendrez toujours avec tendresse et reconnaissance, bref que tout va bien dans le meilleur des mondes… L’enfance est un vaste chantier en construction, en vrai, et il y a des ouvriers fatigués qui passent avec d’énormes poutres sur l’épaule, et qui vous les fichent dans l’oeil (mais nous ne voyez que les petites pailles du quotidien). Je crois que j’ai consciemment attendu mes treize ans avant de me rendre compte que mon père ne m’adressait jamais la parole, qu’il faisait exactement comme si je n’existais pas. Mais mon inconscient, lui, n’a pas attendu mes treize ans, il y avait urgence, fallait vite fait bâtir la clôture !

Oh, si vous avez des filles, Jansen J-J, surtout, tentez de les aimer, de les aimer bien, de les aimer fort…

racontpatavi dit: à

A 17 ans, on n’est pas sérieux.

Mais si, et même parfois, trop sérieux…

Rosanette dit: à

@Jazzi
vous écrivez
« Ce n’est pas l’arbre qui est perché, Rosanette mais le corbeau  »
Vous vous moquez de moi !
j’ai compris depuis longtemps que c’est le corbeau qui est perché , mais pour une oreille d’enfant de CE 2 il est difficile de rapporter l’adjectif à autre chose que « arbre »
En découvrant votre post j’ai eu le souvenir vague d’un texte de Rousseau qui parle de cette difficulté pour un enfant de comprendre à quoi se rapporte « perché »
Miracle du Net :!je l’ai cherché et je l’ai retrouvé :c’est dans l’Emile ;Rousseau écrit :
« La découverte d’une utilisation du langage qui répond à une autre logique que celle de la prose, la seule que l’enfant connaisse, est ce qui étonne le plus l’enfant lorsqu’il commence à lire. 10On le voit dès sa réaction au premier vers de la fable :
Qu’est-ce qu’un arbre perché ? L’on ne dit pas sur un arbre perché, l’on dit perché sur un arbre.
Par conséquent, il faut parler des inversions de la poésie ; il faut dire ce que c’est que prose et que vers10.11L’enfant fait dans un premier temps l’erreur de croire que « perché » qualifie arbre, et se demande ce qu’est un « arbre perché ».
J’étais cet enfant ,mais depuis j’ai eu beaucoup de temps pour grandir

et alii dit: à

Que veut dire sport en Italie dans les années du milieu du XXe siècle et, plus précisément pour des Italiens comme Calvino et Pasolini ? Les textes écrits par chacun à l’occasion des JO d’été, à deux olympiades de distance, peuvent nous éclairer sur la représentation que se fait du sport la littérature, en la personne de chacun de ces deux letterati et écrivains dont la carrière s’affirme peu à peu au cours des années 50-60. Ce travail a pour but d’examiner quelle place a été réservée à l’Italie et comment sont articulées littérature, politique, et réflexions sur le sport, dans ces articles de circonstance publiés au sein d’une presse idéologique.
https://journals.openedition.org/italies/7624

Clopine dit: à

Jansen J-j, je ne sais pas où vous en êtes par rapport à vous même, mais je peux peut-être vous donner une petite clé, à l’usage de ceux et celles qui ont à faire avec la haine de soi. A savoir qu’il y a une peur de s’aimer, parce qu’on a l’impression que, au moment même où vous allez vous pardonner d’être venue sur terre, vous allez mourir. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire !

Jazzi dit: à

Non, je n’oserais pas, Rosanette.
Mais pour moi la syntaxe poétique m’est plus naturelle à l’oreille et à la lecture que l’autre.
Renard, corbeau, arbre, perché… tout comme le fait de tenir un fromage en son bec ou que les animaux ont le même langage que les humains !

Marie Sasseur dit: à

Oh mais on voit tout à fait ce xa veut dire.
Quand un narcissique cause à un autre pervers narcissique, ça fait pschittt.

Jazzi dit: à

Cyclopine, combien de fois JJJ nous a dit qu’il n’avait pas d’enfant !

rose dit: à

Superbe analyse Rosanette ! Grand merci !

Clopine dit: à

Oui, Rosanette a un cerveau, et elle s’en sert !

Jazzi dit: à

rose, vous la connaissez et étiez-vous dans la salle ?

Nadia Afanassi :

« Hello qui n’a pas encore vu IL RESTE ENCORE DEMAIN ..ira !!.L affiche magnifique l évoquait..un condensé du passé et la propulsion vers le futur .Le vieux Rital a calanché et nous a légué ses comédies douces et amères et facétieuses et à Paola CORTELLESI aussi qui y a puisé des racines pour son premier film où elle sera en plus la superbe heroine…pourquoi toujours tant de talent en une ??..🤔..Et quel film !!.Quand le matin Délia mère entre autre de 3 enfants ouvre les yeux sur le jour et sur son mari à qui elle dit bonjour .. c’est une gifle à la volée qui fera réveil matin ..Ivano en 46 après la guerre a gardé à Rome de bien mauvaises manières d’instinct….c’est l homme tout simplement..il suffit à Délia tout naturellement de ne pas perdre ce point de repère..Délia a une fille grande qui peut travailler puisqu il lui est interdit d étudier ..c’est le penis dans les amphis..et puis se marier aussi pour faire de l’air et harponner le nanti du coin …C’est de ce que voit la mère dans le destin qui s’écrit pour sa fille ,que Délia revient à la vie …scènes burlesques et acides pour accabler ce dont il faut se dégager…c’est l’étrangére de ce pays rétrograde et misogyne qui peut voir ..mieux que toutes celles d’ici…ce qu’il faut fuir …la violence subie de la mère affronte le regard sévère de sa fille qui exige la réhabilitation de la dignité et la sortie de la honte …une relation mère fille sublime pour nourrir en duelle déjà.. un esprit de fronde avant bien plus d’exigence…des saillies jubilatoires …la maturité de l humour qui enfle dans ce film grave en noir et blanc et explose en un final grandiose et inouï…la salle de Forcalquier applaudit….un film magnifique au jeu d’acteurs dignes de beaux et de grands…. qui n a nul besoin de quota..pour affirmer son propos …l’intelligence ici ..et son esprit facétieux nous arrache une totale admiration …pour une fois sur ce sujet nous ne detournerons pas le regard .. ouvrir les fenêtres pour sentir une bise fraîche..respirons à pleins poumons….genial. !! 😎 »

Clopine dit: à

Je me suis toujours demandé comment un homme pourvu d’une vie sexuelle pouvait être sûr de ne pas avoir d’enfant. Sauf l’expertise médicale, ou une vie d’abstinence hétérosexuelle, bien sûr. Moi, je me suis toujours dit que si j’étais un homme (donc capitaine, ah ah ah Diane Tell), j’aurais toujours été guidé par cette incertitude.

Marie Sasseur dit: à

Bon anniversaire le vieux keuf, y’en a , ingrats, qui te lisent en diagonal et pas du tout. N’ont pas compris que le pépé etait un pervers.

rose dit: à

. ouvrir les fenêtres pour sentir une bise fraîche..respirons

Une brise non ?
Non, je ne suis pas chez moi. Pas vu.

Jazzi dit: à

Sait-on si Calvino a accueilli ou pas, chez Einaudi, « Le Pavillon des cancéreux » d’Alexandre Soljenitsyne ?

poussière dit: à

La fourmi est surtout très opportuniste, quelques unes se sont invitées chez moi, plutôt cigale, depuis plusieurs jours, dans le bureau et au salon, elles n’ont pas trouvé la cuisine fort heureusement…

Jazzi dit: à

« Oui, Rosanette a un cerveau, et elle s’en sert ! »

Le cerveau n’est rien sans le coeur.
Et Rosanette n’en manque pas !

poussière dit: à

« Jazzi dit: à

« Être perché »

Signification

Être sous l’emprise d’une substance. »

Une bonne traduction de high semble-t-il

Bihoreau, duc de Bellerente dit: à

Sans doute le Président de la République a t-il voulu illustrer son mépris pour la Légion d’Honneur en l’accordant à Thierry Ardisson. Son émission, jeu de massacre grossier donc adulé par le bas du peuple et quelques bobos se prenant pour des sociologues, jouait un rôle sans doute essentiel. Lequel, je ne saurait dire.

La plouquerie existe pour qu’on puisse reconnaître le raffinement. Comme Dieu sait bien faire les choses…

Janssen J-J dit: à

de plusieurs mises au poing de biog @ l’herdélie en général, et @ CT en particulier… une bonne fois pour toutes avant de passer à autre chose de plus calvinal. Où l’on saura tout de jjj et l’on ne saura rien de ses histoires de ulc.
1 – anéfé, jamais eu d’enfants (pour jzmn)…, hélas peut-être, pour le pépé pervers qui aurait sans doute risqué de devenir pépé pédophile (pour MS)
2 – mais, choix existentiel assumé depuis très tôt…, et pari tenu sur toute la ligne et trajectoire de vie (pour CT).
é – homme majoritairement hétéro (avec qq escapades homo de jeunesse sans aucune conséquences génésiques), donc plutôt tendant hétérodoxe, mais toujours écoresponsable eugéniquement, qui ne ressentit JAMAIS le moindre désir de paternité (une affaire toujours pas bien éclairicie, même par les contes d’Adersen – aucun désir chez lui … d’ailleurs). Qui prit toujours ses précautions pour ne pas se retrouver avec « un polichinelle dans le dos », par une garce perverse. Pas de vasectomie pour lui (bien que tenté très tôt), mais une contraception masculine irréprochable, quitte à avoir suscité pas mal de malentendus avec la gent féminine, un brin agacée par tant de précautions inutiles…
@ à déplorer un incident de parcours avec la « femme de sa vie », au sein d’un couple stabilisé qui se ressouda durablement autour d’un avortement inaugural communément assumé, et sans traumatisme ultérieur pour aucun des 2 protagonistes. Sexualité plutôt harmonieuse des deux confiants, souvent infidèles en pensée l’un à l’autre, mais rarement en pratique. Quelques escapades sans conséquences de part et d’autre, hors parties fines, et rapidement dépassées.
Bref, la banalité même… Et bien d’autres choses dans la vie rêvée et assumée qu’on taira icite, faute de suffisante imagination littéraire et de vérité romanesque.
Voilà, en gros… Quant à ce que l’herdélie en chacune de ses composantes pourra en projeter d’une manière mieux calibrée, de scepticisme ou d’indifférence, cela restera son problème. Inutile d’en faire un foin… Il vaudra mieux pour elle passer son chemin, et continuer à border sur sa propre histoire… Voilàj.
Bien à vous, j’ai 69 ans aujourd’hui, je ne le pratiquerai pas, si cela peut consoler les chastes forcé.es. – Et je pose ce fragment dans mon journal de bord, et j’emm… le monde macroniste (JE – 15.4.2024_14.53).

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