La poésie est-elle traduisible ?
Plutôt que l’inusable scie traduttore traditore, ceux nombreux (mais oui, et bien plus nombreux qu’on ne l’imagine) qui s’intéressent aux questions de traduction seraient bien inspirés de s’interroger sur la définition de cette activité par Paul Valéry loin de la trahison comme de la nécessité de « créer de la grâce au plus près de la gêne ». Il est vrai qu’il commentait les traductions des œuvres de Jean de la Croix par le carme Cyprien de la Nativité de la Vierge, mais tout de même. Ce n’est pas un hasard si on trouve cette citation dès les premières pages de La Seconde Profondeur (420 pages, 25,90 euros, Les Belles Lettres), recueil de réflexions, de textes, d’extraits, de poèmes, d’analyses d’une grande richesse composé avec passion et érudition par Christine Lombez autour de la traduction poétique au XXème siècle.
Un poète est-il le mieux placé pour traduire un poète ? Le problème se pose avec moins d’acuité s’agissant d’un écrivain pour un écrivain, à supposer que cela fasse vraiment problème. Avec les poètes, il en va autrement. Le linguiste Roman Jakobson ayant décrété que par définition, la poésie était intraduisible, et que seule la transposition créatrice était envisageable dans le meilleur des cas, beaucoup se sont fort heureusement employés à le démentir. Il n’était pas de meilleur stimulant que cette injonction quand bien même seraient-ils tous intimement persuadés que la traduction d’un poème a pour but ce que Jean-Yves appelle « une mimesis impossible ».
Difficile de lire ce livre sans conserver à l’esprit ce que Paul Celan, traduisant Qui je fus d’Henri Michaux en allemand, avait noté en marge d’un passage (unüberstezbar) avant de se reprendre des minutes, des heures ou peut-être des jours plus tard en biffant sa note pour lui substituer un übersetz ! griffé comme un cri de victoire. Mais on n’en saura pas davantage, et pour cause, sur la secrète alchimie à l’œuvre dans l’esprit du traducteur sur le passage de l’intraduisible au traduisible. Ce sentiment-là, pour le coup, est… intraduisible. Question de kairos probablement car lorsqu’il ne répond pas à la commande, un traducteur ne s’attaque pas à une montagne (par exemple André Markowicz à l’assaut de l’intégrale de Dostoïevski, ou Odette Lamolle s’attaquant à celle de Conrad) à n’importe quel moment de sa propre vie. La rencontre ne suffit pas : il y faut l’étincelle, le désir, l’expérience qui nourriront sur la durée l’effort de guerre.
Henri Meschonnic faisait remarquer ceci, qui a tout d’une évidence encore fallait-il y prêter attention : la traduction est un cas unique de lecture-écriture. Autre évidence qui vaut également qu’on s’y arrête : le poète traducteur d’un poète est juge et partie. On voit le risque. Même si souvent, il travaille non à partir du texte original dont il ignore la langue, mais à partir d’une version intermédiaire effectuée par un autre dans une langue qu’il connaît. On voit déjà ce que se perd dans cette étape. Pierre Jean Jouve faisait réaliser un mot à mot en français des Sonnets de Shakespeare par son sa compagne avant de « traduire » ce premier jet – et en l’espèce comment ne pas mettre de guillemets à « traduire ».
Pareillement pour Philippe Jaccottet pour des haïkus et tant d’autres encore. La traduction de la Bible sous la direction de Frédéric Boyer (Bayard, 2001) a joué le jeu à visage découvert en adjoignant à chaque écrivain responsable d’une partie, supposé ignorant du latin, de l’hébreu, du grec, un exégète confirmé. A ceux qui lui reprochaient ses nombreux contre-sens dans ses traductions de Celan ou de Hölderlin, le poète André du Bouchet, qui ne maîtrisait pas l’allemand, s’en sortait en prétendant en tirer avantage car il prenait ainsi ses distances avec la signification pour mieux faire entendre la parole…
Le risque est tout entier contenu dans le reproche adressé à Vladimir Nabokov d’avoir abusivement nabokovisé l’œuvre de Pouchkine en la transportant en anglais. J’ignore si Samuel a par trop beckettisé Apollinaire en traduisant Alcools ; mais si l’on se penche sur l’un des poèmes du recueil « Zone », ça donne ceci :
« Avec tes amis tu te promènes en barque/ L’un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques.
With your friends you go for a sail on the sea/ One is from Nice one from Menton and two from La Turbie »
Le problème survient lorsque le poète traducteur croit faire jeu égal avec le poète qu’il traduit, tels deux créateurs en conversation, ou plutôt : en dialogue, comme s’ils étaient vraiment en position égale. Mais est-on prêt à accepter de tous les licences poétiques que l’on pardonnerait à Claudel traduisant Eschyle ? Rien de moins sûr. Tout traducteur fait œuvre puisqu’il récrée une création avec ses mots à lui. Dans cette perspective, le poète plus encore. Il accède à « la seconde profondeur » pour reprendre le beau titre de ce recueil, ce que l’auteur Christine Lombez est la première à reconnaître :
« … leur qualité de créateurs de poésie confère aux poètes traducteurs un regard intérieur, privilégié, peut-être même critique, sur cette double expérience de l’écriture et de la traduction »
Et ce ne n’est pas seulement parce qu’ils sont du bâtiment. Il y a même des cas d’espèce : ceux des poètes autotraducteurs, appelés un jour à exporter eux-mêmes leurs poèmes dans une autre langue que la langue-source. Tous n’ont pas l’ironie de Samuel Beckett (on l’a oublié, mais il avait commencé en poète et il n’a probablement jamais cessé de l’être autrement en romancier et dramaturge), lequel intitulera longtemps après le recueil de ses poésies mirlitonnades. Autre cas, pas moins intéressant : Rilke, parfait francophone, traduisant dans notre langue ses propres Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910). Un aperçu avec cet extrait de la poignante chanson d’Abelone, à la fin du récit, version que l’auteur juge fidèle à son élan rythmique originel :
« Toi, à qui je ne confie pas/ mes longues nuits sans repos,/ Toi qui me rends si tendrement las,/ me berçant comme un berceau ;/ Toi qui me caches tes insomnies,/ dis, si nous supportions/ cette soif qui nous magnifie/ sans abandon ?
Car rappelle-toi les amants,/ comme le mensonge les surprend/ à l’heure des confessions. (ici l’original allemand)
Face au continent Shakespeare, Jean Rousselot tenait qu’intraduisible n’est pas poétique. Ce qu’Yves Bonnefoy formulera autrement, au risque du paradoxe : si les concepts ont quelque chose d’universel, les mots sont intraduisibles alors que les phrases sont traduisibles. Le même résumera la question en quatre mots ordonnés de manière saisissante :
« La fonction de la poésie est d’inquiéter le langage ».
On a l’impression alors que tout est dit. Or ce livre recèle bien d’autres pépites encore. A force de s’interroger sur ce qui se perd dans l’exercice de la traduction (le fameux lost in translation), on en a oublié de se pencher sur ce qui se gagne dans l’ordre du sens. « Un surcroît de compréhension intime » selon Jean-Yves Masson. Mais ce que nous fait entrevoir ce livre, c’est que lorsqu’un poète traduit un poète, le rayonnement s’effectue à double sens. Le poème nous éclaire alors sur ses deux auteurs : celui du départ et celui de l’arrivée. La lecture des Elégies de Duino renseigne presque autant sur Philippe Jaccottet que sur Rilke pour qui veut bien en prendre conscience ; l’imprégnation de Rilke et de Holderlin sur sa propre œuvre, tant en prose qu’en poésie, est évidente. Boris Pasternak allait jusqu’à revendiquer cette influence car il n’envisageait pas de traduire Kleist, Rilke, Shakespeare sans faire corps avec eux. Ce qui provoqua en Vladimir Vissotski une réflexion qui ne manque pas de piquant après avoir mis en scène « leur » Hamlet : « Comment jouer deux génies ? ». Ce qui est effectivement beaucoup pour un seul texte…
L’observation vaut lorsque le traducteur voue une admiration sans mélange au poète sur lequel il travaille. Mais que dire alors du cas contraire ? Car il en existe, bizarrement, des poètes qui détestent l’œuvre, et parfois la personne, qu’ils doivent faire migrer en français. Ainsi Armel Guerne avec les Mille et une nuits (« odieux »), Kleist (« affreux »), Grimm (« un pensum »), Shakespeare (« nul »), le cas de Rilke laissant vraiment dubitatif puisqu’il a commencé à le porter au plus haut, lui a consacré dix ans de sa vie avant de tourner à l’amour déçu exprimé par l’amertume. Il est vrai que Guerne avait carrément annexé le meilleur des poètes qu’il traduisait pour en faire le prolongement de son œuvre jusqu’à faire du procédé le fondement de sa poétique. Christine Lombez n’a pas tort de s’interroger :
« Faut-il croire que l’on traduit moins bien ce que l’on n’aime pas ? »
Pour un poète, traduire un autre poète est aussi une manière d’enrichir sa réflexion esthétique et de prolonger son art poétique. Pénétrer dans la forme d’un autre est un moyen de mieux connaître la sienne propre, et quel exercice le permet mieux que la traduction ? Un poète s’accomplit en creusant ce rythme des profondeurs, le seul qui lui permette d’accéder au mouvement de la pensée et à la musique intérieure du vers. En retour, l’autorité de cette traduction du poète en poète offre une visibilité réciproque aux deux sur le marché littéraire, le prestige de l’un rejaillissant sur celui de l’autre et réciproquement, à supposer que le poète traducteur en soit doté. Il se porte caution tel T.S. Eliot avec Saint-John Perse. Le problème, c’est qu’une aussi prestigieuse entreprise gèle pour longtemps toute tentative de dépassement d’une traduction qui finira bien par être datée un jour. Difficile de s’attaquer au Paradise Lost de Milton en passant après Chateaubriand…
(Illustrations de Mike Mc Quade et de Jasu Hu)
1 007 Réponses pour La poésie est-elle traduisible ?
« avait noté en marge d’un passage (unüberstezbar) »
On pourra toujours trouver quelque chose à mettre, périphrase ou non, là n’est pas le problème. Le juge de paix, le peacemaker, l’évaluation, cela va être la différence entre les niveaux d’abstraction du mot traduit et du mot ou des mots traducteurs.
Le but est de rendre ce delta inférieur à un certain epsilon, maximum admissible à tout endroit du texte ; parce qu’une traduction inégale, là aussi c’est la mort du petit cheval… Ca fait des anticlinaux comme dirait WGG…
« Avec tes amis tu te promènes en barque/ L’un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques.
With your friends you go for a sail on the sea/ One is from Nice one from Menton and two from La Turbie »
Autant dire que le Samuel s’est planté sur toute la ligne. Accidente !, comme on dit du côté du Rocher.
Difficile de s’attaquer au Paradise Lost de Milton en passant après Chateaubriand…
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La traduction d’André Himy (Imprimerie Nationale) du long poème épique de Milton est tout simplement exceptionnelle. Pour mémoire, André Himy, professeur émérite à Paris Ouest Nanterre, est un des meilleurs spécialistes mondiaux de la littérature & de l’histoire du protestantisme/puritanisme anglo-américain. Le mytho du Grand Bée peut trembler sur son rocher…
…
…par tant à traduire,!…même avec la plus grande érudition, rien ne vaut l’original,!…
…bien sûr,!…
…
…comme de reproduire de part leurs parutions en couleurs d’œuvres d’art,!…
…
…c’est très loin de l’original au musée,!…mais enfin,!…c’est déjà pour se en faire une idée en tête,!…
…le plus proche par sa densitométrie en couleurs que l’on nomme en imprimerie » charte des couleurs,!…et vérifications après les opérations des corrections par l' » elbo « ( ensemble interventions et procédures sur cylindres, avant la mise en route à feu vert pour le tirage définitifs des imprimés ),!…
…pour les beaux tirages,!…avant c’était très soigné dans l’imprimerie,!…
…
…soins aujourd’hui apporté aux seuls billets de banque,!…
…des livres aux reproductions 3D à hologrammes et reliefs spontanés,!…Oui,!…
…mais pas des tonnes,!…pour l’utilité réelle par cette technique,!…
…l’obscurantisme vaincu,!…avec deux fois rien sur la plage,!…etc,!Ah,!Ah,!…
…cette photochimie des lettres, quand même,!…
…une autre école du passé,!…à quels rigueurs,!…avec les Pokémons,!…etc,!…
…bien vu,!…
J’avais lu un jour une traduction de Rimbaud en allemand faite par Paul Celan et retraduite en français mot à mot : c’était très significatif et de l’esprit de Celan et de la manière dont on pouvait s’y prendre pour traduire. La traduction est tout sauf une science exacte.
Tout traducteur fait œuvre puisqu’il récrée une création avec ses mots à lui (et pour)
le poète plus encore (qui) accède à « la seconde profondeur ».
Bouhhh… Mais comment diable peut-on affirmer des choses aussi éloignées de soi-même quand on n’a pas de maîtrise de la traduction de ses propres romans (malgré le pacte de confiance a priori consenti à la réputation du traducteur) ?… et surtout, quand on n’a jamais été confronté soi-même à la douloureuse entreprise de traduction poétique ? Aurait-on affaire à une souffrance par procuration liée au possible biais du plaisir coupable éprouvé à ressentir la respiration d’un poète étranger reçu par effraction dans sa propre langue maternelle ? Je me le demande bien.
Mike Mc Quade, j’en reprendrais bien ; Jasu Hu, pas vraiment ! Merci pour ces découvertes picturales.
…
…Ah,!Ah,!…Oui,!…
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…les œuvres d’arts,!…caricatures très gratuites,!…dépôts des immondices,!…
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…à propos de papiers,!…
…en prenant des papiers très anciens ET prisés,!…qui étaient destinés aux immondices,!…Oui c’est » incroyable la culture à Bruxelles » en ce moment,!…
…j’ai retrouvé, une photo original, de par qui, après,!…a été peint » l’origine du monde « ,!…bien Oui,!…et sans retouches,!…
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…( j’ai du y revenir à 3 fois avec mon cadi, pour tout ramasser,!…( de la création en vu,!…genre Matisse et ses créations découpés en papiers ),!…on Vera,!…du temps à trouvé et l’esprit en adéquation,!…
…etc,!…
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pareil pour la littérature ; voir pour FAULKNER les premières traductions de Coindreau ou de Raimbault et les travaux de Gresset et Pitavy dans la Pléiade
« Pour un poète, traduire un autre poète est aussi une manière d’enrichir sa réflexion esthétique et de prolonger son art poétique »
Il y a un mot pour cela… Euh… C’est-à-dire… Ha oui, comme les Shadoks !
Et alors les gus qui transposent, qui arrangent la musique, c’est des traducteurs, finalement…
Le mytho du Grand Bée peut trembler sur son rocher… (Bloom)
Grand Bé . Au fait, qu’est-ce que ça veut dire « Grand Bé », je n’en sais fichtre rien. « Grand rocher », je suppose, ou quelque chose d’approchant.
Tout traducteur fait œuvre puisqu’il récrée une création avec ses mots à lui.
Sûr. Mais là où ça se complique grave pour lui, c’est qu’on attend tout de même de lui au premier chef qu’il soit fidèle à l’oeuvre d’un autre.
« Faut-il croire que l’on traduit moins bien ce que l’on n’aime pas ? »
Pas sûr. Après tout, la méchanceté est un moyen comme un autre de percer l’autre à jour.
Une fois lu cet article, on se dit que c’est vraiment compliqué, le problème de la traduction, et que chaque traducteur a ses propres réponses, différentes de celles de tous les autres. Mais au fond, ce qui compte, c’est le plaisir du lecteur. Alors, qu’importent approximations acrobatiques et méga-contresens, pourvu qu’il ait l’ivresse.
essayez de traduire Mallarmé en boche
La chair est triste ,hélas
et j’ai lu tous les livres…
déjà, tu commences, chair….mince, en boche, chair et viande, c’est pareil. Donc, Das Fleisch ist traurig, nebbich et là tu t’Arrêtes telle ment c’est khon !
De même, quand j’étais gamin, j’avais étudié « le gai savoir » en Philo..mon prof ,Mr Vezin avait traduit les poèmes de Nietzsche à la fin du livre…c’était bête…mais bête, sautillant, cucullapraline…
enfin, bon courage pour ceux qui vont traduire peut-être l’oeuvre poétique de d’Aubigné…
On ne peut pas traduire la poésie. Même traduire un mode d’emploi de machine à laver pose un problème , alors la poésie !!!
Odette Lamolle
hairy daisy ?
tu vois bien qu’il y aura jamais aucune déontologie journalistique possible quand tu vois la photo du petit con M.P. s’étaler sur le Figaro ou autres, d’après sa carte d’identité dont seul le domicile est flouté. Qu’on nous f. la paix avec la mise au secret-défense sur la tête de nœud des terroristes pour pas faire d’émules. Quelle dérision pitoyable ! Du sang et de la haine, ils ont que ça à nous vendre… surtout pas être à la traine de la mouise à gerber sur les réseaux sociaux. Faut ben remplir le vide, surtout l’été.
http://www.topito.com/top-traductions-merde-francais
un régal
Janssen, d’autre part a absolument raison…
Face au continent Shakespeare
brexit to jéruzleam à la cream
Difficile de s’attaquer au Paradise Lost de Milton en passant après Chateaubriand…
hon peut dire ‘le beau est dans les yeux du nationaliss’ jusqu’à cque donalde trompe soit élu lassouline..haprés la france n’est pus la france tfaçon
André Himy, professeur émérite à Paris Ouest Nanterre, est un des meilleurs spécialistes mondiaux de la littérature & de l’histoire du protestantisme/puritanisme anglo-américain. Le mytho du Grand Bée peut trembler sur son rocher…
mine de rien..vdqs
toutes ces considérations sont celles de paumé de ruiné..de vaincu lassouline..suffit dse souvnir de caton..connaissait l’grec comme sa pauche y parait..enfin assez
Face au continent Shakespeare
..génial hen somme
Même traduire un mode d’emploi de machine à laver pose un problème , alors la poésie !!!
il parait que c’est un proverbe algérien ‘la loi ne protège pas les ignorants’
ah Guillaume Secouelapoire…immense dramaturge
ou plutôt Guillaume Secouelance
Les quatre Scarabées de Mare-au -Foie
Arthur Batteurdécailles
qui se cache derrière
Paula Filspourri-Boulanger
Les quatre Scarabées de Mare-au-Foie
Guillaume Secouelance
Rainier-Gernot Tonnelier
Lucain Vicomte
Isaac Neuville
Sigismond Joie
Arnaud Laboureur-Noir
Arnaud Belle-Montagne
Édouard Moine
C’est bien, ces illustrations… C’est pour nous
zigouiller si notre fourche langue ?
Si on peut choisir je préfère le barrage du Pacifique au moins on a la fille…
@ P.Assouline
« Jean Jouve faisait réaliser un mot à mot en français des Sonnets de Shakespeare par son sa compagne… »
Il vivait avec un transsexuel? 😉
Etats-Unis: une montgolfière s’écrase, 16 morts au Texas
ils ont oublié de lâcher Trump à temps pour lester leur ballon…
Pour pouvoir traduire, il faut d’abord et avant tout « sentir » dans la langue originale. Et sentir dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle est une chose qui est loin d’être évidente. C’est une lente imprégnation qui est une chose bien plus profonde et irrationnelle qu’une simple connaissance de la langue. On peut très bien comprendre tout à fait une phrase dans une langue donnée mais ne pas la « sentir ». C’est certainement quelque chose qui a à voir avec l’échange primordiale qu’on a eu tout bébé avec sa propre mère, c’est quasiment inconscient.
Traduire c’est sentir. C’est pourquoi un traducteur qui traduit un texte sans en connaître la langue est un imposteur, qu’il s’appelle Jaccottet n’y change rien.
Traduire, ce n’est pas seulement recréer. Un auteur crée. Un traducteur voit sa création encadrée par le texte de la langue source. Il ne fait pas ce qu’il veut, il fait ce qu’il peut, ce que le génies e la langue d’arrivée et son génie propre lui permet de faire au sens de poien en grec. Il n’y a pas de véritable recréation. Traduire c’est une grande école de rigueur, d’humilité, de servitude au texte d’origine encore et toujours.
Traduire n’est pas passif. Traduire est actif dans la mesure où en traduisant on apprend sa propre langue, ses ressources inexplorée, toute l’étendue de ses capacités et de son génie propre. Le génie d’un traducteur n’est jamais que le génie de sa langue maternelle. Un grand traducteur est d’abord un ancien bébé qui a eu avec sa mère une relation privilégiée. Traduire c’est toujours retrouver, d’une manière ou d’une autre, à travers les mots des autres, cette relation privilégiée unique de stimuli des sens par la voix de la mère. C’est pourquoi traduire est toujours un retour au paradis de la première innocence.
Difficile de s’attaquer au Paradise Lost de Milton en passant après Chateaubriand…
Le candidat-traducteur de Milton, avec la résolution du désespoir :
— Je veux être Chateaubriand ou rien.
Mon père, Georges-Arthur Goldschmidt est, pour toutes les raisons que tu viens d’exposer si brillamment,un extraodinaire traducteur. Je l’ai souvent se coltiner presque physiquement avec l’allemand..comme un catcheur, car traduire est un travail physique ou n’est pas.
moi qui sais très bien le boche, je ne sais pas traduire un texte parce qu’il me manque cet athlétisme inné du sens. Tout ce que je pourrais faire, si je m’y essayais , en matière de traduc serait une pitoyable daube.
Contrairement à ce que croient beaucoup, traduire ce n’est jamais traduire des mots, c’est traduire à travers des mots une situation, une réalité, quelle qu’elle soit, extérieure aux mots eux-mêmes. Qui veut traduire des mots ne saura jamais traduire. Traduire, en ce sens, c’est réinventer la syntaxe du monde d’une langue à l’autre.
On en prend d’autant plus conscience si on se met à vouloir traduire du chinois par exemple. En apprenant le chinois on se rend compte de manière vive et aiguë combien les langues occidentales, avant même qu’on dise quoi que ce soit, tissent un filet qui emprisonne le monde dans un réseau d’a priori qui s’appellent la syntaxe, alors que la langue chinoise est beaucoup plus paratactique, laissant le lecteur ou l’interlocuteur beaucoup plus libre de comprendre et de tisser des liens entre les mots pour construire du sens. Nietzsche dit à cet égard, dans le Livre du philosophe, une parole profonde : « Der Philosoph in den Netzen der Sprache eingefangen. »/ »Le philosophe pris dans les filets du langage. » Et pas de philosophie de l’Être sans le verbe « être ». Comme si toute philosophie de l’Être était au fond d’abord et avant tout une philosophie de la langue et des capacités occidentales de la langue, qui ne se retrouve pas en chinois par exemple. La Chine ne connaît pas la transcendance de l’Être. La culture chinoise n’a pas le sens du religieux au sens occidental du terme. Il n’y a pas de traduction possible de l’Être en chinois.
Mais je suis persuadé que ton père a une relation privilégiée avec sa propre mère qui est certainement très vive et plonge ses racines profondément en lui pour le rendre capable de traduire comme il le fait.
S’il faut que le traducteur « ait une relation privilégiée avec sa propre mère qui est certainement très vive et plonge ses racines profondément en lui pour le rendre capable de traduire comme il le fait »
…. je suis désolé mais cela m’indiffère ! profondément …
Bonne nuit, les petits garnements turbulents !
On pourrait dire d’ailleurs que toute l’évolution de la poésie depuis Mallarmé est de transformer la syntaxe des langues occidentales en parataxe comme en chinois. C’est tout à fait frappant notamment chez André du Bouchet. Les mots sont sans cesse en état de rébellion contre la syntaxe qui voudrait les emprisonner dans quelque réseau de sens que ce soit ; ils cherchent à être libres, à sortir de la gangue de la phrase. C’est ça aussi qu’il faut savoir traduire si on veut traduire e la poésie contemporaine. Pas facile !
Une phrase de Kleist, c’est tout un monde à soi seul. Un monde très étrange, labyrinthique. Qui traduit Kleist doit savoir et pouvoir entrer dans un tel monde. C’est forcément extrêmement éprouvant.
De même une phrase de Th. Bernhard. Très différente d’une phrase de Kleist. Mais c’est tout un monde aussi. Une sorte de colère rentrée qui explose en un chant inouï, quel que soit ce que dit ensuite la phrase. C’est ça qu’il faut sentir si on veut traduire une phrase de Th. Bernhard. C’est l’âme de Th. Bernhard. Une âme étrange, unique.
Billet reprenant les interrogations tenaces de P.Assouline sur l’acte complexe de traduire un texte littéraire et qui plus est, de la poésie. Interrogation qui revient souvent sur la RDL et c’est bien car on progresse de billet en billet vers plus clarté.
L’idéal est de pouvoir s’exprimer, penser, lire en plusieurs langues et avoir le goût de la littérature.
Pour moi qui ne suis qu’imparfaitement bilingue j’apprécie – dans le domaine de la poésie- les éditions bilingues comme d’entendre la poésie lue dans sa langue originale et les « bons traducteurs » et ceci à cause du « son » de chaque langue ( la remarque de Pablo75 à 19 h 25, à propos de : « Jean Jouve faisait réaliser un mot à mot en français des Sonnets de Shakespeare par son sa compagne… » évoque un lapsus bien intéressant. Dante écrivait dans son Convivio : « Et que chacun sache que nulle chose harmonisée par lien musaïque ne se peut transmuer de son idiome en un autre sans perdre toute sa douceur et son harmonie. »
Ces lignes sont les premières de la préface de J.Risset dans le premier tome de La Divine Comédie (préface extraite d’un ouvrage incontournable Traduire, in « Dante écrivain, ou l’Intelleto d’Amore » paru au Seuil en 1982.
Dans cette introduction elle explique comment elle a abordé la traduction de « La Divine Comédie » tentant d’affronter « la rupture du lien indissociable entre le son et le sens » qui constitue le chemin du texte original au texte traduit. Puis elle s’attarde sur une autre difficulté, celle de la tierce rime (strophe formée de trois vers, dont le premier rime avec le troisième). Et sur encore un autre écueil : « la vitesse du texte de Dante », d’une telle voix. Encore des ruptures « irréparables »… Traduire Dante est « une opération risquée », écrit-elle, surtout en français.
Alors pourquoi traduire et comment traduire ? Comment « transmettre l’éclat, le tranchant d’un grand texte ? »
La traduction est également écriture et invention quitte à frôler le hors-sens, jouant des possibilités plurielles intérieures à la langue (ici italienne).
Des traductions peuvent être plus claires que l’original, fascinantes, des métamorphoses. Le nom du traducteur est maintenant mis en valeur dans tous les ouvrages. Et celui de Jacqueline Risset est pour moi lié à cette œuvre de Dante, éclairée par une profusion de notes passionnantes, comme les traductions de l’œuvre déchirante et lucide de Pavese dans le Quarto Gallimard, présentées, révisées et annotées par M.Rueff et tant d’autres excellentes traductions.
Oui, j’avais toujours trouvé d’une fadeur insigne la poésie de Dante jusqu’au jour où j’ai été capable de le lire un peu en italien. D’un seul coup toute la beauté et la musique enchanteresse des textes de Dante m’ont été sensibles. Dante est absolument intraduisible en français. Dante c’est d’abord un chant merveilleux.
De même par exemple Mandelstam en russe ou Ana Akhmatova. Le Requiem en russe, ça prend à la gorge.
Un poète comme Paul Celan passe très bien en français, et pas seulement grâce à la qualité de ses excellents traducteurs. Il y a comme une sorte d’alchimie qui opère avec le français, mystérieusement.
traduire « Le vent était mou, les étoiles brillaient »…en conservant toute sa beauté à la phrase, si simle en apparence et cependant si travaillée !!!!!
[ living on borrowed time > les lendemains qui tuent… https://www.youtube.com/watch?v=4v3pZFBznzU ]
Georges-Arhur Goldschmidt traduit ainsi un titre de Peter Handke :
» Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille »
Le texte allemand est :
« IN EINER DUNKLEN NACHT GING ICH AUS MEINEM STILLEN HAUS « .
Pas besoin d’être très versé dans la langue de Goethe pour se dire que pareille merveille, suavement, lumineusement chuchotante, pose au traducteur un défi qui s’apparente à la quadrature du cercle.
J’imagine que, dans les souvenirs d’un traducteur pourtant aussi talentueux que Georges-Arthur Goldschmidt, la liste de ceux de crises de rage doit être bien fournie. Et pourtant, ce titre, il va bien falloir que tu le traduises ! Et tu n’en es encore qu’au titre !
Et moi, pendant ce temps, lecteur innocent, languissant,négligent … Ouais, pas mal, pas mal, même pas mal … Pouète pouète lariflette, oui. Et c’est pour des pignoufs de mon calibre que Goldschmidt y se décarcasse. Tas de feignants, j’aimerais vous y voir !
Traduction, verre à moitié vide, à moitié plein
passionnant sujet Pierre Assouline. Merci!
« Jean Jouve faisait réaliser un mot à mot en français des Sonnets de Shakespeare par sa compagne… »
C’ est ce que fit Yves Bonnefoy avec la traduction du poète italien Pascoli. Il demanda à Chiara Elefante de lui traduire mot à mot certains de ses poèmes.19 exactement.
http://www.dorif.it/ezine/ezine_articles.php?art_id=247
Pour les traductions, il existe des modes et des traducteurs (trices )monté(e)s au pinacle. L’ exemple de Bloom à propos du Paradis perdu est significatif de ce point de vue.
…
…conflits d’intérêts,!…Ah,!Ah,!…
…tout ce qu’il ne faut pas écrire,!…
…qu’est ce qu’il dit,!…
…t’occupe,!…c’est déjà classé,!…
…
…désamorcés les grosses bombes sur terre,!…quel boulot,!…il en restera toujours, l’une ou l’autre oubliée, dans son sillon de projection,!…
…
…enfin, comme dirait le Troumph Poker d’Ass nouveau, autant tout faire sauter,!…des économies pour le » chiffre « ,!…
…aux paradis-off-shores,!…un plus pour oublier la patrie des magouilles et compost – collabos de service ripoux,!…
…du chiffre, en voilà en veut tu,!…
…
…tous ensemble en tas de fumier,!…
…l’espace du temps des dinosaures,!…
…encore,!…etc,!…
…tout ces Schproumffs à profits,!…pour les Gargamelles outre – atlantique, en Brexit,!…
…la cuisine pour nos Gargantua mondialistes,!…
…la précision c’est tout,!…l’horloger à sa marge d’erreurs, faut vendre des salades aux cœurs,!…hissez-haut les roturiers,!…
…en familles d’escarpolettes,!…etc,!…
…
…Go,!…
La Comédie de Dante a aussi été traduite par Jean Charles Vegliante dans la collection NRF Poésie/gallimard et il est assez intéressant de comparer avec la traduction de Mme. Brisset…
…
…un autre livre,!…et pas le temps de le finir,!…
…
…Maisons de Société, choses vues
…1927, Jacques Roberti
…Paris Arthème Fayard & Cie,éditeurs
…
…commentaires,!…tout et rien de plus normal,!…pour se faire étriquer, en ripoux d’index,!…Ah,!Ah,!…etc,!…
…des châteaux,!…bon, il manquera toujours un plus important,!…
…même trop fortunés restons sur nos gardes,…à nos prédisposées aux téléphones en jachères,!…etc,!…Ah,!Ah,!…
…l’unité et rien à fendre l’esprit,!…
…chouettes,!…Ah,!Ah,!…Go,!
…
Un poète est-il le mieux placé pour traduire un poète ? – Pierre Assouline.
Eh bien, il sera passionnant de démêler pourquoi le poète Yves Bonnefoy demanda le mot à mot de certains poèmes et pas celui d’ autres pour les traduire à sa façon. Chiara Elefante le dit d’ ailleurs dans un texte qu’ il faut que je vous retrouve…
Je suis hors-sujet.
Avez-vous lu ça ? Où est le sexisme dans ce propos ? Et cela justifie-t-il une suspension de son job ? On devient fou ou quoi ? L’article pourrait quand même mentionner un éventuel excès de zèle de Maurice Levy vis-à-vis de sa patronne Elizabeth Badinter. Non ? Est-il besoin d’ajouter que j’adore les femmes ?
À propos de sexisme, je dois dire que je suis toujours très amusé de voir sur les plateaux de journal tv dans toute l’Europe (sur ITélé mais je regardais encore hier une émission allemande sur ARD, de même sur une chaîne espagnole où c’était le cas, où il s’agissait d’un débat sur la politique espagnole et les tendances inextricables de la politique espagnole pour les prochaines élections) où on voit une véritable assemblée de femelles nous parler d’un air très sérieux des événements tragiques du monde, se passant la parole, s’interpelant, se rendant l’antenne, etc. Je trouve ça hyper comique. Mais je dois certainement être très très sexiste. Alors que je ne ris absolument pas quand je vois des hommes dans la même position. Il y a là pour moi un profond mystère… Je ne sais pas, ça doit réveiller en moi de vieilles images archaïques de gynécée ou de fantasmes quelconques de ce genre…
Le sexisme est profondément naturel chez le mâle humain standard, c’est un simple constat de la diversité sexuelle.
C’est établir une hiérarchie entre les sexes qui est criminel… pas de les reconnaître comme totalement différents !
Point d’archaïsme, là dedans….
Merci, JC, je vois en toi un cœur plein de compréhension etd e compassion pour les faiblesses du mâle que je suis…
C’est vrai on se demande. D’un côté on a Laetizia. Se l’autre Maité.
Quand même.
Faut pas être sorti de Saint Cyr.
Ma préférée reine d’Espagne de Navarre et des Asturies
https://www.google.fr/search?site=&source=hp&ei=e4mdV5ndDsf5aI2mnPgK&q=maite+cuisiniere&oq=maite+cuisiniere&gs_l=mobile-gws-hp.12..0j0i22i10i30.117718.123758.0.125659.17.17.0.7.7.0.294.1757.13j3j1.17.0….0…1c.1.64.mobile-gws-hp..0.17.1250.3..5j41j0i131.vj6flv8sXyM#imgrc=KojAFEIaEDC5tM%3A
Reine de l’armagnac du navarin et des palinodies
Entre les deux y a personne.
Vais commencer de Paul Vey n’es
Quand notre monde est devenu chrétien (312-314).
Commence à me sentir.voluptueusement en vacances.
Cet été porte et chambres ouvertes. C’est l’été. On refermera après.
Le Seigneur m’a donné l’infini privilège de pleurer (quand j’ai fini les Misérables) ; je l’ai prêté à ma mère. J’ai ûne autre amie de 90 ans qui veut le lire.
Prends mon billet pour Tel Aviv/ Jaffa.
A Jérusalem, je vais aller voir le mur des lame tations et le tombeau de Rachel.
?
Lamentations
?
La vie entre les hommes et les femmes est plus facile qu’entre la Palestine et Israël.
Je vous le dis.
Ceoyez-moi sur parole.
(J’espère que je vais bien manger ( je me méfie un peu de ces pays étrangers).
Je ne sais pas si Rivka est encore vivre elle a fait son alya.
On avait 26 ans. Si ça fait comme avec Jacques l’effet montgolfière faudra des amortisseurs. Et une patience folle. Et des rognons de veau.
Bonne journée
Il tonne chez moi.
Mon père ne veut pas vieillir : ben non, sa vieillesse à lui n’est pas un naufrage. Mais elle est inéluctable et cela, il ne l’admets pas.
Je prends la poudre d’escampette avec les pieds ailés.
A Jérusalem j’entrerai dans une synagogue. Etc.
Ma Reine préférée est Jetsun Pema, reine du Bhoutan :
http://images.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&source=imgres&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjtnJPt_JzOAhVFvBoKHTVLDyIQ5RMIBDAA&url=http%3A%2F%2Faugrenierdantan.centerblog.net%2F1989-jetsun-pema-reine-du-bouthan&usg=AFQjCNGFI6Rdrs4Uz30YQGqIm_vLOBLdGw&sig2=aXjKI5A3TpB4IY6iX5fZ3w
Celle de l’ami Wiwi est – mais il ne l’avouera jamais – la belle Najat Belkacem…..
J’ai très hâte de voir le tombeau de Rachel.
Je pense aller voir le jardin des oliviers aussi. Ce sont des arbres de chez moi et j’aime bien quand il a pensé en silence après la trahison de Pierre et avant celle de Judas mon petit Jésus de Nazareth.
Rose, je voulais vous mettre en commentaire le début de la Genèse en hébreu biblique mais le modérateur n’accepte pas l’hébreu biblique. Doit être un tantinet antisémite, m’est avis…
Bon voyage baaretz !
Dans l’atelier de l’artisan, traducteur, poète-traducteur:
« Dans les difficultés d’interprétation il faut garder à l’esprit que le poème a été lieu d’une d’une expérience qui essaya de se dire, qui n’y parvint qu’à demi, mais qui, pour être embrouillée, n’en fut pas moins une seule pensée, autant en quête de soi qu’intéressée par avance à l’assentiment du lecteur. La tâche de ce dernier, c’est aussi cela: ne pas oublier que le besoin de la poésie, chez ceux qui l’écrivent, c’est aussi le souci d’une vérité partageable »
dans l’atelier du Poète, dans une tentative d’auto-retraduction, du poème de sa vie, et presque au terme de celle-ci :
» je crois bien qu’il me faut penser qu’au moment même où je cherchais à percer à jour ces énigmes, j’avais désir de ne pas le faire. Car il y avait en moi quelqu’un pour rêver, ah, certes coupablement, qu’existe un autre niveau de de réalité que celui où on pense et oeuvre ordinairement: et que de cet autre lieu dans l’esprit je pouvais espérer que je recevrais parfois des messages, mais qui seraient obscurs par nature, sinon même à jamais impénétrables. Et quel plaisir, quand on pense ainsi, d’imaginer qu’ont vient d’en découvrir un, caché dans les sables de l’existence d’ici! »
Dans l’oeuvre poétique de Yves Bonnefoy
____________________
Dans le poème on ne peut pas s’asseoir à l’aise / Il vous fait tenir debout/ Monter rayonnant
Le monde vous entoure de près/Tout en devenant moins lourd
Traversé par une lumière/ Qui ne vient pas d’ailleurs
_ Vous êtes poursuivi.
Laisse-moi m’enfoncer/
Dans ma mer imaginaire/ Et pourtant vraie.
Dans Art poètique de Guillevic, poète, traducteur.
« Alors que je ne ris absolument pas quand je vois des hommes dans la même position. »
Pourtant ils sont autant comiques, sinon plus…
Rose, nesi’ah tovah ! bilouille n’im baaretz israel. eïfo ‘aten garah ? yafo ve byrouchalayim beveyt-malon ?
(le fameux lost in translation)
karaoké ?
カラオケ
JC, prêtons allégeance à Jetsun Pena! Nous sommes tous bouthanais!
En poésie, on ne traduit pas, on réécrit, avec plus ou moins de parti-pris (son/sens, littéralité/distance); Les schémas prosodiques étant différents selon les langues (pieds/syllabes accentuées ou non-accentués) on fait ce qu’on peut. De la musique avant toute chose, disait Verlaine au vent mauvais. Précepte utile, pas facile à suivre.
Pour le lecteur, essentiel d’avoir le texte original au regard, la poésie est aussi une présence physique poussée à l’extrême de sa logique par Apollinaire, les grands Américains, etc.
En ce qui me concerne, la traduction poétique est une activité à 4 temps:
– premier temps: texte original préalablement chiadé à fond comme pour un commentaire linéaire
– deuxième temps: traduction quasi-littérale, le sens avant tout (dans la marge, les illuminations éventuelles)
– troisième temps: travail sur le texte français seul (occultation de l’original). Laisser reposer plusieurs jours/semaines…
– quatrième temps: retour au texte original pour s’assurer de la fidélité minimale à icelui, derniers réglages après le passage au gueuloir (obligatoire).
Dernier temps: manuscrit refusé…damnèd
NB: plus bas, à la place du Grand Bé, j’aurais pu parler de Combourg, le plus important bien entendu étant « le mytho » – le mytho de Combourg, du quasi-Kleist!
Bloom, vous en êtes où de vos traductions et publications ? On va pouvoir bientôt vous lire ?
Camarade Closer,
Si le Bhoutan n’était pas si loin, si elle n’était pas heureuse avec son Roi et ses enfants, si je n’étais pas si fainéant, si j’étais fourbe, aventurier d’alcôve, séducteur sans retenue, charmeur de serpent, enchanteur merlin, j’irai au Bhoutan pour la connaître mieux …
Mais voilà ! je suis engagé depuis tout petit sur la voie de la Sagesse.
Amitabha ! empêche moi de céder à cette diabolique lubricité qui brouille mon esprit depuis que ma nounou, Marilyn, m’a donné le sein, il y a bien longtemps…
Je me marre de voir la « fraternité chrétiens/musulmans » mise en scène à l’occasion de l’égorgement du vieux curé !
Comment penser une seconde qu’il est représentatif de quoique ce soit de positif dans la lutte anti-terroriste islamique !
Du vent dans les voiles ! … le skipper est déjà à la baille, mort, décomposé.
« La traduction d’André Himy (Imprimerie Nationale) du long poème épique de Milton est tout simplement exceptionnelle. »
c’est pas ARMAND ?
Dans la tradition de notre culture tout au moins, les grands textes de la littérature, et tout spécialement les grands textes de la poésie — Homère, Dante, Goethe, Rimbaud … — s’apparentent à des textes sacrés. D’ailleurs Mallarmé n’élevait-il pas l’écriture poétique au niveau de l’expérience religieuse, considérant que le rôle du poète était de « donner un sens plus pur aux mots de la tribu », et s’attachant à truffer ses textes de difficultés qui en interdiraient l’accès au profane ? S’il en est bien ainsi, alors toute traduction d’un grand texte poétique s’apparente, peu ou prou, à une profanation. Traduire, c’est faire passer le texte traduit du domaine de l’absolu à celui du relatif, puisque, s’il n’existe (en principe) qu’une seule et unique version d’un poème d’Apollinaire, le nombre de ses traductions possibles est, en principe, illimité. Traduire, c’est donc toujours refiler au client de la fausse monnaie à la place de la vraie.
Il n’en va pas ainsi seulement du texte poétique, mais, au fond, de tout texte écrit,qui revêt un caractère d’absolu, surtout quand la mort de son auteur l’empêche d’y faire la moindre correction. Toute traduction est nécessairement un faux (plus ou moins réussi) en écriture. Mais, dès qu’il s’agit d’art, nous ne supporterions pas qu’un tableau de Vinci ou de Picasso, une partition de Berlioz ou de Verdi subisse les altérations d’un faussaire : il devrait, en principe, en aller de même d’un grand texte littéraire.
dans le billet: « Un aperçu avec cet extrait de la poignante chanson d’Abelone, à la fin du récit »
bouh la la, c’que c’est torturé ces histoires d’amooouur de regard de braise dans les salons hype tout emprunts de romantiss allemand.
et fort empreintées, ces love stories.
« toute traduction d’un grand texte poétique s’apparente, peu ou prou, à une profanation. »
C’est pourtant ainsi que nous lisons la Bible, Charles !
Sans le travail de traduction de Françoise Laye, je ne pourrais savourer « Le livre de l’intranquillité » (Bourgois) qui réunit les manuscrits retrouvés dans la malle où Fernando Pessoa les entassait. Ces fragments discontinus regroupés font un livre de voyage intérieur, une expérience de vie angoissante, un labyrinthe vertigineux.
Sa traductrice, F.Laye, écrit dans un avertissement au lecteur :
« Et le traducteur ?…
Le traducteur doit avouer qu’il tente, de son mieux, de suivre et de retrouver le mouvement souterrain de cette pensée exploratoire(…).
Le lecteur doit donc être averti que les innombrables ruptures ou violations de syntaxe, les images abruptes, les audaces, les néologismes, les obscurités, les mélanges de styles qui parsèment ce texte, ne sont pas des erreurs ou des gaucheries de traduction : ce sont – transcrites comme a pu les transcrire le traducteur, malheureux et ravi – autant de merveilleuses, d’intraduisibles trouvailles de Pessoa, pour traduire le mystère. »
Un livre très important pour moi.
Merci pour la citation de Y.Bonnefoy.
Je me souviens, également, du travail de Jean-Ollivier (L’astragale de Cassiopée) pour la traduction de Milton, de Fontane, V.Woolf, et de celui de W.(Le serment du puits) pour la poésie allemande et ses notes sur A. du Bouchet/ Celan, I.Bachmann… de MàC (littérature allemande)…(sur leur blog).
Carle, argumentum tuum non ualet. Noli exspectare, ut id diluam. Quicumque vero quamcumque imaginem videt, eam ex tempore intellegit. Ea in alteram linguam traducta non opus est.
nossum ragolare sin verduino patapouf jacta a lest
ISIS church-attacker worked at a French airport as a baggage handler three months before priest murder and got through police checks ‘easily’ to secure the job
http://www.dailymail.co.uk/news/article-3714232/ISIS-church-attacker-worked-French-airport-baggage-handler-just-months-priest-murder-got-police-checks-easily-secure-job.html#ixzz4FyMyNDfs
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Quand à L’iliade et l’Odyssée, contées par ce vieil aveugle d’Homère, et retranscrit avant traductions, c’est plus une profanation, mais carrément un viol littéraire, Charles !
Et si un gouvernement autoritaire, tyrannique, fachoïde pour tout dire, INTERDISAIT purement et simplement toute traduction, sauf les modes d’emploi de machine à laver ou de kalachnikov, évidemment ?! Formidable, non ?…
On ouvre des camps d’internement pour traducteur à qui on confie des outils de jardinage pour les occuper, ou des machines à coudre, …. et on y gagnerait !
Pas d’altération de l’œuvre d’un autre par un incompétent blablato-traducteur, bond extraordinaire dans les écoles de l’apprentissage des langues étrangères, commerce renforcé entre les nations de Babel !
Interdisons la traduction !
Bien d’accord avec le commentaire de Christiane sur la traduction par Françoise Laye du merveilleux « Livre de l’intranquillité » de Pessoa !
Un lointain parent de ma poissonnière, parai-il !? …
Meriem Derkaoui (PCF), une Franco-Algérienne de 60 ans, élue récemment maire d’Aubervilliers, avait fait citoyen d’honneur de la ville d’Aubervilliers, voté par le conseil municipal, le terroriste arabe palestinien Marwan Barghouti, en prison en Israël et responsable de la mort en Israël de centaines de civils israéliens comme étrangers.
L’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun, s’est déclarée jeudi « profondément choquée et inquiète » des initiatives de certaines municipalités françaises déclarant « citoyen d’honneur » Marwan Barghouti, figure de la cause palestinienne condamné à la prison à vie en Israël pour terrorisme.
le tribunal ad.ministr.atif a annulé, le 7 juillet dernier, la délibération du conseil municipal d’Aubervilliers.
Le ver est dans le fruit.
Ami, tu as l’esprit bien mal tourné : ce religieux afghan est un modeste, un sage, un économe de ses sous !….
En effet, c’est moins cher pour lui d’acheter une fillette de 6 ans qu’une grande fille vierge, sodomisée discrètement, de 18 ans, ou 3 fillettes de 6 ans.
Ne sois pas si critique…. please !
Quand on lit des « poètes » du type de Jaccottet ou Bonnefoy, on a le sentiment qu’ils se sacrent eux-mêmes, on la le sentiment qu’ils se donnent un « statut » absolu, définitif, de « poète »,comme s’ils possédaient naturellement une intensité et une technique dans l’étoffe et la manipulation technique de leurs mots, se mettant sous la dictée d’une voix intérieure « « infaillible » ; et ce qui me surprend toujours c’est qu’il exigent la même crédulité du lecteur, la même foi dans leur opération poétique comme s’ils avaient, en eux, un gisement de vrai, un absolu du sens de l’Art, dont ils sont les mystérieux dépositaires à jamais..
De quoi rester perplexe devant cette espèce de « pureté » de leur source poétique qu’ils s’attribuent, dans un curieux amalgame de puissance analytique, de vérité intime, de sincérité existentielle, suivant une sorte de pendule obscur.. Donc poètes « pythiques » ? arrimés curieusement à une certitude positive personnelle quant à leur richesse d’émotions et d’images.. Ça frise le charlatanisme… car ce retentissement émotif qu’on devrait éprouver à la lecture de leurs textes, n’est pas toujours au rendez -vous. Je préfère l’écriture automatique et ludique d’un Breton, d’un Soupault ou d’un Desnos dans le premier printemps surréaliste..
un exemple particulier de « traduction » : celui donné par JULIO CORTAZAR qui, parlant français, exigeait que ses œuvres soient traduites par Laure Guille-Bataillon puis après discutait avec elle
bien vu et bien dit polo..c’est un peu comme dracul s’évertuant a faire le yavé qui plane sur les os..un repoussoir a moineau
Résumons.
Une société bien organisée n’a que faire de ces individus dangereux, incertains, imprécis, inadaptés au réel, incapables, que sont les poètes !
Que de soucis nous seraient épargnés si, non seulement en littérature mais aussi en politique, nous pouvions éviter, éliminer, annihiler, neutraliser, poésie et poètes !
l’écrit a été hinventé pour compter les biftons et la poésie pour chanter les salopes et les assassins..haprés ça s’est raffiné polo..comme le cognac était une sale gnole pour prolo à ses débuts..l’houblier c’est mentir
le cognac était un fret de d’occasion..chus troisième dan en niak..jle sais..hé pourtant hon finit par se mettre a genoux et hon a raison..tiens polo..tu sais comment desproges y traduisait wisky en français ?
il en a mis du temps pour nous ressortir yavé, le radodoteur
Ce que vous dites, Paul, ne manque pas de m’étonner. Non que je vous croie pas sincère dans votre critique, mais enfin un poète comme Ph. Jaccottet est le contraire même du poète sûr de son art et le claironnant à tue-tête.
Parlant de son passage à Paris, de temps de sa jeunesse, où Valéry était à la mode et le grand poète prestigieux, il déclare : « À Paris, je n’ai pas tardé à comprendre qu’il y avait pour la poésie d’autres voies, plus conforme aussi bien à ce « temps de détresse » dont a parlé Hölderlin prophétiquement, — et dont nous ne sommes pas sortis, loin s’en faut. Qu’un chantonnement plutôt qu’un chant, était encore possible sans tricherie. » C’est un aveu de modestie.
La poésie de Ph. Jaccotet, je la lis comme une voix, une mélopée du monde, attentive aux couleurs des soirs d’hiver qui, comme il le dit si bien, « se révèlent d’un plus grand secours, pour continuer de vivre, que toutes les doctrines du monde. » Il essaie en tout cas de rendre grâce à la beauté du monde.
primus ministrus, Emmanuelus Vaalseusus décidabat donnare statutum similarium cum lege de separatione ecclesiae imperiumque , anno MCMV, ad mohameanos.
Consilium Mahometanorum Institutionarum manere principalum interlocutorem .
Utinam Vallseusus reussibit soudare comunautatem mahometanorum escapare de pourritura salafista. Non est gagnatus
C’était peut être vrai au XIXe siècle, Paul Edel : Baudelaire traduisant Poe, le réinventant dans notre langue, ou Hugo Shakespeare ?
c’est pas ARMAND ?
—
Yes, A. Himy.
N’y a t-il pas tout de même quelque chose d’un peu « précieux » chez Jaccottet ou Bonnefoy, WGG ?
je la lis comme une voix, une mélopée du monde, attentive aux couleurs des soirs d’hiver
dracul y cause comme dans un brainstorming sur des conditonnement loréal des 70’s..aujourdhui il srait même pas bon pour faire cariss sur une platforme logistique lvmh
Voilà ce que Ph. Jaccottet dit de la traduction dans un entretien accordé au Journal de Genève, en janvier 1997 :
« Je pense — mais je suis l’homme le moins théoricien qui soit — qu’il n’y a pas de principe généraux de la traduction. Plutôt une écoute de chaque poète dans sa singularité. La poésie, c’est pour moi d’abord et presque toujours une voix et un ton. Quand je traduis des poèmes, ou même de la prose, j’ai l’illusion que j’entends la voix de l’écrivain et j’essaie, très intuitivement, de l’épouser de mon mieux. »
Jaccottet, de même, c’est d’abord un ton, une voix. Sa poésie est l’expression même de la crise de la poésie depuis Mallarmé.
je me souviens avoir acheté, du temps de ma jeunesse folle, chez Herder, la formidable librairie de Fribourenbrisgo, « Die Elenden »…;formidablement bien traduit…cependant Afec Chean Falchaean et Chavert, Kosette, usw..je plaisante, quelque chose ne marchait pas…
Ce n’était pas la formidable justesse de l’allemand choisi pour « rendre » Hugo…sur ce plan, la traductrice avait réalisé un prodige, un tour de force fabuleux…non, ce qui ne fonctionnait pas , c’était que le chatoiement l’allemand n’est pas le même que le français….et qu’on aura beau s’échiner; il y a des textes qui ne passeront jamais.
GAG, pour en revenir à lui, et exactement comme le dit Charles plus bas, même si c’est un immense lutteur des langue,s je me souviens l’avoir vu souvent en chier des badigoinces en traduisant les trucs de son pote Handke.
Tiens, traduire Molière, Racine, Corneille en boche….bonjour la gageure !
Nam ! Speremus ut hoc bene successit.
Peut-être, Jibé. Si vous l’avez ressenti ainsi, c’est qu’il devait bien y avoir dans ce que vous aviez lu quelque chose qui vous en donnait le sentiment.
Maintenant un poète n’est pas forcément toujours à la hauteur de son ambition poétique. Il peut lui arriver dans le travers de la préciosité. il faut voir sur des cas précis. Vous en avez à proposer, Jibé ? Mettez-les donc en ligne qu’on puisse en juger sur pièce. Ce sera plus parlant.
« La fonction de la poésie est d’inquiéter le langage »
J’aime beaucoup cette phrase de Yves Bonnefoy.
C’est comme partir en exploration de terres inconnues.
Ce serait comme tenter de déchiffrer des glyphes.
Mais pour cela, il faut une solide culture.
JC, attifé d’une perruque grise, s’est encore distingué !
http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/29/brigitte-bardot-attentats-stop-aid-el-kebir-humain-twitter_n_11266872.html?ncid=webmail
désolé WGG mais quand je lis le ph. jaccottet poete, je vois une préciosité faussement modeste,mais bon, c’est un sentiment de simple lecteur.mais le texcte de jaccottet de 11h59 non..quelle banalité..je trouve pus de poesie dans audiberti ou Michaux. pas du tout dans ce jaccottet tournicotons. le traducteur de Musil m’interesse bien davantage.
« La fonction de la poésie est d’inquiéter le langage »? » je prefère quand le langage inquiète la société.genre Thomas Berhnard ou Brecht
« préciosité faussement modeste »
traduire par:
il s’écoute écrire
il est en flow
In « Pensées sous les nuages, de Philippe Jaccottet :
« Bonheur désespéré des mots, défense désespérée de l’impossible, de tout ce qui contredit, nie, mine ou foudroie ? A chaque instant c’est comme la première ou la dernière parole, le premier ou le dernier poème, embarrassé, grave, sans vraisemblance et sans force, fragilité têtue, fontaine persévérante ; encore une fois au soir son bruit contre la mort, la veulerie, la sottise ; encore une fois sa fraîcheur, sa limpidité contre la bave. Encore une fois l’astre hors du fourreau. »
la poètique Politique, c’est Aristote, paul edel.
C’est bien ce que je disais. Y’en a qui se paient de mots…
Inquiéter le langage, ici, veut dire toute la difficulté de traduire avec des mots de la parole. C’est pour ça que Michaux a préféré la peinture.
« Chavert, Kosette, usw »
‘tain, t’es à fond.
« De la musique avant toute chose, disait Verlaine au vent mauvais. Précepte utile, pas facile à suivre. »
Relire à ce propos le pont de vue de Yves Bonnefoy in : »Lapoésie à voix haute » ligne d’ ombre éditeur 2007.
un point de vue…celui du parlé dans l’ écrit…Et comment traduire cela?
Cet extrait, qui me paraît typique de Jaccottet :
« (…) Tel est le monde.
Nous ne le voyons pas très longtemps : juste assez
pour en garder ce qui scintille et va s’éteindre,
pour appeler encore et encore, et trembler
de ne plus voir. Ainsi s’applique l’appauvri,
comme un homme à genoux qu’on verrait s’efforcer
contre le vent de rassembler son maigre feu… »
(« Le travail du poète », in « L’ignorant », Poésie 1947-1965)
La fonction du poète serait de rappeler ce qui anime l’invisible. Comme l’écrit quelque part Deleuze : « rendre audibles des forces qui ne sont pas audible en elles-mêmes. » Faire entendre le chant du monde mais comme si l’enfermer dans le domaine étroitement circoncis des mots devait en affaiblir le pouvoir magique, sinon le ruiner. Je crois que c’est dans cette tension entre l’élan d’une voix et la conscience éthique de la crise de la poésie que peut se définir la « poéthique » de Jaccottet.
Jibé, vous l’enfoncez Jaccottet en citant ça.!!!! lisez « la guerre civile » de Lucain, ou les « tristes » d’ovide, ou tout d’aubigné..ou Heine.. ou « les elegies » de Buckov » de brecht..
A traduire on est bien obligé d ‘ adapter – pas seulement une question de mots mais aussi que certaines réalités , m^me spirituelles ou affectives , peuvent exister dans certains pays et pas dans d ‘ autres –
Certains traducteurs-trices adaptent bien ces changements , d ‘ autres moins bien –
Les V.O. gardent leur plaisir indéniable , pour tant certaines traductions sont de vrais régals –
Par exemple la traduction des 1001 nuits ( je recommande le dernier tome ) par feu mon prof d ‘ histoire au collège , René R. Khawam , est vraiment très agréable ( il attachait beaucoup d ‘ importance à la question de la traduction ) .
Autre exemple , la traduction des » vers du capitaine » de Pablo Neruda , dans la petite collection Poésie-Gallimard – La traduction est d ‘ un langage trop maniéré , comme l ‘ aiment trop les français – La langue des peuples sud-américains est beaucoup beaucoup plus simple – je ne veux m^me pas dire directe , mais simple – Dommage – je lis quand m^me cette traduction – je lis entre les lignes et y trouve l ‘ esprit du frère chilien –
Amitiés –
La fonction de la poésie est d’inquiéter le langage
ta mère en string..jaurais dit terroriser au fond des bois
Cet extrait, qui me paraît typique de Jaccottet
dracul il harroze tout dgras dcochon pour faire pleurer yavé
il en a mis du temps pour nous ressortir yavé, le radodoteur
et toi david ça fait combien dplombe et de raclure de sièke que tu nous fais chyer havec..compte hen silence surtout
Je comprends bien ce que vous voulez dire, Paul. C’est ce qui me plais aussi chez Th. Bernhard. Mais je crois aussi que le désir de rendre grâce à la beauté de ce monde complète assez bien la colère (en)chantante de Th. Bernhard. L’un ne va pas sans l’autre. Nous avons besoin d’être complémentairement « perturbé » et enchanté (zugleich verstört und verzaubert : Verzauberung der Verstörung !)
contrairement aux apparences, je ne suis pas » intim » avec le centaure, « intim » qui comme chacun sait veut dire scato dans sa bocheland.
Jibé, vous l’enfoncez Jaccottet
y pense qu’a ça baroz..pour raffiner c’est rapé..ses henfants ptête..t’as des enfants baroz ?..des vrais hin pas des ha la mode..sinon les doges ça compte pus..si ?
contrairement aux apparences
dans les bois hon prend facilement ses désirs pour des réalités..pour ça que les bourrins y vont versifier
Je recherche sur la RDL ce poème de Jaccottet, mis sur un billet » poésie » et qui avait trait à la montagne. Sans succès.
De la musique avant toute chose, disait Verlaine au vent mauvais
peuchère y va nous en faire un pétomane..hassassin et salope c’est hassez
Sans succès
lhistoire de ta life tu sais..mon couillon..t’es gentil
« Il y avait un bois sacré, qui, depuis un âge très reculé, n’avait jamais été profané, il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil. Il n’est point occupé par les Pans, habitants des campagnes, les Sylvains maîtres des forêts ou les Nymphes, mais par des sanctuaires de dieux aux rites barbares ; des autels sont dressés sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifies par le sang humain. S’il faut en croire l’antique admiratrice des êtres célestes, les oiseaux craignent de se percher sur les branches de ce bois et les bêtes sauvages de coucher dans les repaires ; le vent ne s’abat pas sur les futaies, ni la foudre qui jaillit des sombres nuages. Ces arbres qui ne présentent leur feuillage à aucune brise inspirent une horreur toute particulière. »
Voilà, c’est du pur Lucain, livre III la guerre civile ou « la Pharsale »
@12h57, t’as trop la haine vicieuse qui te laisse sur le qui-vive, faire le cerbère, ici.
Patience, tu vas l’avoir ton poème.
C’était fait pour illustrer la préciosité de Jaccottet, qui se lit en buvant un thé rare. Le problème, Paul, c’est que je suis plutôt café, strong, chaud et serré !
(zugleich verstört und verzaubert : Verzauberung der Verstörung !) Excellent
Je préfère m’en tenir au mot d’ordre de Goethe, WGG :
« Le véritable poète a pour vocation d’accueillir en lui la splendeur du monde. »
Mais puisque vous évoquez Les Tristes d’Ovidé, Paul, il me semble justement qu’il y a pas mal d’affinité entre Tristes et la poésie de Jaccottet; lisez par exemple ce début du Livre III :
Livre d’un exilé, j’arrive craintivement dans cette ville où il m’envoie. Lecteur ami, offre une main bienveillante au voyageur fatigué, et ne crains pas d’voir à rougir de moi : aucun vers, sur ce papier, n’oigne l’amour (allusion à l’art d’aimer, cause de son exil par Auguste). Le sort de mon maître lui interdit, dans son infortune, de le déguiser par aucun badinage. Cet ouvrage même auquel jadis pour son malheur il s’amusa dans sa verte jeunesse, trop tard, hélas ! il le condamne et la hait. Examine ce que je porte ! Tu n’y verras que tristesse, et les vers sont en harmonie avec les circonstances qui les ont inspirés. S’ils boîtent et retombent alternativement, c’est l’effet du mètre ou de la longueur du voyage. Si je n’ai pas la blondeur du cèdre ni le poli de la pierre ponce, c’est que j’avais honte d’être plus élégant que mon mètre. Si taches et ratures parsèment l’écriture, c’est que le poète lui-même a gâté son œuvre de ses larmes.
(Ovide, Tristes, Liber III, v. 1-15)
quelle merveille cet ovide en exil..
Jibé dit: 31 juillet 2016 à 13 h 10 min
Mais il me semble que c’est très exactement ce que fait Jaccottet. Et d’ailleurs, vous faites très bien de citer Gœthe, parce que je trouve qu’il y a de grandes affinités entre Jaccottet et Gœthe justement. Une même pratique de la poésie comme expérience de la vie et du monde. Un même calme olympien devant le monde, un m^me goût pour les « infléchissements » de la mélodie avec cet arrière-goût si prenant parfois tout emprunt de nostalgie, de Sehnsucht nach dem All.
Mais Ovide peut être plus gai que triste et drôle aussi, ainsi, dans ses conseils aux précieux, dans L’Art d’Aimer :
« Mais ne va pas friser tes cheveux au petit fer, ni user tes jambes par le frottement de la pierre ponce. Laisse ces soins à ceux qui, par des hurlements dans le monde phrygien, célèbrent la messe du mont Cybèle. Une beauté sans apprêt sied aux hommes : lorsque la fille de Minos fut enlevée par Thésée, celui-ci n’avait pas ajusté sur ses tempes sa chevelure au moyen d’épingles. Hyppolite fut aimé de Phèdre, malgré son extérieur négligé. On vit plaire à une déesse un hôte sauvage des forêts, Adonis. C’est par la simple élégance que doivent plaire les hommes : que leur peau soit hâlée par les exercices du Champ de Mars ; que leur toge aille bien et n’ait pas de taches. Que ta chaussure soit bien correctement nouée ; que les agrafes ne soient pas rouillées. Que ton pied ne soit pas perdu et ne nage pas dans un soulier trop large ; qu’une coupe maladroite n’enlaidisse pas et ne hérisse pas ta chevelure ; que tes cheveux, que ta barbe soient taillés par une main experte, que tes ongles soient bien coupés et propres, qu’aucun poil ne se dresse dans les narines ; qu’une haleine désagréable ne sorte pas d’une bouche malodorante, et que l’odeur du mâle, père du troupeau (le bouc), ne blesse pas les narines. »
Et l’éducation nationale privera de plus en plus les élèves de cet accès à ces textes..
Ça c’est clair, Paul ! C’est la fin de l’école de la République que nous avons tous ici connue, hélas ! C’est ce qui me donne envie justement de redoubler d’intérêt pour toutes ces vieilles choses en passe de mourir avec mes élèves pour les dernières années qu’il me reste à faire dans ce foutoir qu’est devenue l’Education nationale.
http://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.lat.3225
extraordinaire, c’est illisible.
J’aurais honte d’être poétant, pédant, rangnangnan …
Entre poétiser comme un dieu, et niquer comme un dieu, je n’hésiterai pas une seconde : la poésie est une activité, étroite, contrainte, irrespectueuse de la logique, de la nature, insultante, injurieuse pour la majorité des bolos, solitaire et quelque part, signe d’un déséquilibre cérébral majeur.
A contrario, niquer, c’est le bonheur pour tous, le paradis sur terre….
strong, chaud et serré !
..c’est pas comme ça qu’on fait les enfants baroz
Maintenant, WGG c’est l’heure: phebus va m’escorter, avec mon grill, ma boite d’allumettes,le charbon de bois, face aux puissants boeufs devant la maison.. car c’est entrecote au boeuf de Bazas sur sarments de vignes. que la fumée monte vers la mer tranquille des nuages.. oui.. je suis vachement poete moi-z- aussi.
C’est ce qui me donne envie justement de redoubler d’intérêt
les trippes à la mode c’est pas mal..mais c’est pas la saison..ton tempo y’est pas bon dracul
entrecote au boeuf de Bazas
c’est pas mal..moi c’est poisson au court bouillon..hop dans la sauce dieppoise..chfais tout l’boulot
Allez, on se fait un petit plaisir, ça n’engage à rien, hein, JC… :
Missus in hanc venio timide liber exulis urbem :
Da placidam fesso, lector amice, manum
Neue reformida ne sim tibi forte pudori !
Nullus in hac charta uersus amare docet.
Hæc domini fortuna mei est ut debeat illam
Infelix nullis dissimulare iocis.
Id quoque, quod uiridi quondam male iusit in æuo,
Heu ! nimium sero damnat et odit opus.
Inspice quid portem ! nihil hic nisi triste uidebis,
Carmine temporibus conueniente suis.
Clauda quod alterno subsidunt carmina uersu,
Vel pedis hoc ratio uel uia longa facit.
Quod neque sum cedro flauus nec pumice leuis,
Erubui domino cultior esse meo.
Littera suffusas quod habet maculosa lituras,
Læsit opus lacrimis ipse poeta suum.
« S livre a été envoyé pour attaquer la ville que je viens dans la crainte de ceci:
Donner son esprit fatigué, ami lecteur, main,
New psy, vous ne pouvez pas être une honte!
Que personne dans ce document les versets enseigne l’amour.
Il est donc qu’il devrait être que je suis un destin de maître
Malheureux sans blagues de déguisement.
Il doit également être, que l’âge en vert, une fois commandé,
Hélas! trop tard, et condamne et déteste.
Regardez ce qu’ils portent! rien voir ici, mais triste,
Fois Carmine conueniente propre.
Distiques Lame stopper en alternance vers de la poésie,
Ou la longueur de la notion même de chemin à pied.
Mais ni moi, ni cèdre peu profonde rocheuse affût,
Je rougis d’être mieux habillé que moi.
La lettre est repéré et floue de ratures,
Il a blessé le travail du poète, ses larmes. »
Quelle beauté !
Bene sapiat, Paule ! esurio ego quoque.
fesse-book:
« ci ou là, le nom et l’oeuvre de Bernanos sont cités en référence pour éclairer le crime. Le plus souvent son « Journal d’un curé de campagne », celui qui vient d’emblée à l’esprit, alors que c’est surtout « Sous le soleil de Satan » qui devrait nous éclairer. »
« ci ou là », à part un article de Jacques Julliard dans le Figaro, qui regrette qu’un Bernanos nouveau se soit fait chroniqueur littéraire, pas vu d’autre extrapolation littéraire, à propos d’un meurtre -symbolique ?- d’un prêtre.
Préférer « sous le soleil de satan » pour vous- votre nous en majesté- éclairer ?
Mazette, on dirait que la démonologie a encore bon dos…
Missus in hanc venio timide liber exulis urbem :
in hanc urbem venio : j’arrive dans cette ville
timide : craintivement
missus : ayant été envoyé = où l’on m’envoie
liber exulis : livre d’un exilé (exsul, is, m : exil)
Jibé dit: 31 juillet 2016 à 10 h 01 min
« toute traduction d’un grand texte poétique s’apparente, peu ou prou, à une profanation. »
C’est pourtant ainsi que nous lisons la Bible, Charles !
Bien sûr, la problématique de la traduction — et, tout autant, de la transmission — des textes fondateurs des grandes religions actuelles est crucial. Le texte du Coran n’y échappe pas plus que les textes bibliques, et d’autant moins qu’il en dérive. Quoi qu’il en soit, il faut avoir la naïveté massive d’un djihadiste de dix-neuf ans ^pour ne pas voir que le problème, c’est d’abord de MA propre lecture des textes sacrés de ma religion. Qu’est-ce qui m’assure qu ma lecture est infailliblement correcte ? Qu’est-ce qui m’assure que mon interprétation n’est pas pervertie par l’esprit du mal ? Rien, évidemment. Une telle constatation me semble être le meilleur antidote à tous les fanatismes.
Charles, t’es un grand naïf sympa : tu donnes la bonne recette pour éviter l’empoisonnement à des gens qui, ne voulant pas vivre, veulent mourir empoisonné …
Du besoin d’un violon pour uriner avec classe.
pour ne pas voir que le problème, c’est d’abord de MA propre lecture des textes sacrés de ma religion
c’est d’abord celui de
A propos d’Ovide, David Malouf, l’écrivain australien d’origine libanaise autrefois prix Femina étranger, a écrit un excellent petit roman sur l’exil de l’auteur des « Métamorphoses » sur les bords de la Mer noire, « An Imaginary Life », texte non encore traduit en français, à ma connaissance. Dommage.
(ML, pour la réponse à votre question, demandez-donc à Passou – tum silentium quaeso)
JC….. dit: 31 juillet 2016 à 14 h 12 min
Charles, t’es un grand naïf sympa :
Peut-être, mais il faut beaucoup de temps avant de s’aviser que sa propre lecture (de quelque texte que ce soit) ne se confond pas avec la lecture universelle, laquelle,évidemment, n’existe pas. Ce sens du relatif, on ne l’inculque pas, le plus tôt possible, aux enfants des écoles. On devrait. Il est vrai que, partout dans le monde, les adultes sont ravis de pouvoir imposer sans résistance leur vision du monde à des enfants naïfs.
Au fait, Charles-JB, à propos de votre histoire d’atomes « éternels », m’est revenu en mémoire un livre, lu quelques années A.I, ante-internet, souvenir d’une époque, traumatisante, celle de la perte. Pleine de bruit de tôle froissée.
C’est un bouquin de Jean E. Charon: « j’ai vécu quinze milliards d’années ». Livre très analgésique, effet placébo remarquable.
Faire traduire Conrad par une certaine Lamolle, est-ce bien raisonnable !
La bibliothèque du Vatican a numérisé et rendu public l’un de ses trésors : l' »Enéide » de Virgile daté de 1600 ans
C’est en effet un des plus anciens manuscrits latins connus. Superbe graphie de majuscules, sans intervalles entre les mots.
Jibe dit: 31 juillet 2016 à 14 h 53 min
Faire traduire Conrad par une certaine Lamolle, est-ce bien raisonnable !
D’autant plus raisonnable qu’il s’agit d’une Lamolle de Lafesse, une de nos grandes familles. Plus le singe monte haut …
C’est un bouquin de Jean E. Charon: « j’ai vécu quinze milliards d’années » (LVDLB)
Charon : un passeur d’idées, en somme. Pas étonnant qu’avec un nom pareil il ait vécu si longtemps.
Charon : un passeur d’idées, en somme.
Je complète, c’était pas clair ?
Un passeur delamortquitue, en somme.
J’en ai lus des bouquins de Charon quand j’étais étudiant en physique. Mais c’est un charlatan, Charon. Personne ne prend au sérieux ses théories inspirées de la relativité.
Oui, c’est un charlatan, comme tous ceux qui cause » atomes éternels ».
qui causent, ils sont plusieurs.
Qui connaît à fond deux langues (c’est à dire qui est capable de les écrire), plus la poésie, plus le métier de traducteur (pratiqué pendant des années) sait très bien que la vraie poésie est totalement intraduisible.
Jean de la Croix en espagnol c’est de la pure musique, un vrai miracle du langage (unique, d’ailleurs): en français c’est de la prose banale et parfois ridicule.
Pour ne pas parler de certains sonnets de Góngora ou de Quevedo, d’une complexité et d’une beauté formelle à la fois, invraisemblables.
Mais il n’y pas que la poésie: la grande prose c’est pareil. Le vocabulaire de l’espagnol n’est pas assez subtil pour bien traduire Saint-Simon, Bloy ou Céline, par exemple (ni de l’espagnol ni probablement celui d’aucune autre langue).
On comprend alors pourquoi Unamuno (qui savait 8 ou 9 langues) a appris le danois pour lire Kierkegaard (malgré le fait de pouvoir le lire en allemand), ou Freud l’espagnol pour lire Don Quijote ou Beckett le portugais pour lire Pessoa.
N’oublions pas le mot de Jules Renard: « Mallarmé, intraduisible, même en français ».
« Un récit sans complaisance » ça c’est de la langue de bois sans complaisance mais halor de la bonne de la coriace indestructible même les rats ils préféreraient aller au maquedeau…
Renard pris au piège du bon mot:
« Go, spare your pity and your irony »
– Herodias
Mallarmé, Collected Poems and Other Verse (new translations by E.H. & A.M. Blackmore, Oxford World Classics)
Le problème de la traduction poétique ,et en fait de toutes les traductions des qu’on sort des règles du jeu et de modes d’emploi, c’est que les mots d’un texte littéraire et singulièrement d’un texte poétique , valent non seulement par leur sens, mais aussi par leurs connotations Celles-ci sont pour la plupart sont intimement liées à la langue d’origine, à son économie ,à son timbre ,aux usages , de sorte qu’elles accompagnent rarement la mise en équivalence des sens, aussi rigoureuse soit-elle ; celle-ci des lors n’est un reflet appauvri du texte d’origine .
Quelques exemples de cette incapacité de la mise en équivalence à rendre la chair d’un texte :Ainsi le problème posé par le genre de mots :Suscite t-on les mêmes impressions avec le mot « lune » dans une langue où ce mot est féminin et dans une langue où il est masculin ?comment rend on dans une langue où il n’existe pas la consistance du neutre, et vice versa ?
De la même manière le contexte culturel propre à chaque pays donne une resonance différente à des contenus sémantiques identiques ,ainsi ,comme le montre Agnès Desarthe, l’expression « to be or non to be » est si galvaudée en pays anglophone qu’on peut la rencontrer dans certains textes avec la valeur d’une comptine , mais traduite dans ce cas en français par « être ou ne pas être »elle résonne nécessairement comme l’interrogation tragique d’Hamlet et trahit le texte initial.
Jouent aussi en poésie comme des harmoniques du sens les autres sens de chaque mot dans la a langue initiale ; de sorte que l’effet indirect des autres sens du mot équivalent dans la langue d’arrivée peuvent contrarier ces harmoniques ; A cet egard Bergenzinc montrait ici que le vers « la chair est triste » de Mallarmé serait tué dans sa traduction mot à mot par le mot Fleisch qui veut aussi dire viande ;D’ailleurs à l’intérieur même de la langue d’origine des sens nouveaux d’un mot apparus postérieurement à l’écriture d’un texte peuvent par cet effet de contamination indirecte, affecter les résonances initiales du texte ;ainsi les » mille et mille idoles de soleil « du cimetière marin qui se sont trouvées polluées au temps du yéyé par le nouveau sens du mot idole ,chanteur hurlant dans un micro ;
En fin chaque langue ayant son système de sons, l’effet apporté par la rareté d’un son dans la langue départ se perd même par la conservation d’un terme phonétiquement identique dans la langue d’arrivée ;la fille de Minos et de Pasiphaé qui nous enchante par ce merveilleux hiatus ,deviendrait bien plate en tahitien où le hiatus est l’articulation la plus commune
Autant de remarques pour dire qu’une traduction poétique ne relève que marginalement du dictionnaire. Elle suppose l’appropriation préalable non seulement du sens obvie d’un texte ,mais de tout ce qu’un texte traine après lui d’indicible dans son sillage et de toutes les harmoniques dont il résonne ; et le travail du traducteur est de trouver dans les ressources de sa langue les outils susceptibles d’en rendre le foisonnement .
Les livres de Charon ont une particularité psycho-physique absolument étonnante et quantique : ils vous tombent des mains au bout de quelques pages, quel que soit l’univers où vous stagnez.
Charon voulait réussir là où Einstein avait buté, construire une théorie unitaire … Flop ! un peu comme si Lady Gaga ambitionnait d’être meilleure que La Callas, ou Jean Marc Ayrault que De Gaulle.
Le seul Charon d’époque qui vaille, c’était Jacques …
le mot « lune » dans une langue où ce mot est féminin et dans une langue où il est masculin ?
—
Des centaines de langues où le genre n’existe pas…C’est ce décentrage qu’impose la traduction, façon de porter au plus grand nombre ce qui ne relèverait sinon que de l’entre-soi…
@ Paul Edel
« Quand on lit des « poètes » du type de Jaccottet ou Bonnefoy, on a le sentiment qu’ils se sacrent eux-mêmes, on la le sentiment qu’ils se donnent un « statut » absolu, définitif, de « poète », comme s’ils possédaient naturellement une intensité et une technique dans l’étoffe et la manipulation technique de leurs mots, se mettant sous la dictée d’une voix intérieure « « infaillible » ; et ce qui me surprend toujours c’est qu’il exigent la même crédulité du lecteur, la même foi dans leur opération poétique comme s’ils avaient, en eux, un gisement de vrai, un absolu du sens de l’Art, dont ils sont les mystérieux dépositaires à jamais… De quoi rester perplexe devant cette espèce de « pureté » de leur source poétique qu’ils s’attribuent, dans un curieux amalgame de puissance analytique, de vérité intime, de sincérité existentielle, suivant une sorte de pendule obscur.. Donc poètes « pythiques » ? arrimés curieusement à une certitude positive personnelle quant à leur richesse d’émotions et d’images.. Ça frise le charlatanisme… »
Difficile de décrire mieux ces deux encxleurs de mouches en plein vol, ces deux faux poètes qui n’ont strictement rien à dire ni sur eux-mêmes ni sur le monde (il y en a beaucoup d’autres du même genre en France, et bien pires – comme par exemple Michel Déguy).
C’est un type d’écrivain très français, pour ne pas dire très parisien (le snobisme parisien est capable de tout avaler).
La langue française, d’ailleurs, se prête très bien à ce genre d’exercice (en espagnol c’est bien plus difficile de faire semblant d’être poète). En français c’est très facile de « s’écouter écrire », de produire des phrases qui semblent vouloir dire quelque chose, de pondre des obscurités qui incitent les ignorants complexés à les considérer de la haute poésie.
DHH veut dire que si tu t’exprimes en français avec moins de 1000 mots de vocabulaire, inutile de traduire de la poésie. Et encore moins de chercher comprendre un poème.
Mais ergoter sur le masculin et le féminin de la lune, alors là, cette sexualisation des mots en linguistique rappelle un peu trop des théoriciens fachos de la novlangue.
Pour chair, DHH, dire bidoche, c’est plus cérébral.
« Jaccottet ou Bonnefoy, on a le sentiment qu’ils se sacrent eux-mêmes… »
C’est surtout vrai pour Bonnefoy, mais cela reste une question de goût. Quant à Jaccottet, avec ses proses, il a pris davantage de risques. « Le Bol du pèlerin », ou sa fiction « L’Obscurité » étaient des textes sur le fil du rasoir et, je dois le dire, assez convaincants. Pour la poésie pure, maintenant, c’est la postérité qui jugera. Rendez-vous dans cinquante ans, pour ceux qui sont jeunes comme moi !
@Delaporte
« Un poète comme Paul Celan passe très bien en français… »
Je ne sais pas si Celan passe bien en français, par contre je sais qu’il a traduit très mal en allemand le « Précis de décomposition » de son ami Cioran (lequel connaissait très bien la langue de Goethe) – et c’est le propre Cioran qui le disait.
Pablo75 dit: 31 juillet 2016 à 16 h 32 min
C’est peut-être à cause du fait que Cioran et Celan me paraissent deux esprits très éloignés l’un de l’autre – même s’ils furent amis.
la vie dans les bois dit: 31 juillet 2016 à 16 h 22 min
Pour chair, DHH, dire bidoche, c’est plus cérébral.
Effectivement, ça peut aller loin, on peut se retrouver avec des machins comme Leiche ou même Körper (enfin, quelque chose du genre) ; de toutes manières la difficulté est un peu téléphonée : elle provient de ce qu’en français, « chair » c’est déjà un peu juste ; donc on est vite coincé.
Sinon oui, bidoche c’est pas mal, terriblement romantique, mais surtout faudrait demander à Kador, cette pauvre bête !
C’est un type d’écrivain très français (Pablo)
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Pas de pot, il est Suisse…
Témoignage de Cioran sur Celan, peu après la mort de ce dernier :
Cet homme charmant et impossible, féroce dans les accès de douceur, que j’aimais bien et que je fuyais, par peur de le blesser, car tout le blessait. Chaque fois que je le rencontrais, j’étais sur mes gardes et je me surveillais au point qu’au bout d’une demi-heure j’étais exténué. (7 mai 1970)
« Pas de pot, il est Suisse… » (Widergänger)
D’écrivain francophone qui vient souvent à Paris où il a plein d’amis, ça te va?
Abba bou gaboula dada
Diop douligou bidoula baba
Aga aga agaga boulina
Begi bega degouli belouga !
(Traditionnel-Chant de pêcheurs soudanais)
Il faut comprendre la difficulté pour le traducteur français de rendre ce poème africain accessible à notre oreille rimbaldienne … Il est pourtant charmant …
La poésie est chargée de sens et est une musique, le traducteur selon la lecture qu’il en fait tente de traduire une pensée en lui recréant une musicalité aussi proche que celle voulue par l’auteur, pari difficile , un peu comme si pensant à l’amour qu’inspire une musique on tentait de traduire du Mozart en Wagner. Mais comme l’exprime Bloom pour un partage il faut bien renoncer à vouloir restituer fidèlement et intégralement les composants fragiles et parfois intransposables du texte poétique.
Sergio pour chair préférer l’amour, la jouissance, éros, le commerce des corps quoique cela fasse un peu long.
Je n’ai pas lu le billet que j’ai survolé ainsi que quelques signatures. Pour chair, il est aussi admissible que l’on en soit lassé, qu’elle n’éveille plus que du désintérêt, de l’indifférence qui ne tiédit pas sans pour autant givrer sur les vitraux de nos jours et sans que cela obscurcisse l’horizon de nos nuits consacrées à d’autres rêves que ce jet spermatique ou ce spasme organique ourlé de tendresse , de fusion passionnelle, de délectation ou de déliquescence assumée selon qu’on appartienne à l’un ou l’autre des nombreux courants qui concourent à la beauté du fleuve gigantesque de nos vies rassemblées dans le remous du temps relatif.
Le passage suivant des Carnets de Cioran indique plus précisément quelles furent ses véritables relations avec Paul Celan :
Je n’aimais pas particulièrement Celan – sa susceptibilité le rendait souvent odieux, ensuite, en une circonstance, il s’est comporté à mon égard, d’une façon scandaleuse, il était même capable d’être féroce – mais enfin il avait un sourire, un des plus beaux que j’aie jamais connus… (24 septembre 1970)
La langue française, d’ailleurs, se prête très bien à ce genre d’exercice (en espagnol c’est bien plus difficile de faire semblant d’être poète). En français c’est très facile de « s’écouter écrire », de produire des phrases qui semblent vouloir dire quelque chose, de pondre des obscurités qui incitent les ignorants complexés à les considérer de la haute poésie.
hon la lui fait pas a pablo
cioran aimait a faire le troudbal imprenabe..c’était une obsession comme pablo
Je n’ai pas lu le billet que j’ai survolé ainsi que quelques signatures
béré elle essaie mais hon la croit pas
bouguereau
c’est que P75 c’est une tête
chair… à saucisse…
chère aux enchères, la chaire, ma chair !
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