Les deux corps du bilingue
Le bilingue, du moins celui qui écrit dans une autre langue, est un être bicéphale qui a l’immense privilège de choisir ses parents. Mais dans quelle langue a-t-il mal ? Dans les deux, l’angoisse, puis la douleur, s’adressant à chacune de ces deux âmes. Et dans quelle langue rêve-t-il ? Dans un méli-mélo des deux. C’est le cas de Luba Jurgenson, écrivain et traductrice du russe. Au passage, elle confesse rêver plutôt d’une langue que dans une langue : l’allemand… Ce léger décalage reflète bien l’esprit de Au lieu du péril (120 pages, 13,50 euros, Verdier), récit d’une vie passée dans un pays personnel que l’on dirait entre-deux langues aussi naturellement qu’une certaine région gasconne est dite Entre-deux-mers.
On croise le poète Joseph Brodky chez lui à New York, recréant sa petite Russie et son Moscou intérieur dans sa tanière de Greenwich Village, s’obstinant à écrire de la poésie rimée en anglais en dépit des critiques. On suit l’auteur dans la Kolyma, sur l’absence de traces laissées par le fantôme de Varlam Chalamov. On se retient de lâcher son livre pour se reporter à ceux qu’elle évoque brièvement mais si justement, Le Rêve d’un homme ridicule de Dostoïevski ou Les Âmes mortes de Gogol. On la suit dans ses pérégrinations parisiennes, croyant assister à la résurrection du temps à la vue d’un wagon du métro, ou recherchant dans les restaurants les odeurs du XIXème siècle
Pour autant, ce ne sont pas là les souvenirs d’une traductrice, mais un récit littéraire, une réflexion d’une grande délicatesse et d’une vraie profondeur, riche en pistes et en intuitions, jouant sans cesse sur le sens, les sens et la sensibilité, sur ce que cela signifie d’être née dans une langue et de penser dans une autre. L’auteur a la passion des interstices et tout ce qu’elle écrit s’y réfugie. Tout en regrettant que l’on donne si rarement la parole au bilinguisme, et qu’il n’ait pas eu son chroniqueur, elle propose de se livrer modestement à un reportage sur cet étrange état où vivent des millions d’êtres, mais dont une poignée seulement ont fait une profession en transportant la littérature d’une langue à l’autre.
Ce n’est pas seulement une question de mots mais de corps. Rien n’est plus physique que ce décentrement vécu comme une transplantation. Le bilingue a deux corps jumeaux « mais pas habillés pareil ». Luba Jurgenson a une main russe et une main française. Mais quand elle dit « corps », c’est uniquement en français car en russe, cela serait aussitôt objectivé en chair, muscles etc et cela sonnerait plus « pitoyable »
Luba Jurgenson est à l’affût d’un incessant va-et-vient des noms de personnes ou de lieux. Une manière d’être dedans et dehors à la fois. Il faut être double comme elle, et avoir désappris à rouler les r, pour s’accrocher à l’accentuation des mots français sur la dernière syllabe, ou au tombé de l’accent sur l’avant-dernière syllabe en polonais, et en tirer une leçon de vie sur « la limite avant la limite ». On s’en doute, les traducteurs se délecteront de ce récit et se retrouveront dans l’idée qu’un sens nouveau jaillit lorsqu’on ne trouve pas d’équivalent.
Jusqu’à l’âge de 17 ans, elle pensait en russe ; après… Le français ne lui était pas une langue acquise ; elle l’a appris, l’adopté avant de le naturaliser. Ce qui lui permet de dire que c’est sa seconde langue natale. Celle de sa re-naissance. Le moment de bascule date de 1991. Une telle précision déroute ceux qui s’imaginent que ces choses-là adviennent insensiblement, par un glissement progressif. Pourtant cela faisait déjà trente ans qu’elle avait été inscrite dans une école française de Moscou. Mais le symbole était ailleurs : il a fallu que l’Union soviétique, « pays où la pénurie avait atteint les mots », cesse d’exister, que son pays natal disparaisse, et que s’enfuie ce qu’elle avait fui, pour qu’elle puisse entretenir des relations plus apaisées avec sa langue maternelle, et qu’elle puisse s’émerveiller de sa capacité à déplier des mots et à « froisser des fraises »
Autre date : 1981. Son premier livre, une recueil de nouvelles intitulé Avoir sommeil, paraît, en français chez Gallimard. Souterrainement, c’est aussi une manière de mettre à distance les actes déshonorants commis en russe : « Ecrire, c’est transformer les hontes du passé en titres de gloire ». Dès lors, il lui prend de vouloir traduire des textes russes en français et de saisir l’occasion de s’emparer d’Oblomov, le roman d’Ivan Gontcharov, ce qui lancera une brillante carrière de traductrice (on lui doit entre autres Têtes interverties de Léonid Guirchovitch, les Récits de la Kolyma de Chalamov, des romans de Nina Berverova et des œuvres de Marina Tsvetaeva). Sans varier dans la méthode : d’abord le mot à mot et le premier jet avant la réécriture, ou pas, question de tension initiale. Sans que cela lui monte à la tête : traduire, faire la navette, c’est fabriquer une copie, il n’y a pas à en sortir.
(Illustration Museo del libro. Fadrique de Basilea, Burgos)
686 Réponses pour Les deux corps du bilingue
Je connaissais un sarrois parfaitement bilingue français/allemand (il avait choisi de demeurer français), mais il pensait plutôt en haut-allemand (et parfois en patois sarrois).
Un livre qui semble passionnant.
Sur ce thème, deux excellents livres qui avaient été évoqués sur la RDL :
« Le partage des mots » de Claude Esteban (Col. L’un et l’autre / Gallimard)
« Une langue pour abri » de G-A. Goldschmidt (Col. Paysages écrits / Creaphis éditions)
« Je ne sais si l’homme adulte se souvient encore du plaisir quasiment charnel qu’il a éprouvé dans les premiers moments de l’enfance à poser sur chaque chose, tel un démiurge, le nom tout neuf qu’il venait d’apprendre.(…)
Un tel bonheur ne m’est point échu. Dès les premiers moments de mon expérience balbutiante, il m’a fallu chercher un chemin à travers deux idiomes qui s’affrontaient dans mon esprit. L’espagnol, tel que je l’avais parlé au long de mon enfance (…) était une manifestation de la puissance paternelle – et celle-ci n’avait pas résisté à la pression de la vie quotidienne en France, la langue dont j’usais tous les jours, et bientôt les études au collège… »(C.Esteban)
« Comment pouvais-je donc ne pas être ce que j’étais, je savais que j’étais allemand, d’un savoir indubitable, ne fut-ce que par ce retentissement de la langue dans le corps, et voilà qu’on me disait que je ne l’étais pas.(…)
Le français fut là soudain, de façon impromptue, un après-midi de novembre 1939, de grand froid, route du Mont d’Arbois : un camarade de pensionnat se retourne et dit « Oh, les premiers flocons ! » Et d’un coup, je me rendis compte que je comprenais le français depuis des semaines sans comprendre que je le comprenais. »(G-A. Goldschmidt)
La traduction, chevau-léger du prestigieux blog à passouline.
but allow us: les bilingues littéraires n’écrivent-ils pas rather bad dans les deux langues ? I remember Joseph Breitbach, éminent pisseur dans ses deux langues natales, auteur d’un « Rapport sur Bruno » (Gallimard, sixties), d’une prose aussi peu gouteuse qu’un café filtre en jus de chaussettes germanique. what else…
l’écriture automatique, elle se fait dans quelle langue pour ces bilingues?
Ayant déjà du mal à penser dans une seule langue je sens que je vais être exclu du débat, donc il ne me reste que le pinaillage du monolingue.
Mais qui est cette Nina Berverova ?
S’enfuir ou s’enfouir, n’y a-t-il pas une nuance ?
Quant à l’Entre-Deux-Mers en Gascogne je sens de l’étripage dans l’air.
Passou, veuillez pardonner cette contribution peu reluisante et merci aux autres commentateurs de le faire remarquer « modérement ».
doucement doucement « les rêves des ploucs » sous bouguereau, doucement mon gars
Cassandre
Est-ce bien utile de changer de pseudo, Christiane?
les « styles » de certains sont facilement repérables, Hélène
faut demander au patron
Les commentateurs ont abandonné provisoirement le blog pour écouter le pape à Strasbourg parler de « la méditerranée devenant un grand cimetière ».evident.
osservatore romano,
même sans calculette à la main on n’évalue pas positivement: « Mare nostrum » coutait aux seuls Italiens autour de 9 millions/mois, ce qui n’est qu’une broutille, naturellement, si comparé à la faramineuse somme de 3 millions/mois fruit de l’herculéen effort européen…
» elle me ramena à la littérature; et pour que je ne risque pas de faire seulement de la lecture et de passer éventuellement à côté du sens, elle entreprit de lire avec moi Schiller en allemand et Shakespeare en anglais. »Elias Canetti
« écouter le pape à Strasbourg parler de « la méditerranée devenant un grand cimetière »
il rame dans l’espoir de raccoler pour sa banque euh paroisse
Mais avec quoi les athées pourraient-ils donc se la pèter sans religion ???
Nietzsche savait probablement mieux mettre fin au verbe.
« Mais avec quoi les athées pourraient-ils donc se la pèter sans religion ??? »
Ben, voyons… les footballeurs, les politiques, les pêcheurs à la ligne… les philosophes athées…
Faut surtout pas mentionner la vie intime des autres, ça ferait trop mauvais genre……..
Bonne question. Pour la réponse on attend toujours !
Deux corps pour un seul cerveau ?
Qui a pris la photo ?
Bec de charogne
mais c’est toi qui te la pètes, tu te fais des films épicétout
N’ai malheureusement que temporairement pu signaler la peur d’être un mystère pour soi-même. Et celle de l’admettre plutôt que de se vanter d’une fallacieuse simplicité ou complexité, au choix(!) Mais bon…
Deux corps pour un seul cerveau ?
un seul cerveau quelle honte
Hélène dit: 25 novembre 2014 à 12 h 09 min
Et si elle est bilingue qu’ est-ce que cela peut vous faire?
[ Deux excellentes références au passage, merci Cassandre!]
Signaler ses peurs n’est pas une action particulièrement louable, c’est même assez banale car tout le monde peut avoir peur de quelque chose ou de quelqu’un.
Pour ce qui est de se connaître soi-même, sans tomber dans le ridicule, chez les Romains la fin de l’adolescence se situait autour des 30 ans car, si l’on y arrivait, c’était évident que l’on avait bien évalué les événements qu’on avait connu… p. ex., les aliments qui passaient bien, ceux qui ne passaient pas bien et ceux qui ne passaient pas…
Hélène dit: 25 novembre 2014 à 12 h 09 min
Bah, tant qu’elle ne fait pas la danse des sept voiles devant les VIP de la RDL et d’ailleurs, on ne dit rien.
S’il s’agit de performance, le fin du fin, pour moi n’est pas la traduction de textes, mais la traduction instantanée d’une parole à l’autre. Voici une pensée traduite abruptement, comme à chaque fois ue l’on parle, reprise au vol et énoncée dans une autre langue, par une autre voix, à la seconde voire demi-seconde près… J’ai toujours imaginé que ce type de traducteurs vivaient une sorte d’expérience ultime : la perte de leur propre mémoire, intelligence, recul, ce que vous voudrez, pour arriver à cette sorte de mécanique de l’éponge, qui se remplit et s’expurge, jusqu’à ne plus exister autrement que par ce mouvement.
A côté, (et ce que me semble dire notre hôte), la traduction d’un texte, a contrario, mobilise pleinement la sensibilité du traducteur.
Oui, mais c’est moins spectaculaire que l’éponge…
Que tu vas me passer.
D’accord, je sors.
Oui, bon, manger c’est une chose, ne pas assumer ses besoins une autre. On dira ça comme ça hein !
En tous cas, pour prétendre être quelqu’un ne se cachant pas derrière le tablier d’une autre, tu repasseras renato.
Et continue à faire comme si tu ne savais pas lire correctement, t’as que ça pour prétendre à quelque chose ici.
Ne pas pourvoir… à ses besoins… éventuellement…
Il y a de bon que sur un blog l’on ne sent pas encore les odeurs.
En quelle langue Nabokov pensait-il au fait de sa carrière et vie américaine?
Et Beckett, qui écrit en 1947 que désormais il n’écrira plus qu’en français.
Celles de tous les gniards dont t’as besoin tout en jouant l’expert en adultes ? Sans blague !
vous remarquerez que certains ont mis de l’eau dans leur picrate, hein ? hihihihihi
Jacques, votre remarque – « Deux corps pour un seul cerveau ? » décryptant étrangement le miroir, m’évoque ce dédoublement entre Annibal et Jacques, Opitz et Paul Edel et bien sûr pour « tout sentir de toutes les manières » et laisser dialoguer ses différentes personnalités, Fernando Pessoa et ses hétéronymes : Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos, Bernardo Soares…
« N’être rien, être un personnage de roman,
Sans vie, sans mort matérielle, une idée,
Une chose que rien ne rende utile ou laide,
Une ombre sur un sol irréel, un songe pris de transe. »
(Alvaro de Campos)
N’est-ce pas , Jacques, le sort des écrivains ? Quant à ceux qui vivent entre deux langues, le miroir multiplie les possibles de se perdre…
Comme si pour s’interroger sur soi-même faudrait passer pas le besoin que cela soit louable, non mais tu parles très bien de toi, bravo !
Assumez, le gniard, assumez, quelque chose sortira de vos poncifs trop cuits.
Bien à Vous.
Assumer quoi ?
Un ami Québécois déjeunait avec un collègue américain dans un restaurant parisien il y a bien trente ans; entrent six ou septs cadres venus célébrer un gros contrat. Mon ami et son collègue se parlent en anglais, mais le Québécois s’adresse au garçon en français, avec le peu d’accent qu’il a. Le plus jeune des cadres se tourne vers eux:
– Vous êtes Québécois?
-Oui…
-Vous êtes bilingues?
-Oui…
-Vous parlez peut-être deux langues, mais vous les parlez mal!
Stupeur chez les autres cadres, ou au moins gros malaise.
-Peut-être, mais ce qu’on sait bien faire c’est traverser l’Atlantique quand les Allemands traversent le Rhin!
Le plus âgé des cadres s’est levé et s’est excusé. Le plus jeune ne savait pas où se mettre.
-Tiens, on croyait encore chez nous que la diplomatie était une invention française…
Mais vos besoins, le gniard.
Cela dit, s’interroger sur soi-même: juste ciel quel désastre dans cette tête! je comprends la nature du bec…
Bon, maintenant vous m’avez ennuyé, à la prochaine.
Bellerente, les propos de table à Paris devraient rester à table. Souvenez-vous de Galliano, autre grand styliste de la langue et de la mode.
@ clopine
Comme vous je suis toujours pantoise devant le savoir faire de ceux qui pratiquent la traduction simultanée ,cette gymnastique neuronale ,cet exercice d’equilibriste que représente la transformation immédiate de phrases entendues dans une langue en phrases exprimées en une autre langue, et ce au rythme même de la progression de la parole, restituée élément par élément .
Mais le souci des traducteurs de délivrer en temps réel une traduction qui colle mot après mot à la langue de départ pose parfois des problèmes paralysants lorsque les modalités de structuration des phrases sont différentes entre la langue de départ et la langue d’arrivée .
Ainsi Tous ceux qui ont un jour écouté en français la traduction simultanée d’un discours allemand ,ont eu l’occasion d’entendre le traducteur s’interrompre quelques secondes puis préciser : « on attend le verbe »
Et puis le désastre, ne vous en faites pas pour lui, non mais, si j’en étais au stade de simuler une maladie mentale pour faire le malin !
Phil, certains propos valent mieux que moult discours officiels. Ceux que j’ai rapportés illustrent peut-être une certaine muflerie bien parisienne, mais aussi les périples du bilinguisme officialisé, bien qu’il m’arrive de penser que bien maîtriser sa langue maternelle ne va pas de soi.
Quant à Galliano, ses outrances ont excité la foule des modeux-qui-commentent-la-mode, mais cet homme ne connaît rien à l’élégance telle que pratiquée par messieurs Balenciaga et de Givenchy, pour ne nommer qu’eux.
Vient un temps où la provocation se mord la queue, et se révèle pour ce qu’elle est: une manifestation d’ordre pathologique.
Comme écrivait la célèbre Brétecher: si je publie Les Frustrés dans le Nouvel’Obs, c’est pour ne pas en manquer…
« bien maîtriser sa langue maternelle ne va pas de soi »
yen a qu’ça les démange de critiquer
oui Bihoreau, vos Canadiens en ginguettes ont le sens de la répartie. On rétorquait pareil à la cour de Louis qu’ils ont quittée hier.
Multilinguals Have Multiple Personalities:
http://www.newrepublic.com/article/117485/multi-linguals-have-multiple-personalities
Phil, mon ami québécois boit peu, et je ne l’ai jamais vu en ginguettes (vous voulez dire: en goguette?). Quant à la Cour de Louis, les Canadiens (tous français à l’époque) avaient trop à faire avec ces arbres à couper, ces souches à enlever, ces Iroquois à occire, pour venir faire de l’esprit à Versailles.
si je publie Les Frustrés dans le Nouvel’Obs, c’est pour ne pas en manquer…
Probable que dans Jeune &J olie on aurait sauté des cases. Mais vous ne la considérez pas comme une visionnaire de la mode démago-max-de-people j’espère ?
Nous constatons que chaloux/constat est bien frustré ces temps-ci.
« Comme écrivait la célèbre Brétecher »
Mon héron héroïque si Bretécher elle est, elle le sera d’autant plus.
Agrippina maggiore:
http://www.apulianews.it/wp-content/uploads/2013/12/agripp.jpg
Bec de charogne 16 h 40
«si je publie Les Frustrés dans le Nouvel’Obs, c’est pour ne pas en manquer…
Probable que dans Jeune &J olie on aurait sauté des cases. Mais vous ne la considérez pas comme une visionnaire de la mode démago-max-de-people j’espère ?»
Non, bien au contraire: elle dénonçait avec son talent exceptionnel les petits – et grands – travers d’une certaine faune incapable de vivre pour soi. J’ai vu une photo récente de Galliano sur Internet, où il ressemble plus à un directeur de banque britannique d’autrefois qu’à un corsaire en goguette. Repositionnement? Faudrait pas que les corsaires disparaissent, surtout les soirs de Mardi-gras!
Agrippina minore
http://www.tuttoanzio.it/wp-content/uploads/2012/01/4-5007.jpg
« I do not think I shall write very much in English in the future »
Samuel Beckett, lettre à George Reavey, 15 déc. 1946.
Les 2 corps de Beckett, secs comme des sarments, vigoureux comme les vignes, jubilatoires comme les grands vins.
Bloom, entièrement d’accord avec vous, mais je nuancerais la métaphore. Plutôt que de vin, je parlerais de sève. Plutôt que de cep, un aulne.
détrompez-vous bête et chère, nous avons le nœil aux aguets et l’ouïe toujours aussi fine, prudence
Clopie, bien d’accord avec vous, mais je nuancerais à mon tour la métaphore. Plutôt que de sève, je parlerais de sang. Plutôt que d’aulne, de taureau.
17h05 17h12
A lire des commentaires si puissants (le second, une merveille) je me demande si la vraie nature du troll n’est pas d’exprimer ce double bilinguisme du penseur virtuel.
Romuald, pas d’accord. Votre métaphore serait meilleure si, plutôt que de sang, vous parliez de sueur ; plutôt de taureau, de bûcheron.
c’est vrai qu’on a un peu moins de grain à moudre…et c’est tant mieux
Le double bilinguisme s’exprimant à quatre mains comme chacun sait.
Permettez-moi d’apporter une voix discordante. Pour la métaphore, plutôt de sang, je parlerais de cérumen. Plutôt que taureau, de cornet acoustique.
Bon, je vois qu’on s’égare, mes petits chéris. Pas sueur, mais salive, bien sûr. Pas cornet acoustique, mais bouche close. Ça, oui, d’accord, c’est de la métaphore.
Non, non, non, la métaphore serait mieux venue si, plutôt que de salive, vous parliez de sperme. Plutôt que de bouche close, de corolle ouverte.
On croise le poète Joseph Brodky
dans lequel vive des millions d’êtres
objectivé en chair, muscles etc et cela
elle l’a appris, l’adopté
aussi naturellement qu’une certaine région gasconne est dite entre-deux-mers.
Ben dis donc. On voit qu’Anatole Di Pizza a cassé sa pipe.
Pfff .. Métaphores de quatre sous. Plutôt que de sperme, il faut parler de chassie. Plutôt de corolle ouverte , de lunettes fumées ..
Erreur, Azerty, ma pipe est intacte.
Quoi?! Beckett serait une espèce d’Erlkönig?
69 pour un sujet bilingue ça s’impose
on pourrait s’amuser un peu, au jeu des métaphores… Par exemple, euh… la métaphore proustienne de l’insecte fécondant la fleur… l’hippopotame ensemencant le plan d’eau ?
Particulièrement intéressant sur ce sujet-là c’est « Histoire d’une vie » de Aharon Appelfeld ».
Né de parents juifs polyglottes (allemand, ruthène, roumain, yiddish pour les grands-parents!), il a été déporté à 8 ans, a réussi à s’enfuir. Il a finalement rejoint la Palestine à l’age de 13 ans. Il y a appris l’hébreu qui devient « sa langue maternelle adoptive » dans laquelle il choisit d’écrire. Il dit qu’enfant sa tête bourdonnait de langues mais il n’en avait pas une à lui.
L’Entre-deux-mers est en Guyenne, pas en Gascogne. Entre nous la géographie des provinces françaises d’Ancien Régime était autrement plus subtile que le style lourdement patapouf de nos nouvelles région.
le style lourdement patapouf de nos nouvelles région. (J-C Azerty)
» régions avec un « s ». Et ça pose au donneur de leçons. Foutue bignolle !
Antonio Di Pizza dit: 25 novembre 2014 à 18 h 56 min
» régions avec un « s »
Faux. « Région » est invariable. On dit les région frontalier, les régions vinicole, etc. Seule exception : quand le mot est suivi de l’adjectif cloubix. Mais, comme cloubix est lui-même invariable, on a tendance à l’oublier.
Oups > les région.
Est-ce qu’il suffit
de (bien) connaître
une seconde langue,
apprise plus tard
que la première,
pour être bilingue
ou est-ce plutôt
un mélange à parts égales
de soi entre ses deux langues natales ?
Canoniquement.
Les région cloublix sont également gasconnes, comme chacun sait, et réputées pour leur Gratte-cul du Pian.
Si vous ne connaissez pas, goûtez ça, vous m’en direz des nouvelles.
Oups > gascon et réputé.
Je m’emberlificote avec vos histoires.
@ Polémikeur
Non, en principe on appelle bilingue un locuteur qui appris les deux langues en même temps. C’est d’ailleurs pourquoi les vrais trilingues sont très rares.
J’en ai cependant connu un : de mère anglaise et de père français, parlant indifféremment ces deux langues à la maison, il a grandi au Brésil de l’âge de sept ans à vingt-trois ans.
Merci de la lecture.
Luba JURGENSON : née en 1958 à Moscou, juive d’origine estonienne, elle a émigré avec sa mère et sa grand-mère il y a six ans. Les causes et circonstances de son émigration et les difficultés rencontrées à cette occasion. Ne se considère pas comme russe. Son intérêt pour la culture française et le bon accueil reçu en France. En URSS elle peignait et a commencé à écrire, en russe, à l’âge de 10 ans. Ses lectures, dont Marcel PROUST en traduction russe. Le recueil de nouvelles qu’elle vient de publier « Avoir sommeil » ; explique le titre et commente quelques nouvelles ; le problème pour passer de la langue russe au français. Ses projets et aspirations, n’espère pas être éditée en URSS. Se sent de moins en moins émigrée.
Entretien avec Jacques CHANCEL (56’58)
http://www.ina.fr/audio/PHD99237530
Chez Verdier ils doivent cultiver le dolorisme, un peu compassé, et pétri de névrose, quand on lit: mal, douleur, angoisse.
Lu le 11h38, c’est la mère tape-dur ?
Quel heureux hasard que celui rencontré today, il se présente: docteur virage, niche une grande partie de l’année sous le Mont d’Arbois, et il a le « plaisir charnel » vraiment esthétique et propre : un virage, il le fait en français, le suivant en allemand, et ainsi de suite en passant par l’anglo-américain, et le japonais.
Et tout ça sans aucune trace marron derrière.
Vous me direz lire/traduire Proust et « avoir sommeil », c’est une suite métempsychosement logique.
Piqure de rappel:
« Teaching literature is impossible; that is why is the difficult. »
Northrop Frye, The Stubborn Structure
quelqu’un peut-il m’expliquer ça, pris dans un bref article de Liberation?
« Elle n’a transmis le russe qu’à l’aînée de ses trois enfants, les deux garçons déclinant cette possibilité. Mais comme en écho à la cachette qui lui fait dissimuler sa langue natale, sa fille s’est inscrite subrepticement à son propre cours de littérature russe à la fac. «J’étais estomaquée. Mise devant le fait accompli, j’étais obligée de lui dire : lisez ce texte, mademoiselle. Et d’user de subterfuges afin qu’elle ne passe pas les examens avec moi.» A la fin de l’année, la jeune fille convie ses amis à son anniversaire. Qui lui disent : «Tu es folle. Pourquoi as-tu invité la prof ?» «Parce que la prof, c’est ma mère !»
Bon souvenir de la brune, chevelue, bouclee Luba J. Brillante et concise.
Tiens, un Edouard 13.34 qui n est pas moi. Pas grave je n avais plus tellement envie de poster. Moyenne d age 65 ans sur RDL selon Clopine? J en ai 30 de moins. Temps que j arrete. Je m interrogeais hier sur Oe sur ce que signifie troll.
Trollesque, pour moi, le Lachaise tour, les vagissements de Clopine appelant a etre « etouffee de becots par les gentils nenfants ». Bouguereau bourre comme un coing, plus tolerable que le ton comminatoire de Chaloux. Autrement on vient pour quoi? Le billet d Assouline. Edel, quand il parle de Rome et de ses amis untel, moins coince que dans son bouquin. Daaphnee, ses piques et ses epines, plus valables que les confitures de Rose. La densite hypnotique de Reine, qui me prend comme un lapin dans ses phares. Notre Wider natio, qes emportements, en hautes ou basses eaux. Ceux la oui je prends. Jacky et ses elephants, diagonal quand il est moins negatif, Azerty moins con, mais autant esperer que la pluie ne mouille pas. Et se marrer. Allez, tschuss.
Je ne sais qui a évoqué la géographie, j’aime bien me souvenir de Chimène et du Cid, à Burgos.
Double corps.
Edouard de 20H15 je n’avais pas lu votre message avant de rappeler mon lachaise tour à Burgos.
Luba Jurgenson a 23 ans dans cet entretien avec Chancel. Elle a « oublié » son père et découvre qu’elle est juive, au moment de l’émigration qui est choisie, raison confort, vers l’âge de 16 ans, et elle a de la famille en France.
Bref, vous aimez la musique pop ?
http://www.youtube.com/watch?v=RBumgq5yVrA&feature=youtu.be
@une anonyme | le 25 novembre 2014 à 18:51 (chez Paul Edel)Je vous réponds ici (excusez-moi, Pierre Assouline) car les commentaires continuent de disparaître là-bas aussitôt qu’envoyés ! (j’ai bien sûr essayé depuis quelques jours toutes les stratégies que vous conseillez et cela ne fonctionne pas). Et cela seulement sur les blogs hébergés par le monde.fr (j’en fréquentés quelques-uns très intéressants). Si vous avez une autre idée…
Paul Edel, très courtoisement a fait suivre un de mes commentaires (que je lui avais envoyé par mai, et assure qu’il n’y a pas « d’interdiction » de l’hébergeur le monde.fr
Alors, le mystère s’épaissit.
Merci
la vie dans les bois ne sait jouer que du basson
The love affair between mère tape-dur and the meteorologist seems in a bad way.
Bonsoir Marie-Eugénie, it would be fair to read one of your comments about miss Jurgenson and her « navette ».
Please leave a message here.
la vie dans les bois dit: 25 novembre 2014 à 21 h 28 min
Bonsoir Marie-Eugénie, it would be fair to read one of your comments about miss Jurgenson and her « navette ».
Please leave a message here.
for where it’s worth
http://www.youtube.com/watch?v=_Fumf2rfj2w
lontan je vé me couché de bonheur, et ce soir encor. Bonne nuit Marie-Eugénie.
oui, oui, bien sûr……
(pensez à vous aérer la tête de temps en temps)
Merci Candie.
@Lavande dit: 25 novembre 2014 à 18 h 19 min
Oui, Lavande, formidable témoignage ainsi que « Le garçon qui voulait dormir », toujours de lui édité par l’Olivier en avril 2011 (Erwin a 17 ans et a perdu sa langue maternelle. Après la guerre,arrivé en Terre d’Israël, on l’oblige apprendre l’hébreu. On change son prénom. Erwin s’appelle désormais Aharon…)
L’âge de mon cerveau est de 20 ans.
…
…un petit disco,!… » Doris D & The Pins-Shine »
…
Widergänger dit: 25 novembre 2014 à 23 h 24 min
L’âge de mon cerveau est de 20 ans.
C’est toujours ce que l’on croit quand l’oeuvre d’alzheimer est déjà bien avancée.
…
…en plus fatigué vous avez, » Yes Sir i can boogie « ,…
…pour les franglais,!…etc,!…
Non, j’ai fait un test qui le prouve.
Le vôtre est très vieux, 90 ans, en revanche.
Drôle de méthode, le mot à mot, quand on traduit. J’ai un doute. Personne ne traduit de cette façon.
Le bilinguisme réel est de toute façon extrêmement rare. Passer d’une langue à l’autre sans hésitation dans les deux sens n’est possible que chez des individus qui ont appris la deuxième langue très jeune.
De toute façon, on n’a qu’une seule langue maternelle, celle que notre cerveau a enregistré quand nous étions encore dans le ventre de notre mère. Une étude récente tend à le prouver. Cette langue entendue quand nous étions encore un fœtus s’est imprimée dans notre cerveau pour toujours. Ce n’est pas le cas d’une langue apprise une fois né.
Ce qui est long et difficile à apprendre quand on apprend une langue étrangère, c’est de sentir les mots, les nuances des mots, toute l’aura affective des mots. Parce que ça, ça vient du fœtus.
Pour un cerveau, 20 ans, c’est l’âge bête non ?
On pense dans une langue, ou dans une autre ; c’est vrai, c’est ce que l’on dit toujours, et notre intelligence émotionnelle nous fournit une signification pour cette assertion. En un mot, on pense que l’on pense dans une langue.
On pense dans une langue au moment de traduire sa pensée en une sémantique accessible à son interlocuteur, ses interlocuteurs, ses lecteurs.
Seulement tout le travail de gestation de cette pensée, qui s’est effectué a priori sans aucun langage, ou alors mélangé à des images, des sons, c’est peut-être neuf dixièmes du total de l’opération ! D’autant que cela a pu être long, fractionné, corrigé… C’est cela qu’il serait intéressant de mettre en évidence. Rude pensum ! Et pourquoi ? Parce que la traduction, en découlant, utilise les mêmes mécanismes, elle est une application, un cas particulier de la pensée.
Widergänger dit: 25 novembre 2014 à 23 h 47 min
Drôle de méthode, le mot à mot, quand on traduit.
Cela tient debout : il faut analyser le nez dans le fromage, et éventuellement dans le verre. Ensuite naturellement il faut repartir en synthèse, niveau d’abstraction par niveau d’abstraction, jusqu’à se sentir en phase avec la musica. C’était sous-entendu, i suppose, et en tout état de cause inévitable.
Alternative : chercher dans le Gaffiot le mot le plus exotique de la soupe, avec un peu de chance on touche un jackpot de trois lignes inattaquables autoritairement traduites, ça c’est de l’efficience comme dirait le senhor olivera de la Figueira….
Olivera, Trommelfeuer !
Widergänger dit: 25 novembre 2014 à 23 h 39 min
Non, j’ai fait un test qui le prouve.
Et votre merveilleux test connaissait la valeur de votre cerveau à 20 ans.
Mais qu’il est stupide.
Au volant, ne pas regarder la route ce serait catastrophique…
« la valeur de votre cerveau à 20 ans. »
Pour WG, shéma constant :
encéphalogramme plat avec éruption subite et incontrolée ne dépassant pas les 3 secondes toutes les heures.
Effectivement, vous êtes stupide pour ne même pas comprendre l’expression « un cerveau âgé de 20 ans ». QI très faible, mon petit chéri. Tu devrais t’acheter quelques neurones. Je peux t’en prêter quelques-uns si tu veux. Mais les miens se louent très chers.
On ne traduit pas un mot, on traduit la réalité à laquelle renvoie les mots. Faire du mot à mot n’a guère de sens.
Si je dis par exemple :
Il y a beaucoup de curieux sur la place du village.
Et que je veuille le traduire en allemand, je ne vais pas traduire mot à mot. Je vais traduire l’expression « il y a » qui, dans ce cas, se traduira par « stehen » :
Viele Neugierige standen auf dem Platz des Dorfes.
Mais si je veux traduire :
Il y avait différent cas intéressants ce matin à l’hôpital, je vais traduire « il y a » par une autre formulation : « es gibt »:
Heute morgen gab es viele interessante Fälle im Krankenhaus.
Si je veux traduire une phrase plus compliquée du genre :
« Il y a tout lieu de croire qu’il réussira »
je vais encore employer une autre formulation pour « il y a » :
Es besteht die berechtigte Hoffnung zu glauben, daß er es schaffen wird.
Donc, ça n’a pas de sens de dire qu’on traduit dans un premier temps par du mot à mot. Ça ne peut pas se pratiquer ainsi. C’est stupide. Ça ne correspond à rien de la pratique de la traduction.
Traduire dépend aussi beaucoup du contexte.
Par exemple, c’est assez équivalent de traduire :
Il y a tout lieud e croire qu’il réussira
par :
Es besteht die berechtigte Hoffnung zu glauben, daß er es schaffen wird.
ou par :
Es besteht die berechtigte Hoffnung zu glauben, daß es ihm gelingen wird.
C’est le contexte qui déterminera laquelle choisir. Chaque mot dans un roman porte en quelque sorte tout le roman sur ses frêles épaules. Parfois ça donne le vertige quand on traduit. On a le sentiment de déplacer des mondes.
Pour daaphnée, de toute façon, la bêtise est congénitale…
Widergänger dit: 26 novembre 2014 à 0 h 57 min
Traduire dépend aussi beaucoup du contexte.
P’tain, faut avoir au moins un cerveau de vingt ans pour accoucher d’une idée pareille.
Où je m’aperçois que je ne pers pas mon temps en fréquentant votre blog.
Je vais me débrouiller pour trouver son livre.
Une question :
Qu’en est-il pour les peintres ?.
Étonnant que je n’ai pas fait attention aux noms des traducteurs de Chalamov pour l’édition de 2003 chez Verdier.
Trop pris par le texte… .. .
WGG :
Le vrai bilinguisme n’existe pas ?
Pour vous peut-être…
Mais pour les apatrides qui sont de plus en plus nombreux,
sans pouvoir être protégés par un passeport Nansen,…
Et parmi ceux-ci, certains écriront et seront confrontés à deux cultures différentes.
En quelles langues écriront-ils ?
Tout dépendra de leur propre histoire, de ce que représente la déchirure.
Une re-naissance !!! !! !.
Bien sûr que le bilinguisme, le trilinguisme et le quadrilinguisme existent. Fin septembre, j’ai passé une agréable soirée en compagnie d’un poète oriental qui maniait à la perfection au moins trois langues, dont le français et l’anglais.
Conrad, Tagore, Nabokov, Beckett, Makhine, Meddeb, écrivains bilingues parmi d’autres.
…
…les pieds sur terre,!…
…
…il n’y a pas de bilinguisme, du quatrilinguisme, ou des confrontations de cultures,!…
…il y a les dérivés pour faire du » racisme – buziness « ,!…des connivences entre tributs,!…pour faciliter les héritiers, les clans, les corporations,!…
…
…même les machineries, ne demandent que quelques manipulations-répétitifs tout au long de l’année,!…
…les langues inutiles, pour la production » sérieuse « ,!…sans jouer avec les ùanagement’s pour se foutre des » couilles » des aytres gens,!…tiens,!…
…
…tous à poils, rien que des esprits » lourdaux du profit,!…
…
…comme disait, le général,!… » je vous ait compris « ,!…un unilingue,…Ah,!Ah,!…
…
…les langues des diversions pour abrutir les stratagèmes des pouvoirs en soi,!…comme les sports, la musique, les livres totalement inutiles pour les nuls,!…etc,!…
…encore et toujours sur l’échiquier,!…
…etc,!…Ave,! César,!…
…l’équarissage des bourses,!…un lait de chèvre,!…
…
Le retour mélodieux du traducteur
C’est le plus beau des voyages. Je suis ici, niché dans ma langue avec ses collines bleu horizon et ses fleuves d’évidence, mais je suis aussi là-bas, au pays où rien ne me ressemble, forêt noire et landes de bruyères. L’autre est à portée de main, j’en ai les caractères au bout de mes phalanges, c’est un cousin lointain que j’entends parfaitement ; ma tâche est de l’arracher à son altérité pour l’attirer dans mon palais, enfin dans ce qui est ma vie, mon souffle, mon rythme, raisons et rêves mêlés.
Que faire ? Je prends des risques, moins des libertés comme on se plaît à dire que des nécessités ; je bouge prudemment la syntaxe comme on écarte les branches à l’orée de la forêt, je déplie la lisière des mots et l’autre pénètre dans mon royaume – là où le mot et la chose s’épousent un peu, où le dire et le voir se font inconsciemment des mines.
Même si le sens m’en est clair, il se peut que le texte allemand ne consente pas à se défaire de sa gangue ; j’ai souvent l’impression que plus la clarté de l’étrangère est aveuglante, plus l’arrachement vers la langue maternelle est ardu. Tout est blanc soudain ; le prisme qui doit décomposer l’autre se trouble d’une opacité de roc gelé qui aveugle mon esprit pourtant lesté du sens : je guette un retour qui ne vient pas.
Il faut s’attarder sur ce moment où rien n’advient, où la loi du sens fait pression pour exiger sa restitution dans la langue d’enfance. Je me dis parfois que c’est davantage un lieu qu’un sens : je vole sur place au-dessus du Rhin, je suis totalement frontière, je me vois sur la carte, isolé, battant des ailes contre le vent d’ouest, bloqué par le mur de ma langue bien aimée. Je rêve de péninsule d’Europe, de clarté tempérée où l’Atlantique tiédirait la verdeur du Harz, ce cœur d’Allemagne bien connu, bien entendu, qui viendrait se réchauffer à deux pas du Gulf Stream, au seuil de ma maison.
L’aller est tellement facile, le mouvement est naturel, on a toujours envie de partir ; je vais à l’aventure, plein d’espoir, sûr de l’étranger dont je connais la langue et qui pourtant me dépayse si bien que je vois déjà miroiter le bonheur de sortir de ma peau. La difficulté est au retour : tant de connivences m’attendent, je vais renouer avec l’allure ordinaire de mes heures toujours jouées, un amont de souvenirs va dévaler sur mes épaules, tant d’affections anciennes à porter. Un trop plein d’amour pour ma langue embarrasse mon retour. L’effacement de l’autre – pure fiction, car avec ou sans ma traduction, il demeure – n’implique pas automatiquement l’ouverture sur le monde des mots où j’ai grandi : celui-ci m’est en effet si familier que mille chemins s’offrent à moi. Tant de voies pour un sens, j’hésite. Superbe attente, délicat retour : j’ignorais que ma langue maternelle allait vers toutes ces directions à la fois et sans l’autre langue je serais resté enclos dans le refrain des tournures moulinées étourdiment chaque jour.
Mais j’anticipe comme si j’avais trouvé le chemin de la maison alors que je trébuche sur les marches qui nous séparent. Il faut prendre cet entre-deux à bras le corps, lorsque l’autre disparaît et que l’un n’a pas encore paru : je plonge en vérité, je me noie dans la perte du langage, flot d’oubli taciturne. Moment désolé en apparence, très proche de l’ouvert auquel l’écrivain est constamment confronté. Mais le poète aime l’aventure, il chérit ce risque, il éprouve sa force ; le traducteur face au vide, paralysé de stupeur, se reproche sa maladresse. Je me console en songeant qu’ainsi, hors de moi, hors des mots, je côtoie au plus près l’auteur que je traduis : je me penche par-dessus son épaule, je le vois incliner la tête pour que je suive l’avance de sa peine et je découvre alors sa main qui repousse la nuit du mot à venir.
Je comprends tout à coup ce qui me manquait : j’avais oublié que le poète lui aussi est traducteur ; il traduit une réalité intérieure et c’est ce mouvement qu’au cœur du langage j’ai pour tâche de retrouver. Il a fallu le silence, il a fallu mon indécision pour que, dans la nuit de l’avancée vers la langue française, je croise mon écrivain allemand, dans l’autre sens. Nous nous saluons, nous nous reconnaissons : son effort est à la mesure du mien. Certes, le sien est d’un ordre différent, sa traduction va vers le tout autre, alors que la mienne surgit de sa main de maître. Mais il me donne au passage un conseil de la plus haute importance : je dois m’accorder à lui comme on le dit du violon et du piano. Parmi les mille voies possibles, le chemin que je choisirai dans ma langue est annoncé par son chant. Sa musique va me guider.
Je dois saisir sa mélodie. Je lis une page de l’œuvre, je la relis jusqu’à la connaître par cœur ; je sens que mon corps assouplit ma bonne vieille langue familière, je m’accorde, je m’adapte, je dis oui à tout, je suis tout ouïe. Je m’efface, j’efface le texte étranger et guidé par la musique, une voix murmure enfin un chant d’eau claire qui sourd au beau milieu du silence. Je sors de l’autre, du livre, délivrant enfin le sens jusqu’alors prisonnier de ma langueur.
Car une certitude dort au fond de la langue maternelle ; il suffit de dire, d’oser dire et le filet se fait tapis de mots ; la phrase fidèle et imprévue attendait patiemment que la pression du sens se dénoue en mélodie. C’était un jeu, le voyage retour était affaire de confiance, jolie petite peur suscitée mais nécessaire pour retrouver le chant de l’autre.
On voit bien que le même jeu d’abandon court sous les doigts du musicien : le texte est écrit, croches, noires, blanches, tempo, et pourtant, sur le silence à venir, le soliste va inscrire sa langue au plein du jeu. La chance est au futur, sa règle est plus féroce que celle du traducteur puisqu’il est cloué au rythme, mais il va faire déborder le temps de toute la technique de son corps éprouvé. Il se doute de l’avenir mais il compte sur le ton général dicté par ce moment de son corps pour se surprendre. Il va vers le nouveau puisque tout fuit, mais comme le traducteur il obéit à une règle étrange, déroutante : plus je m’efface, plus je suis moi-même. Car être soi-même dans le temps, c’est vivre l’aube perpétuelle, devenir neuf à chaque instant, entrer dans un prolongement renouvelé de soi.
En jouant, en traduisant, je me découvre ; je rencontre l’autre, je le devine, ma langue s’affine, le retour m’obligeant à ouvrir dans ma langue des voies que je n’aurais jamais frayées.
Il n’est pas question pour Ulysse de rentrer sans avoir traduit tout l’espace lumineux de la Méditerranée ; c’est ainsi qu’en devenant « personne » il s’absente de soi pour découvrir les figures stupéfiantes de l’autre. Ce retors s’amuse à se perdre, on admire les mille ruses, mais Homère seul, on le sait bien, est le vrai traducteur de ce traducteur au long retour mélodieux.
…
…quel » broll « ,!…et 1 Optimmum à Paretto,!…pour un poirier,!…vite,!…
…
…tant d’années à étudier,…pour en arriver là,!…
…quel champs d’appréciation,!…l’activité de mélanger le grain & l’ivraie,!…la soupe d’amont en aval,!…
…etc,!…
Pour daaphnée, de toute façon, la bêtise est congénitale…
ML
C’est à dire, notre WIwi, que c’est peut-être votre cas ..
Votre exemple sur le « il y a », c’est justement cela le mot à mot, là simplement lié aux contingences de syntaxe . C’est le B.A. BA de la traduction !
En revanche, ce qui n’est pas du mot à mot ce sera la question du style qui induira des entorses éventuelle à une syntaxe attendue etc .., ce seront aussi pour le lexique des choix liés à la polysémie, aux connotations qui pourront faire privilégier des correspondances peu immédiates a priori .. Là, la quasi impossibilité de traduire de la poésie ..
Et, dans ces choix là, c’est par exemple le travail que fait André Markowicz qui se situe sur le fil où, par moment on entend sa voix mélée à celle de Dostoïevski , même sans être russophone et pour peu que l’on possède une finesse de lecture !
( à quoi croyez-vous que vos plagiats – une même langue pourtant – étaient pour moi évidents ?! )
Et c’est bien toute la grande difficulté de la traduction où il y a des choix à faire pour rester dans l’esprit de la lettre – être au plus près et néanmoins prendre du champ – d’où l’intérêt des éditions bilingues et annotées quand on veut par soi-même regarder au plus près le texte source.
..
cricri revient et c’est tant mieux, cricri refait des siennes et c’est tant pire
« Le masque et la plume » épinglé pour avoir vulgairement dégommé « Terminus radieux » et les romans d’Antoine Volodine
Pourquoi ne casserait-on pas, même vulgairement, même à l’aide d’arguments boiteux, un écrivain qu’on n’aime pas ? Souvent, plus c’est injuste, plus ça fait rire, et que la tête de turc soit Volodine ou un autre, qu’importe. On n’a pas tant d’occasions que ça de s’amuser et les blagues les plus lourdes sont souvent les plus drôles, les critiques les plus foncièrement malveillantes et injustes, les plus délectables. Sur son blog, Claro traite d’ « histrions » les critiques du « Masque et la plume » qui ont démoli le dernier roman de Volodine, les accusant d’une « haine de tout ce qui se fait dans l’ombre ». Accusation drolatique, quand on sait que le Volodine occupe une place relativement enviable dans le petit cirque littéraire et que son dernier opus vient de décrocher le Médicis. En réalité, Volodine n’est pas moins un « histrion » que ceux qui tournent ses produits en dérision. Qu’est-ce d’autre, en effet, qu’un histrion, que quelqu’un qui déballe en public ses élucubrations pour en faire commerce ? Beckett ou Sartre ou n’importe lequel des plus encensés écrivains du siècle passé, sans compter Hugo, Maupassant ou Flaubert, n’étaient pas moins des histrions que Volodine. Penser le contraire, c’est prendre la littérature au sérieux, alors qu’elle n’est jamais, pour le lecteur, qu’un divertissement passager. Il est vrai que, comme Pascal l’a justement fait remarquer, le divertissement, c’est tout dans la vie, avec la bête à deux dos.
Le vrai critique, le critique que j’aime, c’est le critique vachard, fielleux, injuste jusqu’à la perversité, dont les appréciations meurtrières devraient inciter l’auteur visé à se jeter sous un train. Autant dire que la plupart des billets d’Assouline me font l’effet d’un verre de sirop d’orgeat.
Antonio Di Pizza dit
Dis donc, Antonio, tu rejoins ton placard, et fissa !
Pour Di Pizza on ne peut qu’ ajouter un +1 ce qui se traduit dans un bilinguisme foudroyant par une olive+…
Rien n’amuse autant qu’un homme qui tombe, et la déception est grande lorsque celui qui tombe rit de soi-même… dans les limites de la douleur ressentie, naturellement.
Laissez les olives tranquilles, S.V.P.
A propos de critiques vachardes, il est coutumier aujourd’hui’ de ne parler qu’en bien ( et un tout petit peu en mal, sans trop égratigner)d’ un roman ou d’ une biographie tant le journalisme s’ est transformé en agent de communication des maisons d’ édition.
En lecture, je vous conseille la critique de Stalker à propos du bouquin de Macé-Scarron qui s’ approcherait des dire de Antonio Di Pizza dit: 26 novembre 2014 à 10 h 21 min
Di Pizza, on pourrait croire que c’est un JC assagi (pour cause), dans la droite ligne de ce qu’il écrivait contre Eric Reinhardt
Tout le monde, je suppose, a fait l’expérience de la « vengeance » de l’olive: ne pas bien aromatiser le martini dry parce que un mauvais barman (équivalent du mauvais traducteur, peintre, poète, etc.) l’a condamnée à vivre hors de son environnement naturel… en d’autres mots, loin de sa saumure.
Le billet de Claro à propos de Volodine est vraiment très bien, lucide et argumenté (comme dab’)
Tout comme la chasse aux trolls, la chasse à qui se cache derrière un pseudo c’est une « chasse au Snark » en moins amusant.
« le critique vachard, fielleux, injuste jusqu’à la perversité, dont les appréciations meurtrières devraient inciter l’auteur visé à se jeter sous un train. »
ce pauvre type frustré qui tient à se faire remarquer à tout prix, et le critique mielleux sont aussi médiocres et nuls l’un que l’autre
« la chasse à qui se cache derrière un pseudo c’est une « chasse au Snark » en moins amusant. »
Et très vite censurée !
Que veut-on cacher ici ?
Le marché des critiques vachards est saturé, le beau style reste rare, les postulants d’aujourd’hui dépassent rarement le ricanement.
Il faut savoir torcher « un livre mince comme des lèvres serrées » (R. Matignon).
Comme dit Renato qui a connu les affres de l’empire austro-hongrois, l’art de fiche l’olive dans le coquetèle n’est pas donné à tout le monde.
Multilinguisme
Un des commentateurs définit le bilinguisme par une pratique qui demanderait dés la petite-enfance de parler deux langues égales en qualité. Cela est discutable…
On peut devenir bilingue/multilingue plus tardivement dans la vie, bien entendu plus on commence jeune, plus il est facile de s’adapter à des accents différents, a des rythmes différents, à des intonations contradictoires.
Pour ma pratique personnelle, le multilinguisme consiste à passer d’une langue à l’autre sans faire aucun effort, parfois même sans le remarquer, sans s’en apercevoir. Bref, être tout aussi à l’aise en passant d’une langue à l’autre, sans même se souvenir dans quelle langue la conversation a été tenue.
Cela demande un environnement multilingue, se trouver au milieu de gens qui eux aussi passent d’une langue à l’autre d’une manière naturelle. Souvent c’est mélanger les langues, prenant le mot le plus adéquat dans une conversation.
La Suisse des grandes villes est un excellent terreau pour le multilinguisme, présence des grandes sociétés multinationales et pratiques dans le monde bancaire, des assurances (+ Réassurances) et des géants de la chimie.
Il existe dans ce pays, des villes bilingues, Fribourg, Bienne, villes d’origines germanophones, les francophones pauvres furent attirés par l’industrie. À Bienne, les francophones sont d’origine du Jura. À Fribourg, la ville basse était pauvre et francophone, la ville haute était celle des maisons patriciennes, des grands appartements et des germanophones.
Le français, langue aristocratique des familles patriciennes bernoises, est presque un souvenir. L’anglais, langue internationale des Affaires et de la Recherche, est devenue la deuxième langue incontournable. La grande question politique dans le pays est le choix pour les enfants, de la deuxième langue apprise à l’école.
Sans rentrer dans les détails, si le français pour les uns, l’allemand pour les autres, devrait être le choix naturel le plus helvétique, parmi les 4 langues officielles du pays.
Difficile de faire des études d’Economie, de droit ou scientifiques, sans lire des livres édités en anglais, difficile de voyager dans le monde sans pratiquer l’anglais, bref l’anglais fait partie d’une éducation basique. Sans pratiquer couramment l’anglais, il sera difficile de faire des études et de travailler dans diverses industries. Sans oublier que question langue allemande, pas toujours évident pour les suisses germanophones de parle Hochdeutsch.
Pour ce qui est d l’immigration, tant en Suisse qu’ailleurs, les émigrés économiques parlent le plus souvent leur langue maternelle qui relève la plupart du temps d’un dialecte, plus rarement d’une « Hochsprache ».
Je parle l’anglais depuis l’âge de 11 ans et n’ai plus en souvenir ma période monolingue. J’ai commencé à parler allemand plus tard, tachant bien de ne pas me laisser influencer par des dialectes locaux. Pour des raisons esthétiques, je n’aime pas les dialectes suisse-allemand, sauf le bernois dont la musique est charmante. Quoique, quand je pense au bernois, j’ai dans la tète les films de Franz Schnyder, « Uli der Knecht » 1954, Liselotte Pulver, Heinrich Gretler, Emil Hegenschweiler, Erwin Kohlund, filmé dans un bernois de théâtre, de cinéma, une belle langue, dans la vraie vie les Bernois parlent d’une manière plus rustique, sauf les familles patriciennes, ceux dont les ancêtres donnaient du « mon cousin » aux monarques d’Europe. Mais dans ce milieu là, la langue familière restait un mélange de français et d’allemand. Pour ceux qui connaissent, Madame de Meuron était le paradigme de l’aristocratie bernoise.
http://www.srf.ch/kultur/im-fokus/franz-schnyder
Link dirigeant vers un site en allemand, pour les monolingues franchouillards, écouter le bernois…
Apprendre une langue d’une manière scolaire, voir universitaire, sans avoir vécu dans le pays, sans parler couramment, “fluently », « fließen » en allemand, dans fließen il y a le concept de fleuve en mouvement, n’est peut-être pas être bilingue.
Savoir lire et comprendre, n’est pas savoir parler.
Les Français ne sont pas vraiment doués pour les langues, ou plutôt certains se croient encore avant 1945. Quand la langue mondiale de l’Elite était le français. Depuis l’anglais est la langue internationale, pour faire des Affaires ou pour tout simplement, pouvoir communiquer. Qui a voyagé dans le monde, je pense surtout à l’Asie, se trouve en face de locuteurs qui parlent un anglais fortement teinté de régionalisme.
Les Indiens, les Malaisiens, les Singapouriens, parlent un anglais qui est coule comme un fleuve descendant de la montagne, mais dont il est souvent difficile, de reconnaître les mots anglais originaux.
Pour ce qui est du singlish, la Singapore River est une rivière d’eau douce, dont la source ne se trouve même pas sur une colline élevée, c’est un dialecte plein d’humour, mélange de Bahasa malaysiu, de dialectes chinois dont le hokkien, le cantonnais et d’autres langues. C’est une sorte de pizza, dont la pâte de base serait l’anglais britannique.
Nabokov, Conrad n’étaient pas bilingue, mais multilinges.
Conrad a pensé un temps d’écrire son œuvre en français, mais il aurait pu aussi devenir un auteur germanophone. Pas polonais ? Non, il n’aurait pas eu assez de lecteurs et il comptait bien gagner de l’argent…
Bas-de-gamme :
Amusant, D.fons se crée un personnage vivant à Londres, traduisant de son cantalou vers l’anglais, et ignare, boit un breakfast cup of tea à 10:30.
Les Anglais sont passés, eux aussi au café et puis le matin, après le very early tea vers 5 heures du matin, si cela existe toujours, c’est Nespresso. Le thé est un plaisir qui demande du temps de préparation et de consommation, haro sur les tea-bag, et le matin, il faut aussi se réveiller.
Le mot polyglotte aura au moins été lâché une fois
dans le commentarium traitant accessoirement
de bilinguisme (la présente occurrence
est hors jeu, bien sûr).
Quant à la blague des deux cerveaux,
il faut espérer que c’en était une,
car il semble bien que l’état confus
décrit chez les frontaliers des langues
provient surtout du carambolage des lexiques
en un lieu unique plus proche de la source
que de l’embouchure.
A (re)voir, tellement il est encore difficile,
sinon impossible, d’entrer dans la tête d’autrui
pour en comprendre un fonctionnement qui diffère
un tant soit peu du sien.
Latterrâlement.
La critique en tweet sur Houellebecq est très bien : absence de style, côté dérangeant, inadéquation entre le cynisme de la création et la personnalité du créateur… Et réticence des « pairs » à reconnaître Houellebecq comme l’un d’entre eux. L’auteur de la critique aurait cependant, à mon sens, pu souligner les ambiguïtés constantes de H. par rapport à la condition féminine, ambiguïtés qui débouchent sur un machisme bien réel…
TKT, si je peux me permettre… Un très beau livre autour du sujet du jour : « la langue maternelle », de Vassilis Alexakis. Une recherche autour du « E » de « epsilon », et de la disparition de la mère.
Sur Stendhal : …nouvelles fonctionnalités, et même les sources en TEI !
Précisons que le vocabulaire de la TEI, plus général que celui des DTD, peut donner lieu à différentes DTD, ce qui permet une plus grande flexibilité qu’une approche basée sur une seule DTD, beaucoup trop inadaptée à la diversité des pratiques et des besoins.
Au Tessin, il a été décidé de ne pas imposer une langue étrangère pour les élèves du primaire. Les Tessinois parlent d’abord leur dialecte, un italien assez rude, puis l’italien et pour les générations de moins de 40 ans, de l’allemand et de l’anglais quand c’est professionnellement inévitable.
J’avais l’habitude au Tessin et à Milan, de parler français, depuis les années 90, les employés des hôtels et restaurants n’acceptent que de parler l’anglais.
Renato, pourrait nous illustrer d’une manière plus recherchée, le désamour du français chez les Italiens et l’envie assez relative de parler l’anglais.
Clopine, je ne suis pas sûr que Michel Houellebecq attache trop d’importance aux critiques négatives, idem pour Gérard Depardieu dans un autre art.
La critique en tweet sur Houellebecq est très bien : absence de style, côté dérangeant, inadéquation entre le cynisme de la création et la personnalité du créateur… Et réticence des « pairs » à reconnaître Houellebecq comme l’un d’entre eux. L’auteur de la critique aurait cependant, à mon sens, pu souligner les ambiguïtés constantes de H. par rapport à la condition féminine, ambiguïtés qui débouchent sur un machisme bien réel… (Clopine Trouillefou)
Le discernement littéraire de Clopine est décidément proche du zéro absolu. Sur la place de Houellebecq, on relira avec profit les remarques (déjà anciennes) de Pierre Jourde, lucides et nuancées. Clopine devrait les lire : ça l’aiderait à cesser de tomber en extase devant n’importe quelle connerie élémentaire.
TKT, quand on vous lit, on a l’impression que vous n’avez pas de « chez vous ». Il n’est question que d’hôtels, de restaurants… De consommation, en quelque sorte, « mécanisée ». N’avez-vous jamais eu accès à un endroit où vous auriez pu confectionner vous-même vos repas (voire les confectionner pour d’autres, ou les recevoir d’autrui), créer votre propre décor, enfin être chez vous : une tanière, un refuge, une demeure en un mot ?
Annibal écrit : « la chasse à qui se cache derrière un pseudo c’est une « chasse au Snark » en moins amusant. » Et très vite censurée ! Que veut-on cacher ici ? »
Rien. On ne veut rien cacher. C’est juste qu’on en a soupé de cet infantilisme.
Beau testimony de tkt qui rappelle son heure de gloire sur le prestigieux blog à passouline. Les dialectes helvètes sentent bon le coup de pied au derrière des Habsbourg. Savoir composer un high tea en Suisse n’est pas une mince affaire.
Le destin des multingues est un « Enterrement à Theresienburg » (Miroslav Krelza). Hier comme aujourd’hui, le ventre mou des multilingues finit en costa-croisières.
Clopine, si je puis me permettre, le sujet n’est-il pas le bilinguisme ?
Soit la capacité de parler deux langues avec la même rapidité ?
TKT, oui, vous avez raison, mais le bilinguisme n’est-il pas parfait que lorsque la mère est elle-même bilingue ?
… La langue maternelle est le « rosebud » des multilingues, à mon avis. Celle que le cerveau retrouve, même quand il croit l’avoir perdue…
Et réticence des « pairs » à reconnaître Houellebecq comme l’un d’entre eux. (Clopine Trouillefou)
Comment peut-on en arriver à écrire d’aussi grasses sottises ? L’emploi du mot « pairs » atteint le comble de l’hénaurmité. Clopine doit confondre le milieu des écrivains avec celui des chevaliers de la table ronde. Il est vrai qu’elle tient ici depuis longtemps la place de l’Arthur de service.
.. le remarquable discernement littéraire d’Azerty, lui, connaît quelques ratés. Parler d' »extase » quand un article est qualifié de « très bien »… faut avoir envie de dire des méchancetés, à tel point que la brume de l’agacement se dépose sur les verres de lunettes…
Azerty, je soutiens qu’en France, il y a un « milieu littéraire » où tout se tient (auteurs, éditeurs, critiques…), mais je peux me tromper. Ma grasse bêtise n’est pas si épaisse que cela, mais cependant, j’aurais préféré avoir écrit : « la réticence des pairs à reconnaître H. comme l’un des LEURS ». C’eût été plus élégant… Mais suis-je bête. Vous parler d’élégance, à vous ?
Constat dit: 26 novembre 2014 à 10 h 38 min
chaloux/constat tourne en rond, ses épouvantails lui manquent, son incapacité à toute forme de lecture reste, elle, bien présente.
Polé, le mot polyglotte renvoie peut-être à l’oralité ?
Ce qui est étrange, et je le découvre, c’est que les expression « parler des langues », « don des langues », le mot « glossolalie » renvoient peu ou prou à la prière religieuse chrétienne.
Bien loin du multilinguisme de salon au Inn International, petit doigt en l’air, journaux en toutes les langues repassés, et regards en coin, de Phil.
Merci de ce tweet à propos de Michel Houellebecq. Vous avez vu son expo photos ? Le premier jour, il n’y avait pas grand’monde. Des femmes, uniquement.
La vacherie, comme l’éloge, peuvent devenir le fonds même de la critique littéraire, sans lectures onligatoires…. Côté vacherie, j’aime bien ce début beau et clair comme une matinée d’avril, cet article de Bernard Frank publié ,cependant, en début d’automne ,exactement le 14 septembre 1963 dans « France observateur ».
Ca ne nous rajeunit pas ? mai si !ca vieillit surtout les papiers de notre automne..
« Ecrivains de l’an passé, petites feuilles mortes, réjouissez vous, les augures sont unanimes, la rentrée s’annonce lugubre. Si Jean Edern-Hallier, du Seuil, qui, depuis deux ans fait le tour des écrivains et des maisons d’édition, n’a pas le talent de ses farces et le génie de son temps perdu(et il est fort possible qu’il les ait, nous en reparlerons) , si Poirot- Delpech, notre Rubempré, notre beau cheval bai (je sais, il est blond) n’enlève pas à son troisième essai le Goncourt ou, pour le moins, ne ravit pas les doux vieux cœurs chavirés des bonnes dames du Fémina , si Freustié enfin.. Vous avez de sérieuses chances de vivoter encore quelques mois dans nos mémoires oublieuses. Mes amis, nous accommoderons vos restes.
C’est si vrai que moi, qui suis devenu avec les ans et l’insuccès en tout genre, bonasse et accueillant, lorsque j’ai vu arriver dans ma campagne normande battue par les pluies l’avant- garde des chevaliers à la triste mine, les concurrents du gros lot , j’ai condamné mon huis, bien décidé (serment d’ivrogne, les semaines à venir vous le prouveront je l’imagine) à ne plus recevoir que sur rendez- vous, et les souvenirs seulement. Confrères d’Ici paris ou de France Dimanche, il n’y a pas que vous qui avez des stars et des cœurs brisés, en littérature nous avons aussi nos Soraya, nos princesses de Kent et de Grèce , nos scandales et nos pleurs. Clara Malraux et Simone de Beauvoir, ce n’est pas tout de même de la roupie de sansonnet, que je sache »
Appréciez dans ce texte à la nonchalance étudiée, avec ces virgules habilement placées par un jouer de polo, et le rôle des parenthèses qui, elles, forcent le lecteur à s’asseoir dans le canapé tout à côté de Frank pour y déguster son cocktail doux- amer,avec des olives qui gardent leur noyau.
Constat dit: 26 novembre 2014 à 10 h 39 min
Le billet de Claro à propos de Volodine est vraiment très bien, lucide et argumenté (comme dab’)
Le bedeau va encore nous vanter Chevillard.
Vazy chaloux, tu n’es plus à une ineptie près.
Nous parlons usuellement de traduction
comme si le langage résultait d’une sorte
de gravure dans le marbre le fondant
comme une référence absolue alors
qu’il bouillonne plutôt à partir
d’une soupe conventionnelle
enrichie en permanence.
Ne lui accorde-t-on pas ainsi
tacitement une fausse exactitude ?
Conception scientifique adaptée
aux publications techniques.
Pour le reste, où la fiction,
les sentiments, le fluide
et l’interprétation
ont leur rôle à jouer,
la traduction rigoureuse
ne le cède-t-elle pas à un art
qui serait proche d’une conversion
(à condition de s’accorder
sur le sens à privilégier
pour ce mot) ?
Traversatilement.
Clopine, vous avez touché juste, je ne suis chez moi que dans mon appartement de Zürich, à Paris et dans quelques ville où j’ai habité.
En effet, dans une ville comme Milan ou Lugano, mes expériences sont concentrées dans les restaurants, les hôtels et les boutiques. Dans le temps, tous les italiens qui vous servaient avaient au moins vécu en France et parlaient le français. Idem pour l’Espagne. Je vais tous les étés à Mallorca, inutile de parler français, l’anglais est la langue des échanges.
Cet été je suis tombé quand même sur une pharmacienne, de mon âge, parlant le français.
Je suis assez heureux quand je consomme, Clopine, je ne suis pas bolchévique, je fais tourner le commerce, même celui de l’édition, bref, votre snobisme anti-consommation me laisse indifférent. J’ai vécu économiquement, parce que des gens dépensent leur argent, en bon citoyen je redistribue. Ne prenez pas ces propos pour une attaque personnelle, et puis vous consommez, des sans-label, non ? Sans-label pour les sans-dents, quoique…
Bon, Clopine, Marie dear, si nous nous rencontrions avec Jacques, nous éviterions de parler de consommation. Sauf peut-être, de produits de la ferme, frais, de saison, bio, ce qui n’est pas vraiment une consommation pour les sans-dents.
La Trierweiler aura au moins mis cette expression dans le circuit.
« Idem pour l’Espagne. Je vais tous les étés à Mallorca, inutile de parler français, l’anglais est la langue des échanges. »
c’est pas plutôt l’allemand plutôt que l’anglais là-bas?
La fonction du langage
pourrait bien être de relier.
Ici et maintenant.
Vient peut-être ensuite l’écriture,
pour conserver (converser ?)
et transmettre ailleurs et plus tard.
A réserver d’abord et très vite
à ce qui est parole « sacrée »,
qui le mérite en elle.
Risible au regard du présent usage.
Décorticalement.
la vie dans les bois dit:26 novembre 2014 à 12 h 10:
Bois de Boulogne ou Bois de Chaville ?
Le petit doigt en l’air ?
Tout à fait interdit
« je ne suis pas bolchévique, je fais tourner le commerce, »
comme valérie
Bonjour, je tiens à exprimer mon avis et le faire partager, merci.
« Pour ce qui est d l’immigration, tant en Suisse qu’ailleurs, les émigrés économiques parlent le plus souvent leur langue maternelle qui relève la plupart du temps d’un dialecte, plus rarement d’une « Hochsprache » »
TKT 11h39
Ah ces immigrés, incapables d’être nés dans une région où l’on parle une langue « noble », pourront-ils être un jour au niveau de TKT ?
Leurs pauvres dialectes sont si futiles.
Et ce personnage se permet de traiter d’autres commentateurs de racistes.
Que ne reste-t-il pas devant son miroir, à s’admirer.
J’y peux rien TKT, des années que je me dis qu’il faut que je lise en VO, le manuel des bonnes manières de Nadine de Rotschild. Du coup, j’ai encore de mauvaises manières.
Phil, tous les germanophones parlent « eine Mundsprache », les suisses allemands comme les Autrichiens et les Autres. Le Hochdeutsch, langue écrite, est plutôt mal vue dans certaines parties de l’Allemagne. Quant à un Autrichien, un Schwabe ou un Saxon qui parle une sorte de Bühnendeutsch, ce n’est pas un produit courant.
« Les Tessinois parlent d’abord leur dialecte, un italien assez rude… »
Déjà les Tessinois ne parlent pas un « italien assez rude » mais le lombard occidental qui est une langue minoritaire (7 millions de locuteurs: Lombardie, Piémont, Tessin, Grisons); puis, au Tessin on parlait n’importe quelle langue déjà dans ma jeunesse, un temps qui est désormais loin.
C’est vrai que le Tessin, pour des raisons que l’on va pas évoquer maintenant, est plus attaché à son exception (ce qu’un Français devrait bien comprendre) que ne le sont dans les autres Cantons; en outre, (la peur de l’irrédentisme tessinois inspira longtemps les rapports que le Gouvernement Federal entretint avec le Tessin).
Pour ce qui est de la perte de vitesse du français chez les commerçant Italiens, votre question trouve sa réponse dans votre post… et, par ailleurs, pourquoi apprendre une langue qui ne sert à rien quand, Anglais bien à part, le monde s’ouvre sur d’autre perspectives? surtout maintenant que le chez-soi n’est désormais que le reliquat d’un vieux approche du monde.
Oups!
en outre, etc., sans paranthéses…
@ la vie dans les bois dit: 26 novembre 2014 à 12 h 28:
Cela s’apprend tôt, très tôt, dès que l’on tient sur une chaise, à table, et que l’on comprend le discours des parents. Nadine de Rothschild a tout bien observé, a tout saisit, et fit très bien son job.
@ Clopine Trouillefou
Je vous prie de bien vouloir me pardonner mon agressivité imbécile à votre égard et les méchancetés sommaires (toute méchanceté est sommaire) qu’elle m’a fait écrire, et que vous ne méritez nullement. Je les renie et les retire , d’autant plus que j’ai conscience que cette façon de réagir a l’effet immanquable de court-circuiter toute amorce de débat. Je ne pense pas, par ailleurs, être seul concerné par ce problème d’agressivité, que libère un peu trop facilement la nature des échanges sur internet, comme on peut le constater quotidiennement sur ce blog. D’autre part, je pense que vous faites erreur en taxant Houellebecq de misogynie et d’anti-féminisme. Produisez vos preuves (à l’inverse d’un Claro, par exemple, qui ne justifie pas vraiment les accusations qu’il porte contre les animateurs du « Masque et la plume », dont il juge stupide les propos qu’ils ont tenu sur Volodine).
« Rien. On ne veut rien cacher. »
Alors il serait temps que vous nous disiez ce qu’il en est, Passou, si tant est que vous le sachiez.
On a le sentiment désagréable d’être instrumentalisés, par un individu ou un groupe d’individus particulièrement néfaste dont on ne comprend pas très bien le but recherché ?
Et votre position face à cette situation délétère n’est pas des plus claires.
Ce qui empoisonne quelque peu l’atmosphère et décourage ceux qui viennent ici pour échanger et communiquer en toute bonne volonté.
TKT dit: 26 novembre 2014 à 12 h 20 min
Dans le temps, tous les italiens qui vous servaient avaient au moins vécu en France et parlaient le français
Ils savaient vivre en ce temps-là ces Italiens,
ils savaient émigrer pour apprendre une langue « noble » et servir le divin TKT avec les honneurs dus à son rang.
Alors qu’aujourd’hui ces faquins voudraient d’exprimer dans leur dialecte.
Monde pourri.
l’allemand officiel (Hochdeutsch)et autres est la langue parlée par le plus grand nombre en Suisse
Renato, je vis avec quelqu’un qui travailla à l’UBS de Lugano (2001), et maintenant dans une boite qui a des bureaux à Lugano. En réunion, les Tessinois passent du bon italien au dialecte, d’une manière peu emphatique. À Singapore, toujours dans la grande banque suisse, les employés sinophones, pour rejeter les Ang Moh (expats blancs), se repliaient sur leur dialecte chinois.
Vous avez raison, le français ne sert plus à grand chose, sauf pour les enfants des Oligarques russes, le français en mémoire de la Russie des Tsars ?
Annibal 2 dit: 26 novembre 2014 à 12 h 39 min
Jacky, tant que tu verras partout la main d’un troll unique et manipulateur, à l’instar de ton compagnon zûrichois, tu resteras l’un des premiers animateurs de cette chasse que tu critiques.
Tu es responsable et coupable.
“si je ne m’abuse dit: 26 novembre 2014 à 12 h 46 min
l’allemand officiel (Hochdeutsch)et autres est la langue parlée par le plus grand nombre en Suisse“
D., vous dites des conneries comme d’habitude. Le Hochdeutsch est la langue écrite, parlée par personne, même pas au Parlement. Les suisses allemands parlent leur dialecte régionale et le Hochdeutsch, uniquement avec les étrangers et encore, ce n’est pas évident qu’ils sachent le faire.
D.fons, vous avez raté une occasion de fermer votre gueule.
Idem sur votre attaque débile sur les patois, mais bon, vous êtes un cul-terreux du Cantal.
Alors, D’JC, c’est comment de devoir faire taire JC ?
TKT dit: 26 novembre 2014 à 12 h 52 min
D.
Pour que tu comprennes Jacky.
Renato, lire rude dans le sens musical, mais bon, existent-t-il des dialectes qui ne soient pas d’origine campagnarde ?
Que voulez vous, je reste ce que je suis, un Français de Paris, quartiers ouest, pas de dialecte qui soit Salonfähig, pas d’accent étrange.
TKT dit: 26 novembre 2014 à 13 h 02 min
Que voulez vous, je reste ce que je suis, un Français de Paris, quartiers ouest
Mindieu, serais-je comme lui ?
Ah mais non, je suis pas exilé fiscal.
Ouf !
« Ah ces immigrés, incapables d’être nés dans une région où l’on parle une langue « noble », pourront-ils être un jour au niveau de TKT ?2
D.bile, certains Secondo ont fait des études supérieures, et sont d’un niveau que je n’ai pas.
« Leurs pauvres dialectes sont si futiles. »
Ducornaud, les dialectes sont très riches en expressions précises, le mot futile est mal choisi.
« Et ce personnage se permet de traiter d’autres commentateurs de racistes. »
Quel est le rapport avec le racisme, D’JC ?
« Que ne reste-t-il pas devant son miroir, à s’admirer. »
Je préfère aller dans les restaurants branchés regarder les « beautiful people ».
Bon, vous venez de lire ma dernière réponse à vos méchancetés débiles.
TKT dit: 26 novembre 2014 à 12 h 47 min
je vis avec quelqu’un qui travailla à l’UBS de Lugano (2001),….. À Singapore, toujours dans la grande banque suisse.
Tout s’explique.
TKT dit: 26 novembre 2014 à 13 h 16 min
Bon, vous venez de lire ma dernière réponse à vos méchancetés débiles.
Les dieux vous entendent.
Traube,
vous interprétez, peut-être, comme repli ce qui pourrait s’interpréter comme une tentative d’assimilation. Je connais quelques Africains bien intégrés qui parlent couramment le milanais.
Il y a une question de différences dans l’approche: l’usage de la langue minoritaire est pour certains une démonstration de méfiance et pour d’autres une démonstration de confiance. Il y a, en d’autres mots, des nuances qu’il faudrait apprendre à évaluer.
Pour ce qui est de la nature « campagnarde » des langues minoritaires, vous faites erreur, le milanais, le romain, le turinois, le vénitien, sont des langues « métropolitaines » et ne sont pas parlées que par les citoyens des segments populaires, mais aussi dans les milieux cultivés (Gadda pour le milanais), et même dans les classes aisées. Enfin, mon « moi » italien est heureux de lire Gadda, Pasolini, Zanzotto, Belli, Porta; et au cinema, je ne peux rester indifférent à Troisi. Ce qui est aussi vrai pour mon « moi » suisse, avec une autre liste, naturellement.
Jc Azerty, des « preuves » ? Ouh là là, je ne sais même pas où je les ai fourrés, moi, les Houellebecq. Je me souviens juste, et encore, maladroitement, avor pensé qu’il « y allait un peu fort », dans l’extension du domaine. Parce que s’il y a une vérité certaine dans l’injustice fondamentale de la distribution de la sexualité, et que tout le bouquin dit qu’en gros, les moches n’ont pas le droit au festin (je vais vite, je vous l’accorde), il oubliait l’inverse : à savoir que les femmes n’ont également le droit au festin que si elles acceptent les règles du menu. et que ce menu n’est pas écrit par elles, ni pour elles (sinon, le nombre de prostituées non consentantes ne serait pas ce qu’il est, nom de zeus) Dans le dernier film houellebecquien, tenez, sur son pseudo « enlèvement », c’est la même en couleurs : la prostituée qu’il arrive à se faire attribuer joue le même jeu, pour H., que la voiture de sport qu’il conduira comme un dingue à la fin. Encore une fois, H. ne joue qu’aux jeux dont il a lui-même écrit la règle. Comme tous les bon vieux phallocrates. Toutes les filles du monde souffrent de cet état de choses, partout… En cela, surtout, son machisme éclate…
(et j’accepte bien volontiers vos excuses, parce que, voyez-vous, je lis vos interventions ; ce que je ne fais pas pour tousn les commentateurs de notre hôtes. Les vôtres ont le mérite d’être « écrites », au moins, même si je ne suis pas souvent d’accord avec vous. Et en plus, vous n’adoptez pas la posture de la « suprématie du savoir » -universitaire, ou autre, que d’aucuns s’autorisent à adopter, et du haut de laquelle ils prétendent distribuer la parole à qui leur en paraît digne, suivant leurs critères à eux et exclusivement…)
TKT, c’est amusant ce que vous dites sur certains accents qui ne seraient pas salonfähig dans les quartiers ouest de Paris.
En voilà une qui bluffe avec talent, dans le salon de la marquise, à l’heure du thé.
« Cette courte vidéo permet de se rendre compte de l’effet que notamment les Français, peu réputés pour leur don en langue et leur accent, produisent sur leurs interlocuteurs. »
http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/elle-imite-les-accents-etrangers-avec-brio-en-racontant-n-importe-quoi-4530/
TKT, encore plus à l’ouest, pour members only : le bois de Saint-Nom la Bretèche.
salonsfähig, le point Godwin à dear TKT.
Renato, l’air (r) vénitien qui n’est pas roulé est délicieux aux entendements francophones.
Vaut pour Houellebecq ce qui vaut pour tant d’autres: « rendre compte » de l’état des choses, c’est-à-dire « témoigner », ce n’est pas « croire » en cet état des choses… Bon, c’est vrai qu’avoir une approche manichéenne du monde donne l’illusion de vivre en harmonie avec ce même monde, mais ce n’est qu’une illusion, justement.
Renato, je sais parfaitement que les dialectes sont parlés par les classes éduquées, du nord de l’Allemagne, plattdeutsch, au sud italien.
Dans l’anecdote sur le Tessin, et de collègues de bureau dans une grande banque, dont la langue de travail est l’anglais ou l’allemand, le retour au dialecte, quittant l’italien écrit, était une démonstration de repli et de rejet des collègues suisses allemands. Les Tessinois se sentent colonisés par les germanophones. Pour Singapore, ils rejettent parfois les étrangers, ou même les Singaporeans non chinois.
Si j’étais resté vivre à Münich, je me serais mis au bavarois de Münich, j’aime les r roulés. Ceci dit, personnellement je considère qu’un dialecte demande un accent parfait, rien de pire, à mes yeux, qu’un locuteur parlant un dialecte avec un accent étranger. Les Allemandes parlant le Schwyzerdüüütsch me font rire.
Je me rappelle qu’à Paris, les camarades de classe venus de province, perdaient leur accent en quelques mois. Les choses ont peut-être aujourd’hui évolué. Les accents disparaissent aussi un peu, grâce peut-être à la télévision.
Je n’ai pas de « moi suisse », par contre j’ai pris des habitudes suisses allemandes, le goût du travail bien fait,de la précision, de la ponctualité, de la discipline, de l’ouverture sur le monde.
La semaine dernière j’étais à Genève, il y avait la grève des transports en commun. Une mauvaise habitude exportée de France. Depuis 1968, je n’ai jamais à Zürich, vécu la moindre grève.
sapré tkt. no grève, que du luqche et de la valetaille hexaglotte. what else.
« Mais quand elle dit « corps », c’est uniquement en français car en russe, cela serait aussitôt objectivé en chair, muscles etc et cela sonnerait plus « pitoyable » » : « corps » est pas terrible non plus…
« … une démonstration de repli et de rejet… »
Repli, j’en doute; rejet, peut-être. J’avais quand même parlé de méfiance et de confiance, et dit qu’il faudrait nuancer.
What else , Phil ? Mais l’équipe de plombiers polonais, dont seul le chef syndiqué parle à la marquise en français, qui débarquent dans la cuisine en passant par le salon pour réparer l’alimentation en eau de la machine Nespresso à 40000 euros.
what else, laviedanslesbois ? la duchesse d’Albe emballait le plombier polonais.
what else ? JC voit des chaloux/constat partout… pas d’autre nonosse à ronger ?
@ le chaland qui pousse
Passou vous a demandé de cesser vos enfantillages.
C’était de l’humour, Paul Edel.
Certes que « l’approche des langues etrangeres » par le grammelot (qui n’est pas un mot français) est une idée qui ne manque pas de sel…
de l’humour barozzien ?
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