de Pierre Assouline

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Luchino et Visconti

Luchino et Visconti

On ne saurait mieux justifier la nécessité du portrait d’un artiste en contrepoint, en complément, en prolongement mais non à la place d’une biographie, que par la lecture de précieux Luchino (traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, introduction de Giovanni Agosti, 85 pages, 15 euros, Cahiers de l’Hôtel de Gallifet) de Giovanni Testori. C’est bien de Visconti (1906-1976) qu’il s’agit mais manifestement « Luchino » suffit comme s’il n’y en eut jamais qu’un. La bibliographie consacrée au cinéaste est pourtant abondante mais justement, elle est plus cinéphilique qu’humaine. Or ce que ce petit livre à l’écriture étincelante apporte, c’est un tremblé d’émotions, un feuilleté de sensations, un bouquet de choses vécues. Si cela ne modifie pas la vue d’ensemble, chaque détail l’enrichit de perceptions invisibles insoupçonnées.

Poète, dramaturge, romancier, historien de l’art et critique littéraire, l’auteur (1923-1993) fut son ami et son compagnon de travail à partir de l’Arialda (1960), tragédie populaire de Testori mise en scène par Visconti qui déclencha de vives polémiques lancées par les milieux catholiques contre « l’obscénité » et « la perversité » dans l’exposition des amours homosexuelles. L’écriture de ce portrait fut entreprise au début des années 70 entre la sortie de Mort à Venise et les préparatifs de tournage de Ludwig. En ayant eu vent, il est probable que Visconti l’ait mal pris puisque les deux hommes se sont publiquement affrontés et brouillés à ce moment-là. Ils conclurent un gentleman’s agreement en vertu duquel le manuscrit devait être détruit. Manifestement, Max Brod a fait école et l’on ne peut que s’en féliciter.

Il serait vain d’y chercher des informations inédites et croustillantes encore que le livre n’en manque pas. Il obéit à une autre nécessité : mettre à nu la poétique de Visconti en en revenant toujours à l’homme, ses contradictions, ses névroses, ses angoisses, ses inhibitions. A plusieurs reprises, il insiste sur la nature « très lombarde » et « très milanaise », voire « lourdement et bruyamment lombarde » de son personnage sans que ce soit nécessairement péjoratif- d’autant que Testori était lui-même milanais mais d’un tout autre milieu. A croire que cette double qualité par lui mise en avant s’aggrave lorsqu’on a affaire à un aristocrate à l’orgueil blasonné dont la famille possédait de tous temps sa loge à la Scala, un jeune homme déjà tout de hauteur et de certitude princières qui avait grandi dans l’atmosphère du mélodrame et qui, avec le temps, fera spectacle de toute sa vie fut-il privé, intime dans ses relations amoureuses (Alain Delon, Franco Zefirelli, Helmut Berger…) laissant libre cours à un tempérament de Pygmalion.

Sous sa plume et dans ses réminiscences, Visconti apparait comme un homme au travail, tout le temps, n’émergeant d’un projet en finition pour se jeter aussitôt dans un autre ; un provocateur prêt à tout pour fuir le spectre de l’ennui bourgeois ; mais aussi un homme doté d’une patience et d’une endurance remarquables lorsqu’il mettait son génie au service des autres, des acteurs, de l’équipe quand bien même cela devait aboutir au mûrissement de son œuvre. Testori souligne à raison son flair inné dans la distribution des rôles sur les scènes de théâtre ou d’opéra comme sur les plateaux de cinéma. Visconti n’aimait rien tant que rapprocher des personnalités opposées tant par éducation que par nature. Ainsi pour l’Oreste de Vittorio Alfieri qu’il monta au Quirino à Rome en 1949, qu’on en juge : Ruggero Ruggeri (Egiste), Vittorio Gassman (Oreste), Rina Morelli (Electre), Paola Borboni (Clytemnestre) et Marcello Mastroianni (Pylade).

Le portrait du collectionneur en Visconti tel qu’il le brosse est celui d’un accumulateur qui jouit d’acheter et de posséder avant de se désintéresser aussitôt. Il recherche l’émotion ; une fois celle-ci dissipée lorsque l’objet désiré et acquis a trouvé sa place, il en recherche une autre aussitôt. Sa maison, qui déborde pourtant de milliers d’objets chinés çà et là, reflète une triste image de vide absolu, reflet de l’intime solitude de son propriétaire. C’est un artiste, un vrai en ce que la technique et son habileté, une fois maitrisées, ne l’intéressent pas. Seule le retient la grâce qui parfois lui fait cortège. L’auteur ne nous cèle rien des doutes du maestro dont les Français ont tendance à voir la carrière critique semée de roses alors que ce ne fut pas toujours le cas, notamment au début des années soixante lorsqu’une nouvelle avant-garde dicta le ton du jour. Testori apporte beaucoup à notre intelligence du créateur lorsqu’il repère les moments où son destin tourne sur ses gonds : à la mort de sa mère ; au moment où il s’apprête à passer sept années à se consacrer fanatiquement à sa passion des chevaux de course qu’il élevait depuis 1929 et qu’il baptisait des noms de Sanzio ou de Lafcadio (merci, Gide !) d’où son admiration pour les toiles équines de Géricault ; à la vente de son écurie en 1935 ; à son obsession quasi amoureuse pour les chiens rugissants vus comme des gardiens de sa solitude et que l’auteur, radicalement hostile à ces bêtes, tient pour la plus exacte incarnation de « l’arrogance de la Renaissance » en Visconti car ce sont de grands chiens dont la musculature, la férocité, la carrure évoquent ceux peints par Mantegna dans la chambre des Époux au Palais ducal de Mantoue.

Lorsqu’un livre venu d’ailleurs nous enchante par sa finesse, on ne sait s’il faut en l’auteur ou le traducteur dans la mesure où l’on n’a pas lu l’original. Sauf que certains traducteurs possèdent si bien leur métier, comme l’en atteste leur œuvre de passeur, qu’un style s’en dégage fut-il mis à chaque fois au service de l’auteur. Le cas de Jean-Paul Manganaro, traducteur notamment de Gadda dont il est un spécialiste, Calvino, Goldoni, Pasolini, Carmelo Bene, Pirandello, et de… la nouvelle version du Guépard de Lampedusa, jugée rigoureuse, sensible et fidèle au phrasé lyrique et baroque de l’original, ce qui nous ramène à notre héros qui fit de ce roman un chef d’œuvre sur pellicule. Il use d’une langue précise, aiguë, acérée même si parfois, quelque chose nous échappe de ce qu’il a voulu faire passer. Ains à propos de la puissance dramatique de ses mises en scène de théâtre lorsqu’il est question d’un « symphonisme torve et sussultoire ». A côté de cela, on trouve des pages lumineuses sur la nature si particulière du silence chez Visconti, condensation si particulière du drame et de la menace, qui n’annonce pas une pause mais une tension. Dans l’ensemble, ce portrait du créateur nous invite à envisager autrement ses oeuvres. Par exemple Mort à Venise comme un beau film muet…

Chez cet homme, et seul un proche comme Testori pouvait mettre cette tension à nu, tout s’articule en permanence sur deux pôles : l’aristocrate y côtoie en permanence le communiste quand bien même cette relation dialectique, le populisme et la noblesse, la langue de Dante et le parler milanais, finirait par le confondre. Je me souviens de ce que me racontait Henri Cartier-Bresson à ce sujet. Visconti et lui s’étaient connus grâce à Jean Renoir. Le cinéaste les avait recrutés pour être assistants aux côtés de Jacques Becker et de deux autres lors du tournage de Partie de campagne en 1936. Mais pour le film suivant La vie est à nous réalisé la même année, puis pour la Règle du jeu, il gardera sensiblement la même équipe technique à l’exception de Visconti renvoyé chez sa mère en son palais :

« Il nous snobait et partageait rarement nos repas, préférant rentrer à Paris pour aller au restaurant. D’ailleurs, il ne couchait pas dans les petits hôtels de campagne où nous logions. Il rentrait chaque soir dans la capitale pour dormir dans un palace. Cette attitude passait mal auprès de l’équipe » se souvenait Cartier-Bresson.

Visconti ayant mis en scène cinq opéras interprétés par Maria Callas, on guette l’analyse de leur relation.  Elle ne déçoit pas même si on aimerait en lire davantage sur la transformation de la cantatrice en actrice, l’évolution de l’alliance entre la gorge et les gestes d’abord gauches puis actifs, grâce à son lien avec lui. A son propos, et à celui de Birgitt Nilsson, Testori écrit :

« Qui, travaillant avec Luchino, n’est pas en quelque sorte resté pris dans ses filets ? »

Étrangement, Luchino m’a renvoyé au scénario écrit par Visconti avec Suso Cecchi d’Amico pour son grand projet avorté adapté d’A la recherche du temps perdu. 363 pages écrites en français, 98 scènes, soit sur le papier 4 heures de film… La dernière montre Marcel au lit, cerné par ses manuscrits ; et, alors qu’il ferme les yeux pour toujours en se laissant envahir par ses souvenirs d’enfance, une voix off : »Longtemps je me suis couché de bonne heure… ». Visconti, que toute son oeuvre, sa personne et son âme destinaient à tourner ce film plutôt qu’un autre, savait que sa transposition perdrait la musicalité proustienne mais il espérait bien pénétrer dans le labyrinthe de l’auteur pour dire avec des images la tristesse, la jalousie, une attitude, un souffle d’air… Visconti-Proust « ça allait de soi » comme disait Nicole Stéphane, la productrice de ce non-film. C’était en 1971. Tout était prêt, le financement bouclé, les contrats signés, le script écrit et Sylvana Mangano en Guermantes, Alain Delon en narrateur, Helmut Berger en Morel, Marlon Brando en Charlus, Simone Signoret en Françoise, Edwige Feuillère en Verdurin et la Garbo elle-même en Reine de Naples, tout ce beau monde habillé par Piero Tosi sous les yeux d’une Albertine qui aurait été une comédienne inconnue. On peut imaginer ce qui aurait pu être mais qui n’a pas été : la magnificence du Guépard sans les défauts de Mort à Venise. Et puis au dernier moment ça ne s’est pas fait. A la place, il y a eu Ludwig. Pourquoi ? Visconti ne s’en est jamais expliqué vraiment. On invoque des raisons personnelles. Parce que c’est comme ça. Le vrai motif est dans son rapport au temps si proustien : l’idée que quelque chose vient trop tard. la nostalgie du prince Salina, la mélancolie du professeur Aschenbach sont celles d’un Bergotte bouleversé à en mourir par la Vue de Delft.

Giovanni Testori insiste sur le souci de l’authenticité la plus maniaque dont Visconti faisait preuve notamment lors du tournage du Guépard, remplissant les tiroirs des commodes de vêtements d’apparat, demandant aux aristocrates de la région de jouer leur propre rôle en participant à la danse. A la fin du film, si vous avez du mal à le quitter tant il est difficile de se déprendre de son atmosphère, de ses personnages, de son climat, de sa couleur même, plongez-vous non plus seulement dans le Luchino de Testori mais aussi dans la passionnante biographie de référence de Laurence Schifano Visconti. Les feux de la passion parue en 1989 en poche dans la collection Champs Contre-Champs de Flammarion. On y apprend beaucoup sur la genèse du film, l’inspiration proustienne pour le bal, l’influence du Verga des Malavoglia. On sait que Visconti s’est identifié au personnage principal, le prince Salina puissamment interprété par Burt Lancaster (à défaut de Brando…), auquel Lampedusa avait prêté beaucoup de lui-même. Mais il y a une réflexion de l’écrivain que le cinéaste n’aurait pu faire sienne, bien qu’ils fussent tous deux aristocrates :

Le seul pêché que nous ne nous pardonnons pas, nous autres Siciliens, c’est tout simplement l’action. 

    Le Visconti de Laurence Schifano est exemplaire. Finesse de l’écriture, sensibilité, empathie, originalité, érudition cinéphilique, mise en contexte… Tout y est de ce qui fait le meilleur d’une biographie. Au diapason de son héros, aristocrate d’âme et de coeur sinon de blason, alliage secret de charme et d’acuité, rare alchimie de sens de l’Histoire et d’intelligence de l’art, qu’elle fait sinuer en son siècle dans des eaux troublées entre son fleuve d’origine et celui vers lequel il n’a cessé de tendre. La réflexion d’outre-tombe de Chateaubriand placée en épigraphe dit bien cet écartèlement entre ancien et nouveau monde, le trop connu mais si attachant et l’inconnu mais si attirant.

Dans un ultime chapitre en manière d’essai, rajouté dans l’édition de poche et intitulé « La part de l’ombre », Laurence Schifano engage à attaquer la montagne Visconti plus seulement par la face Proust ou la face Thomas Mann. Ce nouveau chapitre vaut à lui seul le détour, en sus du reste. Laurence Schifano y fait le point des innombrables textes, analyses, conférences, articles, témoignages parus sur Visconti. Elle donne surtout le compte-rendu de ses visites à des cinéastes qui paient leur dette au maître, Glauber Rocha et Bernardo Bertolucci, ainsi qu’au premier cercle de ses collaborateurs (scénaristes, costumiers décorateurs…). La clé ? Il était Ludwig, dit l’un ; non, il se prenait pour le Guépard, assure l’autre. Ils s’interrogent sur son statut d’intouchable au PCI alors que le Parti ne dissimulait pas réprobation vis à vis de l’homosexualité. Dominique Païni invite opportunément à s’affranchir des clichés qui nimbent sa gloire : l’esthète décadent d’un monde englouti, le classique Visconti régulièrement opposé au baroque Fellini en une querelle qui reprendrait les arguments du différend opposant Racine à Corneille. Qui sait si en adaptant La Montagne magique comme il en avait formé le projet, il aurait mieux donné du sens au chaos… On apprend au passage que sa famille n’a pas légué ses riches archives à l’Université, au Teatro di Roma non plus qu’au Centro sperimentale du cinematografia, mais bien à la Fondazione Istituto Gramsci. Car qui s’intéresse à l’oeuvre de Visconti s’intéresse à l’histoire de l’Europe au XX ème siècle. Manière d’affirmer haut et fort qu’elle n’appartient pas aux seuls cinéphiles ou aux seuls universitaires.

 Artiste et intellectuel engagé, Visconti avait de l’allure, « batailleuse et conquérante », irréductible à une analyse limitée. Qui perce à jour son allure saisit sa vraie quête de l’unité et permet de mieux comprendre sa défiance vis à vis des fausses avant-gardes et des constructions intellectuelles fumeuses. Bien sûr, on pourra gloser à loisir sur son abus détestable du zoom, mais il est plus intéressant, à la suite de Bertolucci, de voir comment il a été avec Jean Renoir un pont entre la vision XIX ème et la vision XX ème siècle du réel. La bottega viscontiana, cet atelier Visconti qui a terrorisé tant de jeunes cinéastes, c’était aussi cela. Une école du regard et de la sensibilité entre deux mondes. Il suffit de savoir qu’il voyageait toujours avec un exemplaire de Jean Santeuil dans sa valise, cet homme qui avait renoncé à porter la Recherche à l’écran tant il voyait dans cet accomplissement le reflet de sa mort annoncée.  A l’origine, cette biographie était sous-titrée Les feux de la passion. En format de poche, elle est sous-titrée Une vie exposée. Tout est là. Le récit s’achève exactement comme il a débuté : par le blason des Visconti di Modrone, une guivre sinuant sur la façade d’un vieux palais milanais. Corps de serpent, ailes de chauve-souris, pattes de pourceau. Ainsi la boucle est bouclée.

(; « Jument morte étendue sur la grève », 1814, huile sur toile de Théodore Géricault, 28x43cm, collection particulière ; « Luchino Visconti », photo D.R.;  » La chambre des époux », détail, Palais ducal de Mantoue, Photo D.R. « )

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47 Réponses pour Luchino et Visconti

Maurice revient... dit: 15 avril 2025 à 13h12

Les films de Visconti ne sont pas des spectacles vides joués par des vedettes dérisoires pour spectateurs creux.
Il est aristocratique, le cinéma de Visconti, loin, très loin des masses barbares et de la vulgarité populaire.

Christiane dit: 15 avril 2025 à 14h34

De même que Géricault a peint des chevaux fougueux puis les mêmes bêtes en souffrance voire mortes comme dans cette toile, Visconti a peint la flamboyante d’un monde qui meurt ( Le Guépard… Et son prince Salina si puissamment interprété par Burt Lancaster), il y a chez ces deux grands artistes un regard qui n’oublie pas la faille, la fragilité.
Voilà un très beau billet qui tresse art et littérature. Ce cinéaste tant épris de littérature qui ira de l’une à l’autre avec tant de virtuosité et d’élégance.
Et la mémoire de cet homme nous est offerte par un livre, une biographie, « précieux Luchino (traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, introduction de Giovanni Agosti, 85 pages, 15 euros, Cahiers de l’Hôtel de Gallifet) de Giovanni Testori. »
C’est l’occasion de parler traduction, la grande passion de Pierre Assouline.
Tout est traduction dans ce billet, ce livre, ces films, l’art du cinéma face à la littérature et même la peinture avec le plus poignant de Géricault.
Même passion de l’artiste peintre et du cinéaste pour les chevaux. Animal noble s’il en est, puissant, nerveux, beau.
Tout un monde esquissé dans ce billet qui appelle encore une fois le silence soit face à un livre, lecture ou écriture, soit face à un écran (film) ou une toile.
Pierre Assouline sait écrire ses passions. Le Guépard en est une que ce soit le roman ou le film. Et Visconti, rare, solitaire et immensément doué.
Le Gui, les femmes, les amours ravagés et sublimés par l’érotisme. La caméra comme une plume ou un pinceau.
Cette jument morte sur la grève, c’est toutes les morts oubliées…

closer dit: 15 avril 2025 à 15h46

« FIGAROVOX/TRIBUNE – En estimant dans Le Monde que les juges incarnent la souveraineté du peuple au même titre que les élus, l’historien Pierre Rosanvallon avance une théorie non seulement fausse, mais dangereuse, argumente l’avocat Hervé Lehman. »

Et surtout complètement idiote. Comment des gens qui ont réussi un concours qui n’est pas le plus de la République à 20 ans pourraient-ils avoir la même légitimé que des représentants élus ou renvoyés par le peuple tous les 5 ans ?

renato dit: 15 avril 2025 à 16h27

Un grand jardin public est dédié à Testori dans l’un des faubourgs de la ville, au bout de Via Mac Mahon, à quelques pas du Ponte della Ghisolfa, niché entre les quartiers de Villa Pizzone et de Bovisa.

Pour Visconti, nous nous souviendrons du parc de la Villa Erba

https://www.grandigiardini.it/131-visita-Villa-Erba-Centro-Internazionale-Esposizione-e-Congressi-biglietti-eventi#part1

Luigi Erba premier propriétaire est le grand-père maternel de Luchino. Il était professeur de piano au Conservatoire de Milan, fut l’un des membres fondateurs de Ricordi & C. (fondée en 1888). Les Erba et les Ricordi étaient également parents, car la grand-mère de Luchino, Anna Brivio, était la sœur de la femme de Giulio Ricordi. Luigi Erba avait hérité de son frère Carlo, l’usine de produits pharmaceutiques et coloniaux Carlo Erba.

Christiane dit: 15 avril 2025 à 17h05

Giovanni Testori est passionné d’art et a écrit plein de livres dans ce domaine, des fictions aussi.

renato dit: 15 avril 2025 à 17h27

Une perspective, Christiane : par le biais de Renoir dont il me semble il fut assistant. Il avait déjà eu un vif intérêt pour l’opéra que, si on se tient à l’aspect populaire, a beaucoup de liens souterrains avec le cinéma.

renato dit: 15 avril 2025 à 17h34

Testori fut aussi un excellent dramaturge. En raison du plurilinguisme, Arbasino a créé pour soi-même, Pasolini e Testori la définition « Les petits-neveux de l’Ingénieur » (l’Ingénieur étant Gadda).

renato dit: 15 avril 2025 à 17h39

Dramaturge, je connais Testori surtout à ce titre. En tant que peintre, il vaut mieux se taire. En tant que critique d’art, il était bon pour le passé, mais pour le nouveau (dans les limites de ses goûts), il vaut mieux ignorer.

puck dit: 15 avril 2025 à 17h55

très bel article ! ben voilà, je veux dire au lieu d’aller traiter 75 millions d’américains de sombres crétins, ce qui présente toujours un risque, je veux même de se tromper auquel cas on n’arrive plus à reconnaitre c’est qui les crétins, là on sent l’auteur plus chez soi, comme à la maison, comme quoi quand on est bien chez soi il faut pas chercher à voir ailleurs parce qu’on risque toujours de regarder l’autre monde avec le regard de chez soi, je veux dire quand on est là dans une ambiance classieuse c’est sûr que les réalités du monde en général et les électeurs de Trump en particulier forcément on est sûr que ça va coincer quelque part. comme quoi c’est pas si facile de changer de monde. moi j’avoue que je me sens mieux avec les électeurs de Trump, les mecs ils écoutaient les chansons de James Taylor et de Carol King quand ils avaient 16 ans, comme moi, après voilà Laurel Canyon ou Cinecitta, chacun son truc.

puck dit: 15 avril 2025 à 17h59

voilà renato il y a va de Carlo Gadda, Paul Edel il va rappliquer avec Pasolini parce que Jazzman a disparu, pedro il va dire heureusement qu’on a la grande bellezza parce que le cinéma italien c’est plus ce que c’était, histoire de plomber l’ambiance, et voilà ! ça c’est le blogapassou comme on l’aime !

puck dit: 15 avril 2025 à 18h06

« En estimant dans Le Monde que les juges incarnent la souveraineté du peuple au même titre que les élus, l’historien Pierre Rosanvallon avance une théorie non seulement fausse, mais dangereuse, argumente l’avocat Hervé Lehman. »

je vois pas en quoi c’est faux ou c’est dangereux.

je dirai même que Rolandderonceveau il va pas assez loin : actuellement, dans les démocraties européennes, il faudrait carrément remplacer les électeurs par les juges.

au lieu de mettre un truc dans l’urne les mecs ils se présentent devant des juges, et les gars décident c’est qui le plus à même de gouverner le pays.

parce que les électeurs c’est tous des blaireaux alors que les juges ils savent ce qu’ils font : d’ailleurs c’est qu’on a fait en Roumaine et les mecs ils en sont pas morts.

il faudrait remplacer les électeurs soit par les juges, soit par ChatGPT : pour choisir entre les 2 il faudrait demander au peuple de voter pour choisir par qui ils veulent être remplacés.

puck dit: 15 avril 2025 à 18h09

entre les électeurs, les juges et l’IA perso je vote pour l’IA.

même dans les tribunaux on devrait remplacer les juges et les magistrats par ChatGPT.

Christiane dit: 15 avril 2025 à 18h10

Oh la la, Renato, vous êtes dur ! aucun de ces livres n’étant traduit en français, je ne peux juger.
Mais cet essai sur Visconti traduit par Mangano, l’avez vous lu ?
Oh là là ! Le blog à Passou réserve bien des surprises. N’est-ce pas, Puck ?

puck dit: 15 avril 2025 à 18h12

remplacer les procureurs par ChatGPT, mais garder les avocats qui disputeraient avec ChatGPT juste histoire de voir s’ils réussissent à le convaincre que leur client est innocent.

puck dit: 15 avril 2025 à 18h14

« Le blog à Passou réserve bien des surprises. N’est-ce pas, Puck ? »

c’est sûr ! apprendre qu’il faudrait remplacer les électeurs par les juges j’avoue que ça décoiffe…

Marie Sasseur dit: 15 avril 2025 à 18h21

@ »Le récit s’achève exactement comme il a débuté : par le blason des Visconti di Modrone, une guivre sinuant sur la façade d’un vieux palais milanais. Corps de serpent, ailes de chauve-souris, pattes de pourceau. Ainsi la boucle est bouclée. »

Il en a de l’image celui qui a vu ça…
Parce que l’ourobouros des Visconti di Modrone ne ressemble pas trop à cette description…

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/59/2945_-_Milano_-_Via_Visconti_di_Modrone_-_Resti_di_palazzo_Visconti_-_Foto_Giovanni_Dall%27Orto%2C_26-Feb-2008.jpg?20081129002424

Chantal dit: 15 avril 2025 à 18h31

L’Art de mettre face à la fin d’un monde, le cheval blanc sur le flanc et le croissant de lune qui s’éclipse au fond des vernis. Je ne connaissais pas ce tableau de Géricault.
Le billet est travaillé sous toutes les coutures, et déjà quelques bulles en tête, Luchino et Delon, ok, Luchino et Zefirelli par contre j’avoue que cela m’avait échappé comme filiation cinématographique et relation physique.
Tant son Jesus de Nazareth qui nous rapproche de Pâques m’avait semblé parfait comme une image pieuse. A chacun ses souvenirs …

renato dit: 15 avril 2025 à 18h36

Je ne suis pas particulièrement dur, Christiane. La peinture il a préféré l’abandonner, un regard sur les peintres ses contemporains qu’il propose et c’est un choc de banalité. Il était doué pour l’étude du passé et il a eu de bonnes intuitions. J’ai lu ses œuvres publiées de 1958 à 1981, et vu quelques choses au théâtre, pas plus. Bref, je connais son travail et aussi un peu l’homme — le monde milanais tournait autour de quelques bars et de quelques restaurants, il était impossible de ne pas se rencontrer et souvent de ne pas parfois s’affronter sur des questions qui, avec le recul, étaient et restent d’une grande futilité. Je n’ai jamais compris pourquoi Arbasino et Pasolini le tenaient en si haute estime : le monde a ses mystères.

renato dit: 15 avril 2025 à 18h58

«… jamais compris pourquoi Arbasino et Pasolini le tenaient en si haute estime », homosexualité bien à part, naturellement.

Christiane dit: 15 avril 2025 à 20h47

Super, votre lien, Renato :
«  »Les secrets de Milan » ont également inspiré l’un des chefs d’œuvre du cinéma néoréaliste italien en 1960 : « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti. Lorsque Visconti a commencé à préparer son film sur le Milan de l’époque, il s’est également inspiré du monde de Testori, l’a contacté et lui a demandé d’adapter les dialogues de certaines de ses histoires pour son film. Visconti reconnaît ensuite dans le générique. Visconti reprend directement de ce livre l’histoire de la lutte entre les deux frères à propos de la femme passée de l’un à l’autre, avec le viol à la fin, mais de nombreuses autres idées viennent également au réalisateur du monde entier des personnages et des environnements de Testori, comme l’environnement homosexuel qui tourne autour des salles de boxe, qui jouent un rôle fondamental dans le film et apparaissent également dans les
histoires de Testori. »

Christiane dit: 15 avril 2025 à 20h53

Il manque la fin de cette phrase : « Visconti reconnaît ensuite dans le générique d’ouverture
sa dette surtout envers « Il Ponte della Ghisolfa ». »

Bernard dit: 15 avril 2025 à 21h11

Cette Jument morte de Géricault n’a rien à voir, je présume, avec la Jument verte de Marcel Aymé. Quoique…

Christiane dit: 15 avril 2025 à 21h12

Il y a eu l’automne dernier, Rose, au museet de la Vie Romantique, à Paris, une belle exposition sur les toiles de Géricault représentant des chevaux. C’est un peintre qui a merveilleusement étudier ce bel animal.
Celui que vous offrez est très sage !
Il a aussi représenté ceux qu’on conduit à l’équarrissage, ceux qui sont blessés, morts (guerres napoléoniennes).
Il les aimait vraiment beaucoup. Visconti aussi. Le fait qu’il a gardé cette toile terrible (jument morte sur la grevet) me rappelle un plan du film, Le Guépard, quand le prince Salina, un peu à l’écart du bal, reste songeur devant un tableau représentant un homme mourant entouré de sa famille. Il pense évidemment à sa mort et à la fin d’un monde qu’il a connu et aimer en Sicile.
Passou a bien choisi en faisant de ce tableau l’entête de son billet sur Visconti le mélancolique qui a laissé des films où toujours se cache une souffrance.

renato dit: 15 avril 2025 à 21h21

«… une guivre sinuant sur la façade d’un vieux palais milanais. Corps de serpent, ailes de chauve-souris, pattes de pourceau. »

Bien sûr, la crête qui orne parfois le Biscione peut être vue comme des ailes de chauve-souris, mais d’où viennent les pieds de cochon ?

De toute évidence, la truie semi-laineuse est l’animal totémique de Milan, mais aussi imaginatifs et pliniens soient-ils, un serpent à pattes ne vient pas à l’esprit des Lombards.

https://www.propertieslife.it/news/1418/la_scrofa_semilanuta_perche_e_il_simbolo_di_milano.html

Jean Langoncet dit: 15 avril 2025 à 21h28

(Il paraît que Bernard Arnault traite avec Ubu comme Bernard-Henri Lévy traite avec Bibi : en direct …)

Jean Langoncet dit: 15 avril 2025 à 21h33

(Incidemment, les culs plus ou moins bien bénis, quels prétextes bibliques pour l’annexion de la Palestine en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem Est ?)

Jean Langoncet dit: 15 avril 2025 à 21h40

@Bien sûr, on pourra gloser à loisir sur son abus détestable du zoom, mais il est plus intéressant, à la suite de Bertolucci, de voir comment il a été avec Jean Renoir un pont entre la vision XIX ème et la vision XX ème siècle du réel.

Tout le drame du sionisme ? L’histoire ne commence pas au XIX ème …

D. dit: 15 avril 2025 à 21h44

Pourquoi dites-vous que renato est dur, Christiane ? Alors qu’il ne l’est pas spécialement. On en a marre de bos remarques.

Jean Langoncet dit: 15 avril 2025 à 22h02

De l’éblouissement au grand aveuglement ; où l’on retrouve Sophocle

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