de Pierre Assouline

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La République des livres

N° 104 Trop lente, la pâte feuilletée ?

Par Jacques Drillon

Le niveau scientifique exigé d’un étudiant en médecine, et ce qu’il en ressort dans une consultation.

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L’instrument de musique qui donne les plus belles mains : le violoncelle.

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Le dernier endroit où l’on puisse boire un café en terrasse, dans Paris « confiné » : une cafétéria d’hôpital, comme celle de la Pitié-Salpêtrière. Très agréable.

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Les trompes de Fallope, connues dans l’Antiquité (notamment de Rufus d’Éphèse, au Ier siècle), redécouvertes par Falloppio, au XVIe. Entre-temps, on les avait oubliées.

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Les « best sellers sans lendemain » qu’évoque Bourdieu.

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La cruauté de la pitié. Pas seulement sa « dangerosité », mais sa violence, sa méchanceté.

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La tarte aux pommes
Pâte feuilletée / pâte brisée. Quelle querelle ! Quelles disputes ! Deux conceptions du monde !

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De l’« honnête homme » du XVIIe siècle, à l’« honnête esclave » (Debord).

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Les ondulations blanches sur le cuir des chaussures, après la neige.

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Le seul chef qui prenne assez lentement le larghetto de la deuxième symphonie de Beethoven : Bruno Walter (1959). (Cet âne de Toscanini, ce peine-à-jouir, le dirige en quatre minutes et demie de moins.)

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Les gens qui, après quelques menues retouches, pourraient peut-être ressembler à des êtres humains.

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Les ophtalmologistes pas fichus de vous dire la couleur de vos yeux.

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Ainsi parle la Serveuse de Jude Stéfan, dans ses Laures :
« Je revois ses doigts sur mon drap
Paix à sa mémoire, car dépeignée,
Il me glorifia. »
Ce qui prouve que chez un auteur de génie, une faute (l’anacoluthe « dépeignée, il ») peut devenir somptueuse. On avait déjà vérifié ce privilège avec les « fautes d’harmonie » commises par Scarlatti, et qu’on ne remarque pas tant elles sont naturelles, tant elles sonnent. Comme s’il avait un passe-droit.

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Céline, qui dédicace D’un château l’autre à Françoise Giroud, en 1957 :
« À Mme Françoise
Giroud
respectueux hommages
LF Céline »
Respectueux hommages, mon cul.

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Votre téléphone portable, éteint, est posé près de vous. Ou dans votre poche. Vous bavardez avec un ami. Vous lui décrivez votre passion pour les bateaux, les coques en polyester, les mâts de misaine et les écoutilles. Il s’ennuie, votre ami. Il pense à autre chose. Le foc et les ris lui sont totalement indifférents.
Le lendemain, Facebook vous envoie sur votre téléphone des publicités pour les croisières maritimes, les maillots de bain, les livres du commandant Cousteau. Merci Facebook ! Enfin quelqu’un qui vous écoute !

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Dernière minute

La pétition qui vient d’être lancée par des contrebassistes pour obtenir de la SNCF le droit de voyager en train avec leur instrument, au même titre qu’une bicyclette ou une paire de skis. On apprend par la même occasion que c’était interdit. Ils le faisaient tout de même, et se fendaient de 150 € d’amende.

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Daniel Barenboïm, indigné par l’annonce faite en Allemagne, d’un même geste large et dans la même phrase, de la fermeture des théâtres, des salles de concert et des bordels.

 j.drillon@orange.fr
(Tous les vendredis à 7h 30)

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La troisième série de petits Papiers (Papiers découpés), parus sur Bibliobs.com, fera l’objet d’une publication en volume et n’est plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014), la deuxième (Papiers recollés) sous le titre Le cul rose d’Awa (Du Lérot 2020, disponible sur commande en librairie ou chez l’éditeur.

Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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