de Pierre Assouline

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La République des livres
Philip Roth, discours de la méthode

Philip Roth, discours de la méthode

Rien de tel qu’un écrivain qui a annoncé sa retraite de son vivant pour publier ensuite à titre posthume. Des inédits et des quasi. Ainsi nomme-t-on ce qui est paru dans sa langue mais pas dans la nôtre. Ainsi, avec Pourquoi écrire ? (Why write ? traduit de l’anglais/Etats-Unis, par Lazare Bitoun, Michel et Philippe Jaworski, Josée Kamoun, 630 pages, 10,80 euros, Folio), Philip Roth nous revient tout sourire  un an après sa mort. C’est un peu sa vie mais surtout son œuvre, modes d’emploi. Avec de larges échappées du côtés de celles des autres (Primo Levi, Aharon Appelfeld,  Ivan Klima, Edna O’Brien, Milan Kundera, Mary McCarthy, Isaac Bashevis Singer). Il s’agit donc d’un recueil d’articles, de préfaces, de conférences, d’interviews. D’outre-tombe, on peut tout se permettre et c’est tant mieux. A vrai dire, les trois quarts du livre nous étaient déjà connus depuis l’édition de Parlons travail (2004). Cent cinquante pages ont été rajoutées dans cette édition de poche sous le titre « Explications », là est la nouveauté.

Le risque de ce genre d’entreprises, surtout avec des auteurs aussi populaires et répandus, c’est le sentiment de déjà-lu (non, il n’est pas un écrivain juif  mais un Américain qui écrit, même si, difficile de ne pas le remarquer, le mot « juif » apparaît quatre fois dès la première page de sa préface… oui, il n’y aura plus de lecteurs littéraires dans les vingt prochaines années etc), de la redite, du disque rayé. Encore qu’avec Roth, on en redemande car il sait redéployer sa pensée en donnant l’illusion de la nouveauté par la variante de l’argumentation. Ainsi, lorsqu’il répète sa profession de foi : un écrivain, c’est sa langue et lui demeurera à jamais un natif de la langue anglaise dût-elle être mâtinée d’américanismes, de newarkismes, de yiddishismes. Or c’est justement en assistant à une conversation entre Saul Bellow et Aharon Appelfeld en yiddish dans un restaurant de Cambridge, Massachusetts (ce qui nous vaut des pages d’une sensibilité inoubliable) qu’il comprend pourquoi il n’est pas et ne sera jamais tout à fait comme eux. Durant tout le dîner, il les a observés se métamorphoser, reprendre chacun possession d’ « une dimension de lui-même jusque là inactive », se réapproprier leur part d’enfance la plus enfouie, reprendre contact avec le monde englouti de leurs parents, modifier paroles, gestuelle, attitudes, comme si ces grands jongleurs de mots accédaient pour la première fois à l’indicible en retrouvant un frère inconnu. Roth se tint silencieux, coi, ébloui par leur envolée et comprit enfin pourquoi contrairement à eux, lui qui était né américain de parents nés américains, vivait depuis sa naissance et vivrait jusqu’à sa mort « sous l’enchantement de cette langue-là » et d’aucune autre. L’anglais, la langue de son univers intérieur, de ses rêves comme de ses cauchemars, de ses fantasmes et de ses hallucinations, de ses souffrances et de son désarroi, la langue qui l’a fait homme et constitué écrivain, une langue dont il ne peut s’extraire mais qu’il aura vécue malgré tout comme la plus douce des captivités.

« Si on m’enlevait cette langue, je sombrerais dans l’obscurité mentale »

Les écrivains à l’œuvre desquels il s’est nourri adolescent sont ces Américains qui lui permettaient de s’échapper du New Jersey pour partir à la découverte de l’Amérique, les Théodore Dreiser, Sherwood Anderson, Sinclair Lewis, Thomas Wolfe, Erskine Caldwell, chacun dans un Etat différent. Cette nourriture lui aura permis de se dire « un Américain libre et irrécusable », concerné au plus profond par les mœurs, la vie quotidienne et le passé de son pays et comme « possédé » par la richesse de sa langue maternelle. Un écrivain, c’est un artiste – et ce n’est pas nécessairement un label de qualité quand bien même cela sonnerait-il ainsi, il peut y en avoir d’exécrables. Sa vocation lui impose de ne jamais montrer le travail, l’effort. Or ce qu’il y a de passionnant dans cet exercice du Pourquoi-écrire ?, que l’on peut entendre comme un comment-j’ai-écrit-certains-de-mes-livres, c’est qu’il ouvre grand les portes de la fabrique, celle où le roman, ses situations, ses personnages, ses contradictions, ses doutes et sa logique interne s’inventent. Non pour livrer des trucs et des recettes (il n’y en a pas), mais pour dévoiler un peu comme ça se passe lorsqu’on ignore soi-même ce qui se passe une fois qu’une page semble fin tenir debout. C’est d’autant plus passionnant lorsqu’on est familier de l’œuvre de cet auteur, qu’on a lu presque tous ses livres ; alors, l’air de rien, le délicieux sentiment nait qu’un ami vous chuchote ses secrets à l’oreille.

Il y dit explicitement des choses suggérées autrefois implicitement avec sa malice coutumière de romancier qui n’a d’autre idéologie que le mentir-vrai. Il prétend que vingt-sept de ses trente et un livres sont des œuvres d’imagination. Encore faudrait-il préciser les contours de celle-ci chez ce type de créateur.

« Me voilà, débarrassé des déguisements et des inventions et des artifices du roman. Me voilà sans mes tours de passe-passe, à nu et sans aucun de ces masques qui m’ont donné toute la liberté d’imaginer dont j’avais besoin pour écrire des romans » prétend-il en liminaire.

Il ne faut pas attendre de scoop ou de révélations de ce genre de livre (encore que les pages sur un prof qui l’a marqué lorsqu’il avait 12 ans et dont il fit bien plus tard le modèle du personnage majeur de J’ai épousé un communiste, 2001sont étonnantes). Du moins sont-elles subtiles, voire subliminales, et ce n’est pas plus mal. Tout écrivain écrivant par rapport à son secret, lorsqu’il sort de l’ambiguïté, c’est souvent à ses dépens, Jean Paulhan disait quelque chose comme ça. La déconstruction de ses romans par l’auteur même vaut tous les ateliers d’écriture tant Roth est lucide, sincère, transparent dans son discours de la méthode. Il y a des pages fortes sur ce qui l’a mené à sa surprenante uchronie du Complot contre l’Amérique (2006, Gallimard puis Folio comme toute son oeuvre) dans laquelle il imaginait l’aviateur suprémaciste blanc Charles Lindbergh en président des Etats-Unis, une élection vue du point de vue de la famille de l’auteur. Quant à sa fameuse lettre ouverte aux administrateurs de Wikipédia, on ne la relit pas sans éclater de rire, d’autant qu’elle est publiée ici dans son intégralité pour la première fois. L’encyclopédie en ligne lui ayant consacré une longue notice comportant des erreurs et des contre-vérités (notamment sur sa supposée dépression nerveuse après Opération Shylock, 1995, sur son personnage récurrent Nathan Zuckerman ou sur  l’homme qui lui aurait inspiré le héros de La Tache, 2002), il demanda à les rectifier mais se fit retoquer au motif qu’il n’était pas une source crédible ( !) et que des sources secondaires étaient nécessaires pour accréditer ses modifications- ce qui est déjà désopilant lorsqu’on sait que nombre de notices sont fabriquées par les intéressés ou leurs services à leur propre gloire (celle de Patrick Balkany concoctée par la mairie de Levallois, qui resta longtemps en ligne du temps de sa splendeur, était un modèle du genre).

Jusqu’à la fin, Roth aura payé sa dette à son père (« En tant que chroniqueur de cette ville (Newark), je n’ai fait que me hisser sur ses épaules, ») à Saul Bellow, le vrai patron plus encore que Faulkner (sa relecture des Aventures d’Augie March, de Herzog et d’autres et son analyse de l’appropriation de Chicago par son imaginaire est un modèle de critique littéraire). A la fin, recru de sensations littéraires, rassasié d’anecdotes édifiantes, on se demande s’il n’eut pas mieux valu intituler le recueil Pourquoi écrire. Sans point d’interrogation. Ce qui se fait lorsque la réponse est dans la question. Au soir de sa vie, Philip Roth redevenu exclusivement lecteur confessait lire essentiellement des livres sur l’histoire de l’Amérique au XIXème siècle. Il s’était aussi astreint à relire tout son œuvre pour voir si ça tenait encore. Et lorsqu’on lui demandait quel bilan il en dressait, il citait le légendaire boxeur Joe Louis (douze ans d’une gloire sans défaite, un titre de champion défendu vingt-six fois) qui, en pareille circonstance, concluait simplement :

« J’ai fait de mon mieux avec ce que j’avais »

(« Philip Roth », « Saul Bellow » , « Joe Louis », photos D.R.)

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2 439 Réponses pour Philip Roth, discours de la méthode

Delaporte dit: à

« Tu achètes bien le Figaro littéraire, Delaporte ! Tu crois que c’est mieux ? »

Je suis passé chez un marchand de journaux pour voir ce qu’il en était de ce putain de palmarès d’enfer que le Monde édite. Ne l’ai pas trouvé. Existe-t-il uniquement sur le site Internet du monde ? En revanche, j’ai regardé le supplément littéraire du même Monde : désastreux. Autant je peux concevoir qu’on lise le Figaro littéraire, autant Le Monde des livres, c’est de la daube pour prétentieux enfoirés immatures. Aujourd’hui, c’était le désastre annoncé. Je ne kiffe pas !

Janssen J-J dit: à

je sais bien qu’il est de bon ton de se moquer de la prétendue « autonomie de l’art », mais enfin une socio a encore quelque mots à dire à ce sujet, qui fout encore la trouille à la macronie, après avoir été expédiée d’un geste mpérisant par le naufragé de barcelone… Et puis, sont venus ramer pour qu’on leur file des infos sur les mécanismes de « radicalisation », une fois qu’ils se sont mis à paniquer, là haut et à la rdl de soutien. Et ça continue…. Rie.ster poursuit la démarche de Lan.g, car tout finit toujours par des chansons, même si on danse sur un volcan au bord du précipice,

https://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2019/06/20/Mais-que-se-passe-t-il-au-CNRS

Alan B. dit: à

Alerte reçue à 15h04 dans tous les centres de passation du baccalauréat de France métropolitaine: le sujet d’anglais LV2 des sections techniques comportait une erreur: à la question B) du document 1, il fallait lire  » One element on the RIGHT is used twice » et non « One element on the LEFT is used twice ». Dans l’ère du en-même-temps, faut-il s’étonner que l’on confonde droite et gauche? Erreur pléonastiquement macronienne.

D. dit: à

Vous ne me verrez jamais à la fête de la musique ! Il y a toute l’année pour en faire et en écouter. Cette fête est un prétexte à la débauche et aux excès de psychotropes de toutes sortes.
La seule fois où j’ai participé à la fête de la musique c’était en protection rapprochée d’une personnalité.

Alan B. dit: à

Cette fête est un prétexte à la débauche et aux excès de psychotropes de toutes sortes.

Vrai. Et en plus on court le risque de s’y amuser. Intolérable!

Janssen J-J dit: à

@ La seule fois où j’ai participé à la fête de la musique c’était en protection rapprochée d’une personnalité.

vous y faisiez le gorille de benalla, je m’en souviens bien… tu m’étonnes que ça s’est pas bien fini. Mieux vaut écouter les chants des vêpres demain à st nicolas, ça craint moins le pétard mouillé… et encore !

hamlet dit: à

christiane dit: 21 juin 2019 à 15 h 26 min

l’électricité, l’invention de l’éclairage électrique a changé la littérature et la musique, les livres écrits à la lumière d’une chandelle étaient différents, pareil pour la musique.

l’éclairage électrique coïncide avec la montée en puissance de l’individualisme, l’aveuglement par soi / de soi par soi.

quand on voit un poème de Baudelaire sur la beauté brandi comme une banderole de la cgt pendant une manif du parti communiste, aux cris de « Baudelaire – la Beauté – Baudelaire – la Beauté.. » c’est aveuglant, trop de « soi » trop de « je », voilà comment la culture a participé de cette explosion de soi, même dans les commentaires tous ces « je » finissent par nous aveugler, trop de bruit, trop de lumière, de spots publicitaires qui vous clignotent dans les yeux.

qui pourrait prétendre voir la lueur d’une étincelle dans cet excès de luminosité aveuglante de « je ».

baisser déjà cet éclairage que nous pointons sur nous-mêmes, malheur à Proust ! qu’il soit maudit chaque fois que nous lisons ou nous entendons un « je » qui se nourrit de la Beauté du monde avec un B, le « je » souille le monde.

alors oui Christiane pour voir l’autre il faut déjà baisser l’éclairage sur nous-mêmes.

lisez les commentaire de x, ce type est incroyable il ne parle jamais de lui, tout ce qu’il dit est mis en avant par rapport à lui, du coup je copie colle tout ce qu’il écrit et je le relis après, incroyable comme ça calme l’esprit après cette explosion de « je » éclairée aux néons haute énergie.

sérieux qui dans ce monde peut prétendre être encore capable de voir la lueur d’une étincelle ?

hamlet dit: à

et alii la beauté n’aveugle hélas pas que les physiciens.

vous avez lu ces échanges sur ce peintre avec en « toile » de fond l’équation physique Beauté versus nazisme.

la moitié pense qu’il faut mettre en avant la Beauté (j’ai horreur de ce B majuscule), et l’autre moitié le nazisme.

faut pas sortir de polytechnique pour savoir qu’il en va des idées comme des équations vectorielles dans un espace géométrique clos non riemannien, à savoir que quand on soumet un objet à deux forces égales et opposées qu’arrive-t-il à cet objet ? hé bien il reste à la même place.

et tous les trois jours on nous balance des problématiques qui visent à nous immobiliser le cerveau.

un type avait dit que l’objectif de sa chaine de télé était de prendre les parts de cerveau disponible pour vendre ses pubs, ce type était honnête, sauf qu’on peut dire exactement la même chose de la culture comme processus visant à l’immobilité stérile des individus consommateurs de produits culturels pour mieux se faire entuber par le système capitaliste.

si la culture n’existait pas le capitalisme l’aurait inventée.

hamlet dit: à

et on peut même dire que si Proust n’existait pas les capitalistes l’aurait aussi inventé, vu que Proust est au nombrilisme stérile et grand promoteur du « je » par rapport à la belle beauté grandiose de notre monde ce qu’Einstein est à la relativité.

hamlet dit: à

« Le plus intéressant est la raison inavouée et profonde que la physicienne propose pour expliquer cette situation bloquée. Pour elle, la communauté est aveuglée par la quête de la beauté des équations ou des concepts, beauté qui pourrait être mauvaise conseillère. »

il faudrait demander à cette physicienne de venir mettre le nez dans la littérature et même dans la culture.

bien sûr que la beauté est mauvaise conseillère, bien sûr que la forme est ce qui nous enfume.

je ne sais plus qui a dit qu’il n’y a pas de pensée chez Proust, mais pour avoir le courage d’arriver à cette conclusion, c’est à dire de surmonter tous les enfumages liés à la beauté et à la forme, il faut sacrément se lever bonne heure.

mais cette physicienne a raison, c’est la seule chose qui permettra de s’n sortir : surmonter la forme !

hamlet dit: à

on la bien vu dans les commentaires de pablo, cette relation des humains à la beauté est quasi naturel, c’est une attirance naturelle, c’est plus fort que soi, en plus quand elle devient éternelle : la Beauté Eternelle qui survit aux générations, alors là oupss on se dit c’est mal barré, avant on avait le Paradis pour assurer notre éternité, maintenant on les tableaux des grands maitres flamands roses, dès qu’on chasse une éternité par la porte il y en a une autre qui revient par la fenêtre, sûr qu’avec les flopées de pablo qui peuplent cette planète qu’il va y avoir du boulot pour surmonter tout ça !

hamlet dit: à

le seul moyen d’en sortir est de mettre fin à ce satané romantisme qui nous colle au cul comme une sangsue !

de toutes les périodes traversées par l’humanité le romantisme représente certainement un sommet indépassable de la connerie humaine !

le romantisme c’est quoi ? c’est un type, poète, peintre.. qui est là et le monde est autour de lui !

romantisme c’est le passage de l’héliocentrisme à l’égocentrisme : la terre ne tourne plus autour du soleil, elle tourne autour de Baudelaire ! tu parles d’une avancée humaine !

hamlet dit: à

ou autour de Proust !

et maintenant nosu sommes devenus des milliards de petits Baudelaire et petits Proust à la con avec le monde qui tourne autour de nous !

avec quelle justification ? la Beauté du monde bien sûr !

parce que l’esprit humain est assez tordu pour faire passer cet égocentrisme pour une célébration de la beauté du monde, alors que le monde tout le monde s’en tape !

hamlet dit: à

la célébration de la beauté du monde comme prétexte pour se célébrer soi-même c’est comme Delaporte qui est capable de voir de l’esclavagisme dans ce monde qu’en Israël alors qu’il en existe au coin de sa rue, mais que celui-là il ne voit pas, aveuglé qu’il est pas son antisémitisme !

hé ben la beauté du monde c’est pareil, un moyen pour ne pas voir le monde en face !

et cette physicienne a cent fois raison, faudrait lui refiler le Nobel de physique !

D. dit: à

Hamlet, savez-vous qu’un certain nombre de dirigeants de par le monde ne sont pas de la race humaine en dépit de l’apparence de leur enveloppe exterbe. Si vous fouillez attentivement leur biographie, vous tomberez immanquablement sur une zone de flou. Un prétendu accident, une maladie grave de jeunesse. Qui couvre leur abduction, l’extraction de leur âme de leur corps et l’insertion en remplacement d’une âme extraterrestre.

et alii dit: à

Hamlet, il faut surveiller cette histoire de beauté des théories de l’article du monde ;moi, je ne suis pas capable de pousser ça à son terme(?)mais je trouve ça passionnant;je vous charge de controler cette histoire

et alii dit: à

je vous dis tout de suite ce que ça m’évoque (il faut vérifier)
je crois que le fameux président schreber faisait le délire mystique d’être la femme de Dieu, et trouvait ça beau(avec ses théories) « donc » on en serait là; des schreber qui s’ignorent?

hamlet dit: à

D. dit: 21 juin 2019 à 22 h 02 min

pas que des dirigeants, on en trouve aussi sur ce blog, c’est loin d’être un scoop.

christiane dit: à

@hamlet dit: 21 juin 2019 à 20 h 19 et suivants…
Oh la la… vous parlez tout seul ?
Vous êtes comme l’ami Perros :
« Il y a longtemps que je me serais quitté si je ne tenais si exactement à ma peau. Mais j’ai des absences. il suffit que je fréquente des hommes dont les soucis diffèrent des miens. Avec lesquels il m’est impossible d’être. vous me demanderez pourquoi je les fréquente. Oui. Je me le demande aussi. Mais je n’ai jamais pu sélectionner mes compagnons de voyage. Et comme il y a des hommes partout, et que je ne saurais vivre ailleurs que partout, les hommes sont là. Nous sommes là. Susceptibles de manifestations humaines, de langage, d’affection. Il n’y a pas de premier venu parmi nous. Ni de dernier. tous logés à la même enseigne. ..
On est forcé de prendre des vacances, incroyable mais vrai. L’homme accepte son malheur, son esclavage, pourvu qu’on lui promette trois semaines d’ennui libre tous les ans, et la retraite un peu avant de mourir. Je n’invente rien, nous en sommes tous un peu là. […]
la nuit aussi donne des idées, pourquoi en faire des rêves, comme si les idées diurnes étaient plus achevées que celles du sommeil. Ces idées parfois, nous échappent, on ne sait pourquoi. Pendant qu’elles déroulent leur absolu, on pense qu’il faudrait les noter. Elles, et non les autres. Or ce sont celles-là qu’on ne note pas, qui reviennent périodiquement, sans qu’on puisse jamais les retenir.
J’écris, ce n’est pas mon métier, aucun métier ne ressemble à l’homme. C’est mon possible. »

J’aime bien quand vous déraillez. X ne déraille jamais.
J’aime aussi les braises , les bougies, une cigarette dans la nuit.
Ne forcez pas trop sur la grappa…

hamlet dit: à

Christiane, oui, je parle toujours tout seul, c’est que j’adore avec ce blog, c’est comme un puits sans fond, un puits obscur qui renvoie parfois l’écho d’une voix, avant je le voyais comme un lieu de convivialité, où seules les idées et les âmes se croisaient et parfois entraient en collision, maintenant je le vois comme un lieu de solitude, où les mots s’entrechoquent, comme deux silex, pour provoquer, parfois, un semblant d’étincelle.

je crois que ce jour de la fête de la musique me donne le bourdon, ce jour équivaut à la Toussaint, on le doit à Lang et ce moment historique où le socialisme s’est transformé en théâtre de guignol, en cirque, en supermarché, en fête de la musique quoi.

l’expression même « fête de la musique » le fait d’accoler ces deux mots « fête » et « musique » a quelque chose de tout à fait désespérant, vous n’imaginez pas le nombre de notes de musique que représente cette fête, alors qu’il faudrait prôner la décroissance de notes, revenir à l’époque où les partitions étaient presque blanches, avant Bach, Buxtehude, Monteverdi, les chants grégoriens, remonter encore avant, s’éloigner le plus loin possible de cette foutue musique romantique qui a perverti les hommes, la musique romantique représente la déchéance humaine dans toute son horreur, avec ce trop plain de notes, toujours plus de notes, de plus en plus rapides, pour mettre en avant les interprètes, les Chopin les Liszt qui épatent la galerie, je n’échangerai pas la moitié d’une mesure de Buxtehude contre tout Beethoven, le romantisme a confondu l’émotion et le sentimentalisme, et nous contniuons de vivre sous ce régime, encore et encore, et ça n’en finira jamais !

Gabriel dit: à

D’accord avec Hamlet. La voix d’un doux silence!

hamlet dit: à

la fête de la musique a sans doute commencé à cette époque où les interprètes étaient des bêtes de foire, Chopin avec ses valses, l’éloge de la vitesse, de plus en plus vite, mais jusqu’où ira-t-on ? faudra-t-il lui greffer quelques doigts en plus ? une troisème main ? Mozart aussi, le petit prodige présenté à la cour de Frédéric, pour épater les comtesses, voilà la fête de la musique ! avant ce temps la musique n’était pas une fête, Bach ? des types ont trouvé que sa chaconne était une messe funèbre, parce uq’il venait de perdre sa femme et qu’il n’avait pas pu assister à son enterrement, une chaconne avec une basse continue descendante : ré, do si, la …, voilà ce qu’il faudrait retenir de cette chaconne cette basse continue, en principe les notes descendantes chez Bach dirigent l’obscurité, et quand les phrases montent vers la lumière, c’est simple, on est loin des jeux du cirque de Chopin et ses valses à la noix, non la musique n’a pas toujours été une fête, loin sans faut, non ?

https://www.youtube.com/watch?v=fwDCdmD7Nao

P. comme Paris dit: à

Pour prôner l’ascèse, Hamlet,
vous trainez un peu trop en langueur.

renato dit: à

À un moment, hamlet, il faudra réfléchir à un renouvellement du répertoire…

hamlet dit: à

monotone P. comme Paris, après langueur faut mettre monotone, les sanglots des violons blabla, du coup faut pas oublier le « monotone » qui rend la langueur plus languissante.

hamlet dit: à

renato, élargir le répertoire ? non, j’ai lu 1 seul livre, j’ai écouté 1 musique, j’ai vu 1 tableau, j’ai lu 1 poème etc…

je suis contre l’élargissement par principe, pour résister à cet élargissement actuel sans fin.

l’élargissement c’est comme toutes les bonnes choses, faut pas en abuser.

hamlet dit: à

en fait le fond du problème tel que je me le pose à moi-même, sérieux faites comme si je n’étais pas là, donc le fond du problème est de se demander si dans la société actuelle il existe une bonne raison, je veux dire une raison valable, tout au moins une raison qui tienne à peu près la route, de faire la fête, je veux dire une fête de quoi que ce soit, c’est la question que je me pose, et à partir de là, dans ce puits sans fond que représente ce blog j’attends qu’un écho me donne une réponse, voilà, c’est tout !

renato dit: à

… renouveler, hamlet, renouveler…

hamlet dit: à

sérieux Buxtehude c’est très bien renato, je ne vois pas pourquoi passer à autre chose ?

et alii dit: à

Merci,Hamlet

hamlet dit: à

et alii c’est chiant on peut pas rester seul 3 minutes sur ce blog, il faut toujours que quelqu’un se pointe pour mettre le bordel.
comme disait l’autre l’enfer c’est les autres, et il avait raison.
des fois je mets mon réveil à 3h du mat là on est tranquille, mais c’est pas évident quand on se couche tard, avant c’était possible, parce que longtemps je me suis couché de bonne heure.

hamlet dit: à

x dit: 21 juin 2019 à 23 h 53 min

🙂

oui mais ici c’est différent, ici ça disserte…

hamlet dit: à

x : merci quand même de ce petit rappel bénéfique (comme dirait mr Court) qu’il est l’heure d’aller dormir.

pado dit: à

23h28
« fête de quoi que ce soit »

Je ne sais pas mais un vieux rock-blues un peu rayé d’être trop passé, quelques tranches d’andouille de Guéméné, un verre (ou deux) de Batard-Montrachet et une Ophélie amoureuse ça doit pouvoir le faire.

hamlet dit: à

ps : x, quand on disserte on ne dit pas toujours ce qu’on pense, je suis même rarement d’accord avec ce que raconte ce hamlet de mes deux, je me demande même comment on peut être d’accord avec un pseudo aussi débile.

Delaporte dit: à

Bac : et en plus, il y a eu des erreurs dans l’énoncé de l’épreuve. Andrée Chédid, sur ce coup-ci, n’y est pour rien !

« L’épreuve redoutée des mathématiques est devenue encore plus difficile ce vendredi 21 juin pour les candidats au baccalauréat 2019. Les lycéens des filières scientifique (S) et économique (ES) ont dû composer avec des énoncés erronés. »

x dit: à

Nombreux à parler tout seuls, dans un ici pas spécialement désert pourtant.

Merci à M. Veista en ses habits neufs.

x dit: à

@hamlet à 0 h 03 min
Je m’en doute un peu, quelques autres aussi sans doute.
Pas assez pour empêcher le réflexe de la montée au créneau pour défendre mes fétiches.

Delaporte dit: à

Encore un :

« Le silence qui suit la fête de la musique est enfin du Mozart. » Eric Chevillard

Delaporte dit: à

Cette fête de la musique 2019 a été particulièrement nulle. D’habitude, je trouvais au moins un peu truc sympa, en cherchant bien. Là rien. Que de la daube. Les « musiciens », les vrais, ne se sont pas déplacés. Seuls les musiciens ratés, du dimanche, étaient au rendez-vous, pour abîmer nos tympans et notre esprit. Alors, oui, on espérait après cela que le silence revienne vite. Cette putasserie musicale, initiée par Jack Lang, a fait long feu.

Delaporte dit: à

« Le silence qui suit la fête de la musique est enfin du Mozart. »

Il écrit cela alors que tout juste la dernière note infâme vient de résonner. Il ne perd pas son temps, se dépêchant de faire son scoop à la gomme. Il enfonce une porte ouverte, que sait-il faire d’autre ? La fausse bonne trouvaille, c’est toujours pour lui. Il fait semblant d’être original. Même quand il dit vrai, il nous les casse. Il conchie le silence d’après la fête, avec sa prose misérable d’écrivain raté.

renato dit: à

Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veulent pas entendre, hamlet.

Chaloux dit: à

Des nouvelles de Simone de Bavoir.

Brigitte Macron a évoqué la vie d’Emmanuel Macron après l’Élysée. « J’ai toujours pensé qu’il serait écrivain ». Elle a évoqué Flaubert, pour qui comme son mari, « l’écriture est difficile ».

J’aurais plutôt dit Baudelaire, -pas après, mais maintenant- La mort des pauvres, directement gravée dans leur chair. Certes, il a du mal, comme Flaubert, mais au bout du compte, il y arrivera.

Cette femme est décidément indécente.

P. comme Paris dit: à

Chaloux et les rombières,
cela se pose là,
dans le crachoir.
Osez, osée, Joséphine…

Chaloux dit: à

P comme Pourri vous m’avez fait rire dans ma cuisine, et rappelé une réplique des Fantômes du chapelier

Chaloux dit: à

Baudelaire et Kafka, donc.

P. comme Paris dit: à

С великими праздниками Пятидесятницы и Святого Духа!

« Il faut croire que la descente du Saint Esprit qui a eu lieu dans un endroit précis et un jour précis est dans l’Église un mystère agissant qui ne s’interrompt pas, comme la respiration de l’Église. Né dans des conditions précises, ayant un commencement, il n’a pas de fin. C’est comme un flot céleste qui a jailli dans l’Église, flot dont les eaux ne se tariront jamais. »

[MOINE GRÉGOIRE (KRUG), CARNETS D’UN PEINTRE D’ICÔNES, L’Âge d’Homme, Lausanne, 2019]

Bérénice dit: à

6h58 ah oui? Vous, vous faites ça tout habillé ? Chamonix, vous l’aurez remarqué et surement suis je pour vous au 36ème sous sol mais j’en suis à me demander vous concernant ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça. Désolée pour la gêne, à peine un parasite occasionné, je suppose que vous ne rencontrez pas de problème pour couvrir ce faible bruit. Munie de votre bonté habituelle , vous me pardonnerez d’utiliser ce canal pour communiquer . Sinon pour l’écrivain, oui, me Macron a déjà exprimé cette idée il y a deux ans, je l’avais entendue parler de son mari comme s’il s’agissait de son fils mais surement est ce que mon sentiment maternel a pollué ma façon de la percevoir.

Bérénice dit: à

Ceci dit, comme vous je ne suis pas réjouie par les orientations de la politique de Mr Macron. D’ailleurs meme le syndicat des patrons trouve à y redire. Il faudrait pouvoir déterminer à qui profite le crime.

Chaloux dit: à

@Pablo. Oui, j’ai acheté le volume de la Correspondance complète de Ravel. Parcouru, j’avais déjà lu la précédente version parue chez Fayard. J’aimerais bien écrire un petit quelque chose sur Ravel. Mais j’ai du mal, comme Flaubert…

Hurkhurkhurk!

de nota dit: à

« Le silence qui suit la fin de la musique est enfin du Mozart » oh la jolie phrase!
L’ennui c’est Que partout en France les conservatoires de musique sortent dans la rue lors de la fête de la musique pour y donner aussi un peu de musique classique et Mozart aussi bien, c’est joué souvent par des jeunes gens avec application et générosité, rien de méprisable donc. Chevillard a donc écrit une phrase bourgeoise, selon Flaubert, j’appelle bourgeois tout ce qui pense bas, mais ce n’est pas bien grave, nous sommes tous bourgeois, et en avant la zizique!

christiane dit: à

Hamlet et X,
belle traversée de la nuit. C’était un enchantement.
Quand le seau tombe au fonds du puits, avec l’eau noire de sa nuit, il remonte aussi des étoiles…
bien aimé le passage de l’ami Pado.

x dit: à

Rapport du TRACLITT
Objet : identification du fantôme
Affaire internationale, prudence.

 » [À un jeune peintre :] Je ne crois pas à la peinture. (Aux musiciens, je dis : Je ne crois pas à la musique !) […] Ils ne devinent même pas la part de vérité qu’il y a dans cette blague — une vérité sans doute plus authentique que celles dont se nourrit leur servile « attachement » à l’art. »
« Si les vrais chefs-d’œuvre [picturaux] doivent nous transporter d’une telle admiration, pourquoi notre sentiment est-il si craintif, si incertain, si tâtonnant ? Avant de tomber à genoux devant ce chef-d’œuvre, nous nous demandons si c’en est un réellement, nouv voulons — avec empressement — savoir s’il doit vraiment nous faire pâmer […] Comment, je vous prie, concilier la puissance soi-disant fulgurante de l’art, puissance irrésistible, spontanée, évidente, avec nos réactions hésitantes ?[…] Si, au lieu d’analyser des couleurs, nous soumettions les réactions du spectateur à un examen expérimental des plus stricts, nous ferions retomber à la surface une infinité de mensonges qui ferait crouler avec fracas tous les Parthénons et flamber de honte la Sixtine. »
« Je faisais vivre [au jeune peintre] une crise de confiance. Mes considérations lui paraissaient simplistes […] je ne tenais guère le langage d’une personne de la (société’ artistique […] Comment pouvait-on parler de l’art sur ce ton-là ? Et je savais bien ce qui lui venait à l’esprit : j’étais à ses yeux un Polonais, donc un primitif. […] Il déclara : ‘Vous dites ça pour me provoquer.’
L’agacer ! l’irriter ! Puisque votre sottise ne cesse de m’irriter, souffrez que je vous irrite un peu à mon tour ! […]
— Vous me croyez naïf, et c’est vous qui l’êtes. […] Vous croyez sans doute approcher l’art de votre propre gré […] que votre communion a lieu dans une atmosphère de liberté, que, divinement jaillie de la baguette magique du Beau, la volupté naît en vous spontanément… […] C’est une main qui vous a pris par la peau du cou pour vous mener jusqu’au tableau […] une volonté bien plus puissante que la vôtre qui vous contraint aux pires efforts pour parvenir à vous faire éprouver les sentiments qu’il convient. […] Cette volonté est collective […] vous ne faites que tenter d’admirer.[…]
Nuance, mais c’est justement sur cette subtile déformation qu’on est parvenu à édifier toute une montagne de pieux mensonges. Et à l’école du mensonge, il se forge un style : pas seulement un style d’art, mais encore un style de penser et de sentir, adopté par une élite qui fréquente les musées afin d’aiguiser sa sensibilité et d’acquérir une maîtrise sur la forme. »

x dit: à

Rapport du TRACLITT (Identification du fantôme, suite)

« Accompagné par l’orchestre, le pianiste, un Allemand, galopait. […] Pianiste ou cheval ? J’aurais juré qu’il n’était plus question de Mozart, mais de savoir si ce coursier saurait battre au finish Horowitz ou Rubinstein. Une seule question préoccupait les types qui étaient là [au concert] : quelle est la classe de ce virtuose, ses piano sont-ils à la hauteur de ceux d’Arrau, ses forte à la hauteur de gulda ? Alors, rêvant plutôt d’un match de boxe, je voyais déjà mon pianiste faucher d’un bel arpège de la gauche Brailovski, assommer Gieseking à coups d’octaves, enfin d’un trille magistral mettre Slomon knock-out. […] Tiens, mais que set passe-t-il ? Il a touché au but ! Applaudissements, applaudissements, applaudissements ! Le jockey, descendu de son coursier, saluait bas, tout en s’épongeant le front. »
« [La comtesse et le comte dont il partageait la loge] n’avaient pas le droit d’ignorer que la musique, elle, n’est qu’un prétexte à réunion mondaine […] au lieu de demeurer sur leur terrain, celui d’une aristocratie mondaine qui leur est propre, elles ont voulu sans crier gare prendre l’art au sérieux […] [Au foyer] Y… le millionnaire. Et, là-bas, le général qui cause avec l’ambassadeur, et plus loin le président-directeur général en train d’encenser le ministre qui, lui, envoie un sourire à l’épouse du professeur ! Je me croyais au beau milieu des héros de Proust où personne ne va au concert pour écouter, mais uniquement pour magnifier la réunion de sa présence, où les grandes dames s’épinglent du Wagner dans les cheveux en guise d’agrafe de diamants, où, sur des airs de Bach, défile la grande parade des noms, des dignités, des titres, des millions et du pouvoir. […] Ils échangeaient simplement leurs impressions sur le concert […] inférieures à ce qu’aurait pu dire du haut de son poulailler le premier aficionado venu. Alors, ils en étaient là ? […] Rentré dans ma loge […] je me disais donc qu’un univers où l’homme s’adore tel un dieu dans la musique est davantage à mon goût que l’univers où l’homme fait son dieu de la musique.
Puis on assista à la seconde partie du concert. Le pianiste avait enfourché Brahms et galopait […] la perfection du virtuose nous empêchant de nous concentrer sur Brahms […] Et pourtant il arriva au poteau. Applaudissements. Applaudissements de connaisseurs. Applaudissements d’amateurs. Applaudissements d’ignorants. Applaudissements grégaires. Applaudissements provoqués par les applaudissements. Applaudissements croissant et s’étageant, se suscitant et se provoquant les uns les autres, et personne ne pouvait ne pas applaudir puisque tout le monde applaudissait. »
« L’artiste serrait les mains, échangeait des politesses, recevait force compliments et invitations […] Eh bien, il avait l’air d’un homme fort agréable, subtil, intelligent… Quant à sa grandeur ? […] À voir et entendre tous ces hommages, et tellement empressés, on aurait pu s’interroger sur la différence entre sa gloire à lui et la gloire de Debussy ou de Ravel […] n’était-il pas un ‘artiste’, tout comme eux… ? Et pourtant… pourtant… Sa célébrité était-elle celle de Beethoven, ou bien des lames Gillette, des stylos Waterman ? Quelle différence, dites, entre une gloire que l’on paie et une gloire qui vous fait gagner de l’argent ?
Lui n’était toutefois pas de force pour s’opposer au mécanisme qui l’exaltait, et il ne fallait pas s’attendre à le voir y résister. Bien au contraire ! Il dansait au rythme des violons et jouait pour faire danser ceux qui dansaient autour de lui. »

Chaloux dit: à

la perfection du virtuose nous empêchant de nous concentrer sur Brahms

Pas compris de qui est ce texte, commun et sans grand intérêt du reste, mais la phrase ci-dessus est vraiment une énormité parmi les énormités. Flaubert -celui qui avait du mal à écrire, pas l’autre, l’aurait copiée dans son dictionnaire.

christiane dit: à

X – 9h31
En écho…
Les vrais chefs-d’œuvre [picturaux] doivent-ils nous transporter d’une telle admiration ?

C’est par la mémoire qu’ils s’inscrivent en nous. L’œil se ferme et cherche des images. Il écoute… Le son d’un clapotis qui nous ramène à la source. On a dans le cœur un jardin-musée. Une lumière douce semble y émaner des toiles aimées plutôt que de les éclairer. Comment savoir si l’invisible a été atteint ? ou s’il est encore à distance. Les yeux doutent d’eux-mêmes. Il faudra les rencontrer à nouveau… les coudre avec l’avenir du passé. L’image fait signe… Ne pas être propriétaire de sa pensée. C’est un peu ce que vous dîtes, non ? Nous sommes d’autant plus présents que nous sommes une masse de passé…
Y a-t-il des fleurs autour de vous ?
Que lisez-vous de plus en plus ?
Oui, ici, parfois , il y a partage par les mots, même s’ils sont des haillons… Comment les mots sont-ils devenus de la parole, ce langage qui sépare ou qui réunit ?
« La vie ! la vie ! Je n’avais que ce mot à la bouche. Je voulais brûler le Louvre, pauvre couillon !
Mais Zola m’a très bien empoigné quand même dans l’Œuvre/I> quand il beugle : « Ah ! la vie ! la vie ! la sentir et la rendre dans sa réalité; l’aimer pour elle, y voir la seule beauté vraie, éternelle et changeante… »
Joaquim Gasquet,
Cézanne.

Paul Edel dit: à

Pour de Nota.
« Jean Birnbaum nous propose,sous le titre ronflant « les 10O romans du « Monde » des extraits des articles de critique littéraire du journal qui pointaient les romans importants.
Voici un extrait de l’éditorial.Précisons que les romans sont classés par décennies.

« Alors, comment avons-nous fait ? Eh bien, avec l’aide précieuse de nos documentalistes, l’équipe du « Monde des livres » s’est plongée dans les archives. Traversant les années, nous avons opéré comme les critiques du Monde depuis toujours, mais cette fois en appliquant leur méthode à leurs propres articles. De même qu’ils et elles ne pouvaient pas tout chroniquer, nous avons procédé par sondages fureteurs, par vagabondages émus. Convaincus qu’il y a des événements d’écriture comme il y a des événements sociaux ou politiques, nous avons guetté les signes d’une déclaration enflammée. Soudain, notre œil était attiré par ces mots d’Emile Henriot : « Je répète que j’admire Mauriac, il fait merveilleusement ce qu’il veut », et nous retenions Le Sagouin (1951). Plus tard, nous relevions ces lignes sous la plume de Jacqueline Piatier, fondatrice du « Monde des livres » en 1967 : « Je pense que La Vie mode d’emploi est un livre extraordinaire, d’une importance capitale non seulement dans la création de l’auteur, mais dans notre littérature », et nous inscrivions le nom de Perec pour l’année 1978. Bref, nous nous sommes contentés de passer les archives du Monde au crible de l’enthousiasme. Plutôt que de classer par écoles, nous avons inventorié des coups de foudre. »
*
Le plus intéressant est de lire les articles de critique littéraire sur ces « romans » jugés les plus importants et parus à l’époque. On peut les découvrir en intégralité, ce qui est éclairant . De Emile Henriot à Jacqueline Piatier ou de P.H. Simon à Bertrand Poirot Delpech. Le ton général des articles est plutôt distant, celui d’un professeur qui corrige les copies de l’lève Yourcenar ou de l’lève Pessoa ,du trbulent Truman Capote,ou du bon élève de Mauriac , Gary ou Echenoz sont à surveiller au fond de la classe. C’est à mon gout une critique littéraire surplombante, voire paternaliste. L’enthousiasme n’est pas du tout la règle, comme il est affirmé dans l’édito,mais une exception ; »le monde » cultive l’ admiration mesurée,méticuleuse, assez crispée sur la tradition dans les années 50-60.. Le critique procède par petites touches correctives, ça ressemble à une pesée en blouse blanche sur une balance pharmaceutique pour ajuster les qualités et défauts des textes.. Personnellement , ce sont les articles de Jacqueline Piatier qui me semblent les mieux construits ,les plus aptes à comprendre les nouveaux courants littéraires,à définir les tons singuliers, et surtout à faire partager aux lecteurs le surgissment de tons et des courants neufs par exemple l’émergence du Nouveau Roman. Les articles Piatier reposent sur une argumentation précise et dénotent ne passion pour la chose littéraire, avec même- parfois- cette denrée rare, de l’empathie vraie pour le texte.

x dit: à

Rapport du TRACLITT (Identification du fantôme, suite)

« Le difficile, c’est qu’en parlant de moi, je [le fais] en présence des gens. Dans ces conditions, je ne saurais me considérer avec tout le sérieux qu’il faut […] — eh, oui ! Je suis gêné par ce qui m’a gêné, qi m’a tourmenté toute ma vie, ce qui a tellement pesé sur ma manière d’être avec les gens : la nécessité de me traiter à la légère, fût-ce pour me mettre au diapason de ceux qui me prennent à la légère, ou de ceux qui n’ont pas la moindre idée de qui je suis. »

« La crise intellectuelle que nous vivons en ce moment est moins imputable à nos doutes sur les pouvoirs de la raison qu’au fait que le champ d’action de cette raison s’est révélé aussi restreint. Saisis de panique, nous nous sommes vus entourés par la marée infinie d’esprits sombres et obtus qui nous volent et nous arrachent nos vérités : pour les déformer, les aplatir, les transformer en instruments de leurs propres passions ; et nous avons découvert que la quantité humaine décide, et l’emporte sur la qualité de toute vérité. »
« C’est moins la vérité qui empêche ces gens de s’entendre que le désir et la volonté de s’imposer à soi-même un certain canon afin d’être quelqu’un de déterminé — quelqu’un. »

« Mon intérêt pour les idées en soi va toujours décroissant et […] j’accorde toute mon attention à l’attitude de l’individu par rapport à l’idée. L’idée n’est et ne sera jamais qu’un paravent qui masque des choses bien différentes, bien plus importantes qu’elle. elle n’est qu’un prétexte […] Une fois diluée et diffusée dans une masse d’êtres passionnés et ignorants, [la pensée] finit par ne plus être que hurlement et tumulte. Assez, j’en ai vraiment assez des discussions idiotes. Du chassé-croisé des arguments. […]
Nos dialogues seraient proprement magnifiques et remplis […] de logique, de discipline, d’érudition, de précision et de méthode, ils iraient au fond des choses, seraient décisifs, cruciaux et révélateurs, si… s’ils n’avaient pas lieu à une vingtaine d’étages au-dessus de nos têtes […] C’est [cette fatigue] qui vous ôte de plus en plus toute envie d’échanger des idées avec quiconque. J’ai presque renoncé à écouter le contenu des paroles et me borne à écouter la MANIÈRE dont elles sont énoncées. Et la seule chose que j’exige d’un homme est qu’il ne se laisse pas abêtir par son propre savoir, que sa vision du monde […] que sa doctrine ne lui enlève[nt] rien de ses qualités humaines […]
[Aujourd’hui] est-ce que je continue à exiger que les hommes soient progressistes ? qu’ils combattent les superstitions ? qu’ils brandissent l’étendard de l’instruction et de la culture, qu’ils contribuent à l’évolution des arts et des sciences ? Certes… mais ce que je désire avant toute chose, c’est qu’autrui évite de me mordre, de me torturer et me couvrir de crachats. Là, je rejoins la doctrine catholique. Je partage son sentiment aigu de l’enfer inhérent à la nature humaine »

christiane dit: à

« Ainsi parlera-t-on d’empreinte mémorielle afin de désigner l’espace plus ou moins étendu et nécessairement muable qu’une œuvre occupe dans la mémoire d’un individu. » (p.18)
Les paradoxes de la postérité Benjamin Hoffmann (les éditions de minuit)
Ça commence bien…

pado dit: à

Paul Edel dit: 22 juin 2019 à 10 h 16 min

Ont-ils trouvé « une déclaration enflammée » de Passou ?

hamlet dit: à

« Chaloux dit: 22 juin 2019 à 10 h 09 min

la perfection du virtuose nous empêchant de nous concentrer sur Brahms »

ça ne m’étonne pas trop que vous ne compreniez pas : c’est le début de la première leçon que donne un bon professeur de musique à son élève, et si vous ne la comprenez pas alors je plains autant vos élèves que la musique.

x dit: à

[Invité à la réunion d’une association]
Lecture de plusieurs textes [d’un auteur « difficile » : « pour comprendre bon nombre de ses pensées, il faut y revenir à maintes reprises »]. Ensuite un débat.
[…] Le débat était du genre de ceux qui ne sauraient inquiéter personne […]
Mais le plus étonnant, c’était de voir tous ces gens tellement inférieurs personnellement [à l’auteur qu’ils triturent], [le] traiter de haut […] Ils s’estimaient détenteurs de la vérité. Et si Socrate avait paru à cette séance, ils l’auraient traité comme un écolier : il n’était pas initié. Eux, savaient mieux.
Et ce mécanisme-là — qui permet à un homme inférieur d’éviter la confrontation personnelle avec un homme supérieur et qui le domine — m’a semblé amoral. »

christiane dit: à

@x dit: 22 juin 2019 à 10 h 22 min

Rapport du TRACLITT (Identification du fantôme, suite)

L’insoumission prédomine dans cet essai. Pour changer la vie ? Son mouvement est communicatif. (ni dans la littérature ni dans l’art mais en passant par la littérature et par l’art).
J’aime beaucoup notre reflet dans ce livre !
« Une fois diluée et diffusée dans une masse d’êtres passionnés et ignorants, [la pensée] finit par ne plus être que hurlement et tumulte. Assez, j’en ai vraiment assez des discussions idiotes. Du chassé-croisé des arguments. […] »

Pourriez-vous présenter ce livre qui nous vient en trois citations ?

Marie Sasseur dit: à

Pas compris de qui est ce texte

De Gombrowicz.

Janssen J-J dit: à

@ dans ce puits sans fond que représente ce blog j’attends qu’un écho me donne une réponse, voilà, c’est tout !

Faire la fête seul, écouter son Eco, ne pas l’entendre, s’en prendre aux dimanches, trop triste. Ne pas rester avec le blog.
Plutôt faire catleya. Sinon, laver les carreaux, repasser son linge, penser aux herbes pour améliorer le prochain repas avec la dame, prendre le temps d’aller dire bonjour aux vieux, veiller à ce qu’ils boivent souvent, alerter des bébés, prendre une petite laine, chantuser dans sa mémoire e tprendre une bon souvenir d’enfance, regarder le bleu intense, se laisser pénétrer par les rayons de la lumière du ciel. Voilà, c’est tout, c’est tout simple, comme le combat moral de chacun contre sa misère affective.

Marie Sasseur dit: à

« Le silence qui suit la fête de la musique est enfin du Mozart. »

Parce qu’ils étaient venus, les musicos, pour massacrer le son du silence ?

https://youtu.be/usN-pKfw6Q8

pado dit: à

En ce matin ensoleillé mais encore doux face à la canicule qui nous attend je me pose une grave question existentielle :
de chaloux ou de Pablo, qui est Pécuchet ? Qui est Bouvard ?

Peut-être faudrait-il demander à C.P. qui a quasiment assisté à la rencontre sous ses fenêtres.

x dit: à

Les citations proviennent du premier tome du Journal de Witold Gombrowicz.

Devant le caractère peu probant des portraits-robots psychologique, existentiel et idéologique du suspect « hamlet » que nos confrères Dupond et Dupont, apprentis profilers d’un Service rival, ont jugé bon de faire fuiter sur la toile, nos analystes du TRACLITT (sous-section : sources) se sont donnés un objectif plus modeste : identifier le fantôme qui hante le suspect.

Chaloux dit: à

Gombrowicz, que j’aime beaucoup, peut aussi dire des énormités,- il a écrit tant de choses formidables.(Et quand on pense à ce qu’on se croit tenu d’accepter de la part de nos nains politiques et journalistiques…).

Cela dit, Hamlet, qui est un infime prosateur, est en plein délire.

Ce sont les mauvais pianistes qui empêchent d’entendre les grands compositeurs, pas les bons. Le génie de l’interprète consiste précisément à faire entendre.

Fatigant de batailler avec Hamlet, cet esprit inférieur, ce hachis-parmentier de l’esprit, fabriqué uniquement avec des restes.

Janssen J-J dit: à

Bonjour pado, je sais pas qui vous êtes, mais j’apprécie vos remarques sur les 2 têtes de nœuds. Sans trop croire que les annonces de canicule soient liées aux démentis des viols itératifs de donald trump… sur l’espace aérien de l’Iran. On en est là, hein, en ce 22 juin ?
Hier, j’avais posé un très long commentaire intelligent dans le rectangle prévu à cet effet, mais il n’est pas passé. J’ignore pourquoi, et maintenant, je ne sais plus de quoi il causait, la seule choses qui compte, c’est de me souvenir qu’il était très profond et inspirant, il aurait pu édifier les masses populaires. Quelque chose de ressemblant aux peintes flamands roses ? Non, je ne crois pas que ça parlait de ça, hein.

Bérénice dit: à

Fatigant de batailler avec Hamlet, cet esprit inférieur, ce hachis-parmentier de l’esprit, fabriqué uniquement avec des restes.

Et vous seriez  » de gauche » ? avec une telle mentalité élitiste et encore l’élite intellectuelle s’habille de respect et reste à l’écoute préférant débattre plutôt qu’assomer ou matraquer afin de permettre à ceux qui auraient du retard d’avancer ou d’épouser d’autres arguments que ceux qu’ils exposent . CHALOUX, vous le faites exprès ou c’est naturel? De quoi souffrez vous, sinon?

Chaloux dit: à

Gombrowicz, dans ses propos abuse parfois de la caricature, jusqu’à un absurde qui réduit sa démonstration à néant. Un trait que j’ai rencontré chez d’autres polonais, littéralement dévorés par une sourde colère politique, qu’on peut comprendre, étant donnée l’histoire de leur pays.

Marie Sasseur dit: à

Mooc de 11h08, déjà lu ici, excellent.

Bérénice dit: à

Et cela justifie que vous traitez les gens, vous n’êtes pas le seul à utiliser cette  » méthode » plus bas que terre ou comme un plat à repasser au four?

hamlet dit: à

de nota dit: 22 juin 2019 à 8 h 25 min

bien d’accord avec vous, d’autant que cette fête de la musique est notre seul héritage du socialisme au pouvoir.

quant à la phrase de Chevillard, je fais encore faire le parano mais je l’avais sortie sur le blog de passou il y a qq années, je vais rechercher pour la retrouver.

Chaloux dit: à

Hélas, les dix seules lignes de la Gigi -qui n’est pas une tête de nœud, cela va sans dire, mais plutôt une face de cul- méritant d’être lues -selon Gigi elle-même-, ont sombré dans les cabinets d’Internet. Ce brave bon dieu aura tiré la chasse à temps.

pado dit: à

11h15
« Un trait que j’ai rencontré chez d’autres polonais »

Polonais qu’il a du « parcourir »

Avez-vous remarquez dans les commentaires de chaloux le nombre de livres qu’il « parcourt ».
Ce Bouvard (tiens, c’est choisi, il a une tête a hériter) parcourt mais Sait (avec la majuscule chère à Pécuchet)

Janssen J-J dit: à

@ « Les articles Piatier reposent sur une argumentation précise et dénotent ne passion pour la chose littéraire, avec même -parfois- cette denrée rare, de l’empathie vraie pour le texte ».
Je me souviens de Jacqueline Piatier, d’Yvonne Baby, de Nicole Zand… de toutes ces femmes respectables qui aimaient la littérature universelle, avant l’ère stalino-savignesque.
Mais que sont-elles advenues au juste ? Défuntes ? Et Claude Maupommée ? Denise Glaser interviewant Désiré Dondeyne ?
https://www.dailymotion.com/video/x22emyx

Chaloux dit: à

Avez-vous remarquez l’orthographe de pado? C’est du Blabla tout craché -un vieux crachat de collège, qui pue le prof illettré-.

Qui se ressemble s’assemble, c’est évident.

Assemblons-les!

(Pour la Staphyloclopine, au cas où elle passerait par-là, Avez-vous remarquez n’est pas de mon cru, c’est une citation).

pado, « Polonais » c’était des gens, pas des livres. Ici une citation de Borgès à propos d’une remarque de Sénèque, que tu chercheras toi-même (après, toutefois, t’être offert un Bescherelle pour ta fête. Ici c’est ta fête tous les jours, tu peux aller l’acheter aujourd’hui).

et alii dit: à

et mona Ozouf ?

et alii dit: à

MONA Ozouf répond à 11 h 28 min

D. dit: à

C’est pourtant bon le hachis parmentier bien fait.

D. dit: à

Mona Ozouf est libanaise, je crois ?

et alii dit: à

Lisi Raskin is an artist who teaches and is department head of Sculpture at the Rhode Island School of Design. Lisi and I have known one another for more than seven years, and over that time have spent many hours talking about how decolonial, anti-racist practices might be made manifest through our actions and work, and importantly, that a major element of this work was interior to ourselves. As an artist engaged in how values and ideals, not to mention skills, are passed to other burgeoning artists, Lisi created the animation below to facilitate students’, faculty’s, and colleagues’ understanding of themselves and of the often-invisible forces at play in our lives and in artistic practice and education, and how to begin to see them and confront their realities. While her animation has academia in mind,
il y a une video
https://hyperallergic.com/505431/some-of-the-mechanics-of-critique-lisi-raskin/?utm_medium=email&utm_campaign=Daily%20061919%20-%20The%20Material&utm_content=Daily%20061919%20-%20The%20Material+CID_580d5a5ae722c2a601c7435e273bbaf7&utm_source=HyperallergicNewsletter&utm_term=An%20Animated%20Teaching%20Tool%20That%20Breaks%20Down%20How%20Criticism%20and%20Ideology%20Work

pado dit: à

Chaloux dit: 22 juin 2019 à 11 h 32 min

Mon chaloux chéri, quand je fais une faute d’orthographe (et celle-là sent bon l’inattention) je ne fais pas comme toi, je ne m’empresse pas de la corriger dans un commentaire 10 mn plus tard (ton temps de relecture), j’assume.
Faut vraiment être au niveau zéro du débat pour se focaliser sur la grammaire et l’orthographe.

« Polonais c’est des gens », et polonaise une danse ou gâteau, encore une belle idée de la femme que saura relever Clopine.
Bouvard tu es, Bouvard tu resteras.

Janssen J-J dit: à

Ce brave passoul aura tiré la chasse à temps, renvoyant son monde en son CDBF.

Mon message était une apologie du dernier roman de Franck Bouysse, Né d’aucune femme. Et mes remerciements pour l’enfant terrib’ du blog, parfois bien inspirée qui nous avait signalé cet auteur inconnu de Grossir le ciel, Glaise, Plateau. Cette trilogie était déjà excellente, mais là, FB vient de passer à la vitesse supérieure. Je le recommande aux curieux de bonne volonté qui chercheraient encore à satisfaire un plaisir de lecture dans de la bonne littérature française. Il en existe encore, hein, voui. Un lien possible :
https://www.lamanufacturedelivres.com/livres/fiche/131/bouysse-franck-ne-d-aucune-femme

Chaloux dit: à

Mon chaloux chéri

Là, tu tombes vraiment dans le plus misérable Blabla.

Mais ne te fais d’illusions : tu n’auras pas de câlin!

Quant à l’orthographe, la conjugaison et la grammaire, on ne peut rien fonder sur sa médiocrité, chose que tu sembles parfaitement ignorer. Apprends-les en silence et ne fais pas chier, c’est une simple question de courtoisie.

Hurkhurkhurk!

Chaloux dit: à

Faut vraiment être au niveau zéro du débat.

Le niveau 1 semblerait bien trop élevé pour toi.

Marie Sasseur dit: à

Meme si Pascal Engel se livre à une satire jubilatoire du mooc, avec Bouvard et Pecuchet, on trouve dans l’un de ses commentaires, cette reflexion:

« Beaucoup d’études actuelles montrent que le MOOC n’améliore pas l’enseignement traditionnel . Mais qu’ils ait quantité d’autres avantages pour les établissements capables d’en faire ( car ils coûtent très cher ) je n’en doute pas – je soupçonne que cela conduira à une tendance déjà massive : suppression de postes d’enseignants et augmentation de personnels administratifs ( dans notre cas administrateurs de moocs). Ceux qui ont choisi ce métier pour enseigner et faire de la recherche risquent d »être frustrés assez vite, mais ceux qui partagent le projet de faire de l’université une entreprise de management de la société de la connaissance y trouveront sans aucun doute leur compte. »

Relire: ceux qui partagent le projet de faire de l’université une entreprise de management de la société de la connaissance y trouveront sans aucun doute leur compte.

Effectivement, certains y trouvent leur compte, car des entreprises et des départements d’université ont expérimenté des moocs avec succès, sur des innovations technologiques.

Ce qui montre bien encore une fois le décalage complet, entre les penseurs de l’akademie, et le monde dans lequel ils vivent, comme évoqué récemment lors de la disparition du père de « la petite poucette ».

Marie Sasseur dit: à

Je te bise, à 11h47.

hamlet dit: à

@x : merci.

merci aussi de ne pas avoir donné le nom de l’auteur trop tôt, cela a permis de récolter quelques belles perles, des perles perlées d’inquiètude « mais qui donc a pu écrire un truc pareil? », très drôle !

renato dit: à

Bien sur que Buxtehude c’est très bien, hamlet. Cela dit, nonobstant votre intolérance qui se voudrait de matrice marxiste, vous devriez admettre que pour d’autres le plaisir c’est de comprendre comment certains problèmes ont été résolu par un artiste plutôt que par un autre — LvB et la fugue, par exemple — ; qu’ils apprécient le développement des idées, et ainsi de suite.

Après, personne ne vous empêche de vous soigner avec de la toile d’araignée — vous vous souvenez, je suppose, de A Political Romance —, ou de faire une passion pour le Réalisme Socialiste… bien que, si on se tient à vos critères, plus rien n’a de valeur après le paléolithique… on pourrait évidement vivre en refaisait toujours la même forme… enfin, personne n’empêchera qu’un alièné refasse toujours la même forme.

Marie Sasseur dit: à

Pour avoir lu ce roman de F. Bouysse

christiane dit: à

X – 11h03
Identifier le fantôme ?
Un trouble-tête qui n’agit qu’à sa tête, un spectateur qui se fait parfois acteur et metteur en scène… devenant lui-même le théâtre comme dans cette biographie rêvée d’Antonin Artaud :
« Quitte ta langue Paolo Uccello, quitte ta langue, ma langue, ma langue, merde, qui est-ce qui parle, où es-tu ? Outre, outre, Esprit, Esprit, feu, langues de feu, feu, feu, mange ta langue, vieux chien, mange sa langue, mange, etc […]
Je suis tantôt dans la vie tantôt au-dessus de la vie. Je suis comme un personnage de théâtre qui aurait le pouvoir de se considérer lui-même et d’être tantôt une abstraction pure et simple création de l’esprit, et tantôt inventeur et animateur de cette création de l’esprit. […] »

Paul les oiseaux ou la place de l’amour (Tapuscrit abandonné d’Antonin Artaud, relatif au peintre florentin Paolo Uccello. (Artaud avait trouvé le titre de ce texte dans un récit de Schwob : « les Florentins rappelèrent Uccelli, ou Paul les Oiseaux ».)

hamlet dit: à

pado vous avez donc réussi à trancher, chaloux serait Bouvard et pablo Pécuchet, ma foi, c’est assez difficile à dire.

cela dit le

« oui, j’ai acheté le volume de la Correspondance complète de Ravel. Parcouru, j’avais déjà lu la précédente version parue chez Fayard. J’aimerais bien écrire un petit quelque chose sur Ravel. Mais j’ai du mal, comme Flaubert… »

de chaloux pourrait l’assimiler plus à Bouvard, ce qui irait dans votre sens.

ce qui crée le doute et la confusion c’est que parfois ils inversent les rôles, j’imagine pour brouiller les pistes.

Chaloux dit: à

Pauvre Hamlet, hachis partout, sans trêve…

hamlet dit: à

« j’ai acheté le volume de la Correspondance complète de Ravel. Parcouru, j’avais déjà lu la précédente version parue chez Fayard. »

ça c’est assez génial ! même Flaubert n’y aurait pas pensé.

parce qu’on en déduit ue selon l’éditeur Ravel n’aurait pas écrit les mêmes lettres, ou alors que ce sont les mêmes lettres mais écrites par un autre ?

élever la bêtise à un tel niveau relève du prodige.

hamlet dit: à

« Chaloux dit: 22 juin 2019 à 11 h 15 min

Gombrowicz, dans ses propos abuse parfois de la caricature, jusqu’à un absurde qui réduit sa démonstration à néant. Un trait que j’ai rencontré chez d’autres polonais, littéralement dévorés par une sourde colère politique, qu’on peut comprendre, étant donnée l’histoire de leur pays. »

@pado : par contre ça on le verrait plus dans la bouche de Pécuchet, c’est là où ça rend le choix difficile.

hamlet dit: à

Chaloux, rassurez-nous, dites-nous que vous le faites exprès de sortir des âneries pareilles.

sûr que vous vous êtes bien trouvés avec l’autre, dommage que vous ne soyez pas de sexes différents, j’aurais été curieux de voir ce qu’aurait pu donner votre progéniture.

hamlet dit: à

« Un trait que j’ai rencontré chez d’autres polonais »

c’est génial !

Delaporte dit: à

« Mona Ozouf est libanaise, je crois ? »

D, Mona Ozouf est née à Saint-Brieuc. Elle est bretonne, comme l’andouille de Guéméné. « Ozouf » est le nom de son mari.

Chaloux dit: à

Hamlet : parce qu’on en déduit ue selon l’éditeur Ravel n’aurait pas écrit les mêmes lettres, ou alors que ce sont les mêmes lettres mais écrites par un autre ?

Si on est aussi con que toi, Hamlet, en effet on peut déduire ce que tu écris. Si on sort de sa chambre ne serait-ce que pour se laver, si on ne vit pas chez sa vieille maman à cinquante ans passés, et si on n’abuse pas, comme c’est malheureusement ton cas, de loukoums frelatés, on peut aussi remarquer que les deux éditions ont environ quarante-cinq ans d’écart et que durant ce laps de temps de nombreuses lettres inédites ont été susceptibles d’apparaître.

Conclusion: sors de ta chambre, prends une douche, et freine sur les loukoums.

Delaporte dit: à

Précision sur Mona Ozouf :

« Mona Ozouf, née Mona Annig Sohier le 24 février 1931 à Lannilis (Finistère) » (Wikipédia)

Elle est donc bretonne, et a fait sa scolarité à Saint-Brieuc et Rennes, jusqu’à devenir agrégée de philosophie. Le nom d’Ozouf lui vient de son mari, historien réputé, qui a lancé sa carrière en lui faisant connaître et rencontrer les meilleurs historiens de son temps.

hamlet dit: à

« Chaloux dit: 22 juin 2019 à 11 h 04 min

(…) Ce sont les mauvais pianistes qui empêchent d’entendre les grands compositeurs, pas les bons. Le génie de l’interprète consiste précisément à faire entendre (…) »

le bon instrumentiste est celui qui sait s’effacer et se mettre son talent en arrière plan pour mettre la pièce qu’il interprète en avant ?

vous voyez chaloux, c’est là où pablo et vous faites penser à Bouvard et Pécuchet : pour vous tout est simple.

bien sûr que chaloux, je peux vous citer une liste longue comme mon bras d’excellents instrumentistes qui ne réussissent pas à s’oublier.

prenez un Yo-yo Ma (un nom pris auhasard), excellentissime violoncelliste, ses suites de Bach : joue-t-il du Bach ou nous fait-il du Yo-yo Ma selon vous ?

quand je l’écoute lui est bien là, mais Bach n’est pas là, il prend toute la place, et pourtant son succès est immense, et son succès est principalement dû au fait qu’il ne sait pas s’effacer.

c’est hyper compliqué, et on ne peut pas évacuer ce problème d’une petite litote à la con, non c’est pas possible chaloux.

Chaloux dit: à

pas 45 ans, mais 30, ce qui n’est déjà pas mal.

Chaloux dit: à

le bon instrumentiste est celui qui sait s’effacer et se mettre son talent en arrière plan pour mettre la pièce qu’il interprète en avant ?

Jamais écrit ça, tête de phion. Tu discutes toujours de ce qu’on n’a pas dit. Tu es un pervers de je ne dirai pas quoi.

Chaloux dit: à

L’interprète est bien là, pauvre (…) d’Hamlet. Et le compositeur aussi. Un bonne interprétation résulte de cette rencontre.

Par exemple, ou par contre-exemple, tu ne comprends rien à ce que j’écris. Tu es un mauvais interprète de mon oeuvre républicaine, un pauvre invertébré qui voudrait bien la jouer (ou s’en jouer) mais qui n’y parviens pas.

Lors d’un récital Chaloux tu serais copieusement hué. On t’enverrait des tomates, que tu pourrais garder pour les rapporter à ta vieille maman, avec laquelle tu vis, depuis bien trop longtemps, dans un très vieil appartement.

Est-ce qu’enfin tu comprends ?

pado dit: à

Chaloux dit: 22 juin 2019 à 12 h 24 min
« de nombreuses lettres inédites ont été susceptibles d’apparaître »

Vous qui avez parcouru cette nouvelle version,
c’est le cas ?

Jazzi dit: à

Quoi, Chaloux et Pablo75 se mettent à deux pour nous rejouer Bouvard et Pécuchet !
Alors qu’à moi seul je suis Lagarde et Michard…

___________________

GUSTAVE FLAUBERT

Drôle d’endroit pour une rencontre

C’est sur un banc du boulevard Bourdon, dans le quartier industrieux de l’Arsenal, au proche voisinage de la Bastille, que, par une journée caniculaire, Flaubert situe la rencontre décisive qui eut lieu entre Bouvard et Pécuchet. Constatant dès lors la similitude de leurs points de vue et l’identité de leur situation sociale, les deux hommes décidèrent bien vite de se retirer ensemble à la campagne. Incipit d’une passion d’été qui verra les deux amis se mettre en ménage et donner naissance à une tripotée de… lieux communs !

« Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert.
Plus bas, le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses, étalait en ligne droite son eau couleur d’encre. Il y avait au milieu un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs de barriques.
Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait au loin dans l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la tristesse des jours d’été.
Deux hommes parurent.
L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent, à la même minute, sur le même banc.
Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près de soi ; et le petit homme aperçut, écrit dans le chapeau de son voisin : Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet.
— Tiens, dit-il, nous avons eu la même idée, celle d’inscrire notre nom dans nos couvre-chefs.
— Mon Dieu, oui, on pourrait prendre le mien à mon bureau !
— C’est comme moi, je suis employé.
Alors ils se considérèrent.
L’aspect aimable de Bouvard charma de suite Pécuchet.
Ses yeux bleuâtres, toujours entre-clos, souriaient dans son visage coloré. Un pantalon à grand-pont, qui godait par le bas sur des souliers de castor, moulait son ventre, faisait bouffer sa chemise à la ceinture ; et ses cheveux blonds, frisés d’eux-mêmes en boucles légères, lui donnaient quelque chose d’enfantin.
Il poussait du bout des lèvres une espèce de sifflement continu.
L’air sérieux de Pécuchet frappa Bouvard.
On aurait dit qu’il portait une perruque, tant les mèches garnissant son crâne élevé étaient plates et noires. Sa figure semblait toute en profil, à cause du nez qui descendait très bas. Ses jambes, prises dans des tuyaux de lasting, manquaient de proportion avec la longueur du buste, et il avait une voix forte, caverneuse.
Cette exclamation lui échappa :
— Comme on serait bien à la campagne !
Mais la banlieue, selon Bouvard, était assommante par le tapage des guinguettes. Pécuchet pensait de même. Il commençait néanmoins à se sentir fatigué de la capitale, Bouvard aussi.
Et leurs yeux erraient sur des tas de pierres à bâtir, sur l’eau hideuse où une botte de paille flottait, sur la cheminée d’une usine se dressant à l’horizon ; des miasmes d’égout s’exhalaient. Ils se tournèrent de l’autre côté. Alors ils eurent devant eux les murs du Grenier d’abondance.
Décidément (et Pécuchet en était surpris) on avait encore plus chaud dans les rues que chez soi !
Bouvard l’engagea à mettre bas sa redingote. Lui, il se moquait du qu’en-dira-t-on !
Tout à coup un ivrogne traversa en zigzag le trottoir ; et, à propos des ouvriers, ils entamèrent une conversation politique. Leurs opinions étaient les mêmes, bien que Bouvard fût peut-être plus libéral.
Un bruit de ferrailles sonna sur le pavé dans un tourbillon de poussière : c’étaient trois calèches de remise qui s’en allaient vers Bercy, promenant une mariée avec son bouquet, des bourgeois en cravate blanche, des dames enfouies jusqu’aux aisselles dans leur jupon, deux ou trois petites filles, un collégien. La vue de cette noce amena Bouvard et Pécuchet à parler des femmes, qu’ils déclarèrent frivoles, acariâtres, têtues. Malgré cela, elles étaient souvent meilleures que les hommes ; d’autres fois elles étaient pires. Bref, il valait mieux vivre sans elles ; aussi Pécuchet était resté célibataire.
— Moi, je suis veuf, dit Bouvard, et sans enfants !
— C’est peut-être un bonheur pour vous ? Mais la solitude à la longue était bien triste. »
(« Bouvard et Pécuchet »)
http://www.gallimard.fr/Catalogue/MERCURE-DE-FRANCE/Le-Petit-Mercure/Le-gout-de-l-ete

Chaloux dit: à

Oui mais chez toi aussi, Jazzi, il demeure un mystère : on ne sait toujours pas si c’est Lagarde qui emmanche Michard ou si c’est le contraire…

Hurkhurkhurk!

Delaporte dit: à

Heureusement, Mona Ozouf n’a pas signé la pétition de Catherine Deneuve sur la galanterie un peu trop poussée chez les hommes. Elle est restée en deçà, grâce à un livre sur la question. Mona Ozouf pense que la judiciarisation intégrale des rapports hommes-femmes n’est pas dans la tradition française. Sans remonter jusqu’au libertinage, elle pense que la « galanterie » du XVIII, telle qu’elle avait cours dans les milieux aristocratiques et autres, excluait une telle judiciarisation. Et pourtant, beaucoup de femmes aujourd’hui sont bien contentes de pouvoir porter plainte pour viol, agression ou harcèlement sexuels. Mona Ozouf s’est peut-être laissé entraîner vers une idée idéale du XVIIIe siècle, celui de la douceur de vivre, alors que ce n’était pas toujours le cas. Son essai est sans doute plus complexe que cela. On a peu entendu Mona Ozouf dans ce débat récent. C’est dommage. Ou pas.

et alii dit: à

un pauvre invertébré mais qui n’y parviens pas.
tiens une fausse note!

Chaloux dit: à

Merci la vieille.

Jazzi dit: à

J’ai toujours pensé que Flaubert était tout entier non seulement dans Madame Bovary, mais aussi dans Frédéric Moreau, dans Bouvard et Pécuchet, dans Félicité, voire dans Salammbô !
Juste après cet extrait, on voit roder autour du banc de Bouvard et Pécuchet une vieille prostituée dont le maquillage dégoulinant sous la chaleur laisse les deux hommes indifférents. Tout enflammés qu’ils sont par leur conversation.

Mais à quoi sert toute cette littérature ethnocentrée, se demande le pauvre hamlet.

Qu’avec 33° à Paris sous le Second Empire, le discours ambiant actuel sur le réchauffement de la planète peut être relativisé ?

hamlet dit: à

« Chaloux dit: 22 juin 2019 à 12 h 41 min

L’interprète est bien là, pauvre (…) d’Hamlet. Et le compositeur aussi. Un bonne interprétation résulte de cette rencontre. »

sauf que cette rencontre n’est jamais équilibrée, elle ne peut pas l’être.

regardez tout ce que vous écrivez pablo et toi, à chaque fois c’est un prétexte pour vous mettre en avant, lire la correspondance de Ravel, nous pondre un poème de Baudelaire, à chaque fois c’est pour briller, pour nous dire « regardez combien je suis super intelligent ».

et pourquoi ? comme le dit Gombro : dans quel but ? qui cherchez-vous à convaincre ici quand vous faites votre numéro débile de duettistes sinon vous-mêmes ?

voilà la première critique contre la culture telle que nous la donne Gombro : elle n’incline jamais les individus à la modestie ? mais au contraire à toujours en rajouter.

et que dit Gombro de ce comportement ? qu’il est infantile, nous continuons de nous comporter comme dans une cour de récréation d’école primaire.

d’ailleurs Yo-yo Ma s’est calmé avec l’âge, il est devenu plus modeste, il a appris à s’oublier, mais c’est trop tard pour lui il aurait dû le faire avant.

la culture, le talent etc… témoignent de ce manque de modestie. et comment en sortir ?

Jazzi dit: à

Non, voilà la suite :

« Puis, au bord du quai parut une fille de joie avec un soldat. Blême, les cheveux noirs et marquée de petite vérole, elle s’appuyait sur le bras du militaire, en traînant des savates et balançant les hanches.

Quand elle fut plus loin, Bouvard se permit une réflexion obscène. Pécuchet devint très rouge, et sans doute pour s’éviter de répondre, lui désigna du regard un prêtre qui s’avançait.

L’ecclésiastique descendit avec lenteur l’avenue des maigres ormeaux jalonnant le trottoir, et Bouvard, dès qu’il n’aperçut plus le tricorne, se déclara soulagé, car il exécrait les jésuites. Pécuchet, sans les absoudre, montra quelque déférence pour la religion.

Cependant le crépuscule tombait, et des persiennes en face s’étaient relevées. Les passants devinrent plus nombreux. Sept heures sonnèrent.

Leurs paroles coulaient intarissablement, les remarques succédant aux anecdotes, les aperçus philosophiques aux considérations individuelles. Ils dénigrèrent le corps des ponts et chaussées, la régie des tabacs, le commerce, les théâtres, notre marine et tout le genre humain, comme des gens qui ont subi de grands déboires. Chacun en écoutant l’autre retrouvait des parties de lui-même oubliées. Et bien qu’ils eussent passé l’âge des émotions naïves, ils éprouvaient un plaisir nouveau, une sorte d’épanouissement, le charme des tendresses à leur début.

Vingt fois ils s’étaient levés, s’étaient rassis et avaient fait la longueur du boulevard, depuis l’écluse d’amont jusqu’à l’écluse d’aval, chaque fois voulant s’en aller, n’en ayant pas la force, retenus par une fascination.

Ils se quittaient pourtant, et leurs mains étaient jointes, quand Bouvard dit tout à coup :

— Ma foi ! si nous dînions ensemble ?

— J’en avais l’idée ! reprit Pécuchet, mais je n’osais pas vous le proposer !

Et il se laissa conduire en face de l’Hôtel de Ville, dans un petit restaurant où l’on serait bien.

Bouvard commanda le menu.

Pécuchet avait peur des épices comme pouvant lui incendier le corps. Ce fut l’objet d’une discussion médicale. Ensuite, ils glorifièrent les avantages des sciences : que de choses à connaître ! que de recherches… si on avait le temps ! Hélas, le gagne-pain l’absorbait ; et ils levèrent les bras d’étonnement, ils faillirent s’embrasser par-dessus la table en découvrant qu’ils étaient tous les deux copistes, Bouvard dans une maison de commerce, Pécuchet au ministère de la marine ; ce qui ne l’empêchait pas de consacrer, chaque soir, quelques moments à l’étude. Il avait noté des fautes dans l’ouvrage de M. Thiers, et il parla avec le plus grand respect d’un certain Dumouchel, professeur. »

hamlet dit: à

« Mais à quoi sert toute cette littérature ethnocentrée, se demande le pauvre hamlet. »

égo Jazzi, égocentrée pas ethnocentrée, et dès la première phrase « longtemps je me suis couché de bonne heure » ceux qui travaillaient 7 jours par semaine et 15 heures par jour répondaient : qu’est-ce qu’on en a à foutre ?

Jazzi dit: à

A la suite de quoi, Pécuchet ramène Bouvard chez lui !

« Le repas fini, ils allèrent prendre le café dans un autre établissement. Pécuchet, en contemplant les becs de gaz, gémit sur le débordement du luxe, puis, d’un geste dédaigneux, écarta les journaux. Bouvard était plus indulgent à leur endroit. Il aimait tous les écrivains en général et avait eu dans sa jeunesse des dispositions pour être acteur.
(…)
Il proposa ensuite de terminer la soirée paisiblement dans son domicile, qui était tout près, rue Saint-Martin.

À peine entré, il endossa une manière de camisole en indienne et fit les honneurs de son appartement.

Un bureau de sapin, placé juste dans le milieu, incommodait par ses angles ; et tout autour, sur des planchettes, sur les trois chaises, sur le vieux fauteuil et dans les coins se trouvaient pêle-mêle plusieurs volumes de l’Encyclopédie Roret, le Manuel du magnétiseur, un Fénelon, d’autres bouquins, avec des tas de paperasses, deux noix de coco, diverses médailles, un bonnet turc et des coquilles rapportées du Havre par Dumouchel. Une couche de poussière veloutait les murailles, autrefois peintes en jaune. La brosse pour les souliers traînait au bord du lit, dont les draps pendaient. On voyait au plafond une grande tache noire produite par la fumée de la lampe.

Bouvard, à cause de l’odeur sans doute, demanda la permission d’ouvrir la fenêtre.

— Les papiers s’envoleraient ! s’écria Pécuchet, qui redoutait, en plus, les courants d’air.

Cependant il haletait dans cette petite chambre, chauffée depuis le matin par les ardoises de la toiture.

Bouvard lui dit :

— À votre place, j’ôterais ma flanelle !

— Comment !

Et Pécuchet baissa la tête, s’effrayant à l’hypothèse de ne plus avoir son gilet de santé.

(là, un blanc imposé par la censure, note de Jazzi ?)

— Faites-moi la conduite, reprit Bouvard, l’air extérieur vous rafraîchira.

Enfin Pécuchet repassa ses bottes en grommelant :

— Vous m’ensorcelez, ma parole d’honneur !

Et malgré la distance, il l’accompagna jusque chez lui, au coin de la rue de Béthune, en face le pont de la Tournelle. »

Après quoi, ils décident de se mettre en ménage…

hamlet dit: à

Bouvard et Pecuchet est la version à la française du déclin de l’occident de Spengler.

sauf que ce livre qui représente une critique des Lumières et de l’encyclopédisme, de l’émancipation par l’éducation, contre l’éducation pour tous, contre la démocratie, un livre qui a servi de référence morale pour la droite française conservatrice la plus puante etc…

et bien ce livre n’a jamais fait l’objet de la moindre critique.

étonnant non ?

Jazzi dit: à

ethnocentré est plus correct, hamlet

« ethnocentrisme, ethnocentrie
nm tendance à prendre pour seule référence le groupe social auquel on appartient et à le valoriser systématiquement »

Bouvard et Pécuchet est le roman le plus gai de Flaubert. Il suffit de décrypter… Proust viendra après pour enfoncer le clou !

Jazzi dit: à

Tu veux venir chez moi et ôter ta petite flanelle, hamlet ?

hamlet dit: à

Jazzi dit: 22 juin 2019 à 14 h 00 min

le plus gai ?

le fait de se moquer de personnes qui croient au progrès et qui veulent apprendre ça te fait marrer ?

et ensuite tu ajoutes « il suffit de décrypter ? »

c’est pas gagné jazzi, il te reste encore du boulot.

hamlet dit: à

désolé jazzi j’avais compris le plus gai, alors que tu voulais dire le plus « gay ».

désolé.

et alii dit: à

Yo-Yo Ma a d’ailleurs plus particulièrement étudié la musique traditionnelle chinoise et ses instruments caractéristiques ou encore la musique du peuple Bochiman en Afrique. De ces recherches naîtra le projet Silk Road Orchestra, un ensemble ayant pour vocation l’étude des traditions culturelles et intellectuelles s’opérant le long de la route de la soie.
j’ avais entendu une émission entretien sur F.MUS mais quelqu’un mettra peut-être de la musique:je vous laisse choisir
https://www.francemusique.fr/personne/yo-yo-ma

x dit: à

Paul Edel 22 juin 2019 à 10 h 16 min

« On peut les découvrir en intégralité »
Est-ce le cas en ligne, pour les abonnés ?
Car sur le supplément papier ce sont clairement des extraits, assez courts.

Pleines pages de publicité des maisons d’édition (sur les pages « nobles », si l’on applique au journal ce qui vaut pour les livres, et je ne vois pas de raison de ne pas le faire, même si ces « volumes » là sont souvent repliés et lus une page à la fois).
Il serait d’ailleurs intéressant de pouvoir comparer l’article complet et le paragraphe retenu pour se faire une idée des critères de choix (des critères réels).
L’étude de la mise en page me semble pleine d’enseignements : la taille des caractères, gras ou non, le choix des polices, l’emplacement dessinent une hiérarchie ou du moins guident fermement le lecteur.

Une seule phrase retenue sur Sagan mais elle s’étale et occupe beaucoup de place, elle vous saute aux yeux.
Cette réduction extrême du texte fonctionne comme les bandeaux ou les 4èmes de couverture en isolant quelques mots, parfois un seul (leur « choc » est à ce prix). Mots sortis de leur contexte aux dépens des nuances apportées par le critique et dans des cas extrêmes (on se souvient de l’affaire Jardin-Chevillard) lui faisant dire l’inverse de ce qu’exprimait son jugement.
C’est le modèle Allo Ciné et autres agrégateurs de critiques, mais inversé : une seule source, à propos d’œuvres multiples et sur une longue période. Et cela produit le même effet (homogénéisation et parfois nivellement d’éléments différents).

Je me demande s’il n’y a pas eu une mise en avant du plus présentable, de ce qui convient le mieux aux préoccupations actuelles, celles des lecteurs, et qui sait ?, celles des propriétaires et celles des annonceurs (signaler un petit côté publirédactionnel, est-ce jouer les Savonarole ?)

Comme dans toute entreprise de ce genre se créent des voisinages parfois étranges, grotesques, et parfois très orientés (résultat du tri effectué aujourd’hui ou reflet de l’évolution du journal ou de celle, générale, des préoccupations de la période ?)

Au moins une fois une petite bizarrerie chronologique (critique d’une ré-édition) qui me semble prendre son sens quand on considère l’effet groupé auquel elle participe.

Reste (ce n’est pas tout à fait rien) l’effet nostalgie pour les uns ou découverte pour les autres, la succession des signatures, les passages de relais au fil des années.
Et quels qu’en soient les motifs, la mention des rééditions récentes présente des avantages pratiques pour les lecteurs que cette sélection incitera à aller en librairie.

Chaloux dit: à

On s’en fout. qui a besoin de Birnbaum? X, vous êtes un mouton?

Delaporte dit: à

Toutes cette critique littéraire du Monde des Livres, c’est vraiment de la daube. Le commentaire de notre cher PaulEdel me semble adéquat, lui qui quand même à la même époque était au Point, et faisait exactement le même travail. Le Point était l’un des plus immondes magazines de cette époque, lu par d’infâmes lecteur de droite, écrit par des journalistes putrides. PaulEdel était content qu’on ressorte dans la Pléiade ce qu’il avait écrit d’Emile Ajar, mais à sa place je ne crierais pas victoire trop vite. D’ailleurs, il nous avait dit très prudemment qu’il ne conservait de ces articles de jadis aucune archive. CQFD.

C.P. dit: à

pado, vous savez bien que le boulevard Bourdon est un peu derrière chez moi, le long du canal. La rencontre initiale, si souvent reproduite, est l’occasion d’un texte extraordinaire par sa platitude elle-même, sursignifiée par ses allers-à-la ligne, et qui bien sûr conjoint le paysage aux personnages complémentaires de Bouvard et Pécuchet.
Cela dit, je n’ai rien, en relisant souvent tel ou tel passage de ce qui est moins un roman qu’une description en progrès, contre ces deux personnages, ne trouve pas du tout que le livre inachevé soit un ouvrage aussi bête qu’eux. Et le sont-ils ? Leurs visites d’une société sont suffisantes, le projet est clair : ils se font un clin d’oeil et se mettent à COPIER en silence
C’est Jacques, je crois, qui rappelle que Flaubert se projette peu ou prou en chacun de ses personnages. A l’exception peut-être de Homais et de Sénécal ? Soit !

Paul Edel dit: à

x
oui, sur le net,l’abonné au Monde peut consulter l’intégralité des articles et voir les réserves,les nuances, les conseils, les réticences,les ambiguïtés. Parfois ,dans un même article, deux auteurs sont traités.

Phil dit: à

Dear PaulEdel, dommage que la liste de Birnbaum ne commence qu’en 1944. ça manque de surprises. Pensez aussi à faire relier en dur (papir…) vos recensions qui valent celles des élus de Birnbaum. Delaporte et d’autres commentateurs éclairés achèteront volontiers votre reliure.

Candide dit: à

Non, on ne peut pas trouver les critiques des 100 romans du Monde dans leur intégralité. Ce sont que des extraits, parfois très courts.

Delaporte dit: à

« Delaporte et d’autres commentateurs éclairés achèteront volontiers votre reliure. »

Ah ! une belle reliure à présenter dans son salon, pour faire croire qu’on est un lettré. Les articles de notre cher PaulEdel pourraient en effet servir à ça. Cela leur permettrait au moins de servir à quelque chose. Ils n’auront pas été écrits pour rien. PaulEdel a mérité ce grand destin !

Paul Edel dit: à

Candide, on peut retrouver l’intégralité des articles dans l service des archives du monde puisqu’on a la date exacte de la parution du texte.je sais, c’est un peu fastidieux mais c’est passionnant.
Tenez, je vous offre en entier l’article (excellent) sur Jean Rolin du 27 septembre 1996

« De nos jours, l’imparfait du subjonctif a la curieuse vertu de doter le discours d’une teinture d’ironie. Ainsi Jean Rolin, évoquant, un quart de siècle plus tard, son militantisme dans « l’Organisation » – la Gauche prolétarienne : « Parfois, cependant, il arrivait que nous fussions obligés de remarquer combien le monde suivait un cours éloigné de nos propres desseins, et à quel point nous étions isolés dans notre obstination à préparer la guerre. »

Tout est dit ou presque de ce qui fait la saveur et l’intelligence de ce récit, improprement qualifié de « roman » : L’Organisation est l’histoire réelle d’une jeunesse et d’une résistance imaginaires racontée par un écrivain ; l’histoire drolatique et dramatique d’un jeu de cache-cache avec la réalité.

Comme quelques milliers de jeunes gens, la plupart de bonne famille et d’exquise culture, Jean Rolin a été, au début des années 70, représentant clandestin en révolution. Il a tout abandonné, études, foyer et plan de carrière, pour se consacrer mystiquement au peuple en lutte. Abnégation d’autant plus méritoire que ledit peuple avait plutôt tendance à se méfier de ces trublions aux mains blanches, de ces anges exterminateurs en visite dans l’enfer du salariat, et qu’il lui arrivait souvent de manifester cette méfiance sans délicatesse. Mais l’Organisation et ses chefs redoutables en avaient décidé ainsi : Jean Rolin devait s’« établir » et préparer le grand soir du côté de Saint-Nazaire.
Un « établi » moins masochiste

On se souvient sans doute du douloureux témoignage de Robert Linhart, L’Etabli. Chef « historique » du mouvement mao en France, normalien étincelant et disciple préféré d’Althusser, Linhart, après 68, est entré en usine comme on entre en religion. Le virtuose des idées croyait se laver de ses origines pour se fondre dans le creuset même de la classe élue. Il devait y vivre, jusqu’au bord de la folie, son incapacité à se convertir totalement à ce qu’il n’était pas. Il ne serait jamais réellement un ouvrier, sauf à tricher et à mentir, sauf à oublier, dans l’épuisement, la révolution, sa maîtresse.

La piété n’est pas sa pente. Il accepte de se plier aux rudes impératifs de guerre clandestine, mais il ne s’y immerge pas.

Jean Rolin est un « établi » moins masochiste. Question de lectures : peut-être avait-il trop fréquenté Roger Vailland, celui de Drôle de jeu, de préférence au Petit Livre rouge. La piété n’est pas sa pente. Il accepte de se plier aux rudes impératifs de guerre clandestine, mais il ne s’y immerge pas. Il laisse toujours une fenêtre ouverte sur la vie : sur les amours, sur les parfums du printemps, sur la poésie: « Je consacrais beaucoup de temps à la rédaction de longs poèmes d’amours révolutionnaires, où il me semble que je n’envisageais comme alternative au suicide que le triomphe du socialisme. » Rolin ne sera jamais un moine-soldat prolétarisé. Au fond de lui, bien enfoui sous les slogans, mais toujours agissant, demeure le sentiment que la révolution qu’on lui fait faire a un goût de mort, une saveur de papier remâché, une odeur de nécropole.
Ultime sursaut de l’espérance

Dans l’existence semi-réelle qui est la sienne, sur le terrain, les mots d’ordre tombés de l’Organisation lui apparaissent vite comme ce qu’ils sont : démesurés, morbides, commandés par la logique délirante du verbe. « Pas un flic ne sortira vivant de Paris insurgé! », titre La Cause du peuple au moment du procès Geismar. Rolin et ses amis décident d’enterrer symboliquement les exemplaires du journal plutôt que de les distribuer.

Cette dérive est évidemment sanctionnée. Jean Rolin s’attend au pire que la position éminente de son frère Olivier à la tête de la branche militaire de l’Organisation lui évite, sans doute. Il est écarté en douceur. Ses aventures picaresques n’en sont pas achevées pour autant ; la révolution lui tient toujours au ventre, comme une drogue dure qu’elle ne remplace pas. Il va la chercher là où s’exerce la vraie violence, pas celle des mots, celle des armes.

Comme si la violence seule et le danger de mort pouvaient donner quelque réalité aux concepts. Il va batailler contre les Anglais à Derry, avec l’IRA à Belfast, avant d’aller proposer ses services au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Ce parti, à la suite de quelques assassinats, est devenu pro-soviétique, mais le maoïste ne veut plus y regarder de si près : « C’est ainsi que (…) je pénétrai enfin en Guinée-Bissau, simple bagage d’un journaliste américain, à bord d’un camion soviétique dont le chauffeur stoppait de temps à autre pour tirer au colt 45 sur d’inaccessibles phacochères. »

Même si l’écrivain Rolin garde un ton égal – un mélange faussement détaché d’ironie, de pudeur et de froideur analytique –, on devine que la fin de l’aventure, le retour au monde ordinaire, a été terrible. « Afin d’acheter du produit », le militant marxiste-léniniste écrit « dans ce style cul-bénit pour lequel je me sentais déjà une prédilection » une histoire de l’Eglise des origines à nos jours, pour une encyclopédie par fascicules que publie un éditeur catholique. En fait, c’est une longue chute, dans la drogue, dans le désespoir, aux confins de la folie et du suicide, et dont le narrateur ne sort que par une manière de miracle, un ultime sursaut de l’espérance, un dernier signe que lui fait la vie et qu’il comprend.
Fascinante énigme culturelle

Supériorité de la littérature sur l’histoire : le livre de Jean Rolin se tient tout seul ; ceux qui n’ont rien connu des années Pompidou peuvent le lire sans en perdre une miette, comme on lit Rimbaud ou Malcolm Lowry. C’est l’histoire d’un jeune homme qui a failli mourir de ne pas vouloir d’un monde qui le faisait vieillir. Il y a une éternelle jeunesse de la révolte. Aux lecteurs de Christophe Bourseiller, en revanche, il est recommandé de lire Jean Rolin : ils y comprendront ce que le journaliste ne peut que décrire : entre autres choses, la religion de l’action qui s’empare des meilleurs pour les briser quand la pensée incline à la résignation.

Comment expliquer ce vent de Chine qui souffle sur les beaux quartiers, sur les universités et sur les cellules communistes les mieux calfeutrées, à partir de 1966 et pendant dix ans ?

Le livre de Bourseiller est sans grâce littéraire ; sans disgrâce aussi. L’auteur n’avait que 10 ans en mai 68, et il faut lui savoir gré d’avoir su débrouiller l’invraisemblable écheveau des groupes, mouvements, cercles et sectes minuscules qui, au plein jour, dans l’ombre ou la pénombre, ont fait de la pensée de Mao Zedong leur livre de raison et de déraison. Fascinante énigme culturelle que Bourseiller éclaire sans parvenir à la résoudre. Mais qui le pourrait ? Comment expliquer ce vent de Chine qui souffle sur les beaux quartiers, sur les universités et sur les cellules communistes les mieux calfeutrées, à partir de 1966 et pendant dix ans ? Comment le stalinisme, repeint à la hâte par une poignée d’antiques mandarins pour s’adapter à leurs féroces luttes de pouvoir, a-t-il pu passer pour une idée neuve aux yeux des plus instruits, des mieux informés, des plus iconoclastes au sein de la jeunesse occidentale?

On sait la pauvre réponse des hommes d’ordre : il s’agissait d’un complot, d’envergure internationale pour le moins, obéissant aux directives d’un invisible chef d’orchestre et destiné à saper la civilisation atlantique. Le délire des uns rejoignait celui des autres et le nourrissait : M. Marcellin et les maos confondaient quelques pétards avec la révolution. La littérature avait embrumé les cervelles policières. L’enquête de Bourseiller, sérieusement menée avec ici ou là quelques erreurs vénielles, fait justice de ce fantasme : quelques modestes subventions de presse mises à part, le mouvement mao n’a jamais compté que sur ses propres forces.

Mais fantasmes il y avait bien : ce qui ressort le plus clairement des mille péripéties que Bourseiller détaille, comiques ou tragiques, fières ou navrantes, c’est l’irréalité dans laquelle elles baignent. Irréalité nostalgique d’une révolution moderne qui emprunte leurs phrases et leurs icônes aux révolutions passées comme pour un mémorable remake. Irréalité stratégique de généraux qui, par bonheur, répugnent à la violence dès qu’elle excède la parade. Irréalité de la fiction, enfin et surtout.

Vu d’un peu haut, le maoïsme français se lit comme un hommage paradoxal à la civilisation du Livre. C’est dans les livres qu’il rencontre le peuple, comme un concept ; c’est dans les livres qu’il rêve la Chine, et la violence et l’action. Il a une confiance si aveugle, si religieuse, dans les pouvoirs du langage, qu’il le croit capable de faire le monde à ses images. Agir : cogner, saboter, enlever, c’est moins transformer la réalité qu’accompagner symboliquement le message des mots.

Le maoïsme français est une protestation véhémente, désespérée de la littérature contre l’opacité absurde du réel, son ennui de plomb. Quand il arrive aux mots de se faire réalité, lorsque Pierre Overney meurt en 1972, sous les balles d’un vigile, le mouvement meurt, lui aussi. Nicolas Boulte, un chrétien-mao « établi » chez Renault écrit: « A force de lire Marx, Mao, et tous les autres, on se fait des idées ! Pauvres cons qu’on est, on y a cru! » Puis il tente de se suicider.

En avril 1973, naît le seul enfant viable du maoïsme, des mots comme il se doit ; un journal : Libération.

L’Organisation, de Jean Rolin. Gallimard coll. « Blanche » (1996). Rééd. « Folio » (2000, 256 p. 8,40 €). Prix Médicis 1996.

Les Maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français. Plon (1996). Réed. Points (2008, 512 p., 8,10 €).

bouguereau dit: à

Ah ! une belle reliure à présenter dans son salon, pour faire croire qu’on est un lettré

..dire qu’on trouve des encyclopédia huniversaliss pour le prix du débarras..comme havant on trouvait des patates en sac de 10 kil..on les trouve aujourdhui en pti sacs de 2 malheureux kilo pour jean foute comme dlalourde pour assurer qui s’y connait..baisse la tête t’auras l’air d’un coureur

rose dit: à

Paul

Pourriez-vous, en entier nous offrir l’article sur Romain Gary ?

bouguereau dit: à

Vu d’un peu haut, le maoïsme français se lit comme un hommage paradoxal à la civilisation du Livre

..hestoire de l’adcition..que chtaurais mis tout cmonde là a goudronner les routes moi polo..ça c’est dla zik polo
https://www.youtube.com/watch?v=KRwUlLahpiI

Janssen J-J dit: à

En consultant mes lectures depuis 40 ans, me suis aperçu n’avoir lu qu’un roman de JP Amette et avoir à l’époque trouvé cet auteur sans grand intérêt, d’avoir vraiment perdu mon temps. M’être dit ne plus jamais y revenir, ce à quoi je me suis tenu. C’était il y a une dizaine d’années, j’ignorais que cet auteur fût Paul Edel. J’avais dû lire quelque part qu’il avait eu le prix Goncourt quelques années auparavant. Comme quoi… Et maintenant, on le lit souvent icite ou sur son propre blog de si près ou de si loin. On mesure qu’il est plus intéressant que la prime perception. D’autres en disent beaucoup de mal. Ce que je n’aime pas trop chez lui, à l’âge qu’il a atteint, c’est sa politique de restriction des intervenautes sur sa chaine, et surtout son impudence à venir se déposer chez la rdl d’assouline ce qui’l n’ose pas dire chez lui. On soupçonne en outre qu’il le jalouse comme rival depuis fort longtemps, le plus énervant c’est quand il lui suggère de censurer celzéceux qui l’embistrouillent et dont il n’hésite pas à la flanquer à la porte de chez lui à la moindre critique.
Cela donne vraiment de lui une fort mauvaise image des écrivains ayant choisi de vivre régionalement, alors qu’ils savent parfois se montrer plus sensibles aux vraies valeurs populaires.
____
(ci-joint, retrouvé une recension bien trop complaisante dudit médiocre roman, peut-être pas représentatif de son (h)oeuvre -assumons notre subjectivité, après tout -…, je me demande si quelqu’un l’a jamais entièrement lue, en dehors de Ch. qui lit tout)…
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« C’était Noël une fois de plus. » Le ton est donné dès les premiers mots, avec un joli sens du trait et de l’atmosphère. Nous sommes dans le 13e arrondissement de Paris, Chinatown mais aussi ces nouveaux quartiers de plomb et de béton qui cernent la bibliothèque François-Mitterrand. Un Noël dépressif et frileux, noyé sous le grésil et la grisaille. Le commissaire Barbey, « voué à la brocante des vieux flics », enquête en dilettante sur le meurtre d’une prostituée dont il fut l’amant éphémère.
Jouant des codes les plus fatigués du roman policier, Jacques-Pierre Amette compose une partition subtile portée par une langue dépouillée, fortement évocatrice. Cinquante ans après le fameux Brouillard au pont de Tolbiac, de Léo Malet, il réussit le portrait d’un monde très contemporain, déjà en voie de décomposition. Un roman noir tout en nuances de brumes qui dit l’engloutissement d’un homme et l’exténuation de l’époque. Tout se décompose, se décolore, s’effrite peu à peu. Quelques ouvertures apparaissent çà et là, du côté des grands ciels et des chemins qui mènent à la mer. Mais l’occasion n’est jamais saisie. La réalité du monde s’enfuit et le commissaire Barbey finit dans une sorte d’exil intérieur, replié à l’abri d’un mo­deste restaurant chinois, Le Lac d’or. Une île, un refuge. Une tombe aussi. Le lecteur, quant à lui, succombe au charme délétère de ce roman très maîtrisé, qui vous im­prègne lentement, à la manière de ces pluies d’automne, pénétrantes et nostal­giques. Michel Abescat, [Le lac d’or, Ed. Albin Michel, 164 p., 15 €].
_________

christiane dit: à

@x dit: 21 juin 2019 à 1 h 01 min

« Voir à ce sujet le livre récent de Benjamin Hoffmann, Les Paradoxes de la postérité, avec notamment le débat Diderot-Falconnet. »

Ce qui concerne la postérité, l’immortalité me lassaient un peu jusqu’à aborder « le deuxième paradoxe » et, dans celui-ci, un chapitre est passionnant : « Le pari casanovien ».
Le fait que dans sa solitude, il se mette à écrire « car l’écriture, dit-il, est encore conversation ». Le rapport entre son existence et son œuvre : « Digne ou indigne, ma vie est ma matière, ma matière est ma vie. L’ayant faite sans avoir jamais cru que l’envie de l’écrire me viendrait, elle peut avoir un caractère intéressant qu’elle n’aurait peut-être pas, si je l’avais faite avec intention de l’écrire dans mes vieux jours, et qui plus est de la publier. » (G.Casanova, Histoire de ma vie (Laffont) t.1, p.7) et surtout, p.74, ce retournement imprévisible pour le lecteur à partir d’une observation, écrit-il d’Annie Ernaux : « J’ai commencé à faire de moi-même un être littéraire, quelqu’un qui vit les choses comme si elles devaient être écrites un jour. » (A.Ernaux, Mémoires de fille, Gallimard, p.143)
Il propose alors la fameuse expression : « à la fois » ! situant Casanova dans les deux finalités devenant ensemble : paradoxales.
La conclusion de cette interrogation est brillante : (p.74) « L’être littéraire est donc l’individu qui, en ne perdant jamais de vue la métamorphose future de sa vie en œuvre, est incapable de plaider l’irresponsabilité vis-à-vis des décisions qu’il a prises en vertu des potentialités esthétiques ou romanesques qu’elles renfermaient. Or, tout au long de son existence, Casanova a poursuivi la jouissance d’une contestation de l’autorité dépourvue de punition et de remords, à savoir l’expérience d’une transgression libre de culpabilité comme de châtiment. »
Un moyen « de goûter une volupté mémorielle que le lecteur de l’Histoire de ma vie est convié à partager – sous peine d’être identifié par le Vénitien à l’un des nombreux « sots » qu’il a dupés. » ( ibid préface t.1, p.6)
Il ne reste plus qu’à lier cela au Journal de Gombrowicz !

Janssen J-J dit: à

Je m’en souviens fort bien, et alii, il s’appelait Jean-Antoine Tramoni. Notre collègue F. Bugnon y est revenue récemment, sur cette « affaire Overney », de l’époque des « établis » mao spontex. Quelle époque…, les frères Rolin !
http://www.revue-signes.info/document.php?id=4492&format=print

bouguereau dit: à

Il ne reste plus qu’à lier cela au Journal de Gombrowicz !

jj va sfaire un plaisir..y manque tèrezoune qui lobotomise d’une main par dessus pour faire un genre de sadomaso point 2..chais si baroz va mette ses bitecoins..

Paul Edel dit: à

Rose je vous trouve l article sur Gary dans la soirée car pour l instant promenade au soleil au bord de l eau..

bouguereau dit: à

Pensez aussi à faire relier en dur (papir…)

en peau dfesse à bonne clopine..comme le necronomicon..ça ça fait hintello polo..

bouguereau dit: à

promenade au soleil au bord de l eau.

sans pruneaux polo!..à péroz ils débourrent déjà les algues au 35 tonnes..salaud dcochon bretons!

christiane dit: à

@Janssen J-J dit: 22 juin 2019 à 16 h 35 min
Je ne peux, JJJ, entrer sereine dans votre commentaire effronté, agressif à l’égard d’un romancier que j’apprécie et du critique littéraire très fin qu’il a été et qu’il continue d’être librement. Vous avez écrit un pamphlet qui ne concerne que vous. Faire passer cet écrivain et critique littéraire sur une table de dissection, l’autopsier ? drôle d’activité en ce premier jour de l’été !
Qu’il cadenasse son blog (l’ancien et le nouveau) permet de ne pas devoir écrire comme vous l’avez fait récemment : « mais enfin que fait la police des blogs » à propos d’un commentaire infâme de la sasseur destiné à Phil.
Il est libre sur ses terres et continue, tenace et mystérieux, son chemin, jouant à cache-cache avec ses poursuivants et jamais là où on l’attend.
Quant à sa jalousie supposée envers Passou, vous avez vraiment de drôles d’idées… Ils se sont épaulés plus d’une fois d’un blog à l’autre ce qui semble preuve d’un grand respect mutuel.
Vous n’avez pas aimé le seul roman de lui que vous avez lu et alors ? cela n’empêche pas d’autres lecteurs (dont moi) de l’ apprécier (romans, polars, et presque roman historique).
Il garde la littérature bien vivante dans ses écrits sur son blog, ici et parfois ailleurs. Le reste, son caractère batailleur et irascible, c’est vraiment secondaire.

Marie Sasseur dit: à

Cette collection d’extraits d’avis de lecture du monde libre ne paraît pas du tout intéressante. Il faudrait déjà savoir si journaliste et critique littéraire font le même job, il faut reconnaitre qu’a l’heure du web, et confrontés à la masse de lecteurs, certains petits travers et copinages ont plus de mal à passer, pour ceux comme Paul Edel qui assure le sav du grantecrivain J. Rolin, à qui il a en plus consacré un bouquin, la romance bretonne, par temps gris.

Le journal le monde a en revanche édité un volume de 100 chroniques judiciaires et un volume de 100 reportages qui font honneur à ce journal, honneur perdu, je pense depuis belle lurette.

rose dit: à

Merci Paul. Suis curieuse de savoir sur quel livre.

et alii dit: à

On peut avoir été l’éditeur des plus grands poètes (Pound, Auden, Heaney, Plath, Hugues, Larkin…) et avoir commis l’erreur de refuser « La Ferme des animaux » et « Ulysses »… La preuve par Faber&Faber.
Assouline

Marie Sasseur dit: à

Eh bien tu vois on peut dire – ici å la police- tout ce qu’on pense d’un pseudo-critique littéraire, qui est à la critique littéraire ce que M. Homais est aux sciences , en te refourgant souvent un produit générique, qui procède par comparaison, et qui dans son cas n’est JAMAIS raison.

Et la démente extasiee pourra bien radoter, paul, paul, paul.
lol.

et alii dit: à

Faber & Faber: by Toby Faber review – the untold story of a publishing giant

Delaporte dit: à

PaulEdel, je suis preneur aussi de l’article sur Gary.

pado dit: à

La vilaine teigne 17h12
« certains petits travers et copinages ont plus de mal à passer »

Vous auriez fait quoi vous en priorité ?
Ah oui je sais, voir tous ceux que vous détestez (la grande majorité) pour pouvoir à la fois cracher sur l’auteur et sur le critique.
Certains préfèrent voir si leurs amis y sont, une autre conception de la vie.

Delaporte dit: à

Il y a quelques années, la NRF avait repris en Folio quelques critiques littéraires écrites pendant son histoire. C’était assez amusant à feuilleter. Je ne sais plus où j’ai fourré ce volume. Le niveau était évidemment très supérieur au Monde. A la Nénéref ils avaient du talent au moins. Je me souviens d’un article sur Lolita de Nabokov. Je ne sais plus qui s’y était attelé. Dominique Aury, alias Pauline Réage, peut-être ?

pado dit: à

Delaporte 15 h 54
« Les articles de notre cher PaulEdel pourraient en effet servir à ça. »

Delaporte 17 h 38
PaulEdel, je suis preneur aussi de l’article sur Gary

Finalement Paul Edel est un couteau suisse pour vous.

Marie Sasseur dit: à

et le guide du routard, vendu à 50 millions d’exemplaires a été refusé a l’origine par 19 éditeurs,

Marie Sasseur dit: à

Janssen J-J dit: 22 juin 2019 à 16 h 35 min

+1

Delaporte dit: à

J’ai retrouvé mon exemplaire. C’était en 2009, ça s’appelait « cent livres pour un siècle », 1909 à 2018. 1er mai 1959, Dominique Aury, « Lolita » de Nabokov. Etc. Classieux !

Delaporte dit: à

« Finalement Paul Edel est un couteau suisse pour vous. »

Pas du tout, j’apprécie cet amoureux des lettres, même si j’aime bien le charrier de temps à autre. Il ne peut que s’améliorer, depuis qu’il n’écrit plus de roman !

Delaporte dit: à

René Lalou, à propos de Gatsby, 1er août 1927 : « il faut lire ce témoignage pour méditer la tragédie d’une société qui emprisonne Dieu dans une liasse de dollars et Satan dans une bouteille de whisky ». Admirable ! C’est autre chose que PaulEdel dans le Point !

x dit: à

Paul Edel à 16 h 21 min

Merci. Il s’agit d’un article de Pierre Lepape.
Qu’en reste-t-il dans la version papier ?
Une notule qui commence avec « L’Organisation est l’histoire réelle » jusqu’à la fin du deuxième paragraphe (« du côté de Saint-Nazaire. »)
Les deux paragraphes suivants ne figurent pas, mais surtout la coupure n’est pas indiquée (par […] pour signaler cette intervention).

La comparaison avec Linhart disparaît, comme son « côté Vailland », « ses aventures picaresques », la « longue chute » arrêtée in extremis (que la dernière phrase conservée résume joliment).
Donc moins de balises littéraires (restent Rimbaud et Lowry), plus de taxinomie psychologique des établis, plus aucune citation du livre, plus rien qui laisse deviner l’auto-ironie.

Sur le plan de l’écriture du métatexte critique, on a ainsi très fortement affaibli l’accent mis (en écho à des éléments du livre) sur la dimension religieuse et sur la dimension sensuelle.

Entre temps j’ai lu l’entretien intéressant avec Tiphaine Samoyault (pertinente tout en sachant rester très diplomate).
Le paragraphe introductif de J. Birnbaum passe la brosse à reluire, toujours la valorisation circulaire gagnant-gagnant (mais l’avait-on soumis au préalable à T. S. ? on peut se retrouver malgré soi dans ce genre de situation embarrassante) et recèle ce qui est à mes yeux une perle et un aveu :
« TS sait à quel point la littérature peut être un laboratoire de formes journalistiques et comment la presse, symétriquement, nourrit les pratiques romanesques. »
1) On voit où en est le rapport de forces, qui se trouve en situation ancillaire et
2) on ajoute « hélas ».
(À moins que je n’aie raté quelque chose et que l’on puisse m’opposer des contre-exemples convaincants.)

Delaporte dit: à

Pour Gary, le 1er janvier 1975, c’est Christiane Baroche qui s’y colle et nous parle de Gros-Câlin d’Ajar : « Et moi, je ne suis pas près d’oublier cette innocence pleine de rouerie, qui est la vraie lucidité… » Classieux. On sent qu’ils avaient le temps de lire puis d’écrire leur compte rendu. Autre chose que la presse putride, à laquelle vous avez appartenu PaulEdel !!!

Janssen J-J dit: à

mais enfin Ch. quelle mouche ou insecte vous pique en ce 1er jour d’été? Je n’ai jamais joué CH contre MS, peu me chaulent les points. J’admire votre capacité à toujours prendre fait et cause pour ceux qu’on attaque un brin, or j’ai nuancé mon propos et ne vous interdirai jamais d’aimer ou de faire des scènes à qui que ce soit, voyhons donc! Vous avez trop de sensibilité et pas la moindre distance. Je ne faisais état que d’un sentiment subjectif à l’égard du blog d’edel et de son oeuvre, et surtout de ses rapports avec la rdl. Pourquoi cela vous heurte t-il ? Le souvenir de mon opinion de lecteur sur un seul roman n’a aucun intérêt. Allons, hein.

Et je ne vais pas non plus raccrocher gombrowicz à votre prose. Seul notre ami j-m l’boug pourrait vous rendre un tel service, le seul internaute à vous comprendre intimement, en toutes occasions, dans toute votre complexitude. Ai-je rêvé naguère que vous aviez fait une scène à edel, « gner plus jamais ça ! », tout donc serait redevenu à la normale ? Je resp-hire, mii qui suis tant pour la pacification des moeurs en ligne.

Chaloux dit: à

Pas vu le nouveau blog d’Edel. Un lien?

Lavande dit: à

Ce qui est quand même impayable dans ce commentarium de la RDL c’est le nombre de gens qui affirment : « Je ne l’ai pas lu mais je peux vous certifier que c’est très mauvais ».

L’intérêt de la version en ligne des « Cent romans » c’est que pour chaque livre on peut cliquer sur un lien donnant la version complète de la critique de l’époque. On a aussi les références des éditions et rééditions successives.
Pour Romain Gary il s’agit de « La Promesse de l’aube ». Je laisse à Paul Edel le soin de copier-coller pour Rose la critique intégrale de EMILE HENRIOT, de l’Académie française publiée le 11 mai 1960.
Voici l’extrait donné dans le corps de l’article:
« Un livre de premier ordre, auquel aucun lecteur ne pourra rester insensible ; irritant parfois ou gênant, caricatural, excessif, à la fin profondément émouvant, atteignant même à la grandeur et ne cessant pas d’attacher par la présence de l’auteur, bien qu’il se défende d’avoir écrit là une autobiographie, et assure que le souci de l’art, sous sa plume, s’est à chaque instant glissé entre l’événement et son expression littéraire, au point que toute vérité se réduise à une vérité artistique.
S’il en est ainsi, Romain Gary, tant pis pour vous, qui ne seriez plus qu’un orfèvre ; tant pis aussi pour votre livre, où votre art d’arrangeur nuirait à votre sincérité. Mais je ne crois pas bonne votre explication. »

Delaporte dit: à

Bref, le Monde peut aller se rhabiller avec cette resucée de palmarès, dont n’a que foutre. Des conseils de lecture ? Ce n’est pas chez eux, ni chez le PaulEdel du Point qu’on irait les chercher. Mais PaulEdel a fait des progès, depuis qu’il a laissé derrière lui toute ambition, et qu’il n’écrit plus de romans.

Janssen J-J dit: à

pour ma part, je suis très heureux de votre retour, lavande, qui étiez si mesurée. J’étais attristé de votre départ en Syrie, dont je m’étais sans doute abusé sur le sens. Wilkommen.

Delaporte dit: à

Ce qui est quand même impayable dans ce commentarium de la RDL c’est le nombre de gens qui affirment : « Je ne l’ai pas lu mais je peux vous certifier que c’est très mauvais ».
_______________

Ma chère Lavande, pendant des années j’ai lu le Monde des livres. Je me suis tapé cette critique infâme et putride. Je sais donc de quoi je parle quand je critique à mon tour ce journalisme de bas étage, incompétent et inepte ! Tous les jugements du Monde ont été contredits par les faits.

renato dit: à

Lavande, ancien lecteur du Monde — dans les lointains années 60 déjà —, ai observé la progression de sa dégringolade : d’un directeur à l’autre. Tous n’est pas à jeter, quelques bons journaliste reste, mais ça ne suffit pas pour faire un bon journal ; je lis donc quelques papiers ponctuellement sans acheter le journal — ni abonnement net —, bibliothèque ou bistrot.

P. comme Paris dit: à

« et dès la première phrase « longtemps je me suis couché de bonne heure » ceux qui travaillaient 7 jours par semaine et 15 heures par jour répondaient : qu’est-ce qu’on en a à foutre ? »

Ouarf, ouarf, ouarf,
savaient pas lire, Hamlet !.

vedo dit: à

13h37
Yo-Yo Ma m’a toujours paru modeste, et ce depuis que nous travaillions nos instruments au sous-sol dans une université de la côte est. Nous n’avions pas le même destin…. 🙂

Delaporte dit: à

PaulEdel, j’ai lu votre article sur le Feu follet de Drieu, que j’ai relu récemment. Je pense qu’il avait été grandement influencé par Jacques Rigaut, dans ce roman. On retrouve les mêmes faits : femme américaine, suicide dans une pension de famille, drogue… Le personnage d’Alain me semble victime d’une société du plaisir, qui pousse à consommer. Alain est quelqu’un qui plaît à tout le monde, parce qu’il va dans le sens du poil. Il consomme à l’extrême, et en mourra, devant cet échec de la consommation moderne, que Drieu annonce si bien. C’est un grand roman, et, bizarrement, le meilleur film de Louis Malle. Dans ses romans, on retrouve l’écriture magnifique de Drieu – qui s’est malheureusement perdu dans des folies politiques. Expliquer le suicide d’un homme est toujours complexe. Le suicide de Drieu ne faillit pas à la règle. Peut-être que la politique a été le bon prétexte pour faire comme son ami dadaïste Jacques Rigaut.

Chaloux dit: à

Merci Lavande.

christiane dit: à

@Janssen J-J dit: 22 juin 2019 à 18 h 08 min
JJJ, vous mélangez tout ! Si j’ai évoqué sasseur (d’ailleurs c’était Jazzi, pas vous) c’était pour évoquer l’envers d’un blog modéré. Ici, insultes, insinuations s’étalent, chez Edel : rien de tout ça sauf parfois une goutte de citron d’anna fort.
Une scène ? Oh la la, reproche-t-on à l’Etna ses éruptions ? Rien à voir avec mon souci d’être cohérente avec mes jugements de lui écrivain ou critique littéraire où on ne peut m’accuser d’inconstante (au point que Sasseur se transforme en Cadet Rousselle : tout par 3 !).
Oui, je vous ai trouvé plus que distant dans votre éreintement de P.E/JPA/P.C.
Ceci dit, je vous aime bien.
Le boug (comme certains disent, me rappelle mes copains d’enfance, ceux des 400coups ! n’empêche qu’il a le jugement sûr.)
Mes lectures, mes livres… c’est un chemin de vie, de recherches toujours inachevé.

x dit: à

(suite de 17h 55)
À moins que par « nourrit » J.B. n’entende « encourage », « stimule » (ne serait-ce qu’en repérant et en triant) ? Mais cela ne change pas grand-chose, surtout en ne faisant pas de distinction au sein de « la presse ».

@ christiane
Avec cette indication bibliographique (de Les Paradoxes de la postérité), hier, il s’agissait d’indiquer que la transmission des œuvres à la postérité (comme « l’immortalité » de l’artiste) n’allait pas de soin ne se présentait pas comme une évidence massive mais constituait un objet d’étude assez complexe.

Les citations de Gombrowicz, elles, suggèrent une généalogie possible de la posture d’hamlet.
Quand on pointe une proximité, quand on propose une « source », on ne justifie pas nécessairement le bien-fondé de tous les détails de toutes les positions prises. On ne le refuse pas non plus ! *
Ce n’est pas le propos.

Il s’agit de montrer une similitude dans la démarche, dans les thèmes, dans les exemples … et dans les réactions qu’ils suscitent.
On fait un rapprochement : voilà ce qui est dit chez l’un comme l’autre sur le concert comme attribut et rituel mondain, voilà même l’exemple proustien, etc.
C’est pourtant une procédure assez banale.

(D’autant que le détail peut avoir été sacrifié par les coupes pratiquées, que Gombrowicz nous pardonne.)

de nota dit: à

Camarades de la rdl, je la tiens cette liste du Monde, c’est parti!
le zero et l’infini
louons maintenant les grands hommes
Aurelien
famille bousardel
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une enfance de reve
americanah
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le geant enfoui
le lambeau

et voilà!

Candide dit: à

Merci Paul Edel de votre Goncourt…
Que serait la RDL sans vous.
Vous auriez pu être dans la liste.

Paul Edel dit: à

Delaporte, bien sûr, vous avez raison le suicide de son ami Jacques Rigaut a été un déclencheur capital pour l’écriture de ce « feu follet ».Drieu La Rochelle reprend des épisodes de la vie de son ami Rigaut : mariage avec une riche américaine, obsession de l’argent, dandysme intellectuel. mais ce qui me passionne dans ce bref récit, c’est l’impeccable tenue classique de la prose, la ligne si nette d’ un récit au mécanisme de tragédie, avec les trois unité(Paris et sa banlieue, 48 heures , focalisation sur les pensées d’un personnage). cette discipline de récit, des dialogues, met en évidence l’absence progressive au monde d’une manière lumineuse. .

Chaloux dit: à

Je compte 18 chefs-d’oeuvre incontestables.

Marie Sasseur dit: à

Paul Edel, il pose bien sur son nouveau blog , avec sa barbe de marin breton, non ?

Sa romance bretonne a ceci de fabuleux, c’est qu’elle decrit des roses tremieres, vraiment bien, et j’aime ces fleurs.

Marie Sasseur dit: à

Et puis sans Paul Edel, jamais je n’aurais pensé, bien qu’il n’y soit pour rien, juste de l’avoir évoqué, que Pasolini fut à ce point spirituel.
Mais combien d’autres.
Moi je lui dis merci de m’avoir incitee a lire certains auteurs, suite a ses avis .
Mais pas du tout comme il le voulait qu’ils soient lus.

Et c’est ainsi que Paul est grand, d’une critique à côté de la plaque, on decouvre des trucs.

Passou, là-dessus bat aussi tous les records.

Chaloux dit: à

Non, Assouline, il faut systématiquement lire ce qu’il dénigre, d’ailleurs bien maladroitement. Et laisser le reste.

P. comme Paris dit: à

« Je resp-hire, mii qui suis tant pour la pacification des moeurs en ligne. ».

Avec la Kapo Chef ?
Ben, c’est pas gagné…

Marie Sasseur dit: à

C’est l’heure où les courageux soudards viennent bâver, so, j’ai autre chose a lire ailleurs.

Sur la liste du monde libre, je fais un score assez faible, 16 après verification dans la bibli, les autres je pense pas.
ce qui ne m’etonne pas quand on repense au scandale absolu que fût la promotion et la mystification honteuse des critiques a propos des bienveillantes de jean le petit.

D. dit: à

bien évidemment j’ai mangé ce soir du hachis parmentier

Clopine dit: à

En fait, je trouve qu’il y a comme une similitude, non dans l’histoire mais dans la posture, dans la relation du fils à sa mère, dans la description d’un joug maternel « construisant » le fils, entre Romain Gary et… Guillaume Gallienne, dans « Les garçons et Guillaume, à table ».

Le fait que l’acteur joue le rôle de sa propre mère, qu’il la « considère »avec toute l’ambiguïté requise mais également une tendresse indéniable, qu’il se moque gentiment d’avoir été pris au piège maternel (elle le croyait gay, il était hétéro sans le savoir) tout en le revendiquant, ce « ton », enfin : c’est (presque) du Gary…

Janssen J-J dit: à

@ c’est pas gagné…

allons allons, p c p, n’en rajoutez pas, voyhons donc,… tout le monde aime pauledel, mais personnes pour les mêmes raisons. Empêche-t-on un volcan d’être volcanique (ou vulcanologue) ?…, Elle est pas mal, celle-là.
Drôle, je l’aime bien aussite.

P. comme Paris dit: à

Pour icelle, cela semble réciproque en cette douce soirée.

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